• l’année dernière
Gangsters Les Diables De L Amérique S03E09 Mery Valencia La señora

Category

📺
TV
Transcription
00:00 En 1984, 1985, 1986, la cocaïne inonde le comté de Miami-Dade.
00:06 On estime à près de 100 000 le nombre d'immigrés clandestins colombiens
00:10 qui vivent du trafic de drogue dans le sud de la Floride.
00:13 Les policiers ont été surpris parce qu'ils ne s'attendaient pas
00:16 à ce qu'un réseau de trafic de stupéfiants soit dirigé par des femmes.
00:20 Le cartel de Cali ne recrutait que les meilleurs éléments.
00:24 Mary Balencia avait fait ses preuves.
00:27 Elle utilisait ses soeurs et ses cousines pour livrer la drogue
00:30 parce que les femmes étaient moins contrôlées que les hommes.
00:34 Ça fonctionnait tellement bien qu'elle a commencé à importer non plus des kilos, mais des tonnes.
00:40 Elle avait des maisons entières remplies de billets de banque.
00:44 La scène de Scarface, où on voit Al Pacino rentrer dans une banque
00:48 avec un sac plein de dollars comme le Père Noël, ça arrivait.
00:52 Mary Balencia dirigeait des salons de beauté en Colombie
00:56 qui lui servaient de couverture.
00:58 Elle notait tout. Ça, c'était une grave erreur.
01:03 Ils la cherchent. Ils ont une photo.
01:06 Elle avait changé son apparence. Elle n'avait plus le même visage.
01:09 Si le cartel de Cali veut votre peau, vous êtes morts.
01:13 Vous pouvez être bon, vous pouvez gagner beaucoup d'argent,
01:16 mais plus vous travaillez longtemps dans le trafic de drogue,
01:19 plus vous augmentez vos risques de finir derrière les barreaux ou six pieds sous terre.
01:23 [Musique]
01:36 Aujourd'hui dans Les Diables de l'Amérique, la señora Mary Balencia.
01:41 [Musique]
01:48 Chaque année, Rio de Janeiro organise son carnaval,
01:51 la plus grande fête du monde.
01:54 J'adore, j'adore, la samba, les belles femmes, il n'y a rien de mieux.
02:00 Chaque jour, deux millions de visiteurs envahissent les rues,
02:04 mais en 1997, les forces de police locales et internationales
02:08 ne s'intéressent qu'à une seule personne.
02:11 Faire en sorte que plusieurs personnes travaillent sur une même affaire
02:17 est parfois impossible, même au sein de votre propre groupe.
02:22 Alors imaginez quand il s'agit d'autres agences, d'autres pays.
02:27 La chasse à l'homme international vise une femme d'âge moyen,
02:30 une baronne de la cocaïne, Mary Balencia, alias la señora.
02:35 [Musique]
02:41 Elle était petite et légèrement trapue.
02:45 Elle ne mesurait pas plus d'un mètre cinquante.
02:48 Elle était d'origine colombienne.
02:51 Mary Balencia était au sommet.
02:54 Elle était la trafiquante colombienne la plus puissante
02:57 sur le marché de la drogue américaine à l'époque.
03:01 Je pense qu'elle figure dans le top 5 des plus grandes trafiquantes de drogue de tous les temps.
03:07 Mary Balencia était au-dessus de Griselda Blanco,
03:12 au-dessus de Sandra Avila Beltran et des autres baronnes de la drogue.
03:18 Pourquoi ? Parce qu'elle a réussi à faire entrer plus de cocaïne aux États-Unis
03:24 que n'importe laquelle d'entre elles.
03:27 C'était un gros bonnet.
03:30 Si Griselda Blanco laisse des cadavres dans son sillage...
03:34 C'est une fusillade digne d'un vieux western.
03:38 Dieu seul sait combien de balles ils ont reçues.
03:42 La señora utilise sa sexualité pour se hisser jusqu'au sommet.
03:47 On m'a dit que Mary Balencia était bisexuelle.
03:51 Elle employait une équipe de femmes pour transporter la drogue.
03:55 Il y avait des rumeurs selon lesquelles Mary Balencia
03:58 avait des relations avec certaines des femmes qui travaillaient pour elle.
04:02 C'était des personnes en qui elle avait confiance et qui étaient loyales envers elle.
04:07 Parce qu'elle a besoin d'employer la force, elle a recours à un homme.
04:12 Un certain Edgar Balero, également appelé Beto, travaillait sous ses ordres.
04:18 Une de ses méthodes préférées, quand quelqu'un le doublait,
04:21 c'était de prendre deux poutres, d'y attacher des chaînes
04:24 et d'écarteler lentement la personne.
04:28 Le réseau de la señora s'étend sur tout le territoire américain dans les années 1980,
04:35 période durant laquelle le commerce de la cocaïne colombienne connaît son apogée.
04:40 Elle travaille à la fois pour le cartel de Medellín et pour celui de Cali.
04:44 Ces deux pourvoyeurs se partagent plus de 90% du marché mondial de la cocaïne.
04:49 Ça représentait des sommes faramineuses, des milliards de dollars.
04:55 Les cartels colombiens ont commencé à exporter des tonnes de poudre vers les États-Unis.
04:59 Ils ont créé un marché et une demande.
05:01 Les gens qui n'avaient jamais entendu parler de la cocaïne connaissaient tout à coup le prix au gramme.
05:05 Ça, c'est la meilleure cocaïne au monde.
05:08 Le produit fini a été sniffé ou fumé par 22 millions d'Américains.
05:13 Le trafic sur le sol américain a atteint de telles proportions
05:16 que la saisie de près de 400 kilos de cocaïne à Miami n'a même pas d'impact sur les barons de la drogue.
05:21 C'est un commerce qui représente 100 milliards de dollars par an.
05:26 Sur un marché aussi lucratif, quiconque ose faire du tort aux cartels en paie le prix fort.
05:31 L'histoire nous a enseigné une chose.
05:36 Comme on le voit dans le parrain, si les cartels veulent votre peau, ils vous tueront.
05:40 Les explosions se sont produites à quelques minutes d'intervalle.
05:43 Les trois bombes ont provoqué d'importants dégâts dans le quartier des affaires de la ville de Cali.
05:48 Selon la police, ce serait l'œuvre de narcotrafiquants.
05:54 Engagée par le cartel de Cali, Mary Balencia réussit à échapper à la justice pendant des années.
06:00 Elle savait qu'elle était dans le collimateur du gouvernement fédéral et elle a fui.
06:06 En 1995, lorsqu'on l'a recherchée, elle était basée en Colombie.
06:10 Elle était invisible. Elle avait adopté un profil bas.
06:14 Elle quittait très rarement, voire jamais, la Colombie.
06:18 Mais pendant le carnaval, elle a voulu aller à Rio.
06:24 Le FBI a su qu'elle allait se rendre au Brésil pour le carnaval.
06:28 Et a pris des dispositions pour surveiller l'aéroport.
06:32 La DEA s'est également rendue au Brésil.
06:35 L'opération s'est faite en coordination avec la police fédérale brésilienne.
06:39 J'ai dit, on va surveiller tous les avions qui sont partis de Cali en Colombie
06:44 et se poser à Rio de Janeiro, parce que je ne me déplace pas pour rien.
06:48 Malgré leurs efforts, la police a été très prudente.
06:52 Malgré leurs efforts, ils ne trouvent pas la fugitive.
06:55 Personne ne ressemblait à la photo qu'ils avaient.
07:00 Une fois de plus, Mary Balencia semble avoir échappé à la police.
07:05 Celle que les membres de son organisation appellent la "Señora"
07:09 s'est élevée à un rang que peu d'hommes et de femmes sont parvenus à atteindre dans le milieu de la drogue.
07:18 La parité homme-femme n'est pas respectée dans le trafic de la drogue.
07:22 Il est notoirement dominé par les hommes.
07:26 Les femmes, elles, transportent la drogue ou blanchissent l'argent.
07:31 Mais Mary Balencia était une des rares femmes à la tête de sa propre organisation.
07:38 Mary, c'était la patronne, tout le monde le savait.
07:43 C'était une femme d'affaires remarquable.
07:47 Elle a dirigé une organisation que peu de gens auraient été capables de diriger.
07:51 Elle a probablement fait bien mieux que beaucoup d'hommes à sa place.
07:55 Les Colombiens considèrent le commerce de la drogue comme un commerce.
08:01 La cocaïne est une marchandise pour eux.
08:03 Mary Balencia est une force devant elle toute seule pour les cartels.
08:09 L'une des clés de sa réussite est la main de fer avec laquelle elle contrôle son organisation.
08:16 Elle travaille avec des membres de sa famille, avec ses soeurs et ses cousines,
08:21 avec des gens en qui elle a confiance.
08:23 Ce qui la distinguait, c'était que ses principaux lieutenants étaient des femmes.
08:32 Il était logique qu'elle emploie beaucoup de femmes,
08:36 puisqu'elle utilisait des boutiques de produits de beauté comme couverture en Colombie.
08:41 Il aurait paru étrange que ce soit des gros durs avec des tatouages dans le cou qui vendent du maquillage.
08:47 Au début des années 1980, bien avant que les policiers américains n'entendent parler de la señora,
08:53 elle travaille à Miami dans l'anonymat le plus complet.
08:56 Elle est devenue quelqu'un qui rendait service à des gens en Colombie.
09:02 Et ça a évolué vers le trafic de drogue et le blanchiment d'argent.
09:08 Elle a développé son organisation progressivement,
09:11 mais elle est devenue très importante et très complexe.
09:14 Mary Balencia finit par arrêter de vendre de la drogue depuis Miami
09:20 et commence à en importer dans le pays.
09:22 Mary Balencia utilisait principalement des bateaux ultra rapides
09:30 pour convoyer la cocaïne par les Caraïbes.
09:34 La transporter jusqu'à Puerto Rico revenait à la faire entrer aux États-Unis,
09:38 parce que Puerto Rico est un État libre associé aux États-Unis
09:43 et qui ne subit pas de contrôle douanier strict.
09:46 Une fois que la drogue était sur le sol américain,
09:50 elle avait des planques dans tout le pays.
09:52 Elle avait des planques dans plusieurs villes,
09:56 dont Houston, New York, Costa Mesa, Los Angeles.
10:00 Son réseau de distribution était très développé.
10:03 Il était national aux États-Unis.
10:05 Son vaste réseau lui vaut le respect du cartel.
10:11 Il lui rapporte également de l'argent, énormément d'argent.
10:16 Au cours de notre enquête, nous avons surveillé l'argent.
10:21 Nous avons suivi le gros de l'argent qui était réparti dans des parfumeries
10:24 et dans des boutiques de la cartel.
10:27 Nous avons suivi le gros de l'argent qui était réparti dans des parfumeries,
10:30 des bijouteries.
10:32 Des centaines de milliers de dollars étaient déposés dans ces boutiques
10:35 et blanchis pour Mary et ses associés.
10:38 Mary Balencia était au sommet.
10:41 Était-elle un assassin horrible ? Pas à proprement parler.
10:44 Mais son arme, c'était la cocaïne.
10:47 Et avec cette drogue, je suis certain qu'elle a tué des centaines de personnes.
10:56 Miami.
10:57 À l'époque de deux flics à Miami dans les années 1980.
11:00 L'une des grosses villes de South Beach pendant les beaux jours des cow-boys de la cocaïne
11:05 est une petite femme colombienne qui tient une boutique d'encadrement.
11:09 Mary Balencia gagne des millions de dollars par an.
11:13 Et ce n'est pas en accrochant des tableaux au mur.
11:22 Mary Balencia faisait entrer facilement 25 tonnes de cocaïne aux États-Unis.
11:27 Ce qui devait représenter bien plus d'un milliard de dollars.
11:31 La scène de Scarface où on voit Al Pacino rentrer dans une banque
11:37 avec un sac plein de dollars comme le Père Noël
11:40 et le déposer sur le bureau du directeur de banque,
11:43 c'était vrai.
11:44 Ça arrivait.
11:45 Et ça arrivait souvent.
11:47 Ce qui a éveillé les soupçons des policiers,
11:49 c'est que l'année dernière, les banques du sud de la Floride
11:52 ont enregistré une augmentation de 6 milliards de dollars pour les dépôts en espèces.
11:56 Elles avaient des maisons entières remplies de billets de banque à Miami
12:02 qu'elles s'efforçaient de transférer en Colombie
12:05 parce que les dirigeants des cartels et les gens qui fabriquaient la cocaïne
12:09 avaient besoin de cet argent en Colombie,
12:12 pas à Miami.
12:18 Pendant des années, la señora parvient à faire rentrer l'argent au pays.
12:22 Mary Balencia est née dans la région de Cali en Colombie en 1953.
12:29 Elle naît en plein cœur de la violencia, la violence,
12:33 une période de guerre civile et d'instabilité politique
12:36 qui déchire la Colombie pendant 10 ans.
12:39 Mary Balencia a grandi dans une région proche de Cali,
12:45 à Santa Rosa de Cabal.
12:47 C'était une petite ville très pauvre.
12:50 Elle a connu une enfance très pauvre,
12:53 mais je ne connais aucun trafiquant de drogue qui ait grandi dans le luxe.
12:57 Quelqu'un issu d'une famille privilégiée d'Amérique centrale ou d'Amérique latine
13:01 ne devient pas trafiquant de drogue parce qu'il n'en a pas besoin.
13:04 Ceux qui deviennent trafiquants, ce sont les enfants des rues, comme Mary Balencia.
13:07 Ceux-là veulent s'en sortir, et pour s'en sortir,
13:10 ceux qui ont l'ambition et la volonté de faire autre chose se tournent vers la drogue.
13:14 Elle a la motivation, l'ambition,
13:17 et sa situation géographique lui en donne la possibilité.
13:20 Les membres du cartel de Cali adoraient aller chez elle
13:25 parce qu'ils s'y sentaient en sécurité.
13:28 Ils allaient s'y reposer, ils faisaient la fête dans sa ville.
13:33 Très tôt, à l'adolescence,
13:37 Mary Balencia a commencé à faire la connaissance de ces individus.
13:43 À l'époque, le principal acteur du trafic international de cocaïne
13:47 est Pablo Escobar, de la ville de Medellín.
13:50 Medellín était le fief traditionnel.
13:54 La ville se considérait comme l'initiatrice, la mère du trafic de cocaïne.
13:58 Mais la ville de Cali était tout aussi ambitieuse.
14:01 Le cartel de Cali était un cartel beaucoup plus professionnel.
14:05 Il ne recrutait que les meilleurs éléments.
14:09 Le cartel de Cali était plus axé sur le commerce.
14:12 Ils évitaient la violence.
14:14 Ils n'y avaient recours que lorsqu'ils la jugeaient nécessaire,
14:17 pas pour impressionner, comme le faisait Pablo Escobar.
14:20 Ils veillaient à très soigneusement compartimenter les informations.
14:27 Ils faisaient en sorte que leurs membres en sachent le moins possible.
14:32 Un membre connaissait la personne au-dessus de lui, et en dessous,
14:36 mais ne connaissait personne d'autre.
14:39 De cette façon, s'il était arrêté par la police et devait coopérer,
14:42 il avait peu d'informations à fournir.
14:45 Au début des années 1980,
14:50 ses liens avec le cartel de Cali sont payants.
14:53 Ils l'envoient aux États-Unis et la mettent au travail.
14:56 Au milieu des années 1980, elle arrive à Yahalia et met en place un réseau.
15:01 En 1983, 84, 85, 86, la cocaïne inonde le comté de Miami-Dade.
15:07 On estime à près de 100 000 le nombre d'immigrés clandestins colombiens
15:11 qui vivent du trafic de drogue dans le sud de la Floride.
15:14 La filière colombienne de Miami représente 80 % des 20 milliards de dollars annuels
15:18 que génère le trafic de cocaïne.
15:21 On ne saurait trop insister sur l'ampleur de l'épidémie de cocaïne.
15:25 Pendant les années 60, les Américains ont goûté à beaucoup de drogue,
15:29 du cannabis jusqu'au LSD.
15:32 Certains avaient peut-être entendu parler de la cocaïne,
15:35 mais ce n'était pas une drogue courante.
15:38 Ce n'est que dans les années 70 que les cartels sud-américains
15:41 ont compris le pouvoir de la culture de la coca et de ce qu'ils produisaient,
15:45 un pouvoir de milliards de dollars de bénéfices.
15:49 Les autorités fédérales sont loin d'imaginer que c'est une petite femme colombienne
15:54 qui dirige l'approvisionnement.
15:58 Les dirigeants du cartel ont rapidement compris que s'ils la formaient
16:02 et la faisaient entrer dans leur business,
16:05 elle ferait du bon travail pour eux.
16:08 Il a toujours été primordial pour les dirigeants en Colombie
16:12 de trouver des Colombiens qui avaient un passeport américain,
16:15 parce qu'ils pouvaient facilement entrer et sortir du pays,
16:18 et ça, ça leur plaisait.
16:20 Bien sûr, elle avait de multiples identités,
16:22 c'était courant d'avoir plusieurs passeports.
16:25 Mais il fallait être un bon élément.
16:27 Avoir un passeport ne suffisait pas à vous garantir une place au sein du cartel.
16:31 Elle ouvre une boutique d'encadrement
16:34 et se fait passer pour une honnête femme d'affaires.
16:37 Ils aimaient Mary Balencia non pas pour sa beauté, car elle n'était pas très jolie,
16:44 mais pour son intelligence, sa rapidité d'exécution et son efficacité.
16:51 Elle a commencé comme coursière,
16:53 puis ils lui ont donné de plus en plus de responsabilités.
16:58 Elle employait ses soeurs, ses beaux-frères et des gens de sa famille.
17:03 Parce qu'ils sont tous de la même famille,
17:06 le risque qu'il y ait des escalades de violence
17:08 est beaucoup moins élevé que dans d'autres organisations.
17:11 Son organisation a grandi plus lentement,
17:14 elle était construite sur la confiance.
17:16 Elle reposait sur des années de travail.
17:19 La famille joue également un rôle clé dans ses relations avec le cartel.
17:23 Le cartel de Cali s'assurait la loyauté de ses membres
17:27 en recrutant uniquement des personnes qui venaient de la région de Cali
17:31 et qui y avaient encore de la famille.
17:33 Mary Balencia avait beaucoup de famille en Colombie, dont sa mère.
17:38 Vous étiez moins susceptibles de vous retourner contre eux
17:41 puisqu'ils savaient où vivait votre famille en Colombie.
17:44 Ils aimaient que des membres de votre famille
17:47 soient près d'eux, ça leur faisait des otages en quelque sorte
17:51 si vous arrivait quelque chose.
17:53 Le cartel de Cali n'a peur que d'une seule chose,
17:58 le gouvernement des États-Unis.
18:00 On effectue des interpellations, on procède à des saisies,
18:04 on met des personnes sur écoute,
18:06 puis on apprend que sa soeur et son beau-frère ont été torturés et tués.
18:10 Le beau-frère était enveloppé dans du fil de fer barbelé.
18:15 Il était mutilé.
18:17 C'était un message adressé à Mary pour qu'elle garde le silence.
18:22 En 1988, "Miami Connection" sort sur les écrans.
18:30 Le film raconte la guerre qui oppose un gang de ninjas
18:33 à un groupe de rock pendant l'âge d'or du trafic de cocaïne en Floride.
18:37 Malgré un flop retentissant, le film est devenu culte.
18:43 L'intrigue reflète bien la réalité de ce qui se passe à Miami à l'époque.
18:48 L'une des principales sources de cocaïne aux États-Unis
18:53 est une Colombienne toute menue.
18:55 Elle est à la tête d'une armée de femmes
18:57 qui voyagent partout dans le monde
18:59 leurs valises pleines de drogue et d'argent liquide.
19:02 Mary Balencia n'a jamais été la cible.
19:08 La DEA, le gouvernement des États-Unis,
19:11 et les services de lutte antidrogue
19:13 ne s'attendaient pas à ce qu'un groupe de femmes convoie de la drogue.
19:17 À en croire les apparences, c'est une femme d'affaires
19:21 qui aime les sorties entre amis et les voyages à l'étranger.
19:24 Sa base est une boutique d'encadrement qui s'appelle Milartes.
19:28 Ce n'était pas une petite épicerie de coin de rue.
19:33 C'était une entreprise internationale,
19:36 et elle en était la PDG.
19:39 Or, on ne peut pas être idiote
19:42 et être la PDG d'une entreprise internationale.
19:45 Elle dirige le réseau de Miami pour le cartel de Cali
19:51 et importe des quantités astronomiques de cocaïne.
19:55 Mary Balencia avait les contacts pour le transport.
20:00 La drogue était fournie par les gens de Cali,
20:03 et elle, elle gérait le transport
20:05 principalement avec des bateaux ultra rapides
20:08 entre la Colombie et Puerto Rico.
20:11 N'oubliez pas que la mer des Caraïbes
20:14 a une superficie de plus de 2,5 millions de kilomètres carrés,
20:18 et qu'elle compte 700 îles, îlots, récifs,
20:22 et que ces îles ont des frontières très perméables.
20:26 Lorsque la marchandise arrive aux États-Unis,
20:33 elle la répartit dans tout le pays grâce à des passeuses de drogue,
20:36 certaines qu'elle connaît de Colombie
20:38 et d'autres qu'elle recrute à Miami.
20:41 Elle pouvait les contrôler, les intimider un peu plus
20:45 que si ça avait été des vrais truands colombiens.
20:48 Elle a réussi pendant de nombreuses années
20:52 à ne pas avoir de problème avec la justice
20:55 parce qu'elle donnait des ordres à deux ou trois personnes de confiance
20:59 qui les transmettaient au reste de l'organisation.
21:04 Elle était en lien avec un certain Beto, un homme très très violent.
21:08 Le fait qu'il était l'un de ses principaux hommes de main lui donnait du poids.
21:13 Et bien entendu, elle les payait bien.
21:17 Alors ils étaient loyaux et ne partaient pas.
21:20 Mais tous savent parfaitement dans quoi ils trempent et qui mène le jeu.
21:27 Elle savait comment persuader les gens qu'elle allait les assassiner,
21:33 sans avoir à les assassiner.
21:35 Or, si vous pensez que quelqu'un va vous tuer,
21:40 vous êtes plus susceptible de faire ce qu'il vous demande.
21:45 Dans ses livres de comptabilité,
21:49 Mary Balencia consigne des comptes aux quatre coins des États-Unis.
21:52 Une fois la cocaïne en sécurité dans les planques,
21:55 la vente auprès des acheteurs habituels commence.
21:59 Ça paraît démodé aujourd'hui, mais en 1995, les beepers étaient très en vogue.
22:03 Tous les membres de l'organisation en avaient un.
22:05 Quand ces chiffres s'affichaient, ils devaient appeler un certain numéro.
22:10 Là, on leur disait où aller et qui voir.
22:14 C'était très compartimenté. Personne ne connaissait personne.
22:18 La personne chargée de récupérer la cocaïne
22:22 doit laisser une voiture à un lieu de rendez-vous convenu pour les employés de Mary Balencia.
22:28 Ils prenaient la voiture, conduisaient jusqu'à la planque,
22:31 rentraient dans le garage pour que rien ne soit visible,
22:34 puis ils chargeaient la quantité de cocaïne requise.
22:37 Ils conduisent ensuite la voiture jusqu'à un lieu prédéfini,
22:42 comme un centre commercial, par exemple.
22:44 Ils ne retrouvaient jamais directement la personne qui venait chercher la drogue.
22:48 Ils garaient la voiture, puis ils rejoignaient la personne quelque part
22:51 pour lui dire où la voiture chargée était stationnée.
22:53 Ils n'avaient jamais d'échange d'argent.
22:55 Ils faisaient très attention à cela. Ils ne mélangeaient pas l'argent et la drogue.
22:59 Pour ce qui est de l'argent, Mary Balencia et ses employés ont recours au schtroumphage,
23:04 selon le terme utilisé par la police.
23:06 Le schtroumphage consiste à faire des dépôts de moins de 10 000 dollars
23:12 pour ne pas dépasser le seuil qui rend la déclaration des dépôts obligatoire.
23:17 Ils déposaient les sommes sur des comptes en Floride,
23:20 puis ils commandaient des carnets de chèque.
23:23 Ils ouvraient des comptes dans toutes les banques.
23:27 Ils demandaient des chéquiers et les expédiaient par la poste en Colombie.
23:33 Pour les responsables du ministère de la justice américaine,
23:36 l'arrestation de gros trafiquants de drogue et d'un directeur de banque qui a eu lieu aujourd'hui
23:40 n'est que le début d'une longue enquête.
23:42 Elle porte le nom d'opération Greenback.
23:44 Ce qu'elle arrivait à faire aussi,
23:47 c'était transporter de grandes quantités d'argent liquide dans des valises.
23:51 Jusqu'en Colombie.
23:53 L'argent liquide placé dans des bagages,
23:59 ces équipes d'employés s'envolent pour la Colombie avec des centaines de milliers de dollars.
24:03 Et ce, pendant des années.
24:06 Ces équipes étaient très importantes.
24:09 Elles ne partaient jamais à vide vers la Colombie.
24:11 Elles cachaient l'argent dans leurs valises ou sur elles.
24:14 Elle devient l'une des premières importatrices de cocaïne aux États-Unis
24:20 et pratiquement un membre à part entière du cartel.
24:23 Au début de l'année 1989,
24:26 c'est par hasard que le gouvernement américain découvre l'existence de Mary Balencia.
24:31 Un indicateur nous a donné des informations sur un gros trafiquant colombien.
24:36 À l'époque, on ne savait pas que c'était Mary Balencia.
24:39 Sur la base de ces renseignements,
24:43 des agents commencent à surveiller un parking d'un centre commercial de Costa Mesa en Californie.
24:49 On est allé sur le parking et on a observé.
24:53 On était à la recherche de quelqu'un qui avait l'air un peu sur ses gardes, un peu stressé.
25:00 Et tout se passe comme l'avait expliqué l'informateur.
25:03 Deux femmes montent dans une voiture qui a été laissée et s'en vont.
25:07 Les agents les suivent jusqu'à une maison située non loin.
25:10 431 kilos de cocaïne, pratiquement une demi-tonne, ont été découverts.
25:18 Juillet 89, c'était un beau coup parce que c'était la plus grosse saisie jamais réalisée dans l'État.
25:24 Grâce à la plaque d'immatriculation, les agents remontent jusqu'à une agence de location.
25:32 Le contrat a été rédigé au nom de Barbara Paniagua.
25:35 Maria Marini figure en tant que deuxième conductrice.
25:39 Elles ont fait deux erreurs. Utiliser leur vrai nom pour louer la voiture et donner leur adresse à Miami.
25:46 Une perquisition a lieu à Miami et les autorités se rapprochent un peu plus de la señora.
25:52 Les agents fouillent le domicile de Barbara Paniagua.
25:56 Ils saisissent un grand nombre de documents très compromettants qui la relient à Mary Valencia.
26:01 Lors de leur arrestation, elles ne donnent pas leur patronne.
26:07 Elles sont mises en examen avec d'autres personnes qui étaient chargées d'aller chercher la drogue qu'elles vendaient.
26:14 Elles sont incarcérées dans une prison fédérale sans avoir dit un mot sur la señora.
26:18 Elle savait comment tenir ses jambes. Elle savait très bien faire ça.
26:25 Mais lorsqu'on dirige une organisation illégale, tôt ou tard, cette organisation s'effondre.
26:31 Si un gouvernement fédéral vous recherche, il finira par vous trouver.
26:36 Ça peut prendre plusieurs années, mais ça arrivera.
26:42 Mary Valencia était quelqu'un qui aimait garder le contrôle,
26:45 qui aimait savoir ce qui se passait et qui notait tout.
26:50 Et c'est une des raisons pour lesquelles elle est parvenue au sommet du trafic de cocaïne.
26:56 Mais c'est également ce qui a causé sa perte, car elle tenait des livres de comptabilité.
27:01 Ça, c'était une grave erreur.
27:03 En 1990, à Miami, les enquêteurs tombent sur la piste d'une baronne de la drogue.
27:12 J'ai commencé à travailler sur l'affaire Mary Valencia bien avant que la DEA n'ait connaissance de son existence.
27:19 On avait un indicateur qui était ami avec quelqu'un qui était de la famille de Mary Valencia.
27:25 L'informateur les conduit à une adresse.
27:30 Ils y découvrent, dans une poubelle, le premier élément qui fera véritablement avancer l'enquête.
27:40 La police inspecte les poubelles parce que les gens n'imaginent pas que quelqu'un pourrait fouiller leurs détritus.
27:46 Alors ils prennent des documents qui peuvent être compromettants et les jettent à la poubelle,
27:52 sans savoir que ces documents perdent alors leur caractère privé.
27:57 On a effectué une quinzaine de ces fouilles.
28:02 On était dehors dans la rue vers 4 heures du matin.
28:07 Et une nuit, on a trouvé un faxe déchiré en morceaux.
28:11 Il s'agissait de toute évidence d'un tableau que Mary Valencia avait envoyé depuis Miami à Cali, en Colombie.
28:20 En regardant de plus près, les agents comprennent qu'ils sont tombés sur une véritable mine d'or.
28:28 On avait toutes les livraisons de cocaïne aux États-Unis, dont Mary Valencia était responsable,
28:36 et toutes les sommes d'argent qui, soit sortées du pays, soit étaient injectées dans le système pour le cartel de Cali.
28:44 Elle pensait qu'elle n'avait pas besoin de coder ses livres de comptabilité,
28:50 et qu'une fois qu'elle les avait déchirés et jetés à la poubelle, ils disparaissaient à tout jamais.
28:54 Elle prenait la précaution de les jeter dans la poubelle de la cuisine, pour qu'ils se mélangent au reste d'aliments.
29:05 Et on a dû essuyer tous les morceaux, avant de reconstituer le puzzle.
29:10 Elle était loin d'imaginer que le FBI et l'ADEA allaient savoir ce qui était écrit, qu'ils allaient faire traduire l'espagnol.
29:17 Et parce qu'elle n'a pas utilisé de code, elle a tout simplement livré aux forces de police américaines une carte de son réseau.
29:24 Sur les tableaux qu'on a trouvés, on avait à peu près une tonne de cocaïne par mois ou plus.
29:34 Ce qui représentait dans les dix à vingt millions de dollars par mois.
29:38 Pour une femme qui était très intelligente et maligne, elle faisait des choses vraiment idiotes.
29:45 Il y avait beaucoup de cocaïne sur ces tableaux, mais c'était dérisoire par rapport au trafic qu'elle dirigeait.
29:56 Une fois qu'on avait les dates et les lieux, on a pu remonter dans le temps et faire le lien avec certaines de ces importations.
30:04 Et c'est comme ça qu'on a fait le rapprochement avec des saisies en Californie, à Puerto Rico, à Chicago, à New York et dans le New Jersey.
30:14 Les éléments trouvés dans la poubelle marquent le début de l'opération Orange.
30:20 Une opération visant à capturer une baronne de la drogue.
30:25 Soudain, le lien est fait entre la señora et plusieurs saisies record des cinq années précédentes.
30:30 En remontant jusqu'à ces saisies, on faisait le lien qu'on n'avait pas pu faire jusque-là avec notre enquête.
30:38 On avait des gens qui nous parlaient de la drogue, des gens qui nous juraient qu'ils l'avaient vue, mais on n'avait pas cette drogue dans notre enquête.
30:46 Maintenant, on avait la drogue.
30:48 On était très contents parce qu'on savait qu'on avait suffisamment d'éléments pour l'inculper.
30:54 L'enquête permet de mettre au jour le vaste réseau de Mary Balencia.
30:59 Son interpellation doit avoir lieu en 1992, mais elle disparaît quelques jours avant.
31:06 Elle savait que certaines de ces saisies allaient nous permettre de remonter jusqu'à elle, et elle a pensé qu'il valait mieux prendre les devants.
31:21 Elle s'est donc réfugiée en Colombie, où elle savait que le cartel de Cali la protégerait.
31:27 Toutefois, il n'est pas certain que cette décision lui ait été dictée par son intuition.
31:32 On a appris que Mary Balencia avait l'habitude d'appeler les inspecteurs de la police de Miami.
31:39 D'après certaines de nos informations, elle payait certains policiers.
31:45 Et nous avons découvert qu'un agent de police avait apparemment une liaison avec elle.
31:51 Je suis convaincu que cela a compromis notre enquête.
31:55 Ça m'a, disons, abattu de ne pas pouvoir mettre Mary Balencia en prison, parce que je considérais qu'il fallait qu'elle aille en prison.
32:05 Bien qu'elle ait quitté le pays, Mary Balencia sera quand même inculpée aux Etats-Unis, non pas en Floride, mais en Californie.
32:18 Et dans l'État de New York.
32:20 Au cours de notre enquête, nous avons identifié deux Colombiennes qui travaillaient au blanchiment de l'argent.
32:28 Nous avons pu les approcher et en faire des sources d'informations.
32:34 Mary Balencia est inculpée en vertu des lois fédérales relatives à l'association de malfaiteurs,
32:41 et accusée d'être le cerveau d'un gigantesque réseau de trafic de cocaïne.
32:46 Bien qu'elle ait été démasquée, elle continue son commerce.
32:49 Lorsqu'elle est partie en Colombie, elle gagnait encore des millions de dollars.
32:54 Elle a continué à diriger la distribution de centaines et de centaines de kilos de cocaïne aux Etats-Unis, et son organisation a continué à prospérer.
33:03 Les forces de police connaissent la source de la cocaïne, mais n'arrivent pas à fermer la vanne.
33:08 Ils ont su reconstituer ces transactions passées, mais ils ne parviennent pas à anticiper ces actions à venir.
33:15 Mary Balencia utilise en Colombie la même structure légale pour cacher son trafic de drogue.
33:21 Elle ouvre des salons de beauté.
33:24 Elle gérait son organisation depuis Santa Rosa de Cabal.
33:28 Elle y avait fait construire un grand magasin.
33:31 Elle avait réhabilité toute la ville.
33:34 Sous le coup de deux inculpations aux Etats-Unis, et avec deux agences fédérales à ses trousses,
33:41 la señora figure désormais parmi les gangsters les plus recherchés dans la lutte anti-drogue américaine.
33:45 Mais en Colombie, elle est intouchable.
33:48 Il n'y avait pas d'accord d'extradition avec la Colombie.
33:52 Mais il n'y avait pas que cela.
33:54 Nous ne pouvions pas faire part de notre intention de l'arrêter,
33:57 parce que les policiers étaient tous impliqués dans le système de drogue qui existait en Colombie.
34:02 Donc ça ne servait à rien.
34:06 Il fallait qu'elle soit appréhendée, soit aux Etats-Unis, soit dans un pays qui avait un accord d'extradition avec les Etats-Unis.
34:12 En 1997, cinq ans après que Mary Balencia aie quitté les Etats-Unis,
34:19 la chance sourit enfin aux policiers américains.
34:22 Ça a été le fruit d'écoutes téléphoniques.
34:27 L'un de ses employés a dit à certains de ses collègues,
34:33 « La señora va au carnaval de Rio. Appelez-la avant qu'elle ne parte. »
34:38 Donc en février 1997, le FBI de Los Angeles et la DEA de New York partent pour le Brésil.
34:47 Avec l'aide de la police brésilienne, les agents cernent l'aéroport de Rio de Janeiro à la recherche de leur trafiquante.
34:54 Ils la cherchent. Ils ont une photo. Ils savent à quoi elle ressemble.
35:02 Nous attendons encore et encore.
35:04 Pas de Mary. Personne qui corresponde à son signalement.
35:10 Il semblerait que la baronne de la cocaïne ait réussi à tromper la vigilance des agents
35:16 et à se fondre dans l'effervescence et la foule du carnaval de Rio.
35:19 J'ai dit, « Épluchons toutes les déclarations de bagages. »
35:24 C'est ce qu'on a fait et on a trouvé un nom qu'on connaissait.
35:28 C'est le nom de l'une de ses associées connues.
35:32 La señora est bien là parmi eux avec un nouveau visage et une stratégie pour survivre.
35:37 Elle avait changé son apparence. Elle n'avait plus le même visage.
35:43 Février 1997. Des agents américains du FBI, de la DEA et des policiers brésiliens sont à la recherche d'une criminelle.
35:57 Ils arrêtent une suspecte qui arrive de Colombie pour le carnaval annuel de Rio de Janeiro.
36:01 Ils ont reconnu le nom d'une des associées de Mary Balencia.
36:08 Elles avaient déjà récupéré leurs bagages. Nous avons traversé l'aéroport en courant.
36:13 Elles étaient à la toute dernière porte en train de monter dans une camionnette et nous avons dit, « Attendez, attendez ! »
36:19 Au sein du groupe, ils trouvent leur proie.
36:22 Mais la suspecte n'a pas vraiment l'apparence physique de Mary Balencia telle qu'elle figure dans leur dossier.
36:27 Elle avait de nombreux passeports avec différents noms, différentes identités.
36:34 Elle avait des livres de comptabilité. Et ces livres contenaient les noms des clients et les quantités.
36:42 Au départ, elle a essayé de déchirer ses livres. Mais la police fédérale l'en a empêchée.
36:51 Puis, elle a raconté qu'elle avait un salon de beauté et que c'était des clients qui lui devaient de l'argent.
36:57 Mais il est évident que des produits de beauté ne coûtent pas aussi cher.
37:02 Mary Balencia a eu recours à la chirurgie esthétique pour modifier son apparence.
37:08 Mais cela ne lui a pas permis d'échapper à l'arrestation.
37:11 Elle avait une apparence similaire mais ne ressemblait pas à la photo.
37:17 Et au fond, elle a dévoilé elle-même son identité. Car même si elle utilisait un pseudo que je ne connaissais pas,
37:23 lorsque je lui ai posé des questions sur sa mère, son père, j'ai bien vu que c'était la même personne, que c'était Mary Balencia.
37:32 Tandis que la señora est en garde à vue au Brésil, les agents fédéraux commencent à arrêter son équipe aux États-Unis.
37:44 Plus de 70 suspects sont écroués dans l'État de New York, dans le New Jersey et en Floride.
37:49 La plupart plaident coupables de trafic de drogue et de blanchiment d'argent.
37:53 Cela ne fait aucun doute. Plus vous travaillez longtemps dans le trafic de drogue, plus vous augmentez vos risques de finir derrière les barreaux ou six pieds sous terre.
38:02 Le bureau du procureur des États-Unis commence à travailler pour obtenir l'extradition de Mary Balencia afin qu'elle soit jugée aux États-Unis.
38:10 Le fait qu'elle ait été arrêtée au Brésil est essentiel dans l'affaire.
38:14 Il n'y avait pas d'accord d'extradition avec la Colombie. Bien sûr, nous avons préparé sa demande d'extradition du Brésil.
38:20 Elle engage des avocats. Ils s'opposent à son extradition pendant au moins un an.
38:27 Ensuite, on a appris que le cartel de Cali allait organiser son évasion de prison.
38:35 En fait, ils ont dit "sortez-la de prison et tuez-la" parce que les dirigeants des cartels craignaient qu'une fois aux États-Unis, elles coopèrent et témoignent contre eux.
38:45 Leur plan, c'était de la mettre dans un avion pour la Colombie et une fois l'avion en altitude, de la pousser hors de l'appareil.
38:54 Si je suis convaincu qu'ils ne voulaient pas sa mort à ce moment-là, c'est parce que si le cartel de Cali veut votre peau, vous êtes mort.
39:03 Au Brésil, avec les pots de vin, la corruption, les gangs dans les prisons, s'ils veulent tuer quelqu'un, ils le font.
39:09 Donc, je ne pense pas qu'ils avaient besoin de la faire sortir de prison pour la tuer.
39:14 Nous avons convaincu le gouvernement brésilien qu'il existait une vraie menace.
39:19 Et le Brésil a accepté de la transférer dans une prison haute sécurité.
39:26 Ce qui se dit souvent à propos de Mary Balencia, c'est qu'une de ses sœurs a été tuée, assassinée peu de temps après son incarcération au Brésil, pendant qu'elle attendait son extradition vers les États-Unis.
39:37 Son beau-frère a été torturé sans pitié.
39:41 Le torse écorché, enveloppé dans du fil de fer barbelé, est finalement jeté dans une rivière.
39:47 Le message a été transmis, elle l'a reçu.
39:51 En avril 1998, la Cour suprême brésilienne rejette les recours de Mary Balencia contre son extradition vers les États-Unis.
39:58 Elle est renvoyée immédiatement à New York pour y être jugée.
40:03 On a procédé à de nombreuses nouvelles inculpations.
40:06 On a arrêté 60, 70 personnes et engagé des poursuites judiciaires contre chacune d'entre elles.
40:11 La seule qui est allée devant un tribunal, c'est Mary Balencia.
40:15 Elle plaide non coupable aux accusations de trafic de drogue et de blanchiment d'argent, et prend donc le risque d'être jugée par un jury.
40:22 Mary Balencia a peut-être pensé que le cartel de Cali trouverait le moyen de faire taire les témoins.
40:32 Éventuellement de me faire taire moi, ou de soudoyer quelqu'un.
40:39 Même si elle a été naturalisée américaine, elle a toujours cette culture colombienne qui lui dit qu'on peut se sortir d'à peu près tout avec de l'argent.
40:48 Le procès dure deux mois. La señora sera reconnue coupable de tous les chefs d'accusation pesant contre elle.
41:03 Le juge la condamne à la prison à perpétuité. Et elle a commencé à pleurer et à avoir des remords.
41:10 Mais vous savez, tous les criminels ont des remords lorsqu'ils sont condamnés à la prison à vie. Elle n'a pas fait exception.
41:17 C'est quelqu'un qui méritait vraiment la condamnation la plus sévère prévue par la loi.
41:29 J'ai visité Mary Balencia pendant son séjour dans la prison de Tallahassee.
41:33 Quand je suis arrivé, le gardien m'a dit "Vous venez voir Mary ?" J'ai répondu que oui.
41:38 Il m'a dit "Il faut que vous sachiez que c'est elle qui dirige ma prison." J'ai demandé "C'est une bonne ou une mauvaise chose ?"
41:44 Il m'a dit "Ni l'un ni l'autre, simplement sachez que rien ne se passe dans cette prison sans qu'elle le veuille."
41:49 Mary Balencia est un nom de plus sur la longue liste des narcotrafiquants qui ont fait une belle carrière.
41:57 Mais elle a une mention spéciale, puisque c'est une des rares femmes à y être arrivée.
42:02 Et elle est également de nouveau libre.
42:05 Fait surprenant, après avoir purgé seulement 15 ans de prison, alors qu'elle a été condamnée à la perpétuité, Mary Balencia est libérée en 2012.
42:14 Je suis déçu qu'elle ait bénéficié d'une réduction de peine.
42:19 Je ne vois pas ce qui justifie sa libération. Ça me laisse perplexe.
42:26 Les informations concernant la remise en liberté de Mary Balencia sont sous-cellées.
42:30 La raison pourrait ne jamais être connue.
42:33 Elle n'était pas violente. Et ça, c'est un aspect important.
42:39 Et elle avait beaucoup d'informations sur le fonctionnement du réseau. Ça l'a rendue précieuse.
42:45 Certains pensent que la señora est rentrée dans sa Colombie-Natale.
42:53 Les femmes semblent pouvoir accrocher et adopter un profil bas.
42:56 C'est apparemment son cas.
43:00 Bien qu'elle se fasse discrète aujourd'hui, Mary Balencia ne tombera jamais dans l'oubli aux États-Unis.
43:08 Elle a fait entrer littéralement des centaines de tonnes de cocaïne dans notre pays.
43:16 Beaucoup de gens ont souffert à cause de ça.
43:19 Beaucoup de gens sont morts à cause de ça.
43:23 Est-ce vraiment un monstre ? Je ne sais pas, mais c'est une vraie criminelle.
43:28 Sous-titrage Société Radio-Canada
43:33 [SILENCE]

Recommandations