• l’année dernière
Le Secrétaire général de la CFDT est l'invité du Grand Jury de 12h à 13h
Regardez Le Grand Jury du 30 avril 2023 avec Olivier Bost et Marie-Pierre Haddad.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le grand jury RTL Le Figaro LCI. Olivier Bost.
00:16 Bonjour à tous, bienvenue dans ce grand jury. Bonjour Laurent Berger. Bonjour. Vous êtes le secrétaire général de la CFDT
00:23 jusqu'au 21 juin. Le 1er mai, demain sera-t-il le dernier rendez-vous de l'intersyndicale ?
00:30 Êtes-vous prêt à passer à autre chose, à parler vie au travail avec le gouvernement ?
00:35 Allez-vous rencontrer Elisabeth Borne sans les autres syndicats ?
00:38 Voici quelques questions qui se posent. Nous parlerons aussi de tout ce que vous attendez du gouvernement
00:43 pour que les français attendent eux un peu moins la retraite avec impatience.
00:48 Ce grand jury est en direct comme tous les dimanches. Vous pouvez poser vos questions et interpeller
00:54 Laurent Berger avec le hashtag #LeGrandJury sur tous les réseaux sociaux. Marie-Pierre Haddad de la rédaction de RTL
01:00 nous fera part de ces interpellations et de ces questions avec ce signal.
01:05 Pour vous interroger à mes côtés, Jim Jarassé du Figaro et Marie Chantrait de TF1 LCI.
01:12 Marie, nous allons commencer par revenir sur la finale de la Coupe de France de football hier soir.
01:17 Absolument. Peu de sifflets entendus, peu de cartons rouges vus dans les tribunes à la 49e minute.
01:23 L'initiative syndicale contre la réforme des retraites n'a que très peu été relayée dans les tribunes hier soir.
01:28 Alors première question, est-ce que vous avez validé cette action ?
01:32 Et deuxième question, quelle leçon en tirer finalement ? Est-ce que c'est anecdotique ou cela veut dire quelque chose du mouvement syndical ?
01:39 Non, je crois que c'est tout simplement le signe que les citoyens français,
01:45 ils ont des moments où ils ont de la présence revendicative.
01:50 Ils pensent des choses sur ce que fait ce gouvernement, sur la façon dont ils vivent leur vie.
01:54 Et puis il y a des moments où ils sont dans un moment de fête.
01:56 Hier, ce n'était pas la fête pour tout le monde.
01:58 Moi, je suis supporter plutôt de FN.
02:00 Donc effectivement, c'est plus compliqué pour certains.
02:02 Mais et donc, dans ces moments-là, il faut laisser les choses se dérouler.
02:05 Et l'initiative syndicale, c'était de distribuer un papier sur la réforme des retraites.
02:11 Un carton rouge ?
02:12 Oui, un carton rouge. C'est symbolique.
02:14 C'était un match de foot, mais ce n'était pas l'idée pour la CFDT, en tout cas, de perturber un événement sportif.
02:19 Parce qu'encore une fois, on a besoin de ça dans nos vies, les uns et les autres.
02:22 On a besoin d'événements sportifs, d'événements culturels,
02:25 où on se retrouve au-delà de ce qu'on pense les uns et les autres sur telle situation politique ou sociale.
02:29 Mais ça veut dire que vous ne validez pas l'action qui a été menée hier soir ?
02:32 Vous ne validez pas la distribution ?
02:33 Si, la distribution de cartons, ça n'a rien d'agressif.
02:40 La distribution d'un papier qui dit qu'on est contre la réforme des retraites à 64 ans, ça n'a rien d'agressif.
02:46 Ça s'est bien passé. Tout s'est bien passé.
02:48 J'ai l'impression que ce matin, il y a un peu de regret de tous ceux, notamment des observateurs,
02:53 qui espéraient qu'il y ait quelque chose de particulier.
02:55 Il y a un fait majeur hier, c'est que le FC Nantes n'a pas gagné la Coupe de France, malheureusement.
02:59 L'autre fait, c'est que l'événement sportif s'est déroulé dans de bonnes conditions.
03:03 Ça vous interroge sur certains modes d'action maintenant,
03:07 notamment parce qu'il y a un match où l'électricité a été coupée à la 49e minute.
03:12 Il y a des événements à venir, comme le festival de Cannes, par exemple,
03:16 où la CGT Énergie veut couper le courant.
03:18 Est-ce que ça vous interroge, ce genre d'action ?
03:21 Ce n'est pas une interrogation, je ne suis pas d'accord.
03:23 Je pense qu'il y a besoin, dans notre pays, des événements sportifs, des événements culturels,
03:28 des événements festifs qui méritent de se tenir, parce qu'ils doivent se tenir, ils sont prévus.
03:33 Je crois que c'est un bon signal pour personne de perturber ces événements.
03:39 On a entendu aussi des menaces sur le festival d'Avignon.
03:41 Non, je crois. Je suis convaincu que cette réforme, elle est mauvaise.
03:45 Je suis convaincu qu'elle pèse malheureusement sur les travailleurs les plus modestes
03:49 et qu'elle est néfaste pour eux.
03:51 On l'a largement combattue, on va continuer de la combattre, y compris de façon différente,
03:57 parce que malheureusement, elle est promulguée.
03:59 Je ne crois pas qu'il faille faire de l'activisme syndical.
04:02 Ce n'est pas la "cam" de la CFDT.
04:05 Je pense que les événements, là où les gens se retrouvent pour passer du temps ensemble,
04:09 dans un événement sportif, dans un événement culturel, il faut qu'ils puissent le faire.
04:13 Une première interpellation avec les réseaux sociaux, avec le hashtag "le grand jury", Marie-Pierre Adad.
04:18 Une interpellation de Daniel sur Facebook qui vous dit "est-ce que vous êtes d'accord avec le comportement de la CGT ?
04:23 Parce qu'elle, elle les trouve inconscients et dangereux".
04:25 C'est ce qu'elle écrit dans son commentaire. Qu'est-ce que vous en pensez ?
04:27 Ça c'est son commentaire à elle.
04:29 Vous savez, ce qui a fonctionné dans l'intersyndicat et ce qui va continuer de fonctionner, c'est deux choses.
04:33 Être très très clair sur le mot d'ordre commun.
04:35 Le mot d'ordre commun, c'est qu'on est contre cette réforme des retraites qui porte l'âge légal à 64 ans.
04:39 Je continuerai de dire, et on va parler du travail je présume dans quelques instants,
04:43 je continuerai de dire que ça va peser davantage sur les travailleurs les plus modestes
04:46 et que c'est une réforme injuste et brutale.
04:48 Oui mais avec quel moyen vous vous mobilisez ?
04:50 On va en parler.
04:50 Ça c'est le premier point. L'intersyndical a tenu là-dessus.
04:52 Le deuxième point sur lequel elle a tenu, c'est qu'on s'est mis d'accord sur toutes les modalités d'action.
04:56 La CFDT, elle est engagée sur les seules modalités d'action
04:59 qu'elle a déterminées dans le cadre de l'intersyndical ou en propre.
05:02 Donc moi, je n'ai pas de commentaire à faire sur d'autres organisations syndicales.
05:07 On est encore en intersyndical, on va se réunir le 2 au matin pour définir ce qu'on va faire ensemble.
05:12 Je crois que maintenant, on voit bien que l'objectif ce matin, c'est de réussir le 1er mai.
05:17 Et ce qu'on a comme retour, c'est que le 1er mai va être un des plus gros 1er mai
05:21 sur la question sociale de ces 30 ou 40 dernières années.
05:24 On se rappelle du 1er mai 2002, mais c'était pour d'autres raisons.
05:26 Il était puissant parce qu'il y avait malheureusement Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle.
05:30 Là, on va avoir un gros 1er mai sur la question sociale,
05:33 sur la question des retraites, sur la question du travail.
05:35 C'est ça qu'il faut faire, et ensuite déterminer le 2 mai au matin ce qu'on va continuer à faire.
05:40 Mais je le dis très clairement, la CFDT ne sera ni dans l'activisme,
05:44 ni dans les actions coup de poing, ni dans le fait d'emmener les travailleurs dans le mur
05:48 en leur faisant croire qu'on pourrait faire en sorte que le président de la République
05:52 qui a proclamé ces lois, la retire.
05:53 Pour autant, je crois qu'on a intérêt à continuer de travailler en intersyndical sur la question du travail,
05:58 pour regarder les décrets, comment ils vont s'appliquer.
06:00 Il y a des rendez-vous le 8 juin, notamment à l'Assemblée nationale avec le groupe Lyot
06:03 qui veut déposer une proposition de loi pour approcher cette loi.
06:06 Donc vous voyez, il y a encore des choses à faire, mais évidemment,
06:09 on est des organisations syndicales qui avons des traditions, y compris d'action, qui sont différentes.
06:12 On va réévoquer tous ces sujets et reparler aussi du 1er mai.
06:15 Mais avant, un autre mode d'action qui est apparu, c'est celui des casserolades.
06:19 Oui, on a vu ces images, cette dernière semaine,
06:22 dès qu'un membre de l'exécutif se déplace sur le terrain,
06:25 il est accueilli par un concert de casserole.
06:27 Peut-être l'image la plus forte qu'on retient cette semaine,
06:30 c'est celle de Papendiaï qui a dû être exfiltrée de la gare de Lyon.
06:36 Est-ce que vous, Laurent Berger, vous soutenez concrètement ce mouvement des casseroles ?
06:43 D'abord, il faut distinguer deux choses. Vous me parlez de deux choses différentes.
06:46 Vous me parlez de lorsqu'un ministre se déplace,
06:48 le fait que des citoyens qui sont en colère manifestent une colère et un mécontentement.
06:52 Rien de nouveau sous le soleil.
06:53 Je crois avoir 10 ans la première fois où je suis allé dans une sous-préfecture de Loire-Atlantique
06:58 avec mes parents à l'appel de la CFDT et d'autres,
07:01 parce qu'il y avait un ministre et qu'il y avait un mouvement de rassemblement
07:03 pour dire qu'il y avait un désaccord dont je ne sais plus le quel.
07:06 Non mais là, c'est tous les ministres et c'est systématisé.
07:09 Oui, mais je le dis. Vous savez, il y a eu beaucoup de mépris dans ce mouvement,
07:14 dans ce moment de la réforme des retraites.
07:16 Beaucoup de mépris manifesté par le gouvernement et par l'exécutif.
07:19 Ça s'est transformé en colère. Ce n'est pas faute de l'avoir prévenu.
07:22 Ce n'est pas faute de l'avoir dit. Et donc, cette colère, elle se manifeste.
07:25 Si elle se manifeste pacifiquement, y compris en faisant du bruit,
07:28 il faut quand même un peu faire redescendre la pression.
07:30 Je ne dis pas que c'est le meilleur moyen de se parler,
07:32 mais en même temps, pendant trois mois, je rappelle qu'on n'a pas pu se parler.
07:34 Ce n'était pas de notre fait.
07:35 L'autre chose est de donner rendez-vous à un endroit où il y a des ministres
07:38 pour les empêcher de circuler librement.
07:40 Ça, je suis contre. Il n'y a jamais eu d'ambiguïté, je crois,
07:43 y compris ici. La dernière fois que je suis venu, j'ai dit que
07:45 toute atteinte au bien ou aux personnes, la CFDT est contre.
07:48 Ce qui s'est passé dans la gare de Lyon ?
07:50 Je ne trouve pas ça positif. Je ne suis pas d'accord avec ça.
07:53 Je vous le dis franchement, il y a la liberté de circulation.
07:56 Dans notre pays, il y a une spécificité.
07:58 C'est quand on veut dire quelque chose, on peut le dire.
08:01 Encore. Il faut que ça continue.
08:04 Et que cet exercice démocratique, il doit pouvoir se faire,
08:07 y compris pour des gens avec qui on n'est pas d'accord.
08:10 C'est fondamental. Et donc, je pense que tout un tas d'interlocuteurs
08:14 avec lesquels je ne suis pas d'accord, ils doivent pouvoir se déplacer
08:17 comme ils l'entendent. Par contre, ça ne veut pas dire
08:19 que quand ils sont à l'exercice d'une responsabilité,
08:21 ça m'est arrivé, ça m'arrive encore, de me déplacer avec des personnes
08:24 qui ne sont pas d'accord et qui l'expriment d'une manière pacifique.
08:27 Ils ont le droit. Ils ont le droit.
08:29 Sur ces mouvements, ces casserolades, sur les mouvements hier soir
08:31 au stade de France, la préfecture, les préfectures,
08:34 avaient interdit ce type de manifestation et ces distributions.
08:37 Et régulièrement, la justice annule ces interdictions.
08:40 Est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui, ces préfectures sont trop promptes
08:44 à interdire ce type de manifestation ?
08:46 Est-ce que vous parlez de décision politique ?
08:48 Non, je dis que malheureusement, ils ont l'outillage pour le faire.
08:52 Et ça, ça renvoie à autre chose.
08:54 Vous savez qu'il y avait eu des lois qui étaient passées au moment où il y avait
08:58 les... malheureusement, ça peut arriver, on le sait encore aujourd'hui,
09:02 mais au moment où il y a eu des attentats terroristes.
09:04 Ces lois, à ce moment-là, on avait dit "OK".
09:07 La CFDT était intervenue en disant "OK, il y a des moments,
09:10 on peut avoir des situations d'exception parce qu'il y a des risques terroristes,
09:13 etc. mais il faut qu'on revienne à l'état de droit plus classique".
09:16 Là, moi, ce qui m'inquiète, je vais vous dire, c'est pas que des préfets
09:19 prennent cette décision qui soit validée ensuite par la justice.
09:21 Je pense que c'est pas normal de prendre ces décisions.
09:24 Il s'agit finalement que de manifestations pacifiques, comme je viens de le dire.
09:27 Ce qui m'inquiète, c'est qu'il y ait l'artifice juridique,
09:31 la loi, qui permette de prendre ces décisions-là.
09:34 Pourquoi ça m'inquiète ? Parce que je m'imagine juste dans 3-4 ans,
09:37 avec un gouvernement d'extrême droite au pouvoir,
09:40 qui estimera qu'il a aujourd'hui la possibilité, par ces lois qui existent,
09:45 de restreindre la liberté de manifester, d'exprimer une opinion différente.
09:50 La justice est là pour les éloindrir, en tout cas là en l'occurrence.
09:53 Là, là, aujourd'hui. Demain, je sais pas.
09:56 Et donc, moi, je crois qu'on peut pas se servir d'une loi qui a été faite
09:59 pour une loi anti-terroriste, pour empêcher des citoyens de se réunir
10:02 pour dire qu'ils sont pas d'accord avec un gouvernement.
10:04 Est-ce que c'est un mouvement, là je reviens au casserole,
10:08 et à tous ces mouvements de protestation, qui n'est pas marginal ?
10:11 Parce que ce que disent plusieurs ministres, c'est que quand personne ne prévient d'un déplacement,
10:16 on a vu par exemple le président de la République, ou on a vu la première ministre,
10:19 se rendre sur des marchés à l'improviste, dans ces cas-là, il n'y a pas de manifestant.
10:23 Est-ce que ça veut dire que, finalement, c'est un petit noyau qui s'est fini par manifester ?
10:27 Vous savez, M. Boz, je peux vous dire que pour organiser une manifestation,
10:29 oui, il vaut mieux l'anticiper un petit peu. C'est pas anormal.
10:32 Mais il y a un ressentiment. Il y a deux choses que je pense qu'il faut éviter.
10:37 La première qui serait de dire que l'ensemble de la population veut empêcher les uns ou les autres de circuler.
10:42 C'est pas vrai. Mais l'autre, ce serait de nier qu'il y a une colère dans le pays aujourd'hui.
10:47 Il y a une colère sociale dans le pays. Elle est profonde.
10:50 Et elle est dans le monde du travail de ceux et celles qui vont être les plus impactés par cette réforme.
10:54 Et donc, la question pour les organisations syndicales maintenant,
10:57 c'est de transformer cette colère en poids revendicatif.
11:00 Et de faire en sorte que le gouvernement, d'abord, comprenne que cette réforme, elle est néfaste,
11:05 elle va peser lourdement sur l'ambiance sociale des années à venir.
11:09 Et comprenne qu'il faut agir aussi sur la question du travail pour qu'il y ait enfin un sentiment de reconnaissance de ceux et celles,
11:15 je parle notamment des travailleurs de deuxième ligne qui ont été là pendant le confinement
11:19 et qui sont les plus impactés par cette réforme.
11:21 Et donc, vous savez, ce gouvernement, il aurait tort. J'ai vu hier, après le Stade de France.
11:26 Moi, franchement, je ne souhaitais pas que l'événement sportif, je vous l'ai dit tout à l'heure, soit perturbé.
11:32 Mais qu'ils disent "vous voyez, tout va bien finalement". Non, ce n'est pas vrai.
11:35 Tout ne va pas bien. Non, ce n'est pas vrai. Dans le monde du travail, il y a un profond ressentiment.
11:38 Dans la population, il y a un profond ressentiment contre cette réforme des retraites.
11:41 Et il ne faut pas se raconter des histoires.
11:43 Toutes les enquêtes d'opinion encore aujourd'hui expliquent que les gens sont contre cette réforme à 64 ans
11:48 et ont un fort ressentiment, pour ne pas dire une colère, contre le gouvernement.
11:53 – Quand l'entourage du président se réjouit qu'il n'ait pas été sifflé, pour vous, il y a une forme de déni ?
11:57 – Non, si c'est pour se réjouir de ne pas avoir été sifflé, c'est le cas.
12:01 Si c'est pour dire "regardez dans le pays, tout va bien", c'est encore une fois une cécité.
12:05 – Dimitar Rasset.
12:06 – Parlons de la journée du 1er mai.
12:08 Donc demain, ce ne sera pas seulement la fête du travail.
12:11 Vous voulez aussi faire de ce moment la 13ème journée de manifestation contre la réforme des retraites.
12:17 Vous aviez dit vouloir "casser la baraque" en nombre de manifestants.
12:22 Ça veut dire quoi ? Quelle est votre estimation sur la mobilisation de demain ?
12:25 – D'abord, le 1er mai, c'est la fête des travailleurs et des travailleuses.
12:28 C'est-à-dire cette volonté qu'ils soient reconnus dans ce qui est leur juste participation à la société.
12:37 Et d'habitude, les 1ers mai, on le sait, c'est des 1ers mai qui sont concentrés sur une population plutôt militante,
12:44 avec des chiffres de mobilisation qui sont assez faibles.
12:46 J'ai dit "casser la baraque", certains m'ont accusé de violent avec ce terme,
12:49 c'est complètement ridicule, c'est un terme populaire.
12:52 Je pense que demain, on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq.
12:56 – Un million cinq, c'est votre objectif ?
12:58 – Ça serait énorme. Dans un 1er mai qui se situe, comme chacun l'a pu le voir,
13:01 à la fin d'un week-end de trois jours, en pleine période scolaire pour nombre de citoyens,
13:07 ce serait énorme. Et donc les chiffres qu'on a aujourd'hui de mobilisation de gens qui se mobilisent,
13:11 c'est que ça sera un gros 1er mai. À quel niveau ? J'en sais rien.
13:14 Mais moi j'appelle, vous savez, demain, il n'y a personne qui peut être empêché de manifester.
13:19 Pour une raison simple, demain, à part les forces de sécurité, les forces de santé,
13:23 des services publics, etc., il n'y a personne qui travaille, très peu.
13:27 Et il y a 300 points de rassemblement à peu près. Tout le monde peut aller manifester demain.
13:32 Manifester pourquoi ? Contre la réforme des retraites et pour une reconnaissance du monde du travail
13:38 en termes de conditions de travail et de salaire. Et donc, je pense, j'appelle moi aujourd'hui,
13:42 le maximum de citoyens, y compris ceux et celles qui n'ont pas pu manifester au journée de mobilisation,
13:47 participer au journée de mobilisation, pour différentes raisons, à venir demain dans un des points de rassemblement,
13:52 même s'ils sont en vacances, même s'ils sont ailleurs que dans leur lieu de résidence,
13:55 pour manifester leurs revendications.
13:59 Vous évoquiez les forces de l'ordre. Que pensez-vous de l'appel de Jean-Luc Mélenchon
14:02 aux policiers et aux gendarmes de faire grève demain ?
14:06 Rien. Non, rien. Je pense qu'on a besoin de forces de sécurité, vous savez.
14:13 Donc voilà. Après, nous, on est organisés aussi dans la police.
14:17 Les agences syndicales dans la police font ce qu'ils ont à faire.
14:21 Il n'y a pas des relances séditieuses ?
14:25 Je ne sais pas si ça a des relances séditieuses. Ce n'est pas à moi de juger. J'espère que non.
14:29 Depuis le début, on nous a annoncé le 10 janvier qu'on allait tout casser,
14:34 qu'on allait bordéliser le pays, qu'on allait tout bloquer, etc.
14:37 Ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Il y a eu une manifestation démocratique
14:41 à travers les mobilisations, à travers le débat d'opinion, etc., extraordinaire mené par le syndicalisme.
14:47 Demain, ça va être la même chose. Demain, c'est un appel à des grandes manifestations populaires,
14:51 familiales, conviviales, qui disent deux choses, je le répète, contre cette réforme des retraites,
14:57 parce qu'on continue d'être contre cette réforme des retraites,
15:00 et c'est le moment pour un maximum de gens de se mobiliser demain,
15:03 qui n'ont pas pu le faire jusqu'alors, ou qui n'ont pu le faire que partiellement,
15:06 et venir manifester pour une autre reconnaissance du monde du travail.
15:09 Parce que derrière cette réforme des retraites, ce n'est pas seulement d'écaler deux ans l'âge.
15:13 C'est le sentiment d'avoir été méprisé. Ce sentiment est très très fort aujourd'hui dans nos équipes,
15:19 on le sent, et donc il faut venir demain pour dire qu'on ne veut pas être méprisé.
15:23 Les travailleurs et travailleuses dont c'est la fête demain ne veulent plus être méprisés.
15:26 Comment vous prenez alors l'appel d'Elisabeth Borne, qui dit "je fais confiance aux organisations syndicales"
15:32 pour que ces manifestations se passent dans le calme ? C'est une forme d'avertissement ?
15:36 Oui, ils l'ont fait à peu près une fois sur deux, en disant "on espère que ce sera dans le calme".
15:40 Et ça a toujours été dans le calme, hormis quelques débiles qui vont casser en tête de manifestations ici ou là.
15:46 Mais je rappelle que sur les 300 points de rassemblement, il y a à peu près une dizaine d'endroits,
15:50 ou une quinzaine d'endroits où ça peut être compliqué. Le reste, ça se passe dans de bonnes conditions.
15:53 Donc je n'ai pas envie qu'on fasse peur aux gens qui ont envie de se mobiliser,
15:56 en disant "attention, il va peut-être avoir des problèmes, etc."
15:59 On a toujours fait à la preuve de notre responsabilité d'organiser des manifestations dans le calme.
16:04 Malheureusement, il y a quelques Black Blocs ou autres qui veulent mettre le bazar à quelques endroits.
16:09 C'est un autre sujet. Mais je pense que ces avertissements-là, ils sonnent un peu bizarrement.
16:15 Justement, une question à ce sujet-là, avec le hashtag #LeGrandJury, Marie-Pierre Haddad.
16:19 Oui, les propos du préfet de police de Paris, Laurent Nunez, ont été très repris sur Twitter.
16:23 Lui s'attend à plusieurs milliers d'ultras à risque qui seront présents lors de ces manifestations.
16:28 C'est ses propos. Est-ce que c'est aussi un élément que vous craignez ?
16:31 Est-ce que vous avez eu des alertes là-dessus ? Comment ça se passe ?
16:33 Non, mais on les craint à chaque manifestation, depuis le début d'ailleurs.
16:35 Il y a eu des éléments radicalisés qui en veulent à peu près au même niveau à la police, aux syndicalistes et aux journalistes.
16:44 Donc ça, malheureusement, c'est un phénomène qui a émergé il y a quelques années, qui n'est pas du fait syndical.
16:50 Et oui, je le crains. Parce que moi, je crois à la démocratie. Je suis profondément démocrate.
16:55 Et je pense que la démocratie, c'est de pouvoir exprimer des opinions différentes dans le calme et dans le respect des biens et des personnes.
17:01 Donc ça n'a rien à voir avec les organisations syndicales, ces groupes radicalisés dont je n'aurais pas qualifié vraiment leur objectif, d'ailleurs, s'ils se mettaient de casser.
17:10 Et donc je le crains, mais je le crains à quelques endroits.
17:13 Partout ailleurs en France, les manifestations n'ont pas ce type de risque.
17:19 Mais oui, je le crains, je le condamne. Je les ai vus dans certaines manifestations s'attaquer à des banques mutualistes.
17:25 On les a vus s'attaquer à un véhicule d'un médecin qui était en soins d'urgence, etc.
17:32 C'est débile. Je le condamne. Mais on n'en est pas responsable.
17:36 Sophie Binet de la CGT, en ce moment même, sur un autre média, s'inquiète de l'utilisation des drones demain.
17:43 Des drones pour donc surveiller la foule. Elle dénonce une pente dangereuse.
17:49 Est-ce que ça vous inquiète en matière de maintien de l'ordre, qu'on fasse maintenant appel à des drones ?
17:53 Non, mais vous savez, c'est toujours pareil, c'est la juste mesure.
17:58 Si il est question de regarder ce que quelques groupes radicalisés vont opérer,
18:05 vous savez, moi, ça ne nous sert pas que dans les manifestations, il y a quelques dingues qui viennent casser à la fin
18:11 et s'en prendre, y compris à nos services d'ordre, y compris aux manifestants qui sont dans les cortèges syndicaux.
18:16 Elle redoute également des provocations policières.
18:21 Ecoutez, ce n'est pas mon propos. Je ne peux pas vous dire autre chose, ce n'est pas mon propos.
18:26 Moi, j'en appelle à la juste mesure. Il y a eu, dans certaines fins de manifestation, et j'en ai parlé avec le préfet,
18:32 l'utilisation de gaz lacrymogène, etc., qui était mal tournée en direction des cortèges syndicaux.
18:37 À chaque fois, on est intervenu pour dire que ce n'est pas possible.
18:39 J'en appelle, en termes de doctrine de maintien de l'ordre, à la mesure.
18:44 Par contre, qu'on veuille empêcher des gens de détruire des vitrines ou de s'en prendre à d'autres manifestants,
18:51 ben oui, on a besoin de ça. Donc, il faut demain que ça se passe le mieux possible,
18:56 et c'est ce que la CFDT essaye de construire.
18:59 Est-ce que vous posez la question aujourd'hui de la violence et de comment ce combat syndical va se terminer ?
19:05 On se pose la question en parallèle de ce qui s'est passé avec les gilets jaunes.
19:08 On vous a déjà posé la question, mais est-ce que ce combat syndical,
19:11 qui n'a pas finalement réussi à faire plier le gouvernement, en tout cas à le faire changer d'avis,
19:16 est-il de finir dans la violence ?
19:18 Non, il ne finira pas. Le mouvement syndical ne finira pas dans la violence,
19:21 mais il y aura du ressentiment et de la colère.
19:23 Et on n'en est pas responsable.
19:26 Vous savez, moi, je m'apprête à sortir un livre qui s'appelle "Du mépris à la colère, essai sur la France au travail".
19:32 Et ce titre, j'ai choisi il y a deux mois.
19:34 Je sentais venir. Je sentais venir qu'à force de mépris, on allait créer de la colère.
19:38 Et la colère, ce n'est pas forcément de la violence. Mais par contre, ce n'est pas se taire.
19:41 Et je pense que demain, les travailleurs et les travailleuses doivent être encore plus présents.
19:44 Ils doivent être plus considérés. On va parler du travail, mais ce n'est pas possible
19:47 qu'on demande aux gens de travailler deux ans de plus en leur disant "Vous la fermez, vous n'avez pas le droit à la parole.
19:51 Il n'y a pas de dialogue social suffisant. Il n'y a pas de gouvernance d'entreprise qui est revue.
19:54 Il n'y a pas de négociation sur l'organisation du travail".
19:56 Et donc oui, il y a de la colère. Et après, quelle forme ça peut prendre ?
20:00 Je crois avoir dit suffisamment tôt, on m'a même accusé de l'avoir fait,
20:04 que ça pouvait prendre une forme électorale.
20:07 Je vous ai fait une interview de Mme Le Pen aujourd'hui dans Le Parisien,
20:11 qui est quand même assez symptomatique de sa capacité à capter le ressentiment social
20:16 pour essayer d'en faire un vote en sa faveur dans quelques temps.
20:20 Et bien ça, c'est un des risques. Il y a un autre risque, c'est qu'il y a de la conflictualité sociale
20:24 à tous les étages sur le moindre sujet demain.
20:27 Et puis, des formes de mobilisation qui pourraient se développer, qui seraient plus radicales.
20:33 La faute à qui ? La faute à qui ?
20:36 À une forme de surdité de la part de l'exécutif, du gouvernement,
20:40 qui pendant trois mois a dit "écoutez, le temps du dialogue social, des objections syndicales, il est passé, c'était avant",
20:46 et qui dit maintenant "mais venez, parce qu'on a besoin de discuter,
20:48 parce qu'il y a tellement de défis à relever, qu'on a besoin un peu de votre intelligence".
20:51 Vous citiez Marine Le Pen, je la cite précisément,
20:54 "Emmanuel Macron considère que l'usure est une stratégie, mais ce n'est pas tenable,
20:58 la stratégie du pourrissement ne fonctionnera plus".
21:01 Vous n'êtes pas en désaccord avec ça ?
21:04 J'ai du mal à dire que je ne suis pas en désaccord avec Mme Le Pen, pour des raisons de fond,
21:08 mais ce qui est sûr, c'est que le pourrissement, ce n'est jamais une bonne solution,
21:12 et que ça amène à Mme Le Pen.
21:14 Et qu'en disant ça, elle pense, elle l'espère.
21:16 Parce que c'est là-dessus qu'elle prospère.
21:18 Elle prospère sur le ressentiment, sur le repli sur soi, sur la colère sociale,
21:23 et c'est justement une des responsabilités de ce gouvernement,
21:26 une des responsabilités des oppositions aussi, de faire en sorte de construire des perspectives.
21:29 Vous savez, aujourd'hui, on ne parle plus de pouvoir de vivre,
21:31 on ne parle plus de transition écologique,
21:33 on ne parle plus de liberté,
21:35 on ne parle plus d'égalité,
21:37 on est concentré sur de la conflictualité à tous les étages.
21:42 Et donc, clairement, je pense qu'il faut redonner des perspectives,
21:46 et qu'il n'y a pas de cap.
21:48 Je suis désolé, les 100 jours de Mme Borne, il n'y a pas de cap.
21:50 Je ne les ai pas vus.
21:52 Et il n'y en a pas notamment sur la question de la transition écologique,
21:54 il n'y en a pas sur la question de la jeunesse,
21:56 il n'y en a pas sur la question de la lutte contre la pauvreté,
21:59 qui est en train de s'enquister aujourd'hui dans notre pays.
22:01 Et donc, oui, je pense que Mme Le Pen,
22:04 elle a juste à espérer cette espèce de pourrissement.
22:07 - Ces 100 jours, effectivement, fixés par le Président de la République,
22:09 pour vous, c'est 100 jours de rien du tout ?
22:11 - Non, ce n'est pas 100 jours de rien du tout,
22:13 c'est 100 jours de pas grand-chose pour l'instant.
22:15 Et que, s'ils veulent qu'il y ait quelque chose,
22:18 il va falloir nous écouter.
22:19 Il va falloir écouter, par exemple, les acteurs du pacte du pouvoir de vivre.
22:21 On a des propositions en termes de transition écologique,
22:23 on a des propositions en termes de répartition des richesses,
22:26 on a des propositions syndicalement en termes d'organisation du travail,
22:30 d'évolution de la vie au travail, de salaire.
22:33 Et donc, c'est ça qu'il va falloir faire.
22:35 C'est-à-dire qu'en fait, pour vous dire les choses très franchement,
22:37 et je précède une de vos questions,
22:39 le gouvernement, il va falloir qu'il nous dise,
22:41 c'est quoi sa méthode ?
22:43 Si sa méthode, c'est "je viens avec une feuille",
22:45 vous voyez à la fin, vous amendez deux, trois mots,
22:47 et puis ce sera ça qui sera pris comme décision, c'est niaite.
22:50 Niaite pour la CFDT.
22:51 Donc c'est quoi la co-construction dans laquelle ils entendent entrer ?
22:54 Pour l'instant, on n'a rien entendu sur le sujet, rien.
22:56 Et le deuxième, c'est quoi les sujets qui vont être mis sur la table ?
22:59 Je vous le dis, tout va coûter plus cher.
23:01 Tout va coûter plus cher pour la CFDT.
23:03 Est-ce qu'on va pouvoir faire de la négociation de l'organisation du travail
23:06 une négociation obligatoire dans l'entreprise ?
23:08 Est-ce qu'on va développer un vrai compte épargne temps universel
23:10 avec un abondement de l'entreprise de jours supplémentaires ?
23:13 Est-ce qu'on va pouvoir développer du dialogue social professionnel dans l'entreprise ?
23:16 Est-ce qu'on va mettre de la conditionnalité des aides publiques versées aux entreprises
23:19 sur la question salariale et la question écologique par exemple ?
23:21 Toute votre liste là, c'est un préalable pour aller discuter avec le gouvernement ?
23:25 Non, ce n'est pas un préalable. C'est une exigence.
23:27 Une exigence quand on ira discuter, que ces sujets-là soient vraiment sur la table.
23:30 Alors pourquoi les différents sortent à préalable et exigence ?
23:32 Un préalable, c'est quand vous dites "il y aura ça sinon on ne va pas discuter",
23:37 là on ira discuter et on mettra ça sur la table.
23:39 Et pour qu'on continue de discuter, il faudra que ce soit ce traité.
23:42 D'accord, mais ça n'a pas resté dans vos propos comme une condition,
23:45 c'est-à-dire qu'il faut que tous ces sujets soient repris pour que vous puissiez discuter.
23:48 C'est bien ça ?
23:49 Non mais de quoi, pour l'instant ? Qu'est-ce qui est sur la table ?
23:52 L'emploi des seniors ? On nous dit "on va vouloir discuter du travail".
23:55 Mais nous on fait ça depuis septembre, de discuter du travail.
23:57 On fait ça depuis septembre. Depuis septembre dans les concertations,
24:01 on demande qu'il y ait des choses sur l'emploi des seniors qui soient beaucoup plus costauds.
24:05 On demande des mesures en termes de pénibilité, d'usure au travail, etc.
24:09 Donc là on nous dit "on va falloir discuter de ça" parce qu'en plus le Conseil constitutionnel
24:13 a un peu invalidé certaines dispositions de la loi.
24:16 Donc clairement, oui, nous on aura des exigences en termes de résultats concrets
24:21 et pas de quelques pistes de travail qui sont pour l'instant juste esquissées.
24:25 Alors il y a de nombreuses interpellations sur les réseaux sociaux. Marie-Pierre Haddad.
24:28 Oui, vous parlez de ceux qui vont manifester demain,
24:31 mais il y a aussi ceux qui ne veulent pas manifester,
24:33 comme Arnaud par exemple sur Twitter qui vous dit "mais la loi est passée, alors pourquoi continuer ?"
24:38 Et vous-même vous aviez déclaré que, je vous cite,
24:40 "il est clair que la CFDT ne fera pas de manifestation pendant six mois sur la réforme des retraites".
24:45 Et d'abord la liberté de ne pas manifester, elle est pour tout le monde.
24:50 Demain il y a la liberté de manifester et la liberté de ne pas manifester.
24:53 Chacun fait ce qu'il entend faire.
24:56 Demain c'est la fête des travailleurs et des travailleuses.
24:59 C'est un rendez-vous syndical traditionnel.
25:01 C'est le bonjour pour exprimer à la fois son mécontentement sur la réforme des retraites
25:05 et le demander qu'elle ne s'applique pas.
25:07 Il y a encore, je le rappelle, le 3, une décision du Conseil constitutionnel
25:11 sur le referendum d'initiatives partagées,
25:13 qui serait une bonne porte de sortie.
25:15 Il y a le 8, je l'ai dit, une proposition du groupe Lyot qui aide à broger la loi.
25:19 Donc il y a encore des portes de sortie possibles.
25:22 Est-ce que ça veut dire que d'ici là vous n'entamez pas de discussion avec le gouvernement ?
25:26 Par exemple, Elisabeth Borne, vous avez normalement la semaine prochaine...
25:29 Non, j'y reviendrai. Bien sûr que si, on va aller discuter.
25:31 Ça a été un secret pour personne. Bien sûr que si, on va aller discuter.
25:35 Vous savez, moi j'ai commencé mon mandat syndical,
25:37 ma responsabilité syndicale comme délégué du personnel dans une petite entreprise.
25:40 Et la semaine prochaine ?
25:41 J'ai commencé mon mandat comme délégué du personnel dans une petite entreprise.
25:44 Ce que me demandaient mes collègues, c'était d'aller discuter avec mon patron
25:46 pour essayer d'améliorer la situation.
25:48 Donc vous allez le faire. Est-ce que vous allez le faire dès la semaine prochaine ?
25:50 Pour l'instant, on n'a pas d'invitation.
25:51 Vous savez, on répond aux invitations.
25:52 Vous allez recevoir une invitation la semaine prochaine. Est-ce que vous y allez ?
25:55 Oui, si on reçoit une invitation, on ira discuter.
25:58 Mais on ira discuter avec les préalables que je disais en termes de méthode.
26:01 Attendez, parce qu'il y a aussi un fond de question là.
26:03 Il y a une discussion en termes de méthode et en termes de sujet de fond.
26:08 Voilà. Et ensuite, juste sur cette...
26:12 "Pas manifester pendant 6 mois".
26:14 Oui, j'assume cette parole-là.
26:16 On ne va pas faire croire aux travailleurs et aux travailleuses,
26:19 la CFDT a cette particularité que beaucoup de ses militants
26:22 sont des gens des secteurs professionnels qui ne sont pas forcément les plus favorisés.
26:26 On ne va pas leur faire croire qu'à faire une manifestation toutes les semaines,
26:28 c'est comme ça qu'on va enlever une loi qui a été promulguée.
26:31 On trouvera d'autres modalités pour s'exprimer,
26:33 notamment en soutenant peut-être la proposition du groupe Lyot,
26:35 en demandant à les rencontrer.
26:37 Je pense que ce serait bien qu'on les rencontre dans les jours à venir
26:39 pour essayer de regarder ce qu'ils veulent faire.
26:41 Oui, on ira discuter.
26:43 On ira discuter. Pourquoi on ira discuter ?
26:45 Parce que c'est le rôle des syndicalistes de discuter.
26:47 Ensemble ou en réunion bilatérale, si la première ministre vous propose de vous voir ?
26:52 C'est pendant 3 mois. Ils ne nous ont pas reçus.
26:55 Ils n'ont pas voulu nous rencontrer en intersyndical.
26:57 Là, maintenant, ils disent "le président de la République nous a proposé de nous rencontrer
27:01 2 jours après la promulgation de la loi".
27:03 C'est une forme de provocation, disons-le très clairement,
27:06 ou de malice mal placé.
27:08 Là, si la première ministre nous demande d'aller les rencontrer,
27:12 on ira les rencontrer dans le format qu'elle décidera.
27:14 Donc, y compris en réunion bilatérale, si elle le décide, vous irez...
27:18 Mais oui, ça a l'air de vous choquer.
27:20 Ce qui est choquant, c'est que pendant 3 mois, il n'y a pas eu de rencontre.
27:22 C'est ça qui a été choquant.
27:24 C'est que pendant 3 mois, il n'y a pas eu de rencontre,
27:26 alors qu'il y avait le plus grand mouvement social de ces 50 dernières années.
27:28 Donc, on ira discuter, mais on ira discuter avec...
27:30 Ce ne sera pas une décision de l'intersyndical.
27:32 L'intersyndical, on s'est mis d'accord sur les 64 ans.
27:34 On est en opposition. On est d'accord là-dessus.
27:36 On s'est mis d'accord sur le fait qu'on décidait parfois des actions en commun.
27:39 Je souhaite qu'on continue de le faire.
27:41 Je souhaite qu'on continue de travailler en intersyndical
27:43 sur les sujets du travail, sur les sujets de retraite,
27:45 sur le sujet de la syndicalisation et de la place du syndicalisme dans notre pays.
27:47 Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire
27:49 et on fera des propositions pour continuer à le faire.
27:51 Mais on n'est pas une seule organisation syndicale, ça ne vous a pas échappé.
27:55 Donc, la CFDT, et on en a discuté lors de notre bureau national,
27:58 on ira discuter comme un représentant du personnel dans une entreprise,
28:01 va discuter avec son patron, même quand son patron,
28:03 quelque temps avant, lui a fait un sale coup.
28:05 Et pourquoi il y va ? Il y va tout simplement pour porter la voix des travailleurs et des travailleuses
28:09 et obtenir des améliorations concrètes.
28:11 Il y en a beaucoup à obtenir.
28:12 Ça nous fait une question pour la seconde partie de ce Grand Jury.
28:14 Que va devenir l'intersyndical après le rendez-vous de demain,
28:16 après le rendez-vous du 1er mai ?
28:18 A tout de suite.
28:19 [Musique]
28:29 Suite du Grand Jury RTL Le Figaro LCI, Olivier Bost.
28:33 Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, est notre invité.
28:38 Demain, le 1er mai, marquera-t-il le dernier jour de l'intersyndical Jim Jarasi.
28:44 Oui, on a bien compris dans la première partie de l'émission
28:47 qu'il y avait des approches assez différentes entre vous et la CGT.
28:50 Sophie Binet a rappelé que toute reprise du dialogue était conditionnée
28:55 à l'abandon de la réforme des retraites.
28:58 Quand vous, vous vous dites prêts à aller à la table des négociations à nouveau à Matignon,
29:04 est-ce que ça veut dire que, pour vous, à partir de la semaine prochaine,
29:08 le délai de décence dont vous aviez parlé est terminé
29:11 et que, finalement, la réforme des retraites est derrière vous ?
29:14 D'abord, qu'il y ait des approches différentes entre les organisations syndicales,
29:17 c'est toujours le cas, y compris durant cette mobilisation intersyndicale.
29:22 L'intersyndicale, c'est notre richesse.
29:24 C'est cette capacité qu'on a eue et qu'on continuera d'avoir
29:28 à pouvoir s'exprimer en commun sur un certain nombre de sujets
29:30 qui sont très importants pour les travailleurs et les travailleuses.
29:33 Donc, s'il y a des gens inquiets aujourd'hui sur le devenir de l'intersyndical,
29:36 je le dis, on va continuer à travailler en intersyndical.
29:39 Ça ne vaudra pas dire qu'on fera exactement tous la même chose
29:42 parce qu'on a des cultures militantes, des cultures syndicales,
29:45 des approches, des façons d'action, des moyens d'action,
29:48 des enracinements militants qui ne sont pas les mêmes.
29:51 Et donc, on ne fera pas forcément tout en commun.
29:55 On n'a pas tout fait en commun.
29:57 Ces derniers temps, il y a eu, pendant ce conflit de retraite,
30:00 des actions dans les entreprises, des élections professionnelles, etc.
30:03 Ça, c'est le premier point.
30:04 Mais par contre, je vais vous dire, je porterai mardi à l'intersyndical
30:08 l'envie de continuer ensemble, de continuer à s'exprimer ensemble
30:11 sur les grands enjeux du monde du travail,
30:13 à avoir des moments d'action communes.
30:16 Ce ne sont pas que des actions de mobilisation dans la rue,
30:18 parce que je pense que c'est important et qu'on a montré
30:20 un bon visage de mouvement syndical français aujourd'hui dans notre pays.
30:23 - Le modem ne sera plus le retrait de la réforme des retraites ?
30:27 - La CVT, elle se rate.
30:28 Vous savez, vous pouvez me refaire venir dans 10 ans,
30:30 je vous dirai qu'il faut retirer cette réforme,
30:32 que c'est la plus mauvaise chose qu'on pouvait faire
30:34 en termes de réforme des retraites.
30:36 D'ailleurs, c'est tellement mauvais que c'est encore rejeté
30:38 par une majorité de l'opinion, et qu'il y a encore une majorité
30:41 de l'opinion qui souhaite que le gouvernement la retire.
30:43 Donc si, mais moi je n'aime pas mentir aux gens.
30:46 Il y a eu 12 journées de mobilisation, dont certaines, 3,
30:49 ont été les plus nombreuses depuis le début des années 90,
30:51 et le gouvernement n'a pas bougé.
30:53 Donc il y a d'autres initiatives, je l'ai dit, le RIP,
30:56 avec la décision du Conseil constitutionnel le 3 mai,
30:59 avec l'initiative du groupe Liott à l'Assemblée nationale,
31:02 donc tout ça que nous soutenons.
31:04 Ça c'est le premier point.
31:05 Ensuite, oui, il y avait un délai de décence pour la CFDT.
31:08 C'était hors de question de ne pas avoir été écouté
31:11 pendant 3 mois, d'avoir une promulgation de la loi
31:14 dans la nuit du vendredi au samedi, et d'aller chez le Président
31:16 de la République le mardi.
31:18 C'était hors de question, je l'ai dit, d'une forme assez simple,
31:21 c'est qu'on ne répond pas quand on nous siffle.
31:23 Donc ça c'est clair.
31:25 Maintenant, je l'ai dit tout à l'heure en première partie
31:27 de l'émission, nous sommes des syndicalistes.
31:29 Et donc on ne va pas aller faire copain-copain
31:31 avec le gouvernement.
31:33 On va aller leur dire, écoutez, vous distribuez
31:35 des milliards d'aides aux entreprises.
31:38 Est-ce que vous êtes prêts à les conditionner ?
31:40 À les conditionner à un certain nombre de choses.
31:42 La répartition de la valeur dans les entreprises.
31:44 Les salaires.
31:46 Vous savez, le SMIC va augmenter le 1er mai
31:48 du fait de l'inflation.
31:50 Il y a 151 branches sur 171 de plus de 5 millions.
31:53 - Mais on va revenir sur tous ces sujets.
31:55 - Oui, mais ce ne sont pas des sujets mineurs.
31:57 Parce qu'on ne peut pas juste commenter la surface politique
31:59 et pas commenter ce qui fait le ressentiment
32:01 des travailleurs et des travailleuses.
32:03 - Et revenir dans la longueur, juste pour être très clair
32:05 et on passera à un autre sujet.
32:07 Vous vous voyez mardi en intersyndical.
32:09 Vous allez plaider pour que cette rencontre
32:11 à Matignon avec la Première Ministre ait lieu.
32:13 Si vous avez des interlocuteurs face à vous
32:15 qui disent non, vous irez quand même seul ?
32:17 - Bien sûr, mais pendant cette période
32:19 des mobilisations sur les retraites,
32:21 on est allé voir les uns et les autres,
32:23 les groupes parlementaires,
32:25 on est allé voir les uns et les autres,
32:27 nos interlocuteurs, on a négocié, je vais vous dire,
32:29 avec la Commission patronale, un certain nombre d'accords.
32:31 Deux accords qui sont très importants à nos yeux.
32:33 Celui sur le partage de la valeur et un autre
32:35 sur la transition écologique dans les entreprises.
32:37 Transition écologique et dialogue social.
32:39 Toutes les organisations syndicales ne sont pas signataires.
32:41 - Quelle que soit la décision de l'intersyndical,
32:43 la CFDT... - L'intersyndical est riche
32:45 du respect de ces divergences.
32:47 Elle est riche de cette capacité à porter ensemble
32:49 des propositions et du respect de ces divergences.
32:51 Donc il n'y aura personne, ni la CFDT
32:53 qui pourra dire "l'intersyndical doit à tout prix,
32:55 tout le monde doit y aller",
32:57 ni une organisation syndicale
32:59 pourra dire "on interdit à quiconque d'aller rencontrer".
33:01 On ira les rencontrer avec exigeance.
33:03 Je pense que ce qui ferait la force du mouvement syndical
33:05 aujourd'hui, c'est de porter ensemble des propositions
33:07 sur l'organisation du travail, sur les salaires
33:09 et de le faire, y compris
33:11 en rencontrant les interlocuteurs qui sont devant nous.
33:13 C'est-à-dire d'un côté, évidemment,
33:15 le gouvernement, de l'autre côté, les organisations patronales.
33:17 - Vous voudriez parler des salaires,
33:19 vous l'avez dit plusieurs fois. Écoutez ce
33:21 qu'en disait la semaine dernière, sur ce même plateau
33:23 du Grand Jury, Geoffroy Roudbéziul,
33:25 numéro 1 du MEDEF.
33:27 - Il y a des choses sur lesquelles on n'est pas prêt
33:29 à discuter. Par exemple, les salaires. Parce que les salaires,
33:31 ça ne se discute pas au niveau national, ça se discute
33:33 au niveau des branches et au niveau
33:35 des entreprises. Donc, il faut qu'on fasse cette liste.
33:37 Bon, après, l'expression
33:39 de communication, j'allais dire
33:41 les éléments de langage sur le pacte
33:43 de la vie au travail, bon, je ne sais pas très bien ce que ça veut dire.
33:45 - Il y a deux aspects dans cette réaction,
33:47 mais le premier, sur les salaires, votre réaction.
33:49 - Il est bien sympathique, mais il oublie
33:51 une chose. C'est que 151 branches,
33:53 je le disais tout à l'heure, sur 171,
33:55 ont des minimas en dessous du SMIC.
33:57 Avec la revalorisation du SMIC au 1er mai.
33:59 151 sur 171,
34:01 c'est-à-dire, il se passe quoi ? C'est que les gens
34:03 qui sont dans les échelons
34:05 au dessous du SMIC, ils sont payés au SMIC,
34:07 mais quand ils passent un échelon, ils sont encore payés
34:09 au SMIC, puis qu'ils en passent deux encore,
34:11 il y a certaines branches, c'est 7 ou 8 échelons.
34:13 Donc, ça peut durer 10 ans. Donc,
34:15 ça, c'est la responsabilité patronale.
34:17 C'est la responsabilité des organisations patronales.
34:19 Et le gouvernement a quel levier ?
34:21 Un seul. La conditionnalité des aides publiques.
34:23 Est-ce qu'il est normal de verser des aides
34:25 aux entreprises, y compris des aides au bas salaire,
34:27 lorsque vous êtes dans une branche
34:29 qui délibérément, délibérément,
34:31 ne négocie pas la revalorisation
34:33 de ses grilles et laisse des échelons en dessous du SMIC ?
34:35 Donc, pour bien vous comprendre, vous voulez...
34:37 Vous voyez, il y a une double responsabilité. Vous voulez que...
34:39 La responsabilité du gouvernement de faire pression sur les branches professionnelles et le patronat,
34:41 et la responsabilité du patronat de s'engager dans les négociations.
34:43 Donc, vous voulez que le gouvernement
34:45 conditionne les aides aux entreprises
34:47 si elles relèvent les salaires. C'est bien ça ?
34:49 Elle conditionne les aides aux entreprises
34:51 au fait qu'il n'y ait pas de minima dans les branches
34:53 qui soient en dessous du SMIC.
34:55 L'écart entre les salaires
34:57 dans les entreprises, est-ce que c'est pour vous un sujet ?
34:59 Il y a eu un rapport Oxfam
35:01 cette semaine, selon lequel
35:03 les PDG des 100 plus grands groupes
35:05 gagnent en moyenne 97 fois le salaire de leurs employés.
35:07 Est-ce que c'est trop ?
35:09 Oui, c'est trop, oui.
35:11 Oui, c'est un sujet.
35:13 Je ne dirais pas que c'est le sujet qui va révolutionner demain
35:15 la vie,
35:17 ce que gagne un salarié
35:19 dans une entreprise.
35:21 Il y a du domaine parfois symbolique, mais symbolique c'est important.
35:23 Quand vous voyez un certain nombre de grands patrons,
35:25 les augmentations de salaires
35:27 ou les dividendes qu'ils perçoivent,
35:29 c'est scandaleux.
35:31 Mais oui, on pourrait,
35:33 sur la question salariale,
35:35 ça avait été au moment de la loi PACTE évoquée,
35:37 avoir un écart de rémunération maximale
35:39 de 1 à 20, ça a été souvent
35:41 un des éléments chiffrés.
35:43 Moi, j'ai même signé une pétition un jour
35:45 au lieu de 100 fois le SMIC, ce qui est déjà énorme.
35:47 Vous voyez, on était nombreux à la signer,
35:49 ça fait maintenant plusieurs années.
35:51 Mais oui, je pense qu'il y a un sujet sur les écarts de rémunération,
35:53 sur la question de la structuration
35:55 des rémunérations dans les entreprises. Il y a beaucoup de choses à faire.
35:57 Ça passe par les branches professionnelles
35:59 et ça passe aussi par le fait de limiter
36:01 les très hautes rémunérations dans les entreprises.
36:03 Moi, vous ne m'expliquerez jamais,
36:05 je n'arriverai jamais à expliquer de façon rationnelle
36:07 ce qui fait que quelqu'un peut être payé
36:09 100 fois ce qu'est payer un autre dans une entreprise.
36:11 S'il travaille 100 fois plus, c'est qu'il y a un léger sujet.
36:13 Ce n'est pas le cas.
36:15 Je sais qu'on nous dit qu'on va faire fuir les talents,
36:17 tout ça, ce n'est pas le cas non plus.
36:19 On a toujours des talents pour diriger, par exemple,
36:21 les entreprises publiques où il y a une limitation de la rémunération.
36:23 Donc non, je pense qu'il y a un grand sujet
36:25 à mettre sur la table, sur la question de la rémunération.
36:27 Et ça fait partie des sujets, ce n'est pas le seul.
36:29 Une fois qu'on aura fait un écart maximum de rémunération,
36:31 on n'aura pas parlé des rémunérations les plus basses.
36:33 Mais parmi les sujets à traiter, il y a celui-là.
36:35 - Jim Gérassé. - Laurent Berger, une question
36:37 sur l'agence de notation Fitch
36:39 qui a dégradé en cette fin de semaine
36:41 la note française à A à moins,
36:43 jugeant que les tensions sociales
36:45 constituent un risque pour le programme
36:47 de réforme d'Emmanuel Macron
36:49 et la réduction des dépenses publiques.
36:51 Est-ce que c'est une mauvaise nouvelle pour notre pays ?
36:53 - Oui, ça ne doit pas être
36:55 le seul guide qui guide notre pays.
36:57 Moi, je crois que notre pays serait bien,
36:59 les gens qui le gouvernent seraient bien aspirés
37:01 de regarder aussi d'autres indicateurs.
37:03 Ça fait longtemps que la CVT porte, avec le Pacte du pouvoir de vivre d'ailleurs,
37:05 d'autres indicateurs pour mesurer
37:07 la situation de la société que simplement
37:09 la situation du PIB, de l'endettement, etc.
37:11 Mais oui, c'est une mauvaise nouvelle, mais
37:13 il dit quoi ce rapport de cette agence de notation ?
37:15 Il dit, il y a un endettement qui est fort,
37:17 3 000 milliards.
37:19 Et on s'est mis à un conflit social
37:21 inédit, d'une force inédite qui créait
37:23 une colère et un ressentiment, j'en ai parlé très fort,
37:25 pour 13,
37:27 14, 15 milliards.
37:29 Vous voyez que le rapport n'est pas exactement le même.
37:31 Donc cette agence, elle dit, il y a un endettement public qui est fort,
37:33 oui, comment on le résout ?
37:35 On a bien deux, trois idées, notamment sur la répartition
37:37 de la richesse dans notre pays, et puis de l'autre côté,
37:39 on a un conflit social.
37:41 Donc vous voyez, c'est presque le gouvernement
37:43 à tout faux sur toute la ligne en fait.
37:45 Le rapport pointe aussi la responsabilité finalement du mouvement social,
37:47 et donc par capillarité...
37:49 Il y a une bonne manière de faire, autrement alors,
37:51 c'est qu'on arrête une démocratie.
37:53 On arrête, puis au bout d'un moment, il y a un gars qui est élu,
37:55 puis il applique ce qu'il veut, puis tout le monde la ferme.
37:57 C'est pas la société dans laquelle je veux vivre.
37:59 C'est pas la société dans laquelle je pense les citoyens français
38:01 veulent vivre. Vous voyez ce que je veux dire ?
38:03 À un moment donné, la démocratie, c'est l'expression de désaccords.
38:05 Et les désaccords exprimés, ils ont été
38:07 hyper clean,
38:09 hyper respectueux, hyper responsables.
38:11 On n'a pas bloqué l'économie du pays.
38:13 On n'a pas mis le pays à feu et à sang.
38:15 Et donc, oui, si demain,
38:17 le rêve de quelques-uns,
38:19 c'est de faire qu'on ait un indicateur économique
38:21 et un pouvoir politique
38:23 qui fera fi de toute liberté d'association,
38:25 toute liberté de manifestation,
38:27 toute liberté de contestation,
38:29 on peut y aller comme ça.
38:31 Mais moi, c'est pas ce que je veux.
38:33 Je pense que le président de la République, aujourd'hui,
38:35 s'il veut se relancer, parce qu'il est quand même un peu dans le sable,
38:37 si je peux me permettre, il serait bien inspiré
38:39 de dire le cap qu'il veut construire.
38:41 Le cap, ça ne peut pas être les seuls indicateurs économiques.
38:43 Il faut que ce soit sur des questions
38:45 de services publics
38:47 et d'accès aux services publics en termes de santé, éducation.
38:49 Il faut que ce soit sur des questions de démocratie,
38:51 de fonctionnement démocratique, de décentralisation
38:53 de place des territoires, d'écoute des citoyens
38:55 et de transition écologique juste.
38:57 Et tout ça, pour l'instant,
38:59 on ne l'a pas, ce cap.
39:01 Et donc, on va s'accrocher à ce que dit une agence de notation,
39:03 c'est déconnecté de la vie. Vous voyez bien, je ne dis pas que ce n'est pas important,
39:05 mais c'est déconnecté de la vie,
39:07 de ce que ressentent les personnes, aujourd'hui, dans notre pays.
39:09 Et ça accentue l'écart,
39:11 finalement, entre des gens
39:13 dont on ne sait pas trop, finalement,
39:15 par quoi ils sont guidés,
39:17 et une population qui a le sentiment de vivre
39:19 un peu moins bien qu'elle ne vivait.
39:21 C'est plus ou moins vrai, selon les catégories de population,
39:23 mais c'est quand même une vérité pour beaucoup d'entre elles.
39:25 On va encore revenir un instant sur ce que nous a dit
39:27 le président Roude-Bézieux, le numéro un du Medef, la semaine dernière.
39:29 Absolument, à qui on évoquait
39:31 la question des salaires dimanche dernier, ici même.
39:33 Il a répondu qu'il y avait un problème dans le logement.
39:35 On va au-devant d'une catastrophe.
39:37 Il n'y a pas suffisamment de construction,
39:39 de logements neufs. Il y a des constructions
39:41 et des prix qui augmentent. Les prix de vente,
39:43 les distances pour les travailleurs augmentent également.
39:45 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
39:47 Vous trouvez qu'il s'agit là encore d'éviter
39:49 la question principale, qui est celle
39:51 d'augmenter les salaires et que vous réclamez ?
39:53 - Je crois que c'est une question de la qualité des salaires
39:55 sur laquelle on est en désaccord avec Geoffroy Roude-Bézieux,
39:57 notamment sur toute la palette, les branches,
39:59 les écarts de rémunération, l'égalité salariale
40:01 entre les femmes et les hommes, etc.
40:03 On peut faire beaucoup plus dans les entreprises
40:05 où le patronat a une grosse responsabilité.
40:07 Je crois que Geoffroy Roude-Bézieux a raison de pointer
40:09 la question du logement. Vous savez, on l'a vu émerger,
40:11 elle existait précédemment, mais pendant le confinement.
40:13 Pendant le confinement, un nombre de travailleurs
40:15 et d'équipes CFDT avec lesquelles
40:17 on n'a jamais rompu le fil, même pendant le confinement,
40:19 disaient "attendez, on vient bosser en présentiel.
40:21 On ne sait pas exactement ce que cette foutue maladie
40:23 va nous créer, on a les jetons,
40:25 on n'a pas les moyens de protection, et en plus,
40:27 on vient bosser auprès de gens qui sont confinés
40:29 chez eux". Et ce n'était pas agréable,
40:31 je ne dis pas ça. "Confinés chez eux
40:33 pour traiter leurs déchets,
40:35 leur faire leurs soins,
40:37 leur accompagnement social,
40:39 leur commerce, etc.
40:41 Et on se tape une heure de RER
40:43 ou une heure trente de RER pour venir
40:45 ou on se tape 30 bornes
40:47 en bagnole dans les zones plus rurales.
40:49 Il y a un problème.
40:51 Il y a un problème d'offre de logement.
40:53 - Selon les chiffres, il faut gagner à Paris 100 000 euros
40:55 pour s'offrir un 40 mètres carrés.
40:57 - Oui, bien sûr. Et donc il y a un problème de coût du logement
40:59 et d'accès aussi à la location.
41:01 Et c'est pour ça qu'il y a
41:03 une organisation paritaire
41:05 qui s'appelle Action Logement, un groupe paritaire
41:07 qui s'appelle Action Logement, qui fait beaucoup,
41:09 ce n'est pas le seul, qui fait beaucoup
41:11 en termes de construction de logement social, qui est un des plus gros acteurs.
41:13 Et je peux vous dire, j'ai interpellé le gouvernement
41:15 la semaine dernière sur le fait que
41:17 on veuille les faire participer et
41:19 calculer l'endettement d'Action Logement
41:21 dans la dette publique.
41:23 Et si la réglementation de Bercy
41:25 se mettait en place, on l'empêcherait
41:27 Action Logement de s'endetter plus d'un an.
41:29 Comment vous voulez faire de la construction
41:31 de logement quand vous voulez faire une politique de logement
41:33 si on empêche ça ?
41:35 Donc je suis intervenu auprès de M. Le Maire et de Mme Borne
41:37 pour leur dire "non, vous ne pouvez pas faire ça".
41:39 Donc oui, il y a un problème de logement.
41:41 Et c'est un problème de salaire, c'est un problème de pouvoir de vivre.
41:43 Et il y a un problème d'offre de logement
41:45 en termes de location et d'achat qui est...
41:47 Mais vous ne le voyez pas qu'à Paris.
41:49 Donc on apprend quand même que les contacts ne sont pas
41:51 tout à fait rompus.
41:53 Bien sûr, mais parce que moi je suis un syndicaliste.
41:55 Quand on me pose le problème d'Action Logement la semaine dernière
41:57 en disant "il va y avoir un problème
41:59 si on fait ça, on va foutre en l'air
42:01 tous les programmes d'Action Logement
42:03 en termes de construction de logements sociaux notamment",
42:05 et bien oui, moi je suis un syndicaliste et j'essaie de régler le problème.
42:07 J'espère l'avoir réglé.
42:09 Mais vous savez, c'est pas seulement à Paris.
42:11 Moi je viens de Saint-Nazaire.
42:13 Aujourd'hui à Saint-Nazaire, quand vous êtes un jeune
42:15 travailleur à Saint-Nazaire, vous ne pouvez plus vous loger à Saint-Nazaire.
42:17 C'est un truc de dingue. Quand j'étais conseiller d'insertion professionnelle
42:19 dans cette ville, il y avait des logements partout.
42:21 Là aujourd'hui, évidemment, c'est une ville
42:23 qui se porte bien, tant mieux, mais le coût
42:25 des logements est tel que vous êtes renvoyé
42:27 un peu plus loin. Et donc, avec des frais de transport,
42:29 avec des organisations personnelles
42:31 du temps qui sont compliquées, etc.
42:33 Vous savez, il faut tout... Enfin, je suis désolé
42:35 de le dire, mais il faut revoir les choses.
42:37 Il faut revoir l'organisation du travail.
42:39 Il faut revoir l'espace.
42:41 Il y a une autre question, Laurent Berger.
42:43 Notre question liée, c'est celle de l'évolution
42:45 des carrières et donc de l'évolution
42:47 des salaires qui sont beaucoup
42:49 plus bloqués qu'il y a quelques décennies.
42:51 Qu'est-ce qu'un accord sur la vie
42:53 au travail pourrait-il changer ?
42:55 La reconnaissance des compétences.
42:57 Aujourd'hui, je crois
42:59 que... Moi, j'ai déjà dit...
43:01 Mais surtout les métiers qui sont peu qualifiés
43:03 aujourd'hui. Oui, mais justement, la reconnaissance des compétences.
43:05 Vous savez, il y a un truc quand même qui s'est passé.
43:07 C'est la pandémie. Et ce que le gouvernement
43:09 n'a pas compris, je l'ai dit il y a quelques mois,
43:11 c'est qu'on est dans un conflit du travail post-pandémique.
43:13 Et on s'est aperçu que des gens...
43:15 On ne regardait pas toujours dans les yeux, d'ailleurs, parce que quand on faisait
43:17 les courses, il y a trop de gens qui sont sur leur portable et qui ne regardent pas
43:19 l'hôtesse de caisse ou l'hôte de caisse qui
43:21 est là, par exemple. C'est indispensable à notre vie
43:23 collective. D'autant considérer qu'ils étaient là,
43:25 mais on était bien content d'aller après le boulot
43:27 chercher ce dont on avait besoin,
43:29 mais qu'ils n'existaient pas. Et tout d'un coup, on s'est aperçu
43:31 qu'ils développaient de la compétence. Et qu'on était bien content de les voir
43:33 parfois parce que c'était les seuls qu'on voyait dans la journée.
43:35 Etc. Etc. Si on ne revalorise pas
43:37 les métiers qu'on dit
43:39 peu valorisés, peu qualifiés, etc.
43:41 On aura perdu quelque chose.
43:43 Et on aura perdu tellement quelque chose qu'on n'aura plus personne
43:45 pour les faire. Plus personne pour les faire.
43:47 Parce qu'on ne peut pas à la fois être sous-payé, pas reconnu,
43:49 pas d'avoir des déroulements de carrière,
43:51 et en plus, ne pas être considéré dans la société.
43:53 Et donc, oui, il y a une revalorisation du travail
43:55 à mettre en place. Une revalorisation
43:57 qui partirait vers le bas.
43:59 Mais c'est, je crois, une conception très différente
44:01 que j'ai avec un certain nombre de gens qui dirigent ce pays.
44:03 C'est que je pense qu'on fait progresser une société
44:05 en s'occupant d'abord de ceux qui sont plus en
44:07 difficulté pour qu'on progresse tous.
44:09 Et pas simplement en tirant.
44:11 Et là, en tirant, on a laissé dans le monde du travail
44:13 des gens qui sont
44:15 au SMIC pendant 10 ou 15 ans
44:17 et dont les compétences ne sont pas reconnues.
44:19 Donc il faut développer de la formation, mais il faut aussi
44:21 développer de la reconnaissance des compétences
44:23 pour ces travailleurs et travailleuses, des évolutions de carrière,
44:25 ce qu'on ne sait pas faire aujourd'hui.
44:27 - Une question soulevée par la retraite
44:29 désormais à 64 ans, c'est
44:31 comment travailler jusqu'à 64 ans ?
44:33 Qu'est-ce que vous attendez des discussions
44:35 d'ici la fin de l'année sur le sujet ?
44:37 - Nous, on les aurait attendues
44:39 la fin de l'année dernière.
44:41 Oui, mais c'est très important.
44:43 C'est-à-dire que là, on va bien dire qu'on a bien oublié de faire quelque chose
44:45 parce qu'on a décidé de travailler jusqu'à 64 ans.
44:47 Mais on peut peut-être se dire que ce n'était pas de cela
44:49 qu'il fallait faire travailler jusqu'à 64 ans.
44:51 Des départs progressifs, des aménagements
44:53 de fin de carrière,
44:55 le compte pénibilité
44:57 qui se remet en route et qui
44:59 permet de partir avant 64 ans et même
45:01 avant 62 ans pour tout un tas de salariés.
45:03 Vous savez, moi j'ai été frappé ces dernières semaines
45:05 dans la rencontre de certains DRH de grands groupes.
45:07 Des groupes notamment qui emploient
45:09 des salariés qui ont les métiers les plus exposés en termes de pénibilité.
45:11 Et ce n'est pas toujours d'ailleurs
45:13 les pénibilités physiques.
45:15 Mais vous savez, les aides à domicile par exemple
45:17 sont d'autres pénibilités physiques mais aussi
45:19 différentes. Mais bref,
45:21 j'en ai vu un certain nombre, un certain nombre de DRH qui disent
45:23 qu'on ne sait pas comment faire en fait.
45:25 On ne sait pas comment faire pour les garder.
45:27 Parce qu'on n'a pas les outils aujourd'hui.
45:29 Parce que les gens, regardez, on va avoir
45:31 un phénomène avec cette réforme
45:33 où des gens vont être en invalidité,
45:35 ou en occasion de chômage. Certains vont même être appelés
45:37 là, vous voyez ce qui est en train
45:39 de naître en ce moment, c'est des gens qui vont être obligés
45:41 qui étaient en compte épargne temps en fin de carrière
45:43 et qui vont être obligés pendant 3 ou 4 mois
45:45 de revenir travailler.
45:47 C'est ni fait ni à faire. Donc on va travailler
45:49 sur les questions d'usure, de pénibilité etc.
45:51 Si c'est pour des mesures cosmétiques, ce sera sans nous.
45:53 Si c'est pour aller sur le fond d'aménagement des fins de carrière,
45:55 de remise en place du compte
45:57 pénibilité avec des départs anticipés,
45:59 oui, ok. - Pardonnez-moi, mais ça donne
46:01 quand même le sentiment que vous acceptez,
46:03 donc vous finissez par accepter les 64 ans
46:05 et que vous allez quelque part
46:07 le faire payer au gouvernement, ou en tout cas
46:09 demander... - Non, je ne les accepte pas
46:11 les 64 ans, je ne les accepterai jamais. Comme on n'a jamais
46:13 accepté les 62 ans. On a toujours dit que le report de l'âge
46:15 légal était la plus mauvaise des mesures.
46:17 Et moi je regarde la réalité en face.
46:19 Ma responsabilité, c'est de défendre les travailleurs et les travailleuses.
46:21 Ce n'est pas de leur raconter du rêve, ce n'est pas de leur
46:23 vendre Alice au Pays des Merveilles.
46:25 C'est d'améliorer leur situation.
46:27 Malheureusement, cette loi est promulguée.
46:29 Malheureusement, il y a encore deux choses qui peuvent l'éviter,
46:31 qui peuvent éviter qu'elle s'en mette en place rapidement,
46:33 c'est le RIP, avec un peu de responsabilité
46:35 de la part du gouvernement, et c'est
46:37 la proposition
46:39 du groupe Lyon dont j'ai parlé. - Et vous tournez une page
46:41 quand même. - Non, on ne tourne pas une page,
46:43 on continue la vie. C'est le gouvernement
46:45 qui tourne les séquences. Le gouvernement,
46:47 il ne sait que tourner des séquences. Il pense que la vie des gens,
46:49 c'est des séquences. Non, je ne tourne pas une page.
46:51 Je leur dis, on va continuer de dire
46:53 qu'on est en désaccord sur cette réforme des retraites,
46:55 on n'a jamais tremblé sur le sujet. Pour une raison simple,
46:57 c'est depuis 1998, la CFDT est allée contre le report
46:59 de l'âge égal de départ en retraite. On va faire
47:01 en sorte d'utiliser tous les leviers.
47:03 Il y a aussi l'écriture des décrets.
47:05 On nous propose cette réforme, il va falloir écrire les décrets,
47:07 notamment sur la question des 1200 euros, on va bien rigoler.
47:09 Et donc, on sera
47:11 extrêmement mobilisés là-dessus. On aura
47:13 potentiellement d'autres modes
47:15 de mobilisation, qu'on va décider
47:17 en intersyndical, peut-être
47:19 pour peser auprès des parlementaires
47:21 dans le cadre de la PPL du groupe Yot.
47:23 On va voir, on va le décider ensemble.
47:25 Je n'ai jamais annoncé tout seul une mobilisation
47:27 d'intersyndical. Et puis,
47:29 on va continuer de travailler sur les sujets qui préoccupent
47:31 les salariés, le pouvoir de vivre, le logement,
47:33 vous en avez parlé, la consommation, regardez
47:35 ce qui est en train de se faire sur les biens alimentaires.
47:37 On voit qu'il y a un recul en termes
47:39 de biens alimentaires qui sont achetés
47:41 par les citoyens aujourd'hui, parce que des gens
47:43 s'enfoncent malheureusement dans la pauvreté.
47:45 On va travailler sur la question salariale,
47:47 donc, sur la question de l'organisation du travail,
47:49 etc. Parce que c'est notre boulot de syndicaliste.
47:51 - Marie-Pierre Haddad. - Pour revenir sur ce point précis
47:53 sur les Français et leur rapport
47:55 au travail, on voit que le CDI
47:57 n'est plus forcément le Graal, que ça pouvait être il y a
47:59 quelques années, pour la nouvelle génération.
48:01 Est-ce qu'il ne faut pas, d'après vous, revoir ce type
48:03 de contrat de travail ?
48:05 - Moi, je ne crois pas qu'on ait besoin. Vous savez,
48:07 les entreprises, depuis
48:09 2000, les débuts des années 2000,
48:11 ils ont dit qu'il y a trop de charges et trop de contrats.
48:13 Alors, les charges,
48:15 comme ils disent, ce sont des cotisations,
48:17 en fait, mais il y a eu tout un tas de mesures
48:19 aujourd'hui pour alléger ce qu'on a appelé le coût du travail.
48:21 Mais le travail, c'est d'abord une richesse avant d'être un coût.
48:23 On le voit dans certains secteurs
48:25 où on est prêt à mettre beaucoup pour embaucher des gens
48:27 qu'on a réussi à trouver. Et puis, on a
48:29 voulu revoir la réglementation. Donc, il y a eu la rupture
48:31 conventionnelle individuelle, puis ensuite la rupture conventionnelle
48:33 collective, puis la négociation des PSE, etc.
48:35 Ce n'est pas un problème technique.
48:37 C'est un problème de sens du travail.
48:39 C'est un problème de reconnaissance du travail.
48:41 Et moi, je pense que la question du
48:43 CDI, c'est le contrat le plus stable.
48:45 On voit bien qu'il y a une évolution de la jeune génération,
48:47 pas simplement d'ailleurs en type de contrat
48:49 de travail, tout simplement sur le contrat de travail
48:51 avec une approche, y compris sur
48:53 le travail indépendant
48:55 un peu différent. - Sur le temps de travail aussi, avec la semaine de 4 jours, par exemple.
48:57 - Oui, bien sûr. Mais la semaine des 4 jours,
48:59 c'est typiquement un sujet qu'il faut
49:01 mettre sur la table. Il ne faut pas le mettre sur la table
49:03 dans un débat théorique entre des
49:05 responsables nationaux. Il faut le mettre sur la table dans les entreprises.
49:07 Pourquoi il faut le mettre sur la table dans les entreprises ?
49:09 Parce qu'on a beaucoup parlé du télétravail,
49:11 on a beaucoup glosé sur le télétravail pendant cette période.
49:13 30% des travailleurs de ce pays peuvent
49:15 télétravailler. Il y en a 70% qui ne peuvent pas
49:17 télétravailler. Ceux-là, ils ont eu le sentiment d'être oubliés.
49:19 Ils ont été oubliés sur
49:21 l'organisation du travail, ils ont été oubliés
49:23 sur la question de la revalorisation salariale
49:25 alors qu'on leur avait promis de la revalorisation
49:27 après le confinement, et ils ont
49:29 été remerciés par
49:31 deux ans de plus pour travailler. Donc oui,
49:33 il faut remettre la question de l'organisation du travail, peut-être dans
49:35 certaines entreprises, sur le temps de travail
49:37 et la façon dont ils s'organisent,
49:39 mais ça, ça doit se faire dans les négociations.
49:41 Et pour ça, il faut rendre la négociation sur l'organisation
49:43 du travail obligatoire, ce qui n'est pas le cas
49:45 aujourd'hui. Il faut bien comprendre que dans les entreprises, vous
49:47 ne négociez pas sur l'organisation du travail, c'est l'employeur
49:49 dans un acte unilatéral qui en décide.
49:51 Et ça, il faut négocier de ça.
49:53 - Laurent Berger, vous avez décidé d'annoncer votre départ
49:55 de la CFDT avant la fin
49:57 de la mobilisation. Ce sera le
49:59 21 juin. Jim Jarassé. - Oui, est-ce que vous
50:01 ne pensez pas que cette annonce,
50:03 ce départ, contribue à affaiblir
50:05 un mouvement dans lequel vous étiez
50:07 apparu comme central ?
50:09 Est-ce que ce n'est pas un peu précipité ?
50:11 - Non, parce qu'on a décidé ça
50:13 il y a un an et demi. C'est complètement déconnecté
50:15 de l'actualité. On devait l'annoncer le 15 mars,
50:17 pour tout vous dire, même. Et c'était
50:19 une des instances qu'on avait, notre bureau national, avant
50:21 de se réunir le 21 juin pour faire
50:23 cette passation de responsabilité.
50:25 La dernière date était le 19 avril, donc on l'a fait
50:27 le 19 avril. C'est déconnecté de l'actualité.
50:29 Dans notre pays,
50:31 on ne comprend pas. C'est un responsable
50:33 public... - Une décision qui forcément est lue...
50:35 - Oui, mais c'est
50:37 le problème. Forcément c'est lue.
50:39 Forcément c'est lue comme deux choses. Soit c'est parce que
50:41 j'en aurais assez.
50:43 J'en ai pas du tout assez d'être un militant syndical.
50:45 J'en ai pas du tout assez. Soit parce que je
50:47 voudrais influer sur la suite du mouvement.
50:49 - Avant le 1er mai, qui était un rendez-vous
50:51 important pour l'interne syndical. - Parce que c'était notre dernière instance
50:53 le 19 avril, notre bureau national.
50:55 Moi je respecte notre démocratie interne.
50:57 - Vous comprenez que le timing interroge ?
50:59 - Oui, le timing interroge, mais quand je l'explique
51:01 dans une interview au Monde, Longmont, chez vous,
51:03 etc. Quand j'explique que c'est déconnecté de l'actualité.
51:05 Que c'est simplement le respect d'une règle
51:07 démocratique et d'un principe éthique qui m'est personnel
51:09 et qu'on ne s'installe pas trop longtemps dans le poste.
51:11 Vous savez, on est quand même dans un pays un peu
51:13 bizarre. Quand il y a un responsable syndical,
51:15 moi en l'occurrence, qui explique
51:17 parce qu'il a fait plus de 10 ans, et que
51:19 c'est à peu près la durée maximale, qu'il y a une
51:21 relève qui est prête en la personne de Marie-Lise Léon,
51:23 qu'il y a des équipes CET qui sont
51:25 extrêmement fortes, que notre organisation, elle est
51:27 je crois, plus forte que jamais.
51:29 Et qu'il décide de partir alors qu'il a
51:31 plutôt bonne cote,
51:33 les gens se disent "mais ce mec est dingue". Mais non, le mec
51:35 il n'est pas dingue. - Et on s'interroge sur la suite.
51:37 - Le mec il n'est pas dingue, je le dis simplement,
51:39 je respecte les principes démocratiques de notre organisation
51:41 et je respecte mes principes éthiques
51:43 qui sont que la CFDT ne m'appartient pas.
51:45 Et qu'il y a plein de gens derrière
51:47 pour la faire vivre. Et la suite, on ne sait pas encore.
51:49 - Vous ne serez pas candidat en 2027 ?
51:51 - Ça dépend, parce qu'il peut y avoir
51:53 plein de trucs en 2027, dans les associations
51:55 ou je ne sais où. Non, je ne serai pas candidat,
51:57 je ne serai pas de politique en 2027. - Mais quelles causes
51:59 collectives vous intéressent le plus en particulier ?
52:01 La pauvreté, le climat ? - Oui,
52:03 la transition juste,
52:05 tous les sujets traités par le PAP du pouvoir de vivre,
52:07 la question des solidarités,
52:09 les libertés publiques m'intéressent beaucoup aussi, la question des droits
52:11 humains, je vous savez,
52:13 personne ne me refera, je resterai
52:15 un militant. Maintenant,
52:17 il faudra que je trouve aussi un point d'atterrissage professionnel.
52:19 Ça fait quelques mois pour le faire,
52:21 tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas.
52:23 - Merci Laurent Berger pour ce Grand Jury,
52:25 un Grand Jury que vous retrouvez
52:27 sur toutes vos plateformes en replay.
52:29 À dimanche prochain.
52:31 [SILENCE]