Othman Nasrou : «Nous avons besoin de choix politiques extrêmement forts»

  • l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos
Chaque matin de l'été, à 8h15, Alexandre Le Mer en juillet et Lionel Gougelot en août reçoivent une personnalité au centre de l'actualité. Ce lundi, Othman Nasrou, vice-président de la région Île-de-France et premier secrétaire général délégué au parti Les Républicains, revient sur le problème de cohésion sociale en France, sur le découragement des policiers et sur le cap qui doit être donné par Emmanuel Macron.

Retrouvez "L'invité du 8h13" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-politique-de-8h20
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/
Transcript
00:00 Avec Lionel Gougelot jusqu'à 9h.
00:02 Il est maintenant 8h14, votre invité Lionel, c'est Othmane Nassrou, vice-président LR de la région Île-de-France.
00:08 - Bonjour Othmane Nassrou. - Bonjour.
00:10 - Merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:12 Le mois dernier, au lendemain des émeutes provoquées par la mort du jeune Nahel à Nanterre,
00:16 votre président de la région Île-de-France Valéry Pécresse annonçait vouloir pourrir les vacances des jeunes casseurs.
00:22 Est-ce que ça a vraiment été le cas ou bien n'était-ce qu'une punchline sans effet, Othmane Nassrou ?
00:28 - Ce qui est sans effet aujourd'hui, c'est la réponse du gouvernement qui est une réponse erratique.
00:34 J'ai l'impression que le gouvernement ne sait pas comment traiter ce sujet.
00:37 Je vois que la première ministre en est restée à nous expliquer qu'il fallait prendre le temps d'un diagnostic.
00:41 Ce que nous disons nous, que ce soit avec Valéry Pécresse, avec les Républicains,
00:45 c'est qu'il faut une réponse forte et une réponse qui soit une réponse éducative,
00:48 une réponse pénale aussi à la hauteur de ce qui s'est passé.
00:51 Le problème, c'est qu'on a dans notre pays un délitement de la réponse pénale,
00:55 on a un sentiment d'impunité et on a aussi une faillite de l'éducation nationale.
00:59 - La justice a été particulièrement sévère à l'égard de ceux qui ont été interpellés ? Tout le monde l'a reconnu ?
01:07 - Il ne suffit pas que la justice soit sévère une fois, on a un vrai sujet de réponse pénale.
01:12 Par ailleurs, nous avons ce sujet de l'exécution des peines.
01:15 Les peines qui sont prononcées peuvent être des peines sévères, mais seront-elles bien exécutées ?
01:20 Vous savez que nous sommes aujourd'hui dans un pays où vous avez des peines de moins d'un an de prison ferme
01:24 qui ne sont quasiment jamais exécutées, faute de place de prison, et donc qui sont des peines virtuelles.
01:29 Non, on a un sujet de réponse pénale dans notre pays, d'autorité de l'État,
01:33 qui donne le sentiment que sa main tremble quand il s'agit de sanctionner la délinquance.
01:37 Et par rapport à cela, aujourd'hui, le gouvernement ne semble pas apporter de réponse forte.
01:40 Et donc quand Valérie Pécresse dit qu'il faut que ceux qui se sont livrés à ces violences soient sanctionnés
01:45 et ne puissent pas reprendre simplement une vie normale et passer dans les mailles du filet,
01:49 elle a parfaitement raison de le dire.
01:51 Et je dois dire que je trouve que la réponse du gouvernement est pour l'instant faible sur ce sujet de l'autorité de l'État.
01:56 Il faudrait quoi ? Par exemple, un retour des peines planchées pour les agressions envers ce que l'on appelle les figures de l'autorité ?
02:03 La police, les pompiers, voire les professions médicales ?
02:06 Bien sûr, quand on touche à un policier, à un pompier ou à un professeur ou à un élu,
02:12 quelqu'un qui porte un uniforme ou qui représente la République, on doit être sévèrement sanctionné, c'est évident.
02:17 Et cela, nous le disons depuis longtemps.
02:19 Mais je veux aussi vous dire que nous avons attendu des réponses sur la justice des mineurs, sur l'excuse de minorité.
02:24 Nous n'avons aujourd'hui aucun élément pour avancer de la part du gouvernement là-dessus.
02:28 Nous avons parlé aussi tous de la responsabilisation des parents qui, pour certains, sont dépassés de bonne foi,
02:35 mais pour d'autres sont malheureusement totalement démissionnaires.
02:37 Il faut les sanctionner.
02:38 Le gouvernement et le président de la République ont exclu la possibilité de suspendre les allocations familiales.
02:43 Nous le regrettons.
02:45 Sur tous ces sujets-là, nous avons des signaux qui sont envoyés par le gouvernement et ensuite des renoncements successifs.
02:50 Je pourrais aussi vous citer le cas des centres éducatifs fermés.
02:53 Nous n'en avons pas suffisamment dans notre pays.
02:55 Tout le monde le dit, tout le monde le sait, rien ne se passe.
02:58 Ça ne peut pas continuer comme ça.
02:59 Vous êtes élu de Trappes, Haute-Main-de-Nassau, dans l'opposition, mais vous connaissez quand même bien le terrain.
03:05 Est-ce que vous sentez que le feu couve encore un mois après ces flambées de violence dans les quartiers difficiles ?
03:12 Vous savez, nous sommes un certain nombre à alerter depuis longtemps sur le fait que le feu couve,
03:18 mais le feu couve à cause de tout ce que je vous ai indiqué.
03:21 Je parlais aussi de cette question éducative qui est une question immense,
03:25 sur laquelle nous sommes en échec profond dans notre pays.
03:28 Donc oui, les difficultés persistent.
03:30 Il y a un sujet aussi de tous ces entrepreneurs identitaires qui jouent de la détestation de la République
03:37 ou de la détestation de la France chez une partie de notre jeunesse qui ne cesse de les abreuver,
03:41 de la haine de la police, d'un discours de ressentiment qui crée aussi les conditions d'un passage à l'acte
03:47 ou du recours à la violence chez un certain nombre de jeunes.
03:51 Et donc tout cela est une réalité.
03:52 Ça rejoint la question du séparatisme dont le président de la République avait fait mine de vouloir s'emparer.
03:58 Malheureusement, là-dessus aussi, il ne se passe pas grand-chose.
04:01 Nous avons des défis immenses de cohésion dans notre pays.
04:04 Ça passe par l'autorité de l'État.
04:06 Ça passe par le fait de réapprendre à une partie de notre jeunesse
04:09 que nous sommes dans un pays où ils peuvent tout à fait avoir leur place à condition de respecter les règles.
04:13 Et ce discours-là, malheureusement, certains le combattent, le détruisent, le déconstruisent depuis longtemps.
04:18 – Dans ce contexte, vous avez, j'imagine, été témoin du malaise des policiers.
04:24 Vous sentez sur le terrain ce découragement devant certaines décisions de justice
04:29 sur leurs interventions qui sont vécues à tort ou à raison, comme injustes ?
04:34 – Il faut se mettre à la place des policiers aujourd'hui qui sont pris pour cibles précisément
04:38 parce qu'ils portent l'uniforme, qui ont eu énormément d'heures supplémentaires à faire,
04:43 qui ne leur sont pas payés d'ailleurs par l'État, qui ont des vrais sujets aussi professionnels,
04:51 mais surtout qui sont pris pour cibles, je l'ai dit, par des délinquants.
04:54 Aujourd'hui, s'attaquer à un policier devient malheureusement d'une banalité infligeante.
04:57 Il y a ces refus d'obtempérer qui sont devenus très endémiques.
05:02 Nous en avons aujourd'hui près de 28 000 tous les ans.
05:04 C'est 30 fois plus qu'il y a 30 ans.
05:06 Et ça c'est extrêmement grave parce que ne pas obéir aux ordres d'un policier,
05:11 ça crée tout de suite des conditions de tension et parfois évidemment des débordements et des incidents.
05:18 Mais ce que je veux dire surtout, c'est qu'ils sont pris pour cibles par des élus désormais,
05:21 par une partie de l'extrême gauche, par la France Insoumise,
05:24 qui a fait du policier une cible, un symbole dans le discours de détestation de la République
05:29 qu'ils entretiennent et ça c'est insupportable.
05:31 Et tout ce que nous avons entendu ces derniers temps concernant la police doit être combattu,
05:35 nous devons être solidaires et en soutien de la police qui est une belle institution dans notre pays
05:40 et qui dans l'immense majorité des cas fait parfaitement bien son travail.
05:43 Mais on sent quand même Haute-Main-de-L'Instru qu'il y a une espèce de ressort qui est rompu
05:47 entre l'institution policière et le gouvernement.
05:50 Comment on fait pour retisser ? Qu'est-ce qu'il faut faire pour retisser le lien ?
05:55 Je vous l'ai dit, d'abord restaurer l'autorité de l'État, c'est l'autorité du policier.
05:59 C'est de réexpliquer aussi qu'un refus d'obtempérer, ça n'est pas banal
06:02 et que moi j'ai été marqué par cette douzaine de députés, notamment de la France Insoumise et de Vert,
06:09 je crois qu'il y avait Sandrine Rousseau, qui se sont rendus à une manifestation interdite
06:12 refusant par là même d'obtempérer eux-mêmes à une décision du préfet de police validée par la justice.
06:18 Vous voyez que le rapport au respect des règles dans notre pays est profondément altéré
06:22 par ces mouvements politiques-là et ça contribue à affaiblir l'autorité d'un policier.
06:27 Vous me parliez de la ville où je suis élu, de Trappes.
06:30 Moi dans la ville de Trappes, il n'y a pas de police municipale le soir.
06:34 Et je veux le dire parce que peut-on encore aujourd'hui dans notre pays avoir des villes,
06:39 des élus qui ne font pas le nécessaire en matière de sécurité et qui laissent du coup
06:44 les policiers en faible nombre en première ligne sans le rapporter là aussi.
06:48 Et bien complément en matière de sécurité, parce que la police de proximité aujourd'hui dans notre pays,
06:52 ça doit être la police municipale et il en faut au moins dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants.
06:57 Et donc vous voyez que chacun doit jouer son rôle dans cette affaire et certains malheureusement ont joué avec le feu.
07:02 - En cette période de vacances Haughtman-Nassrou, une bonne partie de la classe politique est en train de réfléchir
07:07 sur ce que pourrait bien être l'initiative politique envisagée par Emmanuel Macron pour la rentrée.
07:15 Ça semble de plus en plus flou, en tout cas on ne sait pas trop vers quoi on se dirige.
07:19 Est-ce que c'est votre sentiment également ?
07:21 Pour dire les choses simplement, qu'est-ce que vous en attendez de cette initiative politique ?
07:25 - Écoutez, je n'en attends malheureusement pas grand-chose.
07:28 Alors je lis les déclarations du président de la République.
07:31 J'ai le sentiment qu'il ne veut pas donner à notre pays le cap dont nous avons pourtant besoin.
07:36 J'ai le sentiment qu'on est toujours dans ce en même temps qui consiste à faire un pas d'un côté et puis un pas de l'autre,
07:41 à défaire demain ce que l'on fait aujourd'hui et donc à ne pas avancer.
07:45 Nous avons besoin de choix politiques extrêmement forts et je ne vois pas du tout cette détermination de son côté.
07:51 Donc nous avons eu le Conseil national de la refondation, nous avons eu les 100 jours,
07:56 nous avons eu le Monde nouveau, nous avons eu une succession de concepts tous aussi prometteurs les uns que les autres.
08:03 Mais dans la réalité, il n'y a absolument pas de cap politique à la hauteur des défis sur la maîtrise de la dépense publique,
08:09 sur la réponse pénale et l'autorité de l'État, sur la maîtrise des flux migratoires ou chez les Républicains.
08:16 Nous avons fait des propositions très claires que malheureusement le président de la République ne semble pas vouloir suivre.
08:21 Sur tous ces sujets-là, nous avons besoin d'un cap et pas simplement de slogans.
08:24 – Alors justement, vous parlez de l'immigration, le projet de loi immigration qui va arriver à la rentrée,
08:29 à propos duquel d'ailleurs Emmanuel Macron, vous l'avez entendu, n'exclut pas l'utilisation du 49-3 pour passer en force.
08:35 Alors vous n'êtes pas parlementaire mais en tant que Premier secrétaire général des LR,
08:39 vous souhaitez que vos élus à l'Assemblée nationale par exemple fassent preuve quand même
08:43 d'une certaine ouverture vis-à-vis du gouvernement ?
08:46 – Il n'y a pas d'ouverture à avoir si ce n'est pas au service de nos convictions.
08:50 Si c'est pour un texte qui ne va pas dans le sens des intérêts du pays.
08:53 Chez les Républicains, nous avons toujours soutenu, nous avons toujours voté en fonction des intérêts du pays.
08:59 Et donc si le gouvernement nous propose un texte qui ne permet pas de maîtriser les flux migratoires,
09:04 je ne vois pas du tout comment on pourrait le voter et même je ne vois pas comment on pourrait ne pas le bloquer.
09:09 Puisque évidemment s'il y a un 49-3, il peut y avoir des motions de censure ensuite.
09:13 Et je le dis parce que ce sujet est un sujet important,
09:15 un sujet sur lequel beaucoup de Français ont le sentiment d'être dépossédés,
09:19 sur lequel nous souhaitons qu'il y ait un référendum, qu'on redonne la parole aux Français.
09:22 Aussi pour que l'État ait les moyens juridiques vraiment de choisir
09:26 qui on souhaite accueillir dans notre pays et qui on souhaite reconduire avec efficacité.
09:31 Et aujourd'hui ce n'est pas le cas, il n'y a pas de politique migratoire dans notre pays.
09:34 Nous avons déposé deux textes pour y arriver.
09:37 Le gouvernement, le Président de la République ne semble pas vouloir suivre ces orientations.
09:41 S'il prend de mauvaises orientations, notre responsabilité d'opposition sera de bloquer
09:45 bien naturellement cette initiative du gouvernement.
09:48 Et je souhaite encore au moment où je vous parle,
09:50 que le gouvernement revienne à la raison et reprenne nos textes
09:53 qui comprennent toutes les mesures juridiquement solides
09:56 dont on a besoin pour maîtriser les flux migratoires.
09:58 Autrement, ça veut dire qu'on fait à nouveau semblant,
10:00 comme le Président de la République le fait depuis 2017,
10:03 sur cette question de la maîtrise des flux migratoires.
10:05 Merci, merci Haute-Main-de-Nassau.
10:06 Merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1,
10:08 vice-président de la région Île-de-France.

Recommandée