T'educ - Métamorphoses : accompagner l'enfant dans ses questionnementse.mp4

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Ce T’éduc est consacré à l'exposition Métamorphoses qui ouvre à la Cité des sciences et de l’industrie et invite les plus jeunes à explorer ces phénomènes.

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00:00:00 Bonjour à toutes, bonjour à tous, bienvenue pour ce nouveau TEDUC.
00:00:09 Donc le TEDUC, un rendez-vous que certains connaissent peut-être déjà.
00:00:13 J'entends un peu de son, l'idéal, ce serait que vous coupiez vos
00:00:18 micros, comme ça, il n'y a pas d'interférence.
00:00:20 Merci beaucoup.
00:00:22 Donc voilà, ce TEDUC, vous connaissez peut-être ce rendez-vous qui est
00:00:26 destiné à la communauté pédagogique éducative, qui est proposé en
00:00:30 partenariat avec le CRAB Cahiers Pédagogiques et avec le soutien de
00:00:33 la MAIF.
00:00:33 Et pour ce nouveau TEDUC, on va parler de Métamorphose.
00:00:38 Le titre de cet TEDUC, Métamorphose, accompagner l'enfant dans ses
00:00:41 questionnements.
00:00:42 Et ce TEDUC, en fait, il est en lien direct avec une exposition qui se
00:00:47 tient jusqu'au 24 novembre à la Cité des sciences et de l'industrie,
00:00:51 qui s'appelle justement Métamorphose et qui est destinée aux enfants de
00:00:56 7 à 11 ans.
00:00:57 Alors, cette exposition, elle aborde le concept de métamorphose dans
00:01:01 ses dimensions plurielles, scientifiques, littéraires,
00:01:05 merveilleuses, plus personnelles aussi, à travers une multitude de
00:01:10 propositions muséographiques.
00:01:11 Et à cette occasion, l'enfant découvre, il s'étonne, il s'intimide.
00:01:17 Alors, quel intérêt peut revêtir justement une approche transversale
00:01:22 du concept, d'un seul et même concept pour l'enfant, mais aussi pour
00:01:26 l'adulte accompagnateur ?
00:01:27 Comment les enseignants peuvent-ils s'emparer de cette proposition
00:01:31 muséographique et accompagner leurs élèves avant, pendant et puis aussi
00:01:36 après la visite ?
00:01:37 Eh bien, ce sont ces questions, entre autres, que nous allons aborder
00:01:40 avec nos quatre invités que je vous présente tout de suite.
00:01:43 D'abord, Margot Païta, vous êtes co-commissaire de l'exposition
00:01:49 Métamorphose.
00:01:50 Bonjour.
00:01:51 Bonjour.
00:01:52 Patrick Alessian, vous êtes psychiatre, pédopsychiatre et
00:01:56 psychénalyse, coordinateur de la revue Les Cahiers de l'enfance et
00:02:00 de l'adolescence.
00:02:01 Bonjour.
00:02:02 Bonjour.
00:02:03 Alors, Mélanie Horwitz n'est pas encore avec nous, mais elle va nous
00:02:07 rejoindre d'ici quelques minutes, je pense.
00:02:10 Elle est formatrice de lettres et enseignante relais universiens
00:02:13 pour l'Inspect de Créteil, membre du CRAP Cahiers pédagogiques.
00:02:17 Elle a participé à la réalisation du document Enseignant, qui accompagne
00:02:22 l'exposition Métamorphose.
00:02:23 Et puis, Bertrand Fichou, qui lui est avec nous et qui est auteur
00:02:26 jeunesse et rédacteur en chef des magazines Youppi!
00:02:29 et Imagedoc.
00:02:30 Bonjour.
00:02:31 Bonjour.
00:02:32 Alors, peut-être pour commencer, on va parler de cette exposition,
00:02:36 essayer de comprendre un petit peu mieux de quoi elle parle.
00:02:38 Margot Païta, comment est-ce que vous avez choisi finalement d'aborder
00:02:43 ce concept de métamorphose dans cette exposition ?
00:02:46 C'est vrai que les métamorphoses et les transformations, elles sont
00:02:51 partout autour de nous.
00:02:52 Le monde et le vivant, ils se transforment en permanence,
00:02:55 et nous y compris.
00:02:56 On a décidé de faire un focus sur un sujet, sur des phénomènes,
00:03:02 parce que finalement, on a décidé de parler des métamorphoses
00:03:07 et des transformations pour être le plus large possible et pour aussi
00:03:11 intégrer d'autres domaines et pas le traiter de manière plus stricte
00:03:16 possible d'un point de vue finalement que biologique avec la métamorphose.
00:03:21 Mais comme vous l'avez rappelé, d'un point de vue imaginaire,
00:03:25 le personnel, le merveilleux, toutes ces métamorphoses qu'on
00:03:31 retrouve autour de trois axes qu'on a construits.
00:03:33 On a tout d'abord les métamorphoses naturelles, donc c'est toutes
00:03:37 les métamorphoses du vivant qu'on retrouve dans la nature,
00:03:42 donc les animaux et le développement du végétal et toutes les
00:03:46 transformations de la matière.
00:03:48 On a après aussi toutes les métamorphoses merveilleuses issues
00:03:52 de la mythologie et des contes, et les métamorphoses personnelles
00:03:56 pour le coup, là c'est le sujet, c'est l'enfant et l'humain et
00:04:01 donc l'accompagnateur sur ses propres transformations qui sont réelles
00:04:05 ou rêvées.
00:04:06 Mais vraiment, on a voulu penser, on a construit cette exposition
00:04:12 entissant ces trois axes autour d'un fil conducteur qui était la
00:04:17 science et l'imagination.
00:04:18 Là, c'était vraiment pour répondre et nourrir la curiosité naturelle
00:04:22 des enfants, mais qui nous permettait aussi de réactiver cette part
00:04:27 de l'imagination et de l'imaginaire qui constitue un point très
00:04:32 important pour cette tranche d'âge, notamment des 6-11 ans.
00:04:37 Il faut le rappeler, c'est une exposition pour les enfants.
00:04:40 Alors justement, elle a été co-construite avec les enfants,
00:04:46 c'est un peu une particularité de cette expo.
00:04:48 On a lancé effectivement une démarche participative qu'on a appelée
00:04:52 "Graines de muséo" qui s'est organisée, divisée en trois phases.
00:04:56 On a eu une première phase où on a travaillé avec une école,
00:04:59 mais ça c'était avant Covid, c'est vrai que ça a été entrecoupé,
00:05:04 on a été un peu arrêtés, mais c'était juste pour se nourrir et
00:05:09 essayer de comprendre ce que les enfants mettaient derrière ces mots
00:05:11 et un peu les définitions qu'ils en avaient.
00:05:14 Et ensuite, on a vraiment le cœur du projet, donc de "Graines de muséo",
00:05:16 c'est la phase 2.
00:05:17 On a suivi pendant septembre, l'année dernière à décembre,
00:05:23 on a accompagné un groupe d'enfants de péri-scolaire Momart,
00:05:29 qui était à Mompelport à Paris, Paris XXe, où là, on a construit
00:05:37 des ateliers avec eux, on a animé des ateliers avec un groupe
00:05:40 d'enfants qui avait justement l'âge de notre tranche cible.
00:05:44 Et pour le coup, on avait pour objectif de construire un dispositif
00:05:49 d'exposition.
00:05:50 Il s'avère que les séances nous ont amenés ailleurs et on les construisait
00:05:55 un peu aussi au jour le jour, donc on n'a pas abouti à un élément
00:06:01 en tant que tel, tangible, qu'on peut voir dans l'exposition.
00:06:05 Mais pour autant, cette démarche, elle a vraiment permis de nourrir
00:06:09 et d'infuser tout le projet et finalement de confirmer et même
00:06:14 d'infirmer des hypothèses et des pistes qu'on avait sur des dispositifs
00:06:25 et notamment sur des univers ou des sujets qu'on voulait aborder.
00:06:30 Et d'ailleurs, on retrouve à la fin de cette exposition,
00:06:37 une vidéo qui explique justement cette démarche où on voit
00:06:42 une animation avec les dessins des enfants, on voit les enfants
00:06:46 qui retranscrivent un peu l'ébullition et cette émergence qu'on a eue
00:06:51 pendant tous ces ateliers et toutes les idées qui ont émergé,
00:06:54 et qui était très riche et qui est important et qui est un pan
00:06:59 important de cette exposition.
00:07:01 Donc, ce n'est pas co-conçu avec des enfants, mais leur patte est partout.
00:07:07 Vous avez le micro coupé.
00:07:12 Je vois bien, je n'arrivais pas à le rétablir.
00:07:15 J'ai partagé, j'ai essayé du moins de partager effectivement,
00:07:19 et je voulais m'assurer que ça fonctionne bien.
00:07:22 Voilà, histoire que tout le monde puisse se rendre compte un petit peu
00:07:27 en mode lecture, ce sera peut-être mieux.
00:07:29 Voilà, puisse se rendre compte un petit peu de ce qu'on est en train de voir.
00:07:36 C'est vrai que cette exposition, nous on l'a voulu, on l'a conçue
00:07:41 comme dans Alice au pays des merveilles, on souhaitait vraiment immerger
00:07:43 les visiteurs dans différents univers où ils vivront des expériences
00:07:48 de visites distinctes.
00:07:49 L'exposition, elle se décline en cinq espaces.
00:07:53 On a tout d'abord la forêt merveilleuse.
00:07:55 Là, vous avez à l'image un des dispositifs qui est dans la forêt
00:07:59 merveilleuse.
00:08:00 On a ensuite mon beau miroir, le monde des ombres, mille à un regard
00:08:04 et la fête foraine.
00:08:05 Pour le coup, on a une scénographie qui est volontairement non figurative,
00:08:12 mais justement évocatrice, parce qu'elle permettait de plonger
00:08:15 les visiteurs dans des univers immersifs, singuliers.
00:08:20 Et ça, c'était se voir vraiment sortir d'un univers dans l'autre,
00:08:25 de voir quelque chose de complètement nouveau, pour aborder des questions
00:08:28 complètement nouvelles, parce qu'on a essayé de parler des trois
00:08:33 axes du début et ce fil conducteur de science et imaginaire,
00:08:37 on le retrouve dans ces cinq univers.
00:08:39 On n'a pas un domaine, un univers.
00:08:43 On a évité de cloisonner.
00:08:45 Pour autant, il y a certains univers qui ont une dominante.
00:08:47 Voilà, la forêt, typiquement, on se retrouve avec, c'est là où on
00:08:51 présente du vivant et la fête foraine.
00:08:55 On va parler plus de transformation en physique chimique.
00:08:57 D'accord.
00:08:58 Alors, Patrick Alession, vous avez beaucoup insisté,
00:09:02 Margot Païtas, sur le lien entre la science et l'imaginaire.
00:09:07 Patrick Alession, vous êtes psychiatre, pédopsychiatre.
00:09:10 Qu'est-ce que l'enfant, finalement, entre 6 et 11 ans,
00:09:14 qu'est-ce qui l'intéresse en particulier ou du moins,
00:09:17 quel est son rapport justement à l'imaginaire ?
00:09:21 Ah, je crois que…
00:09:28 Ça y est, j'ai remis le son, excusez-moi.
00:09:30 Donc, oui, d'abord, je voudrais dire que quand on visite ce dispositif
00:09:40 sur les métamorphoses, ce qui est le plus remarquable, plutôt,
00:09:46 c'est l'animation des enfants et la curiosité.
00:09:50 Donc, qu'ils affichent toutes les questions qui sont incessantes,
00:09:56 quoi, qui arrivent.
00:09:57 Et la plupart des enfants sont accompagnés par des parents ou des adultes.
00:10:02 Et je dois dire aussi que ce qui est remarquable,
00:10:05 c'est que les adultes semblent autant intéressés par ce qui est proposé
00:10:10 par la cité que par les questions qui viennent des enfants.
00:10:16 Alors, peut-être pour aborder plus votre question,
00:10:21 je dirais que pour ces âges-là, pour 6-10 ans à peu près,
00:10:27 que vous avez évoqués, qui correspondent bien au public
00:10:31 qu'on voit dans la salle, il y a cette énergie à la base
00:10:40 de la curiosité qu'ils affichent.
00:10:42 Et ce qui se joue entre 6 et 10 ans, c'est l'ouverture sur le monde, en fait.
00:10:48 Il est autant animé par ce que l'enfant imagine,
00:10:54 mais aussi ce que les adultes à côté d'eux imaginent
00:10:57 et ce qui s'échange dans leur imaginaire.
00:10:59 Et le dispositif qui est là en place relaie entre les parents et les enfants
00:11:05 de façon remarquable une trame sur laquelle se joue
00:11:09 un certain nombre d'interrogations et qui, pour certaines d'ailleurs,
00:11:14 sont partagées sur la vie, la mort.
00:11:16 Je repense à ce dessin animé, "Au fil de la vie",
00:11:22 qui vraiment dit en quelques minutes des choses merveilleuses
00:11:26 qui vont de la vie à la mort et de la mort à la vie.
00:11:29 Et je trouve que c'est rare qu'un dessin animé
00:11:33 puisse apporter autant de réflexions et autant de place à l'enfant
00:11:38 qu'il y pose et son imaginaire et ses propres questions.
00:11:41 Alors, pour les parents, je crois que c'est aussi un peu un défi
00:11:47 de pouvoir accompagner en général des enfants dans ce questionnement.
00:11:51 Et là, ils ont un support qui me semble tout à fait merveilleux
00:11:56 dans le sens de ce qu'on fait, de ce qu'on invente
00:11:59 pour intéresser les enfants, que ce soit à travers des légendes,
00:12:04 des contes, mais aussi dans ce qui est présenté dans cette salle.
00:12:08 - Alors, peut-être une petite précision.
00:12:11 Margot Païta, vous avez insisté un petit peu sur la distinction
00:12:14 entre métamorphose et transformation.
00:12:18 La métamorphose intégrant la notion de rupture, finalement,
00:12:21 ou d'une irréversibilité, alors que la transformation,
00:12:24 c'est un processus qui est plus continu.
00:12:26 Ça, c'est quelque chose qui traverse un petit peu toute l'exposition ?
00:12:30 - Oui, qu'on retrouve métamorphose, finalement,
00:12:34 c'est vrai qu'on l'associe à la biologie.
00:12:36 La transformation, c'est ce que j'expliquais au tout début,
00:12:39 ça permettait justement de parler des transformations aussi plus lentes,
00:12:42 l'idée sous-jacente qu'on passerait d'une façon continue d'une forme à une autre.
00:12:46 Ce qui n'est pas le cas en biologie où on a la chenille qui devient papillon.
00:12:51 Là, il y a un changement radical.
00:12:52 De la première forme, il n'est pas possible d'inférer la seconde et vice-versa.
00:12:57 Il y a vraiment une rupture assez radicale.
00:12:58 Et c'est important pour nous de parler aussi des choses
00:13:01 qui se passent de manière aussi beaucoup plus diffuse, finalement,
00:13:05 et pas aussi à un avant-après net.
00:13:09 Dans la vie, on a justement du film dont on parlait tout à l'heure,
00:13:14 c'est des transformations.
00:13:15 On finit d'ailleurs avec cette petite phrase sur qu'elles soient
00:13:19 les plus lentes comme les plus rapides,
00:13:23 les plus bruyantes comme les toutes silencieuses.
00:13:26 On en a entouré.
00:13:27 Ce n'est pas des choses qu'on va voir un changement du jour au lendemain
00:13:32 qui est propre quand on parle d'un relooking ou des choses.
00:13:38 Effectivement, là, on voit complètement un changement.
00:13:41 Il y a des choses qui se passent aussi dans notre corps, dans notre tête,
00:13:43 dans des relations, dans un apprentissage où c'est un petit peu plus masqué,
00:13:47 caché.
00:13:48 Pour autant, on se transforme et on continue de se transformer.
00:13:50 Et d'ailleurs, on introduit l'exposition comme ça en se disant
00:13:54 "mais on vous invite à découvrir, bienvenue dans le domaine
00:13:57 de la transformation, des transformations,
00:13:59 et vous allez en ressortir finalement, métamorphosez-vous aussi,
00:14:03 transformez-vous après cette visite.
00:14:06 - Alors, juste une question, est-ce que Margot Païta nous a rejoints
00:14:11 ou pas encore ?
00:14:12 Je ne sais pas si...
00:14:13 - Moi, je suis là.
00:14:16 - Margot Païta, Mélanie Orbit, pardon.
00:14:18 - Je n'ai pas bougé.
00:14:20 Je ne me suis pas encore métamorphosée, je suis toujours là.
00:14:24 - Je pensais à Mélanie Orbit à qui j'aurais voulu poser une question,
00:14:28 mais elle n'est peut-être pas encore là, mais ce n'est pas grave.
00:14:30 Alors justement, dans cette exposition, l'enfant, il va passer
00:14:35 de l'écoute de récits mythologiques à l'observation de ce petit animal,
00:14:39 la xolotl, et d'autres observations scientifiques d'animaux,
00:14:42 d'insectes qui se métamorphosent, etc.
00:14:44 Donc, il y a sans cesse ce lien qui est fait entre, finalement,
00:14:47 l'imaginaire et puis la science.
00:14:49 Vous, Bertrand Fichaud, c'est quelque chose que vous avez l'habitude
00:14:53 aussi de manier, finalement, ce ping-pong entre la fiction
00:14:56 et puis la science, l'apport de connaissances scientifiques à l'enfant.
00:15:02 Quelles sont les ficelles aussi dans le domaine de l'édition
00:15:05 pour essayer d'intéresser les enfants aux sciences autrement,
00:15:09 je dirais, que par la simple approche documentaire ?
00:15:12 - Alors en fait, il n'y a pas vraiment besoin de les intéresser aux sciences.
00:15:16 On risque juste de les dégoûter des sciences si on ne le fait pas
00:15:19 dans le sens qu'ils attendent.
00:15:21 Mais à priori, ils sont partants.
00:15:22 Il faut bien se dire qu'à priori, ils sont curieux et ils ont très,
00:15:26 très envie d'apprendre et tous les sujets les intéressent.
00:15:28 Et nous, ce qu'on fait sur Youpi, Images Doc, c'est surtout d'éviter
00:15:35 le côté encyclopédique, c'est-à-dire qu'il y a des très bonnes
00:15:38 encyclopédies et elles sont nécessaires.
00:15:40 Il faut parfois poser les connaissances, les classer, les théoriser,
00:15:45 les synthétiser.
00:15:47 Nous, on essaye plutôt de passer par l'émotion, en fait.
00:15:49 Et le récit, la fiction permettent d'apporter des connaissances,
00:15:53 mais à travers un vécu.
00:15:56 L'enfant est sa propre mesure du monde, c'est sa propre unité de
00:16:01 mesure du monde.
00:16:02 On est tous notre propre unité de mesure du monde.
00:16:04 Et à force, il y aurait des enfants.
00:16:05 Donc, ne jamais oublier qu'on s'adresse à des enfants, ils sont au centre
00:16:11 de leur monde.
00:16:11 Et l'idée, c'est de leur expliquer que tout ce qui se passe autour
00:16:14 d'eux, tout ce qui change autour d'eux et tout ce qui change en eux
00:16:17 aussi, ils en sont à la fois les spectateurs, mais aussi les
00:16:23 acteurs, ils peuvent agir dessus.
00:16:24 Et c'est la science de l'expérimentation, c'est agir sur des
00:16:27 transformations, sur des métamorphoses.
00:16:28 C'est les mettre en œuvre, c'est les commander, voire les rater.
00:16:33 Ça ne se transforme pas comme on avait prévu.
00:16:35 Donc, on s'interroge.
00:16:37 Et même ça, ça génère des émotions.
00:16:40 Quand on peut parler, si on fait de l'anthropologie, on peut raconter
00:16:44 que Romo-Erectus a appris à maîtriser le feu.
00:16:49 On peut le faire de façon très froide et on peut aussi raconter
00:16:55 l'histoire d'un Romo-Erectus qui ramasse une branche enflammée en
00:16:59 tremblant en disant "qu'est-ce que je suis en train de faire ?"
00:17:01 et qui la ramène dans son camp et qui se fait recevoir pas forcément
00:17:05 bien par des gens qui sont effrayés par ce qui se passe.
00:17:07 On raconte des histoires de vie et que ce soit des métamorphoses
00:17:13 qui sont liées à l'évolution de l'humanité, par exemple, ou que ce
00:17:17 soit des transformations physiques au sens du chaud, du froid.
00:17:23 Pourquoi le lait est blanc ?
00:17:25 On peut faire une expérience toute bête.
00:17:28 Je pense à cet exemple-là.
00:17:29 On met un peu d'eau, un peu d'huile dans un pot de confiture.
00:17:32 Vous secouez.
00:17:33 Ce qui était transparent et translucide devient blanc.
00:17:35 Et le lait devient blanc pour la même raison.
00:17:38 Vous pouvez, en tant qu'enfant, lancer une métamorphose comme ça.
00:17:43 Vous êtes maître du processus et il se passe quelque chose de magique
00:17:46 dans vos yeux.
00:17:47 Pourquoi est-ce que l'eau et l'huile sont devenues blanches ?
00:17:50 Et quand on comprend que le lait devient blanc pour la même raison,
00:17:53 c'est une histoire de réverbération de la lumière, on devient acteur
00:17:56 de la métamorphose.
00:17:57 Et forcément, ça prend du sens.
00:17:59 On devient acteur de la vie.
00:18:01 Et tout ce qu'on essaie de faire dans nos magazines, c'est de donner
00:18:07 aux enfants la possibilité de devenir acteurs de leur propre apprentissage.
00:18:11 Ce qui est intéressant, c'est que vous avez vous-même fait de la formation
00:18:14 d'enseignant en 1 du primaire.
00:18:16 Donc, est-ce que cette émotion dont vous parlez face aux sciences,
00:18:19 elle a sa place aussi en classe ?
00:18:21 Est-ce que c'est ce que vous leur disiez quand vous disiez ces formes ?
00:18:24 Bien sûr.
00:18:25 Mais l'émotion, en fait, même dans les amphithéâtres,
00:18:30 avec les enseignants à qui je parlais, l'émotion était palpable.
00:18:33 C'est tout bête, mais quand je leur disais, voilà, on est bien d'accord
00:18:38 que tout ce qu'on mange, ça devient du caca et tout ce qu'on boit,
00:18:40 ça devient du pipi.
00:18:41 Et je sentais un grand flottement.
00:18:44 Je voyais des gens très désemparés parce qu'en fait, on s'aperçoit
00:18:49 que beaucoup d'adultes n'ont même pas une image très claire de leur propre
00:18:53 schéma corporel et que non, non, ce n'est pas ce qu'on mange qui
00:18:56 vient du caca et ce qu'on voit quand il vient du pipi.
00:18:58 Il y a deux circuits différents.
00:19:01 Et le fait de s'apercevoir soi-même qu'on ne se connaît pas vraiment
00:19:05 soi-même, quand on est un enseignant de 45 ans, ça génère des émotions,
00:19:10 des échanges.
00:19:12 Et du coup, tout ça prend du sens parce qu'à travers les échanges,
00:19:16 on va apprendre, on va comparer, on va se dire je ne suis pas tout seul
00:19:19 à ne pas savoir, mais je suis comme les autres, j'ai envie de savoir.
00:19:22 Et du coup, l'émotion, elle est au cœur de l'apprentissage, je pense.
00:19:27 Et comment on amène aussi de la fiction, peut-être comme le fait
00:19:32 d'ailleurs l'exposition Métamorphose, mais sans dénaturer le contenu
00:19:36 scientifique ?
00:19:37 Parce que vous-même, vous êtes auteur de livres jeunesse notamment,
00:19:39 et vous vous êtes amené à faire sans arrêt cette espèce d'équilibre
00:19:42 un peu fragile où on va raconter de la science, on va raconter,
00:19:49 expliquer le monde, mais on utilise des trucs, des artifices et
00:19:56 notamment, on va amener des héros et puis on va imaginer des choses
00:19:59 qui n'ont pas forcément existé.
00:20:00 Mais voilà, on ne dénature pas, mais on essaie d'amener peut-être,
00:20:04 de susciter plus de curiosité ou plus d'envie.
00:20:06 Il faut être honnête, en fait.
00:20:08 Il faut être honnête.
00:20:09 Il faut dire ce qu'on sait et dire ce que l'on ne sait pas.
00:20:11 C'est-à-dire que j'écris un livre qui s'appelle La naissance du
00:20:16 monde, qui raconte 14 milliards d'années d'histoire du monde.
00:20:20 Entre autres, ça parle de l'évolution, évidemment.
00:20:24 Et forcément, on ne sait pas comment s'appeler tel néandertalien
00:20:30 ou comment vivre exactement, ce qui est arrivé exactement à tel
00:20:35 dinosaure ou à tel tétrapode.
00:20:38 Mais on peut très bien dire, voilà, on sait en gros, grâce aux traces
00:20:41 qu'on a découvert, aux fossiles, à nos connaissances en biologie,
00:20:45 en génétique, etc., que ces animaux-là vivaient comme si, que ces humains
00:20:49 vivaient comme ça.
00:20:50 Simplement, ou on le dit comme ça de façon encyclopédique ou on l'incarne.
00:20:54 Et donc, moi, je prends la liberté d'incarner, de même dire,
00:21:00 de donner un nom à un homo sapiens qui a vécu il y a 30 000 ans et dire,
00:21:07 bon, je dis, ce nom est inventé.
00:21:10 Je l'invente, mais on va se créer un personnage et il va vivre a priori
00:21:15 comme on sait que vivaient ces gens.
00:21:16 Mais on est d'accord que c'est un personnage que j'ai inventé.
00:21:19 Et donc, on va faire passer des vraies connaissances par des héros
00:21:22 fictifs et ces héros fictifs vont générer de l'émotion.
00:21:25 Et donc, les connaissances vont prendre du sens.
00:21:28 - Oui.
00:21:29 Patrick Alessian, ce passage par le récit, par la fiction,
00:21:31 c'est vraiment quelque chose qui est essentiel pour intéresser l'enfant ?
00:21:37 - Oui, j'abonde dans ce sens et puis aussi dans la qualité de ce qui est dit là,
00:21:42 c'est-à-dire d'être aussi créateur d'un récit devant un groupe d'enfants
00:21:47 et bien sûr, de porter les récits mythologiques qui viennent témoigner
00:21:53 aussi d'une pensée éternellement intéressée par les transformations
00:21:57 et les métamorphoses.
00:21:58 Et quelque chose qui touche à la psychologie de ces enfants aussi,
00:22:01 c'est leur toute-puissance,
00:22:02 c'est-à-dire leur envie de prendre la maîtrise de tout,
00:22:07 de tout transformer et d'être en quelque sorte le maître du monde.
00:22:13 C'est un jeu très important, d'où l'importance de ce qui était dit
00:22:17 au début et de ce qui est vraiment bien, comment dire, présenté là encore,
00:22:22 la présence des adultes auprès des enfants.
00:22:26 Je trouve déjà très important que cette exposition ait pu être co-construite
00:22:32 et on voit aussi dans ce qu'évoque Monsieur Fichou,
00:22:36 l'importance de ce qui s'échange dans une classe ou même devant un groupe
00:22:42 d'adultes quand on évoque par exemple le corps.
00:22:44 On s'aperçoit à ce moment-là que des personnes très, très sûres d'elles,
00:22:49 effectivement, le flottement quand l'aliment devient caca
00:22:52 et que les os deviennent de pipi,
00:22:54 on voit que le flottement réajuste chacun dans des connaissances
00:23:02 qui doivent être nécessairement cadrées, contenues.
00:23:06 Donc, il y a, je crois, dans ces récits qui sont,
00:23:12 bon là, je parle plus volontiers des récits mythologiques,
00:23:16 quelque chose qui est quand même éducatif.
00:23:19 Alors, je pense par exemple à Dédale et Icard,
00:23:23 l'inventeur qui est Dédale et comment son fils va se saisir d'une invention
00:23:29 et va tomber du ciel après que les ailes avec lesquelles il pensait pouvoir voler
00:23:36 fondent au soleil.
00:23:38 Il y a quelque chose dans notre monde aujourd'hui à propos de ce mythe.
00:23:45 Quand les adultes ne sont pas ou les parents ne sont pas suffisamment
00:23:49 présents auprès des enfants, et là, je pense plus particulièrement
00:23:53 aux smartphones, et que les enfants sont un peu livrés à eux-mêmes
00:23:57 par la découverte de ce monde très, très complexe, très compliqué,
00:24:00 très cruel ou très beau aussi, très merveilleux.
00:24:04 Mais s'ils le découvrent seuls, il va se passer un certain nombre de problèmes.
00:24:09 Donc, voilà ce que je peux dire pour parler des récits.
00:24:15 Des récits et puis de la place, effectivement, de l'adulte médiateur.
00:24:18 Donc, on en vient effectivement à la place de l'enseignant aussi,
00:24:21 quand il va amener ses élèves voir, par exemple, cette exposition métamorphose.
00:24:26 Comment est-ce qu'il peut la préparer ?
00:24:28 Comment ? Qu'est-ce qui se passe pendant ?
00:24:30 Qu'est-ce qui laisse l'enfant explorer librement ?
00:24:35 Est-ce qu'il va être là comme un guide ?
00:24:36 Et puis, qu'est-ce qui va se passer après ?
00:24:38 Comment il va pouvoir exploiter tout ce qu'ils ont vu en classe ?
00:24:42 Alors là, je suis un peu embêtée.
00:24:44 J'aurais voulu en discuter avec Mélanie Horwitz,
00:24:46 qui effectivement a participé à élaborer le document enseignant,
00:24:50 mais Margot Païtain, vous le trouvez sans doute.
00:24:53 Et qui est bien arrivée.
00:24:54 Et bien arrivée à la seconde terme.
00:24:57 Mais là, c'est parfait. C'est de la synchronisation.
00:24:59 Merci beaucoup.
00:25:00 Je vous donne la parole alors, parce que justement, vous avez travaillé.
00:25:04 Vous n'avez pas le temps de vous installer.
00:25:06 Il faudrait juste reposer la question.
00:25:09 Ah, voilà.
00:25:10 Eh bien, on en venait à la place de l'adulte, finalement,
00:25:13 médiateur, accompagnateur de l'enfant,
00:25:15 et donc forcément de l'enseignant dans cette exposition.
00:25:17 Et qu'est-ce que...
00:25:18 Vous avez fait des propositions pédagogiques, justement,
00:25:21 pour qu'il puisse accompagner l'enfant face à toutes ces découvertes ?
00:25:25 Parce que c'est vrai qu'elle est foisonnante, cette exposition.
00:25:28 L'enfant, il va écouter des récits mythologiques,
00:25:30 il va observer un tas de petites bêtes,
00:25:32 il va jouer avec ses ombres, etc.
00:25:34 Donc peut-être qu'il faut l'amener aussi à faire éventuellement des liens,
00:25:37 parce qu'il ne les fera pas forcément tout seul.
00:25:39 Alors, c'est vrai que nous,
00:25:40 on a travaillé essentiellement à destination des enseignants,
00:25:43 qui sont des médiateurs un peu particuliers, quand même.
00:25:46 Parce qu'en général, ils ont une petite idée dans la tête,
00:25:48 qui est de travailler sur leur programme aussi.
00:25:53 Donc du coup, les liens qu'on les invite à faire,
00:25:57 c'est des liens avant, pendant, après, pour leurs élèves,
00:26:01 en fonction du niveau des élèves,
00:26:05 sur, justement,
00:26:09 les objets qu'ils ont envie de travailler.
00:26:12 Donc en se disant que Métamorphose est un objet en soi,
00:26:18 qui invite à la pluridisciplinarité,
00:26:21 mais qui peuvent relier à différents endroits,
00:26:26 on va dire, aux objets de leur programme.
00:26:32 Donc, par exemple, je ne sais pas, moi, on peut se dire...
00:26:35 Bon, d'accord, évidemment, en enseignement artistique,
00:26:38 on imagine bien, ou en enseignement scientifique,
00:26:41 on imagine bien les liens qu'ils peuvent faire.
00:26:45 Par exemple, je ne sais pas, moi,
00:26:48 là, vous parliez d'écouter un mythe, etc.
00:26:53 Ça, c'est quelque chose qui est un des objets de savoir,
00:26:58 en français, du cycle 3.
00:27:01 Donc du coup, on peut travailler avant la classe,
00:27:04 pendant l'expo, et puis ensuite revenir en classe
00:27:09 et exploiter ça.
00:27:11 Donc la médiation de l'enseignante, elle va être de faire le lien
00:27:16 et de préparer les enfants, je dirais, à ce qu'ils vont voir,
00:27:21 peut-être à leur donner soit des missions,
00:27:24 soit des axes de regard à certains endroits,
00:27:28 qu'est-ce qu'ils vont venir chercher, en fait.
00:27:31 Ce serait un petit peu ça.
00:27:33 Et donc, on a essayé de leur donner,
00:27:36 enfin, de donner aux enseignants, dans le dossier pédagogique,
00:27:40 plein d'idées en fonction de où ils en sont dans leur programme,
00:27:45 de ce qu'ils ont envie de travailler.
00:27:46 -C'est d'ailleurs un document qu'ils peuvent retrouver facilement,
00:27:50 peut-être pas facilement, mais en tout cas, sur le site de la Cité des sciences,
00:27:52 dans la rubrique "enseignant", etc.,
00:27:54 je vous donnerai les références à la fin.
00:27:57 Mais surtout, cette expo-là, elle se prête,
00:28:00 justement parce que le concept de métamorphose,
00:28:02 il est traité de façon plurielle,
00:28:05 je trouve qu'elle se prête particulièrement bien
00:28:07 à des projets transdisciplinaires,
00:28:09 notamment en préparation de ce webinaire,
00:28:12 vous disiez, voilà, on pourrait imaginer,
00:28:15 lier le récit et la science, alors vous allez pouvoir en parler,
00:28:19 notamment sur la base de ce petit module sur Pinocchio.
00:28:23 Racontez-nous.
00:28:25 -Par exemple, il y a plusieurs choses qui me viennent à l'idée
00:28:28 pour répondre à la question.
00:28:30 Donc, l'histoire du module de Pinocchio,
00:28:31 c'est donc qu'il y a une espèce de...
00:28:35 Je sais pas, d'écran, de dispositif,
00:28:38 où il y a une histoire qui commence
00:28:41 et les élèves vont...
00:28:43 Les enfants, parce qu'ils ne sont pas toujours des élèves,
00:28:45 mais en tout cas, moi, ils m'intéressent dans leur posture d'élève,
00:28:48 vont pouvoir choisir différentes possibilités
00:28:51 pour faire évoluer la suite du récit.
00:28:54 Donc, on leur pose une question, je sais pas, par exemple,
00:28:57 quelle...
00:28:59 Alors, je sais plus les questions-là précisément,
00:29:01 je les ai pas notées, mais quel moyen de transport
00:29:04 le personnage va-t-il pouvoir prendre ?
00:29:06 Il prend soit un bateau, soit...
00:29:10 Je sais pas quoi, enfin, quel est son compagnon ?
00:29:13 Alors, ça peut être une sirène ou ça peut être...
00:29:15 Voilà, et il va faire évoluer le récit en fonction des options
00:29:20 qu'il va choisir dans cette espèce d'histoire interactive.
00:29:24 Donc, ça, c'est...
00:29:25 Alors, là, il n'y a pas forcément de science,
00:29:27 on est plus là dans quelque chose de l'ordre de la construction du récit,
00:29:30 autour du français, etc.
00:29:32 Mais il y a quelque chose où je me disais,
00:29:36 on pourrait les amener à construire un récit, par exemple,
00:29:38 se dire les petits modules du tout début de l'exposition,
00:29:43 quand on est dans la forêt enchantée
00:29:47 et qu'on voit par des petites fenêtres un tout petit film
00:29:50 sur la transformation, la métamorphose de la coccinelle.
00:29:56 Voilà, on pourrait se dire, tiens, et si on racontait,
00:30:00 mais sous forme de récit, et pas forcément que...
00:30:04 Alors, on pourrait faire un...
00:30:06 Comment dire ?
00:30:08 Par récit, justement, un texte scientifique
00:30:12 expliquant ce qui se passe, décrivant les différentes étapes,
00:30:15 mais après, on pourrait aussi imaginer un récit,
00:30:18 même, à la limite, se mettre à la place de la coccinelle
00:30:21 et se dire, est-ce qu'en fait, la coccinelle, elle reste la même ?
00:30:24 Voilà, qu'est-ce qui se passe dans sa tête ?
00:30:27 On pourrait très bien imaginer quelque chose de cet ordre-là,
00:30:30 et là, on entrerait dans une autre manière
00:30:34 d'appréhender le concept de métamorphose,
00:30:36 parce qu'on serait complètement dans...
00:30:39 À la fois, voilà, quelque chose qui est de l'ordre de la science,
00:30:43 d'écrire un processus de l'ordre du réel que j'observe,
00:30:48 dans ces petits films documentaires, en fait,
00:30:52 et ensuite, je le transforme dans un récit...
00:30:57 littéraire, on va dire.
00:31:01 Et Bertrand Fichou, là, ce que vous me dites,
00:31:03 c'est l'idée de rendre, finalement, l'enfant acteur de ses apprentissages.
00:31:08 Il va vraiment être au cœur de la construction de son savoir, en fait.
00:31:11 Bertrand Fichou, c'est quelque chose sur lequel vous réfléchissez,
00:31:16 sur lequel vous travaillez aussi, dans vos revues ?
00:31:19 En fait, on parle, chez nous, de la relation à quatre,
00:31:22 c'est-à-dire que nos magazines, enfin, Youppi! et Image Doc,
00:31:25 en tant que documentaires, sont des magazines
00:31:27 qui sont des médiateurs, qui sont des catalyseurs,
00:31:30 et ils sont au sein d'une relation entre l'enfant,
00:31:34 ses parents, grands-parents, et l'enseignant.
00:31:36 Parce qu'on s'aperçoit que, quand on fait une expérience,
00:31:40 dans chaque Youppi! et dans chaque Image Doc,
00:31:41 il y a une expérience qui est proposée,
00:31:43 souvent qui est liée à une transformation,
00:31:45 ou à une métamorphose physique du froid, du chaud,
00:31:49 enfin, ça peut être des tas de...
00:31:50 Il y en a partout, dans tous les domaines,
00:31:54 et que, quand on a fait l'expérience à la maison,
00:31:57 en fait, l'enfant a envie de l'amener à l'école, par exemple.
00:32:02 Et donc, on voit des parents qui discutent avec l'enseignant
00:32:04 à la grille de l'école de l'expérience qui a été faite
00:32:06 à la maison pendant le week-end, ou vice-versa,
00:32:09 l'enfant va essayer de refaire à la maison l'expérience
00:32:11 qu'il a faite en classe avec l'enseignant.
00:32:14 Et donc, là, l'adulte est très important,
00:32:18 parce que, d'abord, souvent, l'adulte découvre lui-même
00:32:21 des choses en même temps que l'enfant.
00:32:22 Il ne s'agit pas de faire des singes savants
00:32:25 et de se dire que les parents ne savent rien.
00:32:27 Les parents et les adultes, en général, savent mieux.
00:32:30 Ils sont là pour rassurer aussi, rassurer les enfants.
00:32:33 Mais c'est rassurant pour un enfant quand quelqu'un dit
00:32:35 "Ça, je ne le sais pas, et ça, je l'apprends avec toi,
00:32:37 ça, je le découvre."
00:32:38 Là encore, je reviens à l'émotion de la découverte partagée,
00:32:42 qui est liée à une pratique partagée de la science
00:32:44 et de l'expérimentation, que ce soit en classe
00:32:46 ou que ce soit à la maison.
00:32:47 Et ce qui est intéressant, vous parliez de transdisciplinarité,
00:32:50 excusez-moi, mais ça, c'est quelque chose aussi
00:32:53 qui est très intéressant pour mettre le monde en relief.
00:32:57 C'est-à-dire que si nous, dans le magazine,
00:32:59 on va voir un récit sur le Moyen Âge, par exemple,
00:33:01 et on va raconter l'affect d'un château,
00:33:04 il y aura des catapultes, et puis on va se demander
00:33:06 "Mais en fait, une catapulte, ça marche comment ?
00:33:09 Il y a quelque chose qui se passe en une catapulte ?
00:33:11 Et puis, on va faire un modèle de catapulte."
00:33:12 Là, on est, par rapport aux enseignants à l'Éducation nationale,
00:33:15 on est dans une démarche d'investigation qui est
00:33:18 "On va créer un modèle, et puis on va faire varier
00:33:21 la position du bras de levier, parce que c'est un bras de levier,
00:33:25 et puis ça va produire des effets différents.
00:33:27 La situation va évoluer."
00:33:29 Et puis, on va s'apercevoir qu'une catapulte,
00:33:31 en fait, comme c'est un bras de levier,
00:33:32 ça marche exactement comme un frein de vélo
00:33:35 ou comme une clanche de porte.
00:33:37 Et donc, on va faire un lien entre une catapulte du Moyen Âge
00:33:41 qui attaque un château, la clanche de la porte de ma chambre
00:33:44 et le frein de mon vélo, qui lui-même, lorsque je l'actionne,
00:33:48 comme une catapulte, va se mettre à faire chauffer les freins.
00:33:50 Les caoutchoucs vont chauffer.
00:33:51 Donc, il y a l'énergie mécanique qui est provoquée,
00:33:55 qui est possible parce qu'il y a eu de l'énergie chimique dans mon ventre.
00:33:57 J'ai transformé de la nourriture en énergie.
00:33:59 J'en fais de l'énergie mécanique et ça fait chauffer,
00:34:02 donc en énergie thermique.
00:34:04 Je peux ne pas m'arrêter.
00:34:05 On démarre comme ça et on s'aperçoit que tout est connecté.
00:34:08 Tout est connecté.
00:34:10 Et ça, c'est quelque chose que nous-mêmes,
00:34:12 en rédigeant ces sujets, on s'émerveille nous-mêmes
00:34:16 à chaque fois de découvrir comment tout est connecté.
00:34:19 Et quand l'enfant découvre que tout est connecté,
00:34:22 ça lui donne aussi sa place dans le monde.
00:34:23 C'est-à-dire qu'encore un petit exemple très rapide,
00:34:26 on a fait une expérience sur la respiration.
00:34:31 La respiration, on peut le faire de façon très encyclopédique.
00:34:33 Comment marche un poumon ?
00:34:35 OK, il y a une cage thoracique qui active,
00:34:39 une grosse poche qui se remplit d'air.
00:34:42 On peut aussi faire un vrai petit modèle
00:34:44 avec une bouteille en plastique écrasée,
00:34:46 un petit ballon de baudruche dedans.
00:34:47 Quand on l'active, le petit ballon se gonfle tout seul,
00:34:49 comme le poumon, mais aussi comme le poumon d'une baleine.
00:34:53 Parce qu'une baleine bleue de 30 mètres qui nage dans l'Atlantique
00:34:57 respire comme moi, petit gars de 6 ans.
00:35:00 Et ça, ça a quand même de la gueule.
00:35:01 Ça veut dire que moi, je respire comme une baleine de 30 mètres
00:35:04 qui vit dans l'Atlantique.
00:35:06 C'est quoi la connexion ? Elle vient d'où ?
00:35:07 Alors là, on va aussi pouvoir partir sur la métamorphose,
00:35:10 sur l'évolution.
00:35:11 C'est-à-dire que cette baleine s'est transformée.
00:35:13 Moi, je me suis transformé, on a un ancêtre commun.
00:35:15 Et encore une fois, je pourrais ne pas m'arrêter,
00:35:17 parce que tout est connecté et que l'histoire est sans fin.
00:35:21 Et là, l'adulte est forcément nécessaire pour accompagner l'enfant
00:35:24 et poser des questions, l'aider à se poser des questions
00:35:27 et l'aider à y répondre par l'expérimentation, si possible,
00:35:30 et par le récit, parce que lorsqu'il y a la catapulte du Moyen Âge,
00:35:33 on ne pourra pas revenir en arrière.
00:35:36 On le comprend, en fait.
00:35:38 L'adulte peut s'émerveiller comme l'enfant,
00:35:40 il n'est pas obligé de tout savoir.
00:35:42 Patrick, à l'essayant, l'enseignant lui-même n'est pas obligé de tout savoir,
00:35:47 surtout dans le domaine des sciences où c'est si difficile, finalement, de tout savoir.
00:35:52 Oui, ce serait un défi
00:35:54 invraisemblable de mettre un adulte responsable pédagogue
00:35:59 en sachant un tout comme ça.
00:36:02 Je reprends quand même ce qui a été évoqué tout de suite à propos
00:36:06 de la transdisciplinarité à travers votre question, à la suite de votre question.
00:36:12 Il me semble qu'il y a quelque chose de différent qui se passe,
00:36:14 parce qu'on peut parler aussi des métamorphoses, peut-être,
00:36:16 ou des transformations de la pédagogie entre ce qu'on a connu,
00:36:20 donc il y a 50 ans, 60 ans, quand on était enfant,
00:36:22 excusez-moi de faire un peu le vieux dans ce feedback de plusieurs décennies,
00:36:27 et ce qui se passe aujourd'hui.
00:36:29 Moi, je trouve qu'il y a une transformation qui me semble remarquable
00:36:34 et très positive, que je crois maintenant beaucoup plus généralisée,
00:36:39 présente dans le dispositif pédagogique contemporain,
00:36:42 c'est qu'on est passé de l'enfant éponge,
00:36:47 qui devait apprendre un certain nombre de choses,
00:36:49 à des interactions entre les enfants et entre les enfants et les adultes
00:36:54 qui rencontrent, donc que ce soit des instituteurs,
00:36:56 mais même dans des disciplines aussi spécifiques,
00:36:59 par exemple que la musique avec des instruments,
00:37:03 j'observe que de plus en plus de pédagogues instrumentistes
00:37:09 sortent de ce cadre strictement individuel,
00:37:13 stressant aussi pour trop d'enfants,
00:37:15 pour les immerger très vite dans une pratique de groupe
00:37:19 avec des réflexions partagées, des recherches partagées dans les écoles,
00:37:26 ou dans des conservatoires de musique,
00:37:29 des interprétations déjà en orchestre,
00:37:32 ou des cours en groupe avec un professeur.
00:37:36 Et ça, je pense que c'est une des grandes transformations contemporaines,
00:37:40 et peut-être que quelque chose est en train de...
00:37:44 Je reviens un peu, c'est un peu ma préoccupation,
00:37:46 vous allez le comprendre, c'est-à-dire que je trouve
00:37:49 que la technique moderne et de l'accès au smartphone
00:37:53 pose un problème vers une réindividualisation,
00:37:58 je trouve, des enfants, seuls devant des encyclopédies de savoirs
00:38:03 qui sont derrière ces instruments numériques.
00:38:07 Si vous voulez, je me fais comprendre, c'est que là où je crois
00:38:10 que les différents systèmes éducatifs, éducation nationale,
00:38:13 éducation spécialisée, voire même aussi l'éducation spécialisée
00:38:17 pour les enfants handicapés a introduit des dynamiques de groupe
00:38:21 qui sont très précieuses,
00:38:23 on a quand même un risque à travers des individualisations
00:38:26 dont on s'écartait grâce à ces nouvelles techniques.
00:38:31 Voilà ce que je peux dire à propos de la transdisciplinarité
00:38:36 qui relève quand même sur le fond d'un autre principe
00:38:41 qui est de naviguer d'une connaissance vers une autre et de faire des liens,
00:38:45 mais je crois qu'il y a aussi en support une pluridisciplinarité,
00:38:48 c'est pour ça que je me suis permis de faire ce lien.
00:38:51 On peut expliquer tout de même que pour les enfants entre 6 et 11 ans,
00:38:55 ils ne sont pas encore trop accrochés à leur smartphone.
00:38:59 Mélanie Horwitz…
00:39:00 Écoutez, excusez-moi, mais je pense qu'il y a un réel danger,
00:39:03 je pense qu'on se leurre…
00:39:04 Non, mais on peut espérer,
00:39:05 non, non, je veux dire, on peut espérer que ce ne soit pas encore un âge
00:39:08 où ils ne soient pas très accrochés.
00:39:10 Mais Mélanie Horwitz, vous qui êtes enseignante,
00:39:13 vous souhaitez réagir justement à cette vision
00:39:16 de la transformation de la pédagogie ?
00:39:19 Moi, ce que je trouve intéressant, c'est ce que vous dites
00:39:22 sur la place du groupe, la place de l'enfant dans le groupe.
00:39:26 Et c'est vrai que dans les activités…
00:39:31 Alors, c'est vrai qu'on peut penser…
00:39:33 En fait, cette exposition, elle est intéressante
00:39:37 parce que justement, quelque part,
00:39:40 l'enfant pourrait la faire individuellement,
00:39:43 mais nous, on va essayer de favoriser un travail avec des petits groupes
00:39:49 qui vont peut-être favoriser les interactions.
00:39:53 Alors, il y a tout ce côté aussi, évidemment,
00:39:57 de garantie de sécurité,
00:40:02 sécurisation pour ne pas être seul.
00:40:06 Nous, par exemple, ça fait longtemps à l'INSPE,
00:40:09 je ne sais pas si c'est nous de manière si générale que ça,
00:40:11 mais en tout cas, très souvent, on dit aux enseignants,
00:40:14 arrêtez de faire faire une récitation…
00:40:17 Enfin, je récite seule devant l'ensemble de la classe,
00:40:21 je fais mon exposé ou mon compte-rendu d'exposition.
00:40:24 Enfin, voilà, j'ai été visiter l'exposition devant l'ensemble de la classe.
00:40:29 Non, on dit plutôt, faites le faire en groupe,
00:40:32 c'est sécurisant, on va en parler ensemble.
00:40:35 Comme ça, on voit aussi, on peut s'appuyer aussi.
00:40:37 Nos classes sont extrêmement hétérogènes.
00:40:40 On peut s'appuyer sur la force du groupe
00:40:42 pour que le groupe…
00:40:45 Enfin, certains réexpliquent à d'autres
00:40:47 que les interactions entre pairs
00:40:50 sont presque plus favorables aux apprentissages, je dirais,
00:40:54 que l'interaction descendante entre l'enseignant et l'élève.
00:41:01 Parce que nous, finalement, on a toujours l'impression,
00:41:04 on a toujours envie de parler le langage de l'élève,
00:41:07 mais ce n'est pas le cas.
00:41:08 On n'est jamais vraiment à hauteur d'élève.
00:41:11 Donc, on a vraiment intérêt à favoriser ces interactions horizontales
00:41:16 qui sont très favorisées, justement, en tout petit groupe.
00:41:19 Donc, nous, on va dire, faites visiter cet expo en petit groupe,
00:41:23 avec des missions spéciales,
00:41:24 et puis, on en rapporte quelque chose pour l'ensemble de la classe,
00:41:28 pour l'ensemble du groupe.
00:41:30 Voilà, cette importance du groupe,
00:41:33 aussi dans les transformations de l'école
00:41:36 et puis personnelle de l'élève,
00:41:40 enfin, pour les apprentissages,
00:41:42 me paraît intéressante et importante.
00:41:45 C'est bien de le souligner, je pense.
00:41:47 Juste un mot, excusez-moi, une image,
00:41:49 c'est que quand j'ai pu visiter cette exposition,
00:41:54 je voyais arriver ces groupes d'enfants
00:41:58 venant de classes ou de bases de loisirs pour d'autres.
00:42:01 Et il y avait une animation vraiment,
00:42:04 enfin, on voyait qu'ils allaient au contact de quelque chose de très important.
00:42:07 Et on les revoyait après dans l'exposition.
00:42:09 C'était à fait remarquable dans le sens de ce que vous venez de dire,
00:42:14 vraiment quelque chose de très animé, très vivant.
00:42:18 Donc, du coup, l'objectif est rempli,
00:42:20 parce que justement, notre intention dans cette exposition,
00:42:24 c'était de proposer aussi une palette d'expériences diversifiées.
00:42:28 Donc, on parlait tout à l'heure d'interactivité,
00:42:30 mais c'était aussi collective et participative.
00:42:32 Donc là, on est en plein dongue.
00:42:35 Donc, je suis ravie de vous entendre aussi l'avoir constaté, le dire, le voir.
00:42:40 Et d'ailleurs, il y a plein de moments où...
00:42:42 Pardon, excuse-moi.
00:42:43 Il y a plein de moments où vous l'avez non seulement favorisé,
00:42:47 mais vraiment rendu presque obligatoire.
00:42:50 Parce que, par exemple, l'expérience du...
00:42:52 Le moment où on est face à face dans le miroir,
00:42:55 on ne peut pas le faire tout seul.
00:42:56 -Non. -Donc, il y a vraiment l'idée de se dire,
00:43:00 ça ne marche que si on est plusieurs, que si on est deux.
00:43:03 Et ça, c'est vraiment très intéressant, justement, de ne pas...
00:43:08 Enfin, voilà, de cultiver cette interaction,
00:43:12 cette nécessité de l'autre, finalement.
00:43:14 On est presque sur des enjeux éthiques.
00:43:17 -Oui, c'était précisément ma question,
00:43:19 savoir si les dispositifs muséographiques avaient été pensés comme ça,
00:43:23 pour favoriser, effectivement, toutes ces interactions au sein des groupes.
00:43:27 -Oui, bien sûr. Et puis, de proposer aussi...
00:43:30 Nous, on a une posture la plus multimodale possible.
00:43:34 C'est-à-dire qu'on parlait tout à l'heure des écrans,
00:43:35 donc on a évité un maximum d'utiliser des audiovisuels.
00:43:38 On se retrouve avec deux films d'animation.
00:43:41 Du reste, c'est de la manipulation.
00:43:43 C'est des choses très tangibles, très palpables.
00:43:46 Et ça va de l'accessoire à s'arrêter, à observer du vivant.
00:43:51 C'était pour revenir aussi à...
00:43:54 On parlait tout à l'heure de la science.
00:43:57 On avait cette volonté de démarche aussi,
00:44:01 aux prémices de démarche scientifique,
00:44:04 de l'enfant s'arrête, observe, regarde à l'intérieur d'un arbre,
00:44:08 à un œil-ton, et va observer les métamorphoses d'une grenouille.
00:44:12 Il va après s'arrêter devant un aquarium pour regarder des cétouanes.
00:44:16 Il va ensuite...
00:44:18 On parlait tout à l'heure à M. Fichou de transformation.
00:44:22 Là, c'est une transformation mécanique en énergie électrique
00:44:25 qui deviendra une énergie lumineuse.
00:44:28 Il va s'arrêter, regarder un miroir et partager avec quelqu'un.
00:44:30 Il va pouvoir confectionner un gâteau à un ou quatre joueurs,
00:44:36 du multijoueur.
00:44:37 L'objectif, c'était d'avoir plus de variétés de dispositifs
00:44:41 dans l'offre, mais aussi dans la manière de le vivre et de le faire.
00:44:47 Il y a ces moments un peu en autonomie aussi,
00:44:51 et des moments où on a besoin de l'autre pour faire...
00:44:53 Et des moments de partager avec l'autre pour augmenter aussi son expérience.
00:44:58 Parce que c'est vrai qu'on oublie, mais l'objectif de cette expo,
00:45:00 on avait pensé cette expérience, finalement, par enfant.
00:45:03 Et normalement, on l'a intégré.
00:45:05 Je vais juste revenir sur ce que vous disiez tout de suite.
00:45:07 Je trouve ça très intéressant parce que ce qui est primordial à nos yeux,
00:45:09 c'est l'expérimentation.
00:45:11 On peut raconter des expériences, on peut comprendre des choses
00:45:14 qui se passent parce que d'autres ont fait des expériences,
00:45:17 mais ça ne vaudra jamais le fait de soi-même patauger dans de l'eau froide,
00:45:21 d'avoir des choses collantes au bout des doigts et d'essayer de manipuler
00:45:25 une boule d'argile qui va flotter ou pas.
00:45:29 Et pourquoi ?
00:45:30 À partir du moment où on fait soi-même et on pratique la métamorphose,
00:45:33 forcément, on s'implique physiquement,
00:45:35 on s'implique charnellement, émotionnellement dans la métamorphose.
00:45:39 Et là, on apprend des choses.
00:45:40 Et si on est à plusieurs, c'est évidemment beaucoup mieux.
00:45:44 On crée des souvenirs et on repasse par l'émotion.
00:45:46 À partir du moment où ça impacte et ça crée un souvenir,
00:45:48 on crée de l'émotion, ça reste et ça s'ancre.
00:45:52 Beaucoup plus.
00:45:53 Mélanie, en fait ?
00:45:54 Oui, et je dirais que ça crée des traces mémorielles
00:45:58 et c'est un des enjeux de la visite au musée, parce qu'en fait,
00:46:05 nous, la question qu'on se pose tout le temps,
00:46:08 c'est très lourd pour un enseignant d'emmener une classe au musée,
00:46:14 d'aller, on imagine dans une exposition comme ça.
00:46:17 Alors, d'accord, l'espace est assez resserré,
00:46:19 mais on emmène 30 gamins et puis en fait, il y a trois classes sur l'expo.
00:46:24 Ben, ça devient vite.
00:46:26 Je ne maîtrise plus du tout mon groupe.
00:46:28 Je ne comprends pas.
00:46:30 Donc, finalement, pour un enseignant,
00:46:32 il doit toujours se demander quelle est la plus-value,
00:46:35 finalement, d'emmener ma classe au musée par rapport à si je fais,
00:46:40 enfin, voilà, si je travaillais cette notion,
00:46:42 si je voyais ce concept, ce savoir en classe.
00:46:46 Et je pense qu'il y a cette idée d'ancrage mémoriel par des expérimentations vécues.
00:46:53 Et ça, c'est vrai que cette exposition cultive beaucoup ça,
00:46:58 que ce soit par "je mets des masques et on regarde les ombres",
00:47:02 que ce soit les lunettes d'Alice, que ce soit les expérimentations,
00:47:06 vous en avez parlé, plus scientifiques.
00:47:10 Là, on est vraiment dans quelque chose qui n'est pas vraiment faisable,
00:47:15 alors qui est reproductible éventuellement en classe ponctuellement,
00:47:19 mais là, qui a toute une palette, toute une diversité,
00:47:23 qui fait qu'effectivement, là, on est vraiment dans un moment
00:47:27 où le musée devient une expérience unique, justement.
00:47:34 - Et on comprend que c'est aussi un des moyens pour les enseignants,
00:47:40 peut-être du primaire, d'aborder la démarche d'investigation,
00:47:43 qui est encore quelque chose de relativement difficile, je crois.
00:47:46 Bien sûr, tous les participants qui sont là ont le droit de me corriger,
00:47:49 peut-être, et c'est une hypothèse, parce que pour une grande part,
00:47:54 ils ont un profil peut-être littéraire aussi,
00:47:57 et que ce n'est pas forcément évident comme ça,
00:47:59 d'entamer une démarche d'investigation en classe.
00:48:02 Et justement, vous proposez, j'imagine, dans le document enseignant,
00:48:05 peut-être des ficelles, des choses, comment faire,
00:48:07 ou en tout cas, des types d'expérimentation qui peuvent être faites en classe,
00:48:10 ou en tout cas, qui peuvent être faites peut-être pendant l'exposition,
00:48:14 puis dont on peut reparler ensuite en classe.
00:48:16 Comment vous faites ?
00:48:17 - Alors, nous, on a plutôt été là-dessus,
00:48:20 c'est-à-dire sur le fait que les expériences se feraient
00:48:25 au moment de l'exposition, et que la classe,
00:48:28 ce serait le moment d'exploiter, d'institutionnaliser les savoirs,
00:48:33 de faire des liens, justement, avec des pistes qui ont moins été exploitées,
00:48:37 par exemple, comme des pistes de lecture, des choses comme ça.
00:48:41 On a moins travaillé.
00:48:42 Alors, aussi, parce que je suis prof de lettres au départ,
00:48:45 donc j'imagine que c'est pour ça que moi, j'ai moins pensé
00:48:50 en termes de démarche d'investigation, et aussi, parce que...
00:48:54 Alors, je ne sais pas si c'est encore peu fait dans les classes,
00:48:57 je crois que ça, quand même, ça devient peut-être un petit peu plus,
00:49:02 j'espère, un tout petit peu plus la norme.
00:49:05 Donc, voilà, on a proposé des petites choses,
00:49:09 mais pas forcément vers ce domaine-là,
00:49:14 en se disant que, là, l'exposition, elle est déjà...
00:49:19 Alors, je ne sais pas si elle est suffisante,
00:49:22 mais elle propose déjà pas mal de choses,
00:49:24 et nous, on serait plus du côté, oui, ce que je disais,
00:49:26 institutionnalisation des savoirs.
00:49:28 Est-ce que l'école va récupérer...
00:49:31 Alors, je suis désolée de dire ça comme ça,
00:49:33 parce que ça fait un peu "je me sers",
00:49:35 c'est le point de vue utilitariste,
00:49:37 mais il y a un petit peu de ça, quand même,
00:49:40 quand on emmène nos enfants et nos élèves au musée.
00:49:44 On a envie que ça serve à la construction des savoirs
00:49:48 et des apprentissages qu'on veut construire,
00:49:50 même s'il y a beaucoup plus que ça
00:49:52 quand on emmène les enfants au musée.
00:49:55 -Pour revenir juste une seconde sur la démarche d'expérimentation
00:49:58 et la démarche d'investigation, en classe notamment,
00:50:02 pour avoir discuté avec beaucoup d'enseignants,
00:50:04 on s'aperçoit que souvent, ils en ont peur, en fait,
00:50:06 ils ne savent pas trop comment y aller,
00:50:09 ils ont l'impression que ça va être une usine à gaz,
00:50:10 ça va être extrêmement compliqué.
00:50:12 Il faut juste dire que, effectivement, ça prend un peu de temps,
00:50:15 mais d'abord, ça peut coûter zéro,
00:50:17 ça se fait avec des bouts de ficelle,
00:50:19 avec une feuille de papier que vous gardez comme ça, intacte,
00:50:22 et que vous lâchez,
00:50:23 ou la même feuille de papier froissée que vous lâchez,
00:50:25 vous avez deux modèles de feuilles de papier,
00:50:28 vous n'êtes pas sur le même objet,
00:50:30 et ils ne vont pas tomber de la même façon quand vous allez les lâcher.
00:50:33 Vous êtes déjà en train de comparer deux modèles,
00:50:35 vous êtes déjà dans la démarche d'investigation,
00:50:38 et vous pouvez vraiment faire de la vraie science,
00:50:41 c'est vraiment, je pense, le message à faire passer,
00:50:43 de la vraie démarche d'investigation scientifique
00:50:45 avec des bouts de ficelle,
00:50:47 avec un bout de pâte à modeler et un bol d'eau,
00:50:49 vous allez attaquer Archimède.
00:50:52 Et ça va se faire très facilement,
00:50:54 de façon agréable, et en pataugeant, évidemment,
00:50:57 on va en mettre un peu partout, et il faut en mettre un peu partout,
00:50:59 il faut tremper la table.
00:51:01 Mais vraiment, il ne faut pas avoir peur d'y aller, franchement,
00:51:04 et les expériences peuvent se faire...
00:51:06 Nous, on travaille à ça, si vous voulez, depuis des années,
00:51:09 faire des expériences extrêmement simples, qui sont un cheminement,
00:51:12 on part d'un point A, une question qu'on se pose
00:51:14 par rapport à la vie quotidienne,
00:51:15 et on va avec un modèle très simple et des objets très simples,
00:51:18 une bouteille d'eau, un verre, une feuille de papier,
00:51:20 des choses qu'on a, un trombone,
00:51:22 des choses qu'on a vraiment sous la main dans une classe,
00:51:24 on va faire cheminer une réflexion,
00:51:27 et c'est là où c'est intéressant d'être en groupe,
00:51:29 parce que là, le groupe s'anime, on part sur des hypothèses fausses,
00:51:33 ça ne va pas marcher, on va faire autre chose, on va essayer autrement,
00:51:35 et là, tout ça, c'est extrêmement riche,
00:51:37 et à la fin, on va apprendre des choses en faisant,
00:51:39 en expérimentant vraiment les choses.
00:51:42 Et ça va être p0 à la COP de l'école.
00:51:45 -Et on pourrait se dire, mais pourquoi, après tout,
00:51:46 pourquoi on aurait besoin d'apprendre les sciences
00:51:47 par la démarche d'investigation ?
00:51:49 Et oui, c'est important, parce que vous le disiez,
00:51:51 en préparation, c'est donner du sens,
00:51:53 donner du sens aux apprentissages.
00:51:55 Et je voulais que vous reviennent peut-être quelques minutes
00:51:58 sur ce que vous disiez lors de notre entretien,
00:52:01 que pendant longtemps, vous n'aimiez pas les maths,
00:52:04 ou pas la physique, parce qu'en fait...
00:52:08 -Oui, je peux vous raconter, désolé, mon histoire personnelle,
00:52:11 mais moi, je...
00:52:12 -Qui est celle de beaucoup de gens, en fait.
00:52:13 -Oui, qui est l'histoire de beaucoup, beaucoup de gens.
00:52:15 Moi, j'ai passé, surtout au lycée, le collège-lycée,
00:52:18 j'ai souffert en maths, en physique,
00:52:20 parce que j'ai noirci des pages et des pages et des pages
00:52:23 d'équations du second degré, en me disant "mais à quoi ça sert ?"
00:52:26 Et personne n'a pris la peine de dire à quoi ça servait.
00:52:28 Aujourd'hui, je sais que les maths, c'est de la poésie.
00:52:30 Trop tard, je n'ai pas le courage de m'y recoller.
00:52:32 C'est dommage, parce que je sais que les matheux,
00:52:33 ils sont dans des mondes virtuels,
00:52:35 ils créent des mondes poétiques avec les maths.
00:52:37 Moi, je n'aurais jamais accès à ça, je suis extrêmement frustré.
00:52:40 Quand on faisait de la physique, en premier, en terminale,
00:52:42 on a traduit les champs magnétiques.
00:52:44 Je me disais "mais moi, je n'ai pas envie d'être électricien,
00:52:46 à quoi ça va me servir ? J'en ai rien à faire."
00:52:49 C'est après le bac, après, à 20 ans,
00:52:51 que j'ai commencé à lire des Trincent Yuan et des Hawkins
00:52:55 et des Hubert Reeves et tous ces gens-là,
00:52:58 qui m'ont ouvert les yeux.
00:53:00 J'ai découvert que j'étais une machine électromagnétique
00:53:02 et qu'on ne me l'avait jamais dit.
00:53:04 En fait, les cours de physique me parlaient de moi,
00:53:06 et je ne le savais pas, et ça m'a mis en colère.
00:53:08 À 20 ans, j'étais en colère, parce que je me disais
00:53:10 "mais j'aurais adoré savoir que tout ça parlait de moi,
00:53:13 de mon monde, de ma vie.
00:53:14 La gravité, bon, c'est intéressant,
00:53:16 les planètes qui tournent, ça nous intéresse plus ou moins,
00:53:19 peut-être, mais la gravité, sans gravité, il n'y a pas de planète,
00:53:21 sans gravité, il n'y a pas de monde, sans gravité,
00:53:23 moi, je ne tiens pas debout.
00:53:25 Je n'existe que parce qu'il y a la gravitation universelle.
00:53:27 Pourquoi on ne l'a pas dit ? Pourquoi on ne l'a pas dit ?
00:53:29 Donc voilà, de grâce, disons aux enfants que tout ça,
00:53:33 ça les concerne, ils sont au cœur du système.
00:53:35 Et tout ce dont on parle là, ça leur parle d'eux.
00:53:39 Et d'un seul coup, ça devient passionnant.
00:53:41 Ça parle d'eux et de nous et de leurs proches
00:53:43 et des interactions qu'ils ont avec leurs proches.
00:53:45 Donc ça ne peut être que passionnant.
00:53:47 -Mettre l'enfant au centre, en fait.
00:53:50 Margot Païta, l'Expo, c'est ce qu'elle souhaite aussi,
00:53:53 c'est mettre l'enfant vraiment au centre
00:53:54 et qu'il fasse lui-même aussi des liens
00:53:56 entre ce que proposent les dispositifs,
00:53:59 les différents mondes qui sont proposés.
00:54:01 -C'est une exposition, pas à grand public,
00:54:03 mais pour les enfants de 6 à 11 ans.
00:54:05 Voilà, donc le sujet, c'est l'enfant, son monde, son entourage.
00:54:09 Et justement, c'est important, ce qu'on racontait tout à l'heure,
00:54:12 c'est que ça a une période de vie aussi
00:54:14 où il rencontre de multiples facteurs de transformation.
00:54:17 Là, à 6 à 11 ans, on est vraiment à l'initiation, à la lecture.
00:54:20 Surtout, il acquiert de plus en plus d'autonomie.
00:54:22 Donc il y a aussi toute cette part de changement physique aussi,
00:54:27 qui peut faire peur.
00:54:28 Et donc on voulait aussi aborder cette question des peurs,
00:54:31 du changement, de la transformation,
00:54:34 des monstres, des petites émotions qui nous habitent.
00:54:36 D'ailleurs, c'est pour ça qu'on a un théâtre d'ombres
00:54:38 où on propose à l'enfant d'exprimer, de laisser sortir
00:54:41 le petit monstre qui sommeille en chacun de nous.
00:54:44 Mais c'est aussi une manière de les accompagner dans ces questionnements-là
00:54:47 et finalement, de leur dire, de montrer qu'il y a aussi
00:54:51 tout un champ de possible, qu'on n'est pas enfermé,
00:54:53 que c'est pas rigide, que rien n'est figé.
00:54:55 Et que ça pose aussi la question, ça suscite aussi ces questionnements-là
00:54:59 sur les questions d'impermanence du temps,
00:55:01 que rien n'est inestimable, que tout change tout le temps
00:55:04 et qu'on vit avec, que des parents se transforment tout le temps,
00:55:08 qu'on se transforme, que tu vas te transformer,
00:55:10 que ta voix va changer, mais regarde, tu vas continuer à apprendre
00:55:13 de super choses et ça reprend le film dont on parlait tout à l'heure,
00:55:16 tout au long de la vie, où on a ce personnage
00:55:18 où on suit de la naissance à sa vieillesse et on parle,
00:55:21 les transformations, elles ne sont pas que physiques,
00:55:22 elles sont aussi physiologiques,
00:55:24 ça place dans la société, d'apprentissage
00:55:27 et on suit tout un chemin de parcours de vie.
00:55:30 Et c'est ça, c'est que des chemins croisés, mais on ne fait qu'avancer.
00:55:35 -Même en trébuchant. -Même en trébuchant,
00:55:37 mais on avancera.
00:55:39 Avec des cicatrices, parce qu'à un moment,
00:55:41 le personnage tombe et il a une cicatrice sur le front,
00:55:44 mais il montre qu'il continue à vivre aussi.
00:55:47 -Oui.
00:55:48 -Sur ce, voilà.
00:55:49 -Patrick Alessian, je voulais juste vous donner la parole
00:55:52 parce que vous me disiez...
00:55:55 Mais en fait, l'enfant à cet âge-là, justement, il est plus trop préoccupé
00:55:59 ou pas encore, par les transformations de son corps,
00:56:02 et il est très curieux,
00:56:03 c'est vraiment une fenêtre extrêmement propice pour la curiosité,
00:56:06 et c'est une curiosité qu'il s'agit d'alimenter aussi beaucoup à cet âge-là.
00:56:11 -Oui, c'est vrai que c'est un âge
00:56:15 qui a été remarquablement abordé par Freud.
00:56:21 C'est-à-dire qu'à partir de 6-7 ans,
00:56:25 l'enfant commence à s'ouvrir à de nouvelles curiosités
00:56:29 que celles qui concernent son corps ou le corps de ses proches
00:56:33 ou les histoires de ses proches.
00:56:35 Et donc, on a une chance incroyable en Europe,
00:56:38 c'est d'offrir l'école le plus longtemps possible à des enfants.
00:56:43 Mais les différents apprentissages
00:56:47 qui vont se faire à partir de cette école primaire
00:56:50 sont vraiment fondamentaux,
00:56:52 non seulement d'ailleurs pour les contenus
00:56:54 qui vont être des bases de travail pour toute la vie,
00:56:57 mais aussi pour cet intérêt, cette curiosité
00:57:02 sur des domaines qu'ils n'auraient peut-être pas quand même trouvé
00:57:07 s'ils étaient restés chez eux.
00:57:10 Je pense que c'est une transformation.
00:57:14 Une des choses que je me disais en vous écoutant dans les derniers échanges,
00:57:18 c'est qu'on parle beaucoup des transformations et des métamorphoses
00:57:21 sur la base de ce qui est visible.
00:57:23 Et c'est nécessaire pour la pédagogie,
00:57:30 c'est nécessaire aussi pour les enfants.
00:57:32 Mais il y a quand même quelque chose qui n'est pas vraiment mystérieux,
00:57:36 mais qui est invisible, ce sont les transformations psychiques.
00:57:39 On peut se demander à quoi elles réfèrent, ces transformations psychiques.
00:57:43 Et c'est vrai qu'à partir du moment où on crée l'école,
00:57:45 on crée des dispositifs pédagogiques,
00:57:48 l'enfant réaménage son intérêt, sa curiosité
00:57:52 vers ces choses qu'il n'aurait peut-être pas pu avoir
00:57:55 dans sa propre bulle, dans sa propre sphère,
00:58:00 éventuellement dans sa famille.
00:58:02 C'est pas qu'il n'apprenait pas grand-chose.
00:58:03 Quand l'école s'arrêtait à 11 ans,
00:58:06 on était dans une civilisation très rurale
00:58:11 et les enfants apprenaient énormément de choses
00:58:13 au contact de leurs parents et de la nature.
00:58:17 Mais il y a aussi d'autres changements qui sont en jeu,
00:58:20 en fait, entre 6 et 10 ans,
00:58:21 c'est-à-dire un intérêt qui peut se développer sur des objets nouveaux,
00:58:27 comme tous ceux qu'on a évoqués, la littérature, les sciences,
00:58:31 différentes matières qu'on apporte à l'école.
00:58:38 Il y a quelque chose qui a trait à une transformation, en fait.
00:58:44 C'est-à-dire qu'on considère, nous, les psychanalystes,
00:58:47 que l'énergie fondamentale de la vie qui est transmise aux enfants
00:58:52 nécessite d'être transformée tout au long de la vie, justement.
00:58:56 Et on le voit malheureusement par des effets contrariants
00:59:02 de ce que je suis en train de vous dire.
00:59:05 C'est quand les enfants, aujourd'hui, sont livrés tout seuls à des smartphones,
00:59:13 on voit qu'en fait, ces enfants,
00:59:15 ils entrent sous le joug des algorithmes qu'ils génèrent,
00:59:19 alors même qu'ils sont simplement des enfants qui jouent sur un clavier et un écran.
00:59:24 Et donc l'enfant perd sa curiosité propre à son histoire
00:59:31 et va entrer dans un domaine de curiosité
00:59:34 qui est celui que l'algorithme génère pour lui.
00:59:37 Je ne sais pas si je me fais bien comprendre sur cette image.
00:59:41 J'y tiens beaucoup parce qu'on a eu ce petit intermède très bref tout à l'heure
00:59:46 de mon inquiétude à propos de ce que génère ce monde des algorithmes
00:59:50 sur notre civilisation, sur nos enfants.
00:59:53 Je pense qu'on peut aussi beaucoup et bien travailler
00:59:56 avec tous ces algorithmes et ces techniques contemporaines,
00:59:58 mais qu'elles nécessitent vraiment un apprivoisement.
01:00:01 Et là aussi, je pense que la présence des adultes, pour en revenir au début,
01:00:05 et la présence du groupe, parce que si on laisse les enfants
01:00:08 devant ses smartphones, par exemple, en groupe,
01:00:11 ils sont sous le joug des mêmes algorithmes.
01:00:13 Si on a des adultes, des éducateurs,
01:00:16 des parents qui prennent bien soin de cet accompagnement,
01:00:21 donc ils peuvent apprendre à apprivoiser cet outil incroyable
01:00:26 qui est tombé entre nos mains maintenant depuis une vingtaine d'années.
01:00:30 Voilà, je vais insister là-dessus.
01:00:32 Alors malheureusement, excusez-moi pour prendre l'exemple le plus terrible,
01:00:35 puisque j'interviens aussi dans la protection de l'enfance
01:00:38 et la protection judiciaire.
01:00:40 Bien sûr, les algorithmes qui sont générés au contact des enfants
01:00:44 sont des algorithmes redoutables.
01:00:46 Ce sont ceux qui concernent une sexualité qui n'est pas la leur,
01:00:49 une violence qui n'est pas la leur,
01:00:51 et on a vraiment un nombre d'enfants
01:00:56 qui sont en train de se déscolariser
01:00:58 et qui errent dans d'autres situations de ce fait-là.
01:01:03 Bon, je tire un peu à Soledad Dalla,
01:01:06 où cet législateur aussi s'est saisi de cette question.
01:01:10 Il commence à peine à travers la majorité numérique,
01:01:13 mais il y a aussi un vrai problème sur le fait d'apprivoiser ces outils.
01:01:18 J'en reviens à Deda Leïka, mais aussi à l'apprenti sorcier.
01:01:22 D'ailleurs, ce qui est intéressant, l'apprenti sorcier,
01:01:24 c'est que le texte d'origine, c'est quatre enfants qui jouent ensemble,
01:01:28 qui vont être entraînés dans cet effet démoniaque de la sorcierie,
01:01:34 alors que les textes et les films les plus récents
01:01:37 montrent un enfant qui se saisit d'une situation un peu magique
01:01:41 pour provoquer des catastrophes.
01:01:44 Donc, il y a deux siècles,
01:01:46 je pense que c'est la fin du 18e siècle,
01:01:48 le texte de l'apprenti sorcier.
01:01:49 Il est...
01:01:51 On pensait aussi aux enfants en groupe pour apprendre quelque chose.
01:01:57 Mais oui, mais vous avez raison de tirer la sonnette d'alarme.
01:02:00 On pourrait dire d'une certaine manière que par les algorithmes,
01:02:03 l'enfant est dépossédé de son propre chemin de connaissance,
01:02:08 d'apprentissage, effectivement.
01:02:10 Et je fais le lien avec quelque chose que vous avez dit, Bertrand Fichou,
01:02:14 au tout début de ce webinaire.
01:02:16 Vous disiez...
01:02:17 L'idée, c'est quand même de parler aux enfants dans le sens qu'ils attendent,
01:02:20 vous disiez.
01:02:22 Et je me demandais, c'est quoi le sens qu'ils attendent ?
01:02:24 C'est-à-dire comment on arrive à savoir, à être, comment dire,
01:02:28 à hauteur d'enfants, si on y parvient,
01:02:30 et à hauteur de leurs intérêts, aussi, générationnels ?
01:02:33 Comment on fait ça ?
01:02:34 Et comment on fait ça aussi dans une expo ?
01:02:36 Marco Païta, vous pourrez aussi nous dire.
01:02:38 Mais voilà, comment on arrive à les intéresser ?
01:02:39 Parce que si tous ces algorithmes les intéressent tant,
01:02:42 ils y trouvent...
01:02:43 Il y a quand même une forte curiosité à la base.
01:02:45 Donc comment on les intéresse autrement ?
01:02:47 L'expression "dans le sens des enfants" n'est pas très juste,
01:02:50 elle n'est pas très habile.
01:02:52 En tout cas, je préfère ce que vous avez reprise,
01:02:54 "à hauteur d'enfants".
01:02:55 C'est-à-dire que ça commence par le langage.
01:02:57 Avant même le langage, il y a la situation.
01:03:03 La situation pour un enfant, c'est plutôt la vie quotidienne.
01:03:06 Nous, on part toujours, que ce soit dans nos récits
01:03:08 ou dans nos expérimentations, dans l'UBI ou l'Image Doc,
01:03:11 que ce soit pour des enfants de cycle 2 ou 3,
01:03:13 on part de situations en général de la vie quotidienne.
01:03:15 Déjà, encore une fois, on part de l'enfant
01:03:19 et on raconte des choses qui, a priori, le touchent.
01:03:22 Et à partir de ce qui le touche, on va l'emmener ailleurs.
01:03:25 On va lui proposer un voyage,
01:03:27 on va lui proposer de dérouler un sens,
01:03:28 de dérouler une d'énergie d'investigation, par exemple,
01:03:30 ou un récit historique qui va nous raconter l'histoire
01:03:33 d'un héros réel ou imaginaire,
01:03:35 mais dans une situation documentaire,
01:03:37 qui va raconter une vraie histoire.
01:03:39 Après, il y a évidemment le moyen, qui est le langage
01:03:42 et l'illustration,
01:03:44 en ce qui nous concerne, ce que nous vendons sur du papier.
01:03:47 Et donc, se mettre...
01:03:49 On a développé des tas de contraintes d'écriture
01:03:54 pour se mettre à hauteur de nos enfants,
01:03:56 que ce soit sur un plan lexical, que ce soit sur un plan grammatical.
01:04:00 Enfin, on évite... Il y a des tas de choses,
01:04:01 des tas de pièges à la langue française qui alourdissent,
01:04:04 qui peuvent faire de très belles littératures,
01:04:06 mais qui sont contre-productifs pour des enfants,
01:04:08 qui, en ce qui nous concerne, démarrent la lecture aussi.
01:04:11 Il y a aussi, nous, ce souci-là d'accompagner
01:04:14 dans l'apprentissage de la lecture.
01:04:15 Et il s'avère que le documentaire, très étonnamment,
01:04:18 est un très bon point de départ pour apprendre à lire,
01:04:20 parce que lorsqu'on voit trois personnages dans une image
01:04:24 et qu'il y a juste trois lignes de texte en dessous,
01:04:26 on se dit, mais ce n'est pas trop difficile à lire.
01:04:28 Visiblement, je vais pouvoir savoir qui sont ces gens
01:04:30 et qu'est-ce qu'ils font,
01:04:31 sans me prendre la tête à lire un gros texte trop lourd pour moi.
01:04:35 Et donc, voilà, on met en place des outils
01:04:40 qui rendent les connaissances accessibles
01:04:42 en fonction de chaque âge, bien évidemment.
01:04:44 Donc, ça, c'est des techniques qui ont été mises au point
01:04:46 par Pomme d'Api dans les années 60.
01:04:50 C'est-à-dire que Pomme d'Api, à l'époque, chez nous,
01:04:52 avait été créée par des gens qui avaient créé le premier magazine
01:04:56 pour des lecteurs qui ne savaient pas lire.
01:04:57 Donc, on les prenait pour des fous furieux,
01:04:58 en disant que c'est un peu bête, votre truc,
01:05:00 sauf qu'il s'avère qu'il y avait les parents
01:05:02 et que c'est les parents qui lisaient aux enfants.
01:05:03 Et que ça, ça a été une révolution.
01:05:05 Donc, on maintient ça.
01:05:06 Et donc, on est sûr à la fois, on part de la situation de l'enfant,
01:05:09 on se met à sa hauteur en matière de vocabulaire,
01:05:12 d'image et de rapport texte-image.
01:05:14 C'est extrêmement important de raconter...
01:05:16 C'est très bête, mais quand vous racontez l'histoire
01:05:18 de trois chevaliers qui traversent la plaine,
01:05:20 si dans l'image, il n'y a que deux chevaliers,
01:05:22 l'enfant, il va se dire, mais il est où le troisième ?
01:05:24 Et ce n'est pas la peine d'essayer de le récupérer
01:05:26 tant que vous n'aurez pas expliqué où est passé le troisième chevalier.
01:05:29 Donc, nous, on fait très attention, on embête aux illustrateurs.
01:05:31 Si on a dit trois chevaliers, il y a trois chevaliers.
01:05:34 Voilà. Et puis, avec ça, on va partir sur des connaissances
01:05:37 qui vont lui parler.
01:05:39 On va l'emmener sur l'expérimentation,
01:05:40 on va lui raconter des histoires
01:05:43 et qui vont être, encore une fois, qui vont générer de l'émotion
01:05:47 et l'émotion partagée avec les parents.
01:05:49 Voilà.
01:05:50 Et/ou l'enseignant.
01:05:52 -Hélargo Païta, vous avez fait appel d'ailleurs à des auteurs jeunesse aussi
01:05:56 pour l'exposition.
01:05:58 -Oui, il y a eu une autrice jeunesse pour la rédaction des textes
01:06:02 dans l'exposition.
01:06:04 Donc, on a plusieurs typologies.
01:06:06 On a des textes un peu plus à l'échelle de l'univers.
01:06:09 Donc, on appelle ça des éditos.
01:06:10 On a des textes ressources pour chaque dispositif.
01:06:12 Et puis, parfois, on a un peu des tablettes illustratives
01:06:17 pour des étapes, par exemple, de métamorphose animale.
01:06:20 Et c'est intéressant ce que vous disiez, Bertrand Fichou,
01:06:23 à ce propos sur le parent qui lit.
01:06:25 Parce qu'on se rend compte, là, nous, dans l'exposition,
01:06:27 finalement, que les textes, ce n'est pas les enfants qui les lisent
01:06:31 ou du moins, peut-être qu'ils en captent trois, quatre mots,
01:06:34 mais ils ne s'arrêtent pas.
01:06:35 Et on les lit de manière très scolaire et consciencieusement
01:06:38 à chaque univers, chaque panneau, pour les lire,
01:06:41 sachant même nous, en tant qu'adultes,
01:06:42 on sait que la place des textes dans les expositions Beaux-Arts,
01:06:46 c'est un sujet.
01:06:47 Et là, pour le coup, les parents, ils accompagnent comme une histoire.
01:06:51 On l'a pensé comme une histoire,
01:06:52 comme un voyage à travers les métamorphoses.
01:06:54 C'est la métamorphose qui s'adresse aux enfants, d'ailleurs, à ce propos.
01:06:57 C'est elle qui invite les visiteurs et les enfants
01:07:00 à entrer dans son domaine.
01:07:02 Son domaine, et elle a présenté aussi sa sœur jumelle,
01:07:05 qui s'appelle la transformation.
01:07:06 Et à chaque fois, elle vient expliquer pour chaque univers
01:07:10 l'influence qu'elle a sur ses éléments,
01:07:13 l'influence qu'elle a sur la nature,
01:07:14 l'influence qu'elle a sur ton corps,
01:07:16 l'influence qu'elle a sur ta perception du monde
01:07:19 et l'influence qu'elle a sur d'autres éléments dans la Fête foraine.
01:07:21 Donc ça, c'était un de nos enjeux,
01:07:25 dans la rédaction, parce que c'était un enjeu, la rédaction,
01:07:28 qui accompagne complètement, elle n'est pas décorrélée.
01:07:32 Au contraire, c'est l'histoire dans l'histoire.
01:07:34 Mais on a une déambulation qui est libre.
01:07:37 On n'a pas pensé l'exposition vraiment dans un parcours
01:07:40 commencé par cet univers et terminé par l'autre.
01:07:42 Mais finalement, le fil conducteur, on le suit bien
01:07:45 et est vite capté par le texte, ce qui fait le lien.
01:07:48 - Alors, je...
01:07:50 - Une petite précision, juste sur le fait que par rapport au texte,
01:07:55 on n'écrit pas un texte qui est censé être lu à voix...
01:07:59 Enfin, dans sa tête.
01:08:01 Il y a un texte qui va être lu à l'oral.
01:08:04 Et donc, en fait, nous, on s'est entraîné,
01:08:06 on s'est habitué à écrire nos textes à voix haute.
01:08:09 - Oui. - Quand on les écrit.
01:08:11 Et à les relire et à les corriger à voix haute, en groupe.
01:08:15 Et il y a des très beaux textes écrits
01:08:17 qui sont extrêmement difficiles à prononcer, à dire.
01:08:21 Et donc, c'est aussi aider les parents,
01:08:24 parce que tous les parents ne sont pas forcément des grands letteurs non plus,
01:08:27 aider les parents à se mettre en bouche des textes.
01:08:30 Il, c'est "il", "il" ou "ille".
01:08:34 Il y a des tas de pièges comme ça qui, à l'oral, doivent être corrigés.
01:08:37 Et il n'y a qu'en écrivant à voix haute
01:08:40 qu'on peut arriver à éviter les écueils de la langue française.
01:08:43 - Mélanie, en fait...
01:08:44 - Je voulais juste ajouter un tout petit truc
01:08:46 par rapport à toutes ces histoires de textes
01:08:49 et de se mettre à hauteur d'enfant dans les textes pour cette exposition.
01:08:54 Il y a quand même un dispositif qui me paraît devoir être nommé aussi,
01:08:58 c'est le dispositif où on écoute des histoires.
01:09:03 Et donc, il y a trois histoires différentes qu'on peut écouter,
01:09:09 qui sont assez quand même relativement courtes
01:09:11 pour que l'on n'ait pas envie d'aller sur autre chose.
01:09:17 Et là, on est vraiment à hauteur de petits lecteurs, d'enfants.
01:09:21 En fait, ça peut se lire, enfin, s'écouter, mais lire...
01:09:25 En fait, lire, ce n'est pas juste déchiffrer des mots,
01:09:27 comme on vient de le voir,
01:09:29 c'est aussi entendre, comprendre et interpréter ces textes-là
01:09:34 et comprendre ce qu'ils me disent, finalement,
01:09:36 sur la transformation, sur la métamorphose,
01:09:38 sur moi-même, sur le monde qui m'entoure.
01:09:41 Et du coup, je pense que c'est vraiment quelque chose à noter,
01:09:45 ces trois petits dispositifs.
01:09:46 Et juste pour revenir à ce qu'il y avait avant,
01:09:49 la question de la curiosité de l'enfant
01:09:52 qui pouvait être brimé par les algorithmes,
01:09:56 il y a aussi quelque chose qui me paraît intéressant
01:09:58 pour préparer l'exposition,
01:10:00 c'est de partir de questionnements d'enfants,
01:10:03 c'est-à-dire de préparer quand même un peu dans la classe,
01:10:06 de se dire, finalement, métamorphose, c'est quoi pour vous ?
01:10:09 Et quelles questions de métamorphose on pourrait se poser ?
01:10:12 Et qu'après, ça vienne aussi un petit peu donner un sens,
01:10:15 mais au sens presque aussi directionnel à l'exposition
01:10:21 qui, comme on l'a dit, n'est pas un parcours,
01:10:25 mais dans lequel l'enfant doit pouvoir faire son propre parcours.
01:10:30 Et c'est un peu opposé à l'idée d'une curiosité à tout craint
01:10:35 qui irait partout butiner,
01:10:36 mais qui, finalement, ne créerait pas de sens et de lien
01:10:39 entre ces différents éléments.
01:10:41 Et c'est pour ça qu'à mon avis,
01:10:43 le ou les questionnements initiaux,
01:10:45 qu'on va appeler après des problématiques, finalement,
01:10:48 les enfants créent des problématiques,
01:10:50 et on pourrait les amener à le faire avant
01:10:53 pour axer, diriger les regards pour venir visiter, je trouve.
01:11:00 Et j'invite, évidemment, les personnes du public à poser des questions.
01:11:06 N'hésitez pas.
01:11:08 Jean-Michel Zakarchouk veut peut-être prendre la parole.
01:11:11 Je vois qu'il a...
01:11:12 Oui. Bonjour.
01:11:14 Jean-Michel Zakarchouk des Cahiers Pédagogiques.
01:11:16 Je voulais dire...
01:11:19 Je ne sais pas si ça peut se faire dès le cycle 3,
01:11:21 mais moi, j'ai une expérience en 6e, notamment.
01:11:24 On travaille pas mal les métamorphoses d'Ovid,
01:11:27 mais c'est une partie des textes du programme.
01:11:30 Et je trouve intéressant,
01:11:31 que j'avais fait plusieurs années,
01:11:33 c'est de demander à des élèves de classer
01:11:38 une série de métamorphoses, entre guillemets,
01:11:41 et de les classer dans un tableau
01:11:43 et de savoir si elles sont plutôt des métamorphoses scientifiques,
01:11:50 dont l'explication est scientifique plus exactement.
01:11:53 L'explication est mythologique.
01:11:56 Je ferais la différence entre mythologique et magique.
01:12:00 C'est autre chose, un peu la magie,
01:12:01 tant que c'est les métamorphoses qui sont très réversibles dans la magie.
01:12:06 On peut passer de la grenouille au prince,
01:12:08 du prince à la grenouille, de la belle à la bête, etc.
01:12:11 De la bête au prince, etc.
01:12:14 Et puis, les métamorphoses psychiques, effectivement,
01:12:17 on pourrait trouver d'autres choses.
01:12:18 C'est donc ce classement qui permet ensuite
01:12:22 d'embrayer sur des récits, éventuellement.
01:12:26 Mais c'est aussi l'idée de faire la différence,
01:12:29 parce que je pense que c'est vraiment intéressant d'utiliser la fiction,
01:12:31 mais en même temps, de distinguer la fiction,
01:12:34 la magie, etc. de la science.
01:12:37 Et ça, c'est important.
01:12:39 C'est-à-dire que la fiction, la narration,
01:12:41 peut être une alliée de la science, si elle s'en distingue d'une certaine façon.
01:12:46 Donc, c'est un travail intéressant qui peut être fait.
01:12:48 D'ailleurs, je l'ai fait en sixième, mais on peut le faire plus tard.
01:12:51 Et les métamorphoses d'Ovid, à cet égard,
01:12:55 c'est un livre formidable,
01:12:57 un recueil d'histoire formidable.
01:13:00 Et avec cette idée aussi de, dernière chose,
01:13:03 c'est de savoir si les métamorphoses sont positives ou négatives.
01:13:08 Parfois, elles sont inclassables, mais c'est négatif parce que
01:13:14 Arachnée se transforme en araignée parce qu'elle a provoqué
01:13:18 la jalousie de Athéna.
01:13:21 Là, c'est négatif.
01:13:22 Dans d'autres cas, c'est positif, effectivement,
01:13:23 lorsque la grenouille redevient prince et s'arrive à se sortir du mauvais sort
01:13:30 de ses rimes ou d'autres auteurs.
01:13:36 Merci.
01:13:38 Justement, dans les trois histoires qu'on peut écouter dans l'exposition,
01:13:41 on parle de métamorphoses d'Ovid.
01:13:44 On ne pouvait pas passer à côté.
01:13:45 Pourtant, on a quand même un public qui était jeune.
01:13:47 On ne va pas parler de Kafka.
01:13:49 On l'avait mis de côté, mais on peut écouter le mythe de Narcisse.
01:13:54 On écoute le mythe de Narcisse.
01:13:56 Et quand on parlait aussi du fait que l'enfant puisse retrouver
01:13:59 des choses qu'il puisse connaître aussi pour se sentir en sécurité,
01:14:04 c'était d'avoir une histoire un peu plus populaire, d'un conte populaire.
01:14:09 On a choisi La Belle et la Bête.
01:14:11 Et la dernière histoire, c'était plus avoir la mythologie,
01:14:15 la Aztèque.
01:14:16 On voulait une histoire un peu plus exotique et très éloignée,
01:14:19 internationale.
01:14:21 Et ça nous permettait de parler du dieu Xolotl, qui s'est transformé
01:14:25 pour échapper à un sacrifice, d'abord en épis de maïs.
01:14:29 On retrouve le maïs et le popcorn du côté de la fête foraine.
01:14:32 Et ensuite, c'est transformé en Axolotl,
01:14:34 et qui on présente en vivant dans l'exposition.
01:14:38 Et on essaie aussi, au sein même des univers,
01:14:41 dans l'exposition, de faire des ponts comme ça,
01:14:43 entre les éléments.
01:14:45 C'est avec l'enfant qu'on a parlé de sens et faire sens.
01:14:49 Ce lien, il est là aussi, finalement.
01:14:51 C'est peut-être ces connexions qu'il ne va peut-être pas faire tout de suite,
01:14:54 mais qui vont arriver a posteriori.
01:14:56 J'ai eu des retours d'un fils d'une copine qui a reparlé
01:15:01 de l'exposition trois semaines après.
01:15:02 On a dit "Maman, tu te souviens quand on a vu...
01:15:04 Là, il y avait... C'était un Narcisse à côté,
01:15:07 il y avait l'histoire, c'est expliqué."
01:15:09 On s'est dit "OK, donc ça continue."
01:15:11 Et ça, c'était aussi un des objectifs de l'exposition.
01:15:13 Finalement, on sème des petites graines,
01:15:15 et puis on laisse venir.
01:15:17 Les questionnements peuvent perdurer en dehors de l'expo,
01:15:20 et ça, c'est chouette.
01:15:23 On n'est pas là pour tout dire tout le temps,
01:15:25 et tout apprendre, et tout expliquer.
01:15:26 On est là pour donner des jalons, on donne des pistes,
01:15:29 on essaie d'expliquer des choses du mieux possible, du moins.
01:15:33 Et pour les parents aussi, qui finalement en ressortent,
01:15:36 et on voit bien dans le livre d'or, et ça nous fait sourire,
01:15:38 parce qu'ils sont là, et merci,
01:15:39 parce que j'ai autant appris que mon fils, par exemple.
01:15:42 On se dit "Ah ben voilà."
01:15:43 Finalement, quand on parlait de cette belle expérience ensemble,
01:15:47 commune, et de cette coéducation,
01:15:49 on la retrouve côté des enfants et côté des parents.
01:15:52 -Hm. -Et c'est quand même...
01:15:54 -Oui, le point de départ vers de nouvelles réflexions
01:15:56 et de nouveaux apprentissages.
01:15:58 Merci, merci beaucoup à tous,
01:16:02 voilà, d'avoir partagé toutes ces connaissances,
01:16:07 toutes ces visions du monde aussi.
01:16:09 Moi, je vais partager aussi avec vous mon écran
01:16:12 pour vous détailler un petit peu la suite, si j'y parviens.
01:16:18 Hop.
01:16:20 Alors d'abord...
01:16:22 Est-ce que vous voyez quelque chose ?
01:16:23 Parce que moi, je ne sais pas ce que vous voyez, en fait.
01:16:25 -Pour l'instant, il y a écrit "A commencer le partage".
01:16:31 -D'accord. Alors, c'est bon ? Ça fonctionne ?
01:16:33 -Oui, on voit une photo.
01:16:34 -OK. Donc ça, c'était effectivement une photo de l'exposition.
01:16:37 D'ailleurs, il y en a une autre ici.
01:16:38 Je voulais partager avec vous quelques références.
01:16:40 Donc à la suite de ce temps d'échange,
01:16:42 évidemment, l'exposition "Métamorphose" jusqu'au 24 novembre.
01:16:46 -2024, d'ailleurs, si je peux ajouter.
01:16:49 C'est 2024. Elle va être... Oui, oui.
01:16:52 Elle existe depuis très longtemps, donc voilà, ça permettra...
01:16:55 -Je corrigerai. Même moi, je n'ai pas...
01:16:57 -Une nouvelle rentrée aussi scolaire.
01:16:59 -Même deux rentrées, du coup.
01:17:01 -On insiste. Jusque 24 novembre 2024. Voilà.
01:17:04 Le dossier enseignant qu'on peut retrouver sur le site de la Cité des sciences.
01:17:09 Je vous ai mis un petit peu le chemin.
01:17:10 Rubrique "Enseignants", votre visite exposition "Métamorphose".
01:17:13 Ce n'est pas si simple à trouver.
01:17:15 Le livre, un livre qui a été écrit, coécrit par Bertrand Fichou,
01:17:19 "La naissance du monde" en cent épisodes et qui avait reçu un prix.
01:17:23 "Le goût des sciences", section jeunesse, c'était en 2021, je crois.
01:17:27 Le petit dernier, "L'évolution en BD" chez Bayer Jeunesse,
01:17:31 qui vient de sortir.
01:17:33 Et puis, "Les cahiers de l'enfance et de l'adolescence",
01:17:35 je le cite ici, dont Patrick Alessian est coordinateur.
01:17:40 Donc, merci à tous, encore une fois, d'avoir été présents.
01:17:43 Merci aux participants également.
01:17:46 Et puis, on se retrouve, nous, pour le prochain TEDx.
01:17:49 Ce sera le mercredi 7 juin,
01:17:51 alors à 13h30, dans un format un peu particulier.
01:17:53 Ce sera en présentiel à l'auditorium de la Cité des sciences,
01:17:57 sur inscription.
01:17:58 Il s'intitulera "Urgences climatiques, c'est mouvoir, comprendre, agir,
01:18:01 à l'école et au musée", en lien avec une exposition
01:18:04 qui va être inaugurée dimanche, la prochaine.
01:18:07 Et ce sera avec notamment Jean-Joseph, qui est climatologue
01:18:10 et commissaire scientifique de l'exposition,
01:18:12 suivi d'une table ronde et ensuite d'une visite guidée de l'exposition.
01:18:16 Vous retrouverez un petit peu tous ces éléments
01:18:18 sur le site de la Cité des sciences.
01:18:20 Voilà. Merci à tous, encore une fois, et à la prochaine.
01:18:24 Merci.
01:18:25 Sous-titrage ST' 501
01:18:27 ...

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