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Gangsters Les Diables De L Amérique S03E07 Juan Ramon Matta Ballesteros Le businessman de la cocaïne

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00:00 Ceux qui sont malins, ils observent, ils apprennent, ils absorbent et ils se disent
00:08 c'est moi qui devrais diriger ce trafic.
00:10 Et c'est ce qu'a fait Matabayesteros.
00:13 Juan Ramon Matabayesteros était l'un des dix plus grands trafiquants de cocaïne du
00:19 monde.
00:20 Il s'est fait tout seul et il est devenu milliardaire et le plus grand chef de cartel
00:27 du monde.
00:28 Il est devenu le plus gros employeur privé du pays, le Walmart du Honduras.
00:33 Il a réussi à réunir les Mexicains et les Colombiens.
00:38 Comme s'il leur avait donné des stéroïdes.
00:40 L'agent de la DEA Kiki Camarena participait à l'enquête sur le cartel de Guadalajara.
00:46 Il y avait une règle tacite entre eux, vous ne tuez pas les agents fédéraux américains
00:51 et on ne vient pas vous assassiner si vous êtes le chef du cartel.
00:54 Mais Mata a enfreint cette règle.
00:57 L'agent Enrique Camarena a été sauvagement assassiné au Mexique.
01:01 Nous avions déjà perdu des agents, mais jamais kidnappés, torturés et exécutés.
01:07 Quelqu'un qui est capable d'assassiner comme il le faisait, c'est vraiment le mal
01:12 incarné.
01:13 Si vous touchez un seul cheveu d'un des nôtres, d'un de nos agents, on vous traquera
01:18 sans relâche.
01:19 Aujourd'hui dans les Diables de l'Amérique, Juan Ramon Mata Ballesteros, le businessman
01:39 de la cocaïne.
01:40 Février 1985, Guadalajara au Mexique.
01:48 Des hommes armés sont stationnés devant le consulat américain en attendant d'en
01:52 voir sortir un homme en particulier.
01:54 L'agent spécial Camarena était affecté à notre bureau mexicain.
02:00 A 14 heures, il devait aller au restaurant chinois avec sa femme.
02:05 Ils l'ont embarqué dans leur voiture et ils l'ont emmené en dehors de Guadalajara.
02:13 Enrique "Kiki" Camarena est un agent spécial de la DEA, l'administration chargée de
02:20 la lutte contre les stupéfiants.
02:21 Il a infiltré ce qu'on appelle alors le cartel de Guadalajara.
02:24 A l'époque, c'est le seul cartel du Mexique.
02:29 Une poignée de caïds qui contrôlent le trafic de drogue dans tout le pays.
02:33 Il y avait eu plusieurs saisies importantes d'argent et de drogue.
02:40 Ça leur portait préjudice.
02:42 Le travail de l'agent Camarena portait ses fruits et ça énervait les trafiquants.
02:47 Le cartel a décidé de kidnapper et d'interroger Camarena.
02:52 Ils avaient un objectif précis.
02:54 Mais ils n'obtiennent visiblement pas les réponses qu'ils attendent.
02:59 Le 5 mars, la dépouille de l'agent Camarena est retrouvée enveloppée dans une bâche
03:05 en plastique, aux côtés du cadavre de son ami, le pilote Alfredo Zabala Abelar, dans
03:11 un endroit isolé du Michoacán.
03:13 Ils les avaient enterrés à la Vavite, au bord de la route.
03:18 Camarena a été enlevé près du consulat américain de Guadalajara le 7 février 1985.
03:26 Son corps a été retrouvé dans ce ranch à 110 kilomètres de là.
03:29 Il a été battu et de toute évidence torturé avant d'être tué.
03:33 Il laissait derrière lui trois jeunes fils.
03:37 C'était un crime horrible.
03:39 C'était un événement sans précédent.
03:42 Nous n'avions jamais eu d'agent kidnappé, torturé et assassiné auparavant.
03:46 C'était surréaliste.
03:49 Ils ne le font pas parce qu'ils sont fous.
03:53 Ils le font parce qu'ils pensent qu'ils ne seront pas inquiétés.
03:56 Ils n'ont pas peur parce qu'ils ont du pouvoir.
03:58 Du moins, c'est ce qu'ils croient.
03:59 Nous avons fermé la frontière americano-mexicaine.
04:04 Les files d'attente du côté mexicain faisaient des kilomètres et des kilomètres.
04:10 Les autorités douanières de Washington ont ordonné vendredi de stopper et interroger
04:16 toute personne entrant aux États-Unis et pour savoir s'ils avaient des informations
04:20 sur la disparition de Camarena.
04:22 Non seulement la DEA a déterré la hache de guerre, mais l'administration Reagan également.
04:28 Il a demandé aux agences gouvernementales, dont la CIA, d'utiliser tous leurs moyens
04:32 de surveillance pour trouver qui était derrière ce meurtre.
04:35 Quatre hommes sont finalement reconnus coupables.
04:38 Tandis que trois barons de la drogue mexicains sont jugés dans leur propre pays, les États-Unis
04:43 se concentrent sur un homme en particulier, celui qui a mondialisé le trafic de drogue.
04:48 Juan Ramón Mata Ballesteros est un narcotrafiquant hondurien qui faisait probablement partie
05:00 des dix plus grands barons de la cocaïne au monde.
05:06 Quelqu'un capable de tuer comme il le faisait, de faire du trafic de drogue et de participer
05:13 à l'enlèvement et au meurtre de l'agent Camarena est le mal incarné, tout simplement.
05:20 Ramón Mata, comme on l'appelle généralement, est recherché depuis des années.
05:26 C'est un fugitif qui s'est évadé de prison non pas une fois, mais deux.
05:31 Il est le cerveau d'un véritable empire bâti sur les stupéfiants.
05:35 La fortune de Mata, estimée à un milliard de dollars, a fait de lui l'homme le plus
05:40 riche du Honduras.
05:42 On peut apercevoir régulièrement sa Mercedes blanche dans les rues de Tegucigalpa, où
05:46 Mata est devenu une sorte de héros du peuple.
05:48 Les pauvres venaient devant sa résidence.
05:52 Ils sortaient et leur donnaient de l'argent pour s'assurer leur protection.
05:56 Il employait des centaines de personnes au Honduras.
06:00 Il leur donnait du travail.
06:01 Je crois même qu'on a donné son nom à une école.
06:03 À cette époque, Ramón Mata est le narcotrafiquant qui possède le réseau le plus étendu au
06:09 monde.
06:10 Mata avait le monopole des cartels dans les années 80.
06:15 C'était le roi du monde.
06:16 Ce n'est pas par hasard qu'il est devenu milliardaire.
06:19 Il gagnait 5 millions par semaine, 52 semaines par an.
06:26 Faites le calcul.
06:27 À l'époque, ça représentait des sommes colossales.
06:31 Ce qui a fait le succès de Ramón Mata fut sa capacité à mettre en contact deux univers
06:37 distincts du trafic de drogue.
06:39 Les cartels colombiens contrôlent la source.
06:43 Ils produisent toute la cocaïne.
06:44 Leur seul problème, c'est la distribution.
06:46 Et c'est un gros problème.
06:47 Dans les années 80, la majeure partie de la cocaïne en provenance de Colombie passait
06:54 par les Antilles.
06:55 La DEA, le FBI, la marine, les gardes-côtes et les douanes américaines ont mis un frein
07:03 aux filières qui passaient par la Floride.
07:06 Les cartels colombiens subissaient des pertes importantes et voulaient développer d'autres
07:13 circuits.
07:14 La force de Mata a été de voir ce que les cartels colombiens ne voyaient pas.
07:19 C'est lui qui a eu l'idée de passer par le Mexique.
07:25 Les Mexicains avaient déjà leur route pour faire passer l'héroïne et le cannabis.
07:32 Et ils pouvaient facilement utiliser ces mêmes itinéraires pour envoyer des tonnes de cocaïne
07:37 vers le marché nord-américain.
07:38 Ramon Mata a su mettre les bonnes personnes en contact et utiliser des méthodes d'expédition,
07:48 des routes et des trafiquants qui avaient fait leur preuve.
07:51 Il les a mis en contact et c'est comme s'il avait donné des stéroïdes aux Colombiens
07:57 et aux cartels de Guadalajara qui ensemble sont devenus encore plus puissants.
08:01 C'était une idée géniale.
08:03 Mata a donné encore plus de pouvoir aux cartels mexicains et les a dynamisés.
08:09 Lorsque le gouvernement américain découvre que Ramon Mata est l'intermédiaire le plus
08:14 puissant de la planète, il devient immédiatement un homme recherché.
08:18 Mais il nargue les États-Unis en vivant sans se cacher au Honduras.
08:22 Il bénéficiait de la protection du gouvernement et de l'armée.
08:29 Il était ami avec un général très puissant et il a financé un coup d'État visant à
08:36 prendre le pouvoir.
08:38 Il a même proposé à un moment de rembourser la dette étrangère du Honduras.
08:45 Tel un roi illégitime emprisonné dans son propre château, il se réinvente une nouvelle
08:52 vie.
08:53 Il est devenu bien plus qu'un simple baron de la drogue, c'est devenu un vrai businessman.
08:58 Il a commencé à créer des entreprises au Honduras.
09:03 Il possédait un gigantesque élevage bovin.
09:05 Il avait des plantations de tabac.
09:08 Il dirigeait une importante compagnie aérienne au Honduras et avait affaire à tout un tas
09:15 de gens très importants.
09:16 Il est devenu le plus gros employeur privé du pays.
09:20 C'est incroyable.
09:21 Le Walmart du Honduras.
09:24 Tout en continuant à régner sur le plus grand empire de la drogue du pays.
09:29 En se cachant derrière une légitimité de façade, il nargue ceux qui voudraient le
09:34 faire traduire en justice.
09:35 Il se promène libre comme l'air.
09:38 Il est persuadé qu'il peut tout se permettre.
09:39 Il sait que le Honduras n'a aucun accord d'extradition avec les États-Unis.
09:45 Ses avocats lui ont dit "vous n'avez rien à craindre, vous êtes chez vous, ils n'ont
09:50 aucun moyen de vous faire sortir".
09:51 Grave erreur.
09:52 Il va subir le même sort que Kiki Camarena.
09:57 Un kidnapping en plein jour.
09:59 Notre groupe d'intervention est allé le cueillir là-bas.
10:03 Le gouvernement du Honduras a instauré l'état d'urgence dans tout le pays après une nuit
10:08 de manifestation contre les États-Unis.
10:10 Les gens voyaient cela comme le kidnapping d'un homme qui était considéré comme un
10:14 héros, comme le Robin des bois du Honduras.
10:19 L'objectif était d'envoyer le message suivant "vous ne serez à l'abri nulle part, on vous
10:29 traquera sans relâche pour que vous soyez jugés".
10:34 En 1990, la télévision diffuse "Drug Wars" de Camarena Story avec Steven Bauer et le
10:45 jeune Benicio Del Toro.
10:48 Cette mini-série de 4 heures ne fait pas mention de l'homme qui, d'après les États-Unis,
10:54 est responsable du meurtre d'un agent fédéral américain.
10:56 Juan Ramon Mata Ballesteros a été effacé de l'histoire.
11:02 Mata Ballesteros est quelque part l'incarnation parfaite de la collusion entre les narcotrafiquants,
11:10 les autorités américaines et les puissances militaires des gouvernements d'Amérique centrale.
11:15 Et à un moment donné, quelqu'un franchit la ligne et tout le monde se retourne contre
11:22 lui.
11:23 C'est ce qui lui est arrivé.
11:24 Ce que je trouve intéressant chez Mata Ballesteros, c'est son parcours.
11:31 Il s'est fait tout seul.
11:33 Et il est devenu milliardaire et le chef du cartel le plus puissant du monde.
11:38 Ramon Mata est né dans la capitale du Honduras, Tegucigalpa, en 1945.
11:45 Il a grandi dans les années 50, à l'époque où le Honduras était l'un des pays les
11:50 plus pauvres d'Amérique centrale.
11:52 Gamin, il jouait les pickpockets dans la rue.
11:55 Il survivait.
11:56 Sa mère gagnait sa vie en vendant des bonbons et des bananes dans la rue pour quelques centimes
12:03 par jour.
12:05 À la fin des années 60, il part s'installer aux États-Unis, dans la ville portuaire de
12:11 la Nouvelle-Orléans.
12:12 Les États-Unis étaient l'endroit idéal pour échapper à la pauvreté dans son propre
12:18 pays.
12:19 Et c'était le cas pour Ramon Mata.
12:21 Il s'est procuré un faux visa.
12:23 D'après la légende, la chance lui sourit immédiatement.
12:27 Un jour, il est à l'hippodrome et il trouve un ticket par terre.
12:31 C'est un ticket gagnant.
12:33 7000 dollars.
12:34 Ce sera son capital de départ.
12:36 Est-ce qu'il a fait un peu d'extorsion ? Est-ce qu'il a vendu de la drogue ? Non.
12:40 Il a trouvé un bout de papier magique.
12:43 Au début des années 70, il est à New York, vivant de petits boulots et commettant des
12:50 délits mineurs.
12:51 Il rencontre une Colombienne, Nancy Marlene Vasquez.
12:59 Elle a des liens avec le cartel de Medellín.
13:03 Il savait qu'il pouvait améliorer sa situation en épousant une princesse du cartel qui lui
13:10 en ouvrirait les portes.
13:12 Il est donc désormais lié au cartel le plus puissant au début de la grande époque des
13:17 fameux cowboys de la cocaïne.
13:19 La première fois qu'on a entendu parler de Juan Ramon Mata Ballesteros, c'est quand
13:26 il a été arrêté à l'aéroport international de Washington en 1970.
13:31 Il a été appréhendé avec 24,5 kg de cocaïne.
13:36 À l'époque, la cocaïne était encore considérée comme une drogue récréative,
13:43 et la loi ne prévoyait pas de peine d'emprisonnement significative si vous étiez arrêté en
13:48 possession de 24,5 kg de coke.
13:51 Il a été condamné à trois ans pour usage de faux passeport et entrée illégale sur
13:57 le territoire américain.
13:58 Aucune charge n'a été retenue pour la drogue, ce qui lui a donné l'opportunité
14:03 de devenir Mata.
14:04 Condamné à trois ans de réclusion, il est incarcéré dans une prison à sécurité
14:10 minimale près de Pensacola en Floride.
14:13 Ils l'ont envoyé à la base aérienne d'Eglin, un centre où sont détenus en majorité
14:18 des criminels en col blanc.
14:20 Il n'y avait pas de barrière autour de la prison.
14:22 Sur la base aérienne d'Eglin, il y avait des lignes peintes sur le sol, et on disait
14:29 aux détenus que s'ils passaient la ligne, ils seraient considérés comme des fugitifs
14:34 et qu'on les traquerait pour les ramener de l'autre côté de la ligne.
14:38 À l'époque, il y avait six évasions par mois.
14:43 C'était une blague, cette prison.
14:45 Un jour, il est allé à la messe, et au beau milieu de l'office, il s'est levé et
14:50 il est sorti.
14:51 Il est parti.
14:52 Le temps que les gardiens réagissent, il avait quitté le pays.
14:56 Désormais considéré comme un fugitif par les États-Unis, il rejoint sa femme en Amérique
15:04 centrale, pour y poursuivre ses activités criminelles.
15:07 Sa femme, Nancy, avait des liens avec certains des plus grands trafiquants et fournisseurs
15:12 colombiens.
15:13 C'est elle qui leur a présenté son mari.
15:16 Il a débuté en tant que chimiste.
15:21 Ceux qui sont malins, comme Matta Ballesteros, ils observent, ils apprennent, ils absorbent.
15:28 Ils essaient de voir comment ils pourraient faire la même chose, mais pas en tant que
15:31 sous-fifre ni en tant que chimiste.
15:33 C'est moi qui devrais diriger ce trafic.
15:35 Et c'est ce qu'a fait Matta Ballesteros.
15:38 Il gravit les échelons.
15:40 Il commet des assassinats pour les Colombiens.
15:43 Il fait ses preuves et lui confie plus de responsabilités.
15:48 Il se rend indispensable au cartel colombien, en révolutionnant le mode de distribution
15:54 de leurs produits.
15:55 Vous pouvez avoir toute la drogue que vous voulez, mais elle ne vaut rien si vous ne
16:00 pouvez pas l'exporter.
16:01 Dans les années 70-80, la drogue qui entrait aux États-Unis passait par la Floride.
16:07 C'est ce qu'on voit dans Scarface.
16:08 C'est là que ça se passait.
16:10 Mais le ministère de la Justice a mis fin à ce réseau.
16:14 Jusque-là, le Mexique exportait de l'héroïne et du cannabis vers les États-Unis.
16:20 Ramón Matta perçoit de les Colombiens qu'il peut expédier de grandes quantités de cocaïne
16:25 vers les États-Unis via le Mexique.
16:27 Ils lui font confiance.
16:29 Il a basé son opération à Guadalajara.
16:33 Il était polyvalent.
16:34 Il gérait, il organisait.
16:37 Et il le faisait très bien.
16:39 Il utilise des ordinateurs pour suivre le produit, engage des pilotes et crée de fausses entreprises
16:45 pour servir de couverture, prouvant ainsi sa compétence.
16:48 Il est parvenu à expédier le produit colombien vers les marchés ciblés plus vite que jamais
16:55 auparavant.
16:56 À cette époque, il n'y avait pas beaucoup de tunnel.
17:01 La principale méthode pour faire passer de la drogue vers le sud de la Californie, c'était
17:06 en traversant la frontière en camion ou en voiture, ou avec de petits avions.
17:11 Il avait des pilotes très ambitieux, capables de voler très près du sol pour éviter d'être
17:18 repérés par les radars.
17:21 En faisant des passages répétés, ils ont réussi à connaître les limites du radar
17:26 et ils réussissaient à passer inaperçus en volant très près de l'eau ou des montagnes.
17:30 S'ils réussissaient, ils étaient très bien payés.
17:34 Sinon, c'était les risques du métier.
17:37 Mata Bayesteros a apporté son flair et son sens des affaires à l'univers de la drogue.
17:45 Et quand on transpose cette façon de voir les choses au fonctionnement d'un cartel,
17:50 tout à coup, on obtient un véritable business.
17:52 Les cartels étaient désormais dirigés comme les 500 plus grandes entreprises américaines.
17:57 La clé de son succès réside dans son partenariat avec le cartel de Guadalajara.
18:04 Le cartel de Guadalajara était à l'époque le cartel le plus puissant et le plus dangereux
18:10 du Mexique.
18:11 Il est dirigé par Miguel Angel Félix Gallardo, surnommé El Padrino, le parrain.
18:18 Gallardo était le chef du cartel de Guadalajara, mais il était également associé à Rafael
18:26 Caro Quintero, trafiquant de drogue notoire, et à un autre trafiquant du nom d'Ernesto
18:32 Fonseca Carillo.
18:34 Le circuit que le gouvernement fédéral américain a cru fermé en Floride réapparaît au sud
18:43 de la Californie.
18:44 On se serait cru au Far West.
18:47 Il ne se passait pas une journée sans que les journaux ne parlent d'une immense saisie
18:51 de cocaïne au sud de la Californie.
18:53 En 1981, la DEA a fait une descente dans un appartement de Van Nuys et a trouvé 50 kilos
18:59 de cocaïne et 4 millions de dollars.
19:01 Une saisie record.
19:02 Il y avait des livres de comptes et l'un d'eux mentionnait un certain El Negro, c'est-à-dire
19:07 le noir.
19:08 Mata Ballesteros était plutôt petit et avait le teint très foncé.
19:14 Nous avons pu établir pour la première fois que parmi tous ses surnoms, El Negro était
19:20 le plus connu, le basané.
19:22 Mata apparaît soudain en pleine lumière et en majuscules.
19:29 Les livres de comptes révèlent un système en place incroyablement efficace.
19:35 Plus d'une tonne de cocaïne est passée rien que par Van Nuys.
19:42 Plus de 74 millions de dollars en cash sont passés par cet appartement.
19:48 Et je parle seulement de Van Nuys en Californie.
19:52 Le jour où la DEA a fait cette saisie record, c'est le jour où le monde a commencé à
19:57 s'effondrer pour Mata Ballesteros.
20:00 Au début des années 80, un agent spécial de la DEA mène déjà l'enquête sous couverture
20:08 au Mexique.
20:09 Enrique et Kiki Camarena a infiltré le cartel de Guadalajara, les associés de Mata.
20:17 En 1982-83, Mata et le cartel de Guadalajara subissent plusieurs revers.
20:22 Des comptes bancaires sont saisis au Texas, des comptes d'épargne sont saisis dans
20:28 l'Arizona.
20:29 Ils sentent qu'ils ont été infiltrés, mais ils ne savent pas d'où ça vient.
20:31 Kiki Camarena participait à l'enquête sur le cartel de Guadalajara.
20:39 Ils survolaient la région en avion pour repérer les champs de cannabis au milieu du désert.
20:46 Ils devaient les détruire.
20:49 Le raid le plus important se déroule en novembre 1984.
20:55 Ce champ immense, au milieu de nulle part, qui appartenait au cartel, a été saisi et
21:01 détruit grâce à Kiki Camarena.
21:04 450 soldats mexicains font une descente dans le ranch Buffalo à Chihuahua.
21:09 Avec l'agent spécial en observateur, ils mettent le feu à un champ de cannabis d'une
21:13 valeur estimée à 8 milliards de dollars.
21:16 Le cartel n'a pas du tout apprécié.
21:20 Ils se sont réunis et Mata Ballesteros a participé à ces réunions.
21:25 Le ranch appartenait à l'un des associés de Mata Ballesteros, Gallardo, le parrain.
21:33 Félix Gallardo avait été policier au Mexique.
21:38 Il a été le garde du corps du gouverneur de l'état du Sinaloa.
21:43 Félix Gallardo s'occupait des politiciens véreux et des gens susceptibles de protéger
21:48 le cartel.
21:49 Il faut savoir qu'il tuait énormément de représentants de l'ordre chaque année au
21:55 Mexique.
21:56 Des militaires, des hauts responsables, des juges, des procureurs.
22:01 Ils devaient penser qu'il s'agirait de faire disparaître un autre policier.
22:07 Le cartel perdait beaucoup d'argent et ils se sont dit au départ, on va le kidnapper
22:16 et le soudoyer pour le faire parler.
22:18 Ils se sont réunis plusieurs fois pour décider ce qu'ils allaient faire de ce camaraderie
22:24 qui les embêtait.
22:25 Quelqu'un doit payer.
22:27 Février 1985.
22:29 Kiki Camarena est kidnappée, torturée et assassinée.
22:34 Ça montre vraiment l'inhumanité du cerveau du cartel de Guadalajara à l'époque.
22:43 Tous les agents étaient sur le pied de guerre pour le venger.
22:48 Et on a arrêté tous ceux qui étaient impliqués.
22:52 Avant 1985, Juan Ramon Mata Ballesteros faisait déjà des affaires avec les États-Unis.
23:06 Mata était un véritable visionnaire parce que durant le régime sandiniste au Nicaragua,
23:16 il a créé des liens avec la CIA et avec les Contras basés au Honduras.
23:23 Dans le but de renverser le gouvernement sandiniste du Nicaragua, les États-Unis fournissent
23:30 des armes et de l'argent aux Contras, entretenant ainsi la guerre civile.
23:34 Mata Ballesteros a créé l'entreprise CETCO, qui voulait dire Service Exécutif Touristique.
23:44 C'était une compagnie aérienne qui servait à envoyer des armes, des vivres, des uniformes
23:50 et toutes sortes de matériels aux Contras, au Nicaragua.
23:56 Et en parallèle, il utilisait sa compagnie aérienne pour faire passer de la drogue.
24:02 Mata Ballesteros était un homme qui ne laissait rien au hasard.
24:10 Il savait ce qu'il faisait et en connaissait les bénéfices et les conséquences.
24:19 C'est l'intermédiaire par excellence, celui qui fait le lien entre l'ordre et le chaos,
24:25 les gouvernements et les cartels.
24:27 Il y avait une règle tacite entre eux.
24:31 Vous ne tuez pas les agents fédéraux américains et on ne vient pas vous assassiner chez vous
24:36 si vous êtes le chef du cartel.
24:38 On essaye de vous arrêter, vous essayez de gagner de l'argent et chacun joue le jeu.
24:42 Mais les cartels et Mata ont décidé d'enfreindre cette règle.
24:45 Cela se passe le 9 février 1985.
24:50 L'agent spécial, Enrique Camarena, sort déjeuner en ville à Guadalajara.
24:56 En quittant son bureau, il s'est retrouvé face à des policiers véreux, payés par
25:01 le cartel.
25:02 À cette époque, la police de l'État était totalement à la botte des narcotrafiquants.
25:08 Ils l'emmènent dans une maison où Mata et d'autres chefs de cartel sont en train
25:16 de discuter tranquillement de tout et de rien, du foot, de la drogue, pendant que Camarena
25:21 se fait tabasser.
25:22 Un médecin lui fait des piqûres d'amphétamines pour le garder éveillé pendant qu'il le
25:29 torture.
25:30 Ils le frappent, ils l'interrogent, puis ils font une pause.
25:35 Ils vont dans la pièce d'à côté boire une tequila ou une bière, se détendre un
25:39 peu, puis ils reviennent.
25:40 Ils lui faisaient des électrochocs.
25:43 Ces hommes étaient tout simplement des monstres.
25:46 Et finalement, ils ont pris une barre, ou peut-être un démonte-pneus, et ils ont frappé
25:53 Camarena au sommet du crâne.
25:56 Ça a été le coup de grâce.
25:59 Nous ne tolérerons aucune menace et nous mettrons tout en œuvre si l'un des nôtres
26:04 est blessé ou, comme ici, sauvagement assassiné.
26:07 Cela faisait des années qu'ils soudoyaient, intimidaient et assassinaient des agents des
26:14 forces de l'ordre en Amérique latine.
26:15 Donc ils n'ont pas hésité.
26:18 Mais ils ont fait une erreur.
26:21 Quand on a fouillé la maison, on a retrouvé des cheveux et on a fait venir une équipe
26:27 médico-légale du FBI.
26:29 L'ADN des cheveux retrouvés sur les lieux correspond à celui de Matta.
26:35 Non seulement c'est un narcotrafiquant, mais c'est un assassin.
26:39 Il est redescendu au plus bas et sa façade de businessman honnête vole en éclats.
26:48 Ils n'avaient pas imaginé qu'à la suite de ça, les États-Unis mettraient une pression
26:54 énorme sur le gouvernement mexicain.
26:57 Ils avaient les militaires et la police mexicaine de leur côté parce qu'ils les soudoyaient.
27:05 Ils ne s'attendaient pas à ce qu'on mette le paquet comme ça pour traîner ces gens
27:14 devant la justice.
27:17 On a poursuivi les responsables de la sécurité.
27:20 On a poursuivi le médecin qui lui avait fait des piqûres d'amphétamines et on a poursuivi
27:26 tous ceux qui avaient eu cette idée.
27:28 Ces hommes sont les narcotrafiquants les plus puissants du Mexique.
27:33 Rafael Caro Quintero, le contrebandier.
27:37 Miguel Ángel Félix Gallardo, le parrain.
27:43 Ernesto Fonseca Carillo, qui a avoué avoir pris part au kidnapping de Kiki Camarena.
27:49 Et Juan Ramon Mata Ballesteros.
27:53 Ils étaient connus de nos services depuis le début des années 70.
28:00 Rafael Caro Quintero était celui qui s'occupait de la branche cannabis.
28:06 Fonseca Carillo s'occupait de l'héroïne.
28:10 Miguel Ángel Félix Gallardo était chargé de soudoyer les politiciens.
28:15 Et ces trois caïds du cartel de Guadalajara ont un intermédiaire en commun, Ramon Mata.
28:22 On a appris qu'il était en Colombie.
28:24 Il connaissait le cartel colombien, il y avait ses marques, c'était une bonne planque.
28:29 Pendant cette période, il fait des allers-retours en Colombie grâce aux connexions de sa femme.
28:35 C'est là que les Américains le retrouvent.
28:38 Ils demandent aux autorités colombiennes de l'arrêter et de le ramener au Honduras
28:42 afin d'y être inculpé pour un meurtre qu'il a commis sept ans plus tôt et pour lequel il n'a jamais été jugé.
28:48 La victime était un dealer dont le meurtre n'a jamais été élucidé.
28:54 Mata est incarcéré dans une prison à sécurité maximale dans la banlieue de Bogota, la Picota.
29:03 Il y reste deux ou trois mois et parvient à soudoyer tous les surveillants avec deux millions de dollars.
29:11 Il achète la complicité de 12 à 18 gardiens et passe par sept portes différentes avant de sortir de la prison.
29:18 Une Mercedes l'attend, qui l'emmène à l'aéroport Eldorado de Bogota.
29:25 Et il revient dans son pays natal.
29:27 Il sait que le Honduras n'a aucun accord d'extradition avec les États-Unis.
29:33 À peine arrivé, il se rend aux autorités.
29:37 Il était certain d'arriver à soudoyer les gens qu'il fallait pour que les charges soient abandonnées.
29:47 Et c'est exactement ce qui s'est passé.
29:49 Il se rend, il est acquitté et il peut rester au Honduras.
29:55 Donc, il reprend ses activités et commence à jouer les robins des bois.
30:02 En quelques semaines, il parvient à se mettre les plus hauts responsables du gouvernement dans la poche.
30:08 Il bénéficie désormais de la protection pleine et entière du gouvernement et de l'armée.
30:15 D'après les autorités, Matta a pris pour habitude d'engager d'anciens officiers de haut rang
30:20 et la plupart de ses gardes du corps viennent d'un commando d'élite de l'armée.
30:24 Quand quelqu'un comme Matta Ballesteros veut faire quelque chose dans un pays aussi pauvre que le Honduras,
30:29 il n'y a pas de limite à ce qu'il est capable d'obtenir.
30:32 Ces hommes se prenaient pour des dieux, ils se croyaient intouchables.
30:37 Mais en réalité, nous les avons traqués jusqu'au dernier.
30:41 Et Juan Ramon Matta Ballesteros était l'un d'eux.
30:44 En 1988, Juan Ramon Matta Ballesteros est quasiment le roi dans son pays.
30:57 C'était l'homme d'affaires le plus puissant du Honduras.
31:01 Il avait un train de vie impressionnant.
31:05 Il avait des élevages, des plantations de tabac, il avait une immense hacienda.
31:08 Mais Matta s'assurait toujours de respecter les consignes de ses avocats, de ses comptables
31:13 et de tous ceux qui avaient contribué à créer cette façade de légitimité.
31:17 Il pensait que ça allait durer éternellement, qu'il était intouchable.
31:20 Mais si vous touchez un seul cheveu d'un des nôtres, d'un de nos agents,
31:26 on vous traquera sans relâche.
31:28 Cette agence n'aura aucun répit tant que tous les responsables n'auront pas été traduits en justice.
31:35 Tandis que la présidence de Ronald Reagan touche à sa fin,
31:40 deux des quatre hommes soupçonnés du meurtre de l'agent Enrique Camarena sont déjà derrière les barreaux.
31:45 Rafael Caro Quintero a été arrêté au Costa Rica quelques mois seulement
31:51 après que le cadavre de Camarena a été retrouvé.
31:55 Il a été immédiatement extradé au Mexique,
31:57 où il a été reconnu coupable de meurtre et condamné à 40 ans de réclusion.
32:01 C'était véritablement le début de la fin.
32:05 Beaucoup de gros bonnets ont été arrêtés ou incarcérés.
32:08 Ernesto Fonseca Carillo est retrouvé près de Puerto Vallarta et arrêté par l'armée mexicaine.
32:15 Il est également reconnu coupable et condamné à 40 ans de réclusion.
32:20 Les deux autres suspects restent introuvables.
32:25 Miguel Angel Félix Gallardo, le chef du cartel de Guadalajara, leur file entre les doigts.
32:31 Tandis qu'El Padrino, le parrain, est en cavale,
32:36 Ramon Mata vit comme un prince au Honduras,
32:39 convaincu que le gouvernement américain ne peut rien contre lui tant qu'il reste entre ses frontières.
32:44 Il n'y a aucun accord d'extradition entre les Etats-Unis et le Honduras,
32:48 donc il se sent invulnérable.
32:51 En public, Mata veut se donner l'image d'un homme du peuple.
32:54 Mais en privé, il continue de gagner des millions de dollars à la tête d'un vaste trafic de drogue.
33:01 Il est évident que les gens ordinaires qui étaient employés par Mata
33:06 n'imaginaient pas une seule seconde qu'ils travaillaient pour un baron de la drogue.
33:10 S'ils avaient entendu cette rumeur, ils ne l'auraient pas cru.
33:12 Ils étaient généreux, ils finançaient des écoles, des projets de construction.
33:15 Il était considéré comme le Robin Hood de la société.
33:20 Il était considéré comme le Robin des bois du Honduras, c'est certain.
33:23 Il était très connu au Honduras, mais il ne se donnait pas en spectacle.
33:29 Il ne faisait pas des s'beaufs.
33:31 Mata cachait sa deuxième vie, sa vie secrète de narcotrafiquant.
33:37 Mata n'est pas le seul à donner de l'argent à la population du Honduras.
33:46 Au cours des années 80, le pays sert de base arrière aux Contras,
33:50 qui luttent contre le gouvernement sandiniste du Nicaragua.
33:53 L'aide américaine au Honduras entre 1982 et 1988 s'élève à plus de 700 millions de dollars.
34:02 Nous avons approché le gouvernement hondurien pour lui demander
34:08 s'il préférait avoir l'aide des États-Unis ou garder Mata Ballesteros.
34:13 La réponse a été « Prenez Mata ».
34:16 Mata avait peur d'être victime d'une restitution.
34:19 On lui avait rapporté la présence d'Américains dans certains hôtels locaux qui le surveillaient.
34:24 Et il avait étoffé sa garde rapprochée.
34:27 Il y a certaines choses que les chefs de cartel tiennent pour acquises.
34:32 Et en premier lieu, celles-ci.
34:34 Si le gouvernement fédéral américain vous ramène aux États-Unis pour y être inculpé,
34:39 vous ne vous échapperez pas.
34:41 Vous ne pourrez soudoyer personne et vous serez très probablement condamnés
34:46 à passer le reste de vos jours dans une prison à sécurité maximale.
34:49 C'est leur plus grande crainte.
34:52 Et en ce qui concerne Ramón Mata, la crainte est plus que légitime.
34:57 Les US Marshalls ont reçu pour mission d'aller le chercher.
35:02 Lorsqu'il s'agit de traquer les criminels,
35:05 les US Marshalls sont les meilleurs pour retrouver les fugitifs.
35:09 Il a fallu se montrer rusé.
35:11 On a utilisé un jet privé pour faire croire que c'était un appareil américain ordinaire
35:15 qui venait là pour du business,
35:17 puisqu'il s'agissait d'une mission officieuse et non officielle
35:21 pour ramener Ballesteros aux États-Unis.
35:23 Avril 1988.
35:26 Les agents américains arrivent au Honduras
35:28 et s'adjoignent le concours de la police militaire hondurienne
35:31 pour faire une descente au domicile de Ramón Mata.
35:37 Certains voient ça comme une opération clandestine.
35:39 Quand les Marshalls sont entrés, ils n'étaient pas là.
35:43 Et alors qu'ils attendaient devant chez lui, le voilà qui arrive en jogging.
35:48 Mata a été idiot et son avocat stupide
35:53 de penser que juste parce que les américains n'avaient pas le droit légalement de l'extrader,
35:58 ils ne viendraient pas le chercher pour le ramener aux États-Unis,
36:01 alors qu'ils traquaient toujours les assassins de Camarena,
36:04 le seul agent de la DEA torturé et assassiné quelques années plus tôt.
36:08 Il était complètement sous le choc.
36:12 Il avait une pomme dans les mains
36:15 et les seuls mots qu'il a été capable de prononcer ont été "me sequestraron",
36:20 "ils m'ont kidnappé".
36:21 Le terme légal est restitution.
36:24 Mata Ballesteros était recherché par le gouvernement américain depuis 1971,
36:31 lorsqu'il s'était évadé d'une prison fédérale en Floride.
36:34 Dans un arrêt de la Cour suprême qui date du 19e siècle,
36:38 il est spécifié qu'on peut aller chercher un fugitif n'importe où
36:43 et le ramener aux États-Unis afin qu'il y soit jugé pour ses crimes.
36:47 Les tribunaux américains se fichent de savoir comment vous êtes arrivé jusqu'à eux.
36:51 Du moment que vous êtes là, vous serez jugé.
36:53 Vous pourrez toujours protester par la suite en prison,
36:56 mais vous ne serez pas renvoyé chez vous juste parce qu'on vous a amené là de force.
37:01 Mais réussir à capturer l'ennemi public numéro un ne reste pas sans conséquences.
37:06 Au Honduras, on déplore d'importants dégâts ce matin,
37:10 après une nuit d'émeute à Tegucigalpa.
37:13 Ça a créé des tensions diplomatiques entre le Honduras et les États-Unis quand c'est arrivé.
37:18 Les gens voyaient ça comme le kidnapping d'un homme qui était considéré comme un héros.
37:23 Ils ont attaqué l'ambassade américaine et l'armée hondurienne n'a rien fait.
37:27 Personne n'est venu aider les Américains à stopper les émeutes.
37:30 Environ 2000 manifestants ont incendié une annexe de l'ambassade.
37:40 Ce geste a coûté la vie à cinq personnes.
37:44 Les manifestants réclament la tête du président, José Ascona Hoyo.
37:50 Celui-ci suspend immédiatement les droits civils dans tous les pays et impose l'état d'urgence.
37:57 La loi martiale a été instaurée pendant quelque temps.
37:59 Ça a provoqué des troubles importants dans le pays.
38:02 Pendant que Matta attend d'être jugé dans une prison de l'Illinois, son pays se déchire.
38:08 Les émeutes vont durer 15 jours.
38:11 Elles seront suivies par des attaques terroristes.
38:14 L'avocat de Ramon Matta, qui lui avait certifié qu'il ne risquait rien en restant au Honduras,
38:23 est assassiné devant chez lui en janvier 1989.
38:26 Deux jours plus tard, l'ancien chef de l'armée hondurienne est abattu.
38:32 Le gouvernement américain ne recule devant rien pour poursuivre un criminel.
38:38 Mais il ne le fait pas à la légère.
38:41 Et il ne le fait pas systématiquement, parce que sinon ça compromettrait vraiment nos relations diplomatiques.
38:47 Et une fois que la machine est lancée, on arrive toujours au but.
38:53 Ramon Matta engage de nouveaux avocats aux Etats-Unis pour protester contre son enlèvement.
38:58 Cela a donné lieu à quelques contestations.
39:02 Je crois que certains juges d'appel réprouvaient la méthode.
39:05 Mais ils n'ont pas dit que c'était illégal.
39:08 Quand Ramon Matta passe enfin devant le tribunal, trois de ses complices sont déjà derrière les barreaux.
39:18 Raphaël Caro-Quintero et Ernesto Fonseca Carillo ont été condamnés tous les deux à 40 ans de prison.
39:26 El Padrino doit également purger une peine de 40 ans.
39:30 Je suis sûr qu'aujourd'hui encore, le cartel regrette d'avoir décidé de s'en prendre à un de nos agents.
39:37 Le meurtre de Kiki Camarena a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase
39:44 et qui a causé la chute du cartel de Guadalajara et de Matta Ballesteros.
39:48 Ramon Matta passe deux fois devant le juge pour différents crimes.
39:54 En 1988, il est jugé pour le trafic de cocaïne de Van Nuys.
39:59 Il est reconnu coupable d'associations de malfaiteurs, de vente illégale de stupéfiants
40:04 et d'avoir dirigé une entreprise criminelle continue.
40:10 Au final, les douze jurés ont été convaincus que Matta Ballesteros, au début des années 80,
40:15 était le narcotraficant le plus puissant de la planète.
40:18 Il a été condamné à la perpétuité sans possibilité de remise de peine.
40:22 Mais ce n'était que le début des ennuis pour Matta Ballesteros.
40:25 Ramon Matta passe ensuite devant un tribunal fédéral
40:29 et est reconnu coupable des quatre chefs d'inculpation dans l'affaire Henrique et Camarena.
40:33 Raquette, association de malfaiteurs en vue de kidnapper un agent fédéral.
40:39 Enlèvement et meurtre.
40:41 Quand on arrête un dealer, très souvent on le retourne.
40:45 On l'amène à coopérer pour remonter jusqu'au sommet de la chaîne alimentaire.
40:49 Mais là, on avait déjà atteint le sommet avec Matta Ballesteros.
40:52 Je n'ai jamais imaginé un seul moment que Matta Ballesteros accepterait de négocier.
40:58 Jamais de la vie.
41:00 Parce que tout ce qu'on avait à lui offrir, c'était la perpétuité sans remise de peine.
41:05 Donc il nous a envoyé Petr et on a dit "Ok, tu vas passer devant un jury".
41:09 Le procès débute en 1990 au tribunal fédéral de Los Angeles.
41:15 On n'avait pas lésiné sur la sécurité et pour de bonnes raisons.
41:19 Matta Ballesteros était milliardaire, il s'était déjà évadé de prison.
41:23 C'était ça son pédigré.
41:25 Il y avait des snipers sur les toits des immeubles d'en face,
41:27 des membres du SWAT avec des usines automatiques.
41:29 Je ne l'oublierai jamais.
41:31 Matta Ballesteros n'avait pas l'air très en forme.
41:34 Quand je l'ai vu au tribunal, il avait l'air très solennel.
41:39 Il n'a pas dit un mot et regardait droit devant lui.
41:42 Pendant tout le procès, Matta Ballesteros est resté stoïque.
41:48 Il n'a rien laissé paraître.
41:51 Son regard était très très froid.
41:54 Il n'a jamais admis être impliqué dans le trafic de drogue.
41:58 Il a dit qu'il gérait des plantations de tabac,
42:02 des élevages de bovins, et qu'il n'avait rien à voir avec la drogue.
42:06 L'audition des témoignages et la présentation des pièces à conviction durent trois mois.
42:11 Le jury se retire ensuite pour délibérer pendant neuf jours.
42:14 Matta Ballesteros est déclaré coupable de trois chefs d'accusation sur les quatre.
42:20 Raquettes, association de malfaiteurs et enlèvement.
42:23 Mais il est acquitté pour le meurtre.
42:28 À Los Angeles, verdict en demi-teinte pour l'homme qui est accusé d'avoir participé au meurtre d'un agent de la DEA.
42:33 Il est condamné en tant que complice de meurtre dans l'affaire de l'agent de la DEA Kiki Camarena.
42:39 Le jour de l'énoncé de la peine, Matta Ballesteros fait lire une déclaration dans laquelle il affirme être innocent.
42:47 Il a gardé la même attitude et le même comportement depuis le début.
42:52 Il n'a pas dit un mot.
42:56 Aucune expression sur son visage.
42:58 Il est condamné à trois réclusions à perpétuité, avec confusion des peines en plus de la condamnation à perpétuité déjà prononcée.
43:06 Cet homme ne reverra plus jamais la lumière du jour.
43:09 La frontière entre le bien et le mal existera toujours.
43:13 Il y aura toujours des criminels prêts à faire des choses horribles pour de l'argent.
43:17 Et il y aura toujours des gens biens prêts à risquer leur vie pour les arrêter.
43:24 Le souvenir que je garderai de Matta Ballesteros, c'est celui d'un type qui purge la perpétuité plus de 150 ans dans une prison américaine, mais qui continue de dire qu'il n'a rien fait.
43:34 "I didn't do any of this."
43:37 "I didn't do any of this."
43:40 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
43:43 [SILENCE]

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