L'Heure des Pros 2 Été (Émission du 27/07/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les invités de #HDProsEte débattent des grands thèmes de l'actualité 

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00:00 Gérald Darmanin a rencontré les policiers au commissariat du 19e arrondissement.
00:05 Image extrêmement forte derrière lui, le DGPN, le directeur général de la police nationale Frédéric Vaud,
00:12 ainsi que le préfet de police de Paris Laurent Nouniez.
00:16 Des déclarations extrêmement fortes du premier flic de France, du ministre de l'Intérieur.
00:22 On est avec Charlotte Dornelas, Jean-Christophe Gouy, Pierre Gentier, Laurent Jacobelli et Thomas Bonnet.
00:28 Alors que Gérald Darmanin s'apprête à quitter le commissariat du 19e arrondissement pour rejoindre la place Beauvau,
00:35 puisque dans quelques instants il va rencontrer les syndicats de police.
00:39 Je me tourne évidemment vers vous Jean-Christophe Gouy, un ministre de l'Intérieur qui a soutenu les forces de l'ordre,
00:47 qui a soutenu le directeur général de la police nationale,
00:53 et puis qui a eu cette déclaration "Police, justice" sur la même barque en soulignant que concernant la présomption d'innocence,
01:02 il faut qu'elle soit respectée de tous.
01:04 Et quand il dit ça, évidemment on pense aux mots, un peu plus tard, lui il n'y pensait probablement pas,
01:11 mais nous on peut y penser aux mots du chef de l'État lorsqu'il avait qualifié,
01:16 c'était inqualifiable, injustifiable, je crois inexcusable, inexcusable après l'affaire Nael.
01:21 Est-ce que vous l'avez trouvé convaincant le premier flic de France ce soir ?
01:25 Écoutez, je pense qu'il fait le boulot quand même depuis quelques années,
01:29 on peut dire tout ce qu'on veut de Gérard Larmannin,
01:31 moi je ne suis pas là pour faire son service après-vente,
01:33 n'empêche que quand on a eu besoin de parler, d'avoir une oreille attentive, il a toujours tendu la main.
01:40 Quand il y a des attaques sur la police dans l'hémicycle, bon écoutez, il défend quand même les policiers.
01:45 Après moi je ne rentre pas dans la politique, là il a fait, il a suivi quand même,
01:49 c'était normal, le DGPN ainsi que le préfet de police, ce qui était normal puisque de toute façon,
01:55 le préfet, la police et le DGPN n'avaient pas choisi, j'allais dire leur camp,
01:59 et n'avaient pas soutenu les policiers sans l'accord du ministre.
02:02 Les hauts fonctionnaires, on connaît, donc en fait c'est une ligne claire.
02:06 Maintenant effectivement, il va y avoir une rencontre avec toutes les organisations syndicales,
02:10 il y a des propositions à faire pour améliorer ce statut de policier,
02:15 parce que ce qui ressort effectivement, c'est qu'on a toujours cette épée de Damoclès sur la tête,
02:18 et en fait, quand on a la force légitime et qu'on l'utilise,
02:24 ça ne se passe pas forcément comme on veut le faire, voilà.
02:26 Et du coup ça donne aussi des mauvaises indications, ça veut dire que la prochaine fois qu'il y aura des émeutes,
02:31 qu'est-ce qu'on va faire nous ? Est-ce qu'on va y aller ou est-ce qu'on va se mettre en retrait ?
02:34 Est-ce qu'on va prendre aussi des risques, un peu plus de risques pour essayer de rétablir l'ordre,
02:38 la paix sociale ? Bah peut-être pas, et d'ailleurs on le voit aujourd'hui, le code 562 qu'on a initié,
02:43 effectivement, c'est de dire "pas de zèle, on reste au chaud, on sort vraiment sur appel 17"
02:48 et puis tout ce qui est zèle, chiffres, statistiques, etc.
02:52 Bon écoutez, moins de 5% des forces de l'ordre, c'est le chiffre qu'ils donnaient,
02:56 sont en arrêt maladie aujourd'hui, c'est le ministre de l'Intérieur qui l'a dit.
03:01 Je me tourne vers vous également Laurent Jacobelli, vous êtes député Rassemblement National de la Moselle,
03:07 un ministre de l'Intérieur, je le répète, qui a eu des mots extrêmement forts pour soutenir
03:12 ses plus proches collaborateurs, à savoir le directeur général de la Police Nationale,
03:16 je suis très fier que ce soit mon collaborateur, je comprends cette émotion,
03:21 cette colère et cette tristesse concernant la fronte des policiers.
03:25 Alors vous êtes souvent en opposition avec le ministre de l'Intérieur,
03:28 mais est-ce que pour une fois, est-ce que cette fois-ci, vous trouvez qu'il est à la hauteur de l'enjeu ?
03:34 Écoutez, il est en empathie avec ses équipes et je pense que ça on peut le reconnaître,
03:38 et vous l'avez souligné, c'est forcément entendu, maintenant il va falloir aller plus loin,
03:43 parce que l'empathie et la compréhension, ça ne va pas suffire à régler le problème,
03:47 et le problème il est profond, parce qu'on a quand même des policiers qui se sentent parfois
03:50 lâchés en race campagne, lâchés par le président de la République, vous l'avez dit,
03:54 qui leur met au-dessus de la tête une présomption de culpabilité au moindre événement,
03:59 lâchés quand même très souvent par la justice, et ce à deux niveaux,
04:02 lâchés quand ils amènent des délinquants devant le juge et que ces mêmes délinquants
04:06 ou même ces voyous se retrouvent libres le lendemain matin, et attaqués,
04:10 en tout cas ils ont le sentiment dans leur fonction même, parce que dès qu'ils commettent
04:15 un pas de travers, en tout cas supposés tels, ils se retrouvent dans des positions
04:18 extrêmement difficiles, il y en a un qui est quand même, il y en a même deux ce soir,
04:22 qui sont en prison et qui sont, on peut le dire, moins bien traités que ne le seraient
04:25 certains voyous qui ont mis le feu à des mairies ou à des écoles.
04:29 En fait celui qui aurait dû parler de manière forte, avec stratégie, avec vision,
04:33 c'est le président de la République, parce qu'aujourd'hui on constate un délitement
04:36 de nos institutions.
04:37 On a ressorti la séquence, et c'est d'ailleurs tout un symbole,
04:42 lorsqu'Emmanuel Macron réagit pour la première fois après le drame
04:46 qui a frappé Nanterre et la famille de Nahel.
04:49 Ça montre bien son penchant naturel.
04:50 On verra, vous verrez dans un instant, on écoutera et Olivier Véran ce matin
04:54 sur l'affaire qui touche la BAC de Marseille, et les propos d'Emmanuel Macron,
05:01 et la différence de ton, la distance que prend le porte-parole du gouvernement aujourd'hui,
05:08 distance qu'il n'y avait pas eue, Charlotte Dornenas, au moment de l'affaire de Nahel,
05:14 et qui a entraîné une véritable colère.
05:17 Et peut-être que c'est aussi l'un des éléments déclencheurs de cette fronde
05:21 des forces de l'ordre.
05:23 Les policiers ne réclament pas l'impunité, ils réclament le respect.
05:27 Voilà ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur aujourd'hui.
05:29 C'est absolument évident, mais par ailleurs, je pense qu'il faut préciser une chose
05:32 sur cette histoire de présomption d'innocence.
05:35 Parce que ce n'est pas juste la présomption d'innocence comme on en parle dans tous les cas.
05:38 C'est-à-dire que parfois, vous savez, dans les débats qu'on a,
05:41 on a un meurtrier qui est quasiment pris sur le fait, on a les images,
05:45 et on a sur les plateaux des gens qui nous disent "attention présomption d'innocence".
05:48 Et là, le bon sens, qui est le nôtre, est un peu heurté,
05:51 parce qu'on se dit "oui bon d'accord présomption d'innocence, demain un tribunal,
05:53 mais enfin bon, on a tous vu ce qu'on a vu".
05:55 Les forces de l'ordre, c'est un métier particulier.
05:59 Et je comparerais ça à la nécessité de la présomption d'innocence,
06:02 c'est surtout une nécessité de prudence.
06:04 Parce que souvent, quand nous avons des vidéos, des actions des forces de l'ordre,
06:07 c'est précisément l'action de force.
06:09 C'est le moment où la force est utilisée.
06:11 Or, quand vous sortez les 10 secondes où il y a l'action de force qui est posée,
06:16 c'est forcément des images choquantes, puisque c'est l'usage de la violence.
06:21 Et la question sur laquelle se penche la justice,
06:23 c'est de savoir si elle était légitime et proportionnée à ce moment-là.
06:26 Mais sorti de son contexte, si vous voulez, je vais faire un parallèle qui vaut ce qu'il vaut.
06:30 C'est un peu comme nous, journalistes, vous faites une réponse,
06:33 ou un homme politique, vous faites une réponse de 25 lignes,
06:36 et puis il y a quelqu'un qui va prendre une demi-ligne,
06:39 et puis qui va dire "voyez ce qu'il a dit",
06:41 et c'est exactement le contraire de ce que vous avez dit sur 25 lignes.
06:43 Et bien là c'est pareil.
06:45 Les forces de l'ordre, quand ils utilisent la force,
06:47 si vous avez simplement les 10 secondes de l'action de force,
06:50 sans le contexte, sans la manière, ce qui s'est passé avant,
06:52 ce qui s'est passé après, que vous ne connaissez pas les techniques utilisées par les forces de l'ordre,
06:56 vous pouvez comprendre l'exact contraire de ce qu'il est en train de se passer.
06:59 Donc soit on détermine que les policiers, les gendarmes, n'ont plus du tout l'usage de la force,
07:04 mais dans ces cas-là le politique assumera cette décision,
07:07 je pense qu'aucun d'entre eux n'aura une idée aussi saugrenue,
07:11 soit dans ces cas-là, on laisse en effet la justice se faire.
07:14 Donc c'est une présomption d'innocence qui est d'autant plus importante
07:16 par rapport au métier lui-même des forces de l'ordre.
07:18 L'image de cette soirée, parce qu'il a déjà rencontré les syndicats de nombreuses reprises,
07:23 mais dans ce temps des tempêtes, vous avez le ministre de l'Intérieur,
07:27 derrière vous avez les deux personnalités qui ont finalement provoqué une sorte de guerre politique
07:34 entre la gauche, l'extrême gauche et une partie de la majorité de la droite,
07:39 vous avez aussi la police et la justice qui se sont affrontées,
07:42 il faudrait remettre cette image où l'on voit Laurent Nunez, Frédéric Vaud,
07:46 qui sont en quelque sorte montés en première ligne pour soutenir les forces de l'ordre lundi,
07:52 et juste devant Gérald Darmanin, on le rappelle il était en déplacement en Nouvelle-Calédonie,
07:59 il n'avait pas pris la parole, c'est la dernière personne si vous voulez qui devait réagir,
08:05 qui a réagi aujourd'hui, et cette image est extrêmement forte.
08:08 Il faut rappeler également qu'il est dans le 19e arrondissement,
08:10 arrondissement qui est touché fortement par la délinquance,
08:14 je crois que c'est là où il y a le plus grand taux de délinquance en région parisienne,
08:18 c'est un symbole d'aller dans cet arrondissement-là et dans ce commissariat-là.
08:22 Oui, mais c'est là aussi où on a les craqueurs, il y a aussi ça, c'est emblématique,
08:28 et je pense surtout que le directeur général de la police et le préfet ont senti aussi tout de suite
08:36 que ce n'était pas un petit malaise vague, juste on va s'en remettre, c'était vraiment profond,
08:42 ils l'ont senti et je pense que c'est pour ça aussi qu'ils sont allés à notre chevet et au chevet de Marseille,
08:47 ils ont vu, ils ont pris le pouls, ils se sont dit mais en fait ce n'est pas un petit conflit social,
08:54 c'est vraiment mal profond, et ça veut dire aussi qu'on a une institution
08:57 qui n'est peut-être pas bâtie sur du roc, mais plutôt sur du sable,
09:00 et dès qu'il y a des tempêtes, la maison elle tremble et le mal est très profond.
09:06 On a essayé d'avoir toutes les analyses possibles autour de ce plateau,
09:09 et vraiment ça me fait plaisir, on a l'analyse journalistique, on a l'avocat, l'analyse politique,
09:14 le policier que vous êtes et le journaliste politique que vous êtes également,
09:18 Thomas Bonnet à CNews, mais je me retourne vers vous, l'avocat, Pierre Gentillet, maître,
09:24 toute la question a été aujourd'hui de la présomption d'innocence,
09:28 mais il y a aussi eu cette question, est-ce que le policier est en dessous ou au-dessus de la loi ?
09:34 Est-ce qu'il faut changer la loi et créer un nouveau cadre pour, exceptionnel en quelque sorte,
09:39 en disant la mission des forces de l'ordre aujourd'hui est-elle qu'il faut changer en quelque sorte la loi ?
09:44 Alors non, il ne faut pas changer la loi, il faut appliquer la loi et appliquer la loi correctement.
09:48 Je suis d'accord, à aucun moment il n'est dit ici qu'un policier est au-dessus de la loi, bien évidemment,
09:54 mais il faut avoir plusieurs éléments en tête, déjà justement on dit qu'il n'est pas au-dessus de la loi,
09:58 je rappelle que tout justiciable a droit à la présomption d'innocence.
10:02 Cette présomption d'innocence, elle est depuis quelques jours mise par terre,
10:06 et il faut le rappeler, mise par terre pas par n'importe qui, mise par terre aussi par des parlementaires,
10:12 des parlementaires notamment de gauche qui en cela ne respectent pas la stricte séparation des pouvoirs.
10:18 Donc ça c'est un premier élément. Le deuxième élément aussi évidemment,
10:21 et ça a été rappelé très brillamment par Charlotte avant, c'est que si on ne respecte pas la présomption d'innocence
10:28 dans le cadre où il y a une enquête, c'est-à-dire on n'est pas, si vous voulez, face à un faisceau d'indices
10:35 qui tendrait à une vérité sur laquelle on pourrait tous commenter, nous n'en savons strictement rien.
10:39 Rien, mais pourtant nous avons des gens en France, des parlementaires, qui disent que ce policier doit aller en prison.
10:45 C'est au magistrat et à l'enquête de le déterminer.
10:47 Je me permets de vous couper, je le dis aux téléspectateurs, en bas à droite vous avez la place Beauvau,
10:51 alors que les principaux syndicats de police sont en train d'arriver.
10:55 La réunion devait commencer à 20h, mais le ministre de l'Intérieur a pris plus de temps avec les policiers
11:02 du 19e arrondissement de Paris pour discuter avec eux.
11:06 Donc il y a peut-être une demi-heure de retard dans le programme qui était évoqué auparavant.
11:13 J'ai cru apercevoir Fabien Van Damerlic du syndicat Alliance, il y a votre syndicat SGP avec Linda Kebab.
11:21 Grégory Joron et Linda Kebab.
11:22 Grégory Joron, vous vouliez réagir ?
11:25 Oui, sur la présomption d'innocence. Je pense qu'il faut même aller plus loin pour les policiers.
11:29 Il faut partir d'une présomption de légitime défense, parce que si demain moi j'utilise une arme,
11:33 il est bien normal que je sois arrêté et que je sois conduit en prison, je n'en ai pas le droit.
11:37 Or le policier lui, il fait un usage légal de la force pour protéger la République et faire appliquer nos lois.
11:43 Et donc, vous le savez bien, on ne rétablit pas l'ordre en distribuant des bonbons et des fraises Tagada aux émeutiers.
11:49 On rétablit l'ordre en faisant un usage proportionné de la force.
11:52 Et parfois, il peut y avoir effectivement un usage qui a été un peu détourné, etc.
11:58 Le cas des policiers n'est quand même pas la même chose que celle du citoyen ordinaire.
12:02 On a un peu l'impression que quand un policier fait usage de la force, il est considéré par un certain nombre de parlementaires
12:08 et même par un certain nombre de médias, malheureusement aussi presque par le président de la République,
12:12 comme si c'était un citoyen lambda qui s'était mis à faire usage de la force.
12:16 Or ce n'est pas le cas. Et donc, il faut préserver les policiers parce que c'est leur mission,
12:20 c'est dans le cadre de leur mission qu'ils utilisent la force.
12:23 C'est pour ça que je crois que la présomption d'innocence ne suffit même pas.
12:26 Il faut une présomption de légitime défense jusqu'à preuve du contraire.
12:29 On écoute le ministre de l'Intérieur. C'était il y a quelques minutes, justement, sur la présomption d'innocence.
12:34 Moi, je ne commande pas les affaires judiciaires au cours.
12:39 S'il y a eu faute, elle sera sanctionnée par la justice.
12:42 Je veux évidemment apporter mon soutien à toute personne qui se sent blessée,
12:46 comme je l'ai fait, évidemment, au lendemain, voire le jour même de l'affaire Nahel.
12:51 Mais je veux aussi dire que les policiers, ils ne réclament pas l'impunité.
12:55 Ils réclament le respect.
12:57 Les policiers ne réclament pas être au-dessus des lois.
13:00 Ils ne réclament pas être en-dessous des lois.
13:02 Et les policiers, ça ne peut pas être les seules personnes en France
13:05 pour qui la présomption d'innocence ne compte pas,
13:07 pour qui les procès médiatiques l'emportent sur le procès juridique
13:10 et pour qui la présomption d'innocence est remplacée par une présomption de culpabilité.
13:14 Je suis désolé, mais quand on entend le ministre de l'Intérieur,
13:17 on est obligé de rembobiner et d'écouter le chef de l'État.
13:21 Il est à Marseille et il va parler pour la première fois de ce drame et de l'affaire Nahel.
13:27 Je veux ici dire l'émotion de la nation tout entière
13:33 après ce qui est arrivé et la mort du jeune Nahel
13:41 et dire à sa famille toute notre solidarité et l'affection de la nation.
13:45 Nous avons un adolescent qui a été tué.
13:48 C'est inexplicable, inexcusable.
13:51 Et d'abord, ce sont des mots d'affection, de peine partagée,
13:55 de soutien à sa famille et à ses proches.
13:57 Inexplicable, inexcusable.
13:59 Un peu plus que deux semaines, un mois plus tard,
14:03 puisque c'était le 28 juin,
14:05 quasiment jour pour jour, si je ne m'abuse.
14:07 Demain.
14:08 Demain, ce sera un mois.
14:09 Alors que Gérald Darmanin est en train d'arriver à Place Beauvau,
14:12 c'est quand même assez saisissant de voir les deux discours,
14:16 alors que d'ailleurs le ministre de l'Intérieur
14:20 est à quelques centaines de mètres de l'Elysée.
14:23 Mais en fait, un monde idéologique sépare la déclaration d'Emmanuel Macron
14:27 le 28 juin dernier du premier flic de France,
14:30 le 27 juillet, Charlotte Dornelas.
14:32 Mais Emmanuel Macron, ce n'est pas la première fois.
14:34 Souvenez-vous, on se souvient tous de l'image de François Hollande
14:36 au chevet de Théo.
14:37 Théo, il faut rappeler l'histoire, le procès aura lieu en janvier.
14:40 Ce sera intéressant de le suivre pour savoir exactement
14:42 ce qui a été dit à l'époque, c'est-à-dire un viol commis volontairement.
14:46 C'était ça l'histoire.
14:47 Et les unes de journaux et François Hollande se rend au chevet.
14:50 Mais Emmanuel Macron commet à l'époque,
14:52 je ne sais plus si les ministres de l'Economie
14:54 ou le directeur général à l'Elysée,
14:56 mais peu importe, il a un rôle important à ce moment-là,
14:59 et il commet un texte de condamnation très clair.
15:02 Or, à l'époque, c'est à la fois un problème journalistique,
15:05 médiatique et politique, c'est que les seules choses que l'on est,
15:09 c'est ce qui transparaît par le biais des avocats.
15:11 C'est comme ça, il n'y a que eux qui parlent.
15:13 Et les avocats d'un côté comme de l'autre,
15:15 nous, notre métier, c'est quand même de prendre de la distance
15:17 aussi avec ce que disent les avocats.
15:19 Pardon, mais j'imagine que vous comprendrez quand même
15:21 pourquoi je dis ça.
15:23 C'est absolument évident.
15:24 Regardez dans l'affaire Nael, on a écouté Maître Boudreau,
15:26 c'est le seul qui a parlé, il nous a dit des choses fausses.
15:29 Et tout le récit s'est créé sur ces choses fausses qui étaient dites.
15:33 Alors, tous les avocats n'eussent pas les mêmes stratagèmes
15:35 pour défendre leurs clients, mais nous, notre métier,
15:37 c'est quand même de prendre un peu de distance.
15:39 Le métier des hommes politiques, c'est carrément,
15:41 non seulement de prendre de la distance, mais si possible, de se taire,
15:43 et de considérer que quand vous avez, en l'occurrence,
15:46 je reprends l'histoire de Théo, parce que c'est un peu plus long,
15:48 on en sait un peu plus, vous aviez quatre policiers
15:51 qui avaient séparément des récits qui se ressemblaient,
15:54 et le récit de Théo.
15:55 Au minimum, vous racontez toute l'histoire,
15:58 vous ne prenez pas pour argent comptant une seule histoire,
16:02 celle de Théo en l'occurrence.
16:04 Emmanuel Macron avait déjà eu le même réflexe,
16:06 vous savez pourquoi, dans le fond ?
16:07 Je ne sais pas si c'est idéologique, je pense que c'est lâche, surtout.
16:10 C'est parce que vous savez, dans ce genre de circonstances,
16:12 vous lâchez les flics, en général, ça se passe bien.
16:14 Et je vous rejoins absolument.
16:15 Ce qui est en train de se passer là, c'est qu'ils sont en train de se dire
16:18 "Ouh là ! Ouh là !"
16:20 Parce que quand j'entends le ministre de l'Intérieur dire
16:22 "Je voudrais rappeler", et d'ailleurs, le préfet de police de Paris
16:25 a fait exactement la même chose il y a deux jours,
16:27 "Je voudrais rappeler aux policiers quelles sont leurs missions."
16:29 Merci pour eux.
16:30 Les policiers savent exactement quelles sont leurs missions,
16:32 savent exactement qui sont les gens qu'ils vont sauver, aider ou secourir,
16:37 et c'est précisément pour cette raison que, ne tenant plus,
16:40 ils disent "Vous allez faire comment sans nous ?"
16:42 Le temps de l'émotion n'est pas le temps de l'enquête,
16:45 on le répète assez souvent.
16:47 Mais force est de constater, et je vous poserai la question
16:49 dans un instant, Jean-Christophe Kouvis, je vous l'ai déjà posée ce matin,
16:52 c'est que, est-ce que le timing de cette mobilisation des policiers est le bon ?
17:00 Pourquoi je vous dis ça ?
17:01 Vous avez le témoignage de la victime, Eddy, victime présumée,
17:06 du moins, victime, pardonnez-moi.
17:08 Quand j'ai voulu me relever, on m'a attrapé, j'ai été traîné dans un coin,
17:12 immobilisé au sol et roué de coups par des policiers.
17:15 À aucun moment on m'a demandé mes papiers, ni ce que je faisais là,
17:18 j'ai voulu me toucher la tête, mais je n'ai pas senti mon crâne,
17:21 j'ai senti quelque chose qui prenait toute ma tête, quelque chose de rond.
17:25 Je suis resté dans le coma jusqu'au lendemain 17h-18h.
17:28 Je me suis regardé une fois à l'hôpital par curiosité,
17:31 mais c'était trop, quand tu vois que ton crâne, il n'est plus comme avant,
17:35 c'est super dur à supporter, j'ai perdu presque 10 kilos.
17:38 Il s'est passé quelque chose, et l'enquête le précisera bien évidemment,
17:42 mais force est de constater qu'il s'est passé quelque chose d'extrêmement grave.
17:46 La vie de cet homme-là a basculé.
17:49 Il est aujourd'hui victime de cette intervention des forces de l'ordre.
17:54 On verra si violence volontaire aggravée il y a eu ou non.
17:58 Mais est-ce que vous n'avez pas peur que dans l'état d'esprit des Français,
18:02 lorsqu'ils ont vu l'image de cet homme-là avec son crâne qui a touché quasiment 50%,
18:11 est-ce que vous n'avez pas peur qu'en fait on se dise,
18:14 pourquoi aujourd'hui ils se sont mobilisés après cette action-là ?
18:18 Alors, pourquoi pas ? Oui, ça pourrait être une question,
18:21 mais surtout c'est qu'encore une fois, il faut faire bien attention,
18:25 parce que quand on a une enquête, c'est à charge et à décharge.
18:28 Et une enquête, là, on n'a qu'une version.
18:30 On n'a pas la version des policiers, on a la version de la défense,
18:34 enfin non, pas de la défense, je veux dire de la victime.
18:37 Donc encore une fois, nous, on n'est pas là pour faire passer,
18:41 j'allais dire, la balance d'un côté ou de l'autre.
18:44 Nous, tout ce qu'on demande, en fait, depuis le départ,
18:46 et la première faute, elle a eu lieu avec l'affaire Annanter,
18:49 où les collègues se sont sentis enfoncés,
18:51 parce que justement l'exécutif s'en est mêlé avant même que le procureur
18:54 et que la garde à vue soit terminée, que le procureur se prononce.
18:57 Donc, tu vois, déjà, on avait déjà coloré le dossier,
19:00 et on savait qu'on était non pas lâchés, enfoncés.
19:02 C'était même pire.
19:03 Et donc, parce qu'en fait, le fait d'être lâchés, je veux dire,
19:06 les policiers, ça fait 20, 30 ans, 40 ans qu'on a l'habitude
19:08 que dès qu'il y a quelque chose qui gêne un petit peu l'exécutif,
19:11 tout de suite, allez hop, on shoot, terminé, au revoir.
19:14 Et donc, c'est ça qui, première, j'allais dire, effet qui se coule.
19:17 Là, il y a les émeutes.
19:18 C'est quelque chose qu'on n'a jamais vécu en France.
19:21 On a eu des Gilets jaunes, on a eu 2005 avec les émeutes,
19:24 et là, on est arrivé à un niveau insurrectionnel.
19:26 On n'a jamais vu des mairies brûlées, des commissariats attaqués,
19:29 toutes de façon coordonnée, avec 900 policiers blessés.
19:34 Il y a vraiment des, je vais dire, ils ont vécu des scènes de guérilla.
19:38 Et donc, en fait, pendant les émeutes, et on leur demande de...
19:40 - Vous vous sortez d'une séquence de trois mois de réforme des retraites,
19:42 où il y a eu 1 600 policiers...
19:43 - Non, mais c'est vrai, il y avait des blessés, mais oui, bien sûr.
19:45 - Mais pourquoi je vous dis ça ?
19:46 Parce qu'en fait, il y a eu 1 600 policiers blessés,
19:48 que vous avez demandé à être reçus par le président de la République.
19:51 Vous avez rencontré son directeur de cabinet.
19:53 Je n'ai pas vu les mêmes déclarations.
19:57 Je dis souvent qu'on reçoit sur les plateaux les syndicats de police
20:00 et qu'on ne voit pas suffisamment les policiers qui ont été blessés,
20:03 qui témoignent.
20:04 Souvent, ils témoignent à visage caché.
20:06 Mais rappelez-vous, lors du 1er mai, cet homme qui a été brûlé...
20:10 - Oui, bien sûr.
20:11 - Et qui a fini en torche humaine à Paris.
20:13 - Pareil, on a attendu un mois avant que l'Élysée l'appelle.
20:18 Et nous, on l'avait dit déjà sur le plateau, on avait dit un coup de fil.
20:20 Ce n'est pas grand-chose, un coup de fil.
20:22 C'est juste, voilà, je vous assure de mon soutien, on fera tout ce qu'on peut.
20:26 Est-ce que vous voulez une mutation ?
20:27 Est-ce que je peux vous arranger quelque chose dans votre famille ?
20:29 Parce que c'est emblématique.
20:30 Et donc, en fait, si vous voulez, c'est ça qui blesse les policiers.
20:33 C'est que d'entrée, on sait effectivement qu'on a déjà coloré le dossier.
20:40 On est déjà coupable dans la tête des gens.
20:41 Et là, sur cette affaire-là, c'est ça qui a fait mal.
20:44 C'est-à-dire que ce qui a fait mal, c'est qu'encore une fois,
20:45 on nous a rappelé sur nos repos.
20:47 On s'est investi dans ces missions.
20:49 On a mis notre vie en jeu tous les jours.
20:52 Et maintenant, on met notre liberté en jeu.
20:53 C'est-à-dire que quand on a une action de police, le soir même,
20:56 si ça se trouve, on ne reverra pas nos familles.
20:57 On sera en détention provisoire.
20:58 Pour tout ça, parce qu'il y a eu, en une demi-seconde,
21:00 on peut prendre une décision qui est peut-être dramatique pour notre vie,
21:03 pour la vie d'autres personnes, et pour 2200 euros par mois.
21:06 Et donc, comme je dis souvent, 2200 euros par mois,
21:09 les collègues, d'ailleurs, on a du mal à recruter,
21:11 parce que ce n'est pas très attractif.
21:13 Et surtout, quand on voit ce qui peut nous arriver derrière.
21:15 Thomas Bonnet, vous êtes journaliste politique,
21:18 mais je sais que dans une autre vie, vous avez couvert longuement
21:20 les manifestations, et notamment les manifestations des Gilets jaunes.
21:23 Et vous avez vu sur le terrain ces forces de l'ordre présentes,
21:27 avec parfois des doctrines qui, à terme,
21:30 peut-être qu'on prendra un peu de recul,
21:31 qui ont parfois été contestées et contestables.
21:33 Mais force est de constater là aussi que, pendant cette séquence-là,
21:36 on a vu des mouvements d'une extrême violence.
21:39 Et que depuis 2018, les forces de l'ordre sont sursollicitées.
21:44 On peut même citer l'exemple de Seine-Soligne.
21:45 Alors, ce sont des gendarmes, mais les gendarmes à Seine-Soligne
21:48 ont été aussi livrés à une violence qui était terrible.
21:50 Les images qui nous sont parvenues de Seine-Soligne
21:52 étaient absolument horribles, avec des camions qui ont été incendiés, etc.
21:55 Et c'est vrai que depuis maintenant plusieurs années,
21:58 on voit que les forces de l'ordre sont placées en première ligne
22:01 pour faire face à des mouvements de contestation, certes,
22:04 mais surtout à une violence qui est terrible.
22:06 Et ça, le gouvernement doit évidemment l'entendre.
22:08 Et évidemment, le gouvernement l'a en tête au moment d'aborder,
22:11 là, ce soir, les négociations à Placebeau.
22:13 Monsieur le député, vous attendez quoi de ce rendez-vous avec les syndicats ?
22:18 Est-ce qu'à la rentrée, il faut qu'il y ait un débat, en urgence,
22:22 dans l'hémicycle, et que ce soit une question qui soit posée vraiment entre députés ?
22:27 On peut faire un débat, bien sûr, mais vous savez,
22:29 les lois existent et le cadre institutionnel, il existe.
22:31 Le problème qu'on a aujourd'hui, c'est un problème d'institution,
22:34 un délitement de l'État.
22:35 Aujourd'hui, la police et la justice semblent ne plus marcher de concert,
22:39 voire à s'opposer.
22:40 La justice nuit parfois au travail de la police,
22:42 et elle met les policiers en prison.
22:45 Et on a un président de la République qui est incapable de faire travailler les deux ensemble.
22:48 Moi, je crois que... Vous savez, les policiers, quand ils y vont,
22:51 c'est apparemment pas pour le salaire, qu'ils se lèvent le matin.
22:54 C'est pour sauver la République, défendre la République,
22:57 et défendre nos lois, parfois dans des conditions extrêmement difficiles.
23:00 Et en retour, ils ont besoin, je crois, de reconnaissance,
23:03 qui est probablement le salaire le plus fort,
23:05 quand on donne comme ça sa vie, ou on est prêt à la donner pour la République.
23:09 Qu'est-ce qu'ils ont en retour ?
23:10 Des politiques qui les condamnent, a priori, et une émotion à géométrie variable.
23:15 Quand il y a un mois, des policiers en civil se sont fait agresser à Marseille,
23:19 laissés pour morts par des voyous sur le trottoir.
23:22 On n'a pas entendu les pleureuses venir nous expliquer que c'était inacceptable.
23:27 Or, aujourd'hui, on a l'impression que tout le monde prend le parti de ce jeune Hedi.
23:32 Ce qui lui arrive est terrible.
23:34 Mais est-ce que les policiers ont fait usage de la force légitimement ?
23:39 On peut se poser la question. Pourquoi était-il là, à ce moment-là ?
23:42 Bref, on ne peut pas prendre fait et cause contre la police tout le temps.
23:45 Alors, on a l'habitude de la part de l'extrême gauche,
23:47 qui se retrouve dans des manifestations où on dit que tout le monde déteste la police.
23:51 Mais on voit aujourd'hui un président de la République qui n'est pas à la hauteur de l'enjeu.
23:55 Et vous savez, on voit bien se profiler une petite guéguerre,
23:59 Darmanin-Macron, mais il ne faudrait pas que les policiers soient otages de ça.
24:03 Il faudrait que le président de la République, parce que c'est à son niveau que ça joue son rôle.
24:07 Vous parliez de réaction politique.
24:09 J'en cherche pour l'instant à post-déclaration de Gérald Darmanin.
24:13 Mais Sandrine Rousseau, il y a 50 minutes, a eu des mots extrêmement durs à l'encontre des policiers.
24:19 Cette situation est absolument anormale.
24:21 Et j'espère que ceux qui se rendent coupables de mensonges ou qui ne coopèrent pas,
24:25 elle parle des policiers de la BAC mis en examen, qui refuseraient, j'utilise du conditionnel,
24:30 de coopérer pour l'enquête, seront sanctionnés aussi.
24:34 Il n'est pas admissible qu'un service public adopte les mêmes règles qu'une mafia.
24:39 Je vais juste dire qu'on a le droit au silence.
24:43 Ce n'est pas l'avocat qui va me contredire, pour vous défendre, vous avez le droit au silence.
24:49 Ça veut dire aussi que quand on commence et nous on se pose des questions,
24:53 et on se dit que le procureur à la République incrimine quatre personnes, quatre suspects.
24:58 Un qui part en détention provisoire et trois autres en contrôle judiciaire libre,
25:04 avec bien sûr encadré, etc. Et on se dit mais pourquoi le dernier, il est en détention ?
25:09 Est-ce que ce n'est pas un moyen aussi, un levier, pour faire avouer,
25:12 puisqu'en fait on va dire voilà, pas de bras, pas de chocolat,
25:15 si vous n'avouez pas, ce soir vous allez dormir.
25:17 Jean-Christophe, je me permets de vous couper, puisque Gérald Darmanin
25:20 est en train de saluer tous les syndicats de police présents.
25:23 Je vois David Lebars, Grégory Joron, Linda Kebab.
25:27 C'est une grande table et il y a du monde, Jean-Christophe Kouvi.
25:31 Vous savez combien il y a de syndicats qui sont présents ?
25:33 Écoutez, normalement, je pense que c'est que les syndicats de policiers,
25:37 il ne doit pas y avoir les syndicats administratifs.
25:39 Il doit y en avoir cinq, je pense cinq syndicats.
25:42 Il y a deux commissaires, deux syndicats de commissaires,
25:45 il doit y avoir deux syndicats d'officiers et puis après,
25:48 trois syndicats de garés de la paix.
25:51 Je me permets de vous couper parce que peut-être, peut-être que le premier flic de France
25:56 va tenir une sorte de discours, des propos, des propos léminaires
26:00 et comprendra bien évidemment.
26:03 Vos représentants étaient dans quel état d'esprit cet après-midi
26:08 lorsqu'ils ont su qu'ils allaient rencontrer Gérald Darmanin ?
26:10 Je le dis, il était en Nouvelle-Calédonie et on a appris vraiment qu'à peine arrivé,
26:15 il allait directement au commissariat du XIXe arrondissement.
26:19 L'état d'esprit de ceux qui vont dire justement les yeux dans les yeux au ministre,
26:24 ce que nos collègues sur le terrain ressentent, c'est comme une ambiance de vestiaire.
26:28 On se dit les choses avec le coach et on se dit voilà maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
26:31 Il y a une fronde, les collègues ne sont pas contents et effectivement,
26:34 ils ont raison parce que quelque part encore une fois, même si ça peut être effectivement,
26:39 j'allais dire une scène emblématique, celle de Marseille, mais ça résume tout,
26:44 en fait toutes les inquiétudes des policiers de terrain depuis des années.
26:47 Et c'est ça qu'on va dire et on va donner justement, proposer des solutions
26:50 pour revoir notre statut et ce n'est pas un statut, j'allais dire dérogatoire mais adapté.
26:55 On va venir justement sur les propositions que vous souhaitez mettre sur la table,
27:00 des négociations en tout cas de cette discussion avec le ministre de l'Intérieur.
27:04 Le ministre de l'Intérieur qui a tenu des propos extrêmement forts tout à l'heure
27:08 et notamment en soutenant le directeur général de la police nationale
27:11 quand certains ont demandé des sanctions.
27:13 Il y a souvent un parallèle qui est fait et d'ailleurs on entendra François Mitterrand en 1983
27:18 lorsqu'il avait limogé le DGPN à un moment, un contexte social où parfois on se dit
27:26 40 ans plus tard, on en arrive à la même situation.
27:29 C'est assez particulier, c'est vraiment très précisément 40 ans plus tard.
27:32 Comme la mode, ça n'est terminé en recommencement.
27:34 Écoutez, Gérald Darmanin en tous les cas, il n'a pas en tête de limoger Frédéric Vaud,
27:40 le directeur général de la police nationale, on l'écoute.
27:42 Le directeur général de la police nationale est un grand policier, j'allais dire un grand flic.
27:47 30 ans de carrière au service de la République, à arrêter des voyous, à protéger des innocents.
27:53 Et je vais vous dire, je souhaite à tous ceux qui ont craché sur le directeur général de la police nationale,
27:57 qui l'ont insulté, la même carrière, le même service, le service de la République.
28:01 Le dire qu'il n'est pas démocrate, le dire qu'il n'est pas républicain est une insulte vis-à-vis de la carrière de ce fonctionnaire
28:06 qui a risqué sa vie des centaines de fois pour nous protéger.
28:10 Donc c'est un excellent directeur général, il a parlé comme parle un chef vis-à-vis de ses policiers,
28:15 je le soutiens totalement et je suis très fier que ce soit mon collaborateur.
28:18 Comment vous décryptez cette déclaration, Charlotte Dornelas ?
28:21 C'est surtout que là il faut revenir initialement aux propos du DGPN qu'on fait autant scandale.
28:25 Moi j'aimerais bien avoir quelqu'un sur le plateau qui vient de m'expliquer quel est l'objet de la sanction qu'il demande,
28:31 quel est l'objet du limogéage. C'est-à-dire que quand on reprend les propos du DGPN,
28:35 d'abord ils sont extrêmement prudents, beaucoup plus que la manière dont ils ont été précisés.
28:39 Il dit lui-même de ne pas avoir le dossier, il s'extrait, il parle, il plante un débat sur la détention provisoire.
28:44 Et je le répète depuis trois jours, mais je vais le redire ce soir,
28:47 c'est un débat que nous imposent les gens qui attaquent le DGPN, 365 jours par an quand il s'agit des délinquants.
28:53 Ce débat sur la détention provisoire, on l'a tout le temps, tout le temps, tout le temps, tout le temps.
28:58 Donc si le seul jour de l'année où on n'a pas le droit de l'avoir, c'est quand ça concerne un policier, ça n'a aucun sens.
29:04 Par ailleurs, il y a un syndicat de magistrats, notamment, je ne sais pas s'il y en a plusieurs,
29:08 mais un syndicat de magistrats qui s'est beaucoup ému de l'atteinte à l'état de droit,
29:11 que c'est, je ne vois vraiment pas pourquoi, même une discussion posée sur une décision de justice, c'est possible.
29:20 Ça existe dans un pays libre, on peut commenter, on peut même discuter, on peut même critiquer une décision de justice.
29:25 Et même le DGPN a le droit de le faire.
29:27 En revanche, ce syndicat, je ne l'ai pas vu réagir quand, en effet, le chef de l'État clôt l'enquête avant qu'elle soit terminée.
29:34 Parce que là, on a un vrai problème, beaucoup plus important que le DGPN.
29:38 Donc là, Gérald Darmanin, c'est-à-dire que s'il avait réagi autrement, ça aurait été absolument incompréhensible.
29:43 Voilà ce qu'a dit Frédéric Vaud quand même, je le rappelle, lors des émeutes,
29:46 les policiers sont souvent intervenus dans un contexte de chaos total.
29:49 On ne peut pas s'abstraire de ce contexte.
29:52 Puisque là, lorsqu'ils sont intervenus, ces policiers qui sont mis en cause, c'est dans le contexte des émeutes.
29:59 Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison.
30:02 C'est cette phrase qui a choqué une grande partie, d'ailleurs, de la classe politique.
30:06 Même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail.
30:10 Il met de côté ce qu'on appelle les ripoux.
30:13 Mais un peu plus tard dans l'interview, il l'explique.
30:18 Il dit qu'un policier qui intervient dans le cadre de son travail, il n'a rien à faire en détention.
30:23 Mais les ripoux, effectivement, ils doivent être sanctionnés.
30:26 Le savoir en prison m'empêche de dormir, mais la justice ne cède jamais à la pression médiatique ou de la rue.
30:31 Elle traite les dossiers.
30:33 Nous allons mener une réflexion sur notre organisation, nos équipements et nos modes d'action pour faire face à ce type de violences urbaines.
30:40 Jean-Christophe Couvy, ça fait combien de temps que vous êtes sur le terrain ?
30:44 Moi, je suis rentré en 98, Coupe du monde.
30:46 En 98, donc ça fait quasiment...
30:48 Ça fait 25 ans.
30:49 25 ans. Est-ce que vous aviez déjà vu un tel niveau de tension entre la police et la justice ?
30:54 Rarement, non.
30:56 Je sais que certains veulent nous emmener sur un match entre police et justice.
31:04 Ce n'est pas l'idée chez moi.
31:06 On n'arrête pas de dire, nous, on n'est pas l'ennemi les uns des autres.
31:09 On peut s'engueuler, c'est comme dans un couple.
31:11 Des fois, on s'engueule, des fois, les assiettes volent.
31:13 Mais à la fin, on n'est pas obligé non plus d'appeler l'avocat pour divorcer.
31:16 C'est-à-dire qu'on peut aussi se réconcilier et parler.
31:18 La seule chose que nous, on aimait, c'était des avis.
31:22 C'est-à-dire qu'à un moment donné, on a le droit aussi, dans la liberté d'expression,
31:25 de poser des questions sur pourquoi une détention provisoire pour un policier.
31:29 Alors on nous dit, oui, mais en fait, on n'est pas au-dessus des lois.
31:32 Les juges non plus ne sont pas au-dessus des lois.
31:34 Mais juste, c'est qu'en fait, on ne comprend pas.
31:37 C'est-à-dire qu'on est policier, on a un pouvoir quelque part extraordinaire,
31:41 parce qu'on nous donne aussi quand même une arme,
31:44 on nous donne le pouvoir de la force légitime.
31:46 Et après, on voudrait qu'on soit jugé comme des voyous, comme des gens ordinaires aussi.
31:51 Et donc, on se dit, il y a un truc qui ne va pas.
31:53 C'est-à-dire que d'un côté, voilà, heureusement qu'on est là.
31:56 Mais de l'autre côté, on demande juste, encore une fois, d'adapter.
31:59 On ne demande pas un régime démocrate.
32:01 Donc vous ne voyez pas de confrontation entre la police et la justice.
32:04 En revanche, en 25 ans d'activité, est-ce que vous aviez déjà eu et ressenti
32:11 un tel niveau de ras-le-bol du côté des policiers,
32:13 avec 5 % aujourd'hui qui sont en arrêt maladie ou qui refusent d'aller travailler ?
32:18 Là, on ne met pas de côté l'histoire des 562, c'est-à-dire ceux qui travaillent, mais en service réduit.
32:23 Voilà, parce que dans les 5 %, en fait, on a très bien compris la manip.
32:25 Les 5 %, les gens vont croire que c'est le 562, il n'y a que 5 % des policiers frontaliers.
32:29 C'est l'arrêt maladie. Mais en fait, tous les autres services sont 562.
32:32 D'ailleurs, on le voit, les statistiques chutent.
32:34 Les magistrats sont un peu plus contents parce que du coup, ils traitent moins d'affaires aussi.
32:37 Ils peuvent respirer. Il y a moins de dépôts.
32:40 Enfin, je veux dire, voilà, on le voit. D'ailleurs, ils nous le disent.
32:42 Là, ce n'est plus du tout les chiffres comme d'habitude.
32:44 On passe des journées, on s'ennuie presque. Voilà. Donc, imaginez un petit peu.
32:48 Et donc, non, mais c'est la vérité du terrain.
32:51 Et donc, en fait, oui, en 25 ans, oui, j'ai vu les choses monter petit à petit.
32:55 Et en fait, le policier sur le terrain, il se compare.
32:58 Il regarde aussi les choses jugées.
33:00 Il regarde quand il se fait cracher dessus, quand il se fait insulter,
33:03 quand il interpelle des personnes qui en veulent à sa vie.
33:06 Et il voit, par exemple, regardez l'effet d'hiver dans l'Oise.
33:11 Le petit gamin de 8 ans qui s'est fait renverser par une moto, qui a failli mourir.
33:15 Bon, mais la personne n'a pas fait de détention provisoire.
33:17 Elle est chez elle. Elle a pris 8 mois avec un bracelet électronique.
33:21 À Caen, le gamin de 12 ans qui s'est pris des coups de marteau sur la tête.
33:25 Là-dessus, le syndicat de la magistrature n'est pas monté au cran.
33:28 Mais bien sûr que non.
33:29 Donc, évidemment, il y a une question d'opportunité politique.
33:31 Donc, on ne peut pas faire l'économie ici.
33:33 Il y a des idéologues. Le problème, c'est qu'il y a des idéologues chez eux.
33:36 Et c'est le fameux, c'est Baudot, c'est Oswald Baudot qui les a.
33:40 Et c'est très important parce qu'en fait, moi, je dis toujours, la magistrature,
33:46 elle est là pour trancher un conflit dans la société.
33:48 Ce n'est pas une ONG et ce n'est pas non plus des travailleurs sociaux.
33:51 Gérald Darmanin, toujours. Et cette fois-ci, c'est sûr, c'est 5%.
33:54 Et c'est vrai que c'est intéressant parce qu'on sait que sur le terrain,
33:58 cette fronde, cette colère des policiers, elle est importante.
34:00 Ça se passe à Marseille. C'est une liste non exhaustive.
34:03 Je dis à chaque fois, ça se passe à Menton, à Nice, en région parisienne,
34:07 dans Paris-les-Commerces, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, bref, un peu partout,
34:12 où les policiers sont présents mais en service minimum.
34:14 Et puis, il y a aussi ceux qui ont décidé de se porter pâle et d'être en arrêt maladie.
34:19 On écoute le ministre de l'Intérieur.
34:21 Alors aujourd'hui, il y a moins de 5% des policiers qui soit se sont mis en arrêt maladie,
34:26 soit ont refusé d'aller au travail.
34:28 Encore une fois, j'ai dit que je comprenais leur émotion, leur colère et leur tristesse.
34:32 Je veux aussi dire, et j'ai une réunion dans quelques instants avec l'ensemble des syndicats
34:35 qui ont accepté de venir ce soir Place Beauvau, je les en remercie.
34:38 Je veux aussi dire que cette fatigue, cette tristesse, cette émotion,
34:43 ne peut pas oublier le sens de la mission pour laquelle nous sommes agents au ministère de l'Intérieur.
34:47 Le service de la population.
34:49 Parce que qui trinque lorsque les policiers ne sont pas dans la rue ?
34:52 C'est la femme qui s'est violentée par son compagnon.
34:55 C'est l'enfant qui est en détresse, auquel on ne répond pas à sa détresse.
34:58 C'est les habitants des quartiers populaires qui n'ont pas les moyens de se payer la sécurité.
35:02 Bon là, il y a l'homme politique qui parle. Il n'y a pas que le ministre de l'Intérieur, il est très fort.
35:06 Parce que ce qu'il va dire, c'est qu'il y a 5% des policiers,
35:09 les téléspectateurs qui nous regardent, ils sont nombreux, ils disent "bon ben c'est rien, c'est un épidémomène".
35:13 Oui mais ça, ce qu'il vient de nous dire, c'est ce qui fait toujours tenir,
35:16 c'est en fait, on met toujours la poussière sous le tapis.
35:18 Et d'ailleurs, les collègues nous le disent aussi, parce que des fois, on a voulu faire des mouvements aussi, spontanés, etc.
35:22 Et les collègues nous disaient "mais non, on ne peut pas, il y a des victimes, si on fait ça, on met tout".
35:26 Et là aujourd'hui, les collègues nous disent "ben vous savez quoi, on est tellement à bout, on sait qu'il y a des victimes,
35:30 alors on va nous appeler, on va se déplacer, mais je suis désolé, mais en fait, si on ne montre pas aussi, à un moment donné,
35:35 qu'on n'est pas juste des ustensiles pour le pouvoir politique, et que quand on intervient,
35:40 on a toujours cette épée de démocratie sur la tête, et qu'il faut qu'on change aussi un petit peu les choses et notre prisme,
35:45 et bien effectivement, aujourd'hui, on est prêt, tant pis, à se mettre en arrêt,
35:49 parce qu'on est fatigué, on en a marre, personne ne nous écoute.
35:52 Les Français feront leur justice, et leur police, à un moment donné.
35:55 Monsieur le député, quel regard vous portez sur ces 5% qui se sont portés pâles ?
35:59 Et peut-être que ça, dans l'état d'esprit des Français, ça peut choquer.
36:04 C'est-à-dire que, autant l'activité à minima, ça peut s'entendre,
36:10 autant le fait de faire un arrêt maladie, pour montrer en quelque sorte sa colère, ça peut être quelque chose d'un peu perturbant.
36:18 Je vais vous faire un coup que je ne vous fais pas souvent, je vais vous faire un en même temps.
36:21 Oula ! Oula !
36:23 Non mais rassurez-vous, je suis toujours au RAN.
36:25 Non mais en même temps, on peut comprendre ce ras-le-bol.
36:27 Honnêtement, quand vous avez face à vous des violences contre les policiers,
36:31 des agressions contre les policiers qui n'ont jamais été aussi hautes,
36:33 un climat de violence dans la société qui n'a jamais été aussi fort,
36:36 que vous avez des émeutes qu'on n'avait pas connues depuis des décennies,
36:39 que vous êtes au front face à cela, et que derrière vous n'avez aucune gratitude,
36:43 je comprends que vous ayez du mal à vous réveiller le matin.
36:45 En même temps, on voit que 75%, ça dépend des sondages, mais des Français ont confiance en leur police.
36:52 D'ailleurs, 70% de ces mêmes Français n'ont pas confiance en Emmanuel Macron pour amener l'ordre.
36:56 Bon, ceci étant dit, je pense qu'il faut garder cette confiance,
36:59 parce qu'il y a une disproportion des attaques et du lynchage des policiers.
37:03 Oui, certains juges n'aiment pas la police, on peut le dire.
37:05 Oui, des groupes politiques inconséquents et irresponsables n'aiment pas la police.
37:11 Vous saluerez Mme Rousseau.
37:13 Oui, bien sûr, tout cela existe, même certains journalistes.
37:15 Mais grosso modo, les policiers sont soutenus, il faut qu'ils continuent à l'être.
37:18 Et ils sont soutenus parce qu'ils sont efficaces.
37:20 Il ne faudrait pas, et c'est toute l'ambiguïté de votre mouvement,
37:23 qu'en n'arrêtant pas un certain nombre de voyous, ils perdent cette confiance.
37:27 Donc ça, c'est à vous de mesurer, moi je ne suis pas à votre place.
37:29 Mais il faut vous faire entendre d'un côté, mais garder cette confiance des Français.
37:32 D'où le 562 où en fait, on ne fait pas de zèle.
37:35 C'est-à-dire qu'on intervient quand il y a besoin, quand on nous appelle.
37:38 Parce que vous en faites du zèle parfois ?
37:40 Ça s'appelle l'initiative, oui, parce qu'on a des chiffres.
37:42 Vous savez, chez nous, on est chiffré, on a un tableau de bord avec tant de contrôles par jour.
37:46 Vous aussi, vous avez des tableaux Excel.
37:48 On a toute la fonction publique.
37:50 Aujourd'hui, on a une technostructure qui tient plus un tableau de bord Excel que des vrais policiers.
37:55 Tous les anciens grands commissaires policiers, je peux vous dire qu'ils doivent se retourner de temps en temps
38:01 en disant "mais bon sang, nous on était des flicards".
38:03 Est-ce qu'on a des premières réactions, Thomas ?
38:05 Alors, je vous prends un peu de cours, mais ce que je vous propose, c'est de regarder
38:08 s'il y a des réactions politiques qui arrivent.
38:11 On dit toujours que c'est un climat.
38:13 Il y a un climat politique et il y a un climat médiatique.
38:16 C'est Thomas qui parlait de Sainte-Soline, il a entièrement raison.
38:19 Quand vous voyez le débriefing, ou en tout cas le rapport qui a été rendu par la Ligue des droits de l'homme,
38:26 qui font une conférence de presse pour nous expliquer que la France bascule dans un état autoritaire,
38:31 que les violences sont l'œuvre quasiment uniquement des forces de l'ordre,
38:37 qu'un journaliste interpelle, ils étaient 12 autour de la table, interpelle l'un des leurs en disant
38:42 "mais attendez, mais il y avait quand même des éléments radicaux à Sainte-Soline,
38:46 il y avait quand même des éléments dangereux.
38:48 Est-ce que vous avez réussi à les chiffrer ?
38:50 Qu'il y a un énorme blanc dans la salle et que c'est le dernier qui arrive en disant
38:54 "en fait, le point de tension, on n'y était pas, on était à plusieurs centaines de mètres".
38:59 Bon, ces personnes-là, qui alimentent le climat de violences policières,
39:04 c'est un mot qui pour eux est normal, parce qu'il y a une violence systémique dans la police,
39:09 et bien vous avez des gens qui les invitent et qui ont une tribune XXL.
39:13 - J'ai dit à Manuel Bompard, vous êtes content, il n'y a plus de BAC ?
39:17 Puisque forcément la BAC à Marseille par exemple est en arrêt de travail ou en 5/62.
39:21 Donc en fait il n'y a plus de délinquance, ni de violence,
39:24 puisque du coup c'est de la police qui génère de la violence, etc.
39:28 Donc il n'y a plus rien, il n'y a plus de dépôt de plainte, il n'y a plus de victime,
39:31 tout va bien, la France est pacifiée.
39:33 S'il n'y a plus de police, elle est pacifiée.
39:35 Et bien que non, puisque les gens font la queue pour aller déposer plainte parce qu'ils se font agresser.
39:39 - Allez-y, Pierre.
39:40 - En fait la difficulté, j'ai vraiment l'impression qu'on vit en France avec...
39:44 Il y a une dimension parallèle et il y a le réel, pardon de le dire au succubement.
39:47 Il y a vraiment des gens en France, il y a un camp politique qui considère
39:50 quelque chose qui est à l'opposé de ce qui est partagé par la majorité française,
39:53 c'est-à-dire que nous sommes face à un état policier,
39:56 nous sommes sortis de l'état de droit, et au fond le problème principal en France,
40:00 ce sont, je cite avec les grands guillemets, parce que je n'aime pas cette expression,
40:03 les violences policières. Et au fond, ce serait ça le problème de la société.
40:07 Et au fond, ce qui fait peur à la société, je le dis très sérieusement,
40:10 pour une partie de la gauche et de l'extrême gauche, ce sont les policiers.
40:13 Non, les citoyens français, les Français, ce qui leur fait peur dans la rue,
40:16 ce n'est pas les policiers. Mais il y a une bonne partie des gens,
40:18 il y a une bonne partie, pardon, de cette gauche, de ces gens, qui pensent sincèrement ça.
40:22 Donc il y a vraiment une dimension parallèle, c'est pour ça qu'il faut ramener un peu de réel,
40:26 effectivement, là-dedans, comme vous le disiez tout à l'heure.
40:28 Je pense qu'aujourd'hui, le problème en France, c'est pas qu'on sort de l'état de droit,
40:32 c'est pas les violences policières, ce terme qui ne veut d'ailleurs rien dire.
40:35 La question, c'est est-ce qu'on utilise de manière proportionnelle la force ou non ?
40:38 Et là, je ne fais que traduire le droit. Ce n'est que ça.
40:41 Mais il faut remettre le réel à sa place. Le réel à sa place aujourd'hui,
40:45 c'est que ce n'est pas les policiers qui font peur en France,
40:47 c'est l'ensauvagement de ce pays et l'insécurité qui ne cesse d'augmenter.
40:51 Tant qu'on vivra avec deux Frances comme ça, qui ne se parlent pas,
40:55 qui ne se comprennent pas, on ne s'en sortira pas, vraiment.
40:58 La priorité des priorités, c'est de rappeler, et je le répète une nouvelle fois,
41:04 c'est que le temps de l'émotion, parce que les faits sont extrêmement graves à Marseille,
41:08 et rappelons-le, mais le temps de l'émotion n'est pas le temps de l'enquête.
41:12 Il faut que justice soit faite, que justice soit rendue,
41:16 qu'on comprenne ce qu'il s'est passé avant, pendant et après,
41:20 qu'on comprenne les responsabilités, qu'on sache qui sont ces policiers,
41:24 pourquoi ils sont intervenus comme ça.
41:26 Et aujourd'hui, je ne peux pas donner ces éléments-là.
41:29 C'est pour ça qu'on prend énormément de précautions.
41:32 On peut donner la parole à Edi, c'est-à-dire que je vous ai donné son témoignage,
41:38 je ne peux pas vous donner le témoignage des policiers,
41:40 puisque pour l'instant, il n'y en a pas.
41:42 Donc vous voyez ce que je veux dire, c'est cette précaution que certains ne veulent pas prendre.
41:46 Et c'est ça qui est perturbant.
41:47 - Quand on vous donne le témoignage de ce jeune homme,
41:49 il faut préciser que nous n'avons pas le témoignage,
41:51 que nous n'avons pas le récit des policiers en face,
41:54 et il faut également rappeler que, il y a quand même un chiffre qui clôt un peu ce débat-là,
41:58 la police, alors je ne me souviens plus des gendarmes,
42:00 mais je me souviens que c'est la même proportion exactement.
42:02 Vous avez 10 millions d'interventions par an,
42:04 et 0,01% de saisine de l'IGPN.
42:08 Et n'importe lequel d'entre nous peut saisir l'IGPN sur une action de police.
42:13 Donc ça veut bien dire que ce discours qui est très présent dans le débat public,
42:18 l'est beaucoup moins dans le pays concrètement.
42:21 Donc il faut aussi remettre ça en place quand on parle de ce sujet.
42:24 - Et justement, Emmanuel Macron ne sait pas se situer dans ce débat.
42:27 - Thomas Bonnet, est-ce que vous aurez quelques réactions politiques ?
42:29 - Je viens de trouver une réaction de Thomas Portes, député de la France Insoumise,
42:33 qui cite en fait les propos de Gérald Darmanin,
42:36 qui soutient le directeur général de la police nationale.
42:39 Et il dit "Ce n'est plus la hiérarchie policière qui s'exprime,
42:41 mais une bande organisée.
42:43 Être directeur général de la police, ce n'est pas se comporter comme un chef de bande,
42:46 mais faire respecter les valeurs de la République par l'institution.
42:49 Ces gens parlent comme des séditions."
42:50 - Je rappelle que Thomas Portes était celui qui,
42:53 fièrement posait avec la tête d'Olivier Dussopt sur un ballon de foot.
42:57 - J'aimerais savoir ce que tu penses de Jean-Luc Mélenchon,
42:59 qui s'énerve au moment où lui-même a des problèmes avec la justice.
43:01 Il conteste quand même ce qui lui arrive, il conteste les décisions qui sont prises,
43:05 il conteste publiquement des décisions qui sont faites.
43:08 Personne ne l'a poursuivi pour ça, me semble-t-il.
43:10 - Il y a une inversion des valeurs totalement incroyable.
43:13 Oui, il y a des séditieux en France.
43:15 Ce sont ces voyous qui sortent de certaines banlieues pour attaquer des mairies.
43:18 Oui, il y a des violences en France qui impliquent des policiers.
43:21 C'est celle dont les policiers sont victimes.
43:23 Il y a eu 900 policiers blessés lors de ces émeutes.
43:26 Et on a l'impression, en fait, qu'il y a une inversion totale de cette extrême gauche
43:30 qui qualifie les policiers de la manière dont on devrait qualifier les émeutiers.
43:34 Pourquoi ? Parce qu'ils les défendent, les émeutiers.
43:37 Parce qu'ils ont intérêt au désordre.
43:39 Parce que bien souvent, c'est leur électorat.
43:41 Et donc, il y a une instrumentalisation par une certaine force politique.
43:45 Vous disiez qu'ils croyaient sincèrement ce qu'ils pensaient mettre.
43:48 Certains, probablement. D'autres sont très cyniques.
43:50 Et une analyse électoraliste très froide en se disant,
43:53 pour avoir des votes le prochain coup, je dois taper les policiers et encourager les racailles.
43:58 Et c'est très grave. Ils sont une petite minorité à penser comme ça.
44:01 Je le rappelle, les Français soutiennent leur police.
44:04 Et pour cette petite minorité... - 70% des Français.
44:06 - Oui. A cause de cette petite minorité, des hommes timorés, des hommes politiques timorés,
44:10 comme le président de la République, qui veulent ménager la chèvre et le chou,
44:14 n'osent pas prendre les bonnes décisions.
44:16 Les décisions qu'il faut prendre, c'est être plus sévère avec ceux qui agressent les policiers.
44:19 Les décisions qu'il faut prendre, c'est être plus sévère avec ceux qui attaquent la République
44:23 que sont les émeutiers. Pas l'inverse.
44:25 - Il nous reste quelques minutes. On avait évidemment beaucoup de choses à traiter ce soir.
44:29 Je voulais qu'on parle du harcèlement scolaire.
44:32 Vous savez, ce matin, on était avec une maman qui ne savait pas comment faire
44:35 et qui n'avait pas de réponse de la part du rectorat.
44:40 Et il y a eu une réactivité du ministère de l'Éducation nationale.
44:45 Je rappelle très rapidement les faits, si je les ai toujours avec moi.
44:49 C'était Amandine, 14 ans, victime de harcèlement.
44:52 Sa maman avait signalé les faits à l'établissement.
44:54 Elle voulait qu'elle change d'école, mais on lui a expliqué que son cas n'était pas prioritaire.
44:59 Elle a témoigné dans l'heure des pros ce matin. Elle a témoigné auprès d'RTL hier.
45:03 Et c'est ça le miracle aussi. C'est-à-dire que quand on médiatise un peu les informations,
45:07 il y a une réactivité. Et bravo au ministère de l'Éducation nationale.
45:10 À la demande de mes services, le rectorat a trouvé un nouvel établissement
45:13 pour qu'Amandine puisse étudier sereinement dès la rentrée.
45:17 Il poursuit un peu plus sur la question du harcèlement scolaire.
45:22 Il en fait une priorité. La lutte contre le harcèlement scolaire, c'est une priorité absolue pour moi.
45:29 C'est absolument insupportable qu'il y ait des élèves qui aillent à l'école ou rentrent de l'école
45:34 et qui se boulent au ventre en sachant que le harcèlement qu'ils subissent à l'école
45:37 se poursuit sur les réseaux sociaux. Voilà donc un ministre qui a décidé,
45:41 en l'espace d'une semaine, de faire plus que Papandier en l'espace d'un an.
45:45 Je caricature un petit peu, mais pour le coup...
45:47 - Pour les paroles, pour l'instant. - Pour le coup, il lui a trouvé une école.
45:49 C'est-à-dire qu'ils ont vu l'information dans l'après-midi et il y avait...
45:52 - Pour régler le problème. - Il a dit, quand il est arrivé au ministère,
45:55 que c'était une de ses priorités nationale. Ce qu'on n'a jamais dit Papandier.
45:57 - Il nous reste exactement 5 minutes. Et je ne voulais pas qu'on ne parle que de la police.
46:02 - Je vais demander à Régine Delfour de nous rejoindre. Pourquoi ?
46:04 Régine, non, faites le tour, s'il vous plaît, puisqu'il y a la caméra.
46:07 Régine Delfour, vous êtes notre reporter à CNews.
46:10 Hier, il y avait une marche blanche pour Enzo.
46:13 Et c'est un... Moi, c'est toujours la même question.
46:17 Je ne comprends pas pourquoi il y a cette absence de médiatisation
46:23 pour comprendre ce qu'il s'est passé à travers ce drame.
46:26 C'est un enfant de 15 ans qui a été tué pour un regard.
46:30 Il y avait 1200 personnes, Régine, et c'est une marche blanche que vous avez couverte.
46:35 - 1200 personnes et 200 motos.
46:37 - Et 200 motards, parce que je crois qu'il faisait beaucoup de moto.
46:40 - Parce que c'était sa passion, la moto. - C'était sa passion.
46:41 Je vous propose d'écouter l'une des mamans, qui était d'un ami d'Enzo.
46:45 - Son meilleur ami.
46:46 - Et qui a témoigné à votre micro. On l'écoute et ensuite, vous allez nous raconter.
46:49 - Tout à fait. C'est son frère de cœur.
46:53 Ils étaient tout le temps ensemble. Il n'y a pas un jour l'un sans l'autre.
46:57 C'est très compliqué. Aujourd'hui, j'ai un enfant qui est dévasté.
47:03 C'est très difficile. Il ne parle plus.
47:09 C'est un village peiné, attristé, écœuré par ce qui s'est passé.
47:17 J'espère que ce genre de choses n'arrivera pas à d'autres mamans,
47:24 parce que franchement, ça fait mal.
47:27 - Régine Nelfort, vous étiez sur le terrain hier.
47:30 C'est vous qui avez récolté tous ces témoignages, qui avez couvert cette marche.
47:35 C'est vrai qu'on s'est posé cette question.
47:38 Pourquoi il y avait si peu de médias ?
47:42 Pourquoi il y avait si peu de responsables politiques ?
47:45 Vous avez interrogé le député de l'heure socialiste, qui est présent,
47:48 et le maire de la commune, Leym Malherbe.
47:51 C'est vrai que ce drame-là, qui touche tous les Français aujourd'hui,
47:56 s'est passé dans l'indifférence la plus totale.
47:58 - S'est passé sous silence totalement.
48:00 Personne ne comprend ce qui s'est passé, parce que pour un mauvais regard.
48:04 C'est un mauvais regard.
48:05 Vers 17h, les jeunes ont l'habitude de se retrouver au niveau du stade.
48:10 Ces deux jeunes sont invités par une jeune, ils ne sont pas passés par hasard.
48:15 On ne sait pas pourquoi, mais il y a eu une altercation, un mauvais regard.
48:18 Il est déjà touché, il y en a un qui sort, qui le plante d'abord au niveau de la jambe,
48:23 et après du thorax.
48:25 - Donc il est touché à deux reprises.
48:27 - Oui, en fait on ne parle que du thorax, et on dit d'abord la jambe,
48:31 et ensuite le thorax.
48:32 Il n'était pas avec sa petite amie, comme ça a été dit dans les médias,
48:35 il était avec son amie, celle qu'on a interviewée,
48:37 cette jeune fille qui était témoin de la scène.
48:40 Et donc hier, ce qui était frappant, c'était de voir tous ces gens,
48:43 parce que 1200 personnes, on est dans un village de 1500.
48:46 - Oui, 1500 habitants.
48:48 - Ça veut dire qu'ils viennent des départements voisins,
48:50 de tout le département aussi, et des parents, beaucoup de parents,
48:53 beaucoup de jeunes, des parents qui disent, mais en fait,
48:55 on ne comprend pas là, qu'est-ce qui se passe, il faut que ça s'arrête.
48:58 Pour un mauvais regard, il a 15 ans, donc c'est un adolescent,
49:01 encore un enfant, c'est un adolescent, et il meurt.
49:05 - Est-ce que vous qui étiez à la Himalaya dans l'heure, c'est quoi,
49:09 c'est un village ?
49:10 - C'est un petit village.
49:11 - Est-ce que vous avez eu la sensation qu'on était dans une sorte de quartier
49:15 défavorisé, de ville défavorisée ?
49:17 - Non, pas du tout, c'est un petit village, vous êtes en race campagne,
49:21 avec des jolies petites maisons, enfin, je veux dire, c'est absolument pas,
49:25 on est à quelques kilomètres de Louvier, c'est absolument pas,
49:28 on n'est pas dans une cité.
49:29 - Les agresseurs étaient du village, on le sait ou pas ?
49:31 - Ils étaient d'à côté, d'un petit village à côté.
49:33 - Mais ils n'étaient pas connus des services de police et de justice,
49:35 sans casier judiciaire.
49:37 Vous vouliez réagir, Maître, vraiment en 30 secondes,
49:39 parce que j'aimerais qu'on termine avec une belle image.
49:41 - Effectivement, moi, cette affaire m'a vraiment marqué,
49:43 m'a beaucoup touché, parce que c'est vraiment un jeune homme
49:45 qui avait la vie devant lui, il était beau, en plus,
49:47 on a vu des photos qui... Enfin, je veux dire, c'était vraiment terrible,
49:50 ce qui est passé, et cette marche blanche, ce que je veux vraiment
49:53 souligner ici, c'est l'extraordinaire dignité de ces gens,
49:56 l'extraordinaire dignité des parents, c'est-à-dire que, vous voyez,
49:59 là, il y a un jeune qui meurt, il n'y a pas des voitures qui brûlent,
50:02 il n'y a pas des gens qui cèdent, et ils pourraient céder à la colère,
50:06 à la surémotion, ils restent dignes, ils restent droits,
50:10 et ça, je voudrais vraiment que ce soit souligné ici.
50:13 - Eh bien, le massage est passé. Merci à tous les six,
50:16 c'était un plaisir de pouvoir décrypter avec vous les mots
50:20 du ministre de l'Intérieur, qui a réagi avec fermeté,
50:24 certains diront peut-être avec courage, parce que ce n'est pas
50:28 le même discours qu'on a pu entendre un peu plus haut,
50:31 dans d'autres conditions, il y a tout juste un mois,
50:33 et je pense que ce sera ça, le grand décryptage demain.
50:36 Charlotte Dornelas, on est ensemble demain matin,
50:38 pour l'heure des pro 1 ? - Avec plaisir.
50:40 - Yes ! Jean-Christophe Couvier, on est...
50:42 Non, on vous laisse tranquille demain matin, ça va ?
50:45 - Non, ça va pas, enfin si, ça va, mais je suis pris ailleurs aussi,
50:49 je vais là, on m'invite, vous savez.
50:51 - Non mais attendez, vous êtes ailleurs demain matin ?
50:54 Jean-Christophe Couvier, vous êtes un factieux, je l'ai toujours dit,
50:57 c'est un scandale, vous êtes un sédicieux, je le savais.
51:00 Est-ce qu'il nous reste 30 secondes pour terminer sur une image de sport ?
51:03 Allez, une belle image, Léon Marchand, j'ai l'impression
51:05 que je vais le faire tous les jours, Léon Marchand.
51:07 Il s'est encore imposé comme un géant de la natation
51:10 en remportant son 3ème titre de la semaine jeudi
51:13 au mondieux de Fukuyaka, où l'Australien Kyle Chalmers
51:17 s'est enfin offert un premier or planétaire sur 100 mètres nage libre.
51:21 Marchand a poursuivi sa procession impériale à Fukuyaka,
51:24 nous explique l'agence France Presse et ses belles images.
51:29 3ème médaille d'or, il a 21 ans, 21 ans, bravo.
51:33 Bravo à eux, bravo à vous et je remercie Marine Carballet,
51:39 qui est la programmatrice, c'est elle qui m'a signalé hier
51:43 le harcèlement scolaire pour la petite Amandine,
51:47 en me disant "la maman, tu devrais l'interroger parce qu'elle était
51:50 en difficulté, elle a été interrogée par RTL, la situation n'avance pas"
51:54 et donc je remercie Marine Carballet et puis à travers Marine
51:58 toute l'équipe de programmation.
52:00 Merci à tous les 6, merci Benjamin Nau, merci Maxime Leguet,
52:03 rendez-vous demain matin.
52:05 [Bruit de la porte qui s'ouvre]

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