Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire est l'invité du Grand Jury de 12h à 13 heures.
Regardez Le Grand Jury du 21 janvier 2024 avec Olivier Bost.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Le Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
00:15 Bonjour à tous et bienvenue dans ce Grand Jury, en direct sur RTL et sur Paris 1ère.
00:22 Bonjour, Marc Faineau.
00:23 Bonjour.
00:23 Vous êtes ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.
00:27 Vous êtes surtout, ce matin, le ministre d'un monde agricole en colère.
00:33 Éleveur, viticulteur, producteur, laitier, céréalier.
00:36 La campagne gronde contre la concurrence étrangère, l'inflation, les normes environnementales et l'Europe.
00:43 La colère de nos campagnes sera-t-elle l'enjeu numéro un, d'ailleurs, de la campagne des Européennes ?
00:48 Le Rassemblement National s'active.
00:50 Bienvenue dans ce Grand Jury, Marc Faineau.
00:52 Pour vous interroger à mes côtés ce dimanche, Pauline Buisson de la rédaction d'M6.
00:57 Bonjour.
00:57 Et Loris Boischaud du Figaro.
00:59 Bonjour.
00:59 Le Premier ministre Gabriel Attal, Marc Faineau, hier dans le Rhône, a dit "l'agriculture est un sujet absolument majeur".
01:07 Première question, Pauline Buisson.
01:09 Oui, et dans le même temps, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, a annoncé la multiplication des contrôles sur les négociations commerciales en cours pour assurer le revenu des agriculteurs.
01:18 Vous, vous étiez aussi en déplacement sur le terrain hier.
01:21 L'Elysée a demandé à tous les préfets d'aller voir les agriculteurs ce week-end et Gabriel Attal, demain, rencontrera le principal syndicat agricole, la FNSEA.
01:29 Est-ce que ça ne donne pas un peu la panique, Marc Faineau ?
01:32 Non, ce n'est pas du tout une question de panique.
01:33 D'abord, on a toujours été sur le terrain.
01:35 J'ai toujours été sur le terrain à la rencontre des agriculteurs.
01:38 En même temps, il y a un moment d'exaspération qui se manifeste.
01:40 Et donc, être aux côtés des agriculteurs, essayer d'écouter ce qu'ils veulent, essayer d'apporter des solutions.
01:45 On ne peut pas à la fois reprocher parfois de ne pas écouter, et quand on écoute, de dire "vous écoutez trop, vous écouteriez".
01:49 Mais est-ce que ça donne une idée de la situation ?
01:52 Oui, mais je pense qu'on a un point...
01:53 Sur le terrain, mobilisés, sur le sujet de l'agriculture.
01:56 Si vous me permettez de dire un mot de ce que je perçois de cette crise.
01:58 D'abord, on a une crise qui vient d'abord de l'Europe.
02:00 Collectivement, dans un certain nombre de pays, des agriculteurs se rassemblent.
02:04 Ça a commencé aux Pays-Bas il y a quelques mois, puis en Allemagne, puis en Roumanie, puis en Pologne.
02:08 On me dit qu'il y a eu des sujets aussi en Espagne ou en Italie.
02:11 Et puis c'est en France aussi, sur différents sujets, qui sont d'abord sans doute le rapport à l'Europe.
02:15 Mais je vais y revenir sur la question du rapport à l'Europe.
02:18 D'abord, il y a une forme de crise de foi, FOI, des agriculteurs.
02:21 C'est-à-dire qu'ils n'y croient plus.
02:22 Ils ont le sentiment qu'on leur donne des injonctions, qu'il y ait celle de produire plus,
02:25 des produits de qualité, mais qu'il n'y a pas la rémunération.
02:27 Ça amène au sujet des négociations commerciales,
02:30 sur lesquelles chacun va faire sa part, mais on y reviendra sans doute tout à l'heure.
02:33 Il y a un deuxième sujet, c'est une crise de la norme.
02:35 Norme européenne ou norme nationale.
02:38 Et la surnormation, la sédimentation d'un certain nombre de normes produit de l'exaspération.
02:43 Il y a parfois aussi une exaspération de la crise du modèle.
02:47 Il y a un certain nombre de territoires, je pense à l'Occitanie,
02:49 où le dérèglement climatique, les modèles d'agriculture qui sont sur la table,
02:52 posent des problèmes qui sont des problèmes profonds.
02:54 Et puis il y a un sujet, j'y reviens sur la question européenne,
02:57 c'est est-ce que la politique européenne agricole, qui est la politique la plus intégrée,
03:02 c'est celle qui est le premier poste de dépenses,
03:05 il y a des députés européens qui sont ici présents,
03:07 est-ce que la politique européenne sert ou pas la souveraineté ?
03:10 Je vais vous donner un seul exemple,
03:11 et qui nourrit aussi la colère au niveau européen et au niveau national.
03:15 Nous importions il y a deux ans 20 millions de tonnes de céréales, ce qui est déjà beaucoup.
03:19 Cette année, en 2023, l'année qui se termine,
03:21 on a importé 40 millions de tonnes de céréales,
03:23 en particulier liées au problème de dérèglement climatique.
03:25 Et dans le même temps, l'Europe nous dit, il faut 4% de jachères.
03:29 Reconnaissez que de dire "on gèle une capacité productive aussi puissamment"
03:33 quand on importe aussi puissamment,
03:35 ça pose une question de cohérence de la politique européenne.
03:37 Donc on a besoin à la fois d'avoir une stratégie de transition écologique,
03:41 mais une transition écologique qui serve la souveraineté
03:43 et qui ne vienne pas la desservir dans un monde singulièrement
03:46 qui s'est quand même déréglé depuis 2019.
03:48 - Avant de redevelopper tous les sujets que vous venez d'évoquer, Marc Fesneau,
03:51 on va revenir sur la situation vraiment française et politique.
03:55 Selon la lettre Politico, Emmanuel Macron redoute les manifestations d'agriculteurs,
03:59 d'un effet boule de neige, façon gilet jaune.
04:02 Pouvez-vous nous confirmer que c'est ce que le chef de l'État a dit
04:06 en Conseil des ministres mercredi ?
04:08 - Le chef de l'État nous a demandé collectivement...
04:10 D'abord, ce n'est pas qu'un sujet du ministère de l'Agriculture.
04:12 Il a demandé collectivement de nous mobiliser pour percevoir ce qu'est cette crise.
04:16 J'ai essayé d'en donner quelques éléments, on y reviendra tout à l'heure.
04:18 Et deuxièmement, d'essayer d'y répondre.
04:19 C'est ça qu'il faut faire.
04:20 La question n'est pas d'avoir la crainte de tel ou tel sujet.
04:23 Principalement, le sujet, c'est de répondre aux sujets qui sont exprimés par les agriculteurs.
04:26 - Est-ce que malgré tout, cinq ans après les gilets jaunes,
04:28 vous ne craignez pas le retour des gilets verts ?
04:31 - Mais il y a toujours ceux qui essayent d'agiter,
04:33 il y en a quelques-uns dans le monde politique,
04:35 qui essayent d'agiter le remake de tel ou tel mouvement.
04:38 Chaque mouvement a ses spécificités.
04:39 Là, on a un mouvement de nature agricole,
04:41 avec des agriculteurs qui sont souvent en train de beaucoup de responsabilités,
04:44 et aussi de beaucoup de désespérance.
04:46 N'essayons pas de comparer les choses.
04:47 Là, on a quelque chose qui est multiforme,
04:49 en termes d'injonction, de demande, de crise,
04:52 qui est la sédimentation de plusieurs sujets.
04:54 Ce que j'ai essayé de dire, ce n'est pas le sujet avec gilets jaunes,
04:56 qui part sur un sujet principal, qui était l'affaire d'une taxe.
04:59 Donc, n'essayons pas de faire des amalgames.
05:01 Et puis, pour ceux qui rêvent de la révolution,
05:03 essayons plutôt de résoudre les problèmes.
05:04 Parce que moi, je pense qu'on a besoin, à un moment,
05:07 dans les crises, d'essayer d'en sortir quelque chose.
05:08 Les crises agricoles, il y en a eu de nombreuses.
05:10 Il y a eu des crises dans les années 60, qui étaient la crise de...
05:13 On rentre dans le modèle de production.
05:16 Il y a eu des crises viticoles qui ont été nombreuses.
05:18 Et à chaque fois, on a essayé,
05:19 parce qu'on s'est mis autour de la table avec le monde agricole,
05:21 de la surmonter.
05:22 Et ça a fait la puissance agricole française que,
05:24 passant d'une crise à un dialogue pour la surmonter,
05:27 on a réussi à les apporter.
05:28 - Cette crise-là est marquée par un certain nombre d'actions, coup de poing.
05:30 En Occitanie, l'autoroute A64 est coupée par des tracteurs depuis 4 jours.
05:34 Et vendredi, une explosion a visé à Carcassonne,
05:36 un bâtiment vide de la Direction Régionale de l'Environnement.
05:40 Qu'est-ce que vous demandez à ceux qui sont responsables
05:44 de ces actions coup de poing ?
05:45 Est-ce que vous les appelez à la responsabilité ?
05:47 Est-ce que vous condamnez ?
05:48 - D'abord, distinguons les choses.
05:49 Il y a des actions coup de poing, puis il y a des actions très violentes.
05:52 Il est insupportable que le bâtiment soit vide ou pas vide, d'ailleurs,
05:55 qu'il y ait des actions violentes.
05:56 Vous m'avez toujours trouvé sur le chemin de la dénonciation de la violence.
05:59 Je ne trie pas, vous m'avez déjà entendu le dire, je ne trie pas dans la violence.
06:02 Donc, la justice est saisie et j'espère qu'on trouvera les auteurs de quelque chose.
06:06 Si quelqu'un était passé par hasard dans ce bâtiment à ce moment-là
06:09 pour une raison ou pour une autre, et qu'il avait été blessé,
06:12 ça aurait été évidemment beaucoup plus grave.
06:13 - Certains écologistes parlent d'ailleurs d'agri-terrorisme.
06:16 Est-ce que c'est une expression que vous reprenez à votre compte ?
06:18 - Je ne prends pas les mots, je ne suis pas dans la surenchère des mots.
06:20 Je dis juste que je dénonce la violence d'où qu'elle vienne
06:22 et que donc la violence ne peut pas être un moyen d'action.
06:25 Après, j'appelle chacun les raisons.
06:27 Reconnaissons qu'y compris quand il y a eu des manifestations violentes à Sainte-Sauline,
06:31 les agriculteurs ont fait plan de grandes responsabilités
06:33 pour ne pas rentrer dans cette surenchère.
06:34 Donc, j'appelle tout le monde à ne pas rentrer dans cette surenchère.
06:37 Et ne pas rentrer dans la surenchère, c'est aussi ouvrir les voies du dialogue.
06:40 Ça facilite les questions de dialogue, y compris dans le rapport à la société.
06:43 - Est-ce que vous demandez aux agriculteurs de libérer l'autoroute à 64 ?
06:46 - Je trouve que la raison voudrait ça.
06:47 Alors, surtout qu'on a essayé de répondre à un certain nombre de leurs sujets.
06:49 Il y a des sujets qu'ils avaient mis sur la table dans cette région
06:51 qui souffrent particulièrement, il faut le dire.
06:53 En particulier d'une crise viticole.
06:55 Il était prévu que j'aille dans une dizaine de jours
06:57 apporter des réponses complémentaires à celles qu'on a apportées sur les sujets viticole.
07:01 Ils ont une crise qui monte, qui est une crise de la maladie hémorragique épisodique
07:06 sur les bovins qui pèsent lourdement sur ces espoirations.
07:08 - Vous allez encore attendre 10 jours avant d'y aller ?
07:10 - Non, non, attendez.
07:11 J'ai donné des éléments de réponse sur cette maladie
07:15 en prenant en charge un certain nombre d'indemnisations,
07:17 les frais vétérinaires, la perte d'animaux, etc. à hauteur très significative.
07:21 Donc on commence à tirer les fils de réponses qui avaient été préparées,
07:25 qui sont déployées dans le temps qu'il faut.
07:28 Parce que je sais qu'on est dans le monde de l'immédiateté.
07:31 Vous me dites à la fois "vous avez l'impression d'aller trop vite"
07:34 et quand on dit "il faut qu'on fasse des choses sérieuses"
07:36 et qu'ils répondent réellement aux besoins des agriculteurs,
07:38 vous me dites "ça va trop lentement".
07:39 - Les agriculteurs demandent la venue de Gabriel Attal ?
07:42 - J'ai dit dans la presse, Gabriel Attal, nous en parlons très régulièrement,
07:46 il est très mobilisé sur ce sujet, comme sur tous les autres.
07:49 Il viendra en temps et en heure, mais là on est sur un sujet
07:51 où il faut d'abord qu'on déploie les dispositifs et après qu'on voit.
07:54 Mais on ne peut pas être sous une injonction,
07:55 ce n'est pas la venue du Premier ministre ou du ministre qui résout seules les situations,
07:59 c'est d'essayer de répondre concrètement aux sujets qui sont posés.
08:01 On a commencé, on va continuer de répondre concrètement.
08:04 - Je reviens juste sur les blocages de routes,
08:05 parce que par exemple quand il y a eu des actions du même type
08:07 de la part des soulèvements de la terre, par exemple,
08:10 ou d'autres associations écologistes,
08:12 ils ont été rapidement évacués, il y a eu des interventions rapides,
08:16 est-ce que là, ça fait quand même 4 jours...
08:18 - Il appartient au préfet et au ministre de l'Intérieur,
08:20 ils nous en parleront, vous voyez bien que j'essaie de faire entendre.
08:23 Il semble que dans ces moments-là, il faut faire entendre...
08:26 Je vais aller dire le mot raison,
08:27 mais quand il y a autant de désespérance,
08:29 c'est plus compliqué à faire qu'à dire, reconnaissons-le.
08:32 Mais en tout cas, on essaie d'apporter des réponses concrètes,
08:34 parce qu'évidemment, dès qu'on bloque,
08:36 on prend des risques sur d'autres qui prennent d'autres chemins.
08:38 Il y a des questions de sécurité publique,
08:39 il y a des questions de sécurité pour les agriculteurs eux-mêmes,
08:42 il y a des questions de gens qui peuvent finir par s'énerver de ces situations-là.
08:45 Personne n'a intérêt à ce que se cristallisent de cette façon-là ces sujets.
08:48 Ça n'empêche pas qu'il y a des engagements qui ont commencé à être pris,
08:51 qu'on va continuer à mettre en œuvre,
08:53 et qui permettront de répondre aux sujets des agriculteurs.
08:55 - Donc vous attendez que l'autoroute soit libérée pour l'instant, mais pas de...
08:57 - Mais c'est la demande que je formule,
08:58 parce que je pense que c'est une voie aussi de la raison que d'essayer,
09:01 dans ce moment-là, de dialoguer,
09:04 et pas pour procrastiner et gagner du temps,
09:06 mais de dialoguer, et dialoguer, ça ne peut pas se faire uniquement
09:08 en bloquant telle ou telle route ou par telle ou telle mouvement.
09:10 - Le Premier ministre, Gabriel Attal,
09:12 recevra demain le président de la FNSEA,
09:15 Premier syndicat agricole, et puis des jeunes agriculteurs également.
09:18 C'est un indicateur de la gravité de la crise.
09:22 Est-ce qu'on peut dire que le dossier est désormais géré directement par Matignon ?
09:26 - Non, il est géré collectivement, comme sur toute crise.
09:28 Le Premier ministre, d'abord, avait prévu d'en rencontrer l'ensemble des syndicats,
09:32 et il était prévu aussi qu'il rencontre la FNSEA,
09:36 les jeunes agriculteurs, les organisations...
09:37 - Donc ce n'est pas de circonstance ?
09:38 - Non, non.
09:39 On ne peut pas être sur des sujets comme ça, être dans la circonstance.
09:41 Si on est simplement sur la circonstance, on fait comme beaucoup de gens ont fait avant nous.
09:44 Donc on essaie de répondre aux situations.
09:46 - Je vous pose la question parce que la FNSEA doit déterminer notamment
09:49 si elle enclenche ou pas des mouvements d'ampleur dans la scène,
09:52 comme la coordination urbaine de notre syndicat a prévu de le faire.
09:55 - Il est bien que le Premier ministre, conformément au plan qui était prévu,
09:58 voit les représentants syndicaux.
10:00 Deuxième élément, je verrai avec le Premier ministre ces syndicats,
10:03 parce que c'est évidemment à la fois une intention que doit donner le Premier ministre,
10:07 il doit donner un cap et une direction.
10:09 On y reviendra sans doute.
10:10 Il l'avait dit il y a plusieurs jours, et le Premier ministre de la République il y a plusieurs semaines,
10:13 on a besoin de simplifier un certain nombre de choses.
10:15 Donc c'est bien de voir les organisations syndicales pour dire
10:17 qu'est-ce qu'on met sur la table en termes de simplification.
10:19 - Est-ce que vous avez le sentiment que les organisations syndicales
10:21 sont en partie dépassées aujourd'hui par... ?
10:23 - Je ne sais pas, c'est à eux de le dire.
10:25 En tout cas, ce dont on a besoin quand on est dans une crise comme ça,
10:27 et quand vous regardez toutes les crises de cette nature-là ou d'autres crises,
10:30 on a besoin de parler avec des interlocuteurs qui soient organisés,
10:34 qui formulent des propositions, qui soient des propositions collectives.
10:37 - Sans quoi il y a un risque de durcissement ?
10:39 Est-ce que vous pointez du doigt un risque de durcissement de ces mouvements ?
10:42 - Je n'ai rien à pointer du doigt.
10:43 En tout cas, je souhaite qu'au travers des organisations syndicales agricoles,
10:46 dans leur diversité, on essaie de trouver les voies de solutions.
10:49 Parce que sinon, si c'est juste, la somme...
10:51 - Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est que ce n'est pas forcément le cas aujourd'hui.
10:53 - Non, mais on va voir dans les jours et dans les semaines qui viennent,
10:55 puisqu'ils l'ont dit eux-mêmes, ils souhaitent formuler un certain nombre de propositions.
10:58 Et donc à partir de ces propositions-là, construisons...
11:01 Il y a parfois des organisations syndicales,
11:03 et parfois il y a des sujets de filière sur lesquels il faut qu'on travaille.
11:05 Il me semble que chacun doit se mettre au travail de ce qu'on a là.
11:07 - On a fait tout à l'heure le parallèle avec les gilets jaunes.
11:09 Est-ce qu'il n'y a pas un point commun, un sentiment de déclassement,
11:11 d'abandon entre les gilets jaunes et les agriculteurs aujourd'hui ?
11:14 - Oui, mais ce sentiment, il est le sentiment et le produit.
11:16 Et nous sommes tous, alors nous, gouvernants en responsabilité,
11:19 mais nous sommes tous en situation de responsabilité.
11:21 Quand vous dites aux agriculteurs, il faut faire des produits de qualité,
11:24 et que la seule bataille qui est menée, c'est la bataille du prix le plus bas,
11:27 il y a un sentiment de déclassement.
11:28 Quand vous décrivez une activité agricole qui n'est pas la réalité de ce qu'ils vivent,
11:32 et que vous leur dites "vous n'avez qu'à faire ça", c'est très simple,
11:34 il suffit les yacas fauconisques de tout poil, si je peux dire,
11:38 qui en permanence au France, viennent d'expliquer aux agriculteurs ce qu'ils devraient faire,
11:42 parce qu'au fond, ce serait très simple de faire les transitions.
11:44 Il y a un sentiment de déclassement.
11:46 Quand vous dites aux agriculteurs, je donne un exemple très concret,
11:49 on est très content d'avoir du pastoralisme, d'avoir des brebis et des vaches,
11:53 et qu'en même temps, on n'est pas fichu de répondre à l'injonction
11:55 de ce que produit la prédation sur ces territoires-là,
11:58 ils ont un sentiment non seulement de déclassement, mais d'incohérence.
12:01 Sur ce sujet-là en particulier, on a avancé au niveau européen,
12:05 sous l'impulsion française, puisqu'on va réexaminer le statut du loup,
12:08 et ça permettra de mieux juguler l'expansion de ce prédateur,
12:12 qui vient mettre en cause de l'élevage dans plein de territoires.
12:15 Et quand vous avez une grande distribution
12:18 qui ne met plus en exposition les produits de qualité ou les produits bio,
12:24 alors qu'on a demandé aux agriculteurs de faire du produit bio,
12:27 ils disent "c'est quoi l'injonction qui nous est demandée au fond ?"
12:30 Donc c'est un sentiment de déclassement et d'incohérence collective.
12:33 Et j'entends certains qui viennent parler de patriotisme,
12:36 le patriotisme c'est que tout le monde à son échelle se sente patriote.
12:39 Il faut que les grands distributeurs se sentent patriotes,
12:41 il faut que la transformation se sente patriote,
12:43 et il faut que dans la mesure des moyens de chacun,
12:45 nous comme citoyens on se sente patriote de notre agriculture,
12:48 parce que sinon, les agriculteurs ont le sentiment
12:51 qu'en fait personne, non pas, ne s'intéresse à eux,
12:53 ils disent quelque chose qui est totalement l'inverse
12:55 de ce qui se passe dans la réalité de nos pratiques
12:57 de grands distributeurs, de transformateurs ou de consommateurs.
13:00 Emmanuel Macron, mardi soir lors de sa conférence de presse,
13:03 a dit qu'il souhaitait accroître dans les prochains mois
13:06 l'accompagnement des agriculteurs.
13:08 Est-ce que vous pouvez, ce midi, nous en dire plus ?
13:11 Alors, accroître l'accompagnement, on va essayer de faire plusieurs sujets.
13:14 Le premier sujet c'est la question des négociations commerciales,
13:16 on est en plein dedans.
13:17 On a besoin d'avoir des négociations commerciales
13:19 qui respectent la matière première agricole
13:21 et qui permettent qu'on rémunère la matière première agricole.
13:23 Alors d'abord c'est une question de respect de la loi.
13:25 D'où le fait que le Premier ministre et le ministre de l'économie et des finances
13:28 aient annoncé hier la multiplication des contrôles,
13:30 parce qu'il y a des gens qui essayent de détourner la loi.
13:32 Deuxième élément, c'est de faire...
13:33 Vous pensez notamment au lait, par exemple ?
13:35 Je pense particulièrement au lait ou à d'autres,
13:37 mais le lait est un exemple assez criant.
13:39 10 euros de plus, parfois, pardon, 10 euros de plus...
13:42 Les grandes surfaces cherchent à l'acheter en dessous du prix de production.
13:44 Oui, il y a une bataille sur le lait,
13:45 parce que c'est un produit à plein emblématique,
13:47 avec des écarts de 30 à 50 euros les 1000 litres,
13:50 qui sont incompréhensibles.
13:51 10 euros pour 1000 litres, ça fait 0,01 centime par litre.
13:55 Je ne dis pas que ce n'est rien,
13:57 mais je dis que la grande distribution et les transformateurs
13:59 doivent faire leur part de l'effort collectif,
14:01 parce que j'entends aussi un certain nombre de ces acteurs
14:03 nous expliquer qu'ils se demandent si dans 5, 10, 15 ou 20 ans,
14:06 ce que disent aussi les agriculteurs,
14:07 ils auront encore de la matière première.
14:09 Mais si vous voulez de la matière, il faut la payer.
14:11 Donc vous appelez à un geste de leur part ?
14:13 J'attends un geste dans les négociations.
14:15 J'attends dans les négociations commerciales,
14:17 1) de respecter la loi, et s'ils ne la respectent pas,
14:19 les contrôles viendront leur rappeler leurs injonctions et leurs obligations.
14:22 J'attends deuxièmement un geste de penser leur système sur le long terme,
14:26 pour qu'ils s'assurent que les producteurs soient bien rémunérés,
14:29 sinon à la fin ils disparaissent.
14:30 Et c'est valable sur le lait comme sur d'autres produits.
14:32 Accroître l'accompagnement des agriculteurs,
14:34 quand le président de la République disait ça,
14:35 ça voulait dire des moyens supplémentaires d'aide ?
14:37 Deuxième élément, je poursuis effectivement la réponse,
14:40 vous avez raison de me rappeler à cela.
14:42 Deuxième élément, c'est dans les grandes transitions,
14:44 de mettre des moyens supplémentaires pour les accompagner.
14:46 Je pense à ce qu'on a fait sur le budget,
14:48 le budget du ministère de l'Agriculture, c'est près d'un milliard d'euros de plus,
14:50 y compris sur un triennal.
14:52 Ce n'est pas un one shot, c'est pour plusieurs années.
14:54 Un milliard d'euros pour accompagner la décarbonation,
14:57 un milliard d'euros pour accompagner territorialement la souveraineté.
15:01 C'est en plus des budgets européens ?
15:02 C'est en plus des budgets européens, c'est en plus des 9 milliards de la PAC.
15:05 Le budget de l'agriculture, c'était environ 5 milliards,
15:07 un milliard de plus, ça fait 20% d'augmentation.
15:09 C'est le budget qui augmente le plus.
15:11 Donc on met des moyens auprès des agriculteurs
15:14 pour les accompagner dans les transitions et pour améliorer leur compétitivité.
15:17 Et malgré tout, ils sont trop colères, alors qu'est-ce qu'il faut faire ?
15:19 Oui, mais parce qu'il y a un moment, vous savez, dans les colères,
15:21 il y a un moment de sédimentation de sujets.
15:23 Et c'est pour ça qu'on a besoin d'accélérer.
15:25 Ils ont le sentiment que ça ne va pas assez vite.
15:27 L'affaire du loup, ça fait 20 ans qu'on le dit.
15:29 L'affaire des jachères, j'ai pris le lead au niveau européen.
15:31 Il y a 22 pays qui suivent la demande,
15:34 avec des parlementaires européens, que la commission bouge.
15:36 Il faut qu'elle bouge !
15:37 Ce que vous disent les agriculteurs, c'est que jusque-là,
15:39 en matière européenne, vous avez plutôt largement suivi,
15:42 transposé et surtransposé même, tout ce qui venait de l'Europe,
15:45 notamment dans le domaine de l'agriculture.
15:48 C'est un peu une nouvelle philosophie que vous avez vis-à-vis de l'Europe ?
15:51 Non, non, non, pardon. Excusez-moi de vous dire des choses plus simplement que ça.
15:53 Il y a des règles européennes qui sont issues de ce qu'on a appelé le Green Deal.
15:55 On ne va pas rentrer dans les détails.
15:57 Mais il faut qu'on... Ça, c'était 2019.
15:59 Il ne vous aura pas échappé que depuis 2019, il s'est passé deux, trois choses.
16:02 La première, c'est la crise Covid qui a montré la fragilité de nos systèmes et de nos interdépendances.
16:07 Et le fait qu'il suffisait que le monde se bloque pour qu'on manque de tel ou tel produit
16:11 pour le monde agricole y compris.
16:13 Et la chaîne alimentaire a tenu. Elle a tenu aussi parce qu'il y a des agriculteurs
16:15 qui sont allés tous les jours s'occuper de vérifier que tout ça fonctionnait,
16:18 avec la grande distribution et la transformation.
16:20 Mais tout le monde s'y est mis.
16:21 Première prise de conscience.
16:22 Deuxième prise de conscience, c'est la guerre en Ukraine.
16:25 Nous avions construit un modèle au niveau européen
16:27 où les engrais étaient fabriqués en Biélorussie et en Russie.
16:30 On a eu un grand engrais en agriculture, pour ceux qui l'auraient oublié.
16:32 Et donc on a besoin de repenser ces sujets-là au niveau européen.
16:36 On ne peut pas parler de souveraineté énergétique, de souveraineté technologique
16:40 et de ne pas se préoccuper de la première des souverainetés, c'est de savoir qui nous nourrit.
16:44 Et donc on a besoin, pardon, sur le Green Deal, d'interroger le Green Deal
16:47 dans ses fondements de 2019-2018.
16:50 Est-ce qu'il assure la souveraineté ?
16:52 Manifestement, nous ne sommes pas au rendez-vous.
16:54 Et donc il faut interroger.
16:55 Interroger, ça veut dire mettre sur pause certains volets de ce pacte vert par exemple ?
16:58 Est-ce que dans la transition, on est bien au rendez-vous aussi de la souveraineté ?
17:02 C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on pose un acte, est-ce que c'est cohérent ?
17:05 Et les deux peuvent être cohérents, parce qu'on a besoin d'embarquer la transition.
17:08 Parce que le dérèglement climatique, il va profondément changer le modèle agricole.
17:11 Vous voyez ce que je veux dire ?
17:12 Mais il ne faut pas le faire pour que ce soit un affaissement.
17:15 Si ça aboutit, j'ai vu des simulations, et donc ça fait des mois qu'on y travaille aussi avec la Commission européenne,
17:20 il y a eu des simulations où ils expliquaient que benoîtement,
17:22 qu'on pouvait perdre 5, 10, 15, 20% de production.
17:24 Sur la viticulture, ils ont dit "Allez, moins 30% et tout ça va très bien."
17:27 Mais il y a des systèmes économiques, puis derrière il y a des hommes et des femmes.
17:30 Donc c'est impossible d'entendre ce discours-là,
17:32 quand le sujet agricole est aussi puissant dans le monde en termes géopolitiques,
17:37 et quand le besoin agricole est aussi puissant en termes de sécurité.
17:40 Donc on a besoin de travailler sur ce sujet-là, c'est la demande qu'on a fait sur la jachère.
17:44 Les parlementaires européens du groupe Renew en particulier,
17:47 ils se sont beaucoup battus sur ce sujet-là.
17:49 Il y a des réglementations qu'on a revues, je pense à ce qu'on avait appelé "restauration de la nature".
17:54 En fait, la version initiale c'était 30% de terres sans capacité réelle à produire.
17:59 On a obtenu quelque chose qui soit beaucoup moins fort,
18:02 et qui permette à la fois d'amener la transition,
18:04 mais qui ne soit pas la stérilisation, 30% des terres agricoles européennes.
18:07 Et donc, cette bataille-là n'est pas nouvelle, cette bataille-là doit s'accélérer.
18:11 Et puis par ailleurs, ça c'est les parlementaires européens.
18:13 Attendez, ça c'est les gouvernements nationaux.
18:16 Et puis il faut que la Commission européenne écoute.
18:18 Alors justement, est-ce que vous êtes d'accord avec Christiane Lambert,
18:21 l'ancienne présidente de la FNSEA, qui a aujourd'hui des responsabilités au niveau européen,
18:25 qui dit dans la tribune dimanche "la Commission européenne n'écoute pas les agriculteurs,
18:28 et c'est à cause de cette accumulation de mauvaises décisions que la colère explose".
18:32 J'ai l'impression qu'elle dit la même phrase que moi, de façon différente.
18:35 Et donc, je serais mardi...
18:37 Donc c'est la faute à l'Europe.
18:38 Non, je ne dis pas ça, puisque l'Europe c'est aussi nous.
18:40 Mais la Commission européenne, ce qu'elle est dans ses fonctions,
18:44 il y a un parlement, puis il y a des Etats membres.
18:46 Et donc, y compris pour que l'esprit européen percive ce que nous avons besoin d'Europe,
18:52 moi je le dis, parce que ce n'est pas de moins d'Europe dont on a besoin,
18:54 demandez aux Anglais ce que ça a fait le Brexit pour eux, les agriculteurs anglais.
18:58 Les agriculteurs anglais, ils sont en train de se déclasser totalement.
19:00 Il n'y aura plus d'agriculture anglaise bientôt,
19:02 parce qu'ils ont renationalisé leur système, puisqu'ils sont sortis de l'Europe,
19:05 ils ont des aides qui sont beaucoup moins puissantes.
19:07 Et ils n'ont pas la protection de l'Europe sur un certain nombre de sujets.
19:09 Donc on a besoin d'Europe...
19:10 Ce n'est pas eux qui manifestent aujourd'hui.
19:11 Comment ?
19:12 Ce n'est pas eux qui manifestent aujourd'hui.
19:13 Oui, mais parce qu'ils sont en nombre beaucoup moins puissant,
19:16 parce que l'agriculture anglaise déjà est en grande difficulté.
19:18 Mais il faut se poser cette question-là.
19:20 Et donc on a besoin au niveau européen...
19:22 La question ce n'est pas de dire que c'est la faute à l'Europe ou pas la faute à l'Europe,
19:25 c'est la question de prendre collectivement nos responsabilités.
19:28 La Commission européenne a décidé de mettre ce travail sur la table.
19:32 Maintenant j'attends des réponses rapides.
19:34 Je pense à la question de la JHR.
19:36 Au niveau européen, on a aussi un travail qui est en train d'être fait,
19:38 que nous avons accéléré sur les nouvelles techniques génomiques
19:40 qui vont permettre de trouver des alternatives aux produits phytosanitaires.
19:43 Parce qu'on ne peut pas dire aux agriculteurs, il faut les réduire, on ne vous donne pas de solution.
19:46 J'attends que l'Europe accélère le process.
19:48 Et de votre côté, votre projet de loi, quand est-ce que vous le présenterez au Conseil des ministres ?
19:52 Vous l'avez vu, le Premier ministre a dit qu'y compris dans la volonté que nous avons
19:57 d'accélérer un certain nombre de simplifications,
19:59 il y avait un certain nombre de sujets qui étaient posés dans le texte de loi,
20:01 qui était un texte autour de l'installation, le guichet unique,
20:05 les fonds de portage, 400 millions d'euros pour accompagner le portage du foncier pour les jeunes,
20:09 2 milliards d'euros de garantie bancaire pour faire en sorte que les jeunes...
20:12 Pour aider à l'installation des nouveaux agriculteurs.
20:14 Pour aider à l'installation. Vous voyez bien qu'on est dans un moment où il faut accélérer.
20:17 Dans le pacte lui-même, il y avait tous ces sujets d'accélération qui étaient posés.
20:20 Il y a un besoin d'accélération. Prenons quelques semaines
20:22 pour regarder ce qu'on peut mettre tout de suite dans le texte,
20:25 pour y compris crédibiliser, parce qu'on a besoin de crédibiliser la parole publique aussi,
20:29 dans le débat en général, dans le monde, en Europe et en France.
20:32 Donc le projet de loi n'était pas suffisamment ambitieux, c'est ça que vous nous dites en fait ?
20:34 Non, on avait dit qu'on pouvait sur certains sujets prendre un peu de temps,
20:37 mais il y a peut-être des sujets sur lesquels on peut accélérer.
20:39 C'est-à-dire au lieu de mettre un paquet de simplifications qui soient dans les quelques mois,
20:43 essayons de le faire dans les quelques semaines.
20:44 Donc les sujets de simplification qu'on peut mettre sur la table rapidement, mettons-les sur la table.
20:48 Mais vous êtes prêt à ouvrir des sujets comme celui de l'irrigation,
20:50 comme celui des pesticides notamment ?
20:53 Je vais vous donner les sujets de simplification.
20:55 Il y a deux sujets pour moi de simplification, trois sujets.
20:57 Le premier, je vais faire vite, pardon, mais c'est les sujets importants.
21:00 Le premier sujet, c'est qu'on a des process d'instruction, de recours qui sont beaucoup trop longs.
21:06 Vous avez des éleveurs qui aujourd'hui déposent un dossier en 2020 et ont la réponse en 2025.
21:11 Dans l'intervalle, les crédits ont augmenté, le système économique n'est plus le même,
21:15 et par ailleurs, parfois, au niveau européen, on a rajouté des normes.
21:17 Vous voyez, il y a quelque chose à devenir fou.
21:21 Donc on a besoin de raccourcir les délais, comme on l'a fait d'ailleurs sur la loi d'énergie,
21:26 pour essayer de simplifier, de condenser les délais.
21:28 Ce n'est pas en rabattre, c'est juste qu'on a besoin de condenser les délais.
21:31 Vos deux autres points, très rapidement.
21:33 Les deux autres points, c'est de dire, il y a des normes, il y a des successions de normes.
21:35 Je donne un exemple très concret.
21:37 On veut plus de haies en France, c'est bon pour l'agriculture, c'est bon pour la biodiversité, c'est bon pour l'environnement.
21:41 On a 12 textes qui régissent.
21:43 Donc on ne fait pas de haies.
21:44 Donc on a besoin de ça.
21:45 Et puis, troisième élément, le Premier ministre l'a dit hier dans le Rhône,
21:47 c'est très valable sur un certain nombre de secteurs, il faut qu'on cesse en France.
21:51 Alors on a beaucoup limité, mais il faut qu'on cesse de faire de la surtransposition.
21:55 C'est-à-dire qu'on ait des règles qui s'appliquent en France et qui ne s'appliquent pas en Europe.
21:58 Parce qu'on vient imputer ça à l'Europe.
22:00 Mais en fait, on devrait se poser la question, à chaque fois qu'on fait une norme,
22:04 de est-ce qu'elle vient ou pas affaler, si je peux dire, la compétitivité française.
22:08 Mais toutes les surtranspositions ne sont pas mauvaises.
22:10 La loi EGalim, c'est une surtransposition.
22:12 Le système de retraite français, c'est une surtransposition.
22:15 Donc on a besoin d'avoir des réglementations françaises qui ne viennent pas affaler notre compétitivité,
22:22 et qui ne viennent pas nous mettre en compétition avec nos voisins européens,
22:25 parce qu'on est dans le même marché, donc il n'y a aucune logique,
22:27 et on a les mêmes consommateurs, et on a les mêmes exigences de santé, globalement.
22:31 Et donc c'est de bon ton.
22:33 Et donc c'est ça qu'il faut qu'on regarde.
22:35 - Puisque vos objectifs sont clairs, pourquoi ne pas présenter votre projet de loi dès la semaine prochaine,
22:39 comme c'était prévu initialement ? Quel est le nouveau calendrier de ce projet de loi ?
22:42 - Alors je réponds à votre question, pour finir, parce que j'essaie, comme vous le savez, toujours de répondre aux questions.
22:46 Le projet de loi devait être présenté la semaine prochaine.
22:48 Vous voyez bien que pour adjoindre quelques mesures réglementaires,
22:50 il y a quand même des sujets juridiques qu'il faut qu'on pose.
22:52 Et donc donnons-nous quelques semaines, et l'objectif c'est que dans le semestre 2024,
22:56 le texte soit débattu à l'Assemblée nationale et au Sénat.
22:59 Donc ça ne vient pas, premier semestre 2024, ça ne vient pas obéir le calendrier, ça vient juste...
23:04 Prenons le temps, si on peut essayer d'avancer très vite sur un certain nombre de simplifications, de le faire,
23:09 pour qu'on puisse aussi crédibiliser notre parole, et puis par ailleurs, les autres sujets qui sont posés dans la loi.
23:15 - Prenons le temps de voir comment évolue le mouvement des agriculteurs.
23:18 - Non, non, non, mais il n'y a pas... Non, mais... Pardon.
23:20 La question n'est pas de dire "on prend le temps, on procrastine, on attend de voir si c'est puissant ou pas puissant".
23:24 Le sujet, ce n'est pas ça. Le sujet, c'est... Il y a des sujets qui sont posés.
23:27 Le président de la République, lors de ses voeux, et à plusieurs reprises, a dit qu'il voulait qu'on œuvre sur les questions de simplification.
23:32 Allons sur la simplification, essayons de le mettre rapidement sur le...
23:35 de mettre l'ouvrage sur le métier, et puis après on avance.
23:38 - Pour avoir juste un repère, vous présentez ce projet de loi avant ou après le Salon de l'agriculture ?
23:42 Qui est un moment important pour le secteur.
23:45 - Oui, alors... D'ailleurs, je me permets de faire une remarque.
23:48 Le Salon de l'agriculture, c'est toujours un moment où on s'intéresse à l'agriculture,
23:50 et je suis très heureux d'ailleurs, mais ce n'est pas la première fois,
23:52 donc je ne vous en fais pas griève d'être invité au Grand Jury.
23:54 J'aimerais bien qu'on s'intéresse à l'agriculture tous les jours, toute l'année,
23:57 et ce n'est pas un reproche, mais collectivement, et pas seulement au moment du Salon de l'agriculture.
24:00 - On est encore loin, là. On est encore loin du Salon, là.
24:01 - Je ne vous fais pas le reproche, je me suis gardé...
24:03 - On vous a invité avant.
24:05 - Je vois bien que tout le monde veut parler d'agriculture depuis trois jours.
24:08 Les agriculteurs, ils auraient besoin qu'on pense à eux, qu'on parle d'eux,
24:11 et qu'on parle d'eux positivement tous les jours.
24:13 Et donc, on verra si c'est au tour du Salon de l'agriculture,
24:15 mais l'idée, ce n'est pas d'attendre d'enjamber ou pas,
24:17 c'est de dire des choses dans les jours et les semaines qui viennent
24:19 qui soient claires vis-à-vis des agriculteurs.
24:21 - Pour aborder un autre sujet compliqué pour les agriculteurs,
24:24 il y a celui de l'inflation, avec le prix des céréales, des engrais, on en parlait.
24:29 Certains sont tombés dans le rouge à cause de cette augmentation des prix.
24:32 Quelle est votre réponse sur ce sujet-là ?
24:35 - La réponse est celle que cette inflation soit prise en charge dans les matières premières agricoles
24:40 et qu'elle se retrouve dans les prix,
24:42 et que donc dans les négociations commerciales, la matière première agricole soit prise en charge.
24:46 - Pour le coup, ce n'est pas par les aides ?
24:48 - Aucun pays ne prend en charge l'inflation par des aides de cette nature.
24:52 - On l'a fait dans certains secteurs, et pour tous les Français, sur la question de l'énergie.
24:56 Ce qui venait à répondre d'ailleurs d'une certaine passion aux questions d'inflation.
24:59 Je rappelle que nous sommes le pays ou l'un des pays où l'inflation a été la plus mesurée.
25:02 Je n'ai pas dit qu'elle a été nulle, je n'ai pas dit qu'elle n'a pas existé.
25:05 Mais il faut quand même mesurer les choses, et donc la meilleure façon de le faire.
25:08 Et puis par ailleurs, dans les normes, il y a du coût.
25:12 Et c'est une façon aussi de lutter.
25:15 Et puis par ailleurs, il faut qu'on ait des débats au niveau européen
25:17 pour dire comment on essaie de mieux organiser nos marchands mondiaux.
25:20 Moi, je me suis déplacé à plusieurs reprises pour essayer d'ouvrir des marchés,
25:23 discuter avec les uns et les autres.
25:26 Quand le président de la République va en Chine et il ouvre un marché complémentaire sur le port.
25:29 Quand je dialogue sur l'autre rive de la Méditerranée
25:32 pour regarder comment on peut reprendre un train d'exportation de céréales.
25:35 C'est un moyen aussi de retrouver de la compétitivité et des débouchés pour nos agriculteurs.
25:39 Là, le problème des compétitions, de la compétitivité au niveau international,
25:43 des importations, on va en parler dans la seconde partie du Grand Jury.
25:46 Puis on va parler encore de ces difficultés que rencontrent les agriculteurs
25:49 et de cette colère qui monte.
25:51 A tout de suite pour la seconde partie.
25:53 Suite du Grand Jury, présenté par Olivier Bost.
26:06 Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture et l'invité de ce Grand Jury.
26:10 Marc Fesneau, pour être très concret, je vous propose d'écouter un agriculteur.
26:13 Bertrand Lou, c'est un éleveur de bovins en Haute-Garonne, au micro RTL de Patrick Hisson.
26:19 Alors moi ce que j'aurais envie de lui dire, c'est que la politique, les carrières, c'est un passage.
26:26 Mais par contre on peut laisser une grande marque.
26:28 J'aimerais savoir s'il n'aurait pas envie d'être le ministre qui améliore les conditions de vie des agriculteurs,
26:34 qui soit affiché sur le mur des personnes qui ont fait progresser l'agriculture en France
26:38 et consolider l'activité nourricière.
26:41 Et vous lui demandez quoi immédiatement, rapidement ?
26:44 Immédiatement, il faut résoudre absolument cette problématique du gasoil non routier.
26:48 Ça fait partie de notre base de revenus.
26:50 Débloquer les fonds pour la MHE très rapidement.
26:53 Pour la maladie qui touche les vaches.
26:55 Voilà, exactement.
26:56 Et une politique courageuse de soutien à l'irrigation.
26:59 Parce que c'est la condition sine qua non pour avoir une base de production stable et d'avenir.
27:04 Alors Marc Fesneau, avant de répondre à ces trois points, est-ce que vous voulez laisser votre nom ?
27:09 Tous ceux qui ont voulu laisser leur nom ne l'ont généralement pas laissé.
27:12 Et c'est l'histoire qui juge.
27:14 Et donc oui, on aimerait tous.
27:16 Mais c'est pour l'opportunité de faire de grandes choses.
27:19 Il faut toujours en politique et en règle générale, d'ailleurs c'est la philosophie que je vais essayer de porter pour moi-même,
27:23 c'est d'essayer d'être modeste quand même et en même temps d'être très ambitieux.
27:26 Et donc oui, j'aimerais en tout cas être le ministre qui a un, réconcilié le monde agricole et l'agriculture avec la société.
27:33 Or il y a un yatus qui s'est créé.
27:35 Il y a un fossé qui s'est créé.
27:37 Et ce que disent les agriculteurs c'est "comprenez-nous, entendez-nous".
27:39 Vous gouvernement, vous Europe, et vous collectivement société.
27:43 Donc j'aimerais ça et deux, remettre la question de la souveraineté au cœur du projet européen.
27:48 La PAC c'était ça, 1962.
27:51 La PAC qui est la seule politique intégrée à ce point-là, c'était un projet nourricier de souveraineté de l'Europe.
27:57 En disant "on ne peut pas se nourrir aujourd'hui".
27:59 Je suis un ministre qui dans son ministère a encore des tickets de rationnement.
28:05 Et donc ça a existé il n'y a pas si longtemps l'idée de ne pas pouvoir se nourrir.
28:08 Donc je veux être le ministre de la réconciliation et le ministre de la souveraineté.
28:11 Assumer, retrouver, concrètement.
28:13 Et pour répondre aux trois questions qui sont posées par notre agriculteur...
28:16 Non, non, je voulais juste vous demander avant.
28:18 Est-ce que pour vous le contexte, parce que c'est la question et la première question que vous posez à cet agriculteur.
28:23 Est-ce que le contexte est le moment pour faire de grandes choses ?
28:27 Il faut toujours faire de grandes choses.
28:32 On ne peut pas être dans un contexte sinon c'est renoncer à l'activité politique.
28:35 Si vous dites que c'est parce que c'est difficile qu'il ne faut rien faire, alors il faut rentrer chez soi.
28:39 Non mais il vous demande d'être ambitieux.
28:41 Oui, mais c'est ce que j'essaie de vous dire et c'est ce que j'essaie de vous dire depuis le début de notre émission.
28:44 Il faut être ambitieux, il faut être ambitieux, il faut batailler au niveau européen.
28:46 Puis batailler en France nous-mêmes, il faut batailler au niveau européen.
28:49 Donc oui, le moment est, on a un point de jonction au niveau européen en particulier.
28:53 Sur lequel on a besoin de réaffirmer le projet européen dans son objectif de souveraineté.
28:56 Dans un monde qui est quand même singulièrement perturbé par des puissances qui ne nous veulent pas que du bien.
29:01 Je fais quand même trois réponses.
29:02 Il m'a posé trois questions. Sur MHE, on ouvre le guichet à la fin de la moise.
29:06 La maladie touchant les vaches.
29:07 Oui, la maladie touchant les vaches. On ouvre le guichet fin janvier, début février.
29:10 Donc ça va aller très vite pour pouvoir soulager les trésoreries.
29:13 Deuxième élément, on a un sujet.
29:14 Attendez, juste sur ces aides, ça veut dire quoi ?
29:16 Ça veut dire de l'argent en frais tout de suite ?
29:18 C'est 80% de prise en charge des frais vétérinaires et de la perte d'un animal.
29:21 80% pour l'un, 80% pour l'autre.
29:23 On a fait des choses simples et on va faire un guichet simple.
29:26 Le gasoil.
29:28 Le gasoil, on a un sujet.
29:29 C'est un accord au niveau national avec la profession agricole.
29:32 Manifestement, et ça, il faut l'expertiser.
29:34 Donc je suis d'accord pour l'expertiser parce qu'il y a des territoires où manifestement,
29:37 ça a un impact qui n'est pas celui prévu par qui que ce soit.
29:39 Et donc on a besoin de regarder dans ces zones intermédiaires les difficultés qui sont posées.
29:43 Troisième élément.
29:44 Le gasoil est détaxé ?
29:46 Il est détaxé. Il a été compensé intégralement par le gouvernement.
29:49 Puisque c'est un jeu de somme nulle.
29:50 Ce n'est pas une économie budgétaire.
29:51 On a prévu des mécanismes fiscaux qui permettaient de renvoyer dans les exploitations.
29:55 Manifestement, il y a un certain nombre d'exploitations dans lesquelles ce renvoi ne se fait pas.
29:59 Et donc l'objectif c'était...
30:00 Pour faire simple, pourquoi le gasoil n'est pas détaxé d'une manière générale pour la profession et le sujet est réglé ?
30:05 Non mais il est détaxé en soi.
30:06 On a limité, on réduit l'avantage fiscal sur le gasoil.
30:10 Je rappelle qu'on a un gasoil autour d'un euro un peu moins en France.
30:14 C'est un 7 en Allemagne.
30:16 D'ailleurs la présidente Lambert le disait dans les journaux, je crois.
30:19 Et donc l'idée c'est de trouver une trajectoire de sortie progressive.
30:23 Sans sortir complètement d'ailleurs de cet avantage fiscal.
30:26 Mais de le transformer en un avantage qui permette de garantir la productivité.
30:30 On a des territoires manifestement qui ne s'y retrouvent pas.
30:34 Vous voulez cibler en fait cet avantage fiscal ?
30:36 Oui, il faut documenter le problème pour regarder quels sont les mécanismes fiscaux qui permettraient de retrouver de l'équité.
30:40 Vous allez encore créer de la paperasserie ?
30:42 Non mais ce n'est pas de la paperasserie, c'est des sujets fiscaux.
30:44 Si il faut remplir les papiers pour avoir une génération fiscale, c'est de la paperasserie.
30:47 Non mais il faut qu'on le documente parce qu'il y a des territoires où manifestement ça ne produit pas ces effets là.
30:50 Et manifestement en Occitanie ça produit ces effets là.
30:52 Essayons de regarder ce qui a pu dysfonctionner en politique.
30:56 Si je viens devant vous et je dis que je sais tout, que la science impuse et que nos dispositifs sont parfaits, je crois que je fais une petite erreur.
31:02 Donc on a besoin de le documenter.
31:03 Donc un avantage fiscal sur le gasoil en fonction de l'argent.
31:06 Mais c'est compliqué parce que vous savez l'égalité fiscale est une chose,
31:10 mais est-ce qu'il faut quelque chose qui ajuste dans ces territoires là,
31:13 où ils ont des contraintes qui sont particulières par rapport à...
31:15 Vous dites que c'est compliqué, c'est bien ce qu'on vous reproche.
31:17 Oui, mais la question n'est pas de faire un sujet compliqué.
31:20 Les sujets fiscaux c'est au fiscaliste de regarder les sujets et après il faut que ce soit simple.
31:24 Ce n'est pas parce que le sujet est compliqué qu'il ne faut pas qu'on ait des dispositifs simples.
31:27 Pardon, les sujets fiscaux sont complexes, mais pour les Français souvent c'est assez simple.
31:31 Troisième élément sur l'eau.
31:32 J'ai demandé aux préfets, il y a 120 projets, on a demandé à ce qu'ils soient mis sur la table tout de suite
31:36 pour regarder là où il y avait des blocages, pour débloquer.
31:38 J'annoncerai demain des moyens supplémentaires en termes de fonds d'hydraulique.
31:41 C'était prévu, j'irai en Vendée pour le faire, pour donner aux agriculteurs la capacité à faire.
31:45 Par ailleurs, je l'ai dit il y a quelques semaines d'ailleurs dans ce territoire, nous avons des fonds de transition.
31:50 C'est environ 120 millions d'euros qui sont prévus.
31:52 Évidemment, moi je suis prêt à ce qu'on regarde en Occitanie sous la réserve,
31:55 que nous ayons un projet de transition et dans ce projet de transition c'est quel type d'asseulement,
31:59 quel type d'agriculture, quel type de réserve en eau.
32:03 Et donc ces moyens-là, ils sont à la disposition aussi en partie de l'Occitanie pour le faire.
32:06 Voilà trois réponses concrètes sur ces sujets.
32:08 Derrière l'eau, il y a un autre sujet qui est la pollution de l'eau par les pesticides.
32:12 L'an dernier, le gouvernement avait relancé le plan Eco-FITO 2030,
32:16 qui voulait réduire, diviser encore, avec le problème objectif de diviser par deux l'utilisation des pesticides.
32:21 Est-ce que ce plan, vous le maintenez ou pas ?
32:23 On a besoin de trouver une trajectoire.
32:25 Parce que depuis 2008, on dit qu'on va diviser par deux.
32:28 C'est un plan qui est issu du Grenelle de l'environnement, donc c'est une affaire qui est assez lointaine.
32:31 L'erreur qu'on a faite sans doute à l'époque, c'est de dire on donne un objectif, on ne donne pas les moyens.
32:36 Oui, il a été relancé deux fois depuis.
32:38 Oui, mais je suis d'accord avec vous, je dis on donne un objectif, on ne donne pas les moyens.
32:41 Mais la nouveauté, c'est que dans le budget qui a été délibéré et voté à l'Assemblée nationale et au Sénat,
32:45 il y a 250 millions d'euros pour trouver les alternatives.
32:48 Donc je propose qu'on regarde l'objectif et qu'en même temps, surtout, on cherche les alternatives.
32:52 Donc pour vous, sans alternatives, pas de réduction ?
32:54 Mais c'est une évidence, s'il n'y a pas d'alternatives, et que, à l'extérieur de nos frontières,
32:59 les gens utilisent des produits qui sont interdits chez nous, à la fin, c'est là.
33:02 On se désarme et il n'y a plus de souveraineté.
33:04 Donc on a besoin, mais il faut qu'on trouve les deux.
33:06 Il faut qu'on ait des trajectoires qui soient crédibilisées par des alternatives.
33:09 Est-ce que, collectivement, nous ne sommes pas incapables de réduire les pesticides ?
33:12 C'est ce que regrettent des députés dans un récent rapport.
33:14 Ils parlent d'impuissance publique. Est-ce que, comme eux, vous parleriez d'échec ?
33:19 Il y a une part d'échec, mais c'est de 15 ans ou 20 ans d'échec.
33:21 Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas mis les moyens.
33:23 Le Premier ministre, hier, était dans le Rhône, il a parlé du sujet de la cerise.
33:27 On met en place un plan de recherche sur la cerise qui aurait dû être mis en place il y a 15 ans,
33:30 pour essayer de trouver des alternatives.
33:32 La question des alternatives, c'est la question des moyens qu'on met sur la table,
33:35 en rassemblant les producteurs, les instituts techniques, l'INRAE, les chercheurs.
33:39 C'est comme ça qu'on va trouver. Et on trouve des solutions sur un certain nombre de sujets.
33:42 Donc, oui, on n'a pas été assez loin dans les alternatives.
33:46 Donc, il faut qu'on mette les moyens. C'est ce qu'on fait.
33:48 Il me semble que ça, c'est un élément...
33:50 On a du retard, vous l'admettez.
33:51 Mais on n'a pas du retard par rapport à d'autres pays.
33:53 On a réduit de 95 % les molécules, on les appelle CMR1, les plus toxiques.
33:57 95 %.
33:58 On a réduit de 85 % les molécules CMR2, deuxième niveau.
34:02 Donc, on n'a pas rien fait.
34:04 On a réduit de quasiment 30 %, simplement, sans mettre en situation d'impasse,
34:08 les usages du glyphosate.
34:10 Et on est le seul pays du monde à l'avoir fait.
34:12 Donc, on est largement en avance par rapport à d'autres pays.
34:15 Sauf qu'à marche forcée, sans qu'on se pose la question de la souveraineté, on n'y arrive pas.
34:18 Donc, on a besoin de mettre des moyens très puissants,
34:21 pour faire en sorte qu'on trouve des alternatives.
34:23 Et le sujet européen revient, puisqu'on a besoin aussi des alternatives
34:26 offertes par les nouvelles techniques génomiques.
34:28 Justement, au niveau européen, et on l'a évoqué très très rapidement
34:31 dans la première partie du Grand Jury,
34:33 pour soutenir les Ukrainiens dans leur guerre,
34:35 l'Europe a ouvert ses frontières à l'agriculture ukrainienne.
34:39 Des secteurs entiers, aujourd'hui, s'estiment menacés par cette concurrence.
34:43 Il y a les producteurs de volailles, les céréaliers.
34:45 Et avant de parler de la dimension politique de cette situation,
34:49 que répondez-vous aux agriculteurs français ?
34:52 Est-ce qu'il faut refermer partiellement ou totalement la frontière avec l'Ukraine ?
34:55 J'en ai parlé il y a trois jours avec mon collègue ukrainien.
34:57 Il faut qu'on regarde notamment sur la question de la volaille.
34:59 Dans quelle mesure ça vient tellement déstabiliser les marchés,
35:02 qu'il ne faut pas réexaminer cette solidarité sur certaines filières à cette aune-là ?
35:05 Deuxièmement...
35:06 À quelle échéance ?
35:07 C'est dans les semaines qui viennent que ça va se faire.
35:09 Donc ça, ça va aller assez vite.
35:10 Il faut qu'on y travaille, en européen.
35:12 Parce que là, la question, c'est ce que porte la France,
35:14 mais c'est de trouver 27 pays qui disent la même chose.
35:17 Donc 26 + 1, nous et les autres.
35:19 Donc on a besoin de travailler là-dessus.
35:20 J'ai toujours dit, d'ailleurs y compris de manière publique,
35:23 qu'il y avait un moment où ça déstabilisait tellement les marchés
35:25 que c'était contre-productif, dans la solidarité que nous voulions...
35:28 J'ai été en Ukraine le dire.
35:30 Et donc maintenant, il faut qu'on arrive à trouver une solution au niveau européen
35:33 pour dire que ça déstabilise trop nos marchés,
35:35 et on a besoin de trouver une voie.
35:36 Est-ce que vous voyez des aides pour les agriculteurs qui sont impactés ?
35:39 Il y a des aides.
35:40 Et on va regarder ça avec la Commission européenne,
35:42 qui ont déjà été données, en particulier sur le front de l'Est,
35:44 si je peux dire, en Pologne, en Roumanie, en Bulgarie,
35:48 pour exprimer cette solidarité,
35:49 où eux, ils avaient un gros problème vis-à-vis des céréales.
35:51 Deuxième élément, il faut qu'on aide les Ukrainiens
35:53 à sortir leurs marchandises de chez eux, pas vers l'Europe, vers ailleurs.
35:57 Et donc, c'est tous les couloirs de solidarité sur lesquels on traverse,
36:00 on travaille pour faire en sorte que...
36:02 Ce qui était leur vocation première,
36:03 pourquoi ces produits viennent sur notre sol ?
36:05 D'abord parce qu'on a eu une grosse crise aviaire,
36:07 et donc on avait moins de production.
36:08 Donc c'est venu comme ça aussi, il faut se le dire.
36:09 On a résolu en partie cette crise grâce à la vaccination.
36:12 Nous sommes le premier pays en Europe à avoir fait la vaccination,
36:14 et les producteurs le reconnaissent.
36:16 Mais deuxième élément, il faut dire,
36:18 il faut accompagner les Ukrainiens dans leur stratégie,
36:20 en dehors de nos frontières.
36:22 Parce que sinon, évidemment, ça vient déstabiliser les marchés.
36:24 Donc on a une grande vigilance sur le sujet.
36:26 Et dans ce contexte, est-ce que faire entrer l'Ukraine dans l'Union Européenne,
36:29 c'est un processus de long terme bien sûr,
36:30 ce n'est pas exposer nos agriculteurs à une menace ?
36:33 Alors, il y a deux sujets, me semble-t-il.
36:34 Un, tout processus d'adhésion nécessite qu'on ait les mêmes normes.
36:37 Donc il n'est pas question de faire entrer qui que ce soit,
36:39 l'Ukraine ou d'autres, sans que ça n'adopte les mêmes normes.
36:42 Deuxième élément, l'Ukraine, elle est là.
36:44 Qu'elle soit dans l'Europe ou pas dans l'Europe, elle est à nos frontières.
36:47 C'est une puissance agricole majeure, à l'égal du Brésil, à l'égal de la Russie.
36:52 Donc elle est à nos frontières, donc il vaut mieux qu'on se mode.
36:55 Qu'elle soit dedans ou à l'extérieur de l'Europe.
36:57 Je pense qu'on a intérêt à s'en faire un allié
36:59 pour aller mener la bataille alimentaire à l'extérieur de nos frontières.
37:02 Parce que je préfère que ce soit nos alliés qui mènent cette bataille-là
37:05 que nos adversaires, vous voyez ce que je veux dire ?
37:06 Et donc on a besoin, dans le processus de réflexion sur l'adhésion,
37:10 de dire de toute façon ça ne peut pas se faire sans les mêmes normes.
37:12 Parce que sinon on reviendrait sur les mêmes problèmes.
37:14 Et deuxième élément, en tout état de cause, de dire à l'Ukraine
37:16 on doit faire du continent européen, dans ce qu'il est,
37:20 une puissance agricole pour aller batailler sur les marchés mondiaux
37:22 dans un contexte où le dérèglement climatique, les dérèglements géopolitiques,
37:26 la démographie quand même, puisqu'on va passer de 7 à 9 milliards,
37:29 va faire que les besoins alimentaires vont être plus nombreux
37:31 et la tension alimentaire va être plus nombreuse.
37:33 - Vous ne craignez pas que la question de la concurrence déloyale,
37:35 parasite, pollue votre campagne des élections européennes ?
37:38 - Non mais certains vont essayer de s'en faire l'écho, mais...
37:40 - Le Rassemblement National vous attaque particulièrement ?
37:42 - Oui, oui, il nous attaque particulièrement là-dessus.
37:44 Alors d'abord, moi je suis très intéressé de voir le Front National,
37:47 le Rassemblement National, M. Bardella découvre l'intérêt de l'agriculture.
37:50 J'aurais aimé qu'en 5 ans il s'exprime un peu plus souvent sur l'agriculture
37:53 et qu'il mène des batailles.
37:54 - Il s'est déplacé hier en Gironde, c'est pour ça que vous dites ça.
37:56 - Oui, il s'est déplacé une fois en Gironde et il dit "il faut aller sur le terrain".
37:58 Je suis content qu'il découvre ce que c'est que des bottes,
38:01 mais j'aurais aimé qu'il découvre l'agriculture avant, pour tout vous dire,
38:03 pour être plus clair, parce que c'est bien de parler de l'agriculture
38:06 quand il s'agit de s'en servir, parce que c'est ça le sujet.
38:09 Et deuxième élément, le Rassemblement National, il vient nous expliquer toujours
38:12 qu'il vient défendre le patriotisme.
38:14 Mais qui est le parti de l'étranger ? C'est le Rassemblement National,
38:17 parce que qui défend les Russes ?
38:19 Qui défend la stratégie de Poutine ? Qui a été financé par Poutine ?
38:22 Qui nous a dit qu'il ne fallait pas de solidarité avec l'Ukraine ?
38:25 C'est eux !
38:26 - Ils ont pris leur distance depuis avec le régime russe.
38:28 - Et au fond, ils nourrissent un sentiment qui est faux,
38:30 parce qu'en disant cela, ce qui dérègle les marchés, ce ne sont pas les Ukrainiens,
38:35 c'est les amis de M.Bardella, c'est-à-dire M.Poutine.
38:38 C'est eux qui sont responsables de l'augmentation de l'inflation, de l'énergie,
38:41 et c'est eux qui nous ont dit que c'était un être pacifique
38:44 et qu'il fallait s'accommoder de l'Ukraine.
38:47 - Mais vous dites "ils ont pris leur distance depuis avec le régime russe".
38:49 - Vous ne dites pas que l'Ukraine dérègle les marchés européens ?
38:52 - Non mais ce qui dérègle les marchés, c'est que l'Ukraine ne peut plus sortir ses céréales
38:58 vers les pays tiers et que donc, par les couloirs de solidarité,
39:01 on a des sujets qui sont à créer.
39:02 Et donc on a besoin, j'en réaffirme ce que j'ai dit tout à l'heure,
39:05 de faire en sorte que l'Ukraine sorte ses produits de son territoire,
39:10 pas pour les amener en Europe, mais pour les amener sur ses marchés initiaux.
39:13 Premier élément.
39:14 - Est-ce qu'il n'y a pas un piège politique qui est en train de se refermer sur vous ?
39:17 C'est-à-dire que, quelque part, le poulet ukrainien ou la céréale ukrainienne
39:22 est en train de devenir le plombier polonais, ce qu'on avait vécu en 2005,
39:25 au moment du referendum ?
39:27 - C'est-à-dire l'Europe qui, finalement, crée des conditions de concurrence.
39:32 - Mais revenons au fondement, c'est pour ça que j'y reviens,
39:35 revenons au fondement de la crise.
39:37 La crise, elle n'est pas provoquée par les Ukrainiens, il ne faut pas inverser les rôles.
39:41 La crise, elle est provoquée par la guerre qu'a menée M. Poutine en Ukraine.
39:44 C'est ça, la vérité.
39:45 - Oui, sauf qu'aujourd'hui, les agriculteurs ont un souci avec l'Ukraine.
39:47 - Donc on a besoin de solidarité avec l'Ukraine et de vigilance
39:50 sur un certain nombre de marchés qui sont désorganisés
39:52 et de faire en sorte qu'on aide les Ukrainiens à sortir leur production
39:55 de leur territoire pour aller vers des pays tiers.
39:57 C'est ça qu'il faut faire, parce que sinon, M. Bardella peut dire ce qu'il veut, ça ne sert à rien.
40:01 Si M. Poutine revenait dans ses frontières et cessait la guerre,
40:05 je vous assure que les marchés seraient stabilisés.
40:07 La première question, le premier appel que devrait lancer M. Bardella,
40:10 c'est de dire à son ami M. Poutine "arrêtez la guerre".
40:13 Arrêtez la guerre, parce que c'est ça qui est le...
40:15 - Renvoyer l'URN à ses positions russes.
40:17 - Mais je ne les renvoie pas, c'est la réalité des positions du RN.
40:19 - Quand Jean-Bernard Bardella dit que l'agriculture est une filière stratégique
40:23 qui symbolise notre héritage et notre identité, est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
40:27 - Oui, tout le monde est d'accord avec ça.
40:29 La question, ce n'est pas de le dire et de le déclamer, la question, c'est de le faire.
40:32 Moi, je suis largement autant rural que M. Bardella.
40:35 Je vis dans un village de 700 habitants, donc je sais à peu près de quoi je parle.
40:38 Et sur la ruralité, sur l'agriculture.
40:39 Donc, il ne va pas me faire le coup de l'héritage du patrimoine,
40:41 parce que ça, c'est un mauvais débat.
40:43 S'il veut qu'il rentre sur ce sujet-là, il va assez vite se retrouver perdu lui-même
40:46 au milieu des champs, si vous me permettez cette expression.
40:49 Le seul sujet, ce n'est pas seulement un héritage et un patrimoine,
40:51 c'est une force économique, c'est une fierté collective
40:54 et c'est un élément stratégique de notre liberté.
40:57 Si vous n'êtes plus capable de vous nourrir, vous n'êtes plus libre.
41:00 Et vous voyez bien que la stratégie...
41:02 La Russie, je crois, a augmenté ses capacités de production par 4 en 20 ans.
41:06 Elle les a augmentées par 4, non seulement pour nourrir sa population,
41:10 mais elle l'a fait aussi pour peser sur les débats du monde,
41:12 pour mettre sous la coupe un certain nombre de pays.
41:14 Et c'est cette bataille-là qu'il faut mener, y compris sur les marchés avec l'Ukraine.
41:18 Pour aller sur ces marchés-là, vous voyez ce que je veux dire ?
41:20 C'est comme ça qu'on va dénouer la situation.
41:22 - Je vais vous poser la question un peu différemment et ramener à des propos
41:24 qu'on a eus, y compris dans la première partie du Grand Jury.
41:26 Dans l'interview commune qu'ont donné dimanche dernier Marine Le Pen et Jordan Bardella dans le JDD,
41:32 ils déclaraient que l'Europe veut la mort de notre agriculture
41:35 par la baisse des rendements, par les accords de libre-échange,
41:39 par la fin des exploitations familiales traditionnelles
41:41 et par l'augmentation de nos importations.
41:44 Est-ce que c'est totalement faux ce constat ?
41:46 - La question n'est pas la volonté. Je ne crois pas du tout que l'Europe ce soit sa volonté.
41:50 En même temps, je l'ai dit tout à l'heure dans nos premiers échanges,
41:52 on a besoin de réexaminer notre politique agricole et notre politique européenne
41:56 à l'aune de ce qu'on voit...
41:58 - Donc les quatre points soulevés sont ex...
42:00 - Non mais j'ai pas dit autre chose tout à l'heure.
42:02 J'ai pas attendu que M. Bardella ou Mme Le Pen décident d'en parler.
42:06 Oui, nous avons besoin de renouer avec à la fois la transition
42:11 et en même temps le sujet de la souveraineté.
42:13 Donc on a besoin d'une Europe qui s'arme d'un point de vue de la souveraineté.
42:15 On a besoin d'avoir des réglementations qui permettent de combiner les deux.
42:18 On a besoin d'avoir une réglementation qui ne soit pas mue par une volonté de décroissance.
42:22 Oui, ça c'est un élément important.
42:23 Deux, c'est la France qui a porté la question des clauses miroirs.
42:25 C'est la France qui s'est opposée, personne ne peut dire le contraire,
42:29 au Mercosur et à l'accord australien.
42:31 Qui d'autre ?
42:32 - C'est définitif ça ?
42:33 - Non mais sur l'Australie, en tout cas on en est pour longtemps,
42:35 sur le Mercosur on continue à s'opposer.
42:36 Pourquoi ?
42:37 Il n'est pas signé parce que nous sommes là.
42:39 Et donc on ne peut pas nous faire un reproche.
42:41 Oui, on a besoin d'accords en même temps, on a besoin d'accords internationaux.
42:45 - Sur le Mercosur, après les élections européennes, vous êtes sûr que...
42:48 - Le sujet ce n'est pas celui-là.
42:49 Nous on dit que tant que le...
42:50 Ah non, ce n'est pas le sujet du calendrier.
42:52 - C'est un sujet qui concerne les écoles.
42:54 - Ce que je suis en train de vous dire, c'est que nous nous opposons au Mercosur,
42:56 en ce qui ne répond pas aux objectifs, en particulier aux objectifs climatiques.
42:59 Bon, donc on continue à s'opposer au Mercosur.
43:01 Et jusqu'à nouvel ordre, personne ne peut nous mettre en défaut de cette question-là.
43:04 Donc on continue à le faire.
43:05 - Sur le traité de libre-échange entre l'Union européenne et la Nouvelle-Zélande...
43:07 - Alors la Nouvelle-Zélande, l'accord a été signé, mais reconnaissons que la Nouvelle-Zélande avait...
43:10 - Adaptez, parlez en français.
43:11 - Reconnaissons que la Nouvelle-Zélande... On ne peut pas non plus,
43:14 et ça me permettra de faire un petit mot là-dessus,
43:16 la Nouvelle-Zélande, elle a des conditions de production extrêmement extensives.
43:19 Alors elle n'est pas totalement alignée sur nous,
43:21 mais sur la question climatique, elle est totalement alignée.
43:23 Le sujet central, le sujet mondial, c'est le sujet climatique et du carbone.
43:27 Et la Nouvelle-Zélande, elle est dans... On ne peut pas...
43:29 - Qu'est-ce qu'apporte cet accord avec la Nouvelle-Zélande ?
43:32 On avait rapporté de l'agneau congelé, 19 000 km de prod...
43:36 - On ouvre des quotas qui ne seront sans doute d'ailleurs pas de voyage.
43:38 - Qui ne seront sans doute pas...
43:39 - Quel est l'intérêt pour l'Europe d'ouvrir un tel marché ?
43:41 - Mais parce qu'il y a d'autres sujets sur lesquels, sur les services et sur d'autres,
43:44 sur lesquels on peut faire, et pas ailleurs.
43:45 - Donc c'est au dépendre de l'agriculture alors ?
43:47 - Un accord, un traité d'échange, c'est un traité d'échange.
43:50 Donc il y a des accords où c'est plutôt l'agriculture,
43:52 il y a des accords où c'est plutôt les services, il y a des accords où c'est plutôt l'eau.
43:55 - Et les garanties en termes d'écologie, elles sont assurées ?
43:57 - Avec la Nouvelle-Zélande, elles sont totalement assurées.
43:59 Oui, elles sont... Pardon, d'ailleurs personne ne vient remettre en cause ça.
44:01 Certains viendront remettre en cause.
44:02 - Même pas, on peut faire 19 000 km de voyage à...
44:04 - Non mais, très bien, nous... Alors après, on va se poser des questions.
44:07 Notre vin, il fait combien de milliers de kilomètres ?
44:10 Nos spiritueux, ils font combien de kilomètres ?
44:12 Notre porc, il fait combien de kilomètres ?
44:13 Notre blé, qui va nourrir le monde ?
44:15 Oui, on est dans un monde interconnecté et c'est là que je voulais en venir.
44:18 Arrêtons d'accréditer la thèse que nous pourrions vivre en régime autarcique.
44:22 La moitié de nos céréales, elles sortent de nos frontières,
44:25 en Europe ou dans le monde.
44:26 Et c'est important de peser dans le monde quand on nourrit les gens.
44:29 L'excès... Une grande partie de notre filière,
44:32 M. Bardella hier était en Gironde,
44:34 il leur propose quoi ? De fermer les frontières au bord de l'Est ?
44:36 Alors que le sujet, c'est justement qu'on exporte plus.
44:38 Et les accords internationaux, c'est...
44:41 Ou le commerce sans accords internationaux, c'est...
44:43 Il y a des produits qui rentrent, il y a des produits qui sortent.
44:45 Et il n'y a pas besoin d'aller que sur les céréales.
44:47 Le fromage français, et l'Europe nous protège avec ses appellations
44:51 parce qu'elle évite qu'il y ait des gens qui parlent de camembert
44:54 dans des pays où on ne fait pas du camembert,
44:56 c'est 3 milliards d'euros.
44:57 Donc on le disait, derrière toutes ces questions,
44:59 il y a la question des élections européennes.
45:01 Ça, j'ai bien noté que certains le faisaient par ce plus-là.
45:03 Oui, mais une petite parenthèse.
45:04 Le camp présidentiel est le dernier parti qui n'a pas de tête de liste.
45:08 Êtes-vous par exemple favorable à une candidature de Julien Denormandie,
45:11 qui était votre prédécesseur à l'agriculture ?
45:13 Ce n'est pas moi qui vais décider, vous allez mettre en situation de défaut.
45:16 Mais vous doutez bien que, compte tenu d'abord...
45:19 Ça commence à manquer de ne pas avoir de candidat ?
45:21 Attendez, je réponds à votre question.
45:23 Ne me faites pas deux questions en une.
45:25 Oui, en tout cas, moi je trouve que Julien Denormandie
45:27 a apporté beaucoup au gouvernement quand il y était.
45:29 C'est une personnalité que les Français connaissent
45:32 et avec laquelle, pour le coup, j'ai des relations, je crois, amicales et cordiales.
45:36 Donc oui, après il appartiendra au...
45:37 Est-ce qu'il ferait une bonne tête de liste ?
45:38 Si l'agriculture devient un sujet de campagne.
45:40 Je trouve qu'il incarne quelque chose qui serait utile à la majorité.
45:43 Alors, est-ce que c'est au travers d'une tête de liste ou autre chose ?
45:45 Mais moi, je pense que Julien Denormandie a quelque chose qui est utile dans le débat public.
45:51 Et donc, oui, je trouve que c'est bien.
45:52 Alors, après, est-ce que c'est un problème ?
45:54 Je crois que les décisions vont se prendre assez rapidement.
45:57 Je ne suis pas sûr...
45:58 Là, on est en train de rentrer dans le débat européen,
45:59 pour certains, en tout cas, qui essayent de le faire rentrer par ce tropisme-là.
46:02 Je ne suis pas sûr que nos concitoyens soient totalement dans le sujet européen.
46:05 Mais il faut faire du sujet européen un sujet central
46:08 parce que l'avenir de la France, c'est l'Europe.
46:10 Vous ne pouvez pas aller discuter avec la Chine, avec les Russes,
46:13 avec les Ukrainiens, avec tous les autres, avec les Américains,
46:17 si vous êtes Français, Italiens, Espagnols, séparés.
46:20 On ne pèsera rien dans cet espace-là.
46:22 Et quand vous le voyez, c'est des empires qui se sont constitués,
46:25 parfois hostiles pour certains d'entre eux.
46:28 Et donc, on a besoin plutôt d'avoir une Europe,
46:30 un, qui se concentre sur ces sujets,
46:31 deux, qui parle de souveraineté à tous les étages,
46:33 l'énergie, les composants, l'agriculture et le reste,
46:37 et d'un candidat.
46:38 Et d'un candidat pour défendre tout ça.
46:40 Et d'un candidat pour le faire, bien sûr.
46:41 Mais ne vous inquiétez pas, on aura un candidat.
46:43 Oui, mais il n'y a pas urgence, là ?
46:45 Je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas urgence.
46:47 Depuis la tournée, on reprend le débat public.
46:48 Je crois que les décisions se prendront dans les prochaines semaines.
46:51 Ne confondons pas vitesse et précipitation.
46:53 Comment résumez-vous la conférence de presse du chef de l'État, mardi soir ?
46:57 Je pense que ça a permis d'abord de remettre en perspective
47:01 ce que nous avons fait et la cohérence de ce que nous avons fait depuis six ans,
47:04 les difficultés que nous avons rencontrées
47:06 et puis l'affirmation quand même, je pense au sujet de simplification,
47:09 au sujet d'autorité, que nous avions besoin de réaffirmer un certain nombre...
47:12 Est-ce que ça a expliqué le changement de Premier ministre ?
47:14 Ça a justifié le changement de Premier ministre ?
47:16 On est dans l'institution de la Ve République.
47:18 C'est le Président de la République qui est gardien à la fois du temps
47:22 et deuxièmement du choix qu'il fait de Premier ministre
47:24 et du gouvernement qu'il fait.
47:25 Donc on n'a pas à juger de ça, je trouve.
47:27 Parce qu'à propos du choix de Gabriel Attal,
47:29 pour le poste de Premier ministre,
47:31 le président modem de la Commission des Affaires étrangères,
47:33 Jean-Louis Bourlange, a confié au monde,
47:35 qu'à faute de pouvoir se représenter, Emmanuel Macron a choisi de se reproduire.
47:38 Est-ce que vous percevez un mimétisme, une troublante ressemblance entre les deux hommes ?
47:43 Non, je ne crois pas du tout que ce soit la volonté du Président de la République.
47:45 Il avait voulu marquer aussi...
47:47 C'est vrai que d'abord il faut rendre hommage au travail qui a été fait par Elisabeth Borne,
47:50 parce que moi j'étais à ses côtés.
47:52 J'ai vu quatre Premiers ministres et Elisabeth Borne,
47:54 elle a porté des réformes qui étaient des réformes compliquées,
47:56 y compris dans l'opinion publique, je pense aux retraites
47:58 et ce qui a été fait, y compris sur les sujets d'immigration.
48:01 Après que dans la Ve République,
48:03 alors c'est une spécificité française,
48:05 quand on ouvre une nouvelle temporalité,
48:07 souvent ça s'accompagne d'un changement de Premier ministre.
48:09 Le Président de la République l'a fait, d'autres l'ont fait avant lui.
48:12 Beaucoup d'autres l'ont fait avant lui.
48:14 Est-ce que vous considérez que le Président de la République va donner plus d'autonomie
48:17 à Gabriel Attal qu'il ne l'a fait avec ses prédictions ?
48:19 Mais j'ai l'impression...
48:21 C'est curieux comme en Ve République,
48:23 celui qui est maître du suffrage universel,
48:25 celui qui est issu du suffrage universel, c'est le Président de la République.
48:27 Donc il est dans une autre situation que dans des démocraties
48:30 où c'est les Premiers ministres qui sont issus d'une majorité parlementaire.
48:33 Dans la Ve République, le Président de la République,
48:35 il a une place prééminente et éminente.
48:37 Et il n'a pas semblé, pour en avoir vu 3 et désormais 4 à l'œuvre,
48:40 que les Premiers ministres n'avaient pas leur marge et leur latitude d'action.
48:43 Une question sur l'équipe gouvernementale.
48:45 Le gouvernement n'est pas encore au complet.
48:47 Il doit être composé complètement d'ici une dizaine de jours.
48:51 Combien de ministres modem attendez-vous ?
48:55 Non mais la question se trouvait déséquilibre.
48:57 Il y a ici Jean-Noël Barraud et je voudrais saluer le travail.
48:59 La question ce n'est pas numérique, la question c'est la qualité.
49:01 Sans faire de mauvais jeu de mots.
49:02 La question c'est la qualité aussi des ministres que nous avons.
49:04 Et moi j'aurais salué le travail des ministres du modem, les autres aussi.
49:06 Mais en particulier ceux-là, Jean-Noël Barraud, Philippe Vigée, Sarah Elhary,
49:09 du travail qu'ils ont fait.
49:10 Je ne suis pas un épicier non plus.
49:11 On est des gens qui sommes en situation de responsabilité.
49:13 Je ne doute pas, je n'ai aucun doute sur le fait que le Premier ministre
49:17 et le Président de la République trouveront les équilibres
49:19 et la reconnaissance du travail qui a été fait par mes collègues et d'autres collègues.
49:22 Et donc je n'ai pas d'inquiétude dans le moment qu'on traverse,
49:25 pas que le moment agricole.
49:26 Si vous commencez à être dans ce genre d'exercice,
49:28 que j'ai vu parfois sous d'autres quinquennats,
49:30 vous rentrez dans une logique qui est très mauvaise.
49:32 Malgré tout la question des équilibres elle est importante, vous le savez.
49:34 Mais j'ai dit que la question, et que je ne doutais pas que la question des équilibres serait respectée.
49:37 Donc je n'ai aucun motif à douter de cette question des équilibres.
49:39 Une toute dernière question, rapide.
49:41 Il y a aujourd'hui des manifestations contre la loi immigration.
49:43 Attendez-vous du Conseil constitutionnel qu'il censure la semaine prochaine
49:47 une bonne part de la loi immigration ?
49:49 Mais j'attends rien d'autre du Conseil constitutionnel qui nous dise
49:52 de la lecture qu'il fait de la loi à l'aune de la Constitution.
49:54 Et c'est ce qu'a toujours fait le Conseil constitutionnel.
49:56 Donc moi, je n'interfère pas...
49:58 Le Président de la République attend du Conseil constitutionnel...
50:01 Il attend qu'il dise, le Président de la République...
50:03 Oui, de rejeter un certain nombre de points qui vous gênent.
50:05 Et donc j'attends la même chose, le Président de la République comme nous tous...
50:07 Il y a des points qui vous gênent ou pas ?
50:08 Comment ?
50:09 Il y a des points qui vous gênent dans cette loi ?
50:10 Moi, pas fondamentalement.
50:11 Je pense que la question des étudiants est une question qui est un sujet important.
50:14 Après j'ai l'impression que sur un certain nombre de sujets,
50:17 on a essayé d'avancer.
50:18 Nous sommes en majorité relative.
50:20 Nous sommes d'une certaine façon dans la nécessité de trouver des compromis.
50:24 Les compromis, c'est pas tout le monde est sur ma position, sinon ça n'est pas un compromis.
50:27 Merci beaucoup.
50:28 Et les compromis, c'est s'habituer aussi à avoir des positions en contre-personne.
50:30 Merci beaucoup Marc Fesneau pour ce grand jury.
50:33 Bon dimanche à tous, on se retrouve la semaine prochaine.
50:35 [SILENCE]