Samedi 3 juin 2023, SMART WOMEN reçoit Soumia Malinbaum (présidente, CCI Paris)
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00:00 ...
00:01 -Bismart.
00:02 -Bonjour, Soumya Menbom.
00:04 -Bonjour.
00:05 -Merci d'être là,
00:07 merci d'être là pour nous apporter votre témoignage
00:10 sur la place des femmes, justement,
00:12 dans le monde économique, notamment.
00:14 Vous pouvez d'autant mieux le faire et plus le faire
00:17 que vous avez un parcours et des engagements variés.
00:20 Je rappelais en introduction, vous êtes entrepreneur,
00:23 vous avez créé, développé votre boîte
00:26 qui était sur la technologie de l'information
00:28 depuis 15 ans, vous l'avez revendue au groupe Kérus,
00:31 vous êtes devenu de ce fait vice-présidente
00:34 business development et ELG de Kérus,
00:37 et vous êtes également, depuis quelques temps,
00:40 présidente donc élue de la CCI Paris.
00:42 C'est à ce titre que je voulais vous faire intervenir aujourd'hui
00:46 parce que vous avez ce regard au sein de la CCI Paris,
00:49 qui est une grosse CCI, de tout ce qui peut se passer.
00:52 Avant de parler des femmes dans le cadre de votre activité,
00:55 dites-nous les grands chiffres,
00:57 qu'est-ce que la CCI Paris, qu'est-ce que ça représente
01:00 et quelle était votre ambition feuille de route du démarrage ?
01:03 En très court, pour qu'on puisse parler des femmes.
01:06 -La CCI, c'est un établissement public.
01:09 Dans le monde consulaire, en France,
01:11 il y a 122 chambres de commerce territoriales, régionales.
01:14 La mienne est départementale.
01:16 Paris, c'est le poumon de la France,
01:18 c'est 380 000 entreprises, c'est 62 000 commerces,
01:21 c'est le centre de tous les pouvoirs,
01:23 politique, économique, institutionnel.
01:26 Et là, l'établissement au milieu du village,
01:29 avec un entreprenariat très développé,
01:31 parce qu'il y a 5 000 start-up aussi à Paris.
01:34 Et donc, je suis... J'ai été élue pour un mandat de 5 ans,
01:37 donc la deuxième femme en un siècle.
01:40 -Oui, excuse-moi, mais vous m'avez dit, d'ailleurs,
01:43 que sur les 120 chambres consulaires, il n'y en a que 20...
01:47 -Sur les 122 chambres en France,
01:50 il y a à peine 10 % de femmes présidentes.
01:52 -C'est ça, de femmes.
01:54 Et on le voit bien quand on se retrouve en assemblée générale,
01:57 il y a un phénomène un peu très bizarre
02:00 dont on n'a plus trop l'habitude,
02:02 parce qu'il y a beaucoup de mixité,
02:04 mais de n'avoir que 10 % de femmes dans une assemblée de 122...
02:07 Sans hommes, c'est effectivement...
02:10 C'est quelque chose qui n'est pas équilibré.
02:12 Et donc...
02:14 -Vous avez été élue sur la base d'un programme.
02:16 -Elue et sur la base d'un programme.
02:18 Le programme, c'est...
02:20 Je suis une femme de la TEC,
02:22 donc pour à la fois apporter de l'innovation,
02:24 de la créativité,
02:26 et puis répondre aux enjeux qui attendent
02:28 à la fois le commerce et les entreprises parisiennes,
02:31 notamment avec l'arrivée des grands événements,
02:34 la Coupe du monde de rugby en septembre
02:37 et les JOP l'année prochaine.
02:39 Donc voilà, beaucoup d'enjeux
02:40 et beaucoup d'interactions aussi avec tout l'écosystème
02:44 en termes de sécurité, de mobilité.
02:46 Et donc le sujet de l'entreprenariat,
02:48 pour moi, il est central, et surtout autour des femmes.
02:51 -Les femmes. -Les femmes.
02:53 -Parlons-en. -On en parle,
02:55 parce qu'effectivement, un chiffre
02:57 qui était assez, d'ailleurs, interpellant,
02:59 c'était que 30 % de femmes entreprennent en France,
03:02 mais en Ile-de-France, il n'y en a que 25 %.
03:05 Donc c'était une question quand même
03:07 qui nous a interpellées.
03:09 Et donc on a décidé ensemble, avec les élus,
03:12 parce que j'ai 80 élus,
03:13 qui sont comme moi bénévoles
03:15 et qui accompagnent cet établissement public
03:18 pour redonner un peu de notre expérience
03:20 et de notre vécu, on a créé un programme
03:23 qui s'appelle Boost Entrepreneurs,
03:25 qui accompagne aujourd'hui un peu moins de 30 femmes
03:28 qui ont créé leur entreprise
03:31 qui ont moins de 3 ans,
03:32 que ce soit des femmes qui ont créé entre 1 et 3 ans,
03:35 et qui rencontrent énormément de difficultés.
03:38 Donc c'est une formation professionnalisante
03:40 dédiée aux femmes,
03:42 un parcours d'un an,
03:44 avec énormément de...
03:47 d'ateliers...
03:49 -C'est du présentiel.
03:51 -C'est du présentiel,
03:52 avec des parrains et des marraines.
03:55 Le président de cette première promo,
03:58 c'est Philippe Pouzet,
03:59 un grand patron des Galeries Lafayette,
04:03 et vraiment un homme remarquable.
04:06 Et donc, pendant un an, on les accompagne,
04:08 et on s'aperçoit que finalement,
04:10 c'est pas un 20 mots que les accompagner,
04:12 parce qu'entreprendre en France, à Paris,
04:17 et aujourd'hui, c'est de plus en plus dur.
04:19 On sent vraiment une vraie fragilité
04:22 et une vraie difficulté d'entrepreneuriat,
04:24 surtout dans ces premières années.
04:26 Et donc, sur le financement,
04:28 sur le juridique, tout y passe.
04:32 Hier, j'étais au téléphone avec une des boosteuses
04:35 qui me disait qu'elle avait obtenu un prêt
04:37 juste pour financer son fonds de roulement,
04:40 en partie grâce à ce programme.
04:42 Ca l'avait aidé. -Bien sûr.
04:44 Et donner confiance.
04:45 La présentation des dossiers, vous avez entendu ce que je disais
04:49 avec Agathe Wautier.
04:50 De toute façon, ce qui est clair,
04:52 c'est que l'accompagnement est majeur
04:54 dans la capacité de développement des hommes et des femmes.
04:58 C'est vrai en général.
04:59 Et après, les femmes ont des sujets plus spécifiques,
05:03 parce qu'effectivement,
05:04 on part d'un petit peu plus loin dans la capacité...
05:07 Pas la capacité, parce que c'est la même,
05:10 mais dans la façon de s'y prendre
05:11 pour obtenir des financements,
05:13 pour présenter des projets, avoir des investisseurs, etc.
05:17 -Les chiffres parlent d'eux-mêmes.
05:19 Si on veut être factuel et analytique,
05:21 c'est pas un biais, c'est une réalité.
05:23 Elles aient moins de financement,
05:26 elles ont moins de réseau, voilà.
05:28 -Et alors, là, on est dans la première promotion ?
05:31 -On est dans la première promotion.
05:33 On va la déployer au niveau de la région
05:35 et probablement au niveau national.
05:37 -Voilà, j'allais vous dire...
05:39 Aucune autre région n'avait jusqu'à présent
05:42 lancé d'initiative spécifique ?
05:44 -Les régions ont développé des dispositifs
05:46 autour des femmes,
05:47 autour de l'accompagnement des femmes,
05:49 des réseaux de femmes,
05:51 mais ce dispositif professionnalisant,
05:53 un parcours d'un an... -Avec le SCP.
05:55 -Avec le SCP. En fin d'année,
05:57 elles auront une certification, un diplôme,
05:59 avec une de nos écoles.
06:01 On a le SCP HEC dans les écoles consulaires.
06:03 Il y aura cette certification,
06:05 ce qui est important aussi pour les femmes qui entreprennent.
06:09 Si elles veulent repartir, par exemple,
06:11 dans un job en CDI ou autre,
06:13 ça donne quand même un cadre...
06:15 -Une légitimité différente.
06:17 -On souhaite le déployer au niveau national
06:19 auprès des 122 chambres territoriales, régionales.
06:23 Je fais un travail actuellement, je suis en campagne
06:26 pour proposer ce dispositif à l'ensemble des présidents,
06:29 il y a quelques présidentes,
06:31 pour déployer ce dispositif.
06:33 -Et l'accueil ?
06:34 -Non, l'accueil, en fait, est plutôt bon.
06:37 En même temps, la question "mais pourquoi ?"
06:40 Il faut dire "mais non, on ne fait pas tellement le point,
06:43 "les entrepreneurs hommes et femmes, c'est pareil."
06:46 Donc on force un peu, et puis je pense que d'ici un an ou deux,
06:51 avant la fin de mon mandat, qui se termine en 2026,
06:54 j'aurais pu couvrir tout le territoire.
06:56 -En tout cas, bravo, et merci beaucoup.
06:59 -C'est mon projet. -Merci pour cette énergie
07:01 que vous mettez à la fois à la croissance économique
07:04 de votre région, de votre périmètre,
07:06 à la contribution des femmes, en cherchant à l'étendre
07:09 au niveau national. Je suis persuadée
07:11 que toutes ensemble, et tous ensemble,
07:14 on va y arriver. Il faut simplement ne pas lâcher.
07:16 -Moi, je pense surtout que la liberté, et c'est mon cas,
07:20 j'ai pu accéder à une liberté et une indépendance
07:23 grâce à l'entreprenariat.
07:24 Je pense que la liberté des femmes
07:26 passe par la liberté d'entreprendre.
07:28 -C'est le mot totalement conclusif.
07:31 Merci beaucoup, Soumiya, et donc très bonne chance
07:34 et très beau succès.
07:35 -Bonne chance et beau succès dans le développement de l'initiative.