Je veux obtenir justice pour mon fils disparu

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Soumia est de ces mères courage qui a dû affronter la pire des épreuves : la perte d’un enfant.  Son fils Othmane à peine âgé de 7 ans, a perdu la vie dans un terrible accident d’ascenseur dans un bâtiment d’une cité de Mantes-la-Jolie.  Selon elle, c’est la négligence et l’inaction de l’ascensoriste qui a causé la le décès de son fils. Depuis, elle ne cesse de se battre pour que justice soit faite, après quoi elle espère enfin pouvoir faire son deuil.  La famille a créé une pétition de soutien pour obtenir justice : https://www.change.org/p/ministre-de-la-justice-justice-pour-othmane  Suivez la famille sur instagram pour voir l'avancée de l'affaire : https://www.instagram.com/justice_pour_othmane/?hl=fr   Ils sont également présents sur facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100075554521010  Suivez O-Rigines le nouveau média qui s’intéresse à l’histoire des histoires. Podcast : bit.ly/Origines_podcast Youtube : https://www.youtube.com/@originesmedia Instagram : https://www.instagram.com/origines.media Twitter : https://twitter.com/Originesmedia TikTok : https://www.tiktok.com/@originesmedia

Transcript

00:00 Je suis la maman du petit Othmane,

00:02 décédé dans un accident d'ascenseur à Montelajolie.

00:05 C'était le 10 octobre 2015.

00:07 Othmane avait 7 ans.

00:08 Il a pris l'ascenseur pour aller rejoindre son frère,

00:11 qui l'attendait pour aller chercher un truc à manger.

00:14 Je lui donnais les pièces qui manquaient

00:15 parce qu'il voulait m'offrir un sandwich à moi aussi.

00:17 Il a pris sa trottinette pour aller plus vite.

00:19 Moi j'attendais parce que normalement il ne devait pas tarder,

00:22 son grand frère est revenu.

00:23 Il m'a dit "Othmane il est là ?"

00:25 Je lui ai dit "non, il est parti te ramener les pièces qui manquaient."

00:28 Il m'a dit "non, il n'est pas venu."

00:30 Je l'ai vu, il soufflait, je lui ai dit "pourquoi tu n'as pas pris l'ascenseur ?"

00:32 Il m'a dit "il ne marche pas."

00:33 Il a pris les escaliers, après moi je suis descendue avec lui.

00:36 On a cherché dans le quartier avec les voisins

00:39 et aussi ils ont commencé à chercher avec nous.

00:41 J'ai vu qu'il y avait des jeunes,

00:43 ils tapaient les portes et appelaient "Othmane, Othmane"

00:45 Moi je leur ai dit "arrêtez de chercher dans l'ascenseur"

00:47 parce que tout le temps on a l'habitude qu'il tombe en panne.

00:49 Il n'est pas dedans, allez chercher ailleurs avec moi.

00:52 Mais malheureusement, nous on cherchait aux alentours dans le quartier

00:56 alors que mon enfant était juste à côté.

00:58 Déjà mort dans l'ascenseur, juste à côté de mes pieds, à côté de moi.

01:02 Cet ascenseur est tombé tout le temps en panne.

01:05 Il y avait un dysfonctionnement au niveau des portes.

01:07 Donc il y avait un espacement à la base des portes

01:11 qui était relevé par les expertises.

01:14 La route de sa trottinette est rentrée dans cet espacement des portes

01:17 et l'ascenseur se met à marche.

01:19 La trottinette a redressé et le guidon est retrouvé au niveau de sa gorge.

01:25 Il est mort asphyxié à cause de ça.

01:27 Il y avait une voisine qui m'a bloquée.

01:29 Elle m'a dit "je ne veux pas que tu ailles voir".

01:33 La seule chose que je me rappelle c'est que mon frère est sorti avec Othmane dans les bras.

01:37 Il est ancré dans une voiture à l'hôpital.

01:40 Je suis partie en courant à l'hôpital.

01:43 J'ai vu mon mari effondré, en train de pleurer.

01:47 Après les médecins m'ont pris et m'ont mis dans une chambre.

01:50 Ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient rien faire, que c'était trop tard et que mon enfant est parti.

01:56 Le dernier souvenir que j'ai de mon enfant c'est quand il a claqué la porte.

02:02 C'était avec son sourire, il a fermé la porte et il est parti.

02:07 J'étais contente quand ils m'ont proposé cet appartement.

02:11 J'avais trois enfants et j'habitais en été 5 dans un F2.

02:13 Cet appartement, même s'il est au 7ème étage, je l'ai pris.

02:17 J'étais contente, j'ai dit "enfin mes enfants auront une chambre à eux, tout seuls".

02:21 Après le drame, on a porté plainte contre Montoni Veni Labita, le bailleur, et contre Otis.

02:27 Malheureusement, le bailleur a profité de la lenteur de la justice pour faire une désolution d'équitation.

02:34 Il n'existe plus. Il est condamné à un tiers de responsabilité.

02:37 Il y avait un devis de réparation qui était proposé par Otis, que le bailleur a refusé d'accepter.

02:43 Donc il ne l'a pas validé.

02:45 Otis a été condamné pour homicide involontaire.

02:50 Le procureur a fait appel.

02:52 On a eu un deuxième procès à la cour d'appel avec Otis.

02:56 Il a été condamné pour la deuxième fois.

02:58 Et là, ils ont formé le premier pourvoi de cassation pour motifs que leur avocat n'a pas eu la dernière parole.

03:05 La cour de cassation a cassé la condamnation.

03:09 Donc on est parti encore pour une troisième fois pour un nouveau procès devant Otis.

03:14 La cour d'appel a condamné Otis pour homicide involontaire.

03:19 Malheureusement, après le verdict, on a été formé par un autre avocat,

03:24 qu'Otis a formé un deuxième pourvoi de cassation.

03:27 Ils disent qu'Otman a participé à son décès.

03:30 Donc c'était la faute à Otman, ce n'était pas la faute de leur négligence.

03:35 Et que c'est la faute de nous les parents.

03:37 Alors que si l'ascenseur était sécurisé, Otman l'aurait pris sans aucun danger et il serait toujours en vie.

03:44 Je voulais préciser que Otman, ce n'est pas un cas isolé.

03:47 Il y a d'autres enfants qui ont perdu leur vie à cause de ces ascenseurs.

03:51 C'est malheureux, chaque année qu'il y a un drame.

03:54 Vraiment, il faut que ces entreprises travaillent bien les normes de sécurité.

03:58 Ils font bien leur travail.

04:01 Ils disent que l'agent de maintenance n'arrive pas à régler ce problème d'espacement.

04:08 Comment une entreprise mondialement connue comme Otis,

04:11 n'arrive pas à régler un espacement de porte ?

04:14 Ils savaient qu'il y avait un problème au niveau de cet ascenseur.

04:17 Pourquoi ils n'ont pas mis un arrêt pour le réparer ?

04:20 C'est ça que je n'arrive pas à comprendre.

04:22 C'est dans leurs droits.

04:23 Ils utilisent des arrêts pour échapper à chaque fois à la justice,

04:26 mais ils ne savent pas qu'ils parlent d'un enfant, d'une famille derrière.

04:30 Aujourd'hui, on est détruit à cause d'eux.

04:33 On est brisé, on ne vit plus.

04:35 Notre vie, elle a changé.

04:37 Mes enfants, à chaque fois, me demandent pourquoi je suis triste.

04:39 Mais je n'arrive pas à leur expliquer.

04:40 Ils sont encore petits.

04:41 Pourquoi tu es triste ?

04:42 Pourquoi tu ne rigoles plus ?

04:44 Pourquoi tu ne veux pas qu'on fasse ça ?

04:46 Je n'arrive pas à expliquer à mes enfants que je ne peux pas.

04:49 Tant que cette affaire n'est pas réglée, que la justice n'est pas rendue,

04:54 pour Haughtman, je ne peux pas avancer, je ne peux rien faire.

04:57 Si leur travail était bien fait, mon enfant serait encore en vie.

05:01 Il aurait 15 ans.

05:03 Il serait l'année prochaine au lycée.

05:06 Je voulais dire à Haughtman que mon enfant, ce n'est pas un numéro de dossier dans leur archive.

05:10 Oui, il y avait d'autres habitants.

05:12 Ils ont signalé qu'il y avait des problèmes dans cet ascenseur.

05:15 Et même, ça a été dit avec les représentants des locataires et le bailleur.

05:19 C'est après le drame que les travaux se sont effectués.

05:22 Ils ont renouvelé 50 % du parc après le décès de Haughtman.

05:27 50 % des ascenseurs de ce parc étaient défectueux.

05:30 Donc, ils ont mis tous les ascenseurs en arrêt.

05:32 Ils ont placé des tôles parce qu'il manquait des tôles.

05:35 Il fallait que mon enfant perde sa vie pour qu'il y ait vraiment des travaux sérieux pour ces ascenseurs d'autisme.

05:41 C'est un drame qui m'a beaucoup touchée, que je souffre jusqu'à aujourd'hui,

05:46 et qui a touché aussi ma famille.

05:48 Haughtman avait des frères, des salariés, et il souffre beaucoup.

05:51 Je le vois souffrir, mais je ne peux pas l'aider.

05:53 Depuis le drame, il n'a jamais parlé de son frère.

05:56 Il n'a jamais prononcé son prénom.

05:58 Il refuse complètement qu'on discute avec lui.

06:02 On a essayé de lui imposer des aides psychologiques au début, il a accepté,

06:06 mais maintenant il refuse parce que là, c'est un adolescent, donc il ne veut pas.

06:09 À chaque fois, il me dit "Laissez-moi faire mon deuil tout seul, à ma manière".

06:13 Il a mis ça dans sa tête que c'est lui le responsable, et qu'il devait être avec son frère.

06:18 Donc actuellement, je n'ai pas perdu qu'un enfant, mais j'ai perdu deux.

06:23 Il s'est renfermé sur lui, il n'a pas de copain, il n'est pas sociable, il ne sort plus de la maison.

06:30 Il n'y a que la justice, il n'y a que la condamnation,

06:34 qui peut enlever ce poids qu'il porte, ce poids-là, 8 ans qu'il porte.

06:39 Haughtman a laissé son frère dans mon ventre, parce qu'au moment du drame, j'étais enceinte de 4 mois.

06:45 Haughtman, il ne va jamais voir son frère, et à chaque fois, il me pose des questions.

06:49 "Est-ce que c'est vrai que je lui ressemble ? Est-ce que c'est vrai que j'ai presque le même âge que mon frère ou les décédés ?"

07:00 Donc plein de questions que je me retrouve incapable de lui répondre, parce que ça me fait mal.

07:07 Donc j'aimerais bien que la justice condamne cette entreprise fermement,

07:11 que ça n'y aura pas d'autres drames, que je puisse enfin me reconstruire et profiter de mes autres enfants qui m'attendent.

07:19 Après le premier pourvoi de cassation d'autisme, j'ai lancé une pétition sur le réseau.

07:23 J'ai une page Facebook, Instagram et TikTok pour réclamer justice à mon enfant et pour faire entendre ma voix,

07:31 la voix d'Haughtman, la voix de la justice, et j'espère qu'il y aura une justice pour lui.

07:35 Eux, ils ont le pouvoir de l'argent, mais moi, je suis une maman, j'ai le pouvoir de l'amour que je porte à mon enfant.

07:41 Et c'est cet amour qui me relève tous les jours et qui m'aide à avancer dans ce combat.

07:48 Donc je ne vais pas lâcher et je ne lâcherai rien pour Haughtman.

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