Neila Moore "En France, arrêter un pédophile coûte cher à la société"

  • l’année dernière
Emission spéciale sur la pédocriminalité, avec Neila Moore, auteure de “Les prédateurs sont dans la poche de vos enfants” (éditions Télémaque)

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les vendredis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-02-10##

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Transcript
00:00 Alors bonjour à vous Naïl Amour.
00:02 - Bonjour Céline.
00:02 - Vous avez 37 ans, 3 enfants, vous êtes femme de ménage et le soir vous traquez les pédophiles sur les réseaux sociaux,
00:09 notamment sur Facebook. Vous allez nous expliquer comment dans un instant sur Sud Radio.
00:13 Mais avant, dites-nous pourquoi vous témoignez sous le pseudo "Visage masqué".
00:18 - Alors je n'apparais jamais à visage découvert parce que vu l'activité que nous faisons, nous ne plaisons pas à tout le monde.
00:24 Nous avons déjà reçu des pressions et des menaces.
00:27 Pour protéger ma famille et mes enfants, je préfère apparaître masqué.
00:30 - Des menaces de la part de qui ?
00:32 - Là, ça on ne sait pas. C'est toujours des menaces anonymes.
00:36 - Alors depuis 3 ans effectivement, vous menez ce combat, vous êtes en guerre contre la pédocriminalité.
00:41 Quel a été le déclic ?
00:43 - Le déclic a été suite à... après avoir visionné plusieurs reportages, dont celui de Zonvort,
00:49 sur le réseau pédocriminal de Zonvort, qui m'a profondément bouleversée.
00:52 - Celui de Karl Zero, c'est ça ?
00:53 - Exactement, tout à fait.
00:54 - Qui mène un combat très intéressant, il faut le dire, avec ses magazines.
00:59 - Tout à fait. Et à la suite de ça, modestement, j'ai voulu agir en fait.
01:04 Je me suis dit "mais qu'est-ce que je peux faire en tant que citoyenne ?
01:07 Je suis juste une simple femme de ménage, une simple mère de famille."
01:10 Et j'ai voulu concrètement faire quelque chose à mon petit niveau.
01:15 Et de là, on m'a renseignée auprès de Steven Moore, qui lui est base à La Réunion,
01:20 et était déjà lanceur d'alerte sur la question depuis plusieurs années.
01:23 Et il avait commencé à mettre en ligne un profil d'enfant virtuel.
01:26 Donc il se faisait passer pour une mineure de 12 ans sur les réseaux sociaux, sur Facebook.
01:31 Et très vite, il a été contacté par des dizaines d'hommes,
01:35 dont le but était d'avoir des rapports avec cet enfant.
01:38 Et du coup, il m'a appris à jouer ce rôle d'enfant sur Internet,
01:42 à faire un profil, parce qu'il y a des règles, des protocoles.
01:45 Et de là, on a décidé de monter un collectif, un mouvement citoyen,
01:50 parce qu'il fallait qu'on soit des centaines à faire ça sur la toile.
01:52 - Dans le monde entier ? - Dans le monde entier.
01:55 - Qui est Steven Moore ?
01:57 - Steven Moore, c'est un père de famille, un citoyen lambda,
02:01 qui en avait marre de tout ça, de ce fléau pédocriminel,
02:05 et qui a voulu lui aussi agir.
02:07 Et en fait, il a utilisé la méthode anglo-saxonne,
02:12 parce que la traque "au pédophile" est très culturelle dans les pays anglo-saxons.
02:19 Donc il faut savoir qu'il travaille en collaboration avec les forces de l'ordre là-bas,
02:22 et qu'une arrestation citoyenne sur deux est réalisée grâce à des citoyens ordinaires.
02:26 Et du coup, il a développé cette méthode à la législation française.
02:30 - Qui se font masquer, qui se font apparaître pour des jeunes filles ou des enfants.
02:34 - C'est ça, pour des jeunes garçons, tout à fait.
02:35 - Alors vous, Naila, le 3 mai 2019, vous créez sur Facebook votre premier faux profil,
02:41 votre appât s'appelle Lina, elle a 13 ans.
02:44 Expliquez-nous comment vous fabriquez des enfants virtuels,
02:48 et surtout, quel cadre juridique il faut respecter ?
02:51 - Donc, auparavant, comment vous fabriquez un enfant virtuel ?
02:53 - Voilà, donc on utilise soit nos propres photos d'enfants,
02:56 ou des photos de notre visage actuel que nous rajeunissons grâce à un filtre,
03:00 qui permet d'enlever 25-30 ans,
03:03 pour ne pas être accusé d'usurpation d'identité ou d'atteindre le droit à l'image.
03:07 - Donc vous prenez vos propres portraits quand vous étiez enfant ?
03:09 - Oui, tout à fait.
03:10 - Ou alors vous travaillez, d'accord.
03:11 - Ou alors je retouche avec Photoshop mon visage actuel.
03:14 Le deuxième point qui est très important, c'est dans la conversation,
03:18 on ne fait pas d'incitation, c'est le prédateur qui entre en contact avec nous,
03:21 c'est jamais l'inverse, la demande d'amis doit être de son propre chef.
03:24 Nous, on ne va pas le chercher.
03:25 - Mais vous dites quoi, vous dites "je suis une jeune fille de..." ?
03:27 - Oui, sur mon profil, je vais avoir ma bio,
03:30 qui d'entrée annonce que je suis mineure.
03:33 On a un âge entre 11 et 14 ans à peu près,
03:37 et voilà, donc je vais publier des trucs sur mes youtubers préférés,
03:42 ou des trucs sur les animaux, enfin vraiment quelque chose d'innocent,
03:45 et ce que n'importe quel enfant ferait sur les réseaux sociaux.
03:48 - Sans dire "je cherche à rencontrer..."
03:49 - Ah non, voilà, surtout pas d'incitation.
03:51 - En fait, vous créez le profil d'une proie parfaite pour un prédateur, c'est ça ?
03:55 - Il faut en fait que cet enfant paraisse vivant et réel, tout à fait.
03:59 - Ah oui, alors deux heures après la mise en ligne d'un profil,
04:03 c'est incroyable parce que directement vous avez des propositions d'amis, d'hommes, d'adultes.
04:08 - Oui, très vite, ça va très vite, ça se compte par dizaines, oui.
04:10 La plupart sont des hommes, il y a des femmes, rarement, mais la plupart sont des hommes.
04:14 - Ça vous a choqué la première fois ?
04:16 - La première fois, en fait, je ne m'attendais pas à recevoir autant de demandes d'amis, en fait.
04:21 Je m'attendais à recevoir une, peut-être deux, mais pas par dizaines comme ça,
04:26 donc j'ai profondément été choquée,
04:28 et c'est vrai que lorsque les conversations commençaient à être à teneur sexuelle,
04:32 je commençais un petit peu à être mal à l'aise.
04:35 La première fois que j'ai reçu un pénis en érection en photo,
04:39 j'étais déstabilisée, clairement,
04:43 donc moi, en tant que femme, en tant que mère de famille qui reçoit ce genre de clichés,
04:46 j'étais pas bien.
04:48 Donc je me mets dans la tête d'une petite fille de 12 ans qui reçoit ça,
04:51 quel est l'impact psychologique qu'elle peut avoir,
04:55 qu'est-ce qu'elle peut ressentir à ce moment-là ?
04:58 Donc voilà, c'est des conversations qui sont gravissimes.
05:02 - Est-ce que rapidement on vous propose des rapports sexuels ?
05:05 - Alors très vite, dans le sens où en fait, ces prédateurs, on les classe dans plusieurs catégories,
05:10 on va avoir les pervers, donc ceux qui au bout de trois lignes vont parler de sexualité,
05:14 vont demander des photos nues de l'enfant, vont faire des propositions sexuelles,
05:18 et on a les faux-anges gardiens qui eux, vont être dans la manipulation de l'enfant,
05:22 ça va prendre des semaines voire des mois,
05:24 mais le but est le même, d'avoir des photos, de proposer un rapport sexuel, etc.
05:29 Et il y a ceux aussi qui se font passer pour de véritables enfants,
05:32 donc ils sont très dangereux.
05:34 - Ils disent "nous c'est des copains, on va être copains, etc."
05:37 - C'est ça, donc ils utilisent des photos d'enfants, et ils se font passer pour des mineurs.
05:41 - Mais c'est incroyable.
05:43 Par exemple, certains, vous expliquez que certains vont même, la manipulation va très loin,
05:48 ils vont jusqu'au chantage au suicide.
05:50 - Oui, il y a le chantage au suicide, il y a le chantage financier aussi,
05:54 il va y avoir une sorte de prostitution déguisée,
05:57 dans le sens où ils vont proposer des cadeaux et de l'argent en échange de photos,
06:00 en échange de rapports sexuels.
06:02 Le chantage au suicide, il est permanent, on le retrouve souvent.
06:07 - Vous voulez dire, si tu ne viens pas, si tu ne fais pas ce que j'ai envie, je me suicide ?
06:12 - Tout à fait.
06:14 - Et pire même, les menaces de mort.
06:16 - Et des menaces de mort, tout à fait.
06:18 Si tu ne fais pas ce que je te demande, je te tue toi, ou je tue tes parents.
06:21 Donc ça met vraiment l'enfant dans une situation qui est juste inconfortable,
06:24 il est pris de honte, de peur, il est complètement coincé.
06:29 - Mais par exemple, quand vous refusez de leur envoyer,
06:32 quand ils vous demandent une photo de votre sexe,
06:34 quand ils vous demandent, par exemple, vous l'expliquez dans votre livre,
06:37 "Qu'est-ce que tu penses de mon sexe ?"
06:39 et que vous ne répondez pas, vous refusez de répondre,
06:42 qu'est-ce qu'ils vous répondent à ça ?
06:44 - Moi je ne peux pas répondre, parce que si je réponds,
06:46 ça peut être considéré comme de l'incitation ou de la provocation.
06:49 Parce que la provocation au délit est condamnable dans ce pays, je le rappelle.
06:53 Donc c'est pour ça qu'il faut faire très attention à ce qu'on répond.
06:55 - En France c'est condamnable ?
06:56 - C'est condamnable, ici, oui.
06:58 - Vous n'avez pas le droit de piéger la personne en lui disant des choses ?
07:02 - Voilà, c'est ça. C'est pour ça qu'il faut qu'on le repousse en permanence,
07:05 qu'on repousse ses avances.
07:07 Il faut faire très attention à ce qu'on dit.
07:09 - Oui. Et ce qui est terrible, effectivement,
07:11 quand vous repoussez leurs avances,
07:14 ils vous rassurent en vous disant, "Mais t'inquiète pas, ma petite fille,
07:17 tout le monde le fait à ton âge."
07:19 - C'est ça.
07:20 - C'est terrifiant.
07:21 - Oui, c'est ça.
07:22 - Mais alors comment s'organise la traque ?
07:24 Comment vous avancez ?
07:26 Parce que ça prend du temps.
07:27 Par exemple, vous-même, c'est votre expérience à vous,
07:29 vous restez en correspondance pendant longtemps ?
07:31 Le temps est long ?
07:32 - Tout dépend des profils.
07:33 Il y en a où en 15 jours, on aura assez d'éléments pour faire un signalement,
07:37 et d'autres où c'est des conversations qui doivent être entretenues
07:40 pendant des semaines, voire plusieurs mois.
07:42 - Ah oui, carrément.
07:43 - C'est chronophage, c'est très long, ça demande du temps,
07:46 parce que du coup on est connectés comme les enfants,
07:49 donc ça va être le soir après l'école,
07:51 les mercredis après-midi, les week-ends, les vacances scolaires,
07:54 parce qu'il faut montrer que cet enfant est vivant, qu'il est bien réel,
07:59 donc rendre une crédibilité autour de ça.
08:02 Donc ça demande énormément de travail.
08:04 - Oui, alors justement, 12 jours après votre première prise de contact
08:07 avec un prédateur, vous le racontez dans votre livre,
08:10 vous téléphonez à la gendarmerie de votre commune pour faire un signalement.
08:14 Comment avez-vous été accueillie la première fois ?
08:16 - Alors au départ, au téléphone, ils m'ont demandé de venir dans leur loco
08:20 et de leur apporter les preuves de ce que j'avais.
08:22 Je suis enthousiaste, je me suis dit "bon bah c'est bien",
08:24 je quitte mon travail en catastrophe et je me rends donc à la gendarmerie.
08:28 Et de là, je leur présente ma clé USB, et d'office on me dit "on ne prend pas les clés USB".
08:33 - Ah bon ? - Voilà. - Pourquoi ?
08:35 - Ok, j'en sais rien. - On ne va pas donner de raisons ?
08:38 - Tout dépend en fait des brigades, des structures, etc.
08:41 Donc du coup ils me disent "il faut faire un signalement sur la plateforme Farouz".
08:45 Donc bête et disciplinée, je me rends sur la plateforme.
08:48 - Rappelons ce qu'est cette plateforme.
08:50 - C'est une plateforme de signalement de contenus publics,
08:53 que ce soit de la violence, de la haine, l'antisémitisme, etc.
08:58 Donc tous les contenus violents en ligne qui sont publics,
09:03 qui peuvent être signalés sur cette plateforme qui est gérée par une poignée de personnes,
09:08 qu'il faut rappeler. - Oui, des policiers et des gendarmes sont derrière cette plateforme.
09:13 - Oui, tout à fait. - Et alors vous l'avez fait ?
09:15 - Je l'ai fait. Et quand j'ai voulu dénoncer les deux individus en question,
09:20 je reçois une réponse du serveur qui me dit "ce profil a déjà été signalé plusieurs fois".
09:26 Donc je dis "bon, ils sont au courant, c'est pas la première fois,
09:29 il n'est pas à son premier détournement de mineurs,
09:31 qu'est-ce qu'il fait, est-ce qu'il est contact d'autres enfants, etc.
09:34 Mais moi ça ne me suffit pas.
09:37 Donc de là j'appelle la cybercriminalité de Reims.
09:39 - Parce qu'une enquête n'a pas été ouverte après ?
09:41 - Il n'y avait rien d'ouvert, il n'y avait rien.
09:43 Donc je l'ai envoyé pour une réponse automatique.
09:45 Et du coup j'appelle la cybercriminalité de Reims,
09:48 je tombe sur un adjudant qui me dit "envoyez-moi vos preuves par mail".
09:52 Donc pas de souci, j'envoie tout par mail, il me dit "je prends l'enquête et tout",
09:55 donc pour moi c'était tout bon.
09:57 Et puis une heure après il me renvoie un mail en me disant
10:00 "l'identité du profil est usurpée, il ne s'agit pas de la bonne personne, etc."
10:08 Et là je lui dis "mais vous plaisantez, l'individu m'a donné sa carte d'identité,
10:11 je vous l'ai transmise, donc vous savez très bien que c'était la personne
10:14 et je n'ai plus jamais eu de contact".
10:16 - Donc il a menti ce policier ?
10:18 - Il a menti, délibérément, oui.
10:19 - Comment vous l'expliquez vous aujourd'hui ?
10:21 - Quand j'en parle avec les autres policiers avec qui je travaille,
10:24 ils m'expliquent que pour eux c'est un ordre qu'il a reçu au-dessus.
10:28 - Plus haut niveau.
10:29 - Un ordre, parce qu'effectivement, vous l'expliquez dans votre livre,
10:32 arrêter un pédophile n'est pas rentable, c'est ce que vous a dit un jour un policier.
10:35 - Tout à fait, oui.
10:36 - Ça veut dire en quoi c'est pas rentable ?
10:38 - Ça coûte cher à la société et ça rapporte rien.
10:41 Ça fait des enquêtes qui sont coûteuses, qui sont longues.
10:44 On le sait, on nous le répète, les condamnations elles sont minimes,
10:48 il n'y a pas de place en prison, qu'est-ce qu'on fait de ces gens-là ?
10:51 On les met où, on en fait quoi ?
10:53 - Circuler, il n'y a rien à voir.
10:55 - C'est un peu ça, oui.
10:56 C'est un sujet tabou, c'est un sujet qui dérange en fait,
11:00 c'est un problème qu'on repousse indéfiniment.
11:03 - C'est incroyable.
11:04 Alors concernant l'identité, vous aviez la carte d'identité du prédateur,
11:08 parce qu'en fait, ils agissent pas sous une fausse identité ?
11:12 - Ça dépend.
11:13 - C'est incroyable.
11:14 - Ça dépend et en fait, il voulait tellement me mettre en confiance
11:17 que pour me rassurer, il m'avait donné sa carte d'identité.
11:20 - C'est incroyable.
11:22 Quel est le pire prédateur auquel vous avez eu affaire jusqu'à présent ?
11:25 - Le pire prédateur, c'était une jeune femme de mon équipe
11:30 qui agit sous le pseudonyme de Liana,
11:34 qui est une femme juste exceptionnelle
11:36 qui a permis l'arrestation de dizaines de pédocriminels.
11:39 C'était le dossier du pédocriminel de Lornes,
11:42 un prédateur sexuel de 35 ans sur un lançon,
11:47 qui était juste ignoble, manipulateur,
11:51 il envoyait des photos de son sexe, il se masturbait,
11:54 il est allé très très loin dans ses propos,
11:58 jusqu'à envoyer des choses qui sont innommables.
12:01 Et le problème, c'est que le procureur était très réticent,
12:06 il n'a pas voulu ouvrir d'enquête au départ,
12:10 il a fallu que je fasse un deuxième signalement auprès de ma gendarmerie,
12:13 il a fallu se battre en fait.
12:15 Et il a eu une condamnation ridicule.
12:18 Donc voilà, j'étais vraiment en colère contre ce dossier.
12:21 - De quelle ordre cette condamnation ?
12:23 - Une punition pécuniaire, il a été condamné à 10 000 euros.
12:26 - Juste, dites-moi, ceux à qui vous avez parlé,
12:33 est-ce qu'il y a quand même un moment où ils ne se défient pas,
12:36 ils ne se méfient pas ?
12:38 Qu'est-ce qu'ils exigent de vous pour dire "Ah bah bon,
12:40 est-ce que je ne suis pas..." ?
12:43 Parce qu'ils doivent se dire qu'on cherche à les piéger.
12:46 Ou pas ? Ou ce n'est pas ?
12:48 La plupart du temps, ils n'y pensent même pas ?
12:50 - Non, je pense qu'ils sont dans leur perversion,
12:52 ils veulent à tout prix des photos,
12:54 ils veulent un contact,
12:56 ils veulent avoir cet enfant.
12:58 - Ils sont dans leur fantasme.
13:00 - Et aussi dans la toute-puissance pour certains.
13:03 - Ah oui, internet, ça leur donne une porte d'entrée
13:08 et un effet de surpuissance et de domination.
13:11 Tout à fait.
13:13 - Est-ce que vous vous êtes arrivé de traquer une personnalité sur les réseaux ?
13:17 - Oui, une personne qui est connue du showbiz,
13:21 que nous avons signalé en février 2021,
13:23 donc ça fait deux ans.
13:25 J'ai reçu un mail de la police le 4 février,
13:29 me confirmant qu'une enquête était bien ouverte.
13:31 J'ai relancé deux fois l'ancien procureur
13:34 et la nouvelle procureure de Paris,
13:36 ce qui a eu un changement,
13:38 pour signifier que cet individu continue,
13:40 malgré tout ça,
13:42 à converser avec nos faux-enfants virtuels,
13:44 donc ses plusieurs enfants,
13:46 et qu'à ce jour, il n'a toujours pas été inquiété.
13:48 - Incroyable. Et comment vous l'avez,
13:50 vous l'avez remonté à lui ?
13:52 Il agit sous sa véritable identité ?
13:54 - Pour nous, ça a été facile, ça a été un bonus.
13:56 - Quand vous piégez certains
13:58 qui ne sont pas sous leur véritable identité,
14:00 comment vous remontez la filière ?
14:02 - Je fais un signalement auprès de la brigade de gendarmerie,
14:05 dont je dépends, qui travaille avec nous depuis presque deux ans maintenant,
14:08 qui demande au procureur, dont je dépends aussi,
14:12 et il ouvre une enquête à chaque fois maintenant.
14:14 Du coup, comme ça, ils font les recherches d'IP
14:16 et ils remontent plus facilement.
14:18 - Quel est, juste un mot,
14:20 est-ce qu'il y a des profils,
14:22 enfin, est-ce que les profils se ressemblent ?
14:24 Quels sont les dénominateurs communs des gens que vous...
14:27 - Hélas, en fait, il n'y a pas de profil,
14:29 vous avez des pères de famille, vous avez des grands-pères,
14:31 vous avez des professeurs, vous avez des chefs d'entreprise,
14:33 vous avez des jeunes, vous avez des gens en chômage,
14:35 vous avez... ça touche toute classe sociale,
14:38 ça n'a pas de religion, ça n'a pas de frontière,
14:40 ça touche toutes les couches de la société,
14:43 ça peut être votre voisin, ça peut être votre cousin...
14:46 - C'est terrible.
14:48 En tout cas, à ce jour, vous et la Team Mour,
14:50 Naila, vous avez transmis plus de 120 dossiers à la justice,
14:53 vous êtes à l'origine de plusieurs dizaines d'arrestations
14:55 et de condamnations de pédocriminels à travers le monde.
14:58 Comment avez-vous réussi à les faire tomber ?
15:00 Vous nous direz tout dans un instant sur cette radio.
15:02 Tant nombreux sont ceux qui souffrent en silence, André Berkhoff.
15:05 Chaque année en France, 13 000 filles et 35 000 garçons
15:08 sont victimes de viols et de violences sexuelles
15:11 et la pédocriminalité ne cesse malheureusement d'augmenter,
15:14 notamment sur les réseaux sociaux.
15:16 Nous en parlons avec une jeune femme extraordinaire, Naila Mour.
15:19 Elle traque les pédophiles sur les réseaux, notamment sur Facebook
15:22 et elle a réussi à en faire tomber plus d'un.
15:25 Alors, comment y êtes-vous parvenue, vous et toute la Team Mour, Naila ?
15:29 - Alors, c'est un travail de longue haleine.
15:31 Tout d'abord, on va avoir ce que nous on appelle les intercepteurs
15:34 au sein de notre équipe, c'est ceux qui vont se faire passer
15:36 pour un enfant, donc jouer le rôle de l'enfant virtuel.
15:38 - Vous êtes combien ?
15:39 - On est une cinquantaine au total.
15:41 C'est un nombre qu'on ne veut pas dépasser.
15:45 On pourrait être un millier si on le voulait,
15:49 mais on ne peut pas gérer tout le monde et ce n'est pas le but.
15:53 - Donc, les intercepteurs ?
15:55 - Voilà, qui sont les enfants et on a les enquêteurs
15:58 qui eux vont fouiller la vie du prédateur sexuel,
16:02 faire le montage du dossier pour l'envoyer ensuite aux autorités.
16:06 Donc, un travail de longue haleine.
16:08 J'en profite d'être sur l'antenne pour leur adresser mes hommages
16:12 et mes remerciements parce que je travaille avec des femmes
16:14 et des hommes extraordinaires, vraiment,
16:16 qui font un travail juste exceptionnel.
16:18 Et une fois que nous avons suffisamment d'éléments
16:21 pour dénoncer le prédateur sexuel,
16:23 on envoie un signalement au procureur, dont dépend l'auteur des faits.
16:27 - D'accord.
16:28 - Voilà, et ensuite, t'es pris en charge.
16:30 - Alors, il n'y a pas que le virtuel, effectivement.
16:32 Vous allez sur le terrain.
16:33 Il vous est arrivé d'accepter un rendez-vous
16:35 et de vous déguiser notamment en jeune fille.
16:37 Comment y êtes-vous parvenue ?
16:39 - En fait, on a voulu montrer que, justement,
16:42 ça ne s'arrête pas au virtuel et que là,
16:44 on a un individu qui va se déplacer,
16:46 qui l'a donné un rendez-vous à l'enfant
16:48 dans le but d'avoir des rapports.
16:49 Une heure auparavant, il avait demandé à cet enfant
16:52 d'aller acheter des préservatifs.
16:54 Donc, il avait bien stipulé qu'il ferait sa première fois avec elle.
16:58 - Ah, il a demandé à l'enfant d'acheter des préservatifs ?
17:01 - Oui.
17:02 Et du coup, je me suis déguisée avec les vêtements de ma fille à l'époque
17:06 et je me suis rendue au rendez-vous.
17:08 On a voulu montrer que ça va très loin,
17:13 que ce n'est pas juste des échanges sur Internet.
17:16 - Mais comment s'est passé ce rendez-vous alors ?
17:18 - Je n'étais quand même pas très à l'aise.
17:22 J'étais un petit peu stressée.
17:23 Ce n'est pas tous les jours qu'on fait ça.
17:25 Et puis, lorsqu'il est venu, il a tenté de m'embrasser.
17:28 Je l'ai repoussé, évidemment,
17:30 et je lui ai fait comprendre qui j'étais,
17:32 ce que je faisais, pourquoi j'étais là.
17:35 Et puis, j'ai vu qu'il commençait à être un petit peu défité.
17:39 Il est tombé dénu.
17:40 - Qu'est-ce qu'il vous disait ?
17:41 - Sur le moment, il commençait à me dire que c'était son profil
17:44 qui avait été piraté, donc que ce n'était pas lui.
17:46 Donc ça, c'est une excuse qu'on nous sort à chaque fois.
17:49 Et puis ensuite, il a osé me dire qu'il comprenait mon action
17:53 parce qu'il faisait la même chose lui aussi.
17:55 - En glandessinité, bien sûr.
17:58 - Évidemment.
17:59 C'est un pédophile anti-pédophile.
18:02 Beaucoup se cachent derrière ça.
18:03 Et donc, ensuite, on avait transmis le dossier.
18:08 Puisque vu qu'à l'époque, ça coinçait avec les autorités
18:11 à nous traiter d'hors la loi, etc.,
18:13 on avait envoyé le dossier à Innocence en danger,
18:16 qui l'ont ensuite envoyé au procureur de Bordeaux,
18:20 qui ont ouvert une enquête, qui l'ont arrêté,
18:22 qui l'ont mis ensuite en examen.
18:24 - Mais vous, alors, sur place,
18:25 comment vous vous êtes sorti de cette affaire ?
18:27 Après cette rencontre, il s'est passé quoi ?
18:28 Est-ce que vous l'aviez filmé en cachette ?
18:30 - On ne le fait pas, ça.
18:32 Nous, on ne filme pas.
18:33 Il faut savoir que tous ces rendez-vous ont été filmés
18:35 par la presse locale ou par certaines émissions télé.
18:39 - Vous avez averti la presse locale ?
18:40 - Il y avait la presse, c'était lors de l'émission d'envoyé spécial,
18:45 qui était en immersion au sein de notre groupe.
18:47 Nous, on ne filme pas et on ne diffuse pas les vidéos.
18:51 - Mais vous avez les caméramans, enfin, les journalistes,
18:53 vous ont suivi ?
18:54 - Tout à fait.
18:55 - Mais avant d'aller à la rencontre d'un prédateur,
18:59 vous alertez toujours les autorités ?
19:01 - Aujourd'hui, oui.
19:02 - Avant, non ?
19:03 - Avant, on a voulu montrer l'ampleur du phénomène
19:06 et on faisait ce qu'on appelle des dénonciations par voix de presse.
19:10 C'était pour forcer la justice à se saisir du dossier.
19:14 Parce que les autorités, à l'époque, étaient silencieuses,
19:17 elles ne nous écoutaient pas.
19:18 - Et la police, quand vous le faisiez incroyablement,
19:21 en leur disant "voilà, on va aller rencontrer sur le terrain un prédateur",
19:24 est-ce qu'ils vous suivaient ? Est-ce qu'ils étaient là ?
19:26 - Non.
19:27 - Non ?
19:28 - Non, mais ça, on lui avait dit.
19:30 Aujourd'hui, ça a changé.
19:31 - Maintenant, effectivement, ils viennent sur certains signalements ?
19:34 - Aujourd'hui, on fait très peu de rendez-vous,
19:37 parce qu'on a gagné en crédibilité.
19:40 Et aujourd'hui, quand un magistrat reçoit sur son bureau
19:43 un dossier de la Timor, et sait que c'est sérieux et dirigeant une enquête,
19:47 on a fait un rendez-vous, ça va faire deux ans maintenant, le dernier,
19:53 où, là, effectivement, les autorités avaient les signalements,
19:58 ils l'avaient fait quatre, et au bout du quatrième,
20:01 sachant qu'il n'avait pas été arrêté, nous sommes allés au rendez-vous
20:04 pour montrer que là, ça va loin, qu'il y avait quand même deux rendez-vous
20:08 qui avaient été pris, et encore une fois, la police avait refusé de se déplacer,
20:14 et il y avait les caméras de zone interdite qui étaient sur place,
20:16 donc là, ils sont venus.
20:18 - Alors, votre 69e arrestation, grâce à la Timor,
20:23 a eu lieu le 23 août dernier.
20:25 Ce fut un dossier long, fastidieux, et c'était un homme très dangereux.
20:30 Comment vous avez réussi à le démasquer, celui-ci ?
20:32 - Là, c'était grâce aux gendarmes avec qui on travaillait,
20:35 donc il y avait vraiment une collaboration parfaite entre notre équipe
20:38 et les forces de l'ordre, parce que c'était un individu,
20:41 c'était un véritable chasseur.
20:43 Il se cachait en permanence, il changeait son nom,
20:46 il changeait son numéro de téléphone tout le temps,
20:49 et même les autorités avaient du mal à le retrouver,
20:52 et du coup, ils ont demandé à la cybercriminalité de Lyon
20:55 de s'associer à nous, donc ils sont venus me voir,
20:57 on a parlé ensemble, et on échangeait toutes nos infos.
20:59 Donc nous, on avait ça, eux, ils avaient ça,
21:01 et on a réussi à étendre un travail commun,
21:04 donc en fait, c'est ce qu'on demande depuis des années,
21:06 c'est cette collaboration, qu'elle soit officielle et plus dans l'ombre,
21:09 parce qu'on montre, en fait, que les citoyens et les forces de l'ordre,
21:12 ensemble, ça marche.
21:14 - Et bien là, c'est le cas.
21:15 En fait, justement, ce n'est pas le même domaine, bien sûr,
21:19 mais on a l'impression qu'il y a eu parallèlement,
21:22 il y a eu, pendant une beaucoup plus grande conscience des autorités,
21:24 qu'elles soient administratives ou policières,
21:26 des violences faites aux femmes,
21:28 qui pendant très longtemps, étaient niées,
21:30 ou en tout cas, sous-évaluées.
21:33 Et là, dans votre cas aussi, de la pédophilie,
21:35 on a l'impression qu'en tout cas, il y a déjà une prise de conscience, quand même.
21:38 - Alors, dans la paix des criminalités en général, oui,
21:41 on le voit avec le "me too" inceste, etc.,
21:43 on voit qu'il y a une libération de la parole,
21:45 donc c'est bien, aujourd'hui, on en parle, c'est bien.
21:47 Mais nous, ce qu'on demande maintenant, c'est des actes.
21:49 Arrêter des réunions autour d'une table,
21:51 maintenant, on veut des peines, des condamnations.
21:53 - Des actes quoi, vous voulez quoi ?
21:54 - Des actes du gouvernement ?
21:55 - Oui, parce qu'il faut préciser, en fait,
21:57 que depuis trois ans et demi, en fait, la timour se bat
22:00 pour que le gouvernement français, comment dire,
22:02 collabore officiellement avec eux.
22:04 Ce n'est pas vraiment le cas aujourd'hui.
22:06 - Alors, expliquez, qu'est-ce que vous attendez exactement, concrètement ?
22:09 - Nous, on attend plusieurs choses.
22:11 La première, c'est que cette collaboration
22:13 qui existe dans l'ombre, elle soit officielle.
22:15 Qu'on nous donne un statut, quelque chose,
22:17 pour faciliter le travail d'enquête.
22:19 - Parce que vous n'avez aucun statut, là, aujourd'hui ?
22:21 - On n'a rien du tout.
22:22 - Vous êtes un collectif ?
22:23 - Un collectif, tout court, tout simple,
22:24 sans subvention, sans moyens, sans rien du tout.
22:26 Mais avec de la volonté et de la détermination.
22:28 - Et alors, vous voulez quoi ?
22:29 Que ce soit officialisé ? Comment ?
22:31 - On voudrait quelque chose d'officiel, tout à fait.
22:33 - Mais concrètement, comment ?
22:34 - Concrètement, je ne sais pas s'ils peuvent faire
22:37 un article de loi ou quelque chose qui nous...
22:39 - Ah oui, que ça peut aller sur un article de loi, quelque chose ?
22:41 - Voilà, qui nous permettrait de travailler sans restrictions
22:46 et ça falliciterait les enquêtes et ça irait surtout plus vite.
22:49 Même le gendarme avec qui on travaille,
22:51 même lui aussi, il demande qu'il y ait quelque chose
22:54 pour que ça aille plus vite,
22:55 parce que lui, il se retrouve avec tous nos dossiers
22:57 et ça lui donne une quantité de travail qui devient ingérable.
23:00 Donc, il faut que là-haut, il trouve une solution.
23:03 Et quand on veut trouver une solution, on la trouve.
23:05 - Mais en 2019, Stephen Moore avait interpellé Emmanuel Macron
23:09 lorsqu'on était à la Réunion.
23:11 À l'époque, quelle réponse avait-il eu du gouvernement ?
23:14 - Alors, monsieur le Président s'était engagé sur la question publiquement.
23:17 Il avait dit qu'il avait besoin de lanceurs d'alerte tels que nous,
23:20 qu'il fallait continuer à protéger nos enfants
23:22 et qu'il fallait changer la loi
23:24 et mettre la responsabilité sur les plateformes.
23:26 Que les plateformes, aujourd'hui, sont censées être responsables
23:29 des contenus qu'elles diffusent.
23:30 - Les plateformes censurent un certain nombre d'appels pédopornographiques.
23:34 - Déjà, qui censurent et qui suppriment tous les contenus pédopornographiques
23:37 qu'on peut trouver sur n'importe quel réseau social.
23:40 Et nous, ça fait quand même des années maintenant
23:44 qu'on démontre que l'algorithme de Facebook, notamment,
23:48 met en lien des mineurs et des majeurs.
23:51 J'ai encore assisté hier à un procès.
23:53 Quand la juge a demandé au prévenu
23:55 "comment êtes-vous rentré en contact avec Camille ?"
23:57 le prévenu a répondu "j'ai reçu une suggestion d'ami Facebook".
24:01 Donc ça, il faut que Facebook s'exprime dessus,
24:03 il faut qu'il s'explique,
24:04 parce que c'est quelque chose qui ressort dans chaque procès.
24:06 Et on le voit, moi-même, quand je crée des profils d'enfants,
24:10 on me propose des adultes.
24:12 - J'ai juste une incidence là-dessus quand même.
24:14 Et là, ça sort, vous savez que le Congrès, actuellement,
24:17 interroge l'ancienne direction de Twitter.
24:19 Parce que les Twitters font ce fort.
24:21 Et ce qui est extraordinaire, et ça rejoint,
24:23 c'est qu'ils disaient qu'ils avaient censuré
24:25 toutes les plateformes sur Hunter Biden,
24:27 l'office de Biden et l'administration Biden,
24:29 alors que tous les réseaux pédopornographiques étaient sur Twitter.
24:33 Ils ne les avaient jamais, je parle de l'ancienne direction,
24:35 ils ne les avaient jamais censurés ni interdits.
24:37 - Oui, parce que là, M. Musk avait dit,
24:40 quand il a repris les rênes, qu'il allait nettoyer Twitter.
24:43 Bon, là, il y a encore du ménage à faire, mais bon...
24:45 - Il a avancé quand même.
24:46 - C'est une parole qu'il a prise, tout à fait.
24:49 - Et oui, dans votre livre, vous posez la question
24:52 "Facebook, réseau social ou réseau criminel ?"
24:54 - Oui.
24:55 - Est-ce que vous avez tenté de joindre les décideurs, en France ?
24:58 - Il y avait une réunion prévue avec le Média Combini
25:02 et le responsable de Facebook, France,
25:04 en novembre 2019.
25:06 Il y avait une réunion téléphonique de prévue
25:09 et on les a attendus, ils ne nous ont jamais appelés.
25:11 - Et depuis ? Silence radio ?
25:13 - Silence radio, rien.
25:14 - Et pour vous, vous pensez qu'ils savent
25:16 qu'il y a des profils de pédocriminels sur le réseau ?
25:18 - Bien sûr qu'ils le savent.
25:20 Ils laissent proliférer des contenus pédocriminels
25:22 avec des commentaires pédophiles publics.
25:24 Donc, bien sûr qu'ils le savent.
25:26 Et nous, on le martèle dans les médias depuis des années.
25:28 On n'a jamais été attaqué pour diffamation.
25:30 - Alors, vous, vous en prenez principalement à Facebook,
25:33 mais les autres réseaux sociaux, ils sont aussi dangereux ?
25:36 - C'est pareil. Il faut comprendre que les prédateurs sexuels
25:39 dans le numérique, ils sont partout.
25:40 Donc, ils sont à la fois sur les réseaux sociaux,
25:42 ils sont sur les gens en ligne.
25:44 Là, en fait, du moment que vous avez un moyen de chat,
25:48 ils vont être là.
25:50 - Bien sûr. C'est l'offre et la demande.
25:52 - Ça fait.
25:54 - Mais il y a une chose qui me frappe
25:56 par rapport aux réseaux sociaux, on le sait,
25:58 il y a le meilleur et le pire dans les réseaux sociaux
26:00 parce qu'il y a des choses formidables dans les réseaux sociaux
26:02 et puis il y a ce dark net au sens véritable du terme
26:05 qui est un peu l'enfer.
26:07 Mais est-ce que la presse,
26:09 et ça fait trois, quatre ans maintenant ou presque,
26:13 est-ce que la presse s'y intéresse, à votre avis, assez ou pas assez ?
26:17 Enfin, la presse, les médias, je parle hors réseaux sociaux.
26:22 Est-ce que, à votre avis, ils font assez, ils font pas assez ?
26:25 Comment vous le sentez, ça ?
26:27 - La presse, elle s'y intéresse.
26:29 Moi, je trouve que depuis ces dernières années,
26:31 on en parle plus librement
26:33 et la presse fait pas mal de reportages liés à cela.
26:36 Maintenant, il faut que ce soit les politiques
26:38 qui se saisissent de la question.
26:40 Il faut que ce soit les magistrats aussi
26:42 quand ils donnent une condamnation.
26:44 - Ils en font des condamnations, les magistrats,
26:46 assez ou pas ? Dans votre expérience,
26:48 de trois ans et demi d'expérience,
26:50 est-ce qu'il y a eu assez de condamnations parfois assez ?
26:52 - Elles sont ridicules.
26:54 Après, la peine prévue par la loi,
26:56 elle est de deux ans de prison.
26:58 - Au maximum ?
27:00 - Et cinq ans si les échanges
27:02 sont suivis d'une rencontre physique.
27:04 Et pour de la corruption de mineurs aggravés,
27:06 la peine peut aller jusqu'à dix ans.
27:08 Nous, nous avons permis la condamnation
27:10 de plusieurs individus à deux ans de prison ferme,
27:12 mais pour beaucoup,
27:14 malheureusement, ça va être
27:16 18 mois, 20 mois avec sursis.
27:18 Encore hier, le procès auquel j'étais...
27:20 - Aménagement des peines. - Voilà.
27:22 Mais à un moment donné, c'est stop.
27:24 On arrête de leur mettre du sursis,
27:26 qu'ils soient véritablement punis pour leur délit.
27:28 En France, on peut se masturber devant un enfant
27:30 de 12 ans, lui montrer des photos de son pénis,
27:32 l'harceler pour avoir
27:34 des photos nues. Si ça, c'est pas
27:36 punissable, c'est qu'on a un gros problème dans notre pays.
27:38 - Et pour le moment, ça, c'est pas punissable ?
27:40 - Si ! - Deux ans de prison ferme.
27:42 - Oui, mais les peines, elles sont rarement appliquées.
27:44 - C'est ça. - Et elles sont très légères.
27:46 - Donc, il y a une responsabilité d'émancipation.
27:48 Donc, il faut changer les lois maintenant. Il faut que les peines,
27:50 elles soient durcies. - Et oui, il faut faire évoluer
27:52 les lois, il faut revoir aussi le délai
27:54 de prescription, il faut une meilleure prise en charge
27:56 des victimes. André Bercoff, on va continuer
27:58 d'en parler dans un instant, sur
28:00 Sud Radio, à tout de suite. - Stéline,
28:02 je voudrais dire quelque chose de ce point de vue-là, parce que
28:04 il y a eu ça, et ça a été très bien
28:06 et très important, vu le scandale
28:08 qu'il y a eu de dénoncer la pédophilie dans l'église
28:10 et en Angleterre et partout.
28:12 Mais il y a des gens qui ont beau jeu de dénoncer
28:14 ça et pas dénoncer le reste.
28:16 Et il faut aussi en parler, c'est-à-dire dans d'autres
28:18 couches de la société, etc. - La pédocriminalité,
28:20 elle est partout, elle n'est pas que dans l'église, elle est partout.
28:22 - Il faut le rappeler. - Bien sûr.
28:24 - C'est clair. Neylamour, alors combien de familles
28:26 de victimes vous contactent en moyenne
28:28 par semaine ? - Oh, je dirais
28:30 une bonne dizaine par semaine. On est
28:32 contactés par des familles
28:34 dont leurs enfants ont été victimes de grooming
28:36 ou de pédopiégeage.
28:38 - Grooming, c'est quoi ? Expliquez.
28:40 - Le grooming, c'est lorsqu'un adulte
28:42 va manipuler
28:44 un enfant dans le but d'avoir
28:46 des photos nues ou des rapports sexuels.
28:48 - On s'appelle "grooming".
28:50 - Avec des menaces, etc.
28:52 C'est un terme anglais qui veut dire
28:54 pédopiégeage, en fait.
28:56 Et beaucoup d'enfants
28:58 sont victimes
29:00 et il faut comprendre que
29:02 les conséquences sont dramatiques.
29:04 Il n'y a pas longtemps encore, une maman
29:06 nous a contactés car elle a trouvé une lettre
29:08 de suicide de sa fille de 13 ans qui était
29:10 victime d'un prédateur qui la menaçait
29:12 pour avoir des photos d'elle nue
29:14 et qu'elle a
29:16 refusé, évidemment. Donc, elle
29:18 a été menacée d'être
29:20 assassinée, etc.
29:22 Donc, il faut
29:24 comprendre que ça va très loin.
29:26 Il y en a qui sont en échec scolaire, d'autres
29:28 refusent de s'alimenter, il y en a qui vont aussi
29:30 jusqu'au suicide. Et il faut aussi
29:32 savoir que certains enfants
29:34 pris au piège
29:36 ou pensent vraiment parler avec
29:38 un enfant de leur âge, vont à des rendez-vous
29:40 et certains se retrouvent violés, voire
29:42 en réunion. Donc, c'est des phénomènes
29:44 qui sont...
29:46 - Qui existent, en tout cas. - Qui existent, c'est
29:48 réel. - Quel conseil
29:50 donner aux parents ? - Il faut
29:52 que les parents instaurent un dialogue avec son
29:54 enfant.
29:56 Je dirais pas de le
29:58 priver, parce que plus on prive, plus l'enfant
30:00 le fera. Donc, il
30:02 faut que l'enfant mette son compte en privé,
30:04 qu'il apprenne qu'il ne faut pas parler avec
30:06 des inconnus, qu'Internet c'est comme dans la rue,
30:08 qu'il faut avoir les codes pour utiliser.
30:10 Et c'est vrai que je trouve
30:12 aujourd'hui, en tant que maman,
30:14 on n'a pas assez d'outils, on n'est pas assez informés
30:16 de ça, pour
30:18 lutter contre ça et pour faire de la prévention.
30:20 Il n'y a pas assez de choses qui sont mises en place.
30:22 Donc, il faut à la fois faire
30:24 de la prévention auprès des parents et auprès
30:26 des enfants, mais il y a encore beaucoup, beaucoup de travail
30:28 à faire là-dessus. - Selon vous, qu'est-ce qu'il faudrait
30:30 effectivement mettre en place ? - Alors,
30:32 il faut qu'il y ait des vraies préventions
30:34 à l'école. Donc, je sais que c'est pas
30:36 le rôle des instituteurs,
30:38 c'est pas leur travail, c'est pas eux de le faire.
30:40 - Mais il pourrait y avoir des psychologues qui viennent à l'école.
30:42 - Il devrait y avoir des associations, mais qui aillent
30:44 plus loin dans les dangers de l'Internet.
30:46 Parce que dans
30:48 les préventions des dangers, on va
30:50 pas trop parler de pédocriminalité
30:52 sur le numérique.
30:54 C'est quelque chose qui fait peur.
30:56 Et je pense que c'est un sujet qu'il faut
30:58 aborder sans tabou.
31:00 - Absolument. - Et oui.
31:02 Alors, dans votre combat, est-ce qu'il y a beaucoup de politiques
31:04 qui vous soutiennent ? - Alors, on a le soutien
31:06 de la députée Madame Aude Petit,
31:08 que je salue
31:10 aujourd'hui, que je remercie,
31:12 que j'ai contactée
31:14 en mars 2021, que j'ai rencontrée.
31:16 Et elle nous a...
31:18 Elle a
31:20 parlé de nous à l'Assemblée nationale
31:22 en juin 2021, sous forme de questions à l'Assemblée
31:24 face aux gardes d'Esso.
31:26 - Éric Dupond-Moretti.
31:28 - Qui était chagriné
31:30 de notre activisme,
31:32 de nos méthodes. - Chagriné.
31:34 - Oui, ce sont ses mots.
31:36 - Pourquoi il trouvait que c'était pas... - Parce que pour lui, il y avait des risques
31:38 de dérive, vous comprenez.
31:40 - Oui, bien sûr. - Voilà, donc il y avait toujours des mots.
31:42 - C'est...
31:44 Ces brons pédophiles qui devraient être
31:46 évidemment à la présomption d'innocence,
31:48 bien sûr. - Voilà, on revient à ça.
31:50 - Ils sont tous des innocents, d'ailleurs. - Sur 4 minutes de discours,
31:52 le ministre de la Justice
31:54 n'a jamais prononcé le mot "enfant"
31:56 ni le mot "victime". - Aucune parole
31:58 pour la victime. - Aucune pour... Voilà.
32:00 - C'est incroyable. Le 10 novembre
32:02 dernier, alors, Emmanuel Macron a annoncé la création
32:04 d'un laboratoire international pour la protection
32:06 de l'enfance en ligne.
32:08 L'espace numérique ne peut pas être
32:10 un lieu de non-droit, a-t-il déclaré.
32:12 Avez-vous, même s'il n'y a pas encore
32:14 aujourd'hui de collaboration officielle avec
32:16 la Timor, avez-vous quand même eu le sentiment
32:18 d'avoir été un peu entendu
32:20 par le gouvernement ?
32:22 - Alors oui, il faut comprendre que ça fait
32:24 des années que nous sommes médiatisés
32:26 maintenant, que la
32:28 pression qu'on a mis au gouvernement,
32:30 on pense, enfin, quelque part,
32:32 a permis de
32:34 gonfler le nombre des
32:36 cybergendarmes
32:38 à plus de 400%,
32:40 même si c'est pas suffisant.
32:42 Après,
32:44 on aurait aimé
32:46 être conviés à cette réunion, justement,
32:48 pour qu'on leur montre,
32:50 en fait, la réalité
32:52 des faits. - Et oui, parce qu'effectivement,
32:54 il a convié des organisations
32:56 non gouvernementales et des représentants
32:58 des grandes plateformes. Vous le regrettez,
33:00 j'imagine. Aujourd'hui, effectivement,
33:02 vous auriez pu participer aux activités
33:04 de ce laboratoire. Qu'auriez-vous envie
33:06 de dire au gouvernement pour qu'il vous
33:08 convie à ce laboratoire ? - Moi, je leur ai juste montré
33:10 quelques échanges, en fait,
33:12 pour leur montrer, voilà ce qui se passe,
33:14 voilà ce qui se passe sur Internet quand un majeur
33:16 entre en contact avec un enfant.
33:18 - Il y a une chose que je ne comprends pas
33:20 quand même. Et pourquoi
33:22 il y a quand même beaucoup d'associations
33:24 qui travaillent sur l'enfance
33:26 et sur l'adolescence ? Pourquoi il n'y a pas
33:28 un regroupement, en tout cas, tentative de regroupement ?
33:30 Vous travaillez tous, alors vous, vous êtes
33:32 plus effectivement et très excellemment
33:34 spécialiste dans la pédocriminalité,
33:36 mais pourquoi il n'y a pas
33:38 synergie ? Il y a quand même,
33:40 en France, il y a quand même beaucoup d'associations,
33:42 je ne juge pas de leur efficacité ou pas,
33:44 mais enfin, qui travaillent sur l'enfance,
33:46 qui travaillent sur la protection de l'enfance,
33:48 etc. Vous n'avez pas voulu,
33:50 vous, vous, enfin, il n'y a pas eu
33:52 de tentative de rencontre,
33:54 d'échange ? - Disons
33:56 qu'on préfère justement rester autonome
33:58 et ne pas être associé à tel ou tel,
34:00 parce que, nous,
34:02 ça nous permet de faire notre petit bonhomme de chemin
34:04 et de ne pas avoir d'embûches.
34:06 Aujourd'hui, être associé à...
34:08 Enfin, c'est...
34:10 Je trouve que c'est compliqué de devoir
34:12 travailler avec...
34:14 - Oui, mais vous savez très bien qu'il y a quelque part,
34:16 encore une fois, l'union fait la force. - C'est ce qu'on dit.
34:18 - Oui, c'est ce qu'on dit, je crois que c'est vrai.
34:20 Pas avec tout le monde.
34:22 Je dis simplement que si vous voulez avoir plus d'efficacité
34:24 et peser,
34:26 c'est quand même bien
34:28 d'être pas seul, enfin, je crois.
34:30 Je peux me tromper, mais... - Je pense aussi,
34:32 mais il vaut mieux être seul que mal
34:34 accompagné aussi. - C'est ça. - Est-ce la raison pour laquelle
34:36 vous refusez, effectivement, toute aide
34:38 financière ? - Tout à fait, on refuse
34:40 toute subvention parce qu'on veut montrer
34:42 qu'avec aucun moyen, on arrive à faire bouger
34:44 les lignes. - Ça, c'est très important.
34:46 - Et quand on veut... - Vous refusez les dons
34:48 aussi ? - On en a très peu.
34:50 - Non, mais vous pourriez y avoir, si vous faisiez
34:52 une campagne de dons. - Oui, on pourrait y avoir, tout à fait.
34:54 - Par exemple, si on en sait, parce que j'allais vous dire
34:56 comment vous contacter, parce qu'il y a des auditeurs
34:58 qui vous ont écoutés, le Sud Radio,
35:00 qui ont envie, peut-être, d'aller plus loin avec vous,
35:02 enfin, voilà. Est-ce que...
35:04 D'abord, où est-ce qu'ils peuvent vous contacter ?
35:06 - Principalement sur Facebook. - Sur Facebook.
35:08 Sur quoi ? Le Tim Moore ?
35:10 - Sur la Tim Moore, tout à fait. - Ça s'appelle
35:12 la Tim Moore. - La Tim Moore, effectivement.
35:14 - Tim Moore, T-E-A-M-M-O-O-R-E.
35:16 - Exactement. - Non, mais pour être concret.
35:18 Mais par exemple, s'il y avait
35:20 des gens qui ont envie de
35:22 vous aider, à part des dons,
35:24 des personnes, peut-être,
35:26 à une institution, vous refuseriez ces dons
35:28 ou pas ? - Non, bien sûr que non.
35:30 Parce que c'est vrai que moi, tous les déplacements que je fais
35:32 pour les procès, ça permet,
35:34 puisque tous les frais liés sont sur nos fonds
35:36 personnels. Après, si aujourd'hui, on me dit
35:38 comment vous aider, achetez
35:40 le livre, parlez-en
35:42 autour de vous, parce que ce livre,
35:44 c'est aussi de la prévention, c'est aussi un guide.
35:46 Donc, voilà.
35:48 - C'est droit à vous aller au collectif ?
35:50 - Non. - Non, c'est vous ça ?
35:52 - En toute honnêteté, c'est presque 3 ans
35:54 de travail. J'ai passé 3 ans à écrire ce livre.
35:56 Je fais du bénévolat
35:58 depuis presque 4 ans au sein de la Team Mour.
36:00 Donc, c'est un travail
36:02 qui m'a coûté beaucoup.
36:04 Donc, vous savez très bien qu'on
36:06 ne gagne pas de milliers d'essais avec un livre.
36:08 - C'est clair. En tout cas, c'est très, très,
36:10 très bien de l'avoir fait. - Est-ce que vous recrutez des bénévoles
36:12 actuellement au sein de la Team Mour ? Comment ça se passe ?
36:14 Si on veut vous aider ? - Alors, ça se passe une fois
36:16 par an, environ.
36:18 On ne rentre pas chez nous comme dans un moulin.
36:20 C'est très strict et
36:22 la liste d'attente est très longue
36:24 parce qu'on a des centaines et des centaines de candidats
36:26 et que les places sont limitées.
36:28 Donc, oui, c'est possible.
36:30 - En tout cas, il faut signaler que c'est quand même une activité
36:32 très dangereuse. Aux Etats-Unis et en Angleterre,
36:34 des trackers de pédophiles comme vous
36:36 qui exercent bénévolement
36:38 comme la Team Mour, se sont fait
36:40 tirer dessus, poignardés ou renversés
36:42 par une voiture. Avez-vous peur
36:44 parfois, Naila ? - Alors, quand je vais au rendez-vous,
36:46 je ne suis pas toute seule. J'ai toujours des gardes du corps
36:48 avec moi. Donc, évidemment que je ne suis
36:50 pas très sereine
36:52 parce que je ne sais pas ce qui va se passer.
36:54 Je ne sais pas si l'individu va venir armé.
36:56 Je ne sais pas ce qu'il a prévu de faire avec cet enfant.
36:58 Donc, oui, il faut faire attention. Mais encore une fois,
37:00 c'est une activité qui est rarissime.
37:02 C'est juste 2-3%
37:04 de nos dossiers. Donc, voilà.
37:06 - Non, mais justement, en dehors même des rencontres,
37:08 est-ce que, par exemple, vous,
37:10 vous, Pâle et l'Amour, la collective,
37:12 etc., vous avez de temps en temps,
37:14 vous avez parlé au début de l'émission,
37:16 qu'il y a des menaces, etc. Sous quelle forme ?
37:18 - C'est
37:20 en forme de messages. Voilà.
37:22 On va nous envoyer des mails. - Des messages en énigmes ?
37:24 - Voilà, c'est ça. - D'accord.
37:26 En vous insultant ou en vous menaçant ? - En disant que
37:28 il y a une phrase que j'ai réécrite
37:30 dans le livre qui était très pertinente, qui nous disait
37:32 "Vous aimez la traque ?
37:34 Nous aussi. Vous savez,
37:36 des chasseurs de chasseurs de pédophiles, ça existe aussi."
37:38 Voilà. C'est plein de
37:40 genres de petites menaces comme ça. Puis, il faut
37:42 comprendre que
37:44 autant on est anonyme, aux yeux
37:46 de grand public, mais nos
37:48 identités apparaissent dans tous les dossiers.
37:50 Donc, dans toutes les procédures.
37:52 Donc, les pédophiles qu'on dénonce
37:54 savent qui est derrière.
37:56 - Oui, il n'est qu'à aller au tribunal,
37:58 au registre de justice, et ils savent qui vous attend.
38:00 - Tout à fait. Et oui, Naila, vous
38:02 sacrifiez en quelque sorte votre
38:04 vie privée pour ce combat. - Mais quel courage !
38:06 - Mais quel courage, en tout cas. Est-ce que vos
38:08 proches comprennent votre combat ? - Au début, non.
38:10 Au début, pas du tout.
38:12 Et puis, ils étaient dans la négative, dans le
38:14 sens où ils disaient "tu n'y arriveras
38:16 jamais, tu n'arriveras jamais à faire condamner
38:18 quelqu'un, tu perds ton temps, c'est ridicule."
38:20 Bref. Et aujourd'hui, c'est un autre
38:22 son de cloche. "Ouais, je suis fière de toi, bravo."
38:24 Ça reste
38:26 hypocrite, à mon sens, mais
38:28 voilà. - On est tous fiers
38:30 de vous et de vos mouvements, c'est vrai.
38:32 Il faut le faire,
38:34 il faut avoir le courage de le faire, il faut avoir la lucidité
38:36 de le faire. Mais je
38:38 crois vraiment que si vous voulez obtenir
38:40 ce que vous dites du point de vue de la loi,
38:42 du point de vue de tout ça,
38:44 c'est vrai que plus il y aura de pression, vous le savez
38:46 très bien. - Mais on sait faire ça et on va
38:48 continuer à mettre la pression. - Courage
38:50 à vous, Neylamour, on vous soutient
38:52 ici, sur Sud Radio. Merci
38:54 en tout cas d'être venu témoigner
38:56 aujourd'hui dans notre émission. Merci pour le
38:58 combat, vraiment, que vous menez pour protéger tous
39:00 nos enfants, il faut le rappeler. - Et le livre.
39:02 - Effectivement, et le livre, chers auditeurs,
39:04 si vous voulez aider la Team Mour,
39:06 vous l'aurez compris,
39:08 je le rappelle, ce collectif de bénévoles
39:10 agissent à leur frais pour traquer
39:12 les pédos criminels,
39:14 alors achetez le livre
39:16 "Les Prédateurs sont dans la poche de
39:18 vos enfants", paru aux éditions
39:20 Télémac. Tout de suite sur Sud Radio,
39:22 c'est Brigitte Lahaie.

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