• il y a 2 ans
Les composantes de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) doivent-elles monter unies au front des élections européennes dans un an ? Faut-il une liste commune en 2024 pour préparer une candidature commune en 2027 ou avoir socialistes, communistes, insoumis et écologistes sous leurs propres couleurs le 9 juin pour obtenir plus de députés au Parlement européen ? La question divise autant les électeurs que les partis membres de cette coalition née aux législatives de 2022. Les insoumis pressent leurs alliés et se montrent prêts à laisser la tête-de-liste aux écologistes. Lesquels refusent l’offre de service. Tout comme les communistes et, a priori, les socialistes.
Ce sujet crée aussi le débat à Libération. Dans cette vidéo, Jonathan Bouchet-Petersen défend la nécessité d’une union en 2024 pour entretenir la dynamique née de 2022 : les électeurs de gauche la souhaitent et elle serait une étape vers 2027. Thomas Legrand, de son côté, explique que l’union n’aurait aucun sens tant les divergences entre les quatre partis sur l’Europe sont importantes. Sans pour autant hypothéquer les chances, selon lui, d’un rassemblement d’ici la prochaine présidentielle.

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Transcription
00:00 Est-ce que la gauche doit s'unir pour les élections européennes ?
00:02 Je pense que non.
00:03 Moi je pense que oui.
00:03 Je vais vous expliquer pourquoi.
00:04 Ça n'aurait aucun sens que les quatre parties de l'ANUP
00:11 fassent liste commune aux européennes
00:13 parce que juste après le scrutin,
00:15 chaque député ira siéger dans son comte d'origine.
00:18 Et pour cause sur l'Europe, sur sa philosophie,
00:20 sur sa construction, sur son rôle,
00:23 les socialistes, les insoumis, les communistes, les écologistes
00:27 n'ont pas du tout la même conception.
00:28 La tradition lors des élections européennes,
00:30 c'est que chacun y aille de son côté.
00:31 C'est une élection à un tour, une élection de liste.
00:34 Mais la nouveauté, c'est que l'ANUP a vu le jour
00:35 aux dernières législatives en 2022.
00:38 Et l'ANUP, donc facteur d'unité au sein de la gauche,
00:40 les sympathisants et les électeurs y sont très attachés.
00:42 En toute logique, ils sont plus de trois quarts
00:44 à souhaiter que la gauche se présente unie
00:46 lors des prochaines européennes.
00:47 Et puis la politique, c'est aussi de la dynamique.
00:48 On sait que si la gauche se présente unie,
00:50 elle aura peut-être moins d'eurodéputés,
00:52 mais elle peut finir en tête du scrutin.
00:53 Et ça, c'est important.
00:54 Au soir du premier tour, ça permettra d'avoir une photographie
00:57 qui vient tuer, qui vient casser, qui vient mettre fin
00:59 à ce match un peu répétitif, plénifiant et déprimant
01:02 entre d'un côté le Rassemblement national
01:04 et de l'autre côté le camp présidentiel.
01:06 Clairement, il y a un enjeu à ce que la gauche
01:08 redonne de l'espoir à son camp.
01:09 Et ça passe à court terme par l'unité.
01:11 Imagine-t-on le député Raphaël Glucksmann, par exemple,
01:14 infatigable avocat de l'Aide à l'Ukraine,
01:17 faire liste commune avec les Insoumis
01:20 qui ont été longtemps aveugles et sourds volontaires
01:23 au danger poutinien.
01:24 Ce serait à la fois illogique et indécent.
01:26 De même, les écologistes, qui sont d'indécrottables fédéralistes,
01:29 pensent que la meilleure dimension pour agir, en toute chose,
01:32 c'est la dimension continentale.
01:34 Alors que les Insoumis sont plutôt des souverainistes sociaux
01:37 qui pensent que l'Europe est un carcan
01:39 qui impose un dogme budgétaire néfaste.
01:42 Une campagne électorale unitaire, quelle que soit la tête de liste,
01:44 serait un chemin de croix pavé d'incohérences.
01:46 Les listes électorales concurrentes et la presse
01:48 s'en ignoraient et elles auraient raison toutes les contradictions.
01:51 Après, il ne faut pas nier qu'il y a des divergences à gauche.
01:52 Il y a toujours eu des divergences à gauche sur la question européenne.
01:55 Si on prend les deux cas les plus polarisés,
01:57 d'un côté les fédéralistes d'Europe Écologie Les Verts
02:00 et de l'autre côté une tendance plus souverainiste,
02:01 en tout cas plus nationale, côté France Insoumise.
02:04 Mais il faut savoir ce qu'on veut.
02:05 L'idée, ce n'est pas de mettre la poussière sous le tapis,
02:07 mais c'est d'avoir une logique de dépassement collectif.
02:09 Il y a une synthèse à trouver,
02:10 ce que Manon Aubry appelle un programme commun d'action,
02:13 qui permet de rassembler la gauche au-delà de ces différences.
02:16 Et d'une certaine manière, il y a une cohérence aussi à avoir.
02:19 C'est-à-dire que si les écolos, comme les insoumis,
02:21 comme les socialistes, comme les communistes,
02:22 font le constat que c'est par l'unité
02:24 que la gauche peut jouer les premiers rôles en 2027,
02:27 il y a une nécessité, même une occasion,
02:29 de solder cette question qui n'est pas secondaire,
02:31 dès maintenant, car de toute façon, elle se posera.
02:33 Et puis, il y a l'incidence éventuelle sur la présidentielle,
02:36 préviennent les insoumis.
02:37 Mais pourquoi le fait de se présenter en concurrence
02:40 pour une élection faite pour ça,
02:43 c'est la proportionnelle intégrale,
02:45 pourquoi cela empêcherait la NUP de tenter de se trouver un champion,
02:49 trois ans plus tard ?
02:49 En réalité, Jean-Luc Mélenchon ne veut pas que le rapport de force
02:52 favorable aux insoumis à l'issue de la présidentielle
02:55 ne soit réactualisé par un scrutin
02:58 censément plus favorable aux socialistes et aux écologistes.
03:01 De plus, une liste avec des insoumis en incessant de sur-enchaire
03:04 serait un repoussoir pour tous les cocus du macronisme de gauche,
03:07 et ils seront nombreux,
03:08 et il faudra les accueillir de retour au Berckheim.
03:11 Le diktat mélenchonien selon lequel l'absence de liste unique
03:14 serait la fin de la NUP valide finalement
03:16 le méchant mot qu'avait trouvé Marine Tondelier pour qualifier
03:20 Jean-Luc Mélenchon "forceur".
03:21 Et puis il y a les sondages,
03:22 alors les sondages un an avant, c'est pas très fiable,
03:25 mais pour l'instant, il se trouve que des listes électorales séparées
03:29 recueilleraient plus d'électeurs, dont plus d'élus.
03:31 Quatre listes, PC, écologistes, insoumis, PS, tout le PS,
03:36 même le PS qui n'est pas NUP,
03:37 c'est la meilleure façon en toute cohérence
03:38 d'envoyer le plus de parlementaires possible à Strasbourg.
03:41 Au fond, pourquoi ne pas prendre les électeurs pour des adultes ?
03:44 Pas d'inquiétude, au soir des résultats,
03:46 ils sauront faire des additions.
03:47 Encore une fois, la question, c'est la photographie
03:49 au soir du résultat de ces élections européennes.
03:51 La gauche peut tout à fait candidater de façon dispersée
03:54 et obtenir un total de députés plus importants,
03:57 mais dans la logique médiatique, dans la logique politique aussi,
03:59 l'enjeu c'est de jouer les premiers rôles.
04:01 Ça c'est le meilleur moyen de crédibiliser
04:03 une perspective d'alternance en 2027.
04:05 ♪ ♪ ♪
04:11 Sous-titrage Société Radio-Canada

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