Stéphane Le Foll : "Mélenchon, c'est la gauche du pugilat !"

  • l’année dernière
Avec Stéphane Le Foll, Maire PS du Mans et ancien Ministre

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-07-05##

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Transcript
00:00 7h-9h, le Grand Matin Sud Radio, Stéphanie Demuru.
00:04 - Et l'invité ce matin Stéphane Lefol, maire PS du Mans et ancien ministre. - Bonjour.
00:08 - Stéphane Lefol, bonjour. Le pic est passé, c'est ce qu'a affirmé hier Emmanuel Macron devant les maires et quelques communes particulièrement touchées
00:16 par les émeutes de cette semaine, dont la vôtre.
00:19 Quelle est la situation dans votre ville du Mans qui a elle aussi été touchée ? - Elle a été touchée, pas forcément
00:25 au même niveau que d'autres villes et tant mieux.
00:28 Mais aujourd'hui c'est vrai, depuis deux jours, on l'a constaté, il y a bien évidemment et heureusement
00:37 la fin de la sortie d'un certain nombre de jeunes et donc de ce qu'on appelle des émeutes,
00:43 elles sont largement en voie de reflux. Mais ça veut pas dire qu'à un moment ou un autre ça peut pas repartir.
00:49 - Vous êtes plutôt optimiste pour l'avenir ou vous pensez comme beaucoup que ça va recommencer ?
00:56 - Je pense que les causes, alors après, le drame qui a eu lieu avec Naël est un sujet en soi, qu'est-ce qui peut
01:05 redynamiser une forme de colère à nouveau ? Il y a plein de sujets, j'en sais rien, je sais que de toute façon les causes qui ont pu conduire à tout ça
01:15 restent des causes qui sont encore sous-jacentes et que la question doit être traitée à la fois dans l'immédiat avec
01:23 ce qui est fait aujourd'hui sur la fermeté et c'était absolument nécessaire.
01:26 Et puis en même temps, il y a des choses plus structurelles qu'il va falloir mettre en place,
01:29 en particulier une politique du logement et une politique de la rénovation, une politique de la ville de manière générale qui doit changer.
01:37 Aujourd'hui, il est arrivé au bout.
01:39 - Stéphane Le Foll, Emmanuel Macron a reconnu hier une maladresse sur le rapport Borloo, sur la politique de la ville, qu'il avait enterré en bonne et due forme en 2018.
01:48 Plusieurs élus recrètent ce plan, est-ce que vous en faites partie ?
01:51 - Moi, je fais partie de ceux qui, à l'époque, avaient été choqués d'abord de la formule qui consistait, c'est pas à deux mâles blancs,
01:57 d'aller régler les problèmes de la politique de la ville, ce qui m'avait complètement...
02:01 J'avais trouvé ça ahurissant de la part d'un président de la République. Deuxièmement, c'était
02:05 d'avoir demandé, je crois, ce rapport et puis d'avoir considéré qu'il y avait...
02:09 - 200 maires avaient travaillé dessus.
02:11 - Voilà, et puis de considérer que ça ne comptait pas. Donc tout ça ne va pas. Il y a un problème.
02:15 Alors j'ai en tête ce qui avait été l'appel de Grilly, il y avait un certain nombre de choses,
02:19 mais je pense qu'il y a une réflexion assez forte à avoir sur ces grandes questions,
02:24 sachant qu'il y a un problème majeur qui doit être une cause nationale,
02:28 c'est la question du trafic de la drogue et des stupéfiants.
02:31 L'addition de la drogue, des addictions,
02:34 suscite un marché avec des consommateurs qui entraînent derrière un trafic et des délinquants,
02:41 qui s'installent dans les banlieues et qui ont tout intérêt d'ailleurs à ce que les banlieues restent des lieux
02:46 un peu à part, à la marge, pour pouvoir continuer à trafiquer.
02:50 Donc on a une vraie question globale à se poser.
02:52 - Vous parlez de ce trafic de drogue justement, il y a souvent cette petite musique qui dit voilà justement
02:57 on contrarie pas trop les banlieues et ces trafics pour s'acheter une forme de paix sociale.
03:03 - Alors je vous vois, on s'achète une paix sociale, on ne s'achète pas une paix sociale,
03:06 on fait le constat qu'il y a un trafic qui est lié à une consommation qui ne cesse d'augmenter,
03:10 avec des drogues en plus qui ne cessent de se différencier.
03:13 On en arrive aujourd'hui avec le protoxyde d'azote, mère que je suis avoir pris un arrêté,
03:18 on se retrouve avec des bouteilles qui sont grandes comme ça, des ballons.
03:20 Toutes ces drogues, toutes ces addictions sont un problème qui suscite derrière un trafic.
03:26 Il faut quand même bien l'avoir en tête. La cocaïne est arrivée il y a 15-20 ans,
03:29 ou même plus que ça en France, elle est arrivée jusque dans les villes de province il y a une dizaine d'années.
03:34 Aujourd'hui il y a des consommateurs réguliers de cocaïne.
03:36 Qu'est-ce que vous vouliez qu'il se passe ? Eh bien il y a les trafiquants de cocaïne.
03:39 - Alors c'est vrai que le trafic de drogue n'est pas nécessairement la cause de ces émeutes.
03:42 Jean-Louis Borloo dont on parlait... - Non, c'est pas la cause,
03:44 mais si on veut travailler sur les causes et la manière dont on va aborder tout ça...
03:48 - C'est une des mesures que vous proposez en tout cas.
03:50 Jean-Louis Borloo mettait en garde contre ce qu'il a qualifié d'un risque de "nouvelle apartheid"
03:54 si on ne menait pas sans relâche le combat de l'égalité et de la mixité.
03:57 Est-ce qu'on en est là ? - Non, je pense que...
03:59 - Stéphane Lefort, est-ce que vous qualifieriez cette crise de crise sociale de crise identitaire ?
04:04 - Non, c'est tous ces mots là sur l'apartheid, j'ai entendu avec Manuel Valls toutes ces rhétoriques.
04:10 Dans ces quartiers, il y a des gens qui souhaitent vivre comme tout le monde.
04:14 Il y a des gens qui réussissent, il y a des jeunes qui réussissent.
04:17 Il faut quand même bien se le mettre dans la tête.
04:18 Et qu'est-ce qu'ils demandent dans ces quartiers ? Ils demandent aussi de la sécurité.
04:21 Et c'est là qu'il y a une confrontation entre la police et une partie des jeunes
04:25 parce qu'il y a une demande très forte de sécurité aussi dans ces quartiers.
04:29 Et c'est ça qu'il faut arriver à repenser et à faire en sorte que cette tension qui existe
04:36 et qui est entretenue par ceux qui ont besoin d'être à la marge de la société
04:40 soit, comment dirais-je, combattue de manière rigoureuse, méthodique et sur le moyen et le long terme.
04:47 Je ne suis pas là en train de dire qu'on va tout éradiquer, je suis là simplement en train de dire que dans ces quartiers
04:52 il y a des gens qui n'aspirent qu'à une seule chose, réussir, avoir une vie tranquille
04:56 et pouvoir profiter eux aussi de la vie. C'est ça l'enjeu.
05:01 Et il ne faut pas dire qu'on va aller vers des apartheid, des lieux...
05:06 Alors j'entends la droite et la droite...
05:08 - C'est ce qu'on dit, oui, justement, je suis là pour dire un peu autre chose.
05:11 - Oui, mais ça a explosé.
05:14 - Oui, mais ça a explosé sur un problème qui est lié au rapport entre une partie de la jeunesse des quartiers et la police.
05:21 Mais la demande de sécurité dans ces quartiers, elle est faite aussi à la police.
05:26 Et tous les jours, quand vous êtes dans une cage d'escalier et que cette cage est occupée et que vous avez du mal à rentrer le soir
05:32 ou que vous avez peur de rentrer chez vous, ce n'est pas un petit sujet.
05:35 Nous tous les jours, les maires... Moi j'ai un quartier QPV qui est un des plus grands quartiers QPV de toute la région des Pays de la Loire.
05:42 Je suis bien placé pour vous le dire.
05:44 Donc tout ça, il faut reposer toutes ces questions-là en sortant aussi un peu de ce qui a été la logique depuis des années et des années.
05:55 Donc là-dessus, je pense qu'il... Mais en même temps, le président de la République le reconnaît lui-même.
05:59 C'était quand même une erreur de tourner une page du rapport Borloo sans même dire quoi que ce soit, ni vraiment faire quoi que ce soit.
06:07 Et en disant en même temps, c'est pas à deux mâles blancs de s'occuper de la ville.
06:10 Ça, ça m'est toujours resté en travers de la gorge.
06:13 - Alors il y a quelques réponses politiques qui commencent à sortir.
06:17 La fin des excuses de minorité, justement, Éric Dupond-Moretti lui a fermé le banc quant à cette demande.
06:24 La fin de l'excuse de minorité voulue par le RN, Dupond-Moretti n'en veut pas.
06:31 Emmanuel Macron, en revanche, ouvre la porte aux sanctions envers les parents impliqués dès la première infraction.
06:38 Est-ce que c'est quelque chose que vous cautionnez ?
06:41 - Je sanctionnais les parents parce qu'il y a des enfants qui sont dehors entre 11 et 14 ou 15 ans alors qu'ils n'ont pas à y être.
06:49 C'est d'abord un aveu de l'échec.
06:53 C'est aussi une grande question qui est liée à la politique du logement.
06:57 Quand on est avec des familles qui sont nombreuses dans des appartements qui ne sont pas adaptés, il y a des gamins qui vivent dehors.
07:03 Pas simplement parce qu'ils ont envie de traîner dehors, mais parce que de toute façon, plus personne ne peut être à 6 ou à 7 ou à 8 dans des T3, T4.
07:10 Donc on a cette question-là à les poser.
07:12 La politique du logement est un enjeu colossal et elle a été ratée, cette politique, depuis le premier quinquennat.
07:19 Il faut quand même se le rappeler.
07:20 Donc il faut aussi tenir compte de tout ça et pas aller simplement dire "je vais sanctionner les parents et comme ça je vais régler le problème".
07:27 Ils ne régleront rien en faisant comme ça.
07:29 Par contre, encadrer, donner des conseils, faire en sorte qu'il y ait à terme aussi des capacités à dire si votre enfant est trop souvent dehors,
07:40 il faut que des assistantes sociales soient capables d'accompagner les parents.
07:44 Et puis il y a potentiellement des sanctions à prendre, mais partir du principe qu'en sanctionnant les parents,
07:50 on va régler le problème, c'est se tromper.
07:52 - Stéphane Le Foll, à la base, Emmanuel Macron est un socialiste, il a été dans un gouvernement appartenant à un gouvernement socialiste.
08:02 Ce genre de propositions, ce sont plutôt des propositions de droite, voire de droite dure.
08:08 Est-ce que ça vous inquiète, ce virage très à droite, que prennent même des centristes, voire des hommes de gauche, comme se revendique Emmanuel Macron ?
08:14 - Le virage à droite, il est en train de se prendre.
08:16 Enfin je veux dire, il s'est pris déjà il y a un certain temps.
08:20 Et le macronisme finira à droite.
08:23 Enfin, il ne faut pas se tromper.
08:25 Le problème, c'est que la gauche telle qu'elle est aujourd'hui est dans l'incapacité d'incarner une alternance.
08:31 C'est quand même ça le sujet.
08:33 - La gauche qui se fait taper dessus en ce moment, je cite par exemple Georges Bensoussan, il a des mots durs, il pointe le gauchisme culturel responsable de la situation.
08:41 C'est vrai qu'il y a beaucoup de critiques sur l'angélisme de gauche.
08:46 La ligne de la France Insoumise, celle de Jean-Luc Mélenchon en particulier, est complètement incompatible, d'abord avec les valeurs que j'ai toujours portées et que je défends,
08:56 et l'idée qu'on puisse gouverner un pays.
08:58 Quand je pense que cette alliance de la nupèce s'est faite avec l'hypothèse d'arriver à gouverner le pays, comment on peut gouverner ?
09:06 Même Olivier Faure, qui ne tire aucune conclusion, considère qu'aujourd'hui il n'est pas d'accord avec ce que dit et ce que voudrait faire Jean-Luc Mélenchon.
09:13 Mais comment on peut imaginer qu'une alliance, sauf à considérer qu'elle est simplement électorale, et ça c'est le pire,
09:20 céder sur les valeurs, céder sur les objectifs, céder sur les projets pour des accords électoraux, politiciens ou politiciens, c'est ce qu'il y a de pire.
09:30 - Clairement ça pose la présence du PS au sein de la nupèce. Je vous pose la question Stéphane Lefaule, le PS peut-il continuer à faire partie de la nupèce ?
09:37 - Je considère qu'aujourd'hui, quand j'ajoute les grandes questions européennes, quand je vois ce qui s'est passé, et de l'aveu même d'Olivier Faure, on n'est pas d'accord.
09:46 Donc si on n'est pas d'accord, on en tire quelle conclusion ? On continue parce que l'accord électoral c'est plus important que les valeurs et que le projet qu'on porte.
09:54 Moi je considère aujourd'hui, au vu de ce qui se passe, que les valeurs et le projet qu'on porte est plus important que l'accord électoral.
10:02 - Stéphane Lefaule, vous avez été l'un des fidèles de François Hollande, vous n'avez jamais renié vos convictions d'homme de gauche, ni votre parti, le PS.
10:09 Aujourd'hui ce parti s'est uni, on vient de le dire, avec Jean-Luc Mélenchon, par la volonté d'Olivier Lefaure.
10:18 Est-ce que vous vous sentez clairement toujours en phase avec le parti socialiste ?
10:23 - Non. Alors là je vous le dis clairement, je ne suis plus en phase avec ce qu'est le parti socialiste aujourd'hui.
10:29 Moi j'ai connu un parti socialiste de plus de 100 000 adhérents, un parti socialiste qui était une force, ou d'opposition, ou au gouvernement, Jospin, Hollande.
10:38 Et je vois des jeunes qui arrivent et qui traitent tous ceux qui ont pu gouverner et qui ont un peu d'expérience d'éléphant parce qu'ils n'ont pas grand chose à dire.
10:46 Le vrai problème c'est quand on veut écrire une nouvelle page, il faut être capable de l'écrire.
10:50 Il ne s'agit pas simplement de tourner une page, il faut en écrire une autre.
10:53 Et aujourd'hui, rien n'est écrit. Pourquoi ? Parce que dans tout ce moment politique, ces dirigeants actuels du parti socialiste confondent, je vous l'ai dit, la question électoraliste, électorale, avec la question politique.
11:08 Qu'est-ce qu'on porte ? Quelles sont les valeurs qu'on défend ? Quelles sont les convictions qu'on va porter et qu'on va défendre ?
11:14 - Ça veut dire quoi Stéphane Lefolk aujourd'hui ? Vous allez quitter le parti socialiste ?
11:19 - J'ai dit clairement que sur la question européenne, je l'avais dit il y a longtemps et j'ai écrit un texte qui s'appelle "Social-Démocratie, j'écris ton nom" et qui est disponible sur ma page Facebook.
11:29 Mais j'ai écrit un texte de 35 pages où j'ai dit et je dis exactement l'analyse de la situation, c'était à la veille des émeutes.
11:37 Moi, si sur la question européenne, on est, comme ça a l'air de se dessiner, dans une hypothèse encore de liste avec la France insoumise, il est hors de question que je reste au parti socialiste.
11:47 Et au vu de ce qui s'est passé aujourd'hui, je me pose la question dès aujourd'hui, parce que quand je vois les divergences fondamentales, comment alors qu'on a des émeutes, qu'on a des risques de violences massives et majeures,
12:01 on continue à agiter et à accroître les tensions plutôt que d'apaiser et d'appeler au calme, moi je considère...
12:08 - Donc vous quitterez le parti socialiste s'il y a une alliance avec la NUPES pour les européennes ?
12:12 - L'alliance en tout cas avec la France insoumise, la ligne de la France insoumise aujourd'hui, est une ligne qui pour moi, j'ai écrit dans mon texte, la gauche du pugilat conduira à la droite dure et à l'extrême droite.
12:24 C'est ça qu'il faut avoir en tête. Alors si c'est ça qu'ils veulent, eh bien il faut qu'ils continuent. Moi, je n'en serai pas.
12:30 - Merci Stéphane Le Foll, merdument.

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