Matthieu Deprieck, journaliste au service politique, nous explique les options qui s’ouvrent désormais pour Emmanuel Macron dont la stratégie de reconquête de l’opinion a été mise à mal par les émeutes
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00:00 Emmanuel Macron est aujourd'hui pris dans une crise qui appuie sur un de ses points faibles.
00:04 On l'a tous constaté, Emmanuel Macron c'est un président de crise.
00:12 Depuis 2018 et les gilets jaunes, les crises se sont accumulées.
00:17 Il a eu plutôt, on va dire, dans son malheur de la chance,
00:19 c'est que ces crises sont allées appuyer sur ses points forts de gestionnaire,
00:22 d'homme en capacité à prendre les choses avec, on va dire, sans froid, recul, etc.
00:27 Le principal danger pour lui et le principal risque pour lui dans cette crise
00:30 qu'on voit depuis une semaine de soulèvement des banlieues,
00:33 c'est que finalement là, ça appuie sur un de ses points faibles, c'est-à-dire le régalien.
00:36 Tous les sujets qui concernent le rapport à la République, laïcité, immigration, violence, insécurité,
00:42 sur toutes ces thématiques-là, Emmanuel Macron a toujours essayé de garder une posture
00:45 qu'on appelle de "en même temps", une posture d'équilibre politique.
00:48 Or, c'est justement, et c'est ce que la droite et l'extrême droite disent beaucoup,
00:51 c'est que sur ces sujets-là, on ne peut pas être en même temps.
00:53 Emmanuel Macron est aujourd'hui pris dans une crise qui appuie sur un de ses points faibles.
00:58 Il n'y en a pas un, il y a plusieurs mots d'ordre.
01:04 Le premier, c'est d'essayer de garder à tout prix le calme,
01:07 de ne surtout pas enflammer le débat public avec des propos peut-être outranciers ou jugés trop clivants.
01:12 Donc, jusqu'ici, ils ont réussi à tenir cette position qui est d'appel au calme et d'appel à la justice.
01:17 Le deuxième mot d'ordre, c'est de faire le dos rond.
01:19 Dans des moments d'émeute urbaine, et tout le monde avait le souvenir de 2005 où ça avait duré trois semaines,
01:23 il peut y avoir des périodes de calme, on peut se dire que c'est terminé, et puis finalement, ça repart.
01:27 Donc là, l'idée, c'est de faire le dos rond, d'attendre que ça passe.
01:30 Maintenant, l'exécutif, petit à petit, va essayer de reprendre un peu d'air, de regagner un peu d'air.
01:34 D'une part, en s'affichant avec les élus locaux qui ont été les premières victimes dans ces émeutes.
01:39 Ensuite, en essayant peut-être de commencer à dégager des pistes de sortie de crise.
01:43 Et puis, la troisième piste, elle est plus cynique, elle est plus politique,
01:46 d'aller essayer de mettre en difficulté les insoumis et une bonne partie de la gauche
01:49 pour essayer de décrocher, on va dire, les socialistes et une partie des écologistes
01:53 de ce qu'ils estiment être au gouvernement l'extrême gauche, les insoumis.
01:56 La grosse difficulté d'Emmanuel Macron, c'est qu'il arrive au bout de ses 100 jours d'action.
02:02 Les 100 jours d'action, c'est le 14 juillet.
02:04 On l'oublie parce que ça va très vite en politique, mais avant que les banlieues se soulèvent,
02:07 donc, on va dire, vers le 20-25 juin, alors qu'il est d'ailleurs à Marseille,
02:11 qui présente son plan Marseille en grand, les casserolades se sont eues,
02:14 son impopularité a commencé à s'atténuer, et il fait des annonces,
02:18 et des annonces qui arrivent à rentrer dans le débat public,
02:21 et à avoir de l'attention médiatique et l'attention des Français.
02:23 Le voilà reparti à zéro.
02:25 Il a maintenant 10 jours, 2 semaines pour essayer de clore cette année
02:29 avant que les Français partent en vacances, et la difficulté, c'est de savoir si il doit la clore
02:32 sur ce sujet des banlieues, en restant un peu dans cette séquence de violence,
02:37 ou si au contraire, il doit reprendre le fil de ce qu'il avait essayé de faire
02:40 avant que les banlieues se soulèvent.
02:41 Et voilà, tout ça, c'est un peu l'enjeu de ces 10 prochains jours.
02:44 Est-ce qu'il se raccroche au wagon des textes, par exemple des textes au Parlement,
02:48 ou est-ce qu'au contraire, il change son programme quelque part,
02:51 et il s'inscrit dans ces problèmes sociaux qui ont été mis en lumière
02:56 par le soulèvement des banlieues ?
02:57 Il y a un signe qui va me permettre de mesurer le choix fait par le Président,
03:01 c'est est-ce qu'il remanie ou pas.
03:02 [Musique]