Qu'est-ce-que le "darmanisme" ? Pour y répondre, Ludovic Vigogne journaliste politique à l'Opinion et Maud Bregeon, députée des Hauts-de-Seine et porte-parole de Renaissance, alors que le ministre de l'Intérieur organise sa rentrée politique dans son fief de Tourcoing. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-du-dimanche-27-aout-2023-7502894
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00:00 Je me souhaite deux invités ce matin pour parler de la rentrée politique.
00:03 Rentrée compliquée pour le Président, vous me direz, elles le sont toutes.
00:06 Ce qui change, ce sont les ingrédients.
00:08 Cette année, ce sont des ambitions qui apparaissent au grand jour, déjà pour 2027.
00:12 Et cette situation politique toujours aussi difficile qu'Emmanuel Macron va tenter, une
00:17 fois de plus, la semaine prochaine, de débloquer.
00:20 La députée des Hauts-de-Seine, Maude Bréjon, est avec nous.
00:23 Bonjour, porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale.
00:25 Et bonjour Ludovic Vigogne, journaliste politique au journal L'Opinion.
00:29 Je suis très content de vous présenter aux auditeurs d'Inter qui ne vous connaîtraient
00:32 pas parce qu'ils vont devoir s'habituer à votre voix.
00:35 Ils vont vous retrouver tous les dimanches matin, maintenant 7h40, pour votre édito
00:39 politique.
00:40 Bienvenue sur Inter Ludovic.
00:42 Pour la première fois.
00:43 Donc aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, réunit ses soutiens.
00:47 Vous en faites partie.
00:48 Maude Bréjon, vous allez filer à Tourcoing juste après l'interview.
00:50 Ce n'est pas un peu tôt tout cela quand même ? 2027, c'est dans quatre ans.
00:54 Non mais l'enjeu, ce n'est pas 2027 en tant que candidature ou en tant qu'élection.
00:58 C'est tout ce qu'on fait d'ici à 2027 pour continuer à parler aux Français et
01:03 en l'occurrence aux Français qui gagnent moins de 2000 balles par mois.
01:06 Gérald Darmanin, ce n'est pas un courant au sein de la Macronie.
01:11 C'est une sensibilité d'un homme issu de milieux populaires, élu dans des quartiers
01:19 populaires.
01:20 Et on est très nombreux au sein de la majorité et au-delà à considérer que c'est un sujet
01:26 dont on a besoin de débattre entre nous.
01:27 Ce n'est pas du Sarkozy ce qu'il fait Gérald Darmanin.
01:30 Ce n'est pas une façon de lancer le premier étage de la fusée vers 2027, là aujourd'hui.
01:34 Vous savez, le président de la République a réitéré à plusieurs reprises sa confiance
01:39 envers Gérald Darmanin qui est ministre depuis six ans maintenant, qui a quitté les LR
01:44 pour le rejoindre, qui travaille au sein de la majorité.
01:48 Donc voilà, tout simplement, le sujet c'est quoi ? C'est de dire aujourd'hui, on constate
01:52 qu'il y a tout un pan de la population, et on le voit élection après élection, qui
01:56 s'éloignent des partis traditionnels.
01:57 Comment est-ce qu'on fait pour leur parler davantage, pour répondre davantage à leurs
02:01 problèmes ? Et j'ai un peu de mal à comprendre comment ça peut poser problème à certains,
02:07 qu'on débatte de comment est-ce qu'on a envie d'aider les gens.
02:09 Parce que faire de la politique, au fond, précisément, c'est s'occuper des gens.
02:11 Poser problème à certains, c'est vrai que ça a agacé cette initiative de Gérald
02:15 Darmanin jusque dans la majorité quand même, Ludovic Vigogne.
02:18 Ah oui, ça a changé le climat, ça a complètement électrisé la rentrée au sein de la majorité.
02:23 On a bien vu par exemple la réaction d'un Stéphane Séjourné, le patron de Renaissance,
02:28 un proche du président de la République, qui a tapé fort sur Gérald Darmanin, qui
02:32 a répondu.
02:33 C'est sûr que c'est un changement de paradigme pour Emmanuel Macron important.
02:37 Jusqu'à présent, le président n'avait pas connu de ministre qui s'émancipait
02:41 dans son camp.
02:42 Il n'avait pas vécu ce que Jacques Chirac avait vécu avec Nicolas Sarkozy ou François
02:46 Hollande avec Arnaud Montebourg.
02:47 Depuis 2017, il avait la paix, il était tranquille.
02:50 On en est là aujourd'hui ? Darmanin c'est Sarkozy, Emmanuel Macron c'est Jacques
02:54 Chirac potentiellement ? Je ne sais pas si on en est tout à fait là.
02:58 Mais en tout cas, il est évident que Gérald Darmanin a ouvert la porte de 2017.
03:03 Il a ouvert la page de l'après-Macron.
03:06 Il l'a dit très clairement cet été en disant que ce n'était plus 2017 et 2022
03:12 qui l'intéressait mais 2027 qui l'inquiétait.
03:14 Tout le monde imaginait que cette course au sein de la majorité pour 2027 commencerait
03:21 à la mi-temps du quinquennat, après les Jeux Olympiques, après les Européennes,
03:25 c'est-à-dire à peu près à l'automne 2024.
03:27 Bon ben ça commence un an plus tôt et ce n'est pas une bonne nouvelle pour Emmanuel
03:29 Macron.
03:30 Vous nous disiez, Maude Bréjon, le sujet ce n'est pas la présidentielle de 2027.
03:33 On voit quand même aujourd'hui qu'Elisabeth Borne, qui ne devait pas aller à Tourcoing,
03:37 y sera.
03:38 À la demande d'Emmanuel Macron, c'est quoi ? C'est pour remettre un peu la bride
03:41 sur le ministre de l'Intérieur ?
03:42 Non, c'est pour participer au débat.
03:43 Vous savez, Elisabeth Borne, c'est une femme qui a une vraie fibre sociale de par son
03:49 parcours politique, de par son parcours personnel, de par son parcours professionnel.
03:53 Donc c'est une excellente chose que la première ministre se joigne à tous ses élus locaux,
03:59 ses parlementaires, ses citoyens qui ne pensent pas tous la même chose, vous savez.
04:04 La majorité présidentielle, ça doit être un lieu où on débat.
04:09 Ça ne doit pas être un lieu où on est forcément toujours tous d'accord, où on a tous exactement
04:13 les mêmes sensibilités.
04:14 Et comme l'avait dit à très juste titre François Bayrou, quand on pense tous pareil,
04:18 on ne pense plus rien.
04:19 Je crois que c'est un peu de ça aussi dont il est question cet après-midi.
04:21 Justement, le débat, les classes populaires, c'est le grand thème de cette journée de
04:27 rentrée de Gérald Darmanin aujourd'hui à Tourcoing.
04:29 Le menu d'ailleurs n'est pas anodin, bière, saucisses, tout est symbole en politique.
04:34 Dans la Voix du Nord, Gérald Darmanin dit "c'est une démarche pour dire aux oubliés
04:37 des débats parisiens et journalistiques qu'on ne les considère pas comme des ploucs".
04:41 Il fait le bon diagnostic ? C'est la condition pour l'emporter en 2027, les classes populaires ?
04:47 Déjà, ce qu'il faut rappeler, c'est tout ce qui a été fait par la majorité présidentielle
04:51 depuis 6 ans, vis-à-vis des classes populaires et des classes moyennes.
04:55 Quand on dédouble les CP, CE1, en zone Rep et Rep+, on lutte contre l'assignation à
04:59 résidence.
05:00 Quand on permet le reste à charge zéro sur un certain nombre de prestations de soins,
05:05 on fait gagner en pouvoir d'achat.
05:07 Quand on baisse l'impôt sur le revenu pour les classes populaires et moyennes, quand
05:11 on supprime la taxe d'habitation, on fait des choses pour eux.
05:14 Et pour autant…
05:15 Il n'a pas vraiment l'air de penser que le bilan est si bon que cela, Gérald Darmanin.
05:18 Quand il dit "j'ai été plutôt minoritaire pour l'instant sur l'importance de la
05:21 question sociale, j'espère que la boussole populaire que je propose sera un jour totalement
05:25 entendue dans la majorité".
05:27 Ce n'est pas une petite critique, quand même ?
05:28 Je pense que beaucoup, beaucoup a été fait par la majorité et évidemment, beaucoup
05:33 reste à faire.
05:34 On voit bien chacun dans nos circonscriptions, vous quand vous discutez, probablement autour
05:38 de vous, les gens qui sont en train de nous écouter, qu'il y a aujourd'hui beaucoup
05:42 de Français qui galèrent, qui subissent un déclassement, un déclassement individuel,
05:47 un déclassement territorial.
05:49 Parce qu'on a le sentiment que les services publics sont partis, que les décisions, le
05:54 pouvoir s'est peut-être éloigné petit à petit des gens et que ça entraîne un
05:59 rejet, encore une fois, des partis traditionnels.
06:02 Ce n'est pas question du président de la République, c'est question de l'ensemble
06:04 des partis traditionnels.
06:05 Comment est-ce qu'on fait pour raccrocher les wagons ? Et si on ne le fait pas, on crée
06:09 des entonnoirs à voix à Marine Le Pen et c'est précisément ça qu'il faut éviter.
06:12 Vous dites, comme Gérald Darmanin dans "La Voix du Nord", que la victoire de Marine
06:16 Le Pen est assez probable en 2027 ?
06:17 Moi, je ne fais pas de pronostics, on n'est pas là pour faire des pronostics vis-à-vis
06:21 de 2027, on est là pour faire en sorte que ça n'arrive pas.
06:24 Ludovic Vigonne, sur les classes populaires, il appuie là où ça fait mal quand même,
06:27 Gérald Darmanin, c'est Macron président des riches, mais pas un des membres les plus
06:30 importants du gouvernement.
06:31 Oui, alors après, ce n'est pas nouveau chez lui, ça vient de loin chez Gérald Darmanin.
06:36 Dès 2019, au lendemain des européennes, qui ne s'étaient pas si mal passées pour
06:39 le camp macroniste, il alertait déjà sur le fait que la majorité devait s'adresser
06:44 direct davantage au peuple.
06:45 Depuis, régulièrement, il réitère ce message, là il le fait de manière un peu plus forte.
06:50 Qu'est-ce qu'il constate ? Il constate effectivement que l'étiquette de président
06:54 des riches colle toujours au chef de l'État, que la réforme des retraites a laissé aussi
06:59 beaucoup de cicatrices chez les Français les plus modestes, que l'année dernière,
07:04 au second tour de l'élection présidentielle, 68% des ouvriers ont voté pour Marine Le
07:09 Pen au second tour, 54% des employés.
07:11 Et donc effectivement, ce sont des signaux inquiétants et il voit bien que si et si
07:16 la majorité, si le camp macroniste n'envoie pas davantage de signaux à cette catégorie
07:22 de Français là, les mois qui viennent et l'échéance de 2027 sera compliquée.
07:26 Mais est-ce qu'il n'y a pas une différence de diagnostic, voire une rupture de ligne
07:28 entre Gérald Darmanin et Emmanuel Macron ? Parce qu'Emmanuel Macron, lui, pense que
07:32 le nerf de la guerre pour 2027, justement, ce sont les classes moyennes que si elles
07:37 se tournent vers Marine Le Pen, là, elle pourra l'emporter.
07:39 Ce n'est pas du tout le même positionnement politique que Gérald Darmanin.
07:44 Alors d'abord, c'est toujours un peu compliqué de distinguer classe populaire, classe moyenne
07:48 et d'ailleurs, on peut remarquer que dans ces dernières interventions, Gérald Darmanin
07:52 intègre les classes moyennes.
07:53 Il dit les classes moyennes, les classes populaires et les classes moyennes.
07:56 Ensuite, Gérald Darmanin, c'est un gaulliste social, c'est quelqu'un qui se revendique
08:02 du séguinisme.
08:03 Voilà, c'est quelque chose qu'il a depuis très longtemps chevillé en lui.
08:07 Il est élu d'une terre électorale très particulière.
08:09 Et puis aussi, il est dans un ministère où les questions qu'il a à régler s'adressent
08:15 aussi à cette catégorie, enfin, intéressent d'abord en priorité cette catégorie de
08:19 français là.
08:20 Pour l'instant, il n'a pas encore tout à fait les résultats qui permettraient de
08:23 leur donner satisfaction.
08:24 Mais aujourd'hui, c'est un des défis qu'il a face à lui.
08:27 Classe populaire, classe moyenne, Maude Bréjon parle des mêmes français.
08:30 Emmanuel Macron a promis 2 milliards de baisse d'impôt pour les classes moyennes d'ici
08:34 la fin du quinquennat.
08:35 La promesse sera tenue ?
08:36 La promesse sera tenue, évidemment.
08:37 Et Bruno Le Maire l'a rappelé.
08:39 J'ai à dire d'ailleurs que ce sont des baisses d'impôt qui n'ont pas cessé depuis 2017.
08:43 On a toujours maintenu ce cap de la baisse des impôts pour les classes populaires et
08:48 les classes moyennes.
08:49 Et effectivement, la distinction est assez difficile sociologiquement de préciser exactement
08:52 ce que sont les classes moyennes.
08:53 Est-ce que la promesse des baisses d'impôt sera tenue dans le budget 2024 ?
08:56 Écoutez, le budget sera présenté par Bruno Le Maire.
08:58 Je crois qu'il viendra peut-être sur votre antenne en parler.
09:02 Je vous laisserai évidemment le faire.
09:04 Mais depuis 2017, encore une fois, on a baissé les impôts sur le revenu.
09:08 On a supprimé la taxe d'habitation.
09:10 On a supprimé l'année dernière la redevance télé.
09:13 Et donc c'est évidemment des baisses d'impôt à destination de ceux qui en ont le plus besoin.
09:17 Convocation a continué jusqu'à la fin du quinquennat avec, pardonnez-moi, une réalité
09:22 qui évidemment doit être prise en compte, c'est celle de la maîtrise de la dépense publique.
09:26 Il ne s'agit pas d'agréger de la dette à non plus finir.
09:30 Il s'agit d'arriver à maîtriser son budget et en même temps à rendre du pouvoir d'achat
09:34 à ceux qui en ont le plus besoin.
09:35 On a bien compris que le maître mot de ce budget, en effet, ce sont les économies.
09:38 Il faut trouver de nouvelles recettes.
09:39 On parle d'alourdissement de la taxation sur les sociétés d'autoroutes, les péages.
09:45 Également une baisse du remboursement de certains médicaments, l'augmentation de la franchise.
09:50 Ce sont des hausses de taxes, Maude Bréjon.
09:53 Est-ce que ces classes populaires, ces classes moyennes, elles ne risquent pas de se faire
09:56 entendre à l'automne avec l'examen de ce budget ?
09:58 Vous savez, la priorité du Président de la République et du gouvernement, c'est
10:01 de protéger les Français et de protéger les Français qui en ont le plus besoin.
10:04 Donc encore une fois, on sera tous extrêmement attentifs et vigilants.
10:08 Le Président de la République, la Première Ministre, Bruno Le Maire, l'ensemble des
10:11 parlementaires, des députés de la majorité.
10:12 Est-ce que, encore une fois, les Français qui ont déjà bien du mal à finir le mois,
10:19 qui regardent leur compte tous les jours, ne soient pas impactés par les efforts qui
10:24 sont demandés ?
10:25 Je crois qu'il y a vraiment une attente de justice.
10:27 On sait qu'il y a des efforts à faire dans un certain nombre de domaines.
10:30 C'est le cas de la question du budget, c'est le cas de la question de l'écologie.
10:32 Enfin, on pourrait aborder plein de sujets.
10:34 Mais en tout cas, moi, c'est ma conviction.
10:37 Il faut une juste répartition de l'effort auquel on doit toujours veiller, pour des
10:41 raisons d'acceptabilité évidentes.
10:42 Il y a un vrai risque politique avec l'examen de ce budget à l'automne pour le gouvernement
10:47 Emmanuel Macron, Ludovic Vigogne ?
10:48 Oui, on le sait bien.
10:50 Cette majorité ne bénéficie pas de la majorité absolue.
10:54 Il doit composer en permanence sur chaque texte de loi, en priorité avec les Républicains.
10:58 On l'a vu.
10:59 Donc, ce budget va devoir être aussi peut-être négocié sur certains points avec les Républicains.
11:05 On verra bien.
11:06 Il y a en tout cas des menaces de 49.3, donc des motions de censure qui suivront.
11:10 L'accident est toujours possible.
11:12 On voit bien qu'au Parlement, le contexte a changé, que la situation est encore plus
11:16 compliquée qu'elle ne l'était l'an passé.
11:18 Les Républicains, ces dernières semaines, ont beaucoup insisté sur la nécessité de
11:23 davantage de réduction des dépenses publiques.
11:27 Et donc, on va voir si ça peut être un moment délicat pour le gouvernement.
11:33 Si je peux me permettre, j'ai souvenir de la présentation du projet de loi de finances
11:37 l'année dernière à l'Assemblée nationale et avoir défilé les amendements venant du
11:44 groupe Les Républicains qui ne cessaient de demander des dépenses supplémentaires sans
11:48 jamais expliquer où est-ce qu'ils trouvaient l'argent.
11:50 Donc, chacun doit aller devant sa porte.
11:52 Vous ne croyez pas si bien dire, je le signale au passage, Maud Bréjon sur Bruno Le Maire
11:56 et l'examen de ce budget.
11:57 Le ministre de l'Economie sera invité demain, ici même, à 8h20 sur France Inter.
12:02 Un dernier mot encore des critiques de Gérald Darmanin sur les classes populaires.
12:06 On en a parlé, critique en creux aussi sur les techno, le langage trop technocratique
12:11 que les Français ne comprennent pas, qui ne fonctionnent plus.
12:14 C'est une façon de dire quand même, Maud Bréjon, que 6 ans après l'arrivée d'Emmanuel
12:19 Macron à l'Elysée, vous ne savez toujours pas faire suffisamment de politique ?
12:23 On peut toujours se faire des reproches à nous-mêmes.
12:27 Je pense que ce que dit Gérald Darmanin, au fond, c'est que faire de la politique pour
12:30 lui, c'est préférer les gens aux statistiques.
12:33 Peut-être que chacun, au sein de la majorité, mais à mon avis de façon bien plus large,
12:39 on doit avoir parfois un discours peut-être plus empathique, être davantage à l'écoute,
12:44 comprendre quels sont les sentiments des uns et des autres, la colère parfois qui émane.
12:48 Effectivement, c'est sûr que quand on vient vous voir à votre permanence, vous avez un
12:52 rendez-vous avec un de vos citoyens en mairie qui vous dit qu'il a du mal à boucler les
12:57 fins de mois et que vous lui répondez que le pouvoir d'achat a augmenté de 2,2% cette
13:00 année.
13:01 C'est absolument pas audible.
13:02 Moi-même, je l'ai peut-être eu, je prends en compte ma part.
13:07 Mais en tout cas, encore une fois, on doit veiller à être davantage du côté des gens
13:11 que du côté des statistiques.
13:12 Et c'est probablement ce qui est beau dans la vie politique, au fond, c'est de s'occuper
13:17 des gens.
13:18 C'est aussi un moyen de viser Elisabeth Borne.
13:20 On sait très bien ce qui s'est passé cet été.
13:22 Elisabeth Borne a été reconduite à Matignon.
13:24 Aller à Matignon, c'est l'objectif de Gérald Darmanin durant ce quinquennat.
13:27 Il a vu que début juillet, après les émeutes, il y avait eu une vraie tentation du chef
13:32 de l'État de l'y nommer, de nommer Gérald Darmanin à Matignon.
13:36 Et finalement, Emmanuel Macron a choisi la stabilité.
13:39 Gérald Darmanin l'a mal vécu.
13:41 Et donc, dénoncer la trop grande technicité de ce pouvoir, c'est s'en prendre à Elisabeth
13:46 Borne et essayer de la déloger.
13:47 On évoquait la bataille parlementaire rude qui s'annonce à l'automne.
13:52 Emmanuel Macron essaye encore d'arranger la situation de cette majorité relative qui
13:57 vous empoisonne la vie depuis plus d'un an maintenant.
13:59 La semaine prochaine, le président recevra les oppositions.
14:02 Tout ensemble, mercredi, une main tendue, loyalement, dit le président.
14:07 Ludovic Wigand, vous qui avez une longue expérience et un regard acéré sur les deux quinquennats
14:12 d'Emmanuel Macron.
14:13 Est-ce que ça peut fonctionner ? Pourquoi ça fonctionnerait ? Non ?
14:16 Non, ça ne va pas fonctionner, c'est évident.
14:18 Après, on verra comment ça se passera.
14:21 On verra si tout le monde reste autour de la table.
14:22 Il y a une après-midi-discussion, un dîner.
14:24 On verra s'il y a un deuxième rendez-vous et s'il n'y en a pas.
14:27 Mais ça ne peut pas fonctionner.
14:28 On sait très bien que la NUPES ne jouera jamais ce jeu-là.
14:32 Le Rassemblement National de Marine Le Pen non plus.
14:36 Il y a de trop grandes divergences.
14:37 Il y a de trop grandes ambitions pour les années qui viennent.
14:40 La seule question, c'est celle des Républicains.
14:43 C'est celle d'Éric Ciotti même, je dirais.
14:45 Parce qu'on l'a dit, depuis le début de ce quinquennat, c'est avec les Républicains
14:50 qu'il y a le plus de discussions.
14:52 C'est les Républicains qui, occasionnellement, peuvent aider la majorité à faire passer
14:57 tel ou tel texte.
14:59 Et on voit bien que chez les Républicains, la question du positionnement à avoir par
15:03 rapport à la Macronie, au pouvoir macroniste, n'est toujours pas réglée.
15:08 Il y a ceux qui ont envie désormais de passer aux choses difficiles et de déposer une motion
15:13 de censure pour faire tomber le gouvernement.
15:15 Et puis, il y a d'autres voix, comme celle d'Éric Ciotti, qui sont encore prêts à
15:19 discuter, parce qu'Éric Ciotti a fait le choix, depuis qu'il est élu président
15:22 des Républicains, d'une stratégie qui est d'essayer de faire revenir dans le giron
15:26 des Républicains les électeurs de droite qui étaient partis chez Emmanuel Macron.
15:30 Pour cela, il faut avoir une attitude responsable et éventuellement, de temps en temps, passer
15:34 des deals.
15:35 Et donc, on va voir ce qu'il se passe mercredi, d'abord avec Éric Ciotti.
15:38 Et si, justement, tout cela, Maude Bréjean, porte-parole des députés Renaissance, n'était
15:42 qu'une façon de mettre en difficulté les Républicains ?
15:45 Je pense que…
15:46 Les mettre devant leur responsabilité.
15:48 L'ADN du président de la République, et on l'a démontré, notamment depuis un
15:53 an, effectivement, avec cette majorité relative, c'est de discuter, c'est d'échanger,
15:59 c'est d'arriver à trouver des compromis, d'arriver à trouver des consensus.
16:02 Face à des crises internationales auxquelles on est confronté, face aux enjeux sur l'inflation,
16:11 aux enjeux de pouvoir d'achat, à demandes de davantage de sécurité, c'est le rôle
16:16 du président de la République que tend la main.
16:18 Maintenant, vous avez parfaitement raison, pour dialoguer, il faut être deux.
16:22 Donc, on tend la main, on verra bien si cette main est tendue.
16:25 Et j'ai envie de dire, ce n'est pas tout à prendre ou à laisser.
16:29 On sait qu'il y a des sujets sur lesquels peut-être on n'arrivera pas à se mettre
16:33 d'accord, mais moi j'ai bon espoir que sur d'autres sujets, par exemple les questions
16:37 de pouvoir d'achat ou les enjeux liés à la sécurité, on arrive avec un certain nombre
16:40 de forces politiques à se mettre d'accord sur l'essentiel.
16:43 Et les gens attendent ça.
16:44 Les gens n'ont pas… Je ne pense pas que les Français aient choisi une majorité relative
16:49 pour bloquer le pays.
16:50 Les Français ont choisi une majorité relative pour nous demander d'écouter davantage
16:55 l'ensemble des sensibilités.
16:56 Mais l'ensemble des sensibilités, en cette rentrée, Emmanuel Macron ne parle qu'à
16:59 la droite quand il insiste sur la décivilisation.
17:02 L'ordre, l'ordre, l'ordre.
17:04 Qui dit dans le Point qu'il faut réduire nettement l'immigration, que les vacances
17:07 scolaires sont trop longues ? À qui d'autre parle-t-il ?
17:10 Et on parlait tout à l'heure de la baisse des impôts à destination des classes populaires
17:13 et des classes moyennes.
17:14 Ceux qu'on a le plus besoin, c'est mener une politique sociale autant qu'on le peut
17:21 comme on le fait depuis 2017.
17:22 Moi je ne crois pas qu'il y ait deux France irréconciliable avec d'un côté les gens
17:26 de droite, de l'autre côté les gens de gauche, les urbains ou les ruraux, je ne sais pas,
17:30 on appellera ça comme on veut.
17:31 Le président de la République, il est président de tous les Français, il parle à tout le
17:34 monde et il répond aux attentes qui lui semblent être les plus prédominantes aujourd'hui
17:37 dans le pays.
17:38 S'il annonce le président comme il le laisse entendre des référendums, un ou des référendums
17:42 sur des sujets clés, vous dites prise de risque majeure ou allons-y ?
17:46 Je pense que ce n'est jamais une mauvaise idée que de demander leur avis aux Français.
17:52 Et donc s'il y a un sujet qui s'y porte, qui le nécessite, qui est porté au débat
18:00 au sein de notre pays jusqu'à aller au référendum, c'est à mon avis par essence
18:05 une bonne idée.
18:06 On est d'accord pour dire qu'aucun référendum n'a réussi au président sous la Ve République
18:11 Ludovic Vigogne.
18:12 Non, mais là peut-être qu'Emmanuel Macron peut choisir un référendum avec plusieurs
18:17 questions qui diviserait un petit peu chaque famille et qui éviterait une réponse claire
18:22 et nette.
18:23 Un oui à une seule question, un non à une seule question qui permettrait peut-être
18:25 de s'en sortir.
18:26 C'est toujours un oui ou non contre le président de Gaulle 69, 2005 Jacques Chirac qui colle
18:33 à la peau de la droite encore aujourd'hui.
18:35 Ça tourne effectivement souvent comme ça.
18:38 Après il peut essayer de poser deux ou trois questions.
18:41 Mais on voit bien qu'Emmanuel Macron tourne autour de cette idée depuis des mois.
18:44 On voit bien que c'est une tentation chez lui, qu'à un moment donné il a envie
18:47 qu'il y ait une respiration démocratique durant ce quinquennat.
18:50 Il en parle depuis sa réélection.
18:53 Et donc peut-être que c'est le moyen pour lui de retrouver un peu d'élan, un peu
18:57 de soule.
18:58 Mais c'est sûr que ce sera un sacré pari.
18:59 Merci beaucoup.
19:00 A tous les deux, Ludovic Vigogne, on vous retrouve dans les colonnes de l'opinion
19:05 d'abord.
19:06 On se retrouve dimanche prochain donc 7h40.
19:08 Nouveau rendez-vous dans la matinale du dimanche de France Inter.
19:11 Je serai là.
19:12 Pour l'édito politique.
19:13 A dimanche Ludovic.
19:14 Et merci Maude Bréjon, députée des Hauts-de-Seine, porte-parole du groupe Renaissance à l'Assemblée
19:19 Nationale.
19:20 Et vous allez donc tout de suite à la rentrée politique de Gérald Darmanin.
19:23 Bière, saucisses, frites ce midi.
19:25 Bon appétit France Inter.
19:26 Il sera, je vous rassure avec Maxence Lambrecq, que l'on salue au passage.