Une minute de silence à l'Assemblée pour Nahel : débat entre Elisabeth Lévy et Françoise Degois

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Transcript

00:00 - Il est 8h46, vous pouvez réagir à l'actualité, à ce qui s'est passé. Si vous avez été aussi témoin

00:06 d'incendies, de tirs de mortier en fait cette nuit ou de la vie dans les quartiers,

00:12 je vous invite aussi à composer le numéro de téléphone, vous aurez la parole. Est-ce qu'il y a de la récupération

00:16 politique ? Est-ce qu'il faut revoir la loi qui autorise aussi les policiers à tirer lorsqu'un individu

00:21 prend la fuite ? Ça fait partie des questions en fait du jour. D'abord sur la récupération

00:27 politique. François, à ce point ? - Moi je suis parti peut-être des rares qui ne critiquent pas Emmanuel Macron parce que je trouve que ce

00:33 qu'il a dit était frappé au coin du bon sens. On comprend aussi les arrières-forces.

00:36 - Inexplicable. - Inexplicable parce que oui, il va falloir qu'on comprenne qu'est-ce qui s'est passé dans l'esprit de ce policier. Donc en ce sens là

00:43 c'est assez inexplicable. On verra bien ce que ça donnera. Le policier sera probablement déféré ce matin

00:48 devant le juge d'instruction. Ça c'est le premier point. Le deuxième point, oui, la récupération

00:54 évidente, immédiate et complètement toxique. Je parle bien sûr du Rassemblement National, je parle bien sûr d'Éric Zemmour, tout ça est habituel.

01:00 Moi j'ai été très choqué. Venant de ma bouche alors vraiment,

01:04 c'est dire à quel point je suis choqué. J'ai été très choqué par d'abord les non-réactions à gauche parce que j'ai trouvé le tweet

01:10 de François Hollande tout à fait d'une banalité.

01:12 - Qu'est-ce qu'il a dit François Hollande ? J'ai pas vu son tweet. - Il faut que la justice, cette décision de justice est attendue par tous.

01:18 Je rappelle que la loi de 2016, voilà, on se mouille pas, Casse-Neuve qui est candidat à la magistrature suprême,

01:23 je ne l'ai pas entendu, pourtant il connaît ce sujet en tant que ministre intérieur.

01:26 Et j'ai été très choqué moi par David Guiraut, vraiment. Après le registre de la France Insoumise

01:32 disant "je n'appelle pas au calme". Ça pour moi, je pense qu'on ne peut pas faire ça. Que ce soit l'extrême droite, la droite radicale

01:38 et les déclarations précises de David Guiraut, je pense que ce n'est pas le moment de faire ça. - Et Elisabeth Lévy,

01:44 de la récupération politique ? - D'abord sur la question de la récupération, je dirais que dans ce pays, chacun

01:51 se focalise sur les événements qui servent son récit, inconsciemment ou pas inconsciemment.

01:56 Je reconnais par exemple être plus touché par des victimes d'un attentat islamiste, plus touché, je n'ai pas dit que c'était...

02:03 Je veux dire, chacun a sa personnalité, sa chimie et réagit en fonction de cela. Maintenant, moi la récupération, je la vois beaucoup à gauche,

02:11 à l'extrême gauche, à LFI, où j'ai trouvé indigne les propos de Marine Tondelier hier, d'abord elle mentait.

02:19 - Elle n'est pas à LFI, Europe Écologie Libérale. - Europe Écologie Libérale, elle est à Mupes.

02:22 Pardon.

02:24 Ses propos étaient parfaitement indignes d'expliquer que dans les commissariats on lisait "Valeurs actuelles",

02:31 mais de quoi je me mêle ? La deuxième chose, c'est que moi je suis assez frappé,

02:35 si vous voulez, par la démagogie, c'est-à-dire que comme on a peur de ces mômes, on a peur de ces jeunes, on a peur de ces

02:43 banlieues, qu'est-ce qu'on leur dit ? Au lieu de leur rappeler,

02:45 si vous voulez, que oui, je veux dire, effectivement, là il y a eu cette affaire et que la justice se tranchera, mais que par ailleurs ça ne

02:52 justifie pas les agressions quotidiennes de policiers et que donc ils sont partie prenante de leur vie, ils ne sont pas des victimes

02:58 innocentes de tout ce qui se passe, comme s'ils étaient agis, on dirait qu'ils ne connaissent plus la forme active des verbes.

03:04 On nous a fait, on nous a fait, on n'a rien fait pour eux,

03:07 eux ils n'ont rien fait, si vous voulez, donc j'en ai assez de cette mise en accusation,

03:10 en accusation permanente de la société française à chaque fois qu'il y a quelque chose. Or,

03:14 quand Emmanuel Macron s'assoit sur la présomption d'innocence en disant dans la même phrase "il faut laisser la justice travailler", mais

03:21 c'est inexcusable, ça veut dire il condamne déjà le policier, qui probablement sera condamné, je

03:27 n'en dis ce qu'on veut pas, mais c'est pas encore fait. Quand Madame Borne nous dit

03:31 "le policier n'a pas agi selon les règles", ils se foutent

03:35 de la présomption d'innocence, c'est honteux.

03:38 Bon, moi je suis... écoute, un mot sur la minute de silence, on se moque de nous.

03:42 - A l'Assemblée nationale.

03:43 - On se moque de nous. On croit. D'abord, est-ce qu'on fait une minute de silence à chaque fois que quelqu'un meurt en France ?

03:49 Non. À chaque fois qu'une femme est tuée par son mari ? Non. Je veux dire, on fait des minutes de silence pour les héros morts pour la France.

03:55 Ou quand il y a une signification politique forte. Là, faire une minute de silence pour...

04:00 - Il y a une signification politique, après on l'interprète comme on veut, mais c'est une signification politique du coup de le faire.

04:05 - Excusez-moi, Naël n'est pas...

04:06 - Non mais de le faire.

04:07 - Non ? Tant que la justice n'a pas tranché la réalité.

04:10 - Si la présidente de l'Assemblée nationale le fait, elle donne une signification politique.

04:14 - Eh bien d'accord.

04:15 - Après on est d'accord ou pas d'accord avec elle, mais...

04:16 - C'est une incendiaire. La justice n'a pas tranché, d'accord ? Elle fait ça pour les caliner dans le sens du poil en disant "Regardez, ça fait 40 ans que l'on leur dit que..."

04:25 - Françoise de Bois, répondez.

04:26 - Moi je trouve ça très dur, Elisabeth, en plus de ça, ça masque mal votre humanité réelle.

04:31 - Non ?

04:32 - Si, si, parce que mon sentiment quand même, dans ce que vous dites, si on prend ça au premier degré,

04:36 c'est pas un épiphénomène et c'est pas à prendre dans un grand tout.

04:39 Il s'est avéré hier qu'il y a un jeune homme de 17 ans, avant-hier, qui a perdu la vie, il n'aurait pas dû la perdre, à l'évidence.

04:46 Quand on regarde les vidéos, pourquoi Emmanuel Macron est aussi...

04:48 - Et quand tu es une femme et tu es par son mari, on fait une minute dessus ?

04:50 - Non mais je suis d'accord avec eux, mais ça c'est une autre chose.

04:53 Ne faites pas l'âne pour avoir du son, on parle de la police républicaine qui est la seule à avoir la violence légitime et qui sort en pistolet et qui tire en plein coeur dans un jeune.

05:04 - Vous ne savez pas ce qu'il s'est passé, ça se utilise !

05:07 - Elisabeth, laissez Françoise terminer.

05:09 - Elisabeth, je termine. Je vous dis juste que moi, je ne fais pas partie du troupeau, ni d'un camp ou de l'autre.

05:16 Je pense que cette affaire a besoin de nuances. Je pense que cette affaire a besoin d'apaisement.

05:21 J'ai envie de savoir ce qu'il s'est passé dans la tête de ce policier.

05:24 Et la réalité, Elisabeth, si on s'en tient à la vidéo, la réalité, elle semble accablante pour ce policier.

05:31 Et je suis désolée de vous le dire, toutes les femmes qui meurent mériteraient une minute de silence.

05:36 En l'occurrence, on parle d'une police républicaine qui est la seule à posséder la violence légitime et un ado de 17 ans qui meurt.

05:42 - Elisabeth, Lévi, donc oui.

05:44 - Excusez-moi, donc je reviens au fait, vous avez dit vous-même "semble".

05:49 Nous avons tous vu une vidéo et nous avons du mal à nous départir de ce que nous avons vu.

05:54 Maintenant, nous n'avons pas vu ce qu'il s'est passé avant.

05:56 Nous ne savons rien en réalité, sinon qu'un jeune homme est mort.

06:01 Faire une minute de silence hier, c'est au lieu de dire que c'est un policier, d'accord,

06:07 que ça s'est passé, un policier, un tiré parti, on ne sait pas encore comment,

06:11 c'est effectivement avant la moindre certitude, et lui donner une signification politique.

06:18 Et pourquoi on le fait ? Pourquoi on le fait ? Parce qu'ils nous font peur.

06:22 - Je ne crois pas que c'est un problème de peur, Elisabeth, c'est éviter l'embrasement.

06:28 - 0 826 300 300, bon, on a compris en fait votre échange, bien sûr, vous allez pouvoir réagir.

06:36 C'est Laurent qui est avec nous de Mérignac en Gironde. Bonjour Laurent.

06:39 - Oui, bonjour tout le monde.

06:41 - Qu'en pensez-vous autour de cette récupération politique ?

06:45 - Alors en point de vue, je voudrais remercier Mme Lévi, parce qu'elle a un parlé vrai, merci beaucoup.

06:51 - Ah bah les deux, Françoise et comme Elisabeth.

06:53 - C'est lui qui n'est pas d'accord avec ce que je dis moi.

06:55 - On est d'accord ou pas d'accord quoi, mais bon.

06:56 - C'est vrai aussi, mais j'ai beaucoup aimé l'édito qu'il y a quelques minutes avant.

07:00 On peut avoir que de la compassion aux autistes jeunes de 17 ans, ça c'est clair, les mots ne sont jamais assez forts.

07:06 Néanmoins, moi je veux réitérer un soutien pour les forces de l'ordre,

07:10 parce que si on n'a pas de forces de l'ordre dans ce pays, et bien c'est de bazar.

07:14 Je veux dénoncer les irresponsables politiques qui appellent à la chianlie nationale.

07:20 Ça c'est assez anormal.

07:22 Et après, on ne sait pas ce qui s'est passé.

07:26 Mais toujours est-il que moi je refuserais que mes amis, ma famille, mes parents, mes enfants,

07:32 soient écrasés à quelques mètres de plus loin par un gars qui fait un délit de fuite.

07:38 J'ai un fils de 17 ans, il ne conduit pas de voiture, à part en conduite accompagnée,

07:42 parce que ça c'est de la loi, il n'a pas de voiture de location,

07:45 et je lui ai appris que quand la police l'arrête, il montre ses papiers et il fait les choses comme il faut.

07:51 Donc je suis désolé, mais je ne cautionne pas après.

07:54 C'est un problème d'éducation.

07:55 - Je voudrais répondre à ça, parce que ce discours-là moi me fait très mal,

07:59 d'abord parce qu'il y a des gens très bien, qui élèvent très bien leurs enfants,

08:02 et les enfants font des bêtises.

08:04 Il n'y a rien qui justifie, certainement pas ce que vous êtes en train de dire,

08:09 même pas un casier judiciaire qu'on a inventé et qu'il n'a pas, en plus le jeune homme,

08:13 il n'y a rien qui justifie de perdre la mort sur un banal contrôle routier.

08:17 Bien sûr qu'il n'avait pas le permis, et alors ?

08:19 Ok, vous n'avez pas fait de bêtises ?

08:21 - Visiblement il y a eu plusieurs refus, donc tant pis.

08:24 - Deux, deux, deux.

08:25 - Encore, encore, encore, j'ai jamais dit que c'était normal.

08:27 - Et par ailleurs, moi je ne fais pas partie des gens, je ne mets pas la police dans un seul et même sac,

08:32 et bien sûr que la police est républicaine,

08:35 mais en l'occurrence là, ça ne sert à rien de dire "je soutiens les formes",

08:39 tout le monde le soutient, ce n'est pas le sujet.

08:41 Le sujet c'est de savoir qu'est-ce qui s'est passé avec ce policier et avec la mère de ce jeune homme.

08:45 On a quand même le droit d'émettre un avis négatif sur une action policière,

08:51 il y en a beaucoup depuis quelques années, notamment dans la gestion du maintien de l'ordre,

08:55 sans passer pour un affreux anarchiste qui déteste les institutions.

09:00 - Laurent, Laurent, à vous Laurent.

09:04 - Moi je suis désolé, il y a des irresponsables politiques qui appellent sans arrêt,

09:08 qui disent "la police tue", qui appellent à l'insurrection, qui appellent ça, je suis désolé.

09:12 Ça s'appelle de l'irresponsabilité politique, ça sert pas le pays.

09:15 - En tout cas, ça ne conduit pas à l'apaisement.

09:19 - Je ne suis pas d'accord avec David Guiraud, bien sûr, je ne suis pas d'accord avec la radicalité.

09:23 Près propos, j'entends tout à fait ce que vous dites,

09:26 mais vous ne pouvez pas, on ne peut pas disqualifier chaque critique de la police

09:32 comme défendre aveuglément la police.

09:35 Moi je suis une femme de gauche, je suis connue pour soutenir la nupèce dans son unité,

09:39 ça ne me gêne pas ce matin de dire que je ne suis pas d'accord avec LFI sur les propos de Guiraud.

09:44 Il faut être capable à un moment donné de penser contre soi-même

09:48 et surtout d'essayer d'avoir de la nuance en fait.

09:51 - Mais bien sûr. - Vous n'êtes pas d'accord avec ça ?

09:53 - Mais bien sûr que je suis d'accord avec ça.

09:55 Mais néanmoins, on a des dirigeants sapotiques qui cherchent sans arrêt à faire le buzz,

10:00 ça n'apporte rien au pays, on ne gagne pas.

10:02 Et je suis d'accord avec vous, il y a des gens qui font bien leur boulot,

10:06 il y en a qui font moins bien leur boulot, ça ne discrédite pas ce qui s'est passé.

10:11 Mais néanmoins, on ne peut pas tirer sur la police en permanence,

10:15 moi je suis très content, et plus on va là-dedans,

10:18 et moins la police aura la possibilité de bien faire son boulot.

10:21 Et plus on ira dans quelque chose qui va se dégrader,

10:24 et la sécurité dans notre pays, ça se dégrade, qu'on se veuille une fois, c'est un fait.

10:28 - Merci Laurent, merci Elisabeth Lévy, Françoise Degoy.

10:31 - Merci à vous. - A l'instant c'est Valérie Exper, ensuite, pardon, Vrachie Bourdin,

10:34 et notamment le débat autour de ça dans Jeudi Politique,

10:37 avec un député du RN, ensuite de LFI, et Carl-Oliv de Renaissance.

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