Reflexions sur la video d OSONS CAUSER Air France et chemise dechiree analyse d un choc mediatique.
Le texte et les références sont en commentaire, car Youtube indique que c'est trop long ici
La vidéo d'Osons Causer :
https://www.youtube.com/watch?v=0GH6NqsVQ1Q&t=0s
Vidéo non monétisée sans placement de produit.
Le texte et les références sont en commentaire, car Youtube indique que c'est trop long ici
La vidéo d'Osons Causer :
https://www.youtube.com/watch?v=0GH6NqsVQ1Q&t=0s
Vidéo non monétisée sans placement de produit.
Category
📚
ÉducationTranscription
00:00 [Tic tac]
00:10 Wesh wesh les amis !
00:12 Alors vous l'avez sûrement en tête, là vous avez sûrement vu les images de chemises,
00:16 les pleurnicheries des uns et des autres, mais on va quand même vous remontrer l'extrait,
00:20 parce qu'ils sont quand même bien foutus les mecs de chez Air France.
00:22 "Son collègue, responsable des ressources humaines et de la politique sociale,
00:27 vient de subir le même sort."
00:29 Donc vous voyez, c'est violent.
00:31 C'est pas tous les jours qu'on voit des types gambader, grimper des clôtures,
00:35 et surtout à moitié à poil, c'est un projet assez rarement vu,
00:38 et donc c'est normal que ça choque, c'est quand même pas toujours qu'on voit des types flipper leur race.
00:43 "Alors le 7 août 2015, la chaîne Osons Causer a publié sur Youtube
00:48 une vidéo à propos de l'affaire des chemises arrachées sur deux salariés d'Air France,
00:52 respectivement le directeur des ressources humaines et le responsable du service Long Courrier.
00:57 Je souhaite revenir sur cette vidéo que je viens de découvrir, car dix points selon moi posent question.
01:03 Il m'a paru de mon devoir d'y répondre dans un but pédagogique du point de vue du droit du travail."
01:07 Quand on est patron de boîte, des fois on peut avoir envie de virer des salariés,
01:11 ou parce qu'il prend le que dalle, ou parce qu'on aime pas sa gueule et qu'on veut le virer,
01:15 et dans les deux cas, qu'on trouve des motifs parce qu'il fout rien ou qu'on en trouve pas,
01:19 la loi prévoit de pouvoir le virer.
01:21 Par exemple, là très récemment, ils ont modifié les conditions de licenciement,
01:25 et maintenant c'est une amende.
01:27 Premier point, de quoi parle-t-on ?
01:29 La nouvelle loi dont il est question est la loi n°2015-990 du 6 août 2015
01:34 pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, dite loi Macron.
01:39 Cette loi contenait 308 articles.
01:41 Une des dispositions de cette loi était de plafonner les indemnités que perçoivent les salariés
01:45 lors d'un licenciement qualifié de "sans cause réelle et sérieuse" par la justice du travail.
01:49 Cette loi a été adoptée le 10 juillet 2015 et promulguée le 6 août.
01:55 A cette même date, le Conseil constitutionnel a invalidé certains articles de cette loi,
02:00 dont ceux portant sur l'indemnisation du licenciement sans cause réelle et sérieuse.
02:04 Au moment du tournage de la vidéo "Dosons causer", cette disposition n'existait déjà plus.
02:10 C'est juste une amende ?
02:12 Non, ce n'était pas une amende, mais une indemnité, comme cela l'a toujours été.
02:17 Même en remontant il y a plus de 30 ans en arrière, il est toujours question d'indemnité.
02:22 Une indemnisation compense un préjudice.
02:25 Une indemnité et une amende sont deux choses différentes.
02:28 Une amende est un montant d'argent versé à l'Etat ou à une administration pour une sanction ou une infraction.
02:34 L'indemnité quant à elle, est inversée à la personne victime d'un préjudice, en l'occurrence le salarié.
02:41 Quant à budgétiser, ce n'est pas nouveau.
02:44 Même avant la loi de 2015, le coût maximal pour un salarié ayant plus de 2 ans d'ancienneté dans une entreprise employant de plus de 10 personnes, était de 6 mois de salaire.
02:55 Pour un salarié travaillant dans une entreprise de moins de 11 salariés, c'était en fonction du préjudice subi.
03:02 Et cela ne dépassait jamais les 6 mois, même si le salarié avait plus de plusieurs décennies d'ancienneté.
03:09 Les patrons ont le droit de faire un chantage sur site.
03:12 Ils ont le droit de faire un chantage à l'emploi.
03:14 Ils ont le droit de dire "ou on ferme, ou vous devez travailler en étant payé pareil mais vous travaillez plus"
03:20 ou alors "vous travaillez pareil mais vous êtes payé moins".
03:25 Et ça maintenant c'est consacré par la loi. L'accord de site prime sur le droit du travail.
03:30 Deuxième point, faux encore.
03:33 Car ce n'est pas nouveau.
03:35 En 2004, l'entreprise Bosch située à Vénissieux dans le Rhône avait demandé à ses salariés d'accepter de revenir sur les 35 heures.
03:42 Pourtant signé avec les syndicats pour travailler 36 heures.
03:46 Le groupe allemand avait menacé les salariés de ne pas leur octroyer de nouvelles productions
03:51 s'ils ne consentaient pas à une baisse des coûts salariaux de 12% par le biais de suppression du jour de RTT, d'un règle de salaire,
03:58 de la diminution de l'indemnisation des heures de nuit mais aussi par une augmentation des cadences et 400 suppressions d'emploi.
04:04 Deuxième exemple, Continental à Clairevoix dans l'Oise en 2007.
04:09 Pour rendre plus compétitive, selon elle, l'une de ses deux usines françaises d'optomatique,
04:14 le groupe allemand Continental, qui détient également des usines en Allemagne, au Portugal, en République Tchèque,
04:21 propose fin 2006 à ses salariés de passer aux 40 heures par semaine en échange d'une légère augmentation de salaire.
04:28 Les négociations s'enlisent, la direction menace de couper les investissements puis de fermer le site.
04:34 L'accord est signé et l'entreprise fermera quand même ses portes en 2010, trois ans après.
04:40 La délocalisation a eu lieu.
04:43 Et donc on voit que les patrons, normalement, la loi leur permet de faire beaucoup de choses.
04:48 Et beaucoup de choses qui est de leur volonté.
04:50 Et c'est exactement ce qu'ont fait les DRH d'Air France et les patrons d'Air France.
04:53 Ils font un plan social et tout ça est parfaitement légal.
04:56 Donc c'est parfaitement légal et compréhensible.
04:58 On peut comprendre que le propriétaire d'un appartement veuille le récupérer.
05:02 On peut comprendre qu'un patron puisse parfois se séparer des salariés qui ne branlent rien ou qui ne lui reviennent pas.
05:08 En un sens, c'est tout à fait légitime.
05:11 Troisième point, faux.
05:13 Il n'est en rien légitime de pouvoir licencier un salarié si sa tête ne revient pas au patron.
05:17 Ce n'est tout simplement pas acceptable.
05:20 Rien dans le Code du travail ni dans la jurisprudence
05:23 n'autorise un licenciement au motif que la tête d'un salarié ne reviendrait pas au patron.
05:27 Accepter cela reviendrait accepter de licencier un salarié en fonction d'un motif discriminatoire.
05:33 Et là, si on analyse bien, il y a pas mal d'études qui montrent que oui.
05:39 Parce qu'on est dans un contexte de chômage de masse,
05:42 où la précarité augmente, augmente, augmente.
05:44 Là, on est à plus de 85% des embauches qui sont ou en CDD ou en intérim.
05:49 Et il y a de moins en moins d'embauches.
05:51 Quatrième point, vrai et faux.
05:54 Alors vrai, de début 2000 à fin 2012,
05:58 l'ensemble des intentions d'embauche de CDD et d'émission d'intérim
06:02 est passé de plus de 89% à 91, près de 92% au quatrième trimestre 2012.
06:08 Ce sont des sources subjectives et non partisanes issues du ministère du travail.
06:13 Mais faux.
06:15 En 2012, 87% des salariés du secteur concurrentiel ont un contrat de travail à durée indéterminée.
06:23 3% sont intérimaires et 10% sont en contrat à durée déterminée.
06:28 Ce qui signifie quand même que 87% des salariés sont en CDI.
06:32 Alors il y a apparemment un paradoxe.
06:35 D'où cela vient-il ?
06:37 Ça vient du fait qu'un salarié précaire travaille en CDD ou en intérim avec des contrats très courts,
06:43 renouvelables un grand nombre de fois.
06:46 Il y a donc plus d'embauche, mais en CDD, plusieurs fois.
06:50 On examine bien et là on n'arrête pas de détricoter plein de droits sociaux.
06:59 Cinquième point, vrai et faux.
07:01 Plusieurs lois ont été votées, ne serait-ce que lors du mandat du président Hollande,
07:04 avec les lois Rebsamen, Macron et El Khomri.
07:07 De ces lois, comprenant plusieurs dizaines d'articles,
07:10 les modifications sont favorables aux salariés,
07:13 comme par exemple la reconnaissance de pathologies psychiques.
07:16 D'autres sont neutres, car étant de simples éliminations d'ambiguïté
07:20 ou de transcription dans la loi d'une jurisprudence bien établie.
07:24 D'autres, en revanche, sont négatives pour les salariés,
07:27 comme la réduction de la consultation et d'information du comité d'entreprise,
07:31 réduisant le rôle de ce dernier à celui de simple spectateur.
07:35 On peut citer aussi la validation d'accords d'entreprise par de simples salariés mandatés,
07:39 ceux-ci étant soumis à l'employeur par le lien de subordination.
07:43 Sixième point, le droit européen, c'est pas le droit français qui est fort en France.
07:55 Déjà j'ai du mal à comprendre cette phrase.
07:58 Ce qu'il faut juste savoir, c'est qu'il existe une situation qui se nomme la hiérarchie des normes.
08:02 Le principe, c'est le droit international, droit externe, prime sur le droit français.
08:08 On appelle le droit interne.
08:10 Alors en découlé, un principe, c'est qu'on ne pouvait déroger aux normes
08:14 que d'une façon plus favorable aux salariés.
08:16 Par exemple, plus la norme est réduite,
08:19 c'est-à-dire la réduction au seul droit du travail,
08:21 voire au secteur de l'activité, voire à l'entreprise,
08:24 plus c'est favorable aux salariés.
08:27 Enfin, c'était le principe, et les premières dérogations ont eu lieu en 2004.
08:34 Et le droit qui protège les petits et qui empêche les petits d'être violents,
08:38 c'est très simple, il s'appelle le droit social, le droit du travail, la protection sociale.
08:42 Et c'est exactement tous ces droits-là qui se font détricoter par nos charlies.
08:46 Septième point, en effet, le droit du travail et le droit de la protection sociale,
08:52 ce qui comprend la retraite, la Sécu, l'assurance maladie, le chômage,
08:56 sont les deux éléments constituant le droit social.
08:59 Et à force de les détricoter, qu'est-ce qui se passe ?
09:03 Les gros ont de plus en plus de moyens légaux de faire valoir leur intérêt,
09:07 et ces moyens légaux ont des conséquences néfastes et violentes pour nous tous,
09:11 et donc les petits sont dans un merdier de plus en plus merdique,
09:14 et deviennent de plus en plus acculés, pris à la gorge,
09:17 puisqu'ils sont de moins en moins protégés, et donc les petits deviennent violents.
09:20 Alors qu'est-ce qu'on va faire, on va les foutre en tôle ? Ouais, super !
09:23 Huitième point, c'est ce qui a failli se passer avec les salariés de Goudieu,
09:27 qui étaient poursuivis par le procureur, c'est-à-dire un magistrat non indépendant du pouvoir,
09:32 selon la Cour Européenne des Droits de l'Homme.
09:34 On voulait faire passer dans notre vidéo la nécessité et l'urgence de défendre notre droit social,
09:39 de défendre notre protection sociale, de défendre le droit du travail.
09:42 Neuvième point, on ne peut défendre que ce que l'on connaît.
09:46 Il appartient aux salariés d'apprendre ce droit,
09:49 qui conditionne leurs conditions de travail pendant 40 ans.
09:52 Sachez que certains syndicats forment leurs syndiqués.
09:55 Ce qu'on voulait faire passer, c'est cette espèce d'ordre implicite de notre République,
10:00 qui fait que la violence, c'est toujours le fait des petits,
10:03 et que quand la violence est le fait des gros, comme avec la FNSEA,
10:06 et bien lâche à percher, il ne leur arrive rien.
10:08 Dixième et dernier point, et alors c'est là la différence.
10:12 Il n'arrive rien ou pas grand-chose, quand ce qui arrive se déroule à l'instigation d'une institution,
10:18 comme un syndicat, agricole ou de salarié.
10:21 A l'inverse, les salariés qui ont déchiré les chemises ont agi en dehors de tout environnement syndical structuré.
10:28 Comme disait le procureur lors de son réquisitoire,
10:31 ça, ce n'est pas une opération syndicale, c'est une opération de casseur, de voyou.
10:38 Pour le parquet, la manifestation montée en marge de la réunion du comité d'entreprise
10:43 avait dérapé en raison d'un effet de meute, d'une trans collective,
10:47 que les organisateurs n'avaient pas anticipé.
10:50 Plusieurs syndicalistes, pressentant le danger potentiel de ces agressions,
10:54 avaient même tenté de s'interposer entre les deux DRH et la foule.
10:59 À propos de cet effet de meute, de trans collective,
11:02 il est utile de connaître « Les méfaits, les groupes humains incontrôlés, car incontrôlables ».
11:08 Un excellent livre, celui de Gustave Lebon, « La psychologie des foules ».
11:13 En conclusion, c'est une analyse qui présente de manière rapide la loi dite Macron,
11:21 sans entrer dans le détail et sans avoir une maîtrise du sujet.
11:24 L'analyse de nos encausés n'est en soi pas mensongère,
11:27 et le parti pris pro-salarié est largement assumé.
11:31 Cette vidéo est non monétisée,
11:35 si vous avez des questions ou tout simplement un avis différent, les commentaires sont ouverts.
11:40 Merci d'avoir regardé cette vidéo !
11:44 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
11:47 ♪ ♪ ♪