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Lundi 5 juin 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Alexandra Verlhiac (Economiste, SeLoger) , Philippe Feuille (Président, La Compagnie des CGP) et Valéria Faure-Muntian (Déléguée Générale, ANACOFI)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine.
00:10 Smart Patrimoine, l'émission qui vous accompagne dans la gestion de vos finances personnelles
00:14 et qui décrypte également avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine.
00:19 Une émission que vous pouvez retrouver tous les jours sur Bsmart.
00:22 Et au sommaire de cette édition, nous commencerons tout d'abord avec les clés de Limo,
00:25 le rendez-vous dédié à l'acquisition ou à l'investissement immobilier dans Smart Patrimoine.
00:29 Et en l'occurrence, nous tenterons de comprendre ensemble comment évoluent les transactions immobilières à l'heure actuelle
00:35 et notamment avec de plus en plus de négociations dans ces transactions immobilières.
00:39 Nous en parlerons avec le prisme des éventuels gènes constatés ou anticipés ou imaginés par les acquéreurs immobiliers,
00:48 notamment via une étude se logée qui regarde l'impact de la proximité de bars ou de restaurants à proximité d'un bien immobilier.
00:56 Nous en parlerons dans un instant avec Alexandra Verliac, économiste chez Se Loger et Meilleurs Agents.
01:01 Nous enchaînerons ensuite avec Enjeux Patrimoine où cette fois-ci nous aurons le plaisir de recevoir Philippe Feuille,
01:05 président de la compagnie des CGP mais aussi Valéria Formentiane, déléguée générale de l'Anacofi.
01:10 Nous tenterons de comprendre ensemble en cette mi-année 2023 quels sont les grands défis auxquels doivent faire face les conseillers en gestion de patrimoine.
01:18 On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:24 Et c'est parti pour les clés de limo, le rendez-vous dédié de Smart Patrimoine à l'acquisition ou à l'investissement immobilier.
01:30 Nous allons tenter de comprendre ensemble comment évolue ce marché avec un prisme un peu différent,
01:35 avec le prisme de la négociation lors d'une acquisition immobilière.
01:39 Et pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Alexandra Verliac.
01:43 Bonjour Alexandra Verliac.
01:44 Bonjour.
01:45 Vous êtes économiste chez Se Loger mais aussi chez Meilleurs Agents.
01:48 Se Loger qui a notamment conduit une étude pour regarder l'impact de la proximité d'un bien immobilier vis-à-vis de bar ou de restaurant.
02:00 Vous allez nous dire si effectivement ça joue sur le prix ou en tout cas le prix de transaction.
02:06 Ça joue sur la négociation, c'est ce que je lisais dans l'étude.
02:09 Mais tout d'abord, qu'est-ce qui vous a conduit à mener une étude sur la proximité de bar ou restaurant en lien avec un bien immobilier ?
02:16 Parce que ça remontait souvent dans les demandes Se Loger, on ne veut pas de bar ou de restaurant à côté,
02:20 ou au contraire on veut absolument un bar ou un restaurant à côté de chez soi ?
02:23 Alors directement dans nos recherches, non.
02:26 En revanche, on a posé la question à un panel de Français pour savoir si c'était un critère important pour eux.
02:34 Et effectivement, 3 sur 10 nous répondent que oui, pour eux, la présence d'un bar ou d'un restaurant qui dispose d'une terrasse
02:44 est un biais de négociation.
02:46 D'accord, un biais de négociation positif ou négatif ? C'est plutôt un impact négatif sur la recherche immobilière ?
02:53 Alors selon eux, plutôt négatif effectivement parce que 75% d'entre eux nous disent qu'ils font attention à la gêne occasionnée par l'environnement
03:01 quand ils font des recherches, quand ils visitent un bien.
03:04 Et particulièrement, 66% d'entre eux nous disent que la plus grande gêne possible, c'est les nuisances sonores,
03:12 ce qui est moins par exemple que les mauvaises odeurs ou la saleté.
03:16 Donc on a peur d'être trop proche d'un bar ou d'un restaurant quand on entame sa recherche immobilière ?
03:23 Oui, effectivement, c'est ce qu'ils nous disent et même 25% d'entre eux nous disent que c'est presque rédhibitoire.
03:29 Donc ça veut dire que quand on veut faire une recherche immobilière, quand on veut faire une acquisition immobilière,
03:35 on cherche quoi ? Des quartiers calmes où il n'y a pas de bar et pas de restaurant ?
03:38 Ça va dépendre en fait et pour vérifier ces craintes des Français, nous avons regardé ce qui se passait dans les transactions immobilières
03:47 à proximité des bars. Nous avons étudié la proximité de plus de 3000 bars.
03:52 Donc d'abord, vous avez fait du déclaratif si je comprends bien. Vous avez demandé aux gens ce qu'ils recherchent idéalement
03:59 et quels sont les critères qu'ils prennent en compte et après vous êtes allé vérifier si dans les transactions,
04:03 il y avait effectivement une relation de cause à effet.
04:07 Effectivement, c'est ce qu'on a voulu voir chez ce loger et donc pour ça, on a regardé les transactions et surprise,
04:14 en fait, on n'a pas un effet négatif mais un effet plutôt positif. On observe en effet de plus 1% à Paris,
04:20 plus 2,3% dans les grandes villes et jusqu'à plus 3,5% dans les villes moyennes.
04:25 Donc les acquéreurs immobiliers cherchent à ne pas être trop proches des bars ou des restaurants
04:31 mais les biens immobiliers à proximité de bars ou de restaurants finalement se vendent un petit peu plus cher que la moyenne.
04:37 Alors comment on explique la dichotomie entre les deux ?
04:39 Effectivement, c'est là que c'est intéressant. C'est que d'un côté, on a cet effet négatif lié au désagrément, les niaisons sonores
04:46 et de l'autre côté, on a cet effet en fait proximité au centre-ville parce que là où sont situés les bars et les restaurants,
04:53 c'est aussi là où il y a d'autres services, là où vraiment il y a le cœur de la vie de quartier.
04:59 Et ça, c'est là où la demande est plus élevée et ça, ça va pousser la demande vers le haut et donc tirer les prix également vers le haut.
05:09 Donc on n'est pas prêt à quitter finalement un quartier dynamique même s'il y a des nuisances, que ce soit lié à un bar ou un restaurant.
05:15 On n'a pas envie d'avoir les nuisances mais on est quand même content qu'il ne soit pas trop loin de chez soi.
05:19 Alors ça va dépendre où en fait et c'est ce qu'on voit justement sur ces nuances d'effet sur les prix.
05:25 On voit qu'à Paris, c'est seulement +1%. Pourquoi ? Parce que le centre-ville est partout.
05:30 C'est plein de petits centres-villes, plein de quartiers.
05:32 Exactement, tout à fait. Alors que si on regarde dans les villes moyennes, on est à +3,5% et là, c'est parce que l'hypercentre est plutôt localisé à un certain endroit.
05:41 D'accord, oui. Donc l'hypercentre reste attractif ?
05:43 Alors, c'est une question.
05:45 Ah, alors encore, ce n'est pas si évident.
05:46 Ce n'est pas si évident et ça dépend d'où. On a beaucoup entendu parler de la fuite des centres-villes.
05:54 Bien sûr, oui.
05:55 Et donc c'est une question qui se pose. Et on a également regardé ce qui se passait dans les recherches immobilières et on s'est rendu compte qu'on avait quand même
06:03 plus de recherches depuis les villes en dehors des villes et vraiment un processus de péri-urbanisation qui continue et qui s'est accéléré avec la crise du Covid.
06:13 Donc en fait, on a du mal à dégager une tendance claire et uniforme sur tout le territoire parce que si je comprends bien, on ne veut pas les nuisances des centres-villes
06:20 mais on veut quand même y rester. Mais en même temps, on constate aussi que quand on va se loger sur d'autres plateformes, on rêve un petit peu de s'éloigner des villes et des centres-villes.
06:29 Oui. Alors la vérité, c'est que certes, il y a le télétravail, mais d'un autre côté, les centres-villes, c'est là aussi où il y a les centres d'emploi.
06:39 Et quel est le premier critère en fait quand on choisit son logement ? C'est vraiment se localiser à proximité de son emploi afin de limiter les transports.
06:49 C'est toujours cet arbitrage entre est-ce qu'on a envie d'un environnement un peu plus calme et faire des trajets plus longs, mais à la fois, on peut être aussi plus proche de son lieu de travail et gagner en temps de transport.
07:04 Donc pas d'exode urbain constaté actuellement et un bien en centre-ville, même à proximité de bar ou restaurant reste un investissement, pas toujours un bon investissement,
07:12 ça dépend du bien évidemment, mais en tout cas, pas forcément plus risqué aujourd'hui qu'il ne l'était il y a un an.
07:18 Non, pas plus risqué, mais en tout cas aujourd'hui dans le contexte dans lequel on est, ça va jouer effectivement sur la négociation.
07:26 Donc là, on est dans un contexte de remontée des taux où la demande est plutôt tirée vers le bas et donc les acheteurs vont pouvoir négocier plus facilement auprès des vendeurs car les vendeurs font face à moins d'acheteurs.
07:40 D'accord, donc même effectivement, si ça reste même si ça reste attractif, la gêne supposée ou réelle, ça dépend j'imagine après de chaque de chaque endroit va être intégré dans la négociation pour tenter de faire quand même baisser un petit peu le prix.
07:54 Oui, oui, oui, effectivement. Et c'est encore une fois le sondage nous le dit. Les Français nous expliquent que pour eux, c'est un levier de négociation et on le voit.
08:04 Effectivement, les négociations ont augmenté dans les grandes villes et les durées de vente également. Oui, oui, les biens restent plus longtemps sur le marché à Paris.
08:14 Ça se compte en dizaines de jours. Donc oui, ça fait partie de ces leviers de négociation et justement, ça entraîne ça entre en jeu aussi dans ce changement de contexte.
08:25 Mais pour autant, les prix baissent pas. Alors les prix baissent, ça dépend. Je veux dire dans votre étude par rapport au reste du marché, les prix en centre-ville à proximité de bar ou de restaurant.
08:34 Alors là, on l'a étudié à un moment donné. On n'a pas regardé l'évolution dans le temps. D'accord. L'impact est plus fort maintenant qu'avant. Donc c'est vraiment une photo.
08:46 Cependant, on voit bien qu'il y a certaines villes en France et parmi les villes les plus grandes où les prix baissent. Encore une fois, il y a des nuances.
08:56 Quand vous avez mené l'étude, effectivement, on le voit, les délais de vente sont plus longs. La négociation entre plus en compte qu'avant parce que les acheteurs peuvent se le permettre tout simplement.
09:09 Si on regarde, si on reste sur cette thématique bar et restaurant, est-ce que c'est une excuse pour négocier parce qu'on a envie de négocier ou au contraire c'est vraiment quand même un sujet qui tient à cœur des gens qui recherchent leur appartement ou leur maison et qui, du fait d'avoir un peu repris la main sur le marché, deviennent plus exigeants encore qu'avant sur l'acquisition immobilière ?
09:29 Oui, tout à fait. Je pense que les acquéreurs deviennent plus exigeants parce qu'effectivement, ils ont ce gain de pouvoir. Alors après, est-ce que chaque acquéreur négocie sur ce critère-là ? Je ne pense pas non plus. Mais oui, ça va jouer.
09:45 Mais encore une fois, tout dépend où. Et par exemple, si on compare des villes comme Lyon, Bordeaux où là, les prix sont déjà en baisse depuis une bonne année maintenant, ça va jouer différemment qu'à Marseille où là encore, le marché reste dynamique.
10:01 Et donc mécaniquement, on verra moins l'impact à Marseille à court terme et plus à moyen terme ? Enfin, on n'en sait rien mais c'est ce qu'on peut supposer. On reste effectivement dans la vérité des chiffres.
10:12 Alors on a parlé effectivement tout à l'heure d'un petit peu d'exode urbain. C'est un sujet que vous suivez de près au-delà de l'étude qu'on vient d'évoquer. On n'en constate pas aujourd'hui.
10:21 Mais pourtant, on constate que dans les recherches se logées, on a, on anticipe ce projet, on a envie de bouger. Est-ce que ça veut dire que quand même, on est selon vous sur une tendance de fond de volonté d'aller un peu plus au vert sur des prochains achats immobiliers ?
10:38 Alors effectivement, on l'a vu. En regardant ce qui se passait sur les recherches, on a vu qu'il y avait de plus en plus de recherches depuis les centres-villes vers des zones périurbaines ou voire des zones rurales et particulièrement pour des maisons.
10:53 C'est un phénomène dont on a beaucoup entendu parler. Alors de là à parler d'exode urbain, le terme est un peu fort parce qu'exode urbain, on a l'impression que tout le monde va quitter les villes.
11:03 Oui, surtout que là, on parle de recherche, on ne parle pas de transaction. Exactement. Oui, oui, ça reste dans les recherches. Donc, on voit cette appétence pour le vert, pour les zones périurbaines, à savoir quand même que c'était un phénomène qui était déjà existant avant crise.
11:17 La crise n'a fait qu'accélérer en fait ce phénomène. Eh bien, on va suivre ça dans les prochaines semaines et prochains mois. Peut-être que vous constaterez dans les chiffres un peu plus tard, effectivement, une accélération ou une décélération des tendances qu'on peut évoquer actuellement.
11:30 Merci beaucoup, en tout cas, Alexandra Verliac d'être venue sur le plateau de Smart Patrimoine. Je rappelle que vous êtes économiste chez Meilleurs Agents et Se Loger. Merci beaucoup. Merci.
11:39 Et Quentin, on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.
11:46 Et nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine. Nous allons tenter de comprendre ensemble quels sont les grands défis auxquels font face les CGP dans cette mi-année 2023. Les CGP qui font face évidemment à une évolution du contexte économique qui peut remettre en cause certaines stratégies de placement ou d'investissement, mais aussi des évolutions réglementaires, des questionnements au niveau de Bruxelles sur le modèle même des CGP en France et en Europe et peut-être aussi des défis plus économiques en lien avec leur statut de chef d'entreprise.
12:14 Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine Valéria Formuntiane. Bonjour Valéria Formuntiane.
12:19 Bonjour.
12:20 Bienvenue. Vous êtes déléguée générale de l'Anacofi. Nous avons le plaisir de recevoir également Philippe Feuille, président de la compagnie des CGP. Bonjour Philippe Feuille.
12:27 Bonjour.
12:28 Bienvenue donc à tous les deux. Nous n'avons que 15 minutes pour évoquer ces grands défis des CGP. Valéria Formuntiane, on va commencer par vous.
12:36 Ce que j'ai mis en haut de la liste, mais ce n'est peut-être pas forcément ce que ressent le secteur, mais ce que j'ai mis en haut de la liste, c'est les discussions qui ont eu à Bruxelles depuis plusieurs mois maintenant, cette Retail Investment Strategy, ce texte qui porte notamment l'idée qu'on pourrait voir ce modèle de rétrocession connu en France remis en cause.
12:54 Est-ce que c'est un sujet d'inquiétude aujourd'hui au sein de la profession ?
12:57 Alors il faut faire attention au vocabulaire que nous utilisons. Il est là le sujet aussi de la commissaire européenne qui a proposé cette quasi-interdiction. Enfin, on ne sait pas si c'était, si ça se voulait une interdiction des commissionnements.
13:09 Aujourd'hui, le texte est un petit peu différent, mais il est toujours en débat et il porte toujours des risques pour nos professions. Mais entre les honoraires, les commissions et les rétrocessions, il y a trois choses différentes et donc il faut bien faire attention au vocabulaire.
13:24 Ce que Madame McGuinness souhaitait interdire, c'est le commissionnement et donc les commissions, c'est la façon de rémunérer un professionnel pour son conseil parce que son client, c'est celui qu'il conseille.
13:37 Mais à la fois, on n'a pas la culture des honoraires en France et même dans d'autres pays voisins en Europe et donc le fait d'être rémunéré par les professionnels pour le conseil est un des modes de rémunération.
13:54 Nous, ce qu'on défend, c'est la liberté de choisir en fait, honoraire ou commission, peu importe, mais la liberté des professionnels de choisir sur le marché. Et ce n'est pas le cas de Madame McGuinness.
14:06 Mais ce n'est pas un sujet qui est nouveau, c'est un sujet qui revient régulièrement. Pour autant, est-ce que là, ça inquiète plus la profession, ce texte et cette volonté de maire Ed McGuinness de potentiellement pouvoir arriver au bout de son texte ?
14:18 Alors, l'interdiction a été retirée de son texte, mais ce qui inquiète encore aujourd'hui, c'est les potentielles réglementations nouvelles qui vont venir alourdir la capacité d'exercer la profession des conseillers en investissement financier et la lourdeur que ça va comporter et puis le lien aussi entre le client, l'intermédiaire et puis ceux qui mettent à disposition les produits de placement.
14:46 Et ce lien-là, il doit être aussi transparent pour que la formation puisse circuler. Le CIF ne peut pas donner la formation qu'il ne détient pas. Et là, la difficulté. Et donc, à la fois, tout le monde doit jouer le jeu.
15:00 Aujourd'hui, en tout cas, on n'a pas sur le terrain de clientèle qui demande plus de transparence ou qui se plaint de la façon dont leur conseil est rémunéré. On n'a pas de litige sur le terrain aujourd'hui. Et on se demande pourquoi l'arrivée de ce texte. Et qu'est-ce que ça peut cacher potentiellement ?
15:20 Philippe Feuille, même question. Le sujet commission. Effectivement, vous avez bien fait de me reprendre. Commission et rétrocession ne sont pas exactement la même chose. Le sujet possible, interdiction ou en tout cas remise en cause du modèle.
15:33 Parce que même si le texte ne va pas au bout, c'est une nouvelle fois un texte qui vient remettre en cause un modèle français de rémunération des conseillers en investissement financier ou conseillers en gestion de patrimoine.
15:44 Est-ce que ça inquiète la profession ? Est-ce que c'est un sujet supplémentaire d'inquiétude ?
15:48 Alors, je pense qu'il y a deux choses qu'il faut bien dissocier. Je vais rebondir sur les propos de Valéria. Effectivement, les clients aujourd'hui ne sont pas demandeurs à ce que les rétrocessions, les commissions, etc. n'existent pas.
16:06 Deuxièmement, nous avons un rôle qui est un rôle pédagogique, qui demande du temps, de l'énergie et qui demande aussi à apporter à nos clients, nos concitoyens, une culture économique, financière de protection, de prévoyance.
16:26 Parce qu'il ne faut pas oublier qu'on parle beaucoup des produits financiers. Mais notre métier n'est pas uniquement orienté que sur les produits financiers. Ça peut être la retraite, ça peut être l'épargne, la prévoyance, la santé.
16:38 Enfin, on a un secteur d'activité qui est quand même très large, sans compter que ça peut être aussi l'immobilier.
16:44 Oui, on peut cumuler plusieurs types d'accompagnement.
16:48 Mais quand on dit qu'il faut dissocier les choses, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que d'abord, il y a une étude qui est faite, une étude auprès de nos clients pour connaître leur activité, leur profit, leur situation familiale, professionnelle, etc.
17:02 Et à partir de là, des solutions qui vont être envisagées et des propositions qui vont être faites et qui peuvent être tout à fait, effectivement, rémunérées sous forme d'honoraires de conseils.
17:14 Et indépendamment de ça, si le client le souhaite et d'une manière tout à fait transparente, effectivement, s'il veut continuer à travailler avec nous, on va effectivement adapter un certain nombre de produits de diversification à différents niveaux, assuranciels, placements, etc.
17:30 Tout ça représente un travail qui est important. Et c'est là où la transparence, justement, qui est donc la nôtre, est de pouvoir expliquer toutes les phases de transition qu'il y a, sans compter les partenaires, assureurs, sociétés de gestion qui existent sur le marché, où nous avons tous un lien.
17:48 Ça, c'est le premier sujet. Le deuxième sujet. Malheureux, on parlait tout à l'heure, mais il y a la culture franco-française.
17:57 — En France, on n'a pas l'habitude de payer pour son conseil, son patrimoine. — Les honoraires, c'est pas... Nous sommes bien d'accord. En Angleterre ou dans certains pays, oui. Mais sur quel type de profil de client, aussi, ce sont des clients qui ont des patrimoines relativement importants.
18:10 Ça veut pas dire que nous, nous n'en avons pas. Nous en avons. Mais il y a aussi le client qui cherche à se constituer une épargne, une retraite, un capital pour les années qui viennent et qui a besoin de conseils et qui a besoin de conseils personnalisés.
18:23 Donc c'est pour ça que je tiens à bien dissocier les choses. Et les rétrocessions et les commissions, etc. font partie intégrante, effectivement, d'un système qui ne doit pas être comparé avec d'autres systèmes.
18:34 — Parce que oui, il y a deux arguments qui s'opposent. Il y a l'argument de dire si vous touchez une commission sur le produit que vous m'avez proposé, ça veut dire que mécaniquement, je me demande si vous êtes 100% indépendant sur le produit que vous avez proposé.
18:45 Et l'argument inverse qui est de dire si je ne me rémunère pas comme ça, je suis pas sûr que vous, vous aurez envie de me rémunérer pour un conseil que je vous donnerai alors même que vous n'avez pas l'habitude de payer pour ce type de conseils.
18:57 — Bien sûr. Mais c'est ce qui fait la différence entre le statut d'indépendant et de non indépendant ou de cumul entre les honoraires et les rétrocessions de commissions. Ça, c'est un premier sujet.
19:09 Le deuxième, il faut quand même pas oublier que nous avons une durabilité auprès de nos clients, un accompagnement auprès de nos clients qui est régulier.
19:19 Ça aussi, c'est un élément. Et je vais vous donner un exemple que nous venons malheureusement de vivre. C'est la période de confinement où nous avions beaucoup de clients qui nous appelaient en nous disant
19:29 « J'ai plus d'interlocuteur. Est-ce que vous voulez bien continuer à me suivre parce que j'ai besoin de conseils ? » — Bien sûr.
19:35 — « Qu'est-ce que je dois faire dans une période comme celle-ci ? » Donc il y a une situation, je dirais, de résilience et un travail d'accompagnement qui est fait qui, effectivement,
19:45 se justifie tout à fait et que les clients comprennent tout à fait bien. — On va rester sur ce sujet même si, effectivement, cette émission s'appelle
19:51 « Les grands défis des CGP ». On va quand même creuser celui-là un petit peu. Valéria Formentiane, est-ce que la profession – on parle du ressenti des professionnels
19:59 de la gestion de patrimoine – s'inquiète peut-être des effets ricochets aussi des questionnements qui peuvent avoir lieu à Bruxelles, peut-être d'un durcissement
20:09 réglementaire français pour justement éviter un arrêt pur et simple du modèle aujourd'hui ? — De toute façon, le texte qui a été déposé en commission européenne
20:19 va être voté même si l'interdiction des commissions a été complètement retirée. On attend aujourd'hui, effectivement, la fin des débats pour savoir
20:29 à quelle sauce nos adhérents vont être mangés et comment cette volonté de l'hypertransparence peut agir sur eux en termes réglementaires.
20:41 — Le débat n'étant pas clos aujourd'hui, on a du mal à le visualiser. C'est pas une inquiétude qu'on ressent sur le terrain aujourd'hui. Ce qu'on ressent,
20:49 c'est la remise en question de la profession, de son existence et de son mode de rémunération, c'est-à-dire que les professionnels – et ils sont nombreux
21:00 aujourd'hui sur le terrain – se demandent pourquoi on les attaque pour la énième fois alors même qu'ils apportent un service non négligeable à nos concitoyens,
21:09 toutes revenus confondus. Il n'y a pas que les grandes fortunes qui reçoivent aujourd'hui ce service en France et surtout que nous contribuons
21:19 de manière assez importante au financement de l'économie à travers l'accompagnement de nos clients. Donc si nous ne faisons plus ce service-là,
21:28 c'est tout l'écosystème qui risque de s'effondrer. Les établissements d'assurance ou de banque ne suffisent plus pas à eux seuls pour accompagner
21:37 tout le patrimoine des Français. Donc on a besoin d'exister. On apporte une réelle valeur ajoutée sur le marché et on ne comprend pas pourquoi on nous attaque à nouveau.
21:48 – Et l'hypertransparence dont vous parliez, ce n'est pas un sujet d'inquiétude pour le moment ? On attend de voir comment ça évolue à Bruxelles
21:53 avant de voir les répercussions potentiellement en France ? – Si, si, il y a une inquiétude parce que l'incertitude qui règne depuis plusieurs mois
22:01 autour de ce débat, effectivement, crée de l'inquiétude. On espère en tout cas que le modèle français sera défendu par le gouvernement
22:12 et par les parlementaires, les eurodéputés. Toutefois, même si la transparence, tout le monde est d'accord avec, enfin je dirais le but c'est de porter
22:21 – Bien sûr, bien sûr. En fait le sujet ce n'est pas la transparence, c'est le poids réglementaire que ça implique pour le professionnel en question.
22:27 – Il est l'ourdeur et surtout la capacité de mise en application, la réalité de ce que nous sommes capables de livrer aujourd'hui et demain
22:35 avec les différents liens que nous avons avec ceux qui détiennent les fonds qu'on peut conseiller.
22:41 – Philippe Feuille, pour quand même évoquer d'autres grands défis auxquels font face les CGP, je vous propose une question ouverte,
22:46 je vous propose de choisir entre ceux que moi j'ai identifiés, peut-être que vous pourrez en rajouter.
22:49 Le grand défi ou les grands défis auxquels font face les CGP aujourd'hui c'est quoi ? C'est le contexte économique et l'inflation qui fait que
22:56 on doit être capable de remettre en cause ces stratégies tout en justifiant pourquoi on a fait ça jusqu'alors et faire en sorte que ces clients
23:02 ne perdent pas trop d'argent voire continuent à en gagner quand on a réussi à leur en faire gagner.
23:06 C'est un secteur qui se concentre de plus en plus et la place qu'on réserve à ceux qui sont plus petits ou c'est des défis de chefs d'entreprise
23:14 qui sont connus dans toutes les professions et que connaissent aussi les CGP ?
23:18 Il y a beaucoup de questions. Je vais essayer d'être assez transparent puisque nous sommes dans la période de transparence.
23:27 Bien sûr, c'est la tendance.
23:29 Je pense que dans un contexte comme celui que nous connaissons, ce n'est pas la première fois que nous avons une période inflationniste.
23:37 Il faut quand même se rappeler il y a quelques années où nous avions des taux d'inflation qui étaient beaucoup plus importants
23:42 et où effectivement nous avions des produits financiers qui avaient des taux garantis relativement importants mais sur une durée.
23:49 Je parlais d'éducation financière tout à l'heure et il est bien clair qu'un client aujourd'hui qui investit,
23:57 notamment on va prendre un sujet qui est d'actualité, les retraites par exemple,
24:02 on sait très bien qu'on ne se constitue pas un système de retraite sur une période courte et qu'on le fait sur une période longue.
24:09 Je rappellerai juste aussi qu'il y a des fondamentaux financiers qui font qu'on sait très bien qu'il y a des hausses et des baisses des marchés
24:17 et que c'est sur du long terme qu'il y a un nivellement financier et une rentabilité qui peut être dégagée.
24:23 Seulement, on a été mal habitué.
24:25 Bien sûr.
24:25 C'est-à-dire que quand nous avons l'argent qui est relativement facile, quand nous avons les financements qui sont faciles
24:30 et en plus de ça où on cherche à avoir un produit totalement sécuritaire qui va rapporter le maximum,
24:35 forcément, il y a un déséquilibre qui se fait, c'est normal.
24:39 Donc c'est là où justement la valeur ajoutée dont Valéria parlait encore tout à l'heure,
24:45 nous sommes là pour justement contribuer à cette valeur ajoutée et bien dissocier au client tout ce qui va devoir se passer
24:53 parce qu'il va y avoir une évolution familiale dans sa famille, une évolution professionnelle,
24:59 une évolution du système dans lequel nous sommes et c'est là où notre accompagnement va permettre ce genre de choses.
25:05 Mais justement, aujourd'hui, il existe des produits sûrs qui rémunèrent.
25:09 Ça n'existait pas il y a un an. Aujourd'hui, avec la remontée des taux, il y en a plus.
25:12 Est-ce que ça, c'est du coup...
25:14 Oui, mais déjà, il faut regarder par rapport à l'inflation.
25:16 Quand vous avez une inflation de 6,5%, vous avez un produit qui est à 3, il y a un delta négatif quelque part.
25:22 Donc déjà, c'est une chose.
25:24 Mais on parle de produits liquides.
25:26 Or, dans une diversification patrimoniale, et c'est là encore où notre rôle intervient,
25:31 c'est que justement, on va devoir accompagner le client pour lui préparer d'une manière globale
25:36 ou l'aider ou l'accompagner dans son patrimoine pour que justement,
25:40 il y ait une diversification de conseils, de produits qui permettent ce genre de choses.
25:45 Donc, l'inquiétude dont vous parliez tout à l'heure, elle est tout à fait compréhensible.
25:49 Pourquoi ? Parce que, en plus, nous sommes déjà d'une très grande transparence.
25:53 Et peut-être, je dirais même que ce millefeuille réglementaire qui pourrait être donné
26:00 ne va pas contribuer.
26:01 Vous savez, trop d'informations tuent l'information.
26:03 Et un client, qu'est-ce qu'il attend ?
26:05 Il a éventuellement des problèmes connus ou pas.
26:10 On est là pour l'accompagner, lui donner des solutions.
26:12 Et c'est ce qu'il cherche.
26:13 À partir du moment où il est suivi, accompagné, ça ne pose aucun problème.
26:17 Donc, il y a vraiment une culture pédagogique qui est très importante.
26:21 Il y a quand même une chose aussi sur laquelle je voudrais...
26:23 - Très rapidement, oui.
26:24 - Mais très rapidement.
26:25 Il ne faut pas oublier que les mêmes questions se sont posées en Grande-Bretagne.
26:29 Et il y a eu plus de 10 000 cabinets en Grande-Bretagne qui ont fermé les portes.
26:33 - Là, vous parlez du modèle de rémunération des CGP.
26:35 - Modèle de rémunération des CGP.
26:36 Et je pense qu'il faut en tenir compte.
26:38 - Valéria Farmancian, même question que Philippe Feuille.
26:42 Rapidement, effectivement, si on doit parler d'autres grands défis auxquels fait face
26:45 la profession aujourd'hui.
26:46 On a parlé du contexte économique.
26:47 On a parlé donc du modèle en lui-même.
26:49 Est-ce qu'il y a d'autres choses qui remontent du terrain que vous identifiez ?
26:52 - La transition numérique est clairement un des défis de nos professions.
26:57 Autant en termes d'organisation de travail et de services apportés aux clients, autant
27:03 sur la diversification des placements.
27:05 On voit bien entre la cybersécurité, l'intelligence artificielle, la mise en place du RGPD qui
27:10 n'est toujours pas terminée à mettre en place sur l'ensemble des entreprises et notamment
27:14 les TPE, PME.
27:16 Et puis la blockchain avec la cryptomonnaie et puis la nouvelle réglementation MICA qui
27:22 va nous arriver d'ici quelques mois en France, qui va remplacer la réglementation de la
27:29 loi Pacte.
27:30 Clairement, là, il y a un grand, grand, grand défi pour nos professions pour se mettre
27:36 en ordre de bataille, de compréhension, se mettre aussi à niveau en termes réglementaires
27:42 parfois et puis être à jour par rapport à la clientèle pour éviter de se faire disrupter
27:48 par des…
27:49 C'est-à-dire qu'il y a le côté réglementaire, il y a le côté usage.
27:52 Tout à fait.
27:53 Et compréhension effectivement des nouvelles possibilités que ça peut offrir.
27:57 Merci beaucoup à tous les deux d'être venus sur le plateau Smart Patrimoine.
28:00 Merci Valéria Formunetian, déléguée générale de l'Anacofi.
28:02 Merci Philippe Feuille, président de la compagnie des CGP.
28:04 Merci à vous également de nous avoir suivis et je vous donne rendez-vous très bientôt
28:08 sur Bsmart.
28:08 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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