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Séminaire Santé-environnement : quinze ans de politiques publiques - Clôture par Prof. Franck Chauvin, ancien président du HCSP et Prof. Didier Lepelletier, président du HCSP
Transcription
00:00 Donc après vous avoir dit bonjour ce matin, je vous dis bonsoir, après une journée très
00:06 riche, donc il est temps de conclure ce séminaire et nous allons le faire à deux voix.
00:11 Nous avons le plaisir d'accueillir Franck Chauvin, le professeur Franck Chauvin, ancien
00:18 président du Haut Conseil de la Santé Publique, mandature sous laquelle ces travaux d'évaluation
00:24 ont été conduits et c'est bien naturellement que Franck va nous synthétiser et nous donner
00:30 des perspectives sur tous les débats qui ont eu lieu, aujourd'hui débat très riche
00:36 et puis je reprendrai la parole un instant juste après pour vraiment un mot de conclusion.
00:41 Franck c'est à toi.
00:44 Merci beaucoup, bonsoir à tous, même si le retard a été rattrapé on va essayer
00:52 de faire rapidement et je voudrais d'abord remercier Didier Le Pelletier, le président
00:56 du Haut Conseil, de m'avoir invité à conclure avec lui cette séance sur santé-environnement.
01:04 Je pense que ce qu'il voulait montrer et j'y adhère totalement, c'est la continuité
01:10 au sein du Haut Conseil, des travaux et quelles que soient les équipes, quelles que soient
01:14 les personnes, effectivement les travaux continuent et effectivement les doctrines
01:19 se perdurent comme ça des uns aux autres.
01:23 Tout d'abord je voudrais vous dire ma joie comme ancien président du Haut Conseil, pardon,
01:31 de voir la reprise des séminaires, de enfin voir des amphis pleins comme ce matin.
01:37 Ça fait tellement longtemps qu'on n'a pas vu ça que de temps en temps on se demande
01:40 si c'est pas dangereux de pas laisser un siège d'écart avec son voisin, voire de
01:46 dire bonjour en serrant la main.
01:48 On réapprend petit à petit et le Haut Conseil avait joué un rôle dans toutes ces mesures
01:54 de précaution, de prévention et on plaide coupable mais il faudra bien réapprendre
02:00 à vivre et il me semble que cette journée est un bon exemple.
02:03 Alors c'est sur un sujet bien évidemment majeur pour le HCSP qui porte ce sujet depuis
02:10 sa création en 2007 et là encore je voudrais vraiment remercier et vous l'avez entendu
02:18 tout à l'heure, Denis Smirou qui porte ce sujet depuis la création du Haut Conseil.
02:24 Il le portait déjà bien avant mais il l'a porté au niveau du Haut Conseil et avec
02:30 Franceline Marano puis Fabien Skinazi.
02:35 On voit cette continuité à porter ce sujet qui est un sujet majeur et vraiment en votre
02:42 nom à tous et surtout au nom du Haut Conseil je voudrais remercier Denis qui est là pour
02:47 cette obstination et je pense que vous ne mesurez pas les obstacles qu'il a dû affronter,
02:56 renverser, contourner pour arriver à faire que ce thème soit un thème majeur et vous
03:04 me permettrez aussi de remercier le secrétariat général du Haut Conseil, l'ensemble bien
03:09 sûr du secrétariat général, l'ancien secrétaire général Bernard Fallu est parmi nous et
03:15 il m'a aidé pendant toute cette période de présidence à conduire les travaux, il
03:20 a aidé bien sûr toutes les équipes et je pense que les travaux qui ont pu être menés
03:24 par les uns et les autres, qu'on a pu tous mener, sont bien sûr le fruit de ce travail
03:30 du secrétariat général et maintenant c'est Anne-Pariante Cayade qui a repris le flambeau.
03:34 On voit que les équipes passent comme ça des unes aux autres le flambeau.
03:39 Alors sur la santé environnementale, quelques points qui me sont apparus dans cette journée,
03:45 c'est que d'abord, enfin Denis, enfin, la santé environnementale s'impose comme une
03:52 évidence et ce n'était pas une évidence il y a encore 10 ans, il fallait batailler.
03:59 Alors cette évidence, la question c'est qu'est-ce qu'il faut en faire, c'est comment on l'apporte,
04:04 qu'est-ce qu'on en fait et ça sera le deuxième point tout à l'heure que je voudrais voir
04:09 dans les perspectives.
04:10 Et on voit que cette santé environnementale en fait s'inscrit comme un fil rouge de l'action
04:15 publique.
04:16 Le problème c'est que ce fil rouge, on a l'impression qu'il est un peu empointillé
04:21 et que ce n'est pas encore un fil rouge continu et que l'action des uns et des autres, et
04:26 on l'a vécu autour de l'habitat, puisqu'on a essayé de modifier la loi avant qu'elle
04:34 ne soit votée, on n'y est pas arrivé.
04:36 On voit qu'il y a des échecs encore à faire passer ce point que la santé environnementale
04:43 doit être un fil rouge de toutes les actions publiques et ne pas être comme ça empointillé
04:49 quand ça s'arrange.
04:51 On voit que toutes ces actions aussi ont porté leurs fruits puisque il y a effectivement,
04:59 et ça a été noté, une réduction des expositions, pas de toutes les expositions, mais des expositions.
05:07 Je pense qu'on peut penser qu'en termes d'évaluation, c'est quelque chose que le Haut Conseil peut
05:18 porter comme un point positif et il l'a fait dans ce rapport qu'il a adressé sur 15 ans
05:23 de politique dans ce domaine-là.
05:25 Alors la santé environnementale, on voit aussi que c'est une notion qui a évolué,
05:30 c'est une notion évolutive, elle a évolué sur 15 ans, elle a évolué sur trois plans.
05:35 Et il y a une chose qui commence à apparaître et qui n'est pas aussi évidente qu'il
05:42 nous paraît à nous, c'est que l'environnement est un déterminant de la santé.
05:46 Alors j'ai l'impression d'enfoncer une porte ouverte en disant ça, mais si seulement
05:51 c'était partagé par tout le monde, il me semble qu'un certain nombre d'actions
05:56 des uns et des autres seraient plus faciles.
05:58 C'est en effet un déterminant et on voit que ça même aboutit à la notion d'exposome,
06:06 Rémi Slama en a parlé, on voit que même cette notion, la faire passer comme un projet
06:12 de recherche prioritaire, c'est difficile et là encore on a eu un échec, j'espère
06:17 que le coup d'après, ça sera une victoire.
06:21 Alors effectivement, il reste à transformer politiquement ce fait-là, ce qui nous apparaît
06:28 comme évident, comment se fait-il que ce ne soit pas encore une évidence politique.
06:34 Et donc l'autre question qui a été posée dans cette journée, c'est en fait la question
06:39 de l'action publique dans ce domaine-là et l'efficacité de l'action publique.
06:43 Ce qu'on peut dire, me semble-t-il, et ce qu'on ressent à travers cette journée,
06:47 c'est qu'il y a une volonté.
06:48 Il y a eu une volonté pour faire 15 ans de politique, pour faire trois plans, ça veut
06:52 dire qu'il y a une volonté.
06:53 Alors après, est-ce qu'il y a la méthode ? Fransline, Denis, les uns, les autres, Fabien,
07:02 il y a beaucoup de critiques qui sont adressées à la puissance publique dans son action publique.
07:07 C'est certain qu'il y a probablement des efforts à faire en termes de méthode, mais
07:13 c'est de notre responsabilité parce que c'est nous qui devons amener la méthode.
07:17 Et on voit bien la réflexion autour des stratégies versus les plans, versus les plans d'action,
07:23 etc.
07:24 On voit que tout ça est encore confus et je pense que ce sera l'objet de ta mandature,
07:28 Didier, que de préciser effectivement cette imbrication de stratégie par rapport à des
07:34 plans, par rapport aux actions des uns et des autres.
07:37 On voit aussi que sur le plan méthodologique, ça a été dit dans la dernière table, on
07:41 ne peut pas mettre les acteurs en mesure de reproduire à chaque fois, de reconstruire
07:46 une méthodologie spécifique.
07:47 Là encore, c'est probablement de notre responsabilité que de fournir une méthodologie d'action
07:53 aux uns et aux autres.
07:55 Et on sait que les élus sont très demandeurs d'accès à l'expertise territoriale.
08:00 Donc je pense que c'est une partie de nos challenges à relever que de faire ça.
08:08 Et on le voit, ce point est important.
08:12 Alors, j'avais noté en gros sur mes fiches, et les inégalités.
08:17 Alors heureusement, Denis, tu en as parlé magnifiquement.
08:21 Je n'ai plus rien à dire une fois que tu parles de ça avec tous les exemples que tu
08:25 donnes.
08:26 Mais le Haut Conseil a porté depuis 15 ans la question des inégalités de santé, la
08:31 question des inégalités sociales et territoriales.
08:34 Et vraiment, je trouverais dommage que santé et environnement ne reprennent pas à son
08:39 compte la question des inégalités.
08:41 Tu en as parlé magnifiquement.
08:44 Je ne reviens pas là-dessus.
08:45 On sait à quel point les personnes les plus défavorisées sont sensibles à toutes ces
08:51 problématiques d'environnement.
08:52 Ta carte d'Île-de-France est à ce point extrêmement explicite.
08:57 Alors, comme perspective, et rassurez-vous, j'ai terminé.
09:01 Il me semble qu'il nous reste en fait.
09:02 On est au milieu du guet et en fait, il nous reste à convaincre.
09:06 Il nous reste à convaincre qu'améliorer la santé, c'est d'abord agir sur les déterminants
09:13 de la santé.
09:14 Certes, il y a les problèmes d'hôpital, certes, il y a le problème de soins, etc.
09:19 Mais si on veut vraiment agir massivement sur la santé d'une population, il faut agir
09:24 sur ces déterminants de la santé.
09:26 C'est ce qu'on avait proposé dans la Stratégie nationale de santé depuis 2017.
09:31 C'est à peu près fait, à peu près.
09:34 J'espère que la prochaine Stratégie nationale à laquelle réfléchit le Haut-Conseil,
09:39 puisque le Haut-Conseil a été chargé de faire le rapport préparatoire, redira à
09:44 quel point cette action sur les déterminants est impérative si l'on veut améliorer la
09:50 santé de nos concitoyens.
09:52 Certes, il existe des déterminants proximaux, mais les déterminants distaux et environnementaux
09:57 sont vraiment jouent un rôle majeur.
09:59 Il nous reste aussi, me semble-t-il, à persuader, et ça c'est compliqué avec les politiques
10:05 et on le voit dans les discussions, avec Didier on a un certain nombre de rencontres, moi
10:12 j'en ai eu, il en a d'autres, inscrire une stratégie dans le temps long est quelque
10:18 chose de compliqué pour un politique.
10:20 Et donc, il me semble que c'est notre rôle de dire, inscrivons-nous dans le temps long.
10:24 C'est quoi les objectifs à 10 ans ? C'est quoi les objectifs à 15 ans ? Comment atténuer
10:29 nous ces objectifs à 10 et 15 ans ? Et ça va être probablement un des enjeux à venir.
10:37 Il nous reste enfin, me semble-t-il, à convaincre que si une stratégie doit être nationale,
10:43 la mise en œuvre est territoriale.
10:44 Et on l'a vu tout à l'heure dans la dernière table ronde, c'est quelque chose qui n'est
10:49 pas simple, car entre décentralisation, déconcentration et Sarah Brimaud, je crois, en a parlé tout
10:55 à l'heure, le choix n'est pas simple.
10:59 Il faut que les acteurs se fassent confiance.
11:02 Et on voit bien quand on propose de l'action territoriale, la confiance des uns envers
11:08 les autres est quelque chose qui n'est pas simple à régler.
11:11 Un point aussi, me semble-t-il, où il reste à convaincre, c'est à quel point la participation
11:16 des citoyens est importante.
11:18 On l'a vu, il y a eu une convention citoyenne, c'est probablement un galop d'essais, si
11:25 je peux dire comme ça.
11:26 Il faut qu'on propose, c'est à nous probablement de le faire, de proposer des méthodes de
11:31 participation des citoyens à toutes ces questions de santé et environnement, car ils ont leur
11:36 mot à dire, bien évidemment.
11:38 Ils ont probablement des solutions à proposer et probablement que les associer, les faire
11:44 participer, leur faire partager les objectifs est quelque chose d'important.
11:49 Et puis, dernier point, il reste à convaincre.
11:52 Et alors là, pour l'instant, on a échoué, que la recherche est importante et qu'on ne
11:59 fera rien s'il n'y a pas un soutien massif à la recherche, c'est vrai dans le cadre
12:03 de l'environnement, plus largement dans le cadre de la santé publique.
12:06 Et quand on regarde par rapport à nos collègues étrangers à quel point le soutien à la
12:13 recherche est faible en France dans ces domaines-là, on se dit qu'il y a vraiment beaucoup de
12:17 chemin à parcourir.
12:18 Il faudra beaucoup de force de conviction.
12:19 En clair, c'est un beau challenge qui attend l'ensemble des professionnels et le Haut-Conseil.
12:25 C'est un challenge politique autant qu'un challenge technique et gageons qu'il sera
12:31 relevé dans les années qui viennent.
12:33 Merci beaucoup.
12:34 Merci beaucoup, Franck, pour cette synthèse et mots de conclusion.
12:44 J'avais quelques mots, mais très rapides.
12:47 Nous avons vécu aujourd'hui des débats excessivement riches autour des différentes
12:53 tables rondes qui montrent bien que ces PNSE successives s'inscrivent dans une dynamique
12:59 qui tient compte de l'évolution des connaissances, d'où la relation que tu viens de faire
13:05 avec la recherche pour fournir des données probantes et peut-être plus convaincre nos
13:10 décideurs, connaissance sur les effets de la santé, des risques liés à l'environnement
13:16 dans un contexte de dérèglement climatique majeur.
13:20 Et ces plans s'inscrivent aussi dans une vision.
13:23 C'est un peu un débat que l'on porte sur ce qu'on est en train d'écrire au
13:26 Conseil pour proposer une future SNS.
13:29 C'est une vision, c'est un futur, en tout cas, c'est une vision stratégique que
13:35 ce débat, incluant une approche One Health ou Global Health ou Health in All Policies.
13:44 Et puis j'avais un souhait, c'est que le séminaire qui s'est tenu aujourd'hui,
13:49 organisé par le Haut Conseil, soit précurseur de la journée annuelle santé-environnement
13:54 que vous appelez de vos vœux dans les recommandations.
13:59 Et puis pour terminer, je voulais vraiment remercier les porteurs de l'expertise du
14:04 Haut Conseil.
14:05 On est là devant en premier rang, Franceline Marano, également Daniel Blais, Fabien
14:15 Schinazi.
14:16 Je voulais remercier l'ensemble des intervenants pour la qualité de vos interventions.
14:21 C'est grâce à vous que ce séminaire a pu se tenir avec des débats de cette qualité.
14:29 Je voulais aussi remercier tous les délégués ministériels, tous les représentants, les
14:34 institutionnels.
14:35 Je veux remercier le maire de Montreux, ce matin, qui nous a fait l'honneur de faire
14:38 l'introduction de ce séminaire.
14:40 Je voulais également remercier le secrétariat général qui était en appui de l'organisation,
14:45 de la logistique de cette journée.
14:47 Et en particulier, remercier deux personnes du secrétariat général sans qui le séminaire
14:52 n'aurait pas pu se tenir.
14:53 C'est Myriam Salinj qui est ici présente et Swaziq Urban Budget Lab.
15:00 Merci infiniment pour votre discrétion et votre efficacité.
15:03 Merci à tous et je vous souhaite un bon retour.

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