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Écoutez l'interview du secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord.
Regardez L'invité de RTL du 31 août 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:06 Il est 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin le député du Nord et secrétaire national du parti communiste français Fabien Roussel.
00:17 Fabien Roussel, je le disais, vous étiez l'un des 11 chefs de parti réunis autour d'Emmanuel Macron hier avec ses discussions qui ont donc duré
00:23 très tard jusqu'à 3 heures du matin.
00:26 Qu'est ce que vous vous êtes dit pendant 12 heures ?
00:29 Beaucoup de choses parce qu'il y avait beaucoup de sujets abordés.
00:31 La question internationale, la question démocratique, de la réforme de nos institutions et puis
00:37 la question, c'était sous le thème "Faire Nation" donc ça allait des dernières violences urbaines
00:44 jusqu'à la question de l'inflation des salaires.
00:47 Et cette question là n'est venue qu'à 2 heures du matin donc il fallait rester éveillé pour qu'enfin
00:53 ce sujet là qui moi me préoccupait beaucoup soit abordé.
00:56 On va y revenir dans le détail mais d'abord sur la forme, vous pensez que ça a duré assez longtemps ?
01:01 12 heures c'est super long.
01:03 Non mais comme on dit je connais l'animal quand même qui aime bien aller
01:08 tâter le cul des vaches pendant des heures.
01:12 Bon à la fin les vaches ça va quand même à l'abattoir je vous dirais.
01:14 Mais donc nous,
01:16 je me disais bien que dans,
01:19 qu'il allait tout faire pour montrer qu'il était ouvert à la discussion et qu'il était prêt à tout entendre
01:25 histoire de se rattraper de ces derniers mois qui ont été particulièrement difficiles et violents.
01:30 Nous avons été plusieurs à lui dire qu'il nous restait au travers de la gorge cette réforme des retraites
01:35 et la manière dont elle a été imposée aux français, aux syndicats et au Parlement.
01:39 Ça on est d'accord il ne veut pas revenir dessus ?
01:41 Il l'a dit, j'assume, j'assume et c'est fait et j'ai pas triché, j'ai utilisé la constitution etc.
01:50 Donc tac mais il n'empêche que la démocratie elle se ressort fortement abîmée.
01:54 Il ne veut pas revenir dessus, on le regrette fortement et cette opération,
01:58 ces douze heures de discussion entre nous,
02:01 ne masqueront pas quand même cette fracture, cette blessure.
02:08 L'Elysée nous parle ce matin de discussion franche, c'était franche ?
02:12 Vous avez pu dire ce que vous avez dit, à dire sans protocole ?
02:14 Parce que sur la forme, chacun a pu parler autant qu'il voulait sans protocole et aborder tous les sujets.
02:21 Sincère parce que
02:24 nous l'étions tous avec des points de divergence.
02:27 Et le président de la République a pris beaucoup de notes, à chaque fois faisait la synthèse et il s'est engagé
02:35 à nous faire passer ces éléments là de synthèse par écrit avec les éléments qui ont pu faire consensus,
02:42 les éléments sur lesquels il s'engage pour la suite.
02:45 Et avec des pistes de travail à poursuivre entre nous, notamment sur la réforme des institutions où
02:52 il est probable qu'on mette en place un groupe de travail.
02:54 Donc c'est que du positif si je vous entends ce matin ?
02:57 Le positif c'est le dialogue,
03:00 le dialogue avec les responsables de parti,
03:03 c'est bien, maintenant il faut qu'il respecte encore le Parlement et on va aborder des sujets importants.
03:10 Mais ça a été utile, je pense à Manuel Bompard qui est sorti en disant "j'ai eu l'impression d'être sur Mars, ça n'a servi à rien",
03:16 c'est pas ce que vous nous dites ce matin ?
03:18 Je peux pas dire maintenant que ça a servi à rien, d'abord parce qu'on s'est parlé et donc se parler c'est déjà
03:24 une bonne chose et
03:26 moi pendant là, pendant six mois j'ai eu le sentiment qu'on ne se parlait plus et c'était même violent la vie politique.
03:33 Là il y a du dialogue, le dialogue j'ai toujours été favorable, c'est bien, il existe maintenant.
03:38 Maintenant on sait que le président il n'est pas bon pour augmenter les salaires, il est très bon en communication.
03:43 Il vous a promis une conférence sociale ?
03:45 Moi je souhaite que les choses que nous lui avons dites, elles puissent se traduire, au moins qu'il puisse dire aux français "non,
03:52 j'augmenterai pas les salaires".
03:55 Mais c'est pas lui qui augmente le salaire Fabien Roussel.
03:57 Non, mais qu'il puisse dire oui ou non à toutes les propositions qui lui ont été faites
04:02 et où que l'on puisse ouvrir des pistes de travail sur d'autres sujets. Sur les salaires,
04:07 j'ai donné des exemples très concrets puisque j'ai rencontré les salariés de Clestra à Strasbourg
04:14 lors de nos universités d'été et je lui ai cité l'exemple d'un homme qui a 33 ans d'ancienneté,
04:19 33 ans d'ancienneté pour faire des cloisons de bureau. Il travaille 7 heures par jour, debout, il a 20 minutes de pause, pas plus.
04:26 Si jamais il y en a un qui a pris son téléphone en dehors des heures de pause, il a été licencié.
04:31 Cet homme là il a 1600 euros net de salaire par mois.
04:35 Qui accepterait de telles conditions après 33 ans d'ancienneté ?
04:40 Lui il défend son travail. Ils sont en grève aujourd'hui parce que l'entreprise est menacée etc.
04:45 Donc cette question des salaires elle se pose pour...
04:48 - Mais concrètement fait quoi pour ce salarié ?
04:50 - Le président de la République a dit, a admis et je suis moi satisfait qu'il admette qu'il y a un problème de bas salaire dans notre pays.
04:56 Il a admis que les entreprises touchaient des aides publiques.
04:58 Oui, le SWIC a augmenté de 10% mais le salaire médian stagne. C'est un problème.
05:04 - Et donc qu'est-ce qu'on fait pour ce salarié ?
05:06 - Il a fait appel au dialogue social pour trouver des solutions.
05:09 Eh bien moi j'attends de voir quand, sous quelle forme et sur quoi ça va aboutir.
05:15 - Et pour ce salarié vous en ferez quoi vous ?
05:17 - Ah ben moi ce que je souhaite, j'ai proposé à ce qu'il y ait un grenelle des salaires.
05:22 J'ai proposé à ce que les salaires soient indexés sur l'inflation.
05:25 Le président de la République a dit non, il n'y aura pas d'indexation des salaires sur l'inflation.
05:28 Je le regrette, je le regrette fortement et nous continuerons de nous battre pour ça.
05:31 - On sait que ça risque d'alimenter l'inflation tout simplement.
05:33 - Non, il a été dit ici et d'ailleurs il faut réécouter l'excellente chronique de monsieur Langlais.
05:37 Ce n'est pas les salaires qui augmentent l'inflation.
05:40 Il a admis le président de la République que les marges de l'industrie alimentaire,
05:45 de l'agroalimentaire notamment, sont responsables d'une grande partie de l'inflation.
05:49 Et donc là il appelle à la police des prix.
05:51 - Mais alors justement c'est quoi la police des prix ? Qu'est-ce qu'on fait ?
05:54 Bruno Le Maire les reçoit les industriels aujourd'hui.
05:56 - Oui mais Bruno Le Maire jusqu'à maintenant, il fait des incantations.
06:00 Et il fait des incantations, il appelle A, il appelle A, il appelle A.
06:03 Il existe dans la loi Egalim notamment, des outils législatifs
06:08 qui permettent d'aller vérifier, contrôler et éventuellement sanctionner.
06:12 Maintenant il faut passer au mode sanction.
06:14 Le président de la République a dit qu'il ferait appel à la police des prix.
06:18 Pour moi ce qu'il dit c'est lui.
06:19 La police des prix c'est son expression.
06:21 Eh bien, d'entâte, qu'il y aille, qu'il le fasse et on verra.
06:24 Nous avons demandé, nous, dans l'instant, de bloquer des prix.
06:27 Il a dit non, niet.
06:28 Donc, pour vous dire, comment je sors, je suis satisfait ou pas ?
06:31 - Les prix sont libres en France.
06:32 - Nous avons posé...
06:33 - On les a bloqués pour les masques, on les a bloqués pour le gel hydroalcoolisé.
06:36 - J'ai donné des exemples, il y a ceux que vous citez.
06:38 Mais par exemple, aujourd'hui à Mayotte, où il y a un problème terrible d'eau,
06:42 où il y a deux jours de coupure d'eau sur trois,
06:45 eh bien, comme les prix augmentent, le prix du pack d'eau augmente fortement,
06:48 le préfet a décidé de bloquer...
06:50 - Mais parce qu'on est dans une situation d'urgence.
06:52 - Oui, mais il n'y a pas une situation d'urgence en France.
06:54 Allez faire vos courses, c'est terrible.
06:56 Le prix de l'essence, j'ai payé 2,52€ mon prix d'essence en rentrant de vacances du Sud.
07:00 Non mais, vous vous rendez compte ?
07:02 Quand un salarié au SMIC a 200€ d'essence à payer pour revenir de vacances,
07:08 c'est plus que 10% de son salaire quand même.
07:10 Ce n'est pas possible ça.
07:11 La première ministre, elle me disait, nom de la tête,
07:13 j'ai les factures avec moi, j'ai dit, je vais vous les montrer.
07:15 On s'est parlé comme ça, très concrètement, très franchement.
07:18 Donc, s'il a dit non, et balayé d'un verre de main,
07:21 une série de nos propositions,
07:23 indexation des salaires sur l'inflation, il a dit non.
07:25 Grenelle des salaires, il a dit non.
07:28 - Mais conférences sociales.
07:29 - C'est ce qu'indique l'Elysée.
07:31 - J'ai pas entendu "conférences", s'il y en a une, tant mieux, je prends.
07:34 S'il y a une porte qui s'ouvre, on met son pied dedans, on pousse et puis on discute.
07:37 Donc, il a dit non au blocage des prix, dommage, mais il dit police des prix.
07:42 Eh bien, on va voir.
07:43 Il est prêt à contester les marges de l'industrie agroalimentaire.
07:47 Tant mieux, on va voir.
07:48 Moi, je jugerai sur pièce, c'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens, donc on verra bien.
07:54 - Bon, un mot de la NUPES.
07:56 Vous êtes arrivé, groupé hier, avec les autres partis de gauche, partis communistes,
08:00 donc vous, les Verts, LFI et l'EPS.
08:02 C'était quoi l'idée ?
08:03 De montrer qu'elle existe toujours ?
08:04 On a l'impression que vous ne vous y retrouvez plus, vous, dans cette NUPES.
08:08 Je pense à l'Abaya, par exemple.
08:10 Vous êtes pour cette interdiction à l'école.
08:13 LFI, par exemple, est contre et on les entend depuis plusieurs jours protester
08:16 et dire qu'ils vont saisir le Conseil d'État.
08:18 Vous avez encore une raison d'être au sein de cette alliance ?
08:21 - Il y a des sujets sur lesquels nous avons des points de désaccord.
08:25 Ils sont connus.
08:26 Et il y a des sujets, comme hier soir, que nous avons défendus ensemble,
08:31 notamment sur les questions sociales.
08:32 - Et pourtant, vous n'aviez pas signé de proposition commune ensemble.
08:35 - Parce que je suis certain que demain, nous saurions nous mettre d'accord
08:41 sur un programme commun de gouvernement répondant aux urgences sociales, écologiques
08:45 de notre pays.
08:46 Nous défendons beaucoup de propositions ensemble.
08:50 Mais nous avons des points de désaccord.
08:52 Ces points de désaccord, il faut pouvoir les discuter entre nous.
08:56 De toute façon, je ne vois pas comment on les dépassera.
09:00 C'est les Français qui doivent choisir.
09:02 C'est pour cela que je demande, moi, la possibilité de pouvoir incarner
09:06 une gauche qui défend les propositions qui sont celles que je défends
09:09 et que les Français puissent choisir entre les propositions que je défends
09:12 et celles que défendent la France insoumise et les écologistes.
09:16 On n'est pas d'accord sur un certain nombre de propositions.
09:18 - D'un mot, vous débattrez avec Edouard Philippe.
09:19 - Laissons la démocratie et les Français s'exprimer.
09:21 Moi, j'ai des convictions. Je souhaite pouvoir défendre mes convictions.
09:24 - Edouard Philippe, vous débattrez avec lui le 17 septembre prochain à la fête de l'UMA.
09:28 Vous m'avez confié que vous étiez assis à côté de lui hier soir.
09:31 C'est lui votre adversaire idéal pour 2027 ?
09:34 - Mon adversaire idéal, ce n'est pas ça.
09:38 Pour moi, ça reste la finance et la désespérance.
09:41 - Donc, vous serez candidat en 2027 ?
09:43 - Ce qui est sûr, c'est que d'ici 2027, je vais continuer à me déplacer
09:48 dans toute la France, à parler aux Français, à faire part de mon projet pour le pays.
09:54 Et je souhaite qu'ils puissent effectivement s'exprimer dessus.
10:00 - Je crois que vous venez de nous dire que vous étiez candidat.
10:03 Sans prononcer la phrase, mais enfin...
10:05 - Bon, mais il n'y a pas de mystère sur le fait que...
10:08 - Ben voilà, disons-le simplement.
10:10 Il n'y a plus de mystère, vous êtes candidat à l'élection présidentielle en 2027.
10:12 - Si je dis que je souhaite incarner une gauche, un projet pour la France,
10:15 les jours heureux, l'espérance.
10:18 C'est pour ça que je vous parle de finance et de désespérance.
10:21 Parce que la désespérance, c'est ce qui nous mine le plus dans notre pays.
10:24 Je souhaite m'incarner un espoir nouveau à gauche.
10:27 Et donc, ce n'est pas pour rester enfermé.
10:32 - Et vous êtes depuis cet été la personnalité de gauche préférée des électeurs.
10:37 Voilà.
10:38 [SILENCE]

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