Zoom - Christophe Chirat - Covid, PGE, énergie : Macron a-t-il tué les petits commerces ?

  • l’année dernière
Depuis plus de 3 ans, les artisans et commerçants français passent de crise en crise. Du Covid-19 en passant par l’explosion des prix de l’énergie, ils sont à la peine. Le gouvernement et Emmanuel Macron ont systématiquement répondu aux difficultés par des prêts octroyés aux entreprises qu’ils ont fait passer pour des cadeaux.
Aujourd’hui, l’heure de rembourser les fameux PGE, les prêts garantis par l’État, a sonné. Mais face aux difficultés actuelles, bien peu nombreux sont les petits commerces à pouvoir assumer ces frais.
Christophe Chirat est restaurateur. Face à ces difficultés fabriquées par des décisions politiques délirantes et toxiques autour d’Emmanuel Macron, il a lancé le collectif Les Pendus et l’initiative du Syndicat Antigone pour défendre les intérêts des petits commerçants et artisans français face à une situation inquiétante et dangereuse pour leurs activités. Il explique comment chacun peut trouver de l’aide et s’organiser pour résister et défendre son activité !

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Transcription
00:00 [Musique]
00:06 Bonjour à tous, pour le Zoom aujourd'hui je reçois Christophe Chirat.
00:09 Bonjour Monsieur.
00:10 Bonjour Madame.
00:10 Merci beaucoup d'être avec nous.
00:11 Vous êtes restaurateur de métier, également porte-parole du collectif Lépandu
00:16 et surtout vice-président du syndicat Antigone.
00:19 Alors vous allez nous expliquer tout ça,
00:21 peut-être recommençons dès le départ.
00:23 Le collectif Lépandu, c'est quoi ?
00:26 Le collectif Lépandu, ça date de 2014.
00:29 C'est constitué suite aux milliers de problèmes
00:35 rencontrés par les indépendants et les commerçants avec le RSI.
00:39 Le RSI qui était le Régime Social des Indépendants,
00:41 c'est-à-dire la Sécurité Sociale des Entrepreneurs.
00:45 C'était une vraie catastrophe.
00:46 On avait réussi à mettre au mois de mars 2015
00:50 quasiment 30 000 personnes, 30 000 commerçants dans les rues de Paris.
00:54 Mais on sait combien c'est difficile.
00:55 C'est extrêmement difficile.
00:57 Mais c'est un vrai sujet très compliqué.
00:59 Donc il y avait fait beaucoup de bruit.
01:01 Et depuis, on a œuvré, et notamment notre présidente,
01:05 à régler les problèmes rencontrés par les commerçants
01:08 et les indépendants avec ce Régime de Sécurité Sociale.
01:13 Et c'est entre 7 et 8 000 dossiers qui ont été résolus
01:17 par son travail bénévole.
01:19 – Il faut le dire, oui.
01:20 – Oui, il faut le dire, oui.
01:22 Et donc on compte environ un peu plus de 30 000 abonnés
01:25 sur notre page Facebook,
01:27 lorsque c'était un collectif assez informel finalement,
01:31 mais qui fonctionnait bien,
01:34 qui s'est réactivé avec la crise sanitaire
01:39 puisqu'il nous est apparu que certaines décisions
01:41 semblaient un peu curieuses.
01:42 Donc on s'est intéressé à pas mal de choses.
01:44 Et on a essayé d'apporter notre aide aussi à beaucoup de commerçants
01:47 qui étaient complètement perdus dans les systèmes d'indemnisation
01:50 et de report de charges,
01:52 tous ces trucs qui nous étaient présentés comme des aides.
01:56 – On va y revenir, oui.
01:57 – Et qui finalement n'en sont pas.
01:59 Et puis nous voilà maintenant avec l'inflation,
02:04 le tarif de l'énergie,
02:06 toutes ces supercheries qui continuent de s'accumuler
02:08 et qui font qu'on est en train de crever.
02:10 Voilà, clairement.
02:11 – Alors vous avez voulu finalement franchir une nouvelle étape
02:14 en passant du collectif Lépandu,
02:16 qui était finalement quelque chose d'assez informel,
02:18 mais qui venait aider tous les corps de métier,
02:21 aussi bien commerçants qu'artisans.
02:23 Et vous vous êtes transformé finalement en syndicat, c'est ça ?
02:26 – Voilà, on a constitué cette structure syndicale au tout début de 2022
02:31 parce qu'on a compris ou senti que la crise sanitaire
02:35 allait évoluer en crise économique majeure.
02:39 Et on s'est dit, il faut qu'on soit prêt avec une vraie structure
02:43 pour agir et pour avoir le fameux intérêt à agir,
02:47 notamment dans les tribunaux,
02:50 parce qu'il va y avoir de la casse.
02:52 Et comme tout le monde se tait,
02:54 parce que tout le monde se tait depuis si longtemps
02:56 que ça devient très suspect,
02:58 je parle des représentations professionnelles,
03:00 syndicats, fédérations établies,
03:03 on s'est dit, il faut quand même proposer aux commerçants,
03:07 aux OTPA, aux PME, une structure dans laquelle
03:09 ils pourront se réunir et se retrouver sans filtre,
03:13 sans subvention et sans langue de bois,
03:16 pour aller mettre face à leur responsabilité
03:19 ceux qui prennent les décisions qui nous conduisent dans cette situation.
03:22 – On a le sentiment que vous évoquez finalement
03:24 les interlocuteurs de choix du gouvernement et des politiques,
03:28 un peu comme une opposition contrôlée.
03:30 – En tout cas, ils sont très silencieux,
03:36 ils sont souvent complaisants et parfois complices.
03:41 Donc il y a un problème.
03:43 En tout cas, ils sont inutiles.
03:45 Et ça, ça nous suffit en fait.
03:47 Le constat, c'est qu'ils sont inutiles.
03:49 On n'a rien empêché durant la crise sanitaire.
03:52 Nous avons été les seuls à faire des propositions
03:54 d'indemnisation différentes des entreprises
03:57 que ce qui a été proposé par le gouvernement
04:00 et qui était pour le coup tout à fait équitable.
04:05 À chaque fois qu'on fait des propositions,
04:07 on ne nous écoute pas, mais on est les seuls à les faire.
04:10 Nos représentations établies depuis longtemps,
04:13 ou fédérations, et quels que soient les métiers,
04:16 sont totalement soumises, on va le dire comme ça.
04:23 Alors pourquoi ? C'est la raison de leur appartien,
04:25 mais en tout cas, le constat est que si on ne se prend pas en main, nous,
04:29 sans intermédiaire, on n'arrivera pas à se défendre.
04:33 Et en tout cas, on n'est pour l'instant pas défendu.
04:35 On peut aller du simple syndicat ou fédé jusqu'au MEDEF.
04:39 Il n'y a rien qui bouge. Personne ne dit rien.
04:41 Pour la crise, c'est pour l'énergie.
04:43 MEDEF est totalement muet.
04:45 – Revenons un peu en arrière, si vous voulez bien,
04:47 Christophe Chirac, je vous ai présenté comme restaurateur,
04:49 c'est peut-être d'ailleurs ce qui a précédé vos activités syndicales, j'imagine.
04:54 Est-ce que vous pouvez revenir un petit peu en arrière sur votre activité ?
04:57 Quelles ont été ces dernières années pour vous ?
05:00 – Elles ont été catastrophiques.
05:02 Catastrophiques, puisqu'on nous a fermé d'autorité un 15 mars 2020.
05:09 – Prévenu la veille ? – Prévenu la veille, voilà.
05:11 Prévenu le jour même, à 20h pour fermer à minuit.
05:15 Le lendemain, il fallait aller voter pour les municipales.
05:19 Et puis, le lendemain, je me suis aperçu que les gens allaient travailler en métro.
05:24 Et je me suis dit, il y a quand même un problème.
05:26 C'est grave ou c'est pas grave ?
05:28 Mais si c'est grave, on ferme aussi les métros.
05:30 On ne ferme pas que les restos.
05:32 Donc c'est ce qui m'a assez vite rassuré sur la gravité de cette pandémie.
05:38 Et puis, quand j'avais du temps libre, j'ai essayé de m'informer un peu différemment
05:43 de ce qu'on nous proposait tous les soirs à la télévision.
05:46 Et pour revenir à l'aspect professionnel, évidemment,
05:48 ça a été extrêmement compliqué puisqu'on nous a lâchés dans la nature.
05:52 Il faut se souvenir de ce premier confinement,
05:54 avec une indemnisation de 1 500 euros par mois,
06:00 à condition de cocher un certain nombre de cases,
06:02 et Dieu sait si elles étaient nombreuses.
06:05 Et on nous a proposé un PGE magique.
06:10 Le fameux prêt garanti par l'État.
06:12 Alors, restons d'abord sur ces fameux 1 500 euros par mois.
06:15 Que fallait-il faire pour les avoir ?
06:17 Est-ce que vous dites que c'était difficile ?
06:19 Je ne me souviens plus de toutes les conditions précises,
06:22 mais il fallait effectivement, par exemple, avoir aucune dette,
06:26 être à jour de ses versements de TVA,
06:28 être à jour de ses versements de charges URSAF,
06:30 être à jour de ceci, être à jour de cela.
06:32 Donc déjà, ceux qui étaient déjà en difficulté, c'était terminé pour eux.
06:35 Il fallait, dans un an ou deux d'existence,
06:40 il y avait tout un tas de conditions.
06:43 Et puis 1 500 euros, une entreprise…
06:46 Une petite structure, quoi.
06:47 Ça paye à peine le loyer.
06:49 Ça ne paye pas toutes les charges fixes.
06:51 Moi, je n'ai pas un énorme établissement,
06:53 on a entre 12 et 15 000 euros de charges fixes par mois.
06:56 Bon, avec 1 500 euros pendant trois mois,
06:59 au bout de trois mois, on met la clé sous la porte.
07:02 Ou on signe le PGE.
07:05 Et alors justement, revenons-en à ce fameux prêt garanti par l'État.
07:08 Est-ce que vous pouvez nous expliquer de quoi il en retourne, en fait ?
07:11 Quel était l'objectif et comment ça se passait ?
07:13 On nous l'a présenté comme une aide.
07:16 C'est comme ça que ça a été présenté.
07:18 Très facile d'accès.
07:19 Alors là, pour le coup, c'était une aide très facile d'accès.
07:22 Évidemment, parce qu'elle se rembourse.
07:24 Ce n'était pas comme les forfaits d'indemnisation du Fonds de solidarité.
07:28 Oui, le Fonds de solidarité.
07:30 Donc là, c'était très facile.
07:31 Tout le monde pouvait faire un PGE.
07:32 C'était signé dans la journée par la BPI, les banques.
07:36 L'argent disponible très rapidement.
07:38 C'était magique.
07:39 L'argent magique.
07:40 Mais l'argent magique qu'on nous a contraint.
07:42 C'est-à-dire qu'on nous a contraint à le contracter.
07:44 Parce que, encore une fois, avec les indemnisations qu'on nous offrait,
07:47 on mettait tout ce paquet sous la porte.
07:49 Donc l'obligation a été faite de contracter ces PGE,
07:53 qui n'ont servi qu'à payer donc les charges.
07:56 Qui n'étaient pas comblées par les indemnisations.
07:58 Exactement.
07:59 Et donc, finalement, l'État s'est déchargé sur nous
08:02 du financement des conséquences de ces décisions.
08:06 Comme ça, en toute détente.
08:08 Il y avait des taux d'intérêt sur ces PGE ?
08:10 Très faibles.
08:11 Très faibles.
08:12 Mais peu importe.
08:13 Même le capital à rembourser, c'est ce qu'on met en plein dedans.
08:16 Et à partir de quand vous deviez le rembourser ?
08:18 Alors, c'était un an plus tard.
08:20 Et il y a eu une possibilité de différer le début du remboursement
08:25 d'un an supplémentaire,
08:26 parce que comme la crise durait plus que prévu, étonnamment.
08:29 C'est compliqué de pouvoir rembourser une somme dont on a besoin
08:32 parce qu'on nous a obligés à être fermés,
08:34 quand on est toujours fermés.
08:35 Oui, en plus.
08:36 Et puis là, c'est clairement une charge supplémentaire
08:39 qui est importante.
08:40 C'est un deuxième loyer, quasiment, la mensualité du PGE.
08:44 Donc c'est extrêmement important.
08:46 Et ce n'est pas à nous de supporter ça.
08:49 Je fais la différence entre les entreprises
08:51 qui ont été contraintes de le contracter pour sauver leur boîte
08:57 et celles qui, par confort, ont fait des travaux de rénovation
09:02 puisqu'on a ouvert tout ça à tout le monde.
09:05 Très bien, pourquoi pas, après c'est un autre sujet.
09:08 Mais pour ceux qui ont dû,
09:10 qui n'avaient pas d'autre choix que d'y souscrire,
09:13 c'est totalement anormal.
09:15 Et on reviendra là-dessus.
09:17 On compte même, on est en train de travailler
09:21 pour engager une procédure en responsabilité contre l'État.
09:24 Parce que c'est à lui d'assumer ça, ce n'est pas à nous.
09:28 Pour ne pas rembourser les PGE, alors ?
09:30 Oui, absolument.
09:32 Parce que ce n'est pas de notre faite.
09:35 Les fermetures ne sont pas de notre faite.
09:38 Et l'État doit assumer les conséquences de ses décisions.
09:42 C'est la base de tout.
09:44 Mais est-ce que finalement, vous ne souffrez pas un peu
09:47 d'une image de ces restaurateurs qui ont profité ?
09:50 Pas que les restaurateurs, d'ailleurs, loin s'en faut.
09:53 Mais toute une partie, y compris des salariés d'ailleurs,
09:56 qui ont profité de télétravail,
09:58 où il y avait plus de télé que de travail.
10:00 Vous avez remarqué, on ne parle que des restaurateurs.
10:03 C'est vrai qu'on en parle davantage, bien sûr.
10:05 C'est les restaurateurs qui se sont gavés.
10:07 Et les autres ont les oubliés.
10:09 Mais est-ce que ça n'existe pas aussi,
10:11 des restaurateurs qui se sont gavés ?
10:13 On peut appeler ça des abus.
10:16 En tout cas, les gens, les restaurateurs et d'autres,
10:20 ont fait ce qui leur a été permis de faire.
10:24 Le système d'indemnisation,
10:26 et là on parle du deuxième confinement,
10:28 de la deuxième fermeture, entre octobre 2020,
10:31 enfin novembre 2020 et juin 2021,
10:35 où là, étonnamment, le mode d'indemnisation
10:38 a été sérieusement revu à la hausse.
10:41 Donc effectivement, ça collait un peu mieux
10:44 avec la part de frais fixes que les entreprises supportaient.
10:49 Mais on sait qu'il y a des gens,
10:52 des commerces qui étaient par exemple saisonniers,
10:54 et qui étaient fermés classiquement pendant l'hiver,
10:58 bon, eux ont perçu les indemnités,
11:01 alors qu'ils étaient de toute façon fermés.
11:03 – Alors qu'il y en a eu précédemment, par exemple, qui étaient fermés.
11:04 – Mais ça, c'est parce qu'on leur a permis.
11:06 Enfin, moi, je ne jette pas la pierre.
11:08 C'est qu'ils n'auraient pas fait.
11:10 – Il y a eu des gagnants et des perdants.
11:11 – Il y a eu des gagnants et des perdants,
11:12 mais il y a eu beaucoup de perdants,
11:13 parce que les comptes n'y sont pas.
11:14 On oublie de parler de la valeur de nos commerces,
11:17 qui est aujourd'hui, enfin, qui veut racheter un commerce ?
11:21 Qui veut racheter une boulangerie aujourd'hui ?
11:23 Ou qui veut racheter un restaurant ?
11:24 C'est compliqué, à part peut-être quelques chaînes, étonnamment,
11:27 qui ont des offres très très basses.
11:29 Mais oui, oui, c'est pas vrai.
11:34 Il faut tordre le cou à cette idée que les gens se sont gavés.
11:36 C'est pas vrai.
11:37 On ne serait pas en train de tous crever.
11:40 Alors, ça ne se voit pas encore vraiment,
11:43 parce qu'on tape beaucoup dans les réserves, les trésoreries.
11:47 Mais ça va aller certainement assez vite maintenant.
11:50 Notamment avec les factures d'énergie qui viennent représenter…
11:52 – Alors justement, on a évoqué le remboursement de ce fameux PGE,
11:55 mais à cela, c'est presque transposer, ajouter la crise énergétique,
12:00 avec aussi bien l'électricité, le gaz, le fuel, selon les commerces,
12:04 avec des charges absolument importantes.
12:06 Les reports de charges consentis pendant le Covid,
12:08 que l'on est en train de payer en ce moment-là.
12:10 – En plus.
12:11 – Les chargeurs SAF, notamment.
12:12 Oui, et oui, mais c'est des Z.
12:17 Et bien sûr, l'énergie vient constituer, si vous voulez,
12:21 quasiment le coup de grâce.
12:23 C'est la balle dans la nuque.
12:24 C'est très violent, très violent.
12:27 Quand on a des factures d'électricité qui sont multipliées par 4,
12:31 on a vu pire.
12:33 Je crois qu'on a vu x22, x27…
12:36 – Au diable là-bas, et c'est l'objet.
12:38 – Oui, voilà.
12:39 Mais x4, ça suffit, même x2.
12:41 Parce que c'est un poste important, l'énergie, dans un commerce.
12:45 Donc si on double…
12:48 C'est comme chez un particulier, si on le doublait,
12:50 ou on lui triplaie son loyer du jour au lendemain.
12:52 C'est à peu près la même incidence.
12:54 C'est énorme.
12:55 Donc oui, ça vient, c'est le coup de grâce.
12:57 Et ça inquiète personne.
13:00 C'est l'indifférence totale.
13:02 Alors on a vu beaucoup de nos collègues boulangers
13:04 sur certains plateaux télé.
13:06 Donc on a stigmatisé les boulangers.
13:08 Tant mieux, mais comme ça, ça fait mieux.
13:10 Oubliez que tous les autres sont concernés,
13:12 et pas que dans le commerce, dans la PME, dans la PMI.
13:14 – Oui, il n'y a pas que les fours à pain qui sont énergivores.
13:16 – Bien sûr que bien, mais non.
13:18 Et ça, c'est encore une supercherie,
13:22 puisque suffisamment de gens ont défilé sur votre plateau
13:27 pour expliquer ça, mieux que moi.
13:29 Mais tout est lié au marché européen de l'électricité.
13:32 Quoi qu'il en soit, ce qu'il faut retenir,
13:34 et ce que nos collègues comprennent une fois pour toutes,
13:37 c'est que l'électricité ne coûte pas plus cher à produire aujourd'hui
13:40 qu'il y a un an ou deux ans,
13:42 et qu'elle ne doit donc pas coûter plus cher à consommer.
13:45 C'est une logique implacable.
13:48 Mais elle coûte 6 fois plus cher, ou 4 fois plus cher,
13:50 ou 10 fois plus cher, parce qu'elle passe dans un tableau Excel
13:53 de la Commission européenne, en gros, pour résumer.
13:55 C'est à peu près ça.
13:56 Ou dans un tableau Excel des fournisseurs alternatifs
13:59 qui ne produisent rien non plus.
14:01 Donc ils ne produisent pas, ils ne transportent pas,
14:03 ils ne livrent pas, ils ne maintiennent pas,
14:05 ils n'entretiennent rien, mais ils vendent et spéculent.
14:08 Ça se demandait comment c'est légal.
14:10 En tout cas, ce n'est pas notre problème,
14:12 puisque ce sont des décisions politiques.
14:14 Mais encore une fois, ces décisions politiques,
14:16 elles ont ces conséquences-là, et ces conséquences-là,
14:18 tout comme le PGE, pour nous, elles doivent être assumées
14:20 par ceux qui prennent les décisions,
14:22 puisqu'ils avaient le choix de sortir, par exemple,
14:25 du marché européen d'électricité, comme l'ont fait l'Espagne et le Portugal.
14:28 Alors on nous dit "oui, mais ce n'est pas pareil".
14:30 Évidemment, ce n'est jamais pareil, mais c'est quand même un peu pareil.
14:33 Voilà.
14:35 Donc, puisque le choix a été fait de se maintenir dans ce marché,
14:39 et de se maintenir et de maintenir les consommateurs
14:42 dans des prix totalement prohibitifs, c'est hallucinant.
14:46 On a des collègues qui payent 1 000 euros le mégawatt-heure.
14:50 C'est...
14:52 - Oui, mais si ça passe, bien sûr.
14:54 - C'est ce que dit Olivier Grédoire.
14:56 Olivier Grédoire avait dit "ça passe".
14:58 Quand elle détaillait ses aides, au début janvier,
15:01 elle disait "ça passe".
15:03 Ben non, ça ne passe pas.
15:05 Et quand ça passe, ça ne passe pas longtemps.
15:07 - Ben oui.
15:09 - Et ça passe avec des conditions de vie
15:12 de nos collègues,
15:15 qui sont scandaleuses.
15:18 C'est-à-dire qu'on retourne au Moyen-Âge, quasiment.
15:20 - Oui, et ce qu'il faut bien comprendre,
15:22 c'est que finalement, les commerçants, les artisans,
15:24 en France, représentent une très grande partie de l'économie.
15:27 - Oui, mais ils ne le savent pas.
15:29 C'est la première entreprise de France.
15:31 Mais comme chacun est isolé dans son coin,
15:33 et se fie à ce que lui dit son syndicat ou sa fédération,
15:37 tout le monde subit, tout le monde devient fataliste.
15:40 Et puisqu'on leur dit "c'est comme ça, on ne peut rien faire",
15:43 on peut peut-être faire, si on se remue, si on se bouge,
15:46 si on enlève la tête, qu'on se mobilise et qu'on agit.
15:50 Nombreux. Là, je pense qu'il y a moyen de faire des choses.
15:53 Mais bien sûr que si on continue à subir dans son coin,
15:57 il ne se passera jamais rien, ça c'est clair.
16:00 - À subir et peut-être essayer de sauver sa petite maison,
16:03 sans voir les choses plus en moins ?
16:05 - Oui, mais c'est un faux problème.
16:07 Il y en a qui sont morts et qui ne le savent pas encore.
16:09 Ça va très vite avec l'électricité, très très vite.
16:11 Et on voit des entreprises de 30 ans qui coulent,
16:14 en quelques semaines.
16:16 Ça va très très vite.
16:17 Donc on a mis en place un certain nombre de propositions.
16:19 Par exemple, on a constitué une équipe juridique
16:22 pour accompagner les entreprises dans ce qu'on appelle
16:26 la procédure de sauvegarde auprès du Tribunal de Commerce.
16:29 Donc c'est avant d'être en cessation des paiements,
16:32 c'est-à-dire avant que les actifs soient inférieurs aux passifs.
16:38 Puisque là, dans ce cas-là, on est en cessation de paiement
16:40 et donc en redressement.
16:42 Avant, il y a une phase qui s'appelle la sauvegarde.
16:46 Et donc c'est une mise en sous-protection du Tribunal de Commerce.
16:49 Ce n'est pas magique, mais c'est une solution
16:51 qui permet de gagner du temps.
16:52 Puisqu'on gèle les dettes, on gèle toutes les dettes
16:54 à l'instant où la décision est prise par le tribunal.
16:57 On continue d'exploiter à peu près comme avant son entreprise,
17:01 sans trop de contraintes.
17:03 Et on a quelques mois, 6 mois, voire un an,
17:05 pour proposer un plan d'appurement de la dette qui avait été gelée.
17:09 – Est-ce que ce n'est pas un peu comme les reports de charges ?
17:12 – Oui, mais il y a un moment où il faut qu'on gagne du temps.
17:15 – C'est une suite en avant quelque part.
17:17 – Oui, c'est pour ça que je dis que ce n'est pas magique.
17:19 Mais c'est mieux ça que de fermer tout de suite dans 8 jours.
17:23 Voilà, ça donne un peu de souffle.
17:26 Et ça donne du temps pour espérer, encore une fois,
17:28 mobiliser et motiver suffisamment de monde pour dire non.
17:31 On refuge maintenant.
17:33 – Mais concrètement, Christophe Chirac,
17:34 si vous arrivez à mobiliser du monde,
17:35 qu'est-ce que vous voulez réclamer auprès du pouvoir politique aujourd'hui ?
17:39 – De payer le prix juste.
17:42 Voilà, l'électricité est fabriquée, encore une fois,
17:47 partons sur 60 euros le mégawatt-heure,
17:51 il n'y a aucune raison qu'on ne paye 600. Aucune.
17:54 – Mais pour tout le reste, pour les PGE qui sont à rembourser ?
17:57 – Les PGE, c'est la même chose, c'est exactement le même esprit.
18:00 Après, je suis navré que ce soit de l'argent public.
18:02 Ce n'est pas moi qui ai pris ces décisions-là.
18:04 Donc oui, on peut nous dire que c'est encore de l'argent public.
18:06 C'est de toute façon de l'argent public.
18:08 De toute façon. Mais ce n'est pas moi qui ai pris ces décisions-là.
18:13 – Mais c'est vous qui avez pris la décision de prendre un PGE, par exemple ?
18:16 – Ah oui, ou de mourir.
18:18 Voilà, c'était l'alternative, c'était de couler, de fermer.
18:22 Ça, c'était certain. Donc effectivement, je l'ai pris.
18:25 Pas le choix. Et puis, sur l'instant, à l'époque,
18:30 on était quand même un peu affolés.
18:34 On n'était pas forcément extrêmement pertinents dans ce qui se passait.
18:38 On était quand même aussi, nous, assénés à des mêmes informations que tout le monde.
18:41 Et c'était quand même assez compliqué.
18:43 Mais avec le recul, et d'ailleurs, encore une fois,
18:45 pourquoi au deuxième confinement, les conditions d'anonymisation ont changé ?
18:49 Il y avait une raison.
18:51 On n'allait pas refaire encore un PGE.
18:53 – Non, c'est vrai.
18:55 – Mais il ne fallait pas les fermer, les établissements.
18:58 Enfin voilà, c'est un autre problème.
19:00 Et puisque ça a été fait comme ça et décidé comme ça,
19:03 on est à l'état d'assumer jusqu'au bout sa responsabilité.
19:07 Puisque nous expliquent tous qu'ils sont très responsables
19:09 et qu'ils agissent en responsabilité.
19:11 Il faut le prouver de temps en temps.
19:13 Mais j'en suis bien désolé, mais oui,
19:15 ce n'est pas à nous de financer les décisions des dirigeants.
19:19 C'est quand même invraisemblable.
19:21 C'est invraisemblable.
19:23 – Aujourd'hui, comment voyez-vous l'avenir,
19:26 pas simplement de votre commerce, de votre restaurant,
19:29 mais de toute cette activité qui, comme vous l'avez rappelé,
19:32 est la première entreprise de France ?
19:34 – Oui, on représente presque 85% de la TVA collectée.
19:39 Ce n'est pas rien.
19:41 – Oui, parce que finalement, vous êtes collecteur d'impôts.
19:43 – Eh oui, on est une vraie force.
19:45 – Comme des notaires.
19:46 – Oui, on est une vraie force, mais encore une fois,
19:48 composée de millions de gens isolés.
19:51 Et donc, il faut qu'on agglomère tous ces gens-là.
19:54 Il faut qu'ils acceptent l'idée
19:56 qu'ils ne peuvent compter sur personne d'autre que eux-mêmes.
20:00 Et qu'ils nous rejoignent,
20:02 puisqu'on est à peu près les seuls à proposer quelque chose
20:06 d'assez structuré et d'assez intelligent,
20:09 puisque la mise en sauvegarde, c'est une mesure intelligente.
20:12 Après, on peut aller faire des grèves ou des manifs.
20:16 C'est bien, ça occupe, mais ça ne fait pas danser les choses.
20:19 On a ces actions en responsabilité contre l'État,
20:23 pour les PGE et pour l'énergie.
20:26 C'est la même, puisqu'encore une fois,
20:27 ce sont des choix qui ont été faits.
20:28 Donc, c'est à eux d'assumer les conséquences des choix.
20:30 On va aller voir ce que nous dira le juge.
20:32 On verra bien. Donc, on va le faire.
20:34 Et puis, si on est suffisamment nombreux,
20:37 et que, je ne sais pas, on peut rêver.
20:39 Comme certains industriels ont des tarifs
20:42 extrêmement compétitifs auprès des DF,
20:45 pourquoi ? On ne sait pas.
20:47 Parce qu'ils sont gros consommateurs,
20:49 parce qu'ils ont des entreprises stratégiques.
20:51 En tout cas, ça prouve que c'est possible
20:53 de payer un mégawatt-heure à 70 euros.
20:56 Ça existe. Et donc, ça prouve que c'est possible.
20:59 Donc, si on est suffisamment nombreux,
21:01 et intelligents et structurés,
21:03 on peut aller voir le fournisseur,
21:04 le fabricant d'électricité, et lui dire
21:06 "ben voilà, on est représentant
21:07 de mégawatt-heure de consommation.
21:09 Comment on fait ?".
21:11 Il y a plein de choses à imaginer.
21:13 Mais il faut qu'on arrive à s'agglomérer.
21:15 Il faut surtout arrêter d'être fataliste,
21:16 de baisser les bras et de dire "on ne peut rien faire".
21:18 On saura une fois qu'on aura essayé.
21:20 Mais il y a des choses à essayer.
21:22 – Et alors, aujourd'hui, si les gens qui vous ont entendu
21:24 qui sont précisément artisans ou commerçants
21:26 et qui veulent vous rejoindre,
21:28 comment ils peuvent faire ?
21:30 – On a un site internet qui s'appelle
21:32 antigone-france.com
21:36 pour ceux qui sont en difficulté
21:38 ou qui pensent qu'ils vont être bientôt en difficulté
21:40 et qui seraient concernés par la procédure de sauvegarde.
21:43 On a une adresse mail à disposition.
21:47 Cette adresse mail, c'est
21:48 antigone.sauvegarde.pme@gmail.com
21:55 Ça c'est important.
21:57 Il suffit d'envoyer un petit email en disant
21:59 "j'ai des ennuis", d'écrire rapidement.
22:02 Et on a notre équipe juridique qui prend contact.
22:06 – Et tout ça c'est bénévole ?
22:08 – Tout ça c'est bénévole.
22:09 – Ou il y a une participation ?
22:10 – On espère que les gens adhèrent aussi.
22:12 Parce que tout ça nous coûte.
22:14 – Bien sûr.
22:15 – Depuis… ça fait 10 ans maintenant
22:18 qu'on a une activité bénévole.
22:20 On a constitué cette structure syndicale
22:22 avec une adhésion symbolique.
22:24 La désion de base est à 30 euros.
22:26 Donc pour une entreprise c'est vraiment symbolique.
22:28 Mais nous on a maintenant des frais.
22:30 On fait travailler des gens.
22:31 Des avocats.
22:33 Alors ils sont sympas avec nous.
22:35 Mais pour être efficace, il faut aussi être en mesure de rémunérer.
22:38 – Oui, il serait bien que l'entreprise n'ait pas besoin de PGE.
22:40 – Oui, tant qu'à faire.
22:41 Puis c'est la base, c'est normal en plus.
22:43 Donc il faut qu'on ait…
22:44 Effectivement on a besoin de moyens.
22:45 On a besoin de monde.
22:46 On a besoin de moyens.
22:47 Et on a besoin d'aide.
22:48 On a besoin de bras.
22:49 On a besoin de gens qui sont motivés pour agir.
22:51 Pour animer tout ça.
22:52 On démarre juste.
22:53 Donc il faut faire vivre.
22:54 Il faut essayer de bousculer un peu le…
22:57 L'idée c'est de réussir à redistribuer les cartes
23:00 de la représentation professionnelle.
23:02 Parce que…
23:03 On ne peut pas laisser nos chefs de syndicats ou de fédérations
23:08 aller partager la galette des rois
23:10 ou percevoir une petite Légion d'honneur
23:13 et puis finir tout ça dans les salons des ministères.
23:16 Je ne fais pas de populisme.
23:17 Mais enfin, ça ne suffit pas.
23:19 Ce n'est pas ça qui aide les artisans.
23:20 Ça c'est clair.
23:21 Ce n'est pas possible.
23:22 – Merci beaucoup Christophe Chirac d'être venu jusqu'à TV Liberté.
23:25 – Merci à vous en tout cas.
23:26 C'est très gentil de nous avoir reçu.
23:27 – Merci à tous.
23:28 Merci à tous de nous avoir suivis.
23:29 N'oubliez pas que vous pouvez nous aider
23:30 et aider cette entreprise en partageant cette émission.
23:34 En l'envoyant à vos amis, à votre famille.
23:36 Mais bien sûr aussi en cliquant sur le fameux petit pouce en l'air
23:39 pour améliorer le référencement.
23:41 À bientôt.
23:42 [Musique]

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