SMART BOURSE - L'invité de la mi-journée : Anis Lahlou (Aperture Investors)

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Mercredi 12 juillet 2023, SMART BOURSE reçoit Anis Lahlou (directeur des investissements, Aperture Investors)
Transcript
00:00 [Générique]
00:10 Venons-en à la partie marché, investissement et à la partie microéconomique également,
00:15 puisque ce sera l'événement de cette fin de semaine.
00:18 Une fois que le chiffre d'inflation aura été digéré par les investisseurs,
00:21 les marchés pourront se focaliser sur les premiers résultats d'entreprise aux Etats-Unis.
00:26 Nous aurons PepsiCo demain dans les produits de consommation courante.
00:29 Et puis le coup d'envoi des grandes banques américaines à partir de ce vendredi.
00:34 Anis Lalou est avec nous en visioconférence, lui aussi directeur des investissements d'Aperture Investors.
00:39 Bonjour et bienvenue Anis. Merci beaucoup d'être avec nous.
00:43 On va parler avec vous du thème de l'IA qui devient évidemment un thème peut-être fondamental
00:48 pour des investisseurs de long terme.
00:50 Mais de manière assez immédiate, quelle est la vue de marché que vous avez à quelques heures,
00:56 quelques jours maintenant du démarrage de cette saison de publication de résultats pour le deuxième trimestre.
01:01 Quels sont selon vous les enjeux et quelles sont les attentes du marché tel que vous pouvez les lire aujourd'hui Anis ?
01:07 Oui, bonjour et merci de votre invitation.
01:11 Alors oui, la saison de résultats est très attendue, effectivement.
01:16 Et malheureusement, je ne pense pas qu'elle puisse trancher le débat qu'on voit aujourd'hui sur le marché.
01:21 Alors pour nous aujourd'hui, le marché est en train d'osciller, osciller entre la résilience et de temps en temps,
01:28 les craintes de fin de cycle.
01:30 Et donc on cherche ces fameux signes de fin de cycle.
01:33 Et je ne pense pas que la session de résultats qu'on va avoir puisse donner une réponse tranchée à cette question.
01:40 En tout cas, là où on est aujourd'hui, c'est qu'il y a un marché qui a envie de croire dans la résilience.
01:45 Et aujourd'hui, dans notre outlook, dans les prix call earnings qu'on a,
01:49 on voit l'impact avec retardement de ces fameux taux qui montent.
01:55 Et on voit des poches de faiblesse dans la construction, dans certains segments de la consommation, etc.
02:01 Néanmoins, je pense qu'on a aussi de la résilience par ailleurs.
02:06 Et c'est ce sur quoi on essaie d'avoir plus de clarté dans cette earnings season.
02:14 Au-delà de l'aspect conjoncturel, cyclique, des messages qui vont être portés par les management et les dirigeants des grandes entreprises,
02:21 je crois que tout le monde sera intéressé de savoir, 6-9 mois après l'avènement du GPT, de l'IA générative,
02:29 la révélation de Chad GPT au monde entier, tout le monde sera intéressé de savoir
02:34 comment et jusqu'où ce thème de l'IA générative se diffuse à ce stade à Nice.
02:39 La question étant de savoir, est-ce que ça reste un thème d'investissement circonscrit encore à quelques méga-caps américaines, essentiellement,
02:48 ou est-ce que c'est déjà un thème qui va au-delà ?
02:51 Oui, ça c'est une question extrêmement intéressante, parce que ce que le marché aujourd'hui price,
02:57 et justement que ce thème est complètement circonspect à ces fameux, ces 7 magnifiques valeurs, et en particulier Nvidia.
03:08 Maintenant, ça ne fait aucun doute que c'est un outil, l'IA, que l'IA générative est un outil qui est le plus généraliste,
03:18 et donc la diffusion de l'impact de cet outil, non seulement elle est dans les plus grandes masses,
03:27 et elle est à attendre, elle n'est pas encore venue, on ne l'a pas encore vue,
03:31 mais en plus de ça, elle est de nature à soutenir l'ensemble de l'économie si elle se met en marche,
03:36 et par rapport à ce qu'on disait par rapport à la running season, les craintes de fin de cycle,
03:43 il est fort probable aussi que l'impact de l'IA et de la diffusion de l'IA viennent amortir le choc un petit peu de tout ralentissement économique qu'on peut observer.
03:56 C'est intéressant parce que le secteur technologique faisait les gros titres en début d'année,
04:00 parce que c'était un pourvoyeur de licenciement d'une certaine manière,
04:04 et puis on voit quand même que ce phénomène de licenciement s'est stoppé assez vite,
04:09 avec l'arrivée justement de l'IA générative au sein de cet univers technologique,
04:14 et on voit aujourd'hui les offres de poste pourvues, délivrées par les grands groupes technologiques,
04:20 qui sont en train de rebondir en flèche, on voit bien cette mécanique tout de suite se mettre en place.
04:26 Au-delà du seul univers tech, Anis, comment est-ce que vous voyez ce thème se diffuser ?
04:31 Quels sont pour vous peut-être les industries ou les secteurs qui vont se retrouver assez vite en première ligne,
04:37 et pour lesquels en tant qu'investisseurs il est peut-être déjà intéressant de regarder un petit peu les enjeux ?
04:43 Oui, alors si on regarde l'impact de l'IA jusqu'à présent, ça a été tech, et certaines valeurs dans la tech, les plus grandes,
04:51 ça a été large cap, et ça a été aussi exactement la même histoire en Europe.
04:56 Quand on regarde le marché européen, les méga caps font plus qu'un, les petites font plus qu'quatre, et donc il y a un gap de 10%.
05:03 Je pense que ça c'est intéressant, parce que l'un des enjeux de l'IA justement, c'est de donner des outils qui permettent d'être hyper productifs,
05:11 et en fait qui vont faciliter la vie à beaucoup de small cap.
05:15 Donc je pense que c'est une chose qu'il faut garder à l'esprit, et il faut vraiment essayer de trouver les bonnes opportunités dans ce segment-là.
05:24 Et aussi quand on pense à l'IA générative, c'est plus les applications de l'IA générative qui sont de nature à m'enthousiasmer,
05:32 puisque par exemple quand on regarde des boîtes, des sociétés comme NVIDIA, qui est au cœur de cette histoire,
05:38 et bien on voit que le CEO de NVIDIA était partout en Europe à parler à des grands groupes industriels pour voir comment est-ce qu'on peut appliquer des produits de NVIDIA,
05:47 notamment un produit Omniverse, dans les usines, comment est-ce qu'on peut automatiser les usines.
05:52 Je pense que ce n'est pas anodin, par exemple au premier trimestre de cette année,
05:56 on a vu des grands constructeurs automobiles allemands ouvrir leur première usine digitale.
06:01 Donc je pense qu'on est au début de quelque chose qui peut être très intéressant.
06:05 Ce que j'entends par usine digitale, je parlais d'un grand groupe, un constructeur automobile allemand,
06:12 ils ont ouvert une usine qui est la copie digitale d'une véritable usine, qu'ils vont construire.
06:21 Donc avant même de construire leur usine en 2025, qui va produire des véhicules électriques,
06:25 ils ont une copie digitale qui aujourd'hui est opérationnelle, dans laquelle ils peuvent faire des simulations, des changements de machines, des changements de robots.
06:33 On est en train de se diriger vers un monde où on peut avoir des robots sans apprentissage,
06:40 qu'on met dans les usines et qui permettent d'augmenter la productivité de manière assez substantielle.
06:46 Comme je le disais, l'impact peut réduire tout ralentissement économique qu'on peut avoir dans les prochains mois.
06:54 Le jumeau digital, j'adore parce que j'ai en tête qu'un Bernard Charless, alors qu'il n'est plus aujourd'hui CEO d'Assosystem,
07:01 ça fait des années qu'il nous parle du jumeau digital et des solutions que Dassault Systèmes apporte justement pour créer ses copies numériques, ses copies digitales.
07:10 Qu'est-ce que ça apporte concrètement à une industrie comme l'industrie automobile que vous citez à Nice,
07:16 d'avoir la capacité de modéliser avant même la réalisation et la construction de l'usine ?
07:22 Oui, c'est un très bon point, le premier point que vous faisiez sur Dassault Systèmes.
07:27 Il faut rappeler que l'Europe est en avance sur tout ce qui est copie digitale, digital twin, c'est une technologie qu'on connaît bien en Europe aujourd'hui.
07:35 Qu'est-ce que ça apporte ? Ce que ça apporte déjà, c'est qu'avec l'intelligence artificielle générative,
07:40 on va avoir une interopérabilité entre les usines, entre les softwares, que ce soit Dassault, mais pas que Dassault, Dassault avec les autres softwares.
07:49 Ça veut dire que quand on peut mettre un robot dans une usine, on n'a pas besoin d'y apprendre ce que les autres softwares vont faire.
07:56 Et donc, on a cette interopérabilité grâce à l'intelligence artificielle.
08:01 Qu'est-ce que ça apporte concrètement pour ces sociétés ? C'est des marges qui sont beaucoup plus résilientes.
08:07 Et je pense qu'on parle du secteur auto, on l'a vu, dans la crise Covid, à la sortie de la crise Covid, on a des marges qui sont à des niveaux historiques, à des niveaux records.
08:18 Une des raisons pour laquelle on a ces marges dans le secteur auto qui sont très résilientes, c'est qu'on a eu recours à ces méthodes flexible production,
08:27 avec beaucoup d'automatisation et beaucoup de digitalisation dans les supply chain qui ont permis d'avoir ces niveaux records de marge.
08:35 Demain, avec plus d'intelligence artificielle dans les usines, on peut imaginer que ces marges continuent à être très résilientes.
08:43 Il restera quelque chose de ces marges records dans le secteur automobile, parce que parmi les facteurs qu'on a mis en avant, ça reste quand même une industrie de masse.
08:50 Pour beaucoup, je mets de côté Ferrari ou quelques autres, mais on a beaucoup évoqué aussi le problème de supply chain, le problème d'offres, d'accès aux composants, etc.
09:00 qui a permis justement à ces constructeurs de se concentrer sur les modèles les plus margés.
09:06 On imagine qu'au fur et à mesure de la détente des chaînes de valeur, ils vont pouvoir reprendre la production de masse qu'ils avaient au moins en partie avant à Nice.
09:15 Mais il restera quand même quelque chose des niveaux de marge qu'ils ont pu atteindre pendant cette période Covid.
09:20 Il y a un changement de statut peut-être derrière le secteur automobile qui est en train de se mettre en place ?
09:25 Je pense que oui, les constructeurs allemands dont je parlais, ce n'est pas nécessairement des constructeurs de masse.
09:30 Là, on parlait de constructeurs plutôt premium.
09:33 Donc pour eux, je pense que l'équation est un tout petit peu différente.
09:38 Mais je pense que oui, je pense que plus d'automatisation fait qu'il y a moins de levier opérationnel et des meilleures marges pour les constructeurs.
09:47 C'est un exemple, je parle du secteur automobile, mais on peut parler de l'industrie dans toute sa diversité.
09:54 C'est un bon exemple parce que je regardais quand même les performances sectorielles depuis le 1er janvier en Europe.
10:00 Je crois que le secteur automobile se tient très bien et aussi bien que les grands gagnants qui sont encore les secteurs technologiques,
10:08 sans même citer le luxe et le fashion en Europe.
10:11 Ça fait partie des secteurs qui tiennent bien.
10:14 Oui, tout à fait. On a des +20 sur le secteur de l'automobile depuis le début de l'année.
10:18 C'est un secteur qui se porte extrêmement bien.
10:20 C'est ce que je disais au début, on a cette fameuse résilience de l'économie qui permet d'arriver à ces résultats.
10:27 On a aussi l'effet marge et effectivement, pour l'instant, les choses se passent extrêmement bien.
10:35 En allant de l'avant, il est fort probable que ce qu'on a vu, cette fameuse résilience des marges, continue avec l'IA.
10:43 C'est le message.
10:44 Merci beaucoup Anis.
10:45 Merci pour votre analyse de cette situation de marché autour notamment du thème de l'IA,
10:51 qui restera évidemment le grand thème que 2023 aura vu naître dans les marchés et chez les investisseurs.
10:59 Anis Lallou, directeur des investissements d'Aperture Investors, qui était avec nous en visioconférence.
11:03 Voilà pour cette édition Smart Bourse de la mi-journée.
11:06 On se retrouve évidemment à 17h en direct sur Bsmart.
11:09 [Musique]

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