Avec Philippe Fabry, historien et auteur de "Les impérialistes revanchards: Poutine, Hitler, Bonaparte et les autres..."
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NewsTranscription
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:02 Le face à face.
00:04 C'est l'heure du face à face avec Philippe Fabri, historien et auteur du livre "Les impérialistes revanchard".
00:10 Bonjour Philippe Fabri.
00:13 Bonjour André Bercov.
00:14 Bonjour. Bah écoutez on est toujours
00:16 heureux de vous recevoir parce que vous êtes quelqu'un qui écrit,
00:20 qui n'écrit pas pour ne rien écrire et je suis sûr que ça existe et qu'il fait des livres.
00:26 On vous avait reçu pour le président absolu,
00:29 la fin, justement vous posez les questions constitutionnelles qui se posent actuellement, mais on va en reparler,
00:34 la fin de l'empire européen et voilà "Les impérialistes revanchard".
00:39 Et alors sur la couverture, vous n'y allez pas de main morte, vous mettez Napoléon, Hitler et au premier plan Poutine.
00:46 Franchement ils peuvent être comparés ces...
00:48 ces... j'allais dire ces braves gens, ces personnages historiques ?
00:53 Alors c'est tout le sujet du livre.
00:56 La mise en avant des personnages c'est plus, vous avez dû vous en apercevoir en lisant, un aspect pédagogique, c'est à dire que
01:03 c'est les grandes figures qui restent,
01:05 mais si on veut parler le plus sérieusement, il faut plutôt parler de la France napoléonienne, de l'Allemagne hitlérienne et de la Russie poutinienne,
01:12 puisque ce que j'expose dans ce livre, je poursuis mes travaux de comparatisme historique,
01:18 c'est des trajectoires historiques de longue durée qui touchent certains pays
01:24 et qui ont un effet, disons que c'est un petit peu comme tous les êtres humains connaissent la puberté,
01:29 et bien il y a comme ça des espèces de moments d'explosion,
01:33 d'impérialisme, de volonté de revanche sur certaines défaites nationales,
01:39 et c'est ça que j'essaie de décrire dans ce livre. Ça, effectivement, c'est utile de saisir la figure qui incarne ça à un moment donné.
01:47 Il n'y en a pas toujours dans tous les cas que je détaille, parce que j'en détaille une vingtaine, mais
01:52 voilà. - Mais alors, ce qui est passionnant dans votre livre, Philippe Albrich, que je recommande vraiment,
01:57 parce que justement vous faites ce qu'il faut faire et que, hélas, peu de gens font, peu d'historiens même,
02:04 vous mettez en perspective.
02:07 Par rapport à l'histoire, vous parlez effectivement de l'impérialisme national en France du XIXe,
02:12 de la Commune, l'Espagne et la Turquie au premier XXe siècle, mais vous remontez au cas antique,
02:19 Révolution Impérialiste, Athènes, Sparte, Carthage,
02:22 et puis tous ces pays, les perspectives, Russie, Chine, Iran, Amérique. Moi, ce que j'ai trouvé
02:28 passionnant dans votre livre, vous dites "Attention, tout ça n'est pas comme ça, c'est pas des aérolithes
02:35 venus de la planète Mars, c'est quelque chose qui s'inscrit dans l'histoire du monde", et vous donnez des exemples précis.
02:43 On va en reparler longuement et le temps qu'il faut après cette petite pause. A tout de suite.
02:49 Vos réactions en direct sur Sud Radio 08 26 300 300, posez vos questions à André Bercoff et notre invité Philippe Fabry. On vous attend dans ce
02:57 Tandard. A tout de suite.
03:00 Ici Sud Radio.
03:02 Les Français parlent au français.
03:06 Je n'aime pas la blanquette de veau. Je n'aime pas la blanquette de veau.
03:12 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
03:15 Et je ne suis pas le seul, comme vous le savez, vous avez écouté la première partie de l'émission,
03:19 la France est dans tous ses états, et pas seulement la France, mais revenons aux impérialistes revanchards.
03:26 Philippe Fabry,
03:29 historien, vous avez publié, vous venez publier ça, ce livre chez Scripta Manent.
03:34 Au fond, comment vous définiriez les impérialismes revanchards par rapport aux autres impérialistes,
03:42 pour être très précis ?
03:44 Alors, ce qui les distingue, c'est qu'en fait,
03:47 il faut comprendre un peu de quoi on parle. C'est-à-dire que toute construction nationale
03:52 est d'abord une construction impériale, c'est-à-dire qu'il y a un centre de pouvoir qui va s'établir petit à petit sur une certaine région
03:58 géographique. Et à partir du moment où il est suffisamment stable dans des frontières assez constantes à travers le temps,
04:04 le fait qu'il y ait un seul pouvoir produit une forme
04:07 d'homogénéisation culturelle sur cet espace-là, c'est-à-dire qu'il y a une culture qui naît, et c'est comme ça qu'apparaît la culture nationale,
04:13 qui n'est plus la culture impériale qui s'est étendue
04:16 aux provinces. En France, on dirait que c'est la culture des envahisseurs francs qui se sont petit à petit imposés à l'ensemble
04:24 de l'ancienne population gallo-romaine, et au bout de cinq, six cents ans, on se retrouve avec ce qu'on peut appeler une culture nationale,
04:30 qui est dirigée par un pouvoir fort, qui est toujours l'ancien pouvoir impérial traditionnel, et même le pouvoir impérial traditionnel,
04:36 durant toute son existence, il cherche toujours à s'étendre. - C'est toute l'histoire des nations, ça, Philippe Fabri.
04:41 - Les rois de France, durant toute l'histoire de la royauté française, ont continuellement étendu le territoire. Il n'y avait pas d'idée véritablement
04:46 d'endroit où ça allait s'arrêter, de frontières naturelles a priori.
04:50 Et ce qui se passe en fait, c'est que
04:53 au moment où cette conscience nationale apparaît,
04:56 il y a toute une série de mutations qui s'engagent, ce que j'appelle le mouvement de révolution,
05:00 qui est la transition en fait de ce gouvernement impérial traditionnel, qui était chez nous la monarchie, vers la démocratie parlementaire.
05:08 Ce qui nous, c'est produit entre 1789 et 1830 à peu près. - D'accord.
05:13 - Et en fait, pendant ce mouvement de révolution là, il se passe tout un tas de choses.
05:18 Il se passe tout un tas de choses en interne, donc le changement de pouvoir,
05:21 généralement l'abandon de tout ce qui fait l'ancien régime, avec les systèmes de caste, la société d'ordre dans l'ancien régime, le clergé, la noblesse, le tiers état, etc.
05:28 Et il se passe aussi une autre chose, qui est le fait qu'il y a la dernière grande poussée d'impérialisme, on va dire,
05:34 avant que la nation finalement n'admette ses frontières actuelles comme étant ses frontières définitives.
05:39 Et donc ça donne en fait un mouvement qui est... alors pourquoi revanchard ? Parce qu'en réalité la révolution commence en général
05:47 quand dans le processus
05:49 impérial traditionnel, celui de la monarchie en France par exemple, ou celui des empereurs... - Oui, prenons l'exemple de la France, oui.
05:54 - Voilà.
05:56 Cet impérialisme reçoit un coup d'arrêt au cours d'une guerre qui est particulièrement désastreuse,
06:00 qui discrédite totalement les élites. Ça a été le cas de la guerre de Sept Ans au XVIIIe siècle, pour ce qui était de la France.
06:05 Et donc à partir de là, il y a une profonde remise en cause qui amène à la fois à la révolution, c'est-à-dire le fait de considérer
06:11 qu'il faut changer de système de gouvernement parce que le gouvernement traditionnel ne permet plus de représenter et de servir l'ambition nationale,
06:17 mais où en plus il faut
06:19 étendre, voire reprendre des territoires qu'on a perdus dans le cadre de cette guerre gagnée
06:24 qui est vécue véritablement comme un traumatisme, parce que c'était la guerre par laquelle on espérait
06:28 finalement atteindre enfin la première marche du podium, et au lieu de ça on se retrouve complètement déclassé.
06:32 - D'où la revanche, l'esprit de revanche. - D'où la revanche et d'où la dangerosité de cet impérialisme là
06:38 qui est véritablement, qui a une espèce de dimension
06:41 fin du monde, c'est-à-dire en gros c'est notre chance maintenant, il faut tout donner sinon ça ne marchera pas. C'est pour ça que
06:46 souvent ça entraîne des débordements géographiques avec des conquêtes absolument énormes.
06:50 - Alors juste puisque
06:53 je reviens, vous avez mis Poutine en premier plan de couverture, mais vous avez expliqué pourquoi, est-ce que par exemple
07:00 je me fais l'avocat du diable Poutine, alors pour l'espace de quelques minutes, est-ce que par exemple
07:07 les Russes
07:10 ne sont pas fondés à dire "oui mais regardez
07:12 l'OTAN s'était engagé au moment de l'effondrement du RSS à ne pas aller plus loin que telle et telle
07:18 frontière à l'Est, et là est-ce qu'il n'y a pas, est-ce qu'il peut dire "mais regardez l'impérialisme de l'OTAN qui entoure la Russie,
07:26 nous sommes une forteresse assiégée".
07:28 Je parle encore une fois à l'historien aussi.
07:31 - Alors ça si vous voulez justement on le trouve toujours, c'est-à-dire que je parlais à l'instant de cet espoir
07:36 lors de la première guerre perdue d'atteindre enfin la première marche du podium.
07:39 Ça implique qu'il y a quelqu'un déjà sur la première marche du podium, et c'est qu'en général ces séries de guerres elles se font
07:44 justement contre la puissance qui est celle qui
07:46 elle a atteint la première marche du podium.
07:49 - Donc l'OTAN en l'occurrence.
07:51 - Alors voilà l'OTAN et surtout les Etats-Unis.
07:54 Pour la France de Napoléon c'était le Royaume-Uni, pour
08:00 l'Allemagne d'Hitler c'était encore le Royaume-Uni, l'Empire britannique,
08:03 ça a changé en cours de route avec la prise de relais par les Américains mais c'était le
08:08 même système. Et donc dans chaque cas il y a une espèce de complexe de
08:14 l'assiégé existe puisqu'il y a l'idée que c'est celui qui est sur la place du podium qui nous empêche d'y entrer
08:19 et qui complote continuellement pour nous empêcher de monter dessus.
08:22 - Et ça ça date de
08:25 l'antiquité presque vous le dites dans votre livre.
08:28 - Ça existe depuis toujours on voit le même rapport entre
08:30 entre Sparte et Athènes,
08:32 c'est justement parce qu'Athènes a monté sur la première marche du podium que Sparte a pris peur et qu'elle s'est lancée dans la guerre du
08:38 Péloponnèse. Et on le voit aussi à Rome finalement,
08:41 toute l'épopée d'Hannibal c'était une épopée
08:44 revancharde après la défaite dans la première guerre punique contre Rome qui était devenue la puissance dominante en Méditerranée.
08:50 - Ouais, c'est passionnant ça c'est vrai. Et donc Napoléon même chose enfin il...
08:54 Parce que Napoléon alors l'Empire, Napoléon est un poupon de l'Empire et là
09:00 c'est arrivé quand même après la nation française, après je veux dire 1789, 1793 etc...
09:08 Est-ce qu'il y a eu c'est quoi ? Napoléon a voulu un retour en fait à l'état impérial ?
09:13 Parce qu'il y avait déjà la nation française là.
09:15 - Alors il y avait... Alors là en fait les deux naissent et triomphent en même temps si vous voulez.
09:20 C'est justement parce que la nation est déjà une idée qui est apparue, qui est un convoque si vous voulez, que la défaite
09:27 traditionnelle de la monarchie traditionnelle est très mal vécue.
09:30 Quand Louis XIV perd une guerre et qu'il doit laisser tomber
09:35 l'Alsace-Lorraine, ça pose pas tellement de problèmes parce que c'est considéré comme une périphérie, une simple province impériale.
09:40 Une fois que vous avez le sentiment national qui est né, c'est comme être amputé de perdre un morceau de territoire.
09:45 Donc ça devient inadmissible. C'est pour ça que malgré tout la conscience nationale est là avant et dans ce que fait Napoléon il y avait effectivement une
09:51 volonté revancharde. Il y a un exemple moi que j'aime beaucoup citer.
09:54 Je parlais de la guerre de Sept Ans avant qui est la guerre traumatique pour la France qui a produit l'impérialisme revanchard napoléonien.
10:00 A la guerre de Sept Ans il y a eu une défaite extrêmement grave contre les Prussiens qui s'appelle la défaite de Rosbach qu'on avait perdu.
10:05 Les Prussiens avaient dressé une colonne commémorative
10:07 à leur profit puisque pour eux c'était une victoire immense, ça avait écrasé l'armée française.
10:13 La première chose qu'a fait Napoléon après avoir battu les Prussiens à Jena, ça a été d'aller à Rosbach pour abattre la colonne commémorative.
10:19 C'est dire à quel point il y avait cette volonté de revanche. Moi ça m'évoque toujours le fait qu'Hitler ait voulu faire signer
10:26 l'armistice de 1940 dans le même wagon que celui de l'armistice de 1918.
10:31 C'est vraiment cette volonté de revanche.
10:34 - Oui il l'a fait exprès, il retombe etc. Le wagon...
10:36 Tout cela quoi.
10:39 Et aujourd'hui, juste un mot,
10:42 alors pour la Russie aujourd'hui par rapport à ce qui se passe aujourd'hui, la Russie et les États-Unis,
10:47 c'est un peu... Poutine veut sa revanche, c'est ça ? Ou la Russie impériale veut sa revanche ?
10:55 - C'est ça parce qu'en fin de compte
10:57 la victoire dans la seconde guerre mondiale a été, qui a fait une espèce de mythe fondateur de la grande guerre
11:02 patriotique, de la résistance du peuple russe à l'invasieur allemand, a aussi permis de rebâtir un empire puisque
11:09 l'URSS était beaucoup plus dominante au sortir de la guerre que Kanye entre-en.
11:14 Et donc ça a été vu finalement pour la population russe à travers l'empire soviétique comme le moment où enfin elle devenait
11:23 justement une des premières nations du monde puisque c'était le monde bipolaire où c'était l'autre empire en face des États-Unis.
11:28 Et même dans les années 70, il y a eu l'espoir
11:33 que l'Union soviétique détrône les États-Unis. C'est le moment des accords d'Helsinki, c'est le moment où les États-Unis eux-mêmes semblent en difficulté après
11:39 la guerre du Vietnam, donc c'était vraiment le creux de la vague pour les États-Unis et c'est les années
11:44 Brezhnev, l'impression que l'Union soviétique va triompher. Et ensuite il y a la décennie catastrophique des années 80 avec l'Afghanistan,
11:51 avec Tchernobyl et avec ensuite la perestroïka et donc la destruction. Et donc
11:56 c'est une véritable humiliation stratégique pour la Russie à ce moment-là. Il ne faut pas oublier que la façon dont l'URSS a été démembrée
12:04 avec la fin du communisme est équivalent à ce qu'a subi l'Allemagne après 1918. C'est la même chose, c'est-à-dire que c'est des pertes de territoire
12:13 avec tout ce que ça crée, avec l'idée qu'on a des minorités qu'on n'a pas récupérées, donc qu'on a des
12:20 russophones en Ukraine, qu'on a des russophones dans les Pays-Baltes.
12:22 Et donc il y a une volonté de prendre la revanche sur tout ceci et c'était l'idée qu'il y avait dans l'idée de rassembler le
12:27 monde russe en fait. - Oui, très passionnant. On va continuer à parler après cette petite pause
12:33 avec Philippe Fabry, à tout de suite.
12:35 Vos réactions en direct sur Sud Radio 0 826 300 300, posez vos questions à André Bercoff et Philippe Fabry.
12:43 On attend vos appels au standard. A tout de suite.
12:45 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
12:58 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
13:01 Les impérialistes revanchards, Poutine, Hitler, Bonaparte et les autres, Philippe Fabry, historien,
13:09 qui s'intéressait aux éditions scripta malintes et nous avons reçu et toujours avec plaisir Philippe Fabry pour ses livres.
13:18 Et notamment, je voudrais en parler parce que j'ai beaucoup pensé à vous, Philippe Fabry, par rapport à notre discussion sur le président absolu,
13:25 à travers ce qui se passe en ce moment en France notamment.
13:30 Ça ne vous a pas acheté qu'il y a quelques soubresauts et quand je dis quelques soubresauts, c'est une litotte.
13:37 Alors, pourquoi je vous en parle ? Parce que on a reçu des appels de litteurs,
13:43 certains allant vers l'extrême, d'autres non.
13:47 Les plus extrêmes disaient "il faut destituer Macron en utilisant l'article 68".
13:55 D'autres disaient "état d'urgence, article 16".
13:59 Alors, l'expert que vous êtes, j'aimerais que vous me disiez, d'abord, destituer Macron.
14:06 Je parle en dehors de toute préférence ou en dehors de tout jugement politique ou moral.
14:15 Légalement, qu'est-ce que ça veut dire aujourd'hui destituer un président de la République en France ?
14:20 Est-ce que c'est possible via ce fameux article 68 ?
14:24 - Alors, oui. Là, on entre sur le problème de la pratique constitutionnelle face à la théorie constitutionnelle.
14:35 Normalement, il est possible de destituer le président de la République en cas de comportement particulièrement grave
14:46 qu'il faut arriver à caractériser, de trahison, d'incapacité à exercer ses fonctions.
14:52 Je ne vois pas bien, à ce stade-là, comment on pourrait prouver ça.
15:00 D'abord, qui le ferait ? Qui le lancerait ?
15:03 - Et sur quels critères ?
15:05 - Sur quels critères et à quel délai ? Parce qu'il y a ça aussi.
15:08 Donc ça, ça me paraît extrêmement compliqué.
15:11 Ça fait partie des choses qui doivent être prévues par une constitution.
15:14 Mais tant que vous n'avez pas de précédent, c'est compliqué à envisager.
15:18 Ça peut arriver.
15:20 - Il n'y a jamais eu de précédent, là ? En France ?
15:23 - Ah non, on n'a pas eu de précédent, de président destitué.
15:27 En général, quand on veut se débarrasser d'un président, je parle d'avant la cinquième,
15:31 parce que là, on a un peu l'exemple, mais généralement, on les renverse.
15:34 Ça se passe d'une façon comme ça.
15:37 Mais on n'a pas d'exemple de destitution.
15:40 Alors, si vous voulez, c'est pour ça que ce qui est important,
15:43 c'est de comprendre que c'est une question de pratique.
15:45 Parce que, paradoxalement, ça veut dire que tout est possible
15:48 du moment que les circonstances pratiques seraient réunies.
15:51 C'est-à-dire, si on entrait dans une crise extrêmement grave au sein des institutions,
15:57 par exemple, entre le Parlement et Emmanuel Macron,
15:59 mais je parle de quelque chose de bien plus grave encore
16:02 que ce qu'on a déjà vécu il y a quelques mois,
16:04 dans ces cas-là, on peut imaginer qu'il sera toujours possible,
16:07 si tout le monde juge majoritairement opportune de dégager le président,
16:11 de recourir à cette procédure.
16:13 Mais si vous voulez, c'est ça que je veux dire, c'est que c'est vraiment une question de contexte,
16:16 et que c'est pas l'automatisme d'un texte qu'il suffit de mettre en mouvement.
16:20 - C'est la pratique qui compte, et non pas la théorie constitutionnelle.
16:23 - Voilà, ça servirait plus de prétexte le jour où tout le monde serait d'accord
16:27 pour dégager le président.
16:29 - Et alors, Huégar, l'autre question qui est beaucoup plus posée,
16:33 c'est le fameux article 16, qu'a utilisé déjà De Gaulle et d'autres.
16:37 Est-ce que cet article 16, alors il stipule quoi ?
16:40 Il permet quoi ? Et dans les circonstances actuelles que vous connaissez comme moi,
16:44 Philippe Fabry, est-ce qu'il est utilisable, tout de suite, pas ?
16:49 Et à quelles conditions ?
16:51 - Alors, l'article 16, il permet au président de la République
16:55 de s'arroger les pleins pouvoirs,
16:59 après consultation du Premier ministre et du président des assemblées,
17:04 mais ça n'est pas, comment dire, c'est pas pour demander une autorisation.
17:10 - Non, bien sûr, en tout cas il les reçoit aujourd'hui, justement.
17:13 - Voilà, mais normalement, c'est lorsque les institutions de la République
17:21 sont menacées de ne plus pouvoir fonctionner correctement.
17:24 Et même s'il y a eu énormément d'agitation ces temps-ci,
17:28 je n'ai pas le sentiment qu'il y ait eu ce type de problème.
17:30 L'article 16, et notamment c'est ce qu'on voit historiquement,
17:33 la manière dont il a été utilisé dans le cadre du Pouche des généraux par De Gaulle,
17:38 c'est que c'est plutôt pour remédier à une crise au sein des institutions,
17:44 et où il y a par exemple une partie des institutions
17:47 qui joue une partition séparatiste ou qui fait un coup d'État, ce genre de choses.
17:50 On n'a pas de précédent d'emploi, juste parce qu'une partie de la population...
17:56 - Oui, n'est pas d'accord avec ce qui se passe, etc.
18:00 - À partir du moment où il n'y a pas de problème à l'intérieur des institutions,
18:03 ça me paraît pas nécessaire.
18:05 Maintenant, si jamais, je ne sais pas,
18:07 si jamais il y avait toute une partie de la police
18:09 qui entrait en rébellion contre Emmanuel Macron et qui essayait de prendre l'Élysée,
18:12 bon, là, on aurait ce type de problème interne.
18:15 - Ou de l'armée, etc.
18:17 - Voilà, voilà. Mais pour lutter contre un problème d'émeute comme celui qu'on connaît,
18:23 si elles étaient encore d'une autre ampleur, pourquoi pas ?
18:26 Bon, vraisemblablement, le dispositif policier a réussi à contenir ça jusqu'à maintenant,
18:32 à le contenir en évitant les morts,
18:35 même s'il y a eu un pompier qui a été vraisemblablement victime des émeutes,
18:39 victime indirecte, mais bon, c'est en luttant contre un feu
18:42 qui a vraisemblablement été allumé dans ce cadre-là.
18:44 Il n'y a pas eu de mort de la répression,
18:47 je veux dire, le travail de la police est contrôlé,
18:50 et d'une certaine manière, on sait faire, pour ainsi dire.
18:52 - Bien sûr.
18:53 - Et les mesures de prise, notamment de contrôle des réseaux sociaux,
18:57 si contestables qu'elles soient en principe,
18:59 ont manifestement un effet pour diminuer l'émulation, on va dire, parmi les casseurs.
19:05 - D'accord. Donc, à votre avis, actuellement, ce genre de recours ne se pose pas ?
19:12 - Alors, pour moi, ça ne se pose pas, et même, pour moi, ça serait quand même excessif.
19:16 C'est-à-dire, si Emmanuel Macron, actuellement, recourait à l'article 16,
19:20 ça serait plus une marque supplémentaire d'autoritarisme qu'autre chose.
19:25 - Ouais, ouais.
19:26 Enfin, vous avez bien expliqué la prééminence de plus en plus absolue du point exécutif
19:32 dans votre livre, justement, et dans l'absence, il faut le dire, de contre-pouvoir,
19:36 en tout cas, la relative absence de contre-pouvoir,
19:39 et ça, on pourra en parler, mais je pense qu'on va en parler avec les auditeurs, sûrement,
19:42 qui vont vous appeler.
19:44 Juste un mot pour revenir aux impérialismes revanchards.
19:47 Est-ce qu'aujourd'hui, on est, ça y est, dans le monde multipolaire,
19:52 dont on parle déjà depuis quelque temps ?
19:55 Est-ce que pour vous, justement, et où les impérialismes revanchards ou pas,
20:02 vont avoir peut-être, je ne dirais pas open bar, mais l'occasion de se développer
20:07 dans cette nouvelle configuration qu'on voit naître, et déjà, en plusieurs parties du globe,
20:13 et depuis déjà quelques années, Philippe Fabry ?
20:16 - Ce qui est sûr, c'est que déjà, pour que les impérialismes revanchards se déchaînent, justement,
20:20 c'est qu'il faut qu'il y en ait plusieurs à la fois.
20:22 Pour qu'il y en ait plusieurs à la fois, il y a quand même une condition fondamentale assez compliquée,
20:25 c'est que tout un tas de pays arrivent en même temps au même stade de développement,
20:28 puisqu'il faut qu'ils soient dans le même mouvement révolutionnaire.
20:33 C'est ce qui est arrivé aux alentours de la Seconde Guerre mondiale,
20:36 où on a tout un tas de pays qui ont fait leur révolution nationale en même temps.
20:39 L'Espagne, l'Italie, l'Allemagne, la Russie,
20:41 c'est ça aussi qui a entraîné ce sentiment d'instabilité très important,
20:46 qui en réalité était quelque chose qui venait du fait qu'on avait toute une partie de l'Europe
20:50 qui était relativement en retard,
20:52 enfin, plutôt un phénomène sur lequel la France et l'Angleterre avaient été très en avance,
20:55 qui tout d'un coup ont rattrapé ce système-là.
20:58 Maintenant, ce qui est sûr, c'est que quand il y en a un qui se déchaîne,
21:01 à partir du moment où ça déstabilise l'ordre international,
21:05 ça crée des ouvertures pour d'autres pays
21:08 qui peuvent eux aussi faire montre d'assertivité,
21:11 notamment militairement de leur côté,
21:13 en se disant que le gendarme est occupé ailleurs.
21:15 Ça ouvre des opportunités.
21:18 - En tout cas, c'est à suivre tout cela, de toute façon.
21:23 On va recevoir maintenant nos auditeurs,
21:25 je suis sûr qu'ils ont beaucoup de questions à vous poser.
21:27 Philippe Fabry, qui a-t-on Clément ?
21:31 Je crois que nous avons Adrien de Gironde, c'est ça ?
21:33 - Exactement, Adrien de Gironde,
21:35 qui souhaite poser une question à Philippe Fabry.
21:37 Bonjour Adrien !
21:39 - Oui, bonjour M. Bercoff, bonjour M. Fabry.
21:42 Déjà, je tenais à vous remercier de me prêter l'antenne,
21:47 et je voulais surtout remercier M. Fabry,
21:50 dont je suis les travaux depuis deux ans sur Internet,
21:53 maintenant sur sa chaîne YouTube, que je recommande à tous vos auditeurs.
21:56 - Et bien on la recommande aussi !
21:58 - Et donc du coup, je voulais poser cette question.
22:00 Dans vos travaux, vous prophétisez M. Fabry,
22:03 la révolution en France et la chute de la Ve République.
22:07 Du coup, est-ce que cela implique peut-être l'apparition au futur
22:14 d'un impérialiste revanchard français ?
22:16 Et qu'est-ce que ça donnerait dans un pays à la taille et à l'échelle
22:19 de la puissance de la France aujourd'hui ?
22:21 - Philippe Fabry ?
22:23 - Alors, c'est une question compliquée,
22:27 parce que, alors oui c'est possible théoriquement,
22:30 la différence c'est que maintenant la France s'inscrit dans le cadre
22:34 un petit peu supérieur de l'Union Européenne,
22:38 et comme j'avais eu l'occasion de venir en parler d'ailleurs ici,
22:42 dans un autre livre que j'ai écrit, "La chute de l'Empire Européen",
22:45 je pense que la révolution qui arrivera en France elle-même
22:48 ne sera plutôt la première étape et l'étincelle
22:51 d'un mouvement beaucoup plus large à l'échelle européenne
22:54 que simplement de quelque chose qui doit rester en France.
22:57 Donc si il devait y avoir un mouvement similaire à l'impérialisme revanchard à nouveau,
23:01 je pense que ça serait plutôt à l'échelle européenne
23:04 qu'à l'échelle française. Maintenant peut-être que l'impérialisme revanchard
23:07 européen serait français, c'est pas sûr là.
23:09 - Philippe Fabry, justement, je reprends juste la question d'adrien,
23:13 vous avez quand même, oui effectivement, parlé d'une révolution en France.
23:16 Évidemment on est aujourd'hui dans la théorie, mais c'est normal.
23:20 Mais quelle figure aujourd'hui, compte tenu, non pas de l'actualité brûlante,
23:25 quelle possibilité, quelle tenue, quel aspect pourrait-elle prendre
23:31 cette révolution française ?
23:33 - Ah ben moi j'en pense toujours la même chose depuis le début,
23:37 c'est-à-dire qu'avant tout ça doit commencer par une crise institutionnelle
23:43 qui oppose le législatif et l'exécutif.
23:46 Dont on a déjà vu les fondements se poser avec le problème du 49-3,
23:51 qui ont commencé à ouvrir la boîte de Pandore, puisque depuis on parle
23:55 très régulièrement dans les médias des problèmes de la 5ème république,
23:58 des problèmes de cette constitution qui était un sujet qu'on n'abordait jamais avant.
24:01 Donc intellectuellement c'est en train de faire son chemin.
24:04 Et ensuite l'autre condition, c'est que ce que j'appelle les élites
24:08 non-gouvernementales, c'est-à-dire, on va dire toute la catégorie de population
24:13 qui est celle qui profite le plus de ce type de gouvernement,
24:16 mais qui n'est pas directement aux manettes.
24:20 Il faut que cette catégorie-là ait l'impression que le pouvoir
24:25 actuellement en place, dans sa structure et dans son identité,
24:29 n'est plus le plus efficace pour défendre ses intérêts justement,
24:33 et qu'elle aurait donc intérêt à le renverser pour prendre sa place
24:36 et prendre les commandes directement. C'est ce qui se passe toujours
24:38 dans le cadre d'une révolution.
24:40 Si vous voulez, pour reparler de la révolution française,
24:42 la bourgeoisie se sentait bien servie par la monarchie jusqu'à la veille de 1789,
24:47 et dans les dernières années, elle a eu l'impression d'atteindre
24:50 une espèce de plafond de verre, et que le seul moyen d'aller plus haut maintenant
24:53 c'était de renverser tout ça.
24:55 Donc, comme ça que ça fonctionne.
24:57 Donc, ce que je pense, c'est qu'on va avoir la crise
25:00 entre le Parlement et l'exécutif va revenir.
25:03 - Elle est déjà là en tout cas.
25:05 - Elle est déjà là, mais je veux dire, elle va connaître d'autres pics.
25:08 Et en attendant, il faut surveiller toutes les choses
25:12 qui discréditent de plus en plus le pouvoir vis-à-vis des élites non gouvernementales.
25:16 Et typiquement, ce qu'on vient de vivre là,
25:19 je pense que ça fait partie de ces choses qui discréditent le pouvoir.
25:22 - Les émeutes qu'on vient de vivre, voilà.
25:24 - Voilà, les populations des centres-villes qui ont tendance plus à voter Emmanuel Macron, etc.
25:30 Toutes ces populations ont vu les émeutes arriver jusqu'aux pieds de chez elles
25:34 et ne pas être contenues dans les banlieues.
25:36 Et donc, tout ceci affaiblit, à mon avis, l'image du pouvoir.
25:40 Et ça joue, il y a ça, et puis il y a aussi le fait que,
25:43 du côté de la police aussi, du côté d'un certain nombre de corps constitués,
25:47 il y a l'impression que le pouvoir n'est plus le plus à même de les commander efficacement.
25:52 Je pense aux communiqués de presse du syndicat Alliance,
25:55 qui vraiment, dans des termes très durs, ontmet avec l'habitude.
26:00 - Et c'est intéressant ce que vous dites, parce que c'est vrai que ce qui a été,
26:04 on l'a vu ici et dans l'émission à la radio,
26:08 on l'a vu, c'est-à-dire que beaucoup de gens étaient,
26:11 parmi les policiers, le fait qu'Emmanuel Macron ait tout de suite condamné l'acte
26:15 en disant "inexplicable", etc., relayé par Elisabeth Borne, etc.,
26:19 a joué un rôle assez, je dirais, peut-être pas repoussoir,
26:25 mais rejet de la part de certains éléments de la police, et non des moindres.
26:29 - Tout à fait, et puis vous parliez aussi de l'histoire de la cagnotte.
26:33 Pour la famille du policier, je ne sais pas dans quelle mesure c'est fiable,
26:38 dans quelle mesure les sommes qui sont promises sont effectivement données,
26:40 parce qu'il y a toujours ce genre de questions qu'il faut se poser.
26:42 - Bien sûr. - Mais quand on voit les montants qui sont proposés,
26:45 il y a beaucoup de montants de 1000, 2000 euros,
26:47 ce n'est pas forcément des gens des classes populaires,
26:49 qu'on se dit qu'ils sont prêts à verser ces choses-là.
26:51 Donc ça veut dire que dans des populations plus aisées,
26:53 et qui donc sont censées plus profiter de la politique d'Emmanuel Macron,
26:56 il y a aussi un doute.
27:00 On ne nous protège plus, enfin il y a ce sentiment,
27:04 mais c'est vrai que toutes les révolutions,
27:06 enfin je veux dire, comparaison n'est pas raison,
27:09 mais quand même beaucoup de révolutions se sont passées comme ça,
27:12 avec le sentiment qu'on ne nous protège plus, c'est ça ?
27:16 - Oui, tout à fait, le discrédit du pouvoir est un élément déterminant.
27:19 Le discrédit est la ruine, et avec les 3000 milliards de dettes,
27:22 on approche aussi de la ruine. - Oui, c'est vrai.
27:24 Et dites-moi, par rapport à ça, je reviens effectivement à votre livre
27:29 et au monde multipolaire.
27:31 Est-ce qu'aujourd'hui, alors c'est intéressant de voir par rapport à ce que vous décrivez,
27:35 vous avez très très bien raconté tous les parallèles et les précédents historiques
27:39 qui sont très parlants dans leur schéma,
27:43 et dans la manière dont ça se passe,
27:45 et la récurrence est tout à fait impressionnante,
27:48 en tout cas telle que vous la racontez.
27:50 Mais est-ce qu'aujourd'hui, par exemple,
27:52 les BRICS, ça ne forme pas un empire bien sûr,
27:56 mais je veux dire, vous avez vu que Macron a essayé de s'inviter là-bas,
28:00 il a été très sèchement remis à sa place, en tout cas pour le moment,
28:04 mais est-ce que ça peut former ça, une espèce d'impérialisme qui vient ?
28:09 Et vous avez vu aussi, je dis ça, que Klaus Schwab,
28:12 le fondateur et gourou du Forum économique de Davos,
28:17 a aussi dit "c'est la Chine maintenant qui doit diriger",
28:21 il a carrément dit l'art, hier ou avant-hier,
28:25 il était en Chine et il a dit "la Chine doit prendre le pouvoir",
28:28 enfin diriger.
28:29 Philippe Fabry.
28:31 - Alors ça je ne l'avais pas entendu le dire, vous me l'apprenez,
28:34 c'est possible, le problème c'est que la problématique nationale
28:38 reste quand même très très ancrée,
28:40 surtout de la part de nations qui sont encore jeunes
28:42 et qui n'ont pas pu tester pleinement leur potentiel impérial.
28:45 C'est le cas de la Chine, mais c'est le cas d'un pays aussi comme l'Inde,
28:48 et c'est la grande faiblesse des BRICS et en fait tout le système
28:51 que la Chine cherche à mettre en place,
28:53 c'est que l'Inde, qui est un pays qui va commencer à la rattraper économiquement,
28:58 puisqu'il a une croissance forte,
29:00 l'Inde est en train de devenir ce qu'était la Chine des années 2000,
29:03 au niveau de la croissance des investissements,
29:05 l'Inde est devenue le pays le plus peuplé du monde devant la Chine,
29:10 dans un siècle d'ailleurs, il n'est pas impossible qu'on se retrouve
29:13 avec deux fois plus d'Indiens que de Chinois,
29:15 vu la façon dont les courbes se croisent,
29:17 donc j'ai du mal à voir les BRICS comme un ensemble cohérent.
29:22 On est plutôt pour un club de gens qui cherchent,
29:25 qui ont un intérêt objectif à essayer de s'imposer par rapport au vieux monde,
29:29 j'ai envie de dire, c'est-à-dire les occidentaux,
29:31 mais l'unité n'est vraiment que de façade,
29:34 et en particulier il y a un antagonisme sino-indien
29:37 qui est appelé à se développer.
29:40 - Clément, nous avons des auditeurs.
29:44 Oui, Charles des Hautes-Pyrénées.
29:47 - Ah oui, la pub avant !
29:50 Il ne faut pas oublier la pub, vous savez,
29:53 nous n'érosions pas de subventions, nous !
29:56 - Posez vos questions à Audrey Bercoff et Philippe Fabri
29:59 au 0 826 300 300, 0 826 300 300,
30:03 Bercoff dans tous ses états revient dans un instant.
30:06 - Ici Sud Radio,
30:10 les Français parlent au français,
30:14 je n'aime pas la blanquette de veau.
30:18 Je n'aime pas la blanquette de veau.
30:21 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
30:24 - C'est le moment d'accueillir les auditeurs,
30:26 vos réactions en direct sur Sud Radio 0 826 300 300.
30:30 Charles de Tarbes est avec nous au téléphone.
30:33 - Bonjour Charles.
30:34 - Bonjour André.
30:36 - Bonjour.
30:37 - Alors, je voulais dire à vous et à Philippe Fabri
30:43 que je trouve extrêmement intéressant
30:48 cette manière de voir l'évolution, je dirais, du monde
30:53 dans un monde constitué d'empires ou de pouvoirs centraux.
31:00 - Oui.
31:01 - Ce sont les pouvoirs centraux
31:03 et pendant un long moment, Philippe Fabri,
31:07 vous avez parlé de ces rapports
31:12 entre les états qui sont des rapports
31:15 sous les lois de la jungle, je dirais,
31:17 des rapports de force et pas sous une règle,
31:20 par exemple, de respect les uns des autres.
31:23 C'est la force qui compte.
31:25 Et je trouve que c'est une espèce de physique
31:29 des rapports de force à ce niveau-là.
31:31 Mais vous ne parliez pas jusqu'à il y a 10 minutes,
31:35 puis là maintenant, j'ai bataillé avec le standard,
31:37 j'ai voulu vous écrire.
31:38 Je n'ai pas trouvé votre adresse mail,
31:40 c'est très compliqué de la trouver.
31:41 - Mais vous êtes là, Charles, vous êtes là.
31:43 C'est ça qui compte.
31:44 - Oui.
31:45 Mais vous ne parliez pas, Philippe Fabri,
31:48 vous ne parliez pas des peuples jusqu'à un moment
31:52 où tout d'un coup, il a dit que quand à l'intérieur
31:55 d'une nation ou d'un empire,
31:57 comme par exemple au moment de la Révolution française,
31:59 il y a une partie de la population
32:01 qui ne voyait plus l'intérêt à diriger
32:03 comme elle était dirigée par le groupe dominant,
32:07 eh bien on renverse le groupe dominant
32:10 et c'est là que vous en êtes finalement venu
32:12 à avoir l'audace de parler de Macron.
32:16 Alors, je trouve que, voilà, il y a le joint,
32:21 mais comme je ne vous avais pas écouté pendant 5 ou 10 minutes
32:24 pendant lesquelles je bataillais avec le standard,
32:26 je trouve que ça serait intéressant de montrer
32:30 que vous travaillez à une certaine échelle,
32:33 mais quand il y a un renversement,
32:35 comme dans des bulles de savon ou des bulles de graisse
32:38 à la surface du pion...
32:40 - Vous avez entendu, on ne sait jamais quand ça se passe, bien sûr.
32:43 - Oui, mais c'est une histoire de vision d'échelle,
32:46 et aussi, et je dirais principalement,
32:49 c'est que dans l'analyse de Philippe Fabry,
32:52 on ne parlait pas, jusqu'à il y a 10 minutes,
32:56 des peuples, des peuples dominés par les classes dominantes
33:00 qui sont à l'intérieur de chaque empire ou de chaque pays.
33:03 - Philippe Fabry.
33:05 - Oui, mais c'est une réalité qui existe.
33:08 D'ailleurs, ce que je disais sur les élites gouvernementales
33:12 et non-gouvernementales, ce n'est pas de moi,
33:14 c'est de Vilfredo Pareto, donc ça fait un moment qu'on en parle.
33:17 Tout le problème, toute la question de la circulation des élites,
33:19 c'est un sujet qui est éminemment important,
33:22 et qui est celui de l'évolution interne de ces empires.
33:25 D'ailleurs, un des aspects que j'essaie de développer
33:27 dans ce livre sur les impérialistes revanchards,
33:29 c'est toute la façon dont tout le processus de révolution
33:32 s'accompagne d'un changement des élites
33:36 pour les mettre plus en accord avec l'état des représentations
33:40 collectives du temps.
33:42 - Oui, mais de toute façon, quand vous parlez élite,
33:44 évidemment, l'élite s'oppose.
33:47 Il y a l'élite et il y a le peuple ou les populations.
33:49 Et quand, Philippe Fabry, vous avez parlé de bourgeoisie,
33:52 c'est ce qui s'est passé avec le peuple de France en 1759.
33:59 Il y avait les serfs, mais il n'y avait pas que les serfs.
34:03 Oui, Philippe ?
34:05 - Oui, tout à fait.
34:07 Quand on parle du peuple, il y a les gouvernants, les élites,
34:11 il y a les élites qui gouvernent et les élites qui ne gouvernent pas,
34:14 et puis ensuite, dans le peuple lui-même,
34:16 il y a tout un tas d'échelles à discuter.
34:20 Ce n'est pas juste une masse informe.
34:22 - Oui, c'est ça. Et on le voit aujourd'hui.
34:24 Mais juste un mot, Philippe Fabry.
34:28 Et c'est encore une fois, vraiment, il faut lire "Les impérialistes revancheurs"
34:34 parce que ça vous permet de vous remettre dans l'histoire
34:36 et vraiment prendre le temps de hiérarchiser,
34:40 de mettre en perspective.
34:42 Et ça, vous l'avez fait, et je ne vois pas comment on peut comprendre un phénomène
34:45 sans mettre en perspective.
34:47 Mais quand même, aujourd'hui, Philippe, sans prendre de position ni politique ni autre,
34:50 on sent quand même, et ce n'est pas depuis hier ou ce week-end,
34:54 depuis des années et des années,
34:56 il y a une montée quand même de quelque chose.
34:58 Je ne sais pas si c'est pré-révolutionnaire ou pas,
35:01 mais il y a une montée de la tension qui est énorme.
35:03 Enfin, qui est des tensions, je dirais.
35:06 - Il y a clairement une montée des tensions,
35:08 notamment dans notre pays.
35:09 J'avais eu l'occasion de parler un peu quand on avait parlé de la Ve République.
35:12 Puisqu'on a un système qui,
35:16 en recréant finalement la même économie globale des pouvoirs
35:19 qu'on pouvait avoir sous l'Ancien Régime,
35:21 ramène tous les problèmes d'Ancien Régime.
35:23 C'est-à-dire que toutes les oppositions
35:27 qui essaient d'obtenir des résultats le font forcément dans la violence.
35:30 On a déjà querie.
35:32 Tout à l'heure, quelqu'un demandait pourquoi est-ce que ça se passe en France
35:35 et ça ne se passe pas chez les pays voisins.
35:36 Alors vous avez dit, il y a un peu en Belgique, un peu en Suisse.
35:39 C'est plutôt de l'imitation, mais effectivement, autour, on n'en trouve pas.
35:42 Je pense que ça fait notamment partie des problèmes qui sont posés par le Régime.
35:46 Que les autres pays qui ne sont plus parlementaires
35:48 ont réussi déjà à obtenir une meilleure représentativité
35:51 de certaines populations que nous en France.
35:54 Et à partir du moment où tout le pouvoir paraît concentré dans une personne,
35:58 c'est beaucoup plus difficile qu'elle soit représentative de la population.
36:02 Et quand vous avez des minorités, c'est visuellement difficile
36:04 de donner l'impression que ces minorités sont elles aussi associées au pouvoir.
36:08 Donc ça crée forcément des tensions et un sentiment d'invisibilisation
36:11 qui est beaucoup plus grand que quand la représentation est beaucoup plus collective,
36:15 beaucoup moins incarnée dans une personne,
36:17 en particulier sur d'aussi longues périodes de temps.
36:19 - Tout à fait. Merci Philippe Fabri.
36:21 C'est vrai que l'invisibilisation, on la voit, on la voit aujourd'hui, on la sent.
36:25 Merci en tout cas.
36:27 - Merci à tous de nous avoir suivis.
36:29 Rendez-vous demain à 12h30 pour une nouvelle émission de Bercov dans tous ses états.
36:33 Passez une excellente journée à l'écoute de Sud Radio.