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00:00 Bonjour et bienvenue dans cette nouvelle émission Zone Bourse dans laquelle on va parler des
00:15 déséquilibres économiques.
00:16 Parce que c'est vrai que quand on parle des théories économiques, celles qu'on va nous
00:20 apprendre quand on prend des cours d'économie, on a souvent du mal à faire le lien entre
00:23 toutes ces grandes théories économiques et puis les marchés financiers et on a tendance
00:26 à un peu tout jeter parce qu'on se dit que ça ne sert absolument rien pour l'investissement.
00:30 Mais dans toutes ces théories, il y a un point central, c'est la notion d'équilibre,
00:34 d'équilibre de marché et ça c'est un point qui peut potentiellement nous servir.
00:37 Alors de quoi est-ce qu'on parle quand on parle d'équilibre ? C'est par exemple l'équilibre
00:41 entre l'offre et la demande d'un bien.
00:43 Si le marché produit 2000 voitures rouges et que les consommateurs en achètent 2000,
00:48 ben voilà c'est parfait, on a une économie qui est en équilibre.
00:50 Mais si l'économie produit 500 voitures rouges alors que les consommateurs en voudraient
00:54 2000 ou bien à l'inverse si l'économie produit 2000 voitures rouges alors que les consommateurs
00:59 en voudraient 500, ben là on va avoir un déséquilibre.
01:01 C'est la même chose sur le marché du travail, entre les entreprises qui cherchent des salariés
01:06 et puis des travailleurs qui cherchent des emplois ou bien bien sûr sur le marché de
01:09 l'argent entre des personnes qui prêtent et des personnes qui empruntent.
01:12 Et si je devais résumer en deux minutes, je dirais que d'abord les économistes classiques
01:17 comme Smith ou Ricardo vivaient eux un peu dans un monde complètement théorique, c'est
01:22 l'image qui se faisait de l'économie et dans ce monde un peu rêvé, un peu théorique,
01:27 on a des marchés qui s'équilibrent tout seuls très rapidement.
01:30 Donc on a une économie qui est quasiment jamais en déséquilibre, en fait un peu comme
01:33 un pendule.
01:34 À chaque fois qu'on la pousse un peu en dehors de son équilibre, elle se réajuste
01:37 très rapidement, notamment grâce au prix.
01:40 Et puis il y a la crise de 1929, la grande dépression américaine, qui a montré que
01:44 finalement la réalité c'était un petit peu plus compliqué et que le marché n'allait
01:47 pas toujours se rééquilibrer de manière automatique et c'est là qu'est arrivé
01:51 Keynes.
01:52 Keynes donc qui a beaucoup parlé des cycles et qui a expliqué que l'économie était
01:56 cyclique et qu'elle pouvait sortir de son équilibre et qu'elle pouvait même rester
02:00 longtemps dans un déséquilibre, notamment en cas de crise, on pouvait rester avec des
02:04 situations de chômage, par exemple, chômage très élevé qui dure extrêmement longtemps
02:08 et donc il lui disait qu'il fallait un petit coup de pouce, un gros coup de pouce du gouvernement
02:11 pour booster notamment la demande, qui est un facteur très important chez Keynes, booster
02:16 la demande pour retourner vers un niveau plus d'équilibre.
02:18 Et puis enfin on a eu les néo-classiques qui ont fait un peu un mix entre les deux,
02:23 ils ont dit que Keynes avait raison à court terme mais qu'à long terme les marchés
02:27 avaient tendance à s'équilibrer donc il ne fallait intervenir potentiellement qu'à
02:30 court terme au niveau des gouvernements et que si on huilait bien tout ça, si en fait
02:36 on permettait au prix de s'ajuster rapidement, les déséquilibres plutôt n'allaient pas
02:42 durer très longtemps.
02:43 Alors on va en rester là sur les théories parce que des théories économiques il y
02:46 en a beaucoup, il y en a presque autant que d'économistes et on voit que ça ne nous
02:50 avance pas beaucoup pour investir pour le moment.
02:52 Donc ce qu'on va faire pour penser investissement c'est qu'on va rester ce qui est aujourd'hui
02:56 admis par tous, c'est qu'il existe des déséquilibres à court terme, ensuite on va laisser les
03:02 économistes débattre entre eux pour savoir que faut-il faire de ces déséquilibres,
03:06 est-ce qu'on essaye de les résorber ou bien est-ce qu'on laisse le marché faire ça
03:11 tout seul.
03:12 Donc si je reprends les trois marchés principaux, donc les biens et services, le travail et
03:17 puis la monnaie, on a vu avec l'exemple du Covid qu'effectivement on pouvait être
03:22 poussé loin d'une situation d'équilibre.
03:24 Si je prends le marché des biens et services, on a vu pendant le Covid que la production
03:28 s'est arrêtée pendant les confinements par exemple, en tout cas en grande partie,
03:33 alors que la consommation continuait bien on va dire, et puis à la sortie des confinements
03:38 on a eu une explosion de la consommation alors que la production elle n'était toujours
03:41 pas revenue à ces niveaux d'avant Covid à cause des problèmes de supply chain, de
03:46 transport etc. ce qui a produit de l'inflation.
03:49 Du côté monétaire aussi on a vu de gros déséquilibres se créer pendant le Covid,
03:55 on a vu une création monétaire effrénée alors qu'il ne datait pas du Covid, qui datait
03:59 de bien avant ça, donc création monétaire qui était plus en fait que ce qui était
04:04 demandé par l'économie et qui a elle aussi fini en inflation.
04:07 Puis toujours sur ce côté monétaire on a vu un retournement dans l'autre sens avec
04:11 une forte hausse des taux.
04:12 Et enfin sur le marché du travail, notamment aux Etats-Unis mais on l'a vu aussi un peu
04:16 en Europe, il y a eu beaucoup de tensions dans certains métiers avec plus d'offres
04:20 d'emploi que de demandeurs d'emploi, ce qui a aussi limité la production.
04:24 Et ce qui va nous intéresser maintenant en investissement c'est à quel point l'économie
04:29 est loin de son équilibre, parce que plus on est proche de l'équilibre plus ça va
04:34 bien se passer on va dire, et plus l'économie est loin de l'équilibre et plus on a un
04:38 risque de réajustement brutal en fait.
04:41 Si je prends l'exemple du Covid c'est ce qui s'est passé, on a eu des gros swings
04:44 de croissance, des gros swings de politique monétaire, taux d'intérêt, etc.
04:48 Donc avant de savoir si on est en déséquilibre c'est bien de définir peut-être un petit
04:52 peu ce que serait l'équilibre dans l'économie d'aujourd'hui.
04:54 L'équilibre ce serait par exemple d'avoir une croissance qui tournerait autour de 2%,
04:59 c'est la moyenne qu'on a vu dans le passé, avec une inflation qui serait aussi autour
05:02 de 2%, donc on aurait une croissance nominale cette fois-ci, donc 2% de croissance réelle
05:09 plus l'inflation qui serait autour de 4-5%.
05:11 Ensuite sur le marché de la dette ce serait d'avoir une dette qui croîtrait à peu près
05:16 en même temps que les revenus avec des taux d'intérêt qui seraient ni trop souples,
05:23 c'est-à-dire qu'on n'emprunterait pas quasiment juste pour le plaisir parce qu'ils sont quasi
05:26 zéros, ce qu'on a vu pendant des années, ni trop durs, c'est-à-dire qu'on n'aurait
05:29 pas des personnes qui souhaiteraient emprunter pour des projets viables mais qui ne le font
05:32 pas à cause du niveau des taux d'intérêt.
05:34 Donc voilà, un niveau de dette qui correspond bien au marché de l'économie.
05:37 Et le hedge fund Bridgewater, l'un des plus gros hedge funds du monde, a publié récemment
05:41 une étude et eux ils reprennent souvent ces notions de déséquilibre.
05:44 Et pour eux, les pays occidentaux sont encore loin de l'équilibre.
05:49 Et le plus gros déséquilibre selon eux c'est la différence entre les très hauts niveaux
05:52 de dépenses et ce qui arrive à produire l'économie qui est encore insuffisant et ce qui va notamment
05:59 produire de l'inflation parce qu'on a de gros niveaux de dépenses, une production
06:02 limitée, donc cet argent termine dans de la hausse des prix.
06:05 Et si je passe de Bridgewater à ce qui se passe à 1 km autour de chez moi, j'ai des
06:10 cas concrets qui me montrent en fait cette volonté de dépense et ce manque de production
06:16 dû à des capacités limitées.
06:18 Un exemple tout bête, il y a un restaurant à côté de chez moi qui cherche à embaucher
06:22 des serveurs qui n'en trouvent pas donc ils ont dû limiter la salle, ils ne peuvent pas
06:25 servir tout le monde.
06:26 Donc régulièrement il y a des gens qui se font refouler, qui ne peuvent pas manger et
06:31 tout le monde est frustré en fait.
06:32 On est loin d'un équilibre qui pourrait maximiser l'économie.
06:36 On a des consommateurs qui ne peuvent pas aller dans le restaurant dans lequel ils voulaient
06:40 manger et puis on a un restaurateur qui ne peut pas accueillir tout le monde et qui ne
06:43 peut pas proposer autant de plats qu'il aimerait.
06:47 Et j'ai un autre cas qui est un peu similaire finalement.
06:50 C'est un fabricant de piscine qui a énormément de devis mais qui a été obligé de refuser
06:54 des gros devis et puis finalement mettre la clé sous la porte tout simplement parce
06:58 qu'il n'arrive pas à recruter de maçons et ce n'est même pas une question de prix.
07:01 Il me disait qu'il proposait des salaires à 3000 euros mensuels et malgré ça il n'arrivait
07:07 pas à trouver de maçons pour construire des piscines.
07:09 Donc on a deux cas dans lesquels on pourrait, si on était plus à l'équilibre dans ces
07:14 cas-là sur le marché de l'emploi, on pourrait avoir un PIB qui serait augmenté, une économie
07:17 qui serait à un meilleur niveau et puis on voit qu'on en est encore loin.
07:21 Donc c'est un peu la situation que décrit le hedge fund Bridgewater mais voilà autour
07:24 de chez moi.
07:25 Et je suis sûr que de votre côté vous avez aussi pas mal d'exemples de ce type.
07:27 Ce qu'a fait Bridgewater c'est qu'ils ont créé un indice d'équilibre, ce qu'ils
07:31 appellent l'équilibrium index et l'indice occidental, donc celui qui regarde les États-Unis,
07:36 le Royaume-Uni et l'Europe, il reste à des niveaux de déséquilibre très importants,
07:40 un peu moins que pendant le Covid mais encore très élevés selon certains indices.
07:44 Il y a encore trop d'inflation, pas assez de croissance, etc.
07:46 Alors que d'après Bridgewater, leurs indices sur l'Asie et notamment le Japon et la Chine
07:51 sont beaucoup plus proches de l'équilibre.
07:53 Et d'après Bridgewater, et c'est là où on rejoint les principes macroéconomiques,
07:58 rejoignent l'investissement, le passage d'un fort déséquilibre à un niveau d'équilibre
08:02 va amener une forte volatilité.
08:03 Et à l'aide de leur modèle, ils ont analysé les rendements des actifs dans les 12 mois
08:07 qui suivent une période soit de déséquilibre ou d'équilibre.
08:10 Alors ils ont distingué deux types de déséquilibre, les déséquilibres haussiers, c'est-à-dire
08:14 quand les politiques monétaires et budgétaires vont stimuler l'économie, et puis les déséquilibres
08:19 baissiers quand les politiques économiques sont restrictives comme en ce moment.
08:23 On voit qu'on est passé d'un déséquilibre haussier pendant le Covid à un déséquilibre
08:27 baissier actuel.
08:29 Et donc leur étude montre que les marchés actions sont gagnants dans les 12 mois après
08:34 une période soit d'équilibre, soit de déséquilibre haussier.
08:37 On a à peu près 5% de hausse dans les deux cas, mais ils sont baissiers en moyenne de
08:42 2% quand on est, comme aujourd'hui, dans un déséquilibre baissier.
08:46 Ensuite, ils font l'analyse de quelle partie de l'économie américaine sont en déséquilibre.
08:50 Donc on voit notamment le chômage, l'inflation, ou bien la dépense nominale.
08:54 Et Bridgewater nous dit qu'il privilégie le cash aux autres actifs dans les économies
09:00 occidentales, donc surtout Europe et puis États-Unis, mais qu'ils vont privilégier
09:04 les actifs par rapport au cash en Chine, au Japon et dans la plus grande partie de l'Asie.
09:09 Alors ces notions de déséquilibre, d'équilibre, de cycle, etc., ce sont vraiment des notions
09:13 fascinantes.
09:14 Ce sont des notions qu'on voit à court terme, à moyen terme, à long terme.
09:17 Il y a effectivement des cycles dans l'économie.
09:18 Il y a des déséquilibres, mais malgré tout l'économie continue d'avancer.
09:22 Ça fait des siècles que l'économie avance.
09:24 On vit beaucoup mieux aujourd'hui qu'il y a 50 ans, il y a 50 ans qu'il y a 100 ans,
09:27 et il y a 100 ans qu'il y a 200 ans.
09:29 Et ce que je trouve fascinant, c'est que le fait d'avancer malgré des déséquilibres,
09:34 en fait quand on y pense, c'est exactement comme l'être humain.
09:36 Parce que nous, quand on marche, en fait ce n'est qu'une série de déséquilibres.
09:39 On est en déséquilibre vers l'avant et grâce à nos pieds, on avance malgré tout.
09:44 Et si on joue au jeu 1, 2, 3, soleil, que vous connaissez sûrement, on voit que quand
09:48 on est obligé de s'arrêter en pleine marche ou en pleine course, en fait c'est très compliqué
09:52 parce qu'on est en permanence en déséquilibre.
09:54 Et finalement, c'est exactement comme l'économie.
09:56 On est dans un déséquilibre perpétuel.
09:58 On passe d'un état d'équilibre, enfin de déséquilibre, équilibre, déséquilibre,
10:02 etc.
10:03 Un peu comme un pendule, mais malgré tout, on peut avancer tout comme l'économie.
10:06 Et c'est vrai que je trouve que ça a un côté vraiment fascinant.
10:08 Voilà, merci encore d'avoir suivi cette émission jusqu'au bout.
10:11 N'hésitez pas, je vous le dis à chaque fois, mais c'est important de commenter, par exemple
10:15 le podcast, mettez une note, mettez un avis sur le podcast ou bien commentez les vidéos
10:19 YouTube.
10:20 Ça me permet d'avancer, ça me permet un peu d'avoir l'avis de la communauté.
10:24 Bien sûr, abonnez-vous si ce n'est pas encore le cas.
10:25 Et moi, je vous dis à bientôt pour une autre émission.

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