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DB - 02-08-2023

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04:40 - C'est compréhensible.
04:41 Cela fait plus de 10 ans que ces géants de l'art guerrier ont pris l'habitude d'échanger
04:45 allègrement leurs opinions sur le champ de bataille.
04:49 - Ichinino est impulsif, mais qu'importe, nous déplorons l'absence de deux convives,
04:54 voilà tout.
04:55 - Ne déplorez rien, Monseigneur.
04:56 Il me semble que vos invités sauront faire honneur, eux, aux banquettes ce soir.
05:03 Cet événement mériterait un certain nombre de réflexions d'ordre philosophique, mais
05:09 alas, ne va pas aussi loin.
05:10 Souffrez donc, Monseigneur, que je leur dédie ces pauvres rimes improvisées.
05:14 Voici, mes seigneurs, ce qu'est une bataille.
05:19 Le vainqueur sourit, le vaincu gémit.
05:21 Le vainqueur aura une médaille, mais tous deux s'offriront de joyeuses ripailles.
05:25 Car les morts restent morts et les vivants vivants.
05:28 La morale ne manque pas de piquant.
05:31 Celui qui brandit l'épée et la lance le fête au profit de sa pence.
05:36 - Capitaine, j'ai une autre surprise pour vous.
05:48 - Elle est magnifique.
05:52 - Nous possédons dix couleuverines comme celle-ci.
05:55 Je les mets à votre disposition.
05:56 Elles ont une plus grande portée que les bombardes.
05:59 Elles lancent des boulets de fer et non des boulets de pierre d'un poids de 50 livres.
06:03 Elles sont très maniables.
06:04 Allez donc, laissez-les examiner.
06:05 Tirez donc un boulet par la fenêtre.
06:18 Choisissez la cible que vous voudrez avec ma bénédiction.
06:20 - Je vous en prie, capitaine, n'en faites rien.
06:22 - Il n'y a là aucun danger.
06:24 La duchesse n'est pas craintive de nature, mais l'éclat des poudres la terrorise.
06:28 - J'ai tout aussi horreur des armes qui explosent.
06:32 Mais je peux me dominer.
06:34 - Caramouche, je suis forcé de vous quitter.
06:42 Je viens de me prendre.
06:43 Je suis malade.
06:44 - Il n'est pas malade.
06:55 Le teneur lui fait peur, c'est la seule raison.
06:57 Mais le duc est un grand comédien.
07:00 Je peux vous assurer que dans cinq minutes, il s'étendra paresseusement sur un lit et
07:03 se riant de nous, dévorera la moitié de moutons.
07:05 - Je suis désolé, je suis désolé.
07:33 - Je suis désolé.
08:01 - J'allais...
08:03 A boire.
08:05 A boire.
08:07 - Vous voulez boire, capitaine ? Rien n'est plus facile.
08:31 Vous allez boire autant qu'il vous plaira.
08:33 Son Altesse m'a donné l'ordre de vous traiter avec tous les égards, dû à un personnage
08:38 de votre rang.
08:39 Mais auparavant, il nous faut remplir une formalité.
08:42 Le capitaine général Francesco Piccinino vous informe qu'il a décidé de me confier
08:47 le commandement de toutes vos troupes.
08:49 - Et alors ? - La totalité de vos hommes d'armes refuse de
08:53 m'obéir.
08:54 C'est pour cela que je vous demande de leur en donner l'ordre par écrit.
08:57 - Et pourquoi ferai-je cela ?
09:00 - Pour éviter qu'ils soient tous tués.
09:02 Car ceux qui refuseront de reconnaître et d'obéir au nouveau commandant-chef seront
09:09 décapités.
09:10 - Je pense que vous aurez beaucoup à faire ces prochains jours.
09:17 Décapiter 3000 hommes prend du temps.
09:22 - Alors, ne me faites pas croire que la vie de vos soldats vous laisse indifférents.
09:25 Ce sont des hommes qui vous sont dévoués corps et âme.
09:28 Votre signature et ils sont sauvés.
09:32 Mais vous avez soif, capitaine ? Je l'avais presque oublié.
09:43 - L'envie de boire m'est tracée.
09:56 - Bartolomeo Coleoni, vous signerez de grève force.
10:01 Le capitaine Francesco Piccinino saura vous y contraindre.
10:04 - Il n'y a qu'un Piccinino à qui Bartolomeo Coleoni a reconnu le droit de lui dicter des
10:09 ordres.
10:10 Il est mort il y a bien longtemps.
10:13 Il se prénommait Niccolo.
10:15 Lui aussi était mon ennemi.
10:19 Mais c'était un ennemi digne de respect.
10:23 Et un homme d'honneur.
10:27 - Plus fort, plus fort ! Enfroite plus fort ! As-tu peur de me faire mal ? Ne vois-tu
10:34 pas que j'ai une peau de dragon ?
10:35 - Excusez-moi pour cet accueil.
10:38 Je ne m'attendais pas à vous recevoir dans cette pièce.
10:41 Si vous le permettez, je vais finir mes ablutions.
10:46 - Je vous en prie, j'ai tout mon temps.
10:48 - Buvez un peu de ce vin, capitaine.
10:50 - A votre santé.
10:57 - A votre santé.
11:00 - Impénétrable méandre de notre destinée.
11:02 Il y a tout juste un an, vous exhortiez nos soldats contre ceux du capitaine Coleoni.
11:06 Et je vous entendais crier, "égorgez-les".
11:09 Du reste, j'ai aussi noté que le capitaine Coleoni, nous attaquant au même instant,
11:15 hurlait la même exhortation, "égorgez-les, égorgez-les".
11:19 - Eh bien, à nous maintenant.
11:23 Qu'est-ce qui me vaut l'honneur de cette visite, capitaine ?
11:28 - La guerre contre Sforza.
11:30 - Je suis venu sur ordre du duc.
11:34 - Comment ? D'un côté, le duc me contraint à 1 000 subterfuges pour éviter de se compromettre
11:40 dans cette guerre contre Sforza.
11:42 Et voilà que maintenant, il vous envoie au grand jour ?
11:45 Combien d'hommes avez-vous amenés ?
11:48 - Peu importe leur nombre, ce sont mes soldats.
11:51 - Je n'ai nul besoin de renforts.
11:53 Avec les Aragonais, les troupes du pape et les soldats à ma solde, j'ai plus de 20 000
11:58 hommes.
11:59 Une forte belle armée.
12:00 Francesco Sforza ne peut en aligner que 8 000.
12:04 Je suis en mesure de l'écraser à mon gré.
12:06 Aussitôt que...
12:09 Mais vous venez peut-être m'apporter l'ordre d'attaquer.
12:13 - Il n'est pas nécessaire d'attaquer.
12:15 Son Altesse m'envoie justement à Senigalia avec des ordres précis.
12:20 Il désire que mes soldats fassent un barrage entre vous et Sforza, afin que pour le moment
12:24 aucune action de guerre ne soit déclenchée.
12:26 - Mais enfin, cet ordre est aberrant.
12:29 Francesco Sforza est notre plus implacable ennemi et maintenant qu'il est à notre merci,
12:35 il me paraît que c'est pure folie de vouloir m'empêcher de l'anéantir.
12:38 - Vous sous-estimez, je crois, la valeur de cette ruse de guerre, mon capitaine.
12:42 Son Altesse a des visées bien plus ambitieuses.
12:44 Son intention est de compromettre la République de Venise.
12:47 Il est de notoriété que Francesco Sforza a sollicité l'aide de la Cyreillissime.
12:52 - Ce qui signifie ?
12:53 - Cela me semble limpide.
12:54 Le Duc donne un répit à Sforza parce qu'il veut que la République vole à son secours
13:00 et lorsque ce sera fait, son but sera atteint.
13:02 La guerre à outrance contre Venise.
13:06 A moins que...
13:07 - A moins que quoi ?
13:08 - Eh bien, à moins que vous ne soyez le type d'homme qui préfère toujours gober l'œuf
13:11 aujourd'hui plutôt que de croquer la poule demain.
13:13 - Je ne gobe pas d'œufs, ni ne fréquente les poulaillers.
13:17 - Pardon père, c'est vous en ce moment qui commandez les armées de la Ligue contre Sforza.
13:22 Philippe Marie Visconti est Duc de Milan mais il ne peut donner des ordres au nom de
13:25 toute la Ligue.
13:26 Et de ce fait, vous n'avez pas à obéir au capitaine Colleoni.
13:30 - Avec votre permission, je vais aller voir comment mes hommes sont installés.
13:34 Ils sont très fatigués.
13:35 Nous sommes venus depuis la Lombardie à marche forcée.
13:38 Quant à vos discours, je regrette, je ne suis qu'un soldat.
13:45 Je ne comprends rien à la politique.
13:47 Son Altesse m'a donné des ordres précis.
13:50 Je les ferai respecter.
13:53 - Nous ajouterons volontiers une note à notre chronique de la guerre.
14:04 Aujourd'hui, le Duc Philippe Marie Visconti nous a donné une nouvelle preuve de ses audaces
14:10 intellectuelles en se lançant vaillamment dans des dessins politiques toujours plus
14:15 compréhensibles, toujours plus lumineux.
14:17 Des dessins incompréhensibles pour tout un chacun, sauf, cela va sans dire, pour les
14:24 militaires.
14:25 - Bon appétit, Monseigneur.
14:47 - Un peu humide, ce cachot.
14:54 L'hiver est déjà arrivé.
14:57 Mais en compensation, vous aurez le plaisir de passer l'été sans avoir à souffrir
15:02 de la chaleur.
15:03 Vous ne dites rien ? Je vois que vous voulez rester seul.
15:10 Avec votre permission, Capitaine.
15:17 - Je vous en prie, ne soyez pas en colère.
15:44 - Je vous en prie, ne soyez pas en colère.
16:13 - Capitaine.
16:14 - Ah, je vous attendais.
16:15 - Je serais venu de mon propre chef sans que vous ayez à m'appeler.
16:26 Je suis arrivé de Milan il y a tout juste deux heures.
16:28 - J'ai reçu des nouvelles qui m'inquiètent beaucoup.
16:30 - Oh, il ne faut pas vous inquiéter, mon Capitaine.
16:33 Le Duc se trouve en parfaite santé et je crois qu'il aurait même l'intention bien
16:37 arrêtée de se réconcilier avec Francesco Sforza.
16:40 - C'est impossible, voyons.
16:42 Il me demandait sa tête avant-hier.
16:45 - Il a changé d'humeur.
16:46 Il ne faut pas oublier qu'il s'agit quand même de son gendre.
16:50 Et puis, il y a cette naissance, premier enfant.
16:53 Vous qui en avez sept, toutes des filles à ce qu'il paraît, vous comprendrez facilement.
16:58 - Vous avez bien dit un enfant ?
17:01 - Le premier enfant du seigneur Sforza.
17:04 Sa jeune et charmante épouse vient de mettre au monde un héritier, un superbe garçon.
17:09 C'est ainsi que le Duc Philippe Marie Visconti est devenu grand-père.
17:15 J'imagine qu'il en est tout attendri.
17:17 - Et pour moi, vous a-t-il donné un message ?
17:21 - Oui, il m'a chargé de vous prier de rentrer immédiatement à Milan.
17:27 - Mais si je quitte mon poste, Piccinino et Sforza se jetteront l'un sur l'autre.
17:31 - Eh bien, ce ne sera pas la première fois.
17:33 - Oui, mais en ce moment, Niccolo Piccinino n'est pas prêt à soutenir une bataille de
17:36 ce genre.
17:37 - Ses fidèles alliés d'Aragon l'ont abandonné de façon imprévue.
17:40 Est-ce que son Altesse le sait ?
17:42 - Comment ne le saurait-il pas ? C'est lui qui a donné l'ordre aux Aragonais de se
17:46 retirer.
17:47 Capitaine, il y a trois mois, le jour où vous êtes arrivé au château de Senigallia,
17:56 je vous ai entendu déclarer que vous étiez un soldat et non un politicien.
18:00 Alors pourquoi ? Pourquoi vous faire tellement de soucis ?
18:05 - Je ne pourrais permettre qu'un homme et un soldat comme Niccolo Piccinino soient lâchement
18:10 poignardés dans le dos.
18:11 - C'est insensé de vous entêter de la sorte.
18:28 Après tout, il ne s'agit que d'une formalité, mais rendez-vous compte que vos hommes n'ont
18:35 pas reçu leur solde depuis des mois et vous savez fort bien ce que cet argent peut représenter
18:40 pour un soldat de fortune.
18:42 Alors, vous acceptez de signer ?
18:46 - Non.
18:47, car durant ces trois mois, vous n'avez pas réussi à faire plier un seul de mes
18:59 hommes, j'en suis sûr.
19:00 Aucun n'a cédé.
19:05 Sur les trois îles, aucun n'a cédé.
19:09 Autrement, vous ne seriez pas ici à vous tortiller comme une vermine.
19:14 Des vermines, vous et votre ami Francesco Piccinino.
19:27 - Ne vous y fiez pas ! Ne vous y fiez pas ! Ne vous y fiez pas !
19:37 - Ne vous y fiez pas, vous dis-je.
19:41 Vous appartenez à Venise comme Venise elle-même vous appartient.
19:45 Philippe-Marie Visconti n'a jamais eu la moindre amitié pour vous pour la raison qu'il
19:50 déteste Venise.
19:51 Et quoi qu'il vous fasse aujourd'hui, mille flatteries, dans son cœur, croyez-moi, il
19:56 demeure ce qu'il n'a jamais cessé d'être, un ennemi implacable, votre plus grand ennemi.
20:01 - Non, monsieur Martinengo.
20:02 Venise m'a humilié, m'a traité comme un laquet.
20:05 Après la paix de Crémone, la capitainerie de la cité me revenait sans contestation.
20:10 Au lieu de cela, Venise m'a récompensé en réduisant le nombre de mes soldats.
20:15 - Ce n'est pas à Venise qu'il faut en vouloir.
20:17 C'est un Vénitien qui vous a offensé.
20:19 - Oui.
20:20 Mais c'était un procureur général de la Serenissime.
20:28 C'était donc un représentant de Venise.
20:34 - C'est vrai.
20:35 Le procureur d'Andolo a commis une grave erreur et il le reconnaît.
20:39 Alors pourquoi ne reconnaissez-vous pas également la vôtre ? Admettez qu'en la circonstance,
20:45 vous avez été pour le moins léger en vous précipitant ainsi dans les bras de Visconti.
20:49 - Le duc m'a comblé de cadeaux, de privilèges.
20:52 - Oui.
20:53 Il vous impose le rôle d'un chien de garde.
20:56 En quatre ans, vous n'avez accompli que quelques actions sans éclat, indignes de vous.
21:01 Vous avez posté des sentinelles entre Sforza et Piccinino dans la campagne autour de Senigallia.
21:05 Vous avez réprimé sans difficulté l'insurrection des Bolognais.
21:09 Vous avez rétabli la paix et l'ordre dans un ou deux châteaux.
21:12 Depuis un an, on n'a pas utilisé vos talents.
21:16 C'est fort dommage.
21:20 - Maintenant que Niccolo Piccinino est mort, je serai nommé capitaine général.
21:28 Et ce titre Venise n'a jamais voulu me l'accorder.
21:32 - Niccolo Piccinino est mort, c'est vrai.
21:34 Mais il y a son fils, Francesco.
21:35 Et autant le père était rompu au métier des armes,
21:39 autant le fils est doué dans l'art de l'intrigue et des cabales de cour.
21:43 Ne vous faites pas d'illusions.
21:45 - Capitaine.
21:46 - Qui est-il ?
21:47 - On vous réclame d'urgence.
21:48 - Excusez-moi.
21:49 - Je n'en ai jamais vu d'aussi joli.
21:58 - Vous devez être lasse.
21:59 Cette nuit, vous n'avez qu'à redormir, Duchesse.
22:03 - Non, non, je ne me suis jamais sentie si bien.
22:05 - Regardez la sourire aux anges, elle est adorable.
22:08 - Aimeriez-vous que je sois sa marraine ?
22:12 - Je n'osais pas vous le demander.
22:14 Je vous en suis reconnaissante.
22:16 Vous m'avez soignée comme si vous étiez ma sœur.
22:20 Le jour où vous serez mère, à votre tour...
22:23 - Je n'aurai pas ce bonheur.
22:25 Mon état n'est pas celui d'une épouse.
22:28 Car mon mariage avec le Duc n'a été qu'une mascarade.
22:32 Un marché dicté par des intérêts politiques.
22:34 - Pardonnez-moi.
22:35 Je ne le savais pas.
22:38 - Je peux encore m'estimer plus heureuse que d'autres.
22:42 Il y a eu une première Duchesse que mon mari fit décapiter.
22:45 Quant à la favorite, sa chère et tendre maîtresse,
22:50 comment pourrais-je l'envier ? Bien sûr, elle a eu de lui une fille.
22:54 Mais le Duc la lui enleva quand elle avait à peine sept ans,
22:58 pour la donner en mariage à l'ennemi qu'il haïssait le plus,
23:01 à Francisco Sforza.
23:03 Quel beau conte de fille !
23:08 - C'est un garçon ?
23:11 - Pardonnez-moi.
23:14 Hélas, je ne sais faire que des filles.
23:19 Avec celle-ci, nous en aurons huit.
23:26 Huit filles, madame.
23:34 - La prochaine fois, ce sera sûrement un beau chevalier.
23:41 Je vous le promets, mon tendre ami.
23:46 - Peu importe.
23:47 C'est très bien ainsi.
23:49 Nous en ferons une amazone.
23:51 - Dommage, j'espérais que peut-être vous me la donneriez.
23:54 - Monseigneur, il est arrivé un messager.
23:58 Le Duc vous mande immédiatement chez lui.
24:03 - Capitaine, prenez garde à son Altesse.
24:10 - Merci.
24:16 - La prochaine fois, ce sera sûrement un beau chevalier.
24:21 - Dommage, j'espérais que peut-être vous me la donneriez.
24:26 - Capitaine, prenez garde à son Altesse.
24:31 - Merci.
24:34 - La prochaine fois, ce sera sûrement un beau chevalier.
24:39 - Merci.
24:42 - J'ai faim.
24:47 Le panier.
24:52 Tiens.
24:59 Il n'y en a que pour les chiens ici qu'on m'apporte à manger, moi.
25:02 - Tout est prêt, monseigneur.
25:04 J'ai donné ordre au chef cuisinier de tenir au chaud le repas de votre seigneurie.
25:08 - Pierre, va chercher le messager du pape.
25:11 Et introduis-le ici.
25:13 Tadzio, convoque mes astrologues.
25:15 Je veux les consulter vite allant vite.
25:37 - Incroyable.
25:42 Voici l'organe qui fait d'un soldat à un héros.
25:46 La tripe.
25:48 Mais pour faire un condottier, ce n'est pas suffisant.
25:51 Il faut cet organe-là aussi.
25:53 - Votre seigneurie entend-elle par là qu'une personne ici présente manque de cervelle?
25:57 - Non, non.
25:59 Tout au contraire. J'affirme pourtant que deux cervelles
26:02 mises côte à côte valent beaucoup mieux qu'une seule.
26:06 - Je n'en doute pas.
26:08 - Merveilleuse science mathématique aux puissances infinies de la logique
26:11 qui a mis en accord un duc et un condottier.
26:15 - Je te nomme Gustateur.
26:19 Si quelques conjurés décident un jour de se débarrasser de moi,
26:22 tu en feras sûrement partie.
26:24 Ou du moins, tu en seras tenu informé.
26:26 - Moi, monseigneur? - Oui, toi.
26:30 Mais vu que tu dévores tranquillement le gigot que je devais manger,
26:33 j'en déduis que tu préfères le poignard au poison.
26:36 - Moi? Votre seigneurie sait bien que je ne supporte pas la vie du sang.
26:40 - Revenons à nos affaires.
26:42 Messire, la guerre contre Crémone sera une guerre rude et sanglante.
26:46 Venise et Florence soutiennent Francesco Sforza.
26:49 Notre grand Niccolo Piccinino est mort.
26:52 Qui mènera désormais nos troupes?
26:54 Vous, qui êtes son fils, ou bien vous, capitaine Colleoni?
26:59 Comment choisir l'un de vous sans faire une injustice à l'autre?
27:04 Je confie donc le commandement à vous deux.
27:08 - Que votre seigneurie daigne me pardonner.
27:12 Mais les soldats ne peuvent obéir à deux commandants.
27:15 - Capitaine, vous avez la déplorable habitude de toujours me contredire, n'est-ce pas?
27:20 - Pas toujours, mon bonseigneur.
27:22 Lorsque je suis en désaccord avec vous, c'est tout.
27:25 - Autrement dit, vous pensez que ma décision est stupide.
27:28 - Qualifiez-la comme vous voudrez.
27:30 Je dis que c'est une erreur du point de vue militaire.
27:33 Il ne pourrait-il y avoir deux commandants dans une seule et même armée?
27:39 - C'est juste.
27:41 C'est vous qui avez raison, capitaine. Excusez-moi.
27:44 Et vous, quelle est votre idée, mon brave Francesco?
27:49 - Le premier devoir d'un soldat est simple.
27:52 Il doit obéir aux ordres que lui donne son supérieur.
27:57 - Bien. Vous m'avez convaincu.
28:00 Il n'y aura donc qu'un commandant.
28:03 Francesco Piccinino, je vous nomme capitaine général de toutes mes armées.
28:08 - Pour l'amour du ciel,
28:23 je ne peux pas en faire assez.
28:26 Malédiction, malédiction, malédiction!
28:32 Capitaine!
28:40 Capitaine, les hommes de Francesco Piccinino
28:44 sont allés massacrer les habitants de Castiglione.
28:46 Ils avaient abandonné leur refuge dans le château fort.
28:49 Les hommes d'armes les ont passés au fil de l'épée.
28:52 Hommes, femmes, même les enfants.
28:55 - Ils ont osé commettre un crime pareil.
28:58 - J'étais convaincu que vos instructions disant de ne pas en laisser un seul vivant
29:06 avaient été scrupuleusement suivies.
29:08 Et puis, soudain, je vois un de mes halbardiers qui lève sa pique,
29:11 puis, pris d'un doute, il s'arrête.
29:13 Je m'approche de lui, il me montre les petites cailles,
29:16 et il me dit, "Ce serait vraiment un péché, messire,
29:19 un véritable péché mortel!"
29:22 Après tout, il avait raison, n'est-ce pas?
29:25 Oh, mais s'il ne fallait pas les épargner, je suis prêt à réparer.
29:28 Je peux vous les embrocher là, sous vos yeux.
29:30 - Non, pour cette fois, je te pardonne.
29:33 Eh bien, pourquoi tremblez-vous ainsi?
29:42 Vous êtes encore en vie?
29:44 Vous devriez plutôt sauter de joie.
29:47 (rire)
29:50 - Elles sentent mauvais, les garces.
29:57 Toi, conduis-les au commun et ramène-les-moi à laver.
30:00 - Lâchez ces femmes. Lâchez-les!
30:05 (...)
30:09 (...)
30:13 (...)
30:16 (...)
30:43 - J'avais donné ma parole aux habitants de Castiglione.
30:46 Ils ne sont sortis du château fort que parce que je leur avais donné
30:49 l'assurance, sur mon honneur,
30:52 qu'on ne toucherait pas à un cheveu de leur tête.
30:55 - Eh bien, vous avez donné votre parole, pas la mienne.
30:58 C'est moi, le capitaine général, pas vous.
31:01 - Pour l'instant, vous n'êtes qu'un lâche.
31:05 Vous employez des méthodes indignes d'un vrai soldat.
31:08 - Eh bien, moi, j'ai honte.
31:12 Honte de porter les armes sous votre commandement.
31:15 Je vous prie de me pardonner.
31:23 J'ignorais que ma parole entraînerait vos compatriotes
31:26 dans un piège mortel.
31:28 Je ne pouvais pas imaginer que des hommes puissent commettre
31:31 une action aussi ignoble.
31:35 Escortez-les jusqu'à notre campement.
31:41 Et que nul ne s'avise de porter la main sur elles.
31:44 - La colère vous a fait perdre le contrôle de vos nerfs, capitaine.
31:52 Toutefois, cela a été pour moi une expérience fort intéressante.
31:56 Parce que vous nous avez enfin dévoilé le fond de votre pensée.
32:01 Le fond de votre pensée.
32:04 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:07 Je vous en prie.
32:09 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:12 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:15 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:18 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:21 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:24 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:27 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:30 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:33 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:36 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:39 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:42 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:45 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:48 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:51 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:54 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
32:57 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:00 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:03 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:06 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:09 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:12 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:15 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:18 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:21 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:24 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:27 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:30 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:33 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:36 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:39 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:42 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:45 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:48 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:51 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:54 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
33:57 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:00 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:03 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:06 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:09 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:12 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:15 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:18 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:21 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:24 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:27 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:30 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:33 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:36 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:39 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:42 - Je vous en prie, ne me déplacez pas.
34:45 - Et Isbe, comment vont ma femme et mes filles ?
34:49 - Tu ne m'as rien dit d'elles, c'est où elles sont ?
34:52 - Rassurez-vous, le Duc les retient à Pavi.
34:55 - Mais jusqu'ici on ne leur a fait aucun mal.
34:58 - A-t-on informé le Duc de mon arrivée ?
35:12 - Il m'a appelé d'urgence, il doit être impatient de me voir.
35:15 - Sa seigneurie vous recevra aussitôt.
35:17 D'autres gentils hommes sont là qui ont demandé audience.
35:20 - Je suis inquiète, Bartolomeo. J'ai le pressentiment d'un malheur.
35:27 - De quoi avez-vous donc peur ?
35:29 Nous savons bien que le Duc est un originaire, son affaire n'est sans doute pas très urgente.
35:33 C'est pour cela qu'il a retardé notre entrevue.
35:36 - Que Dieu vous entende !
35:40 - Mais pourquoi s'en vont-ils ?
35:43 Le Duc ne devait-il pas les recevoir ?
35:45 - Il veut peut-être m'entretenir en premier.
35:47 - Il paraît que cette nuit le Duc a fait venir chez lui en grand secret Francesco Piccinello et Niccolo Guerriero.
35:52 Madame la Duchesse me l'a confié ce matin.
35:54 - Et après, il est libre de convoquer l'un ou l'autre de ses capitaines.
35:58 - Et s'ils avaient ourdi une conjuration ?
36:00 S'ils vous avaient invité ici pour vous faire assassiner ?
36:04 - Ils ne vous auraient pas invité aussi.
36:06 Et ils ne feraient pas cela chez lui.
36:09 - On choisit d'autres lieux pour les besoins de ce genre.
36:13 D'ailleurs, la situation est grave en ce moment et mes troupes lui sont indispensables en cas de conflit.
36:21 D'autre part, il sait que mes hommes ne prendront leurs ordres que de moi.
36:33 - Capitaine Bartholomeo Colleoni, au nom et par ordre du Duc Philippe Marie Visconti, vous êtes en état d'arrestation.
36:39 Si vous tenez à votre vie et à celle de votre épouse, veuillez me suivre.
36:47 - Ne te soucie pas de moi. Échappe-toi. Sauve-toi.
36:51 - Je vous le déconseille. Depuis ce matin, vos filles sont nos prisonnières.
36:58 - Je vous en prie, ne me tuez pas.
37:02 (Tambour)
37:06 (Tambour)
37:10 (Tambour)
37:13 (Tambour)
37:17 (Tambour)
37:21 (Tambour)
37:24 (Tambour)
37:28 (Tambour)
37:32 (Tambour)
37:36 (Tambour)
37:40 (Tambour)
37:44 (Tambour)
37:49 (Tambour)
37:52 (Cri de douleur)
37:58 - Il n'y a pas moyen de le calmer. À mon avis, il va mourir.
38:10 - Empoisonné, il pense ? - Moi, je n'en sais rien.
38:13 (Cri de douleur)
38:17 (Cri de douleur)
38:20 - Il ne manquait plus que cette complication.
38:26 Et venant après la mort de son Altesse, 1000 ans en révolution...
38:30 Transportez-le en haut. Dépêchez-vous.
38:33 (Cri de douleur)
38:36 (Cri de douleur)
38:40 (Cri de douleur)
38:45 - Mettez-le sur le lit.
38:48 Allez-y doucement. Faites attention.
38:54 Ne restez pas là. Ne rien faire.
38:59 Apporte de l'eau et fais venir un médecin.
39:02 Tu montes la garde dehors.
39:05 Capitaine !
39:08 Capitaine !
39:13 - Il y aura à la porte du marché un homme nommé Poma.
39:16 C'est un de vos jeunes officiers.
39:19 Si vous échouez, je ne pourrai plus rien faire pour vous.
39:22 Et souvenez-vous, en vous aidant, je joue ma tête.
39:25 Que le diable t'emporte !
39:32 (Cri de douleur)
39:36 (Cri de douleur)
39:39 - Laissez-moi faire.
39:47 Buvez.
39:51 Buvez. Buvez.
39:54 À la minute même où le médecin arrivera, tu feras sonner le bourdon.
40:01 Je viendrai sur le champ.
40:04 - Bien, messieurs.
40:07 C'est pas une fin très glorieuse
40:23 pour un illustre condottier.
40:26 À ta santé, capitaine.
40:29 (Rire)
40:33 (Musique de tension)
40:37 (Musique de tension)
40:41 (Musique de tension)
40:44 - Quoi ?
40:54 (Musique de tension)
40:57 (Musique de tension)
41:01 (Musique de tension)
41:04 (Musique de tension)
41:29 (Musique de tension)
41:32 (Musique de tension)
41:58 (Musique de tension)
42:01 (Musique de tension)
42:16 (Musique de tension)
42:19 (Musique de tension)
42:25 (Musique de tension)
42:39 (Musique de tension)
42:42 (Musique de tension)
42:49 (Bruit de choc)
43:01 (Bruit de choc)
43:04 - Vite, va donner l'alarme.
43:13 (Bruit de choc)
43:19 - Non, non, j'aime pas la formique ici.
43:24 - Regarde-la bien, elle est en pur lin.
43:26 - Non, et puis elle est pas neuve.
43:28 - Non, ma mère, elle a jamais été portée.
43:30 Tout cela, on dirait de la soie.
43:32 - Je veux pas de la soie, je veux celle-ci.
43:34 - Très bien, mais celle-ci vaut plus cher.
43:36 Pour toi, un demi-aigu.
43:38 - Un demi-aigu ? Oh, Seigneur Dieu,
43:40 ça vous donne envie d'aller sans chemise ?
43:42 - Pour ça, il faudrait que tu aies 10 ans de moins.
43:45 (Rires)
43:47 - Là, je l'ai vue, c'est Coleoni.
43:53 Il s'est sauvé par là, arrêtez-le.
43:55 - Il s'est sauvé par là, oui.
43:57 - Rattrapez-le, il s'est évadé.
43:59 Coleoni s'est évadé, rattrapez-le.
44:01 Vite, vite, allez.
44:03 - Capitaine, capitaine Coleoni.
44:18 - Merci.
44:23 (Musique)
44:51 - Après une fuite mouvementée,
44:53 Bartolomeo Coleoni se réfugia à Venise,
44:55 où il retrouva ses fidèles soldats.
44:57 Une page noire de sa vie était ainsi tournée.
45:00 Une année dans les prisons de Monza aurait brisé tout autre.
45:03 Mais le comte d'Ottier Coleoni était d'une trempe exceptionnelle.
45:07 Au service de la Sérénissime, il retourna sur les champs de bataille,
45:11 faisant encore la démonstration de son génie militaire.
45:15 Et en 1554, le sénat de la République
45:18 le nomma capitaine général des armées de Venise.
45:22 Le rêve de sa vie était enfin réalisé.
45:25 Aujourd'hui, sur la place San Giovanni e Paolo,
45:28 la célèbre statue équestre due aux ciseaux du Verdocchio
45:31 rappelle aux Vénitiens la figure légendaire du dernier comte d'Ottier.
45:36 (Musique)
45:44 (Musique)
45:48 (Musique)
45:51 (Musique)
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