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Chroniqueuse : Julia Vignali 


Le spectre d'une crise immobilière plane sur la France. Les acteurs du marché immobilier alertent sur l'aggravation de la crise du logement. Danielle Dubrac, présidente de l'UNIS (Union des syndicats de l'immobilier), est l'invitée de l'interview d'actualité et répond aux questions de Julia Vignali.

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Transcription
00:00 Bonjour Daniel Dubrac, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:03 Alors les acteurs du marché immobilier alertent sur l'aggravation de la crise du logement.
00:08 D'ailleurs dimanche dans le JDD, Véronique Bédag, PDG de Nextcity, parle carrément d'un choc, d'une violence folle.
00:15 Concrètement, c'est quoi cette crise du logement ? Ça se manifeste comment ?
00:20 Ça se manifeste de plusieurs façons. Sur la construction, il y a un arrêt du neuf.
00:25 Sur la location, vous savez que maintenant quand on loue un logement, quand on est propriétaire, bailleur, on a une obligation de rénovation.
00:33 Les logements sont catégorisés avec des étiquettes énergétiques.
00:37 Si vous êtes énergivore, vous ne pouvez pas louer le logement.
00:41 Donc vous avez fait fuir les bailleurs par rapport à cette étiquette énergétique.
00:45 Et puis sur la vente, l'achat, et bien là les crédits sont bloqués.
00:50 Et donc il y a impossibilité d'acheter quand on est jeune ou moins jeune pour pouvoir avoir accès au logement.
00:56 Je lisais le Bien public ce matin, vous voyez, je vois que par exemple dans le centre-ville de Dijon,
01:01 les prix au mètre carré c'est 8000 euros en moyenne, trois fois plus élevés que d'habitude.
01:08 Comment on explique une telle situation ?
01:12 Sur les prix, alors d'abord les prix augmentent, ça dépend des endroits.
01:17 Ça augmente dans des villes, ça augmente sur des zones littorales,
01:21 donc tout dépend de l'emplacement, il y a l'emplacement mais il y a aussi maintenant le fameux diagnostic de performance énergétique.
01:27 Donc les prix sont ce qu'ils sont, la construction est élevée, il y a la demande, il y a l'offre et la demande.
01:32 Aujourd'hui il y a un choc de l'offre, il y a un choc de la demande.
01:35 Mais c'est lié au taux d'intérêt qui augmente, on voyait que maintenant ils sont passés à plus de 3%,
01:38 quand on emprunte c'est à plus de 3%, est-ce que c'est ça qui crée cet envolée des prix ?
01:43 Par exemple à Dijon c'est vraiment assez incompréhensible, vous voyez ce que je veux dire ?
01:47 Alors aujourd'hui c'est vrai que vous avez raison, les taux d'intérêt ont augmenté, 3% c'est absolument inédit.
01:52 Par contre vous avez le taux d'usure, donc c'est le plafond au-delà duquel les banques ne peuvent pas emprunter,
01:57 et puis vous avez le taux d'endettement, le taux d'effort des personnes et la durée du financement pour accéder au crédit.
02:04 C'est plutôt ça qui pose problème aujourd'hui, c'est l'accès au crédit.
02:08 Oui c'est pour ça que plein de Français ne peuvent plus acheter leur résidence
02:11 et pour ceux qui l'ont acheté, ce n'est pas non plus facile puisqu'on apprend au même moment qu'il y a quand même une baisse de prix de l'immobilier.
02:18 D'un seul coup à Dijon ça explose, mais par ailleurs en moyenne un recul de 0,5% au premier trimestre 2023.
02:24 Ça veut dire qu'en fait les gens qui ont acheté il y a quelques années à des prix très forts vont être pénalisés
02:29 si leur capital, leur argent finalement baisse ?
02:33 Vous savez l'immobilier c'est du temps long, ça monte, ça descend, ça dépend beaucoup de conjonctures,
02:38 si c'est structurel, si c'est aussi économique, vous avez actuellement l'inflation,
02:44 donc l'inflation ça fait que le pouvoir d'achat des Français baisse.
02:49 J'en crois au bout de mes yeux, d'ailleurs on a parlé, le président du MEDEF a déclaré dimanche
02:53 qu'il manquait notamment des milliers de logements neufs, mais il parlait également de l'inflation,
02:57 Axel de Tarley nous en parlait tout à l'heure. Est-ce que c'est ça le vrai problème ?
03:00 C'est pour ça que l'immobilier est en crise ? Est-ce que ça va prendre fin ?
03:03 Quand l'inflation prendra fin, quand elle va descendre apparemment à 2% en 2024,
03:07 est-ce que l'immobilier va reprendre des couleurs ?
03:09 Il manque du logement en France, il manque des logements, il y a 2 millions 3 de personnes
03:13 qui veulent accéder au logement social, vous avez 17 millions de locataires en France,
03:17 vous avez 5 millions de logements sociaux, ça veut dire que ceux qui logent aujourd'hui en France,
03:22 c'est pas que le parc social, c'est aussi le parc privé, et donc le bailleur privé,
03:27 on a tout fait pour le décourager, si les étiquettes sont mauvaises,
03:30 il est obligé de vendre s'il ne rénove pas, donc c'est lui qu'il faut viser.
03:36 Et comment est-ce qu'il faut le viser ? Il faut lui donner un statut,
03:38 c'est un vrai acteur économique, il faut le reconnaître comme acteur économique,
03:41 donc nous l'idée au niveau de notre syndicat UNIS, c'est de lui donner un statut de bailleur privé,
03:46 c'est un acteur économique, et donc du coup, comment faire ?
03:49 C'est lui permettre de louer un logement rénové à loyer abordable.
03:54 Si on peut lui permettre, au niveau de son logement, de l'amortir comptablement,
04:03 ça va lui donner une capacité d'autofinancement pour faire ses travaux,
04:07 la condition c'est qu'on loue des loyers abordables, c'est-à-dire en dessous du marché,
04:11 et donc ça va donner au locataire du pouvoir d'achat, puisqu'il louera moins cher que le marché.
04:15 Oui, parce que vous parliez du marché locatif, on préambule,
04:18 la situation elle aussi est complètement gelée, avec une offre qui grandit,
04:24 et des demandes qui ne suivent pas, par exemple le prix des locations est à la hausse,
04:29 +5,5% à Paris, +12% à Marseille, +10% à Lille sur un an,
04:35 j'ai lu, et vous avez lu la même chose, je crois que certains étudiants
04:39 ne se séparent même plus de leur chambre d'étudiants pendant l'été,
04:42 ils préfèrent payer par peur de ne pas retrouver un logement à la rentrée.
04:45 Vous avez l'inflation qui est de 6%, si l'indice de revalorisation des loyers
04:49 n'avait pas été bloqué à 3,5%, on serait aussi à 6% d'augmentation,
04:53 donc il faut regarder aussi qu'il y a des problèmes de réglementation,
04:57 de conservation du patrimoine, de rénovation du patrimoine, tout ça, ça forme un tout.
05:01 Oui, alors qu'est-ce que vous attendez du gouvernement, parce que Olivier Klein,
05:05 le ministre délégué du Logement, doit présenter le 9 mai les propositions
05:09 issues du Conseil National de la Refondation, le CNR,
05:13 qu'attendez-vous de la part du gouvernement ?
05:16 On attend au niveau des taux d'endettement, la possibilité d'accéder au crédit,
05:21 on attend qu'il y ait un assouplissement de ce taux d'endettement,
05:24 et 35% de taux d'effort, peut-être qu'il faut les regarder,
05:26 la durée de l'emprunt, peut-être qu'il faut regarder, on attend ça.
05:29 Pour les propriétaires occupants, comme il y a une obligation de rénovation
05:34 qui ne pèse que sur les propriétaires bailleurs, on attend que ce statut
05:38 de bailleur privé soit reconnu, donc une possibilité de l'aider
05:42 à amortir son bien, on ne parle pas de rentabilité,
05:45 on parle d'un petit rendement, les propriétaires bailleurs,
05:48 ce sont souvent des propriétaires qui sont à la retraite,
05:50 et donc il y a besoin de loger des gens, il faut reconnaître le logement privé,
05:56 qui est aussi un logement à reconnaître, il n'y a pas que le parc social,
06:03 on n'a pas fait la parbelle aux propriétaires privés et aux parcs sociaux uniquement,
06:10 il faut reconnaître ce statut-là. Et puis pour les propriétaires occupants,
06:13 il faut absolument qu'ils aient accès au financement pour pouvoir rénover leur bien.
06:17 Merci beaucoup Danielle Dubrac, je rappelle que vous êtes présidente de l'Uni,
06:20 c'est l'union des syndicats de l'immobilier, merci d'avoir été avec nous.

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