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Riopy a passé son enfance dans une secte. A 18 ans, il se sauve grâce au piano. Depuis, il tourne à travers le monde. Il est l'invité de 9H10.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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00:00 - Bonjour Jean-Philippe Rioppy, dit Rioppy. - Bonjour !
00:04 - Soyez le bienvenu. Moi j'aimerais, on va parler de cette enfance très particulière que vous avez vécue,
00:09 mais j'aimerais d'abord que vous nous racontiez ce que c'est qu'un tout petit garçon qui est seul face à un piano,
00:15 qui est là, qui est abandonné, avec personne pour lui montrer comment s'y prendre.
00:19 - Ah bah, c'était... Bon je me souviens pas, j'avais deux ans, mais le souvenir que j'ai,
00:26 c'est un souvenir qui est plus émotionnel, comme une goutte d'eau en fait, ou la première fois où j'ai touché un piano,
00:31 d'une goutte d'eau qui explose et qui remplit mon cœur de joie. C'est vraiment ça que j'ai comme sentiment.
00:37 - Et comment on apprend seul ? Comment on apprend seul un instrument ?
00:42 C'est si rare dans nos sociétés occidentales, développées, si rare d'être tout seul face à l'instrument.
00:49 - Bah je sais pas, encore plus, moi j'ai 39 ans, donc peut-être encore plus ma génération,
00:53 aujourd'hui c'est peut-être différent grâce à l'internet, les tutoriels, tout ça, on avait pas ça.
00:57 Mais j'étais tellement attiré par le son, j'oublierai jamais ce sentiment d'une première note,
01:03 et après on commence à... Je commence un petit peu sur une note, une deuxième note, et je vais un peu répéter,
01:09 comme votre émission sur le chocolatier, où il répétait, répétait, répétait, jusqu'à ce que ça devienne quelque chose qui se forme,
01:16 et c'est ça que j'ai fait en fait. - Donc on peut apprendre le piano,
01:19 on est vraiment avec un parcours complètement intuitif ? Tout est complètement intuitif ?
01:24 - Alors, complètement intuitif, oui, parce que la curiosité, donc c'est vraiment de la curiosité,
01:28 et après essayer des choses, avec moi j'adore prendre des risques, et d'ailleurs mes concerts aujourd'hui,
01:32 j'ai toujours de l'improvisation, parce que j'ai besoin d'avoir cette liberté, c'est pour ça que je suis en piano solo à 92% du temps.
01:39 Mais en même temps, c'est vrai qu'il a fallu développer l'intellect pour avoir la technique,
01:45 et c'est pour ça que j'ai dû répéter et commencer à faire des arpèges, alors je ne connaissais pas le mot arpège à l'époque,
01:50 mais je commençais, tiens, j'ai envie d'aller un petit peu plus vite, donc ça ne marchait pas la première fois, ni la deuxième, ni la troisième,
01:56 et puis je me rappelle que quand je répétais quelque chose, le répéter, le répéter, avoir une frustration,
02:00 et le lendemain, mon cerveau l'avait assimilé, et j'arrivais à le faire.
02:05 * Extrait de « Rihopi » de J.S. Bach *
02:23 Ça, c'est l'un de vos précédents albums, « Rihopi »,
02:27 mais c'est dire ce petit garçon tout seul face à son piano, à quel point il en a envie, à quel point il en a besoin.
02:35 Vous l'avez raconté, parfois, cette enfance passée dans une secte, privée de tout, coupée de tout,
02:42 à quel point le piano, ça a été plus qu'un instrument, plus que de la musique, ça a été un moment de survie.
02:48 Un monde, c'est complètement un monde, et encore aujourd'hui, même si aujourd'hui je vais bien dans ma vie, je suis bien dans mes pompes,
02:55 mais encore plus, et c'est absolument incroyable, c'est un monde, vraiment, c'est comme si je touchais la note,
03:02 et ça y est, dès que je vois un piano, j'ai une porte qui s'ouvre, et je suis en dehors de ce monde-là.
03:08 Et ça, pour moi, c'est magique, vraiment magique.
03:10 - Alors, vous vous retrouvez très petit dans cette secte, dans les Deux Sèvres, dans le centre de la France,
03:18 où vous emmène votre mère, où vous grandissez avec vos frères et vos sœurs.
03:22 C'est une enfance qui est faite à la fois de réclusion, parce que vous êtes coupé de tout,
03:27 c'est-à-dire que de 0 à 18 ans, vous êtes complètement coupé de la culture des jeunes de votre âge ?
03:34 - Oui, et en même temps, on va à l'école.
03:36 Et on est allé à l'école parce que la gourou, elle, qui avait fait déjà partie d'une autre secte avant de monter la sienne,
03:42 il fallait pas qu'on soit illégaux, donc voilà, on allait quand même à l'école, mais bon, tout à l'heure, j'en parlais, c'est marrant,
03:52 quand t'as des traumas comme moi j'ai eu, y'a beaucoup de choses que tu mets dans une case, dans une boîte, et ça part, et tu veux pas, voilà.
04:00 Et là, y'a un truc qui revient, c'est qu'on nous rasait les cheveux, et on nous habillait avec les habits de la secte,
04:06 et on était vu comme les... voilà, comme les... enfin, c'était pas génial, quoi.
04:10 - Non, c'était pas génial, et les traumas, c'est beaucoup de peur, enfant ?
04:14 - C'est que de la peur. - C'est que de la peur ?
04:16 - C'est que de la peur, tu grandis comme ça, tu grandis vraiment dans la peur,
04:19 et c'est vrai que voilà, on était coupé, effectivement, d'énormément de choses, quasiment tout,
04:23 on avait pas le droit d'aller dans les anniversaires, voir des gens, on avait pas de télé, pas le droit de la musique,
04:28 mais à l'école, y'avait quand même, évidemment, le minimum... - Cet espace ?
04:31 - Bah, le minimum syndical, et encore, parce que je me rappelle avoir eu la gourou,
04:37 ils avaient appelé l'école en disant "tiens, il va pas lire ce livre-là, il lit pas ce livre-là, des livres qui étaient dans le programme scolaire",
04:42 donc tout était vraiment, vraiment contrôlé de A à Z, et puis évidemment avec tout le reste,
04:49 mais ce que j'ai... - Des punitions, des châtiments...
04:51 - Ah bah c'était... - Oui, et c'est important de comprendre que cette enfance, elle a été vécue dans la contrainte, dans l'entrave, dans la peur,
04:59 et dans la réclusion, parce que y'a le piano, et puis derrière, y'a tout ce que vous fabriquez avec la musique,
05:05 autour du bien-être, de la relaxation, du cerveau, c'est comme une espèce d'immense thérapie, d'immense guérison, à travers les notes de musique.
05:15 - Bah même dans le mot, la façon dont vous venez juste de le dire, c'était thérapeutique, c'était une longue, une longue ligne,
05:20 mais c'est exactement ça, et c'est pour ça que je regrette pas, ouais j'ai eu une vie un peu, c'était difficile, mais bon,
05:25 j'avais deux options, où je suis une victime, où je me bats, et moi je me battais à travers la musique, c'était ma bataille,
05:31 parce que ça m'emmenait dans un autre monde, et c'est vrai que ça m'a sauvé la vie, vraiment, ça m'a sauvé la vie,
05:35 et aujourd'hui j'ai énormément de chance d'avoir... que les gens me disent la même chose, que ça leur fait énormément de bien,
05:41 et ça c'est vrai que c'est formidable, parce qu'à travers la musique, du coup, j'ai développé, effectivement, à travers plein de choses,
05:48 c'est-à-dire que les neurosciences, ça m'intéresse, la méditation énormément, parce que moi c'est quelque chose que je pratique deux fois par jour, tous les jours.
05:55 - Méditation 432. 432, vous allez nous dire pourquoi 432.
06:00 * Extrait de 432 de J.S. Bach *
06:20 - Pourquoi 432 et Hopi ?
06:23 Alors...
06:25 En gros, j'ai mes musiques qui sortent un peu de partout, et puis j'ai des fans qui m'envoient des emails,
06:32 ils me disent des emails, des messages, des messages privés, 1, 2, 3, puis ça commence à être quelques-uns qui me disent
06:38 "écoute, ta musique, pourquoi tu ne sais pas le 432 ?"
06:41 Moi je suis là "mais c'est quoi le 432 ?"
06:43 Je savais ce que c'était en termes de fréquence, ce qu'on accorde à un piano, là, la standardisation, 440, voilà.
06:48 Et ils me disaient "pourquoi tu ne fais pas..." - Voilà, voilà.
06:50 - Ah pardon, pour moi c'est vrai que c'est devenu évident,
06:52 mais voilà, donc on accorde à un piano, et la note qui est le "la", donc qui va être accordée,
06:56 standardisation à peu près 440 en général.
06:58 Ça dépend parfois, 441 parfois.
07:00 Mais 432 c'est quand même pas forcément très courant.
07:03 Et du coup je suis allé faire des recherches, un petit peu, je me suis dit "bon, moi je vais essayer".
07:06 Puis donc je suis à Londres, et puis je demande à quasiment tous les accordeurs de la ville de m'accorder mon piano à 432,
07:12 et personne ne veut le faire.
07:13 Tout le monde me dit "ça va casser ton piano, ça, machin, machin".
07:15 Puis je finis par trouver un accordeur qui est peut-être aussi taré que moi, qui dit "vas-y, on le fait".
07:21 Et il vient dans mon appart, et là on l'accorde, et je commence à jouer, et j'ai trouvé ça plus rond,
07:28 j'ai trouvé ça très joli, et puis je me suis mis à regarder, est-ce qu'il y a des preuves, est-ce qu'il y a quelque chose là-dedans ?
07:33 C'est toujours un peu flou, mais il y avait quand même 2-3 études, des études scientifiques,
07:38 qui sont pas... - De l'effet que ça produit sur le cerveau.
07:42 - Exactement. - Cette fréquence.
07:43 - Cette fréquence pourrait avoir des atouts, mais de toute façon on est au début de ça,
07:47 la musicothérapie, je pense qu'aujourd'hui enfin, il y a de plus en plus de gens qui s'y penchent.
07:51 Moi je suis à fond dedans, dans le sens où je pense vraiment qu'on peut sauver le monde avec des sonorités,
07:56 avec des sons, c'est des vibrations. - En tout cas, vous, vous vous êtes sauvé, vous.
07:59 Vous vous êtes sauvé, vous, parce qu'à 18 ans, vous coupez les ponts,
08:03 vous coupez les ponts avec la famille, vous coupez les ponts avec la secte.
08:06 - Le jour de mes 18 ans. - Le jour de vos 18 ans.
08:08 Sauf que couper les ponts, c'est se retrouver effroyablement seul,
08:12 et aussi seul face à ses traumas, face à ses démons.
08:16 - Ah bah c'était absolument... J'ai jamais autant pleuré de ma vie, le jour où je suis parti,
08:21 c'était une fois de trop, et voilà, c'était horrible, c'était vraiment absolument horrible,
08:26 et ne serait-ce que ma mère, je ne l'ai pas vue pendant presque 20 ans,
08:31 et ça c'était tellement dur, parce que tu vois après, quand tu reviens à 20 ans,
08:38 t'es là "Waouh, c'est plus la même personne, elle a vieilli, et moi aussi",
08:43 et c'est dingue en fait, et c'est vrai que du coup, c'est pour ça que moi je vis vraiment aujourd'hui,
08:47 dans le moment présent, et on part d'eux, on avance.
08:50 - Comment on apprend, ou on réapprend, à faire confiance aux autres ?
08:55 - Bah... J'ai envie de dire "on peut pas", mais...
08:57 - On peut pas !
08:58 - Non, on essaye, en tout cas pour moi, d'accepter les gens comme ils le sont,
09:02 et moi avoir mes limites, c'est-à-dire que, et c'est vrai que mes limites,
09:05 moi je les ai créées avec mon environnement musical, et aujourd'hui avec ma méditation,
09:10 et avoir confiance en moi, de dire "voilà, il y a des choses que j'accepte, il y a des choses que j'accepte pas",
09:14 mais pardonner, quand tu pardonnes à quelqu'un, tu te pardonnes à toi-même en fait,
09:17 il y a un truc qui... Et tu lâches, parce que quand moi j'avais toute cette colère,
09:22 ça me faisait du mal !
09:23 - Qu'est-ce qu'elle est devenue, cette communauté, après votre départ ?
09:25 - Cette communauté ? Alors c'est très très rigolo, parce qu'on avait eu donc la police et tout,
09:30 enfin bon, c'était dingue, c'est absolument...
09:33 - Rigolo, rigolo, ouais !
09:34 - Non mais... Moi, aujourd'hui, bien sûr, j'ai géré quand même la plupart,
09:39 il n'y a que la gourou, je crois, qui est en vie, et elle a perdu sa fille,
09:43 elle a perdu son mari, elle a tout perdu, mais on m'a dit qu'elle était encore en vie.
09:47 Mais sinon, tout a été dissous, ça a été...
09:52 En même temps, ça n'aurait pas pu continuer un truc comme ça.
09:55 - Et les autres membres de votre fratrie, vos frères, vos sœurs, ils ont réussi à se reconstruire ?
10:01 - Ils se reconstruisent, je suis fier d'eux, ils s'en sortent, ils se battent,
10:05 et c'est des belles personnes, c'est vraiment des belles personnes,
10:09 et ça c'est chouette, ils ont eu... Ouais, c'est chouette.
10:12 - Le pouvoir de la musique.
10:13 - Mais carrément !
10:14 - Le pouvoir de la musique.
10:16 Il est 9h18, vous écoutez France Inter, Ryopi est mon invité.
10:20 Ce qu'il faut que vous sachiez, c'est que les morceaux de Ryopi,
10:23 qu'ils soient composés vraiment pour la méditation ou que ce soit des œuvres à part entière,
10:28 aujourd'hui, explosent littéralement sur les plateformes de streaming,
10:32 ce qui fait que vous êtes écoutés dans le monde entier,
10:34 vous êtes écoutés en Chine, vous êtes écoutés aux Etats-Unis,
10:36 il y a des morceaux qui frôlent les 100 millions d'écoutes.
10:39 Là, il y a une immense artiste qui s'appelle Lana Del Rey,
10:42 qui s'est emparée d'un nouveau morceau.
10:44 Et qui a posé sa voix dessus.
10:46 Il se trouve que c'est un album France Inter, ça tombe bien.
10:49 - Ah bah voilà !
10:51 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
10:53 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
10:55 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
10:57 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
10:59 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:01 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:11 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:16 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:23 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:25 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:47 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
11:49 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:13 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:15 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:25 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:37 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:39 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
12:49 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
13:01 * Extrait de "Better Flies" de Lana Del Rey *
13:03 Voilà le dernier album de Lana Del Rey avec des titres à rallonge.
13:15 Alors celui-ci, j'essaye.
13:17 "Grandfather, please, stand on the shoulders of my father while he is deep-sea fishing."
13:24 M'en sors bien ?
13:25 Très bien !
13:26 Très bien !
13:27 Lana Del Rey chante sur un de vos titres, "Riopi", un titre qui s'appelle "Flow" et qui est issu de l'album "Three of Light".
13:35 C'est quand même la consécration.
13:37 Ouais, ouais, c'est dément, c'est génial.
13:41 Et puis elle a fait quelque chose...
13:43 Bon, j'étais quand même un petit peu inquiet parce que ma musique, je suis un peu protecteur, c'est un peu mes enfants.
13:46 Mais elle a fait quelque chose de très beau, de très élégant, très Lana Del Rey.
13:50 Et puis le titre, c'est aussi très Lana Del Rey.
13:52 C'est très Lana Del Rey.
13:53 Si vous pouviez lui suggérer des raccourcirs, moi ça m'aiderait !
13:57 Jean-Philippe Riopi dit "Riopi" et mon invité, son prochain album sort dans deux jours.
14:10 Il s'appelle "Thrive".
14:12 "Thrive", ça veut dire s'épanouir ?
14:16 Alors pas vraiment, parce qu'il y a une petite nuance.
14:18 C'est qu'en fait, "Thrive", c'est avancer, s'épanouir, mais avec toutes nos douleurs,
14:24 toutes nos casseroles, toutes nos difficultés, et on avance quand même.
14:28 Donc il y a vraiment ce mouvement un peu de violence.
14:30 "Thrive", on y va !
14:32 Mais t'y vas pas genre ça y est, c'est les petites pâquerettes dans la prairie.
14:36 C'est vraiment avec... On se bat.
14:39 Et c'est pour ça que l'album commence avec "Nocturne" qui est très dramatique,
14:43 avec toutes ces cordes, j'ai un grand orchestre.
14:45 Et l'album finit avec un piano solo que j'ai appelé "La Nocturne",
14:50 un petit clin d'œil au classique, où là, en anglais on dit "less is more",
14:54 c'est-à-dire vraiment quand il n'y a plus rien et qu'on revient à l'essentiel.
14:58 Moi j'ai choisi "Thrive", le titre phare, le titre éponyme de l'album.
15:02 * Extrait de "La Nocturne" de Louis-François Chassol *
15:17 C'est l'Ilis Lollebae qu'on a envoyé.
15:20 Il est sublime aussi, c'est bien, tant mieux !
15:26 Il est très beau.
15:27 * Extrait de "La Nocturne" de Louis-François Chassol *
15:30 Il y a un moment, le piano, il a fallu l'apprendre, Ryoppi.
15:35 Vous êtes à Londres, vous êtes en plein naufrage, psychique.
15:41 Vous avez essayé à peu près tous les petits boulots possibles et imaginables.
15:47 Et c'est une série de rencontres qui vont vous emmener jusqu'à l'université d'Oxford.
15:52 C'est-à-dire qu'il y a un moment, vous allez entrer dans une classe de musique.
15:56 - Oui, effectivement, j'ai 18 ans, puis après je finis à Londres.
16:00 Et je vais à Oxford, dans la ville d'Oxford, à l'université d'Oxford Brookes,
16:05 où je fais de la musique contemporaine.
16:07 J'ai eu de la chance, effectivement, une rencontre d'un homme qui s'appelle Monsieur Freeman.
16:11 Ça ne s'invente pas quand même, Freeman, donc l'homme libre.
16:13 - L'homme libre, c'est vrai !
16:15 - Il y a des trucs dans la vie, tu es là, tu ne cherches pas, tu prends.
16:18 - Michael Freeman.
16:19 - Michael Freeman, exactement, qui est encore vivant.
16:22 Et qui m'avait pris dans un magasin de piano où je travaillais,
16:26 qui s'appelait Hickeys à Reading, juste à côté de Londres.
16:29 Et puis il m'a aidé à aller là-bas et en fait faire plus de musique.
16:34 C'est là où j'ai commencé un peu ma carrière, de faire organiser mes propres concerts.
16:37 Je travaillais dans des bars, mais toujours.
16:39 - Et comment vous vous sentez au milieu des étudiants de Oxford ?
16:42 Vous qui avez été quand même coupé de beaucoup de liens culturels
16:48 et beaucoup d'environnement culturel toute votre enfance.
16:50 Comment vous vous sentez au milieu des étudiants d'Oxford ?
16:53 Vous qui avez appris tout seul, qui êtes un autodidacte pur.
16:56 - Franchement, là-dessus, les Anglais ont peut-être des torts,
17:00 mais ce qui est génial avec les Anglais, c'est que tu fais ce que tu veux,
17:03 personne ne te juge, tout le monde s'en fout.
17:05 Donc du coup, ils kiffaient ma musique.
17:07 Et à tel point que moi, le soir, ce que j'ai appris à boire en Angleterre,
17:10 parce que c'est quand même l'Angleterre, on est d'accord, surtout à Oxford.
17:12 Et donc après les soirées, j'avais les clés de l'université
17:16 et j'allais dans la salle du Mezzanine où il y avait un piano.
17:19 - En sortant du pub ?
17:20 - En sortant du pub, ouais, vers 3h du mat' et je ramenais tout le monde.
17:23 Et ils s'allongeaient tous, 30, 40 personnes.
17:26 - Vous aviez les clés de la salle de musique ?
17:28 - Ouais, ouais, j'avais les clés.
17:30 - Et vous passiez vos nuits à jouer en sortant du pub
17:32 avec tous les étudiants de la classe de musique ?
17:34 - Avec tout le monde, même leurs parents.
17:35 Du coup, comme je faisais ça régulièrement, quand les parents venaient les voir,
17:38 ils ramenaient les parents.
17:40 Et beaucoup d'Irlandais, non, c'était génial.
17:42 Ça, c'était génial, du coup, et de la musique pour la musique.
17:44 Voilà, toujours.
17:46 Parce que c'était vraiment, c'était ma vie d'Oxford.
17:50 Petit à petit, je ne faisais que ça.
17:53 C'est vraiment que ça qui était ma passion.
17:55 - Et c'est là que vous avez aspiré petit à petit
17:58 les grands maîtres de la musique classique,
18:01 ceux qu'on retrouve dans "Thrive", dans le nouvel album.
18:03 C'est-à-dire qu'évidemment, il y a des citations de Satie,
18:07 il y a des citations de Debussy, il y a Chopin.
18:10 Il me semble quand même qu'il y a quelques notes de Beethoven aussi à un moment.
18:16 Je n'ai pas rêvé Beethoven.
18:18 - Ça veut dire "still thrive" !
18:20 - Voilà.
18:22 À quel moment, ça, vous l'avez intégré, ce patrimoine classique ?
18:26 - En fait, jamais.
18:28 Jamais, mais...
18:29 Et moi, c'est vrai que je n'écoute pas vraiment de musique
18:31 parce que comme j'en ai plein la tête,
18:32 et puis j'ai aussi un autre truc, c'est que j'ai des talks.
18:34 Je pense que c'était un peu ce qu'on dit qui m'a un peu sauvé mon cerveau.
18:38 Je compte tout. Je suis arrivé dans la salle, j'ai déjà compté absolument tout, 100 fois.
18:42 Je fais toujours ça.
18:43 - Ces talks-là, ces troubles obsessionnels compulsifs,
18:46 c'est des choses que vous avez développées dans l'enfance ?
18:48 - Que j'ai développées ? Ouais, en fait, j'ai toujours eu.
18:50 Donc je pense que c'est de l'enfance.
18:52 - C'est des réactions au traumatisme de l'enfance.
18:55 - C'est ça, je pense que ça protège le cerveau.
18:57 C'est ce qu'une psy, une fois, m'a dit, parce qu'évidemment, j'en ai vu un paquet.
19:00 Et bah ouais, mais bon, c'est pas grave.
19:02 - Nous tous, on a vu des paquets de psy.
19:04 - On en est tous là.
19:05 Et au final, ça s'est mis dans la musique.
19:07 C'est pour ça que ma musique a énormément de rythme.
19:09 C'est très mathématique. Parce qu'en fait, la musique, c'est très mathématique.
19:11 Pour moi, c'est des maths qui, à un moment donné, se mettent ensemble
19:14 et créent quelque chose de magique.
19:15 - Donc, les talks, c'est-à-dire cette propension, cette nécessité de tout compter,
19:20 ça veut dire qu'ensuite, tu comptes. Sur le clavier, tu comptes.
19:23 - Non. C'est le seul moment où je ne compte pas,
19:25 c'est quand je suis en train de faire de la musique,
19:27 je ne compte pas parce que les chiffres se mettent tout seuls.
19:29 D'ailleurs, une petite histoire, il y a un morceau qui s'appelle « Piano Allegretto » sur l'album qui va sortir,
19:34 où là, je le joue, je le compose sur place,
19:37 et c'était le dernier morceau de l'album.
19:39 Et là, j'ai fini l'album, et il ne devait même pas exister.
19:42 Et là, je me sens tellement léger, je suis très fier de l'album,
19:45 je suis très heureux de tout ce qui s'est passé.
19:47 Et c'était très complexe, très dur à faire.
19:49 Et là, je commence à jouer, et je ne le comprends pas.
19:52 Mon intellect, mon cerveau ne comprend pas ce morceau.
19:54 J'ai mis des semaines, mais à n'en pas dormir la nuit,
19:57 à réveiller la nuit, à voir ses notes,
19:59 et j'ai fini par comprendre, en complètement disséquant le morceau,
20:04 comme une grenouille, tu l'ouvres,
20:07 et je l'ai joué très doucement.
20:10 Et là, j'ai commencé à compter, c'est la première fois que je fais ça.
20:12 Vraiment, j'ai compté, ok, qu'est-ce qui se passe ?
20:14 Et j'ai compris, parce que je change de temps dans le morceau.
20:18 Il n'est pas d'une seule traite, je dis n'importe quoi, 1, 2, 3, ou 1, 2, 3, 4,
20:21 il change de chiffres.
20:23 Et c'est pour ça que mon intellect ne le comprenait pas.
20:25 Donc, intuitivement, c'était très fluide, ça marchait, j'adore ce morceau,
20:29 mais intellectuellement, je ne le comprenais pas.
20:31 Des semaines, ça me rendait fou !
20:33 « Thrive » sort dans deux jours,
20:35 c'est le quatrième album de Ryopi,
20:37 qui fait des cartons phénoménaux sur les plateformes de streaming.
20:40 Merci d'être passé par Paris, merci d'être venu nous voir, Ryopi.
20:43 Merci beaucoup, bonne journée.
20:44 Et merci Sonia.
20:45 Et comptez !
20:46 Oui ! Dans quelques secondes, on va les compter.
20:49 Totemic, Rebecca Manzoni.

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