La Sexy News de Philippe Brenot - Consultation de sexologie au 18ème siècle !

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##SEXY_NEWS-2023-05-05##
Transcript
00:00 Brigitte Laé, Sud Radio, c'est l'instant sexy news.
00:06 Fabrice Bach, nous retrouvons notre sexologue, anthropologue, psychiatre, Philippe Breneau.
00:12 J'oublie toujours l'écrivain, mais je sais que vous y tenez beaucoup, Philippe Breneau.
00:16 Bonjour.
00:17 Oui, merci Brigitte.
00:18 Alors je sais, je ne suis pas sûre que le mot sexologie existait déjà au 18e siècle.
00:23 Ah mais moi je n'avais pas parlé du 18e siècle.
00:25 Vous avez interprété, vous allez voir, peut-être bien.
00:27 Eh oui Brigitte.
00:29 Ah c'est Bénédicte la coupable, elle avoue.
00:33 Ah, ce n'est pas grave.
00:36 Parce qu'effectivement, je vais vous parler d'une consultation de sexologie au 18e.
00:40 Alors vous allez me dire, consultation de sexologie normale pour un sexologue,
00:45 mais pas dans le 18e arrondissement où je n'ai jamais exercé,
00:49 ni au 18e étage où je n'ai jamais vécu, mais au 18e siècle,
00:54 dont je reviens à l'instant.
00:56 C'est pour ça que je ne suis pas avec vous dans le studio aujourd'hui Brigitte.
00:58 D'accord, d'accord, d'accord.
01:00 Alors, je vais...
01:02 Je savais que tous les psychiatres étaient un peu fous, donc...
01:04 Je ne suis pas surprise Philippe Ornell.
01:08 Voilà, sexologie au 18e, c'est ce que vous venez de dire, vous me faites rire,
01:12 car la sexologie n'existait pas il y a trois siècles.
01:15 Mais bon, voilà.
01:15 Ni par exemple la psychiatrie n'existait pas non plus.
01:18 Mais apparaissait une médecine qui inventait tous les concepts que nous connaissons aujourd'hui.
01:24 Et c'est en relisant un livre ancien, ce que je fais assez souvent,
01:28 que j'ai découvert cette consultation de sexologie,
01:31 j'allais dire, comme on la ferait aujourd'hui,
01:34 par un grand précurseur qui comprenait deux choses essentielles,
01:38 la complexité de la sexualité,
01:41 et qui a eu la préscience de ce que nous appelons aujourd'hui l'interdit sexuel.
01:46 C'est-à-dire que c'est une prescription, vous allez le voir,
01:49 qui s'avère souvent très efficace dans les difficultés masculines
01:53 du contrôle de l'érection.
01:55 Alors je vais vous parler de quelqu'un que vous ne connaissez certainement pas,
01:58 qui s'appelait John Hunter, il était anglais.
02:02 Il était médecin extraordinaire de sa majesté britannique,
02:07 ça devait être George III à l'époque, enfin je ne sais plus.
02:11 Il était chirurgien de l'hôpital Saint-Georges à Londres,
02:14 et alors nous sommes en 1770.
02:17 Il écrit un traité des maladies vénériennes,
02:20 qui décrit notamment toutes les infections, elles étaient extrêmement fréquentes à l'époque,
02:25 les infections de l'appareil génital masculin et féminin.
02:29 Et il s'intéresse tout particulièrement à ce que l'on nommait encore impuissance chez l'homme.
02:35 Aujourd'hui on parle de troubles érectiles, on parle de troubles du désir.
02:39 Mais John Hunter, qui va être très fin clinicien,
02:43 il va distinguer deux sortes d'impuissance.
02:45 Et vous voyez qu'on approche de la façon dont on le pense aujourd'hui.
02:50 Il va dire qu'il y a une impuissance dite organique, qui relève des maladies du corps,
02:56 et extraordinaire, vous allez voir comment il va la nommer,
02:59 une impuissance qu'il qualifie par imagination.
03:03 C'est-à-dire en lien avec l'imaginaire du sujet.
03:06 Il est l'inventeur de ce terme qui est très parlant,
03:09 on devrait presque l'utiliser à nouveau aujourd'hui, l'impuissance par imagination.
03:14 Alors je crois que ça parle beaucoup sûrement à des auditeurs, à des auditrices,
03:19 cette impuissance par imagination.
03:21 Qu'en pensez-vous Brigitte ?
03:23 Oui, c'est joli, c'est une belle manière de parler de ces impuissances qui sont dues en effet au psychique.
03:29 À quelque chose de psychique.
03:31 Alors il s'insurge tout d'abord contre la trop facile accusation de la masturbation.
03:35 C'est la grande époque, vous savez, où on internisait la masturbation.
03:39 Et alors je vous cite à partir de maintenant des passages de John Hunter.
03:44 "Certains pensent que la masturbation chez les jeunes gens est la cause de cette maladie.
03:49 Mais cette maladie arrive trop rarement pour prendre son origine dans une cause aussi fréquentée."
03:53 Il a l'audace de dire "ben la masturbation n'est pas la cause."
03:57 Tout le monde se masturbe et pourtant tout le monde n'est pas impuissant, oui.
04:00 Et en plus il est en train de dire "c'est un peu normal, la masturbation est normale".
04:05 À l'époque on n'avait pas le droit de le dire.
04:07 Et sa compréhension de la sexualité est beaucoup plus fine.
04:10 Alors ce qu'il va décrire, et là je vous explique cette histoire d'un de ses patients, c'est la consultation.
04:16 Voilà ce qu'il raconte.
04:18 "Un homme se plaignait à moi d'avoir perdu ses facultés viriles."
04:22 Après une heure d'examen de son état, c'est déjà pas mal, il prend du temps de la consultation.
04:28 - Mais il avait le temps à l'époque.
04:30 - Peut-être.
04:32 "Je découvris premièrement qu'il avait de fortes érections à des moments où ce n'était pas nécessaire."
04:38 "Ce qui prouvait qu'il avait naturellement des facultés."
04:40 Il parlait d'érection matimale par exemple.
04:43 "Deuxièmement, que ses érections étaient accompagnées de désirs."
04:47 Ce qui est une faculté naturelle.
04:48 Et déjà, il fait la distinction, il dit "il a du désir, il a des érections."
04:53 Donc ça se passe dans l'imagination.
04:55 "Troisièmement, je lui demandais si toutes les femmes lui étaient égales."
04:59 "Il me répondit que non. Avec certaines, il avait assez de force pour arriver à ses fins."
05:04 "Sa réponse me fit comprendre que son prouvre se réduisait à peu de choses."
05:08 "Qu'il n'y avait qu'une seule personne d'où provenait cette insuffisance."
05:12 "Car son désir faisait naître dans son imagination le doute ou la crainte de ne pas réussir."
05:19 "Il venait d'inventer ce qu'on appelle aujourd'hui l'angoisse d'anticipation."
05:24 "Il avait peur, il doutait de réussir."
05:28 Et alors, on termine la consultation.
05:31 John Hunter poursuit.
05:33 "Comme certaines capacités dépendaient entièrement de son état d'âme."
05:37 "Et qu'il s'agissait seulement de remédier à son imagination."
05:40 Vous voyez, pour les praticiens d'aujourd'hui, je leur dis...
05:43 Vous voyez, c'est simple, il suffit de remédier à son imagination pour le guérir.
05:47 "Je lui dis qu'il pouvait être guéri."
05:50 "S'il voulait porter son indifférence jusqu'à s'oublier lui-même."
05:55 C'est formidable cette formule.
05:57 "Vous allez vous oublier vous-même."
06:00 Je ne suis pas complètement d'accord non plus avec cette formule.
06:02 Vous allez voir la suite.
06:04 Je vous laisse continuer, bien sûr.
06:06 On termine la consultation et on va la commenter.
06:09 "Je lui conseillais donc d'aller trouver cette femme."
06:12 "Mais de se résoudre à n'avoir aucun commerce avec elle pendant six nuits."
06:16 "Et de laisser simplement agir ses inclinaisons, c'est-à-dire ses pulsions."
06:20 "Il s'engagea à suivre mon conseil."
06:23 "Quinze jours plus tard, il me dit que cette résolution avait produit un changement si total."
06:27 "Qu'il s'était senti aussitôt en force et qu'au lieu de se coucher avec la crainte de ne pas réussir."
06:33 "Il était au contraire au lit avec celle d'avoir un désir trop violent."
06:37 "Ainsi, dès qu'il eut rompu l'enchantement, ses facultés s'accordèrent parfaitement."
06:42 "Et son imagination ne retomba plus dans son trouble."
06:45 Il venait inventer ce qu'on appelle l'interdit sexuel.
06:50 Il venait de défocaliser l'attention.
06:53 C'est-à-dire que d'une certaine façon, on ne se concentre plus sur les réactions.
06:56 "J'ai la trouille, qu'elle tombe."
06:58 Pour se concentrer sur l'essentiel pour tous les auditeurs et les auditrices.
07:03 C'est la sensualité.
07:05 Et la sensualité donnera l'excitation.
07:08 Vous voyez, extraordinaire consultation du 18ème.
07:10 Moi, je crois que c'est un modèle pour les praticiens, pour tous les auditeurs et les auditrices d'aujourd'hui.
07:18 C'est complètement vrai.
07:20 Laissez parler vos pulsions en arrêtant, en s'oubliant peut-être soi-même, en oubliant en tout cas la preoccupation qu'on a sur le corps.
07:30 En tout cas, laissons le cortex de côté et laissons le corps agir.
07:34 Mais le corps agir.
07:36 Qu'est-ce que vous en pensez de cette consultation du 18ème ?
07:40 Moi, ce que je trouve fascinant, c'est que déjà à l'époque, on se posait ces questions-là.
07:44 Et en fait, ce sont des questions qui se sont toujours posées.
07:47 Il y a un moine qui s'appelait Elvisius qui a écrit un ouvrage en 1788 qui s'intitule "De la pensée".
07:54 Il y a tout un chapitre où il parle de la connexion entre ce qu'il appelle à l'époque les passions et la pensée.
07:59 En l'occurrence, le désir et comment le désir vient alimenter ou perturber la pensée logique.
08:04 C'est fascinant à lire.
08:05 C'est-à-dire, déjà à l'époque, on se posait ces questions-là.
08:07 Et ce qui est intéressant, je trouve, dans l'exemple que vous donnez, c'est que finalement, on se rend compte que c'est énormément de bon sens de ce qui est décrit.
08:15 Aujourd'hui, finalement, les consultations, ce qu'a fait ce praticien, lui, utilisait son bon sens à ce moment-là.
08:21 Parfois, c'est ce qu'il se perd.
08:23 Je crois même qu'il fait un diagnostic qui n'a pas besoin...
08:26 Il montre bien que si on interroge bien dans ce type de cas, qui est un des cas les plus fréquents pour les troubles d'érectile,
08:33 il n'y a pas besoin de faire des tas d'examens.
08:36 Alors, il faut en faire, lorsque l'on est médecin, on sait très bien ce qu'il faut faire.
08:41 Mais je crois qu'il y avait Elvisius...
08:44 C'est-à-dire que là, dans ce cas particulier, cet homme a des érections, et c'est juste quand il est avec cette femme en particulier qu'il n'en a pas.
08:52 Donc, c'est évident que c'est un problème d'imagination.
08:56 C'est ça, comme on vous dit, d'imaginer ?
08:58 D'impuissance par l'imagination.
09:00 C'est joli, oui. Impuissance par l'imagination.
09:02 Mais c'est, encore une fois, c'est fascinant parce que...
09:07 Comment on voit des personnes comme ça, chacun dans leur environnement, lui en Angleterre, un autre en France, etc.
09:14 Se poser ces questions, essayer de comprendre le fonctionnement de l'être humain.
09:17 Et ce n'est pas simplement le comprendre, parce que ce que lui traduit véritablement en tant que clinicien, en tant que médecin, c'est comment l'améliorer.
09:23 C'est extraordinaire de voir ces textes-là.
09:26 Oui, c'est-à-dire qu'ils font déjà la part de la complexité du psychosomatique.
09:32 Il y a des choses dont il faut faire attention, comme l'organisation du corps, ce qui est organique.
09:38 Et puis même l'interaction des deux.
09:40 Non, mais moi je trouve que ce qui est terrible, je ne suis pas optimiste comme vous,
09:43 moi ce que je trouve terrible, c'est qu'en 1770, on sait déjà ça, et qu'en 2023, on n'a pas avancé.
09:50 Moi je trouve ça terrible, ça voudrait dire qu'on n'est pas prêts de libérer vraiment la sexualité.
09:56 Franchement, moi je ne suis pas très positive.
09:59 Ah mais vous avez raison Brigitte, moi je crois que...
10:01 Et je trouve qu'on recule un peu même en ce moment.
10:04 Peut-être pas, mais c'est un modèle.
10:06 Si tous les cliniciens déjà, avec ce qu'on sait aujourd'hui, avaient cet espèce d'esprit clinique de bien réfléchir,
10:12 ça marcherait mieux, c'est vrai.
10:15 Mais c'est ça qu'on a peut-être perdu aujourd'hui.
10:18 Est-ce que ces personnes créées à l'époque...
10:20 C'est fou parce que 1770, 1780, des personnes qui écrivent des choses comme ça.
10:26 Et aujourd'hui je trouve, c'est un avis qui n'engage que moi, je ne sais pas si vous le partagez...
10:30 Les gens en France ont coupé les têtes alors...
10:32 Oui, à ce moment-là...
10:34 En plus si elles étaient bien faites, c'était regrettable à ce moment-là.
10:37 Ils ne pouvaient pas étendre leurs pensées.
10:39 Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on se rend compte que, en tant que praticien,
10:44 je ne sais pas ce que vous en penserez de votre côté,
10:46 mais on a aujourd'hui trop peu de praticiens qui prennent le temps de lire et d'aller chercher.
10:50 Et d'aller voir dans les écrits parfois très anciens,
10:53 qui pouvaient être plein de bon sens.
10:55 Nous on en reste au dernier bouquin qui est sorti, qu'on va trouver à la FNAC.
10:59 Écrit par un influenceur...
11:01 No comment !
11:03 D'accord, tout à fait d'accord.
11:06 On est tous les trois tout à fait d'accord.
11:08 Merci beaucoup Philippe de ce passage dans le 18e siècle.
11:13 Revenez dans le 21e siècle la semaine prochaine s'il vous plaît.
11:17 On sera ravis de vous accueillir en studio.
11:20 Merci beaucoup Philippe.
11:21 Et je rappelle que vous êtes l'auteur de cette merveilleuse bande dessinée
11:24 "L'incroyable histoire du sexe".

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