Face à Rioufol (Émission du 28/05/2023)

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Ivan Rioufol et Véronique Jacquier passent en revue l’actualité de la semaine dans #FaceARioufol

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Transcript
00:00 Il est 20h et c'est parti pour Face à Riofol, cher Yvan, ravi de vous retrouver.
00:04 Moi aussi, cher Eliott.
00:06 Ça va Véronique ?
00:07 Très bien, bonsoir à tous.
00:08 Plaisir d'être avec vous, bonsoir cher Véronique.
00:10 Le point sur l'information avec Isabelle Piboulot et ensuite on commence Face à Riofol.
00:14 Alerte au centre dentaire des Hospices Civils de Lyon,
00:20 5000 patients sont appelés à se faire dépister du VIH et des hépatites B et C.
00:25 Un courrier leur a été envoyé suite à la découverte de négligence
00:29 entre le mois de mai dernier et décembre 2022.
00:32 Des manquements dans les procédures de stérilisation de certains instruments dentaires.
00:37 L'hôpital évoque des dépistages nécessaires par principe de précaution.
00:41 Garde à vue prolongée jusqu'à demain pour le suspect du triple homicide de Druve.
00:46 L'homme de 46 ans soupçonné d'avoir tué son ex-femme et leurs deux enfants, ni toute implication.
00:52 Il avait été interpellé hier dans les Yvelines avant d'être transféré au commissariat d'Orléans.
00:58 Il y est entendu par les enquêteurs de la police judiciaire sur des faits d'homicide volontaire aggravés.
01:04 L'Ukraine affirme avoir contré une importante attaque de drones russes.
01:09 58 engins sur 59 ont été abattus.
01:12 Des drones explosifs avaient été envoyés sur Kiev dans la nuit.
01:16 Au moins deux morts et trois blessés sont à déplorer.
01:19 De son côté, pour la Russie, les Occidentaux jouent avec le feu
01:23 après l'autorisation des États-Unis pour des livraisons futures d'avions de combat F-16 à l'Ukraine.
01:29 À la une de face à Riofol, il y a tout juste une semaine,
01:34 sur le service public était diffusé un reportage sur l'affaire de la petite Lola intitulé "La fabrique du mensonge".
01:40 Un débat visait ensuite à décrédibiliser toutes les personnes qui ont osé imaginer ce fait,
01:45 non pas comme un fait divers, mais un fait de société.
01:48 Placé à l'extrême droite de l'échiquier, sur fond de complotisme,
01:51 tous ceux qui ont eu le malheur de pointer les failles liées à cette tragédie.
01:55 Pourquoi vouloir imposer une idée ? Pourquoi refuser toute contradiction, toute question ?
02:00 On en parle dans un instant.
02:02 À la une également, les Républicains entendent renverser la table en matière migratoire.
02:06 Il faut que le droit français prime et que la politique migratoire française
02:10 ne soit plus freinée par Bruxelles et la CEDH.
02:13 Une révolution idéologique et peut-être une victoire pour les souverainistes ?
02:16 Élément de réponse dans cette émission.
02:19 Cher Yvan, vous recevez ce dimanche Éric Sadin, philosophe, spécialiste des techniques numériques,
02:24 l'intelligence artificielle au cœur de votre entretien.
02:27 Le monde va-t-il changer l'homme ? Avec un grand H est-il en danger ?
02:32 Voilà le programme de Face à Rioufol.
02:35 C'est parti. Cher Yvan, on va commencer avec cette question.
02:38 Le complotisme est-il une menace pour la démocratie ?
02:41 Vous souhaitez revenir sur une émission anticomplotiste
02:44 diffusée dimanche dernier sur la chaîne publique France 5
02:47 à propos de l'affaire Lola. Pourquoi vous vouliez-vous parler de cette affaire ?
02:51 Je vais vous faire un aveu, mais la malhonnêteté intellectuelle des donneurs de leçons
02:54 commence à me ripeler au plus haut point.
02:57 Et là, j'observe que la gauche, qui perd pied, ne sait plus convaincre,
03:02 sinon en ajoutant des propagandes, en l'occurrence une propagande immigrationniste
03:07 avec des gros sabots qui devient vraiment insultante, ne serait-ce que pour l'intelligence.
03:12 Alors, en deux mots, cette émission était de revenir sur le meurtre atroce
03:16 le 14 octobre 2022 à Paris de la jeune de la petite Lola,
03:22 qui avait été assassinée et dépecée par une jeune algérienne
03:25 qui était soumise à une OQTF, une obligation de quitter le territoire,
03:28 qu'elle n'avait donc pas respectée.
03:30 Et tout le débat était de savoir que si cette obligation avait été respectée,
03:34 avait été appliquée par le pouvoir, naturellement, la petite Lola serait en vie,
03:39 puisque sa meurtrière serait repartie en Algérie.
03:42 Ça, c'était le contexte. Et la chaîne a voulu décortiquer ceci
03:46 dans une sorte de mélange des genres absolument insupportable, dans le fond,
03:51 et qui m'a fait m'insupporter non pas tant du militantisme
03:57 et de la prise de position idéologique de cette émission,
04:01 que de son imposture morale.
04:04 L'émission s'appelait "La fabrique d'un mensonge".
04:07 Or, dans cette émission-là, il n'était question que de fabriquer soi-même un mensonge
04:11 en reprochant aux autres très précisément ce que les journalistes de plateau
04:16 voulaient dénoncer, c'est-à-dire une instrumentalisation, une idéologie,
04:20 une falsification des faits, etc.
04:22 Le deuxième aspect qui m'a paru absolument insupportable à entendre
04:27 était que cette émission qui se voulait anticomplotiste
04:30 a fait en sorte d'être le summum du complotisme,
04:34 dans la mesure où cette émission a fait voir qu'elle sentait l'extrême droite
04:39 être partout autour d'elle, et que le grand complot extrémiste de droite
04:43 était celui qui voulait précisément falsifier les vérités.
04:47 Et puis, elle a voulu relater des faits, et en l'occurrence,
04:51 elle n'a fait qu'aggraver ce que j'ai appelé le dénégationnisme,
04:55 c'est-à-dire la négation des faits, le refus des faits, le refus des réalités,
04:58 quand cette réalité contrarie dans le fond le discours officiel,
05:03 c'est inguièrement quand il s'agit de louer les bienfaits de l'immigration,
05:07 et c'était le sujet. Et donc, je trouve que c'est...
05:10 il a été très intéressant de voir que cette fabrique d'un mensonge
05:14 a bien illustré la panique qui gagne la gauche,
05:17 qui ne sait plus imposer ses grilles de lecture, sinon en falsifiant des réalités.
05:21 Le biais idéologique, naturellement, il est évident,
05:24 il était de disqualifier l'émotion très singulière et nationale
05:29 qui avait suscité ce fait d'hiver, et à écouter les argumentaires
05:37 du journaliste et de ceux qui l'accompagnaient sur le plateau,
05:41 il aurait fallu taire l'origine et la situation de la meurtrière,
05:45 il aurait fallu taire le lien entre l'insécurité et l'immigration,
05:49 et il aurait fallu taire le laxisme d'État qui n'applique pas ces OQTF,
05:53 alors que le président de la République avait dit qu'il imposerait des OQTF
05:57 qui seraient appliqués à 100%, on l'oublie trop fréquemment.
06:01 Et dans cette émission, malgré tout, insupportable,
06:05 naturellement, est à revoir pour ceux que cela intéresse
06:08 et qui voudraient se faire mal, parce qu'elle illustre assez bien
06:11 l'illustration d'une chaîne publique par un militantisme de gauche,
06:16 par ce camp du bien, par le militantisme médiatique de gauche,
06:20 par ce camp du bien qui applique, comme je l'ai dit,
06:23 les mécanismes de la désinformation et de la censure sur des faits de société.
06:27 Et il est à voir également, parce que l'accusé n'était pas, dans le fond,
06:31 cette jeune femme immigrée, clandestine, mais l'accusé a été la "fachosphère",
06:38 c'est-à-dire que l'accusé a été ceux qui, précisément, ont levé les voiles
06:41 pour tenter de creuser cette affaire.
06:43 Et la fachosphère a été accusée avec son armée numérique d'extrême droite,
06:47 ça ce sont les guillemets du présentateur, M. Karim Rissouli,
06:53 c'est une armée d'extrême droite qui aurait artificiellement monté
06:57 cette affaire comme des charognards.
06:59 Le mot de charognard revient maintenant très précisément,
07:01 très systématiquement, j'ai remarqué cela dans les commentaires médiatiques,
07:05 dans le commentaire des confrères, quand il s'agit de vouloir déboulonner,
07:09 quand il s'agit de vouloir s'opposer à un discours alternatif.
07:12 Et dans ce cas-là, ceux qui sont prétendument récupérateurs d'affaires,
07:16 de faits divers, sont qualifiés de charognards, naturellement,
07:19 les charognards n'étant pas ceux qui récupèrent l'affaire de George Floyd
07:22 ou les autres, bien entendu, avec toujours ce deux poids deux mesures.
07:26 On a entendu également, dans cette série de dénégation des faits,
07:30 M. Dupond-Moretti se justifier sur l'OQTF non appliqué,
07:34 en disant, et le disant fièrement, qu'il y a des OQTF que personne
07:39 ne peut exécuter, en contradiction avec ce que Macron disait.
07:42 Bref, pour le journaliste de France 5, la fachosphère était bien,
07:48 en effet, ce ramassis de complotistes qui, par amalgame, faisaient en sorte
07:55 également d'avoir suscité cette fausse nouvelle de dire que des jeunes filles
07:59 étaient tuées par des trafiquants d'organes, ce qui était une divagation totale,
08:03 mais qui s'est rajoutée à une autre accusation en divagation,
08:07 en disant que la théorie complotiste du grand remplacement n'existait pas
08:12 et qu'il n'y avait aucune subversion migratoire à venir.
08:15 Tout ça est faisant partie du dénégationnisme dont je vous parlais
08:18 et qui entache aujourd'hui très systématiquement ce militantisme
08:21 journalistique quand il s'agit d'imposer une lecture unique,
08:25 dans le fond, une grille de lecture unique, une pensée unique,
08:28 qui répond aux fondamentaux idéologiques de la gauche,
08:31 puisque c'est d'elle dont on parle, qui est construite sur l'antiracisme,
08:34 l'apaisement et l'occultation des réalités dérangeantes.
08:37 Il y a un véritable travers totalitaire dans ce militantisme des épurateurs ethniques.
08:42 Où voyez-vous ce travers totalitaire, Adrian ?
08:45 Je vois ce travers totalitaire dans la négation des réalités,
08:48 je le vois dans la relégation des opposants,
08:51 je le revois dans cette prétention à représenter le bien,
08:54 mais je le vois surtout dans cette volonté d'imposer un monopole idéologique
08:59 au cœur même du service public, encore une fois, de l'audiovisuel.
09:02 L'audiovisuel est financé par chacun d'entre nous,
09:05 et il est tout à fait anormal de voir que les contradicteurs,
09:08 maintenant, sont rélégués à des rangs de complotistes ou d'éléments nauséabonds,
09:13 et ceci revient, dans le fond, à cautionner une sorte de terrorisme intellectuel.
09:18 À les entendre, la fachosphère, aujourd'hui, serait une sorte de petit goulag,
09:23 où tous les démocrates qui seraient dissidents du discours officiel,
09:29 ils seraient mêlés à d'authentiques fachos,
09:32 c'est-à-dire que l'amalgame est tellement facile, aujourd'hui,
09:35 que vous mettez dans cette fachosphère aussi bien des intellectuels
09:40 qui refusent de plier les chines que, naturellement,
09:43 que des petits fascistes de bas étage.
09:45 Et ceci marche, mais ceci est une pratique qui laisse voir cette dérive totalitaire,
09:52 qui est une dérive qui est cautionnée par une oligarchie,
09:55 une pensée unique et une incapacité à débattre,
09:57 autrement que dans l'injure.
09:59 Et si l'URSS avait inventé la psychiatrie punitive,
10:03 pour mettre en réserve tous ceux qui s'opposaient à elle,
10:08 cette petite fachosphère-là, enfin ce petit totalitarisme-là,
10:13 ce totalitarisme qui vient, qui s'impose subrepticement,
10:17 est en train d'inventer, lui, la psychologie punitive.
10:20 Et j'en veux pour preuve un article qui est paru dans le Figaro lundi.
10:25 En général, le Figaro fait paraître des articles qui sont toujours équilibrés.
10:28 Là, je n'ai pas bien compris quel était l'objectif poursuivi
10:31 par mon excellent confrère, qui a fait paraître, sans recul,
10:34 un papier qui s'appelle "Quand le complotisme s'invite dans la famille"
10:37 et qui reproduisait l'amalgame que je vous dénonçais,
10:40 mettant en scène, sur le même plan, ceux qui croient que la Terre est plate,
10:44 il paraît qu'il y en a, et ceux qui doutent de l'entière responsabilité humaine
10:48 dans le réchauffement climatique, ce qui est encore permis.
10:50 Mais tout ceci formait pour cet article-là un amalgame complotiste.
10:56 Et l'article était appuyé, dans le fond, sur un livre
11:00 qui s'appelle "Mon frère est complotiste".
11:02 Et on lit dans un de ses paragraphes de ce livre
11:05 "Comment s'y prendre lorsqu'un parent, un frère ou un enfant
11:08 bascule dans une lecture alternative de la crise sanitaire
11:12 où on vient à remettre en cause une vérité historique ou scientifique ?
11:16 En clair, comment s'en prendre devant un esprit critique ?
11:19 Et comment s'en prendre devant un esprit critique ?
11:21 Le Figaro donnait la réponse.
11:23 Il faut parler à cet esprit critique comme à un malade psychiatrique,
11:27 mais comme à un malade tout court, comme à un malade qui...
11:31 Et là, je cite, "Plutôt que de contre-argumenter ou de vous laisser aller au sarcasme,
11:35 essayez plutôt de faire preuve d'empathie avec ce pauvre bourgre
11:39 qui pense en effet qu'il peut penser par lui-même,
11:42 et c'est ainsi que cette contagion anticomplotiste est devenue complotiste."
11:47 Mais le problème, c'est que c'est la liberté d'expression qui est aujourd'hui bafouée.
11:51 - Rémi Nidjaki, comment se fait-il qu'on n'ait pas beaucoup parlé de ce sujet-là,
11:57 de ce reportage, du débat, du fait qu'on ait pu pointer comme ça
12:02 l'extrême droite, les complots sur l'affaire Lola et sur ce reportage ?
12:07 - On n'en a peut-être pas beaucoup parlé parce que si nous nous en parlons,
12:11 nous allons nous accuser de surenchère dans l'anticomplotisme.
12:16 Après, on se penche quand même sur une fabrique du mensonge,
12:22 parce que c'est ainsi que s'appelle l'émission,
12:25 et que eux vont évidemment défendre leur façon de faire du journalisme.
12:29 Nous, nous disons qu'on peut la faire autrement,
12:32 c'est-à-dire en essayant d'être dans une vérité qui se confronte aux faits.
12:37 Et c'est bien là le malheur, c'est qu'il y a des faits,
12:40 et que tout un chacun de droite, de gauche, journaliste à CNews,
12:44 journaliste à France 5, devrait dire aux politiques,
12:47 "Rendez-nous des comptes parce qu'il y a eu la mort de cette petite Lola,
12:51 et qu'elle ne peut pas rester impunie."
12:53 Il y a une faillite politique, il y a une faillite morale,
12:56 parce qu'effectivement ce crime aurait pu être empêché
12:59 si une politique sérieuse en matière d'immigration était respectée.
13:05 Donc voilà, il y a quand même des comptes à rendre.
13:07 Donc je m'inscris dans ce que dit Yvan, à savoir que,
13:10 ben oui finalement, il y a une relecture totalitaire des faits,
13:15 de la part d'anticomplotistes qui fabriquent du complot,
13:19 mais ce complot ne viendrait que de l'extrême droite.
13:21 Alors pour démonter finalement cette fabrique du mensonge aussi,
13:24 dans le militantisme journalistique,
13:26 on peut voir quand même que, on a réfuté toutes les indignations,
13:31 toutes les questions qui se posaient quant à ce sordide crime de la petite Lola.
13:35 Mais en revanche, quand il a été question de cette terrible affaire
13:40 concernant George Floyd aux Etats-Unis,
13:42 là on a vu une presse de gauche, et on a vu aussi des politiques de gauche,
13:48 s'empresser d'être indignées et s'empresser de poser les bonnes questions,
13:51 toujours les bonnes questions d'ailleurs, d'après eux,
13:53 qui sont celles de la lutte contre le racisme.
13:56 Quant à l'affaire Lola, quand on peut évoquer le climat,
14:00 que ce soit du militantisme journalistique,
14:02 ou même pourquoi pas du militantisme politique,
14:04 on peut aussi penser à François Hollande,
14:06 qui a dit que cette récupération concernant une espèce de fachosphère
14:12 était proprement indécente, quand lui-même, souvenez-vous,
14:15 quand même s'était rendu au chevet du fameux Théo,
14:18 et que c'était un président qui ne s'est jamais rendu au chevet de policiers,
14:23 par exemple, qui avaient été brûlés à Viry-Châtillon.
14:28 Voilà, donc on a quand même en permanence ce deux poids deux mesures,
14:31 qui forcément induit, mettez-vous à la place de nos compatriotes,
14:35 qui induit une montée du complotisme,
14:38 puisqu'on sait qu'il y a des journalistes qui n'oeuvrent pas pour la vérité,
14:43 qui n'oeuvrent pas en tout cas pour montrer le factuel tel qu'il est.
14:47 Or nos concitoyens ont envie, évidemment,
14:50 qu'on leur rende compte d'une façon la plus honnête possible.
14:52 Pour corroborer cette illustration justement sur la montée du complotisme,
14:58 telle que l'a bien développée Yvan,
15:00 si effectivement on reprend la période du Covid,
15:03 on se rend bien compte que là aussi, il y a eu une lecture totalitaire,
15:06 puisqu'on nous a présenté un danger surdimensionné,
15:10 et dans l'esprit de nos concitoyens, c'était quoi ?
15:12 Pourquoi est-ce qu'on grossit finalement le danger ?
15:15 Sans doute pour restreindre les libertés individuelles.
15:18 Donc effectivement, la petite machine du complot s'est mise en route à partir de ce moment-là.
15:23 Voilà, donc la liberté de conscience, quand elle est bafouée,
15:28 induit forcément, d'après moi, du complotisme.
15:31 Et c'est cette liberté de conscience aussi, finalement,
15:33 qui a bafoué les journalistes militants de France 5,
15:38 en faisant passer tous les gens qui n'étaient pas d'accord avec eux,
15:41 pour des gros complotistes.
15:43 Vous parliez de George Floyd, l'affaire George Floyd,
15:46 c'est à des milliers de kilomètres de chez nous,
15:48 et certains intellectuels journalistes ont voulu calquer l'affaire George Floyd
15:52 sur la situation en France.
15:54 Elle a été récupérée immédiatement par toute une partie de la gauche,
15:57 qui a voulu y voir, naturellement, à travers ce crime raciste,
16:00 un racisme également qui aurait pu s'appliquer à l'attitude de la police française.
16:04 Et là, eux avaient le droit de faire de la récupération,
16:06 eux avaient le droit de poser les bonnes questions,
16:08 mais dans l'autre sens, on n'a pas le droit.
16:09 Vous revenez souvent, cher Yvan, sur ces risques
16:11 qui menaceraient la liberté d'expression ?
16:14 Ah oui, parce que là, c'est un sujet qui découle, malgré tout,
16:18 de cet enfermement intellectuel-là,
16:20 de ce totalitarisme de la pensée qui s'applique maintenant par une partie de la presse,
16:24 parce que ces atteintes à la liberté d'expression se multiplient,
16:27 elles se multiplient dans l'indifférence quasi-générale.
16:30 Et s'il y a vraiment une crise de la civilisation,
16:32 une décivilisation, pour reprendre le terme du président de la République,
16:36 je pense qu'elle s'applique d'abord au peu d'intérêt que l'on porte aujourd'hui
16:40 au maintien des grands principes,
16:43 qui me tiennent vraiment à cœur, des grands principes de la civilisation.
16:45 Il y a 15 jours, ici même, nous avions évoqué le sort de Florence Bergeau,
16:51 Blackley, cette ethnologue qui avait vu sa conférence être suspendue à la Sorbonne
16:57 parce qu'elle y abordait le problème de l'islamisme,
17:00 il n'y a pas eu énormément de réaction, en tout cas pour la soutenir.
17:04 J'ai entendu ensuite, cette semaine, sur Europe 1,
17:08 la sœur de Samuel Paty accuser elle-même l'inaction, je la cite,
17:14 l'inaction des hommes dits de bien, dont elle l'accuse d'avoir accusé son frère.
17:20 On avait déjà évoqué ce sujet, mais cela montre quelle est la panique extrême
17:23 qui s'empare aujourd'hui de tous ces donneurs de leçons,
17:25 dès qu'il s'agit d'affronter un nouveau totalitarisme.
17:27 Je parle là du totalitarisme islamiste.
17:30 Dimanche dernier, il y a eu un colloque organisé par l'Institut Iliade
17:38 sur la mémoire de l'historien Dominique Vénère,
17:41 qui s'était suicidé il y a dix ans au cœur de Notre-Dame de Paris
17:44 pour protester précisément contre l'effondrement de la civilisation occidentale
17:49 et singulièrement de la civilisation française.
17:51 Et ce colloque tout à fait anodin a été interdit par le ministre de l'Intérieur
17:56 en vertu des dispositions qu'il avait prises précédemment
17:58 pour interdire des manifestations et d'autres réunions,
18:01 interdit au prétexte que des propos pourraient y être tenus,
18:05 c'est-à-dire sans savoir naturellement quels propos pourraient y être tenus,
18:08 mais simplement en précaution de propos qui pourraient y être tenus,
18:11 alors que partout ailleurs, vous avez un déversoir d'insanité en France.
18:15 Mais là, il fallait absolument éteindre la mémoire de cet historien
18:18 dont on pouvait penser ce que l'on voulait,
18:19 mais qu'en tout cas ce colloque était tout à fait légitime.
18:22 Le magazine Causeur de notre consoeur Elisabeth Lévy, que l'on connaît bien ici,
18:27 est aujourd'hui la cible également de censure,
18:29 puisque l'organisme Sleeping Gents est en train d'influencer les annonceurs
18:34 afin que ces annonceurs ne viennent pas soutenir ce magazine,
18:38 en tout cas dans les publicités sur son site Internet, si j'ai bien compris.
18:41 Et un magazine sans publicité est un magazine qui s'effondre,
18:44 et donc c'est un magazine que l'on fait taire.
18:46 Je ne parle pas naturellement de tous les flots d'injures que reçoit CNews,
18:50 maintenant l'inventaire en devient presque risible.
18:53 Dernièrement, c'était Louis Plenel qui a traité la chaîne d'être une chaîne de guerre civile, notamment.
19:00 Et donc ce que l'on voit, c'est que toute cette gauche qui se mobilise maintenant
19:05 de manière très maladroite, y compris par des falsifications de reportages,
19:08 est une gauche qui s'affole de perdre la maîtrise du récit officiel,
19:13 qui s'affole de voir son magistère ébranlé, non pas tellement ébranlé par la droite,
19:19 mais ébranlé par la réalité des faits eux-mêmes.
19:21 C'est-à-dire qu'encore une fois, je reviens sur ma révolution du réel,
19:24 c'est la révolution du réel qui fait le boulot elle-même, ce n'est même pas la droite qui a à se mobiliser,
19:29 c'est que ce sont les évidences des faits qui montrent aujourd'hui
19:32 où sont les mensonges, où sont les menteurs, où sont les falsificateurs.
19:35 Et ce qui est amusant à voir, c'est que quand la gauche se précipite
19:41 pour dénoncer par exemple cette récupération de l'affaire Lolla,
19:46 elle s'est précipitée elle-même toute cette semaine à Saint-Brévin
19:49 pour protester contre cet attentat insensé qui avait été commis contre le maire de cette commune
19:57 parce qu'il voulait imposer un centre d'accueil pour des immigrés auprès d'une école.
20:02 Autre thématique, vous voulez revenir sur les souverainistes et la question
20:06 est-ce qu'ils ont gagné la bataille des idées, la proposition des républicains
20:10 d'affirmer sur l'immigration la primauté des lois nationales sur les lois européennes
20:14 et vue par certains macronistes comme l'amorce d'un Frexit,
20:18 c'est-à-dire d'une distance prise avec l'Union Européenne.
20:21 Est-ce que vous partagez cette lecture ?
20:23 On peut dire qu'il y a effectivement un Frexit migratoire,
20:26 mais ça ne peut pas aller plus loin.
20:27 Mais oui, un Frexit migratoire, pourquoi pas dans le fond ce terme.
20:30 Mais de toute façon, les républicains, en l'occurrence, ont mis le doigt
20:33 sur un véritable problème.
20:34 Ils ont parfaitement raison de réclamer une souveraineté de la France
20:38 qui avait eu la vie de ses lois par rapport aux lois européennes.
20:41 Et Michel Barnier, d'ailleurs, pendant la campagne présidentielle,
20:44 qui est un Européen convaincu, avait défendu cette idée d'un bouclier constitutionnel.
20:49 Je ne sais plus quelle était son expression.
20:51 Donc cela montre en tout cas une chose, c'est que le souverainisme national,
20:57 le réveil des peuples, le réveil des nations, le réveil même des religions
21:01 est quelque chose qui s'affirme.
21:02 Par exemple, il est tout à fait surprenant de voir avec quel enthousiasme
21:06 les jeunes aujourd'hui participent encore aujourd'hui même à ce pèlerinage de Chartres,
21:10 je crois qu'ils sont 16 000, avec une moyenne d'âge de 20 ans.
21:13 Et donc on se rend compte que tout ce que l'on croyait enterré,
21:15 tout ce que l'on croyait annihilé, se réveille sous la force,
21:18 sous la pression des évidences.
21:20 C'est-à-dire que les gens, naturellement, sont attachés à leurs racines.
21:23 Et donc cette tendance est une tendance générale qui va s'affirmer tout à l'heure
21:27 quand on aura les résultats de l'élection en Turquie,
21:29 où a priori Erdogan va gagner.
21:31 Erdogan affiche un bilan économique et social catastrophique.
21:37 Normalement, toute la logique voudrait qu'il perde cette élection.
21:41 Or, il risque de la gagner parce qu'il a mis tout son combat précisément
21:45 sur la défense de son...
21:46 - Il a remporté les élections.
21:48 - Voilà.
21:49 Donc il a mis tout son combat sur la défense de l'identité kurde,
21:54 qu'il a bien raison, de la religion musulmane en Turquie, il a bien raison,
22:00 pourvu qu'il ne veuille pas l'imposer chez nous.
22:03 Et donc, voyez bien que...
22:04 Et partout en Europe, vous vous rendez compte que le réveil souverainiste
22:09 est en train de faire ta juille.
22:10 Alors, il est en Grèce, il est en Finlande, il est en Suède, au Danemark.
22:14 Nous en avons déjà parlé, tout le monde s'y précipite
22:16 pour voir comment le Danemark, qui est social-démocrate,
22:18 arrive à maîtriser une politique pour préserver sa souveraineté
22:22 et surtout pour préserver son état-providence.
22:24 Le souverainisme redécouvre également à travers l'Ukraine ce qu'est un pays
22:29 qui se découvre dans ses frontières et dans sa fierté nationaliste,
22:32 avec des contradictions sur lesquelles je n'aurais pas le temps de revenir
22:35 sur ceux qui prônent en même temps une identité supranationale.
22:40 Bref, vous voyez bien que le souverainisme aujourd'hui est une idée qui gagne.
22:43 Souverainiste, 30 ans de combat pour les souverainistes.
22:46 Est-ce que le combat est gagné, en quelque sorte ?
22:48 Ah non, le combat est loin d'être gagné, parce que là, on parle de souveraineté migratoire.
22:52 Mais par exemple, le Danemark a gagné la partie dès 1992,
22:56 lors du traité de Maastricht, parce qu'ils avaient au départ rejeté le traité.
23:00 Puis ils ont dit "Ok, on le valide, mais à nos conditions".
23:05 Donc ils peuvent un petit peu gérer leur politique migratoire.
23:09 Ils ont plus les coups des franges pour le faire.
23:11 Nous, on est quand même pieds et poings liés, notamment sur le regroupement familial,
23:14 notamment sur la question de casser les ghettos.
23:16 Donc la souveraineté en France, ce n'est pas pour demain.
23:19 C'est loin d'être réglé.
23:20 On pourrait le faire, cela dit, parce que le peuple, normalement, est souverain.
23:24 Mais ça, on l'oublie trop souvent.
23:26 Donc on pourrait peut-être le faire.
23:27 On pourrait au moins gagner des points sur cette partie-là, par la voie référendaire.
23:31 En tout cas, c'est une bonne chose de voir que le mot revient à la mode.
23:34 Souveraineté migratoire, souveraineté alimentaire, souveraineté énergétique.
23:38 Même en matière de santé, on parle de souveraineté quand il est question
23:41 de faire revenir chez nous la fabrication des médicaments.
23:43 Donc on verra plus tard.
23:44 En 30 secondes, Yvan Réaufold, la gauche française peut-elle se joindre
23:47 à cette tendance souverainiste ?
23:49 Ça me parait mal parti pour elle, parce que ce n'est pas son terrain.
23:51 J'avais proposé comme dichotomie les enracinés et les déracinés.
23:54 Ce sont les enracinés qui, pour l'instant, écrivent l'histoire, je pense l'avoir déjà dit.
23:58 En tout cas, la gauche, qui est plutôt une gauche déracinée, c'est-à-dire une gauche
24:01 qui est ouverte à l'universalisme, qui est ouverte au vivre ensemble,
24:04 à la société ouverte, n'arrive pas à prendre la mesure, effectivement,
24:08 de ce mouvement réactif, sinon pour accepter, effectivement,
24:11 lors du Festival de Cannes, les bienfaits de l'exception culturelle,
24:15 qui n'est qu'une priorité nationale accordée aux artistes.
24:18 Mais ceci, la gauche ne creuse pas trop cette contradiction.
24:21 Donc, on voit que la gauche, aujourd'hui, se trompe de terrain
24:23 et essaye encore de flatter à nouveau d'idéologies écologistes,
24:26 avec des aberrations qu'on a pu entendre cette semaine, par exemple,
24:29 en disant que, dans le fond, il y avait deux facteurs dans le réchauffement climatique,
24:33 c'était le paix des vaches et les millionnaires.
24:35 C'est-à-dire que c'est très exactement ce qu'on a entendu,
24:38 puisque l'on a vu que la Cour des comptes proposait de réduire le cheptel bovin
24:43 et que vous avez le rapport Pisaniferi qui, lui, pousse à des fiscalités
24:47 contre les plus riches.
24:48 Donc, on est dans cette aberration-là.
24:50 On a suivi les écologistes, déjà, pour saccager le parc nucléaire.
24:53 On va les suivre, maintenant, pour, effectivement,
24:55 ces mesures complètement ahurissantes.
24:57 Et l'on en oublie quelles sont les priorités.
24:59 Et les priorités sont bien plus graves et bien plus prégnantes
25:03 que celles des écologistes.
25:05 La publicité, on revient dans un instant.
25:07 Vous recevez le philosophe spécialiste des techniques numériques,
25:09 Éric Sadin, dans un instant.
25:11 On reste avec nous pour la deuxième partie de Face à RioFone.
25:15 20h30 sur CNews, le point sur l'information, Isabelle Piboulot.
25:20 Elisabeth Borne s'attire les foudres du RN et de LFI.
25:26 Dans un entretien à Radio-Gym, la Première ministre a qualifié
25:30 le Rassemblement national d'héritier de Pétain,
25:33 accusant par ailleurs la France insoumise de faire le jeu de l'extrême droite
25:37 et de concourir à la montée de la violence.
25:39 Marine Le Pen a dénoncé sur Twitter des propos infâmes, indignes
25:43 et inacceptables. Côté LFI, Alexis Corbière a épinglé une attitude pitoyable.
25:48 Dans l'attente de son procès pour violence conjugale mardi,
25:52 Mohamed Aouas a été placé en détention provisoire.
25:56 Le pilier du 15 de France sera jugé en comparution immédiate.
26:00 Il sera entendu à 13h30 devant le tribunal correctionnel de Montpellier.
26:04 L'international de rugby de 29 ans encoure une peine maximale
26:08 de trois ans de détention.
26:11 Et puis l'euphorie en Turquie. Recep Tayyip Erdogan revendique la victoire
26:15 au second tour de l'élection présidentielle, qui le laisse maître de son pays
26:19 pour cinq ans supplémentaires. Au pouvoir depuis 20 ans,
26:22 le président turc affirme que chaque élection est une renaissance.
26:26 Après des comptes d'environ 99% des voix, le chef de l'État a obtenu 52,1% des suffrages.
26:33 18.
26:35 Voilà pour le Poids sur l'information. Nous sommes toujours avec Yvan, bien sûr,
26:38 avec Véronique et nous retrouvons sur le plateau Éric Sadin.
26:41 Merci d'être avec nous. Bonsoir. Vous êtes philosophe, spécialiste
26:44 des techniques numériques. Vous avez écrit l'intelligence artificielle
26:47 où l'enjeu du siècle est en octobre prochain, vous allez publier
26:52 La Vie, spectacle, pensez l'ère du métavers.
26:55 Spectral.
26:56 Spectral, pardonnez-moi. Pensez l'ère du métavers et des IA génératives.
27:02 Yvan Ibrioufol, pourquoi avoir invité Éric Sadin ?
27:05 J'ai un faible pour les lanceurs d'alerte et Éric Sadin est un lanceur d'alerte.
27:09 C'est-à-dire que tout le monde applaudit à l'intelligence artificielle
27:11 parce que c'est un progrès et Éric Sadin, qui connaît bien la question,
27:14 nous dit que c'est quand même beaucoup plus compliqué que cela
27:17 et que, c'est moi qui le dis, la décivilisation que l'on voit apparaître
27:22 pourrait être également aggravée par cette manière qu'aurait l'homme
27:27 de s'effacer face à la machine. Mais avant de rentrer dans le fond du débat,
27:31 est-ce que vous pourriez nous définir ce qu'est l'intelligence artificielle
27:36 et ce qu'est CHAP-GPT ?
27:38 Vous faites bien de me poser la question parce qu'il y a beaucoup de confusion
27:41 depuis l'avènement de CHAP-GPT il y a six mois.
27:44 Maintenant, on entend des gens parler de tout cela
27:47 sans que les effets de connaissances très approfondis
27:50 et on est dans une sorte d'opiniologisme à ce sujet.
27:53 Alors je vais vous dire les choses très précisément
27:56 et de la façon la plus pédagogique, vous donner une définition de ce qui se passe.
27:59 C'est que nous vivons un changement de statut des technologies numériques
28:05 qui ne sont plus seulement comme elles le sont, elles l'étaient
28:09 et elles continuent de l'être depuis plusieurs décennies,
28:12 destinées à la collecte de l'information, au stockage, à l'indexation,
28:19 c'est-à-dire de taper un mot-clé à diverses fins et d'avoir des corpus en rapport,
28:23 et à la manipulation à diverses fins de l'information.
28:27 C'est ce qu'on a appelé les technologies numériques jusqu'au tournant des années 2010.
28:31 Quand je dis manipulation à diverses fins de l'information,
28:34 ça peut être pour un compte bancaire, des entreprises,
28:37 ou nous-mêmes d'aller nous connecter au New York Times ou au journal Le Monde.
28:41 Depuis le tournant des années 2010, nous vivons ce que j'appelle
28:46 le tournant injonctif de la technologie, c'est-à-dire que des systèmes
28:51 d'intelligence artificielle sont dotés de la très troublante capacité
28:56 d'expertiser de plus en plus en temps réel les situations de tous ordres,
28:59 par exemple l'état du trafic, et de recommander en recours des gestes à entreprendre.
29:05 Par exemple sur Waze, vous voyez l'état du trafic, des choses que vous ne savez pas,
29:09 les systèmes expertisent, c'est ça l'intelligence artificielle,
29:12 on l'oublie, c'est-à-dire une puissance d'expertise et de recommandation,
29:15 ou alors qui expertise le niveau de candidats par des chatbots,
29:19 des candidats pour un emploi, une annonce, et qui dialoguent.
29:23 C'est-à-dire qu'elle vient supplanter une initiative privée.
29:26 En tous les cas, qui évalue des situations et qui nous recommande.
29:30 Donc là, c'est ce que j'ai appelé le tournant injonctif des technologies.
29:33 Et ça, c'est dangereux ?
29:35 C'est que ça organise une pression continuelle sur la décision humaine,
29:39 principalement à deux fins, ce que j'ai appelé la marchandisation intégrale de nos vies,
29:43 c'est-à-dire des systèmes continuellement, par exemple via des enceintes connectées,
29:46 via des notifications, nous connaissent de plus en plus précisément, profondément,
29:50 et nous conseillent, nous envoient des signaux continuellement
29:53 en vue d'engager telle action plutôt qu'à telle autre.
29:56 Et puis ça entraîne ce qu'on peut appeler une organisation
29:59 de plus en plus algorithmique, hygiéniste de la société.
30:02 Et depuis maintenant six mois, nous vivons un deuxième ère de l'intelligence artificielle,
30:07 un nouvel âge, encore plus troublant, qui est celui des IA dites génératives,
30:13 qui sont dotées de la très troublant dans l'histoire de l'humanité.
30:17 C'est-à-dire que tout ça ferait presque partie de l'ordre naturel des choses,
30:21 très troublante, d'être doté de la faculté de l'énonciation, de la parole,
30:26 et de créer de la représentation, c'est-à-dire à terme,
30:29 de nous démettre de nos facultés les plus fondamentales.
30:32 Et donc au bout du compte, c'est l'homme qui risque de s'effacer devant la machine ?
30:36 Surtout, je pense que quand nous parlons d'intelligence artificielle
30:40 et tous ces développements intellectuels logiques,
30:42 nous les tenons comme des phénomènes quasi-naturels.
30:45 Il y a une naturalisation des développements technologiques,
30:48 or ils ne dépendent que de l'industrie.
30:53 C'est-à-dire tout ce qui a une influence phénoménale sur nos existences,
30:57 toujours plus approfondie, sur des pans toujours plus divers
31:01 de nos existences individuelles et collectives,
31:03 ne dépend que d'un ensemble de forces qui défendent leur intérêt,
31:08 c'est-à-dire l'industrie du numérique, qui développe des dites innovations
31:12 en vue de répondre à des selles visées de profit.
31:15 Et qu'est-ce qui se passe ?
31:16 C'est que la société vit un phénomène de désynchronisation et prise de cours.
31:20 Vous avez vu ce qui s'est passé avec la mise sur le marché de Chad GPT 3.5
31:25 le 30 novembre 2022.
31:27 Ça a pris le monde de cours.
31:30 Donc il y a une désynchronisation qui fait que les acteurs
31:35 qui donnent le « là » au monde aujourd'hui, à la société, au monde,
31:38 sont presque au cœur de la civilisation.
31:42 Vous parlez de décivilisation, qu'il faut utiliser autrement, il me semble.
31:45 Ce qui donne le « là » de ce grand mouvement, historiquement,
31:51 c'est une multiplicité de forces, n'est-ce pas ?
31:53 C'est des responsables politiques, c'est des forces invisibles de la société,
31:57 c'est des idées.
31:58 Aujourd'hui, le vecteur principal de modification de la société et du monde,
32:04 c'est l'industrie du numérique qui ne pense qu'à ses intérêts.
32:06 Et nous, on tient ça pour des phénomènes naturels.
32:08 Il convient de saisir déjà ce phénomène-là.
32:11 Mais est-ce que les concepteurs ne sont pas eux-mêmes habités par ce doute ?
32:14 Puisque l'on a vu qu'Elon Musk, notamment, faisait partie de ceux
32:17 qui réclamaient un moratoire, en tout cas une pause, dans cette course à Chad GPT
32:22 afin de pouvoir penser précisément la place de l'homme,
32:25 penser la place du libre arbitre, penser la place de la civilisation.
32:28 Est-ce que vous ne pensez pas que ces concepteurs-là
32:31 pourraient eux-mêmes s'autoréguler ?
32:33 Vous me provoquez, M. Yuffolle, en parlant du moratoire d'Elon Musk
32:36 et de toute sa bande de cet esbrou, c'est-à-dire qu'il témoigne d'un chaos.
32:42 On ne sait pas si c'est stratégique, si le fait qu'il soit dans une désorientation totale,
32:46 c'est comme Samat Mad au Congrès a dit,
32:49 "Ne vous inquiétez pas", donc le cofondateur d'OpenAI, Chad GPT,
32:54 "Ne vous inquiétez pas, mais tout de même, tout cela pourrait très mal tourner."
32:59 On n'a pas assez entendu cela de la part d'un des concepteurs.
33:03 Et vous parlez d'Elon Musk, M. Yuffolle, je crois que nous avons un problème.
33:09 Je vous remercie de m'inviter, mais nous avons un problème,
33:12 il y a un trouble dans l'expertise relativement à ces phénomènes technologiques.
33:15 C'est d'ailleurs qui parle aujourd'hui quand on veut en savoir un peu plus
33:20 ou beaucoup sur l'intelligence artificielle ?
33:22 Qui parle ? Neuf fois sur dix, c'est des ingénieurs.
33:25 Et quel est le propre des ingénieurs de l'industrie du numérique ?
33:28 On l'oublie trop souvent. C'est qui sont jugés partis ?
33:31 Avez-vous vu Yann Lecun dans Le Monde fin avril,
33:34 un des concepteurs des réseaux de neurones qui se sont développés au tournant des années 2010,
33:41 dire dans Le Monde, ça va être une nouvelle renaissance,
33:45 un nouvel âge des lumières pour l'humanité,
33:48 alors qu'il travaille pour Meta, Meta Facebook.
33:51 On a envie de dire, plus c'est gros, plus ça passe.
33:55 Je crois que nous manquons de pluriexpertise et de contre-expertise.
34:00 C'est-à-dire, il faudrait arrêter d'écouter les ingénieurs
34:03 qui en réalité nous versent tout le temps la même soupe,
34:06 c'est-à-dire tout cela est formidable, va jusqu'à créer une renaissance de l'humanité.
34:12 Ne vous inquiétez pas, mais bien sûr, il faut encadrer.
34:15 Alors moi, je propose maintenant, je crois que l'heure est venue à des contre-expertises.
34:19 C'est-à-dire qu'on nous raconte sur la réalité des terrains,
34:22 comment ça se passe avec les systèmes d'intelligence artificielle,
34:25 qu'on nous raconte dans les écoles publiques,
34:27 ce qui se passe avec la numérisation intégrale de l'enseignement
34:30 et les dégâts sur à la fois les modalités d'enseignement,
34:33 la privatisation de l'enseignement,
34:35 le fait que les élèves ne font plus confiance qu'aux plateformes
34:39 et aux systèmes qui leur enjoignent de lire telle chose,
34:42 enfin de voir telle chose ou d'aller sur tel travaux
34:44 plutôt que d'écouter la parole du professeur.
34:46 Allons voir dans les hôpitaux,
34:48 comment ces systèmes d'intelligence artificielle envahissent les hôpitaux,
34:51 des systèmes qui coûtent une fortune et qui ne servent à rien.
34:55 Allons voir auprès des personnels de la justice,
34:58 la numérisation et l'intégration des systèmes d'intelligence artificielle
35:02 dans la justice et le fait d'une expertisation automatisée des dossiers.
35:06 Est-ce qu'on interroge toutes les personnes ?
35:09 Allons voir dans les entrepôts Amazon,
35:11 comment ça se passe avec ces systèmes
35:13 qui enjoignent bien des systèmes d'intelligence artificielle,
35:15 aux manufacturiers d'aller chercher tel produit à tel endroit
35:18 pour les remettre à telle vitesse et à telle cadence
35:20 dans telle palette.
35:21 À vous entendre, vous rejetez tout ?
35:23 Absolument pas.
35:24 Mais est-ce qu'on ne pourrait pas faire le tri du moins ?
35:27 Il y a un tri.
35:28 Et le tri, ce qui doit être signalé aujourd'hui,
35:32 c'est un phénomène civilisational
35:34 à propos duquel nous devons non seulement nous alerter.
35:38 Quel est ce phénomène civilisational ?
35:40 Est-ce qu'il y a un risque de dérive totalitaire
35:44 avec une soumission à un organe supérieur artificiel
35:49 qui pourrait dicter nos conditions ?
35:51 Je dirais que ce n'est pas exactement le cas de figure.
35:55 Le cas de figure, c'est celui d'abord,
35:57 avec les IA génératives,
35:59 d'accepter comme une banalité
36:01 le fait de nous dessaisir de nos facultés les plus fondamentales.
36:05 Celles de parler, celles de produire du langage
36:08 pour des minuscules choses ou pour des grandes choses.
36:10 Minuscule, d'échanger entre nous,
36:12 ou des grandes choses, ça peut être un livre.
36:14 Nous sommes profondément incarnés
36:15 et là nous rentrons dans le monde de la désincarnation.
36:17 Plus que ça, la désincarnation,
36:19 c'est la pixelisation de l'existence.
36:21 C'est-à-dire le fait que de plus en plus,
36:22 nous sommes face à des écrans
36:24 et il y a une sorte de décorporation
36:26 du cours quotidien de nos vies.
36:29 Non, là, c'est le fait que nous organisions
36:32 une entreprise privée,
36:34 Open AI et tous les gens qui développent les IA génératives.
36:38 Ce n'est pas un mouvement civilisational naturel
36:41 qui émane d'une quantité de force de la société.
36:45 C'est quelques personnes qui sont en train d'organiser...
36:48 Un commerce.
36:49 C'est un gigantesque commerce,
36:53 un gigantesque marché à venir,
36:55 celui du promptisme.
36:56 Alors, je vous explique en quelques mots
36:57 ce que c'est le promptisme,
36:58 parce que moi j'appelle le promptisme,
36:59 c'est-à-dire de faire des prompts.
37:01 Aujourd'hui, avec les IA génératives,
37:03 on dit, comme si chacun pouvait avoir un caprice,
37:06 "Dessine-moi un mouton,
37:08 "écris-moi une lettre d'amour,
37:10 "fais-moi une petite vidéo",
37:11 il va y avoir tel le petit scénario en trois points.
37:14 C'est-à-dire la désaisie, la déprise
37:16 de nos facultés les plus fondamentales.
37:18 Quand même, nous parlons de produire du langage,
37:21 c'est-à-dire le fait de se singulariser dans le langage,
37:24 le fait d'organiser des liens aux autres via du langage
37:28 et le fait de créer de la représentation,
37:31 c'est-à-dire de l'image, de la musique,
37:35 des sons, des films.
37:37 Et la proposition de Bruno Le Maire
37:40 de taguer, de signaler le fait que nous devrions savoir
37:45 si les images ou les textes émaneraient
37:48 de systèmes d'intelligence artificielle générative
37:51 ne changerait rien, en fait.
37:53 Que de plus en plus, nous allons vers ce que j'appelle
37:56 un devenir légume de l'humanité.
37:58 C'est-à-dire, nous sommes en 2023.
38:00 Imaginez-vous en 2026, 2027,
38:03 les gamins de 10 ans dans les collèges.
38:05 Est-ce que vous les imaginez ?
38:06 Déjà, ils lisent de moins en moins.
38:07 Ils sont tout le temps en train de réagir sur leur tablette.
38:09 Vous vous rendez compte ?
38:10 Si on fait un peu de perspective toute simple,
38:13 qui n'est pas à voir dans notre boule de cristal,
38:15 mais le cours des choses telle qu'il est annoncé.
38:18 L'exercice très beau dans l'école publique, dans l'école,
38:22 que des adolescents de 13, 14, 15 ans,
38:25 on leur dit "faites une dissertation,
38:27 faites part de votre pensée, faites part de votre avis,
38:30 établissez un lien avec des auteurs du passé ou du présent
38:34 pour faire valoir, pour écrire en première personne".
38:36 Il est probable que ce très bel exercice
38:39 qui appartient, qui relève de l'apprentissage,
38:41 mais aussi l'avenant avec toutes nos existences,
38:44 est appelé à être substitué par le fait
38:47 de donner des instructions dépromptes.
38:49 C'est ce que j'appelle le devenir légume de l'humanité.
38:51 - Véronique Jacquet.
38:52 - Oui, alors attention, parce que la dissertation
38:53 a quand même quasiment déjà disparu des collèges et des lycées.
38:56 - Eh bien, on ne doit pas s'en réjouir.
38:57 - On n'a pas attendu l'intelligence artificielle.
38:59 Cela dit, est-ce qu'il y a des métiers,
39:00 pour être très concret,
39:01 qui sont justement amenés à disparaître ?
39:03 - Alors, c'est très, très, très troublant
39:06 le fait que Sam Altman, qui est un peu l'homme du moment,
39:09 le cofondateur de OpenAI,
39:12 ait fait une liste à la Georges Perrec,
39:14 ou à la Francis Ponge,
39:15 de métiers qui seraient appelés à ne pas être remplacés.
39:19 Alors, vous avez des plongeurs, de vaisselle, des coiffeurs.
39:22 On peut imaginer que pour l'instant,
39:23 tu as le GPT.
39:24 Oui, on peut bien le croire.
39:25 Et toute une série, réparateurs de bicyclettes.
39:28 Enfin, cette liste, vous pouvez la consulter,
39:30 elle est en ligne.
39:32 J'aurais préféré que lui, qui en 2015,
39:35 à Stanford, a dit devant des étudiants
39:39 qu'il n'y a pas un jour où il se réveillait,
39:41 en 2015, il n'y a pas un jour où il se réveillait
39:44 où il ne se sentait pas coupable
39:45 d'organiser la destruction de quantité d'emplois.
39:48 J'aurais préféré que Sam Altman
39:50 établisse avec ses équipes une liste des emplois menacés.
39:54 Et alors, la liste qui s'annonce,
39:56 là encore, sans voir sa boule de cristal,
39:58 elle est très, très longue.
39:59 Monsieur journaliste, dans trois, quatre ans,
40:02 où serez-vous ?
40:04 Il est probable que votre profession,
40:08 parmi d'autres, celle d'avocat, celle d'expert,
40:11 vous avez vu que les doubleurs de films
40:13 se sont mobilisés parce que ces systèmes
40:16 vont être capables aussi de remplir de telles tâches.
40:19 Donc, la liste est longue,
40:21 sans compter les compositeurs, les artistes,
40:25 les réalisateurs, ou alors on ne va plus chacun
40:27 ne faire plus que des prompts,
40:29 c'est-à-dire un gigantesque marché du promptisme.
40:34 Alors, il y a cela.
40:36 Il y a le fait que des métiers...
40:38 Parce que que se passait-il au tournant des années 80
40:42 avec des métiers qui étaient détruits ?
40:44 Ça, on l'oublie de préciser ça.
40:46 Au tournant des années 80,
40:47 ce mouvement de robotisation croissante des usines,
40:50 vous savez, qui a couru,
40:51 notamment dans l'industrie automobile,
40:54 ces robots qui venaient du Japon,
40:57 qui ont essaimé partout sur la planète,
41:00 ils se substituaient à des métiers à haute pénibilité.
41:04 Donc, on pouvait dire que c'était une bonne chose.
41:06 Aujourd'hui, ce qu'il se passe,
41:08 ce sont des métiers à haute compétence cognitive
41:11 pour lesquels, qui supposent de mobiliser
41:14 la force de l'esprit,
41:16 qui supposent de longues études,
41:18 dont on se dit que ça n'a plus aucune importance,
41:21 que des personnes qui ont fait une dizaine d'années d'études,
41:23 soient remplacées par des IA génératives
41:26 produits par des industriels,
41:29 et qui favorisent l'expression des qualités,
41:35 des talents des personnes,
41:36 et qui aussi favorisent une reconnaissance des personnes.
41:40 Vous savez que le besoin de reconnaissance que nous avons
41:43 et que ces métiers à haute compétence cognitive favorisent,
41:47 eh bien, nous allons vers un mouvement
41:50 qui organise la destruction des métiers,
41:53 des professions, des qualifications
41:56 à haute compétence cognitive.
41:59 Comment pouvons-nous accepter cela ?
42:01 Et ce n'est pas la doxa, sans péternellement répéter,
42:04 de la substitution à terme par de nouveaux métiers,
42:07 ce qui est une esbroufe totale.
42:08 Là, nous n'allons pas vers ça.
42:10 Nous allons vers une automatisation croissante
42:12 des affaires humaines
42:13 et destruction de quantité de métiers.
42:15 Comment, en société,
42:17 pouvons-nous accepter une telle chose
42:19 et entendre un Emmanuel Macron
42:21 recevoir sa mat'man, mardi dernier,
42:23 et lui demander des conseils
42:25 pour s'inscrire dans la course des IA génératives ?
42:29 Mais comment ne peut-on pas s'offusquer de cela
42:32 et ne pas faire barrage à ce mouvement
42:34 qui fait offense à ce qui nous constitue en propre
42:38 et qui fait offense au génie qui est en chacun de nous, M. Youle ?
42:41 Il nous reste une minute et demie.
42:44 Vous dites faire barrage.
42:45 Vous voulez rentrer en résistance.
42:46 C'est très bien, on vous approuve.
42:48 On comprend parfaitement, vous êtes parfaitement clair.
42:50 Mais il semblerait malgré tout que ce progrès soit irréversible.
42:53 Et en plus, il semblerait que vous soyez assez peu,
42:55 dans le fond, à lancer ces alarmes-là.
42:57 Qu'est-ce que vous pouvez faire pour freiner ceci ?
42:59 Qu'est-ce que vous pouvez faire pour entrer en résistance
43:01 et faire qu'en sorte, vous coaguliez, si je puis dire,
43:05 un front commun ?
43:07 Alors, c'est bien triste que relativement
43:11 à un devenir légume de l'humanité,
43:13 nous soyons peu nombreux à dénoncer ce mouvement-là.
43:16 Nous parlons d'encadrement, des régulations.
43:19 Thierry Breton, qui veut jouer au grand shérif à l'Union européenne,
43:23 finalement ne contribue qu'à écrire des textes
43:28 qui sont de l'ordre du cosmétique,
43:30 qui ne vont en aucune manière arrêter ce mouvement civilisationnel
43:34 et ce mouvement technico-économique,
43:36 dans la mesure où il y a de gigantesques profits
43:38 qui sont en jeu.
43:39 Donc ce à quoi j'appelle, moi ?
43:41 Je vais faire une tribune sur cela
43:43 et je conclue mon nouveau livre sur cela.
43:45 Ça a une interdiction pure et simple, cela.
43:47 Alors, j'ai peu de chances d'être reçu,
43:50 d'avoir une réception positive à ça.
43:53 Alors, d'un autre côté, j'en appelle,
43:56 vous savez cette phrase d'Albert Camus
43:58 dans "L'homme révolté" qui disait
44:00 "Au-delà de cette limite, vous ne la franchirez pas."
44:03 J'appelle à toutes les échelles de la société,
44:05 dans les métiers, dans les lycées, dans les collèges,
44:09 dans les entreprises, dans les cabinets d'avocats,
44:14 partout où nous pouvons être agissant,
44:16 de dire "Ces systèmes, nous ne le voulons pas."
44:20 Ne pas attendre tout de la loi,
44:21 mais d'attendre des phénomènes de mobilisation
44:23 qui sont les seuls à même, en réalité,
44:25 à faire barrage.
44:26 Vous en appelez à la société civile, dans le fond.
44:28 Absolument.
44:29 Et il ne s'agit pas de tchat GPT,
44:30 il s'agit de tchat ACC,
44:32 c'est-à-dire une abjection culturelle et civilisationnelle.
44:36 C'est ce que je crois.
44:37 Et il est temps de le voir,
44:38 au-delà des discours en joli vert
44:40 et qui occultent la désaisie de nos facultés les plus fondamentales.
44:43 Merci beaucoup Eric Sadin.
44:44 Je rappelle que vous êtes philosophe, spécialiste des techniques numériques.
44:47 Je rappelle vos deux ouvrages.
44:49 Le dernier livre, "L'intelligence artificielle ou l'enjeu du siècle"
44:53 et puis en octobre "La vie spectrale,
44:55 pensée, l'ère du maths à verre et des IA génératives".
44:59 Merci beaucoup.
45:00 Merci à vous.
45:01 Vous savez que Yvan Réaufolle est un journaliste,
45:03 il n'est irremplaçable.
45:04 Nous devons, nous devons...
45:06 Amenez tous les tchat GPT que vous voulez,
45:08 nous devons célébrer notre vie.
45:10 Yvan est irremplaçable, Véronique est irremplaçable.
45:12 Je parle de vous, je suis participé à cette résistance.
45:15 Véronique Yvan, irremplaçable.
45:17 Nous le sommes tous irremplaçable.
45:19 Cher monsieur, nous sommes tous irremplaçables.
45:22 Irremplaçable absolument, quête d'esprit sur le pèlerinage de Chartres.
45:26 C'est 16 000 jeunes qui sont en route vers la cathédrale de Chartres.
45:29 C'est jusqu'à demain soir, le pèlerinage de la Pentecôte.
45:32 La fausse poursuite sur CNews, merci beaucoup.
45:34 ...