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Écoutez l'interview du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.
Regardez L'invité de RTL du 04 septembre 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
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00:02 Repassions.
00:04 RTL Matin
00:06 Il est 7h43, excellente journée à vous tous qui écoutez RTL.
00:11 Amandine, vous recevez donc ce matin le nouveau ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, Gabriel Attal.
00:15 Gabriel Attal, depuis quelques jours, j'imagine que vous les surveillez, plusieurs appels circulent sur les réseaux sociaux, des appels à porter
00:21 l'Abaya en ce jour de rentrée. Que dites-vous ce matin à celles qui seraient
00:24 tentées de suivre cet appel, d'arriver justement au lycée ou au collège en Abaya ? Elles ne rentreront pas ?
00:30 Moi je veux rappeler que l'école elle est gratuite, elle est pour tous et elle est laïque.
00:34 On ne peut pas tergiverser avec la laïcité à l'école.
00:38 Donc oui j'assume la décision que j'ai prise de dire que l'Abaya, le Camis, ne peuvent être portés à l'école.
00:44 Je suis conscient que derrière l'Abaya, le Camis, il y a des jeunes filles, des jeunes garçons, parfois leur famille,
00:49 à qui il faut expliquer les choses. Donc pour répondre très concrètement à votre question, une jeune fille qui se présenterait
00:54 aujourd'hui dans un établissement scolaire
00:56 vêtue d'une Abaya ne pourra pas rentrer en classe. En revanche, elle aura un échange avec les équipes pédagogiques
01:01 qui lui expliqueront la règle. Pourquoi est-ce que la laïcité s'applique à l'école ? Comment est-ce qu'elle s'applique à l'école ?
01:08 Rappelez-vous que la laïcité ne stigmatise personne. Ce n'est pas une contrainte, c'est une liberté, celle de s'émanciper par l'école de la République.
01:14 On a positionné des personnels formés sur les questions de laïcité.
01:18 Mais ce sont quoi ? Des policiers ?
01:20 Pas du tout, ce sont des inspecteurs d'académie,
01:22 ce sont des personnels
01:25 laïcité-valeur de la République, des rectorats qui sont formés sur ces questions-là. Il y a un peu plus de 2000
01:29 personnels qui sont formés sur ces questions qu'on a
01:32 positionnés dans les établissements pour lesquels on sait que ce sujet va se manifester.
01:39 C'est 150 établissements sensibles ?
01:41 C'est un peu plus que ça, il y a 513 établissements que nous avons identifiés comme
01:46 potentiellement
01:49 concernés par cette question-là à la rentrée scolaire. On a beaucoup travaillé, je veux les saluer, avec les équipes de l'éducation
01:55 nationale, aussi avec le ministère de l'Intérieur sur ce sujet-là pour identifier les établissements dans lesquels on sait qu'a priori cette situation va se
02:01 présenter. Et on a proposé aux chefs d'établissement d'avoir des personnels formés à leur côté pour échanger avec les élèves concernés et avec leur famille.
02:09 Une partie de l'opposition salue cette interdiction, je pense notamment aux Républicains, mais ils vous appellent à aller plus loin, à interdire les signes religieux
02:16 pour les parents accompagnant les sorties scolaires. Est-ce que vous êtes prêts à aller jusque là ? Est-ce que c'est la prochaine étape ?
02:22 Non, et d'ailleurs vous savez sur ce sujet-là, des sorties scolaires, ce qui m'avait permis de me forger mon opinion, c'est une
02:27 tribune de Caroline Fourest sur le sujet,
02:30 qui fait bien la distinction entre ce qui se passe dans l'école et ce qui se passe en dehors de l'école.
02:34 Et le fait qu'on a besoin évidemment de parents qui puissent accompagner les élèves en sortie scolaire dans un cadre
02:40 qui est un cadre scolaire, parce que c'est l'éducation nationale qui organise, les établissements qui organisent, mais qui n'est pas le cadre de l'école.
02:46 Moi, vraiment ce qui m'importe c'est ce qui se passe dans l'école. Faire respecter la loi de 2004, notre laïcité,
02:52 dans les murs de l'école, on voit que c'est encore un travail important.
02:55 Et donc sur ce sujet-là, évidemment, ma détermination est totale.
02:59 Autre solution avancée par certains, y compris au sein du gouvernement, c'est l'uniforme.
03:04 Vous avez dit que vous étiez favorable à une expérimentation, et on voit que certains vont essayer, ou certaines,
03:09 de venir aujourd'hui avec des robes longues, qui ne sont pas tout à fait des abayas, mais pour contourner tout ça.
03:15 Est-ce que c'est la solution ?
03:18 L'expérimentation, elle va se faire ou pas ?
03:20 Moi, je me déplace beaucoup sur le terrain et j'échange avec des enseignants, des élus, des familles, qui souvent,
03:24 effectivement, me font cette proposition. Pour vous répondre très concrètement,
03:28 je ne suis pas sûr que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes de l'école, mais en tout cas,
03:33 je pense qu'elle mérite d'être testée. Et moi, je suis très favorable à l'expérimentation pour qu'elle puisse faire avancer le débat.
03:38 Je vois bien qu'il y a des prises de position d'élus, en nombre, ces derniers jours, sur cette question de l'uniforme.
03:44 J'invite ces élus à se rapprocher de mes services pour proposer concrètement les établissements dans lesquels ils souhaiteraient expérimenter une tenue scolaire
03:52 unique. Et j'annoncerai à l'automne les modalités d'expérimentation
03:55 qui nous permettront de tester cette solution.
03:58 L'idée, c'est quoi ? De commencer après les vacances de la Toussaint, par exemple, l'expérimentation ?
04:01 Oui, travailler avec les élus, avec les personnels de l'éducation nationale.
04:04 Encore une fois, c'est important qu'il y ait une communauté éducative qui soit volontaire, c'est-à-dire aussi avec les parents, au niveau d'un établissement.
04:10 Et moi, je souhaite, oui, qu'on puisse assez vite lancer des expérimentations sur le sujet.
04:13 Ça permet quand même de faire progresser le débat. Vous avez aujourd'hui beaucoup de Français qui y sont favorables,
04:17 des Français qui n'y sont pas favorables. Je pense que le meilleur moyen de se faire une idée,
04:21 c'est de tester les choses dans une série d'établissements. Je souhaiterais qu'il puisse y avoir des territoires différents, des établissements différents, école primaire,
04:28 collège, lycée, qu'on ait une vraie méthodologie d'évaluation et qu'on regarde ensuite si c'est utile ou pas pour les élèves.
04:34 Je pense qu'il ne faut jamais perdre de vue la boussole, l'importance,
04:38 l'important quand on teste des mesures comme celle-ci, c'est avant tout ce que ça permet en matière de transmission, en matière d'élévation du niveau à l'école,
04:44 en matière de restauration de l'autorité dans nos établissements scolaires.
04:48 À l'aune de ces critères, je pense qu'on sera capable avec les expérimentations de savoir si c'est utile ou pas.
04:53 Donc expérimentation peut-être après les vacances de la Toussaint, c'est ce que vous nous dites ce matin, avec une
04:58 généralisation dès la rentrée prochaine, si c'est positif ou pas ? Ou je vais trop vite ?
05:03 À nouveau, il faut bâtir une méthodologie et voir combien de temps est-ce qu'une expérimentation doit durer pour évaluer si elle est utile ou pas,
05:09 et s'il faut généraliser ou pas. Donc je vais y travailler
05:11 vraiment avec des experts, avec les élus, les enseignants, évidemment, c'est important de partager avec leurs représentants
05:17 ce sujet-là. Je suis très attaché au dialogue social.
05:19 Mais oui, moi je souhaite qu'on puisse avancer sur cette question-là.
05:22 Et cette histoire d'uniforme, ça peut aussi être une solution face au problème de pouvoir d'achat. C'est Sonia Baques qui explique ça, la secrétaire d'État
05:28 en charge de la citoyenneté, elle c'était, ces derniers jours, l'exemple de la Nouvelle-Calédonie où elle est élue et où l'uniforme est la règle
05:34 depuis huit ans. Elle dit que ça a permis de diviser par trois
05:36 le coût d'achat des vêtements pour la rentrée, sur la flambée justement des prix
05:40 des fournitures scolaires. Est-ce que ce n'est pas d'abord, Gabriel Attal, un peu aux enseignants de faire un effort ? Je pense à ceux,
05:46 et je ne les pointe pas tous du doigt, mais qui demandent quantité de choses. Je vous cite un exemple, j'ai dû chercher, moi, le pinceau brosse
05:51 numéro 18.
05:53 Sincèrement, il n'est nulle part en supermarché, vous avez le 16, le 20, mais vous n'avez pas le 18, il faut aller dans une papeterie.
05:57 Est-ce que ça, on ne pourrait pas changer un peu les choses ? Cette question des fournitures scolaires, elle est extrêmement importante, notamment en période
06:04 d'inflation. Il y a d'abord ce que vous ne pouvez pas trouver, effectivement, mais puis aussi le fait que ça coûte,
06:08 et que c'est une dépense dans laquelle les familles, évidemment, ne coupent pas, parce que c'est pour la réussite de leurs enfants.
06:13 Qu'est-ce que j'ai annoncé, moi, au moment où j'ai pris mes fonctions ? Je souhaite qu'on avance dans deux directions.
06:17 Un, qu'on simplifie, effectivement, la liste des fournitures qui sont demandées aux élèves en respectant la liberté pédagogique des enseignants,
06:24 mais en cherchant à simplifier davantage. Et deux, qu'on travaille à un système qui permettrait aux familles qui le souhaitent de pouvoir
06:31 faire des commandes à travers leur établissement scolaire, à des prix qui seraient négociés par l'éducation nationale. Aujourd'hui, les familles,
06:36 elles sont seules face à la loi du marché.
06:38 Or, plus on est nombreux, plus on est fort. Il n'est pas question que ce soit l'État qui paie les fournitures scolaires ?
06:44 L'État ne peut pas payer tous les stylos, toutes les gommes, tous les cahiers de tous les élèves de France. Et ceux qui le proposent,
06:49 on le voit bien dans les parties de la gauche, en général, ils avancent aux Français une gratuité.
06:54 Mais les Français savent très bien qu'à la fin, il y a toujours quelqu'un qui paye. Et que donc, quand on avance la gratuité comme ça,
06:59 sur ce type de mesures, en réalité,
07:01 ils le financeraient par une augmentation d'impôts qui toucherait encore la classe moyenne. Et moi, ce qui m'intéresse,
07:06 sur quoi je veux travailler, c'est vraiment cette classe moyenne française, qui
07:09 gagne toujours un peu trop pour bénéficier des aides, qui est toujours un peu au-dessus des seuils qui leur permettent d'être accompagnés par la solidarité nationale.
07:16 Comme Gérard Le Darmelin.
07:17 Comme, j'espère, beaucoup de responsables politiques, et notamment dans la majorité présidentielle, oui. C'est ces Français.
07:22 Ils ne peuvent pas spécialement compter sur la solidarité nationale. Ils travaillent, ils gagnent souvent un peu trop pour être aidés, et pourtant,
07:28 l'inflation, ils la prennent de plein fouet. Et donc oui, moi, je pense que plus on est nombreux, plus on est fort.
07:33 Il y a 12 millions d'élèves. Si les familles qui le souhaitent peuvent, à travers l'éducation nationale, s'allier pour faire des commandes
07:39 de gros, ça permettra de faire baisser les prix. Donc je souhaite qu'on travaille avec les associations de parents d'élèves
07:43 à cette organisation pour la rentrée prochaine.
07:46 Gabrielle Attal, je voulais vous parler d'un sujet qui nous tient à coeur ici à Ertel, c'est la question du harcèlement scolaire.
07:50 Elisabeth Borne l'a confirmé hier sur Ertel. Elle présentera à vos côtés
07:53 un plan au courant du mois. On a suivi, nous, sur Ertel, l'an dernier, l'histoire du petit Maël, un petit garçon de 10 ans qui a
07:59 été harcelé pendant trois ans par le même enfant, privé d'école pendant des mois,
08:03 parce que son harceleur y était toujours. Son papa, qui avait pourtant saisi tous les services de l'éducation nationale,
08:09 déposé plainte, avait fini par lancer un appel sur Ertel.
08:11 Toute la rédaction s'est mobilisée. On a appelé en personne Papandiaï, parce que, à l'époque, personne d'autre ne nous apportait de solution.
08:18 Contactez le cabinet de Brigitte Macron. Finalement, miracle, l'affaire s'était débloquée.
08:22 Vous reconnaîtrez, monsieur le ministre, que tous les parents ne peuvent pas, et n'ont pas forcément envie d'ailleurs, d'étaler toute leur vie,
08:28 d'alerter les médias.
08:29 Est-ce que vous vous engagez, ce matin au moins, sur Ertel, à apporter une solution à tous ceux qui saisiraient juste
08:34 les directeurs d'établissement ? Il doit y avoir une réponse à chaque fois.
08:37 Oui, et derrière les directeurs d'établissement, parce que je ne veux pas trop les charger, c'est toute la chaîne de l'éducation
08:41 nationale, au niveau des rectorats et de mon ministère, qui doit être plus réactive. Moi, je le dis, c'est ma grande cause. Je trouve insupportable
08:48 qu'un élève aille à l'école la boule au ventre, parce qu'il y est harcelé, et qu'il rentre la boule au ventre à la maison le soir,
08:54 parce que le harcèlement continue via les réseaux sociaux. C'est insupportable. Et le cas que vous évoquez, il a fallu attendre la classe de CM2
09:00 pour qu'il puisse enfin aller à l'école
09:02 en paix. Il y a aussi le cas de Léo, qui avait été avancé ici, Léo au collège, qui a été harcelé. Pourquoi ? Parce qu'il fait de la
09:09 danse,
09:10 de la danse sur la boucle WhatsApp de sa classe. Il a été harcelé en permanence, menacé de mort, parce qu'il fait de la danse. C'est
09:16 insupportable. Et c'est des élèves qui, évidemment, parce qu'ils ne sont pas heureux à l'école,
09:20 apprennent dans de mauvaises conditions, et donc apprennent moins que les autres. Moi, ça me révolte et ça me scandalise. J'ai pris
09:25 un certain nombre de mesures dès cet été. C'est désormais aux harceleurs de quitter l'établissement, et plus aux harcelés. Et ça, c'est une
09:31 très bonne chose. Malgré tout, je reviens au cas du petit Maël, en quelques secondes. Il rentre en sixième aujourd'hui.
09:36 Ses parents ont, une nouvelle fois, dû se battre tout l'été.
09:40 Pourquoi ? Parce qu'il allait se retrouver dans le même collège que son harceleur.
09:43 J'ai vu ça. C'est pas normal. Ça montre à quel point on doit encore, dans l'organisation du ministère de l'éducation nationale, faire mieux.
09:49 C'est le sens du plan que je présenterai avec la première ministre dans le courant du mois. Je le dis,
09:54 il n'y a pas de mauvaise volonté dans mon ministère. Je le vois, les agences sont
09:58 évidemment sensibilisées à ces questions. D'ailleurs, souvent, ils ont eux-mêmes des enfants qui peuvent être confrontés à cette situation. C'est une question
10:03 d'organisation. On doit être beaucoup plus réactif sur cette question-là. Et je m'engage à avancer sur cette question, parce que je le dis,
10:10 c'est la grande cause que je veux poursuivre. Parce que c'est tout simplement
10:13 insupportable. Et quand on lit certains témoignages d'élèves et de familles, c'est insupportable qu'on se retrouve encore avec ces situations aujourd'hui
10:19 à l'éducation nationale.
10:21 sur des victimes de harcèlement.
10:23 !

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