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Ecoutez l'interview de la présidente de l'Assemblée nationale.
Regardez L'invité de RTL du 11 décembre 2023 avec Amandine Bégot.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:10 Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin la présidente de l'Assemblée nationale
00:12 Yael Broun-Pivet. Le projet de loi immigration Yael Broun-Pivet arrive donc aujourd'hui à l'Assemblée mais ce texte pourrait être
00:19 retoqué avant même d'être débattu, sans même être débattu d'ailleurs, puisque les écologistes ont déposé une motion de rejet.
00:27 Le RN et les Républicains doivent se réunir ce matin pour décider s'ils votent ou pas cette motion de rejet. Est-ce qu'elle a une chance
00:32 d'après vous d'aboutir ?
00:33 Ecoutez ça serait très paradoxal parce que ça signifierait quoi si elle aboutissait ? Ça signifierait que l'Assemblée nationale ne débattrait pas de ce
00:40 texte immigration et qu'on serait directement renvoyé dans ce qu'on appelle la commission mixte paritaire.
00:48 Moi j'ai cru comprendre et
00:50 j'imagine que vous aussi vous l'avez constaté, tout le monde a un avis sur le projet de loi immigration
00:56 en témoigne également le nombre d'amendements qui ont été
00:59 déposés supérieur à 2500. Tout le monde pense que c'est un bon, mauvais, très bon, très mauvais projet.
01:06 Il y a des propositions et donc il faut absolument que l'Assemblée nationale débatte de ces propositions.
01:12 Ce serait pas raisonnable et pas sérieux dit Gérald Darmanin.
01:14 Mais c'est surtout que moi ça serait incompréhensible.
01:18 L'Assemblée nationale si elle rejetait aujourd'hui l'examen du texte se tirerait une balle dans le pied.
01:24 Comment on peut imaginer que le lieu même du débat démocratique vote pour qu'il n'y ait pas de débat ?
01:30 Ce texte il arrive à l'Assemblée,
01:33 ce n'est pas celui qui a été voté au Sénat, on le rappelle à nos auditeurs, puisqu'il a été largement remanié par les députés en
01:38 commission.
01:40 Dénaturé, dit même Éric Ciotti, le président des Républicains,
01:42 tant et si bien que les LR menacent de ne pas le voter. Que leur dites vous ce matin ? Il vaut mieux une loi
01:48 en dessous de leurs espérances que pas de loi du tout ?
01:50 Ce qui est sûr c'est que chaque chambre fait son travail, remplit pleinement sa mission. Le Sénat a fait
01:57 considérablement évoluer et grossir le texte en
02:00 triplant le nombre de dispositions contenues dans le texte. La commission des lois
02:05 a fait son travail et maintenant l'Assemblée en séance publique fera le sien. C'est le cours normal de notre
02:13 démocratie. Les députés, les sénateurs
02:15 amendent, votent, font bouger la loi qui est présentée par le gouvernement.
02:19 Maintenant, l'objectif c'est quoi ? L'objectif c'est qu'on ait un texte, un texte qui soit utile, utile à nos compatriotes pour pouvoir
02:28 maîtriser nos flux migratoires, pouvoir être plus clair sur ce que l'on attend d'une personne quand elle vient en France,
02:36 donc en termes d'intégration,
02:38 d'adhésion aux valeurs de la République, de connaissance... Mais pour ça il faut que les Républicains le votent ce texte. Que leur dites vous ce matin ?
02:43 Moi, il faut... Pas que ! L'Assemblée nationale n'est pas que composée, ça ne vous aura pas échappé, de Républicains.
02:48 Il faut que nous votions ce texte, nous avons besoin de l'apport de chacun.
02:53 Moi, ce que je vois, et c'est ce que je vois toujours, je vois plus ce qui nous rassemble que ce qui nous divise.
02:59 Alors certes, il y a des dispositions sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord. On parle souvent
03:05 des métiers en tension, par exemple. On parle souvent de fameux articles 3 ou de l'aide médicale d'État.
03:11 Mais il y a tant de sujets dans ce texte qui nous rassemblent sur la facilitation
03:16 des reconduites à la frontière et des expulsions, sur la levée de certaines protections qui aujourd'hui empêchent les expulsions...
03:22 C'est-à-dire que l'intérêt national doit l'emporter sur les intérêts de chaque partie ? C'est ce que vous dites ?
03:27 L'intérêt national, d'une part, doit l'emporter, mais surtout, je pense qu'il faut toujours regarder plutôt le verre à moitié plein
03:33 plutôt que le verre à moitié vide. Et moi, ce que je vois, c'est que la très grande majorité des mesures
03:39 remportent l'adhésion des républicains. Et il y a aussi beaucoup de simplification des mesures
03:44 procédurales, ces techniques, mais qui sont issues de rapports des républicains.
03:49 Donc, il n'y aurait aucune raison de ne pas le voter ?
03:51 Moi, je pense que sur un certain nombre d'articles, nous sommes d'accord, qu'il reste encore des désaccords et que le débat à l'Assemblée nationale,
03:59 les 15 jours que nous avons, doivent pouvoir nous permettre de faire naître un compromis,
04:05 comme les sénateurs l'ont fait, comme les sénateurs l'ont fait sur ce fameux article 3. Ils ont réussi à avoir un compromis.
04:12 Je pense que nous sommes capables de faire de même. En tout cas, il y a un chemin à nous de le trouver.
04:16 Et moi, en tout cas, je mettrai tout en oeuvre pour le faire.
04:19 Les débats doivent durer jusqu'au 22 décembre. Gérald Darmanin a dit ici même sur RTL qu'il était prêt à siéger entre Noël et le
04:25 jour de l'an, si besoin pour faire passer ce texte. C'est possible ça, madame la présidente ?
04:29 Tout est possible. Vous savez, moi, j'ai réuni ma commission pendant le Covid, je crois le 27 ou le 28 décembre.
04:35 Donc tout est possible.
04:37 Si il faut siéger entre Noël et le jour de l'an, vous y êtes prête ?
04:39 Moi, j'ai déjà siégé, je vous dis, en commission des lois, en tant que présidente de commission.
04:43 J'ai convoqué ma commission. Donc évidemment, je suis prête. Je ne le souhaite pas.
04:46 Je ne le souhaite pas parce que les députés, comme tous les Français, ont besoin de se retrouver en famille.
04:52 Mais moi, je pense, compte tenu du nombre d'amendements, que nous sommes en capacité de voter le texte avant le 22 décembre.
05:00 Et l'hypothèse d'un nouveau 49.3, ça vous l'écartait ?
05:03 Moi, je ne le souhaite pas parce que je suis présidente de l'Assemblée nationale, que évidemment, je préfère que les débats que nous avons,
05:11 d'une part, puissent aller à leur terme et que d'autre part, nous puissions avoir un vote.
05:15 Mais est-ce qu'il vaut mieux un 49.3 que pas de texte ?
05:19 Je ne me place pas dans cette hypothèse-là. On est au début du débat parlementaire.
05:22 Vous savez, si moi, je ne croyais pas au Parlement, qui y croirait ?
05:26 Yahelle Brune-Pivet, Emmanuel Macron a été vivement critiqué en fin de semaine dernière
05:30 pour avoir célébré le début de la fête juive de Hanoukka à l'Elysée.
05:33 Est-ce qu'il y a eu une erreur, d'après vous ?
05:35 Ce n'est pas à moi, en tant que présidente de l'Assemblée nationale, de juger des actes du président de la République.
05:41 Je comprends la raison pour laquelle il a souhaité procéder à cet acte-là.
05:47 C'était pour envoyer un message à la communauté juive après l'attaque du Hamas.
05:50 Je peux vous dire, parce que moi, je ne suis pas une commentatrice, je suis une actrice de la vie politique.
05:54 Et moi, en tant que présidente de l'Assemblée nationale, j'ai organisé une marche
05:58 pour les valeurs de la République ou contre l'antisémitisme, qui a largement rassemblé nos compatriotes.
06:03 Voilà quel a été mon mode d'action à moi avec le président du Sénat.
06:08 Il aurait mieux fait de venir à cette marche ?
06:10 Ce n'est pas un scoop que j'aurais préféré. Évidemment qu'il soit présent, c'est son choix.
06:15 Après, vous voyez, c'est tout à fait sain dans une démocratie.
06:19 Chacun fait ses choix, chacun prend ses responsabilités.
06:23 Je crois que j'ai pris les miennes.
06:24 Vous auriez organisé ce genre de célébration à l'Assemblée nationale ?
06:28 Ecoutez, la question ne se pose pas.
06:30 À l'Assemblée nationale, nous venons de fêter le Noël des collaborateurs avec un magnifique arbre de Noël.
06:37 Donc, il faut savoir se rassembler dans ce mois de décembre troublé.
06:41 Se rassembler, justement, le président réfléchit.
06:43 Il l'a dit au journal Le Monde ce week-end à une initiative pour appeler à l'unité des Français au mois de janvier.
06:50 Elle est nécessaire cette initiative ?
06:53 Ecoutez, aujourd'hui, je ne sais pas quelle est cette initiative.
06:56 Et nous en discuterons ensemble, évidemment.
06:59 Moi, je pense que tout ce qui va dans le sens de la concorde nationale,
07:04 tout ce qui va dans le sens d'une plus grande appartenance à ce qui fait notre société,
07:10 à ce qui fait notre nation, est forcément important et va dans le bon sens.
07:14 Nous voyons que nous devenons de plus en plus fracturés, une somme d'individualité.
07:20 Parfois, ça va plus loin avec une somme de communauté.
07:24 Il n'y a qu'une communauté, c'est la communauté nationale.
07:26 Nous devons être ensemble pour faire face aux défis immenses qui sont les nôtres.
07:31 Yael Broun-Pivet, je ne peux pas ne pas vous interroger sur les propos de Gérard Larcher, ici même sur RTL la semaine dernière.
07:36 Ce "ferme ta gueule" qu'il a adressé à Jean-Luc Mélenchon après ses propos contre la journaliste Ruth Elkrief.
07:42 Vous avez, vous, été à plusieurs reprises la cible d'attaque, je le rappelle, de la part de Jean-Luc Mélenchon.
07:46 Est-ce que vous auriez dit la même chose ? Est-ce que vous auriez dit "ferme ta gueule" ?
07:49 Moi, j'ai choisi une autre voie d'action.
07:52 C'est que je ne réponds plus à Jean-Luc Mélenchon parce qu'il vit de cela.
07:57 Aujourd'hui, il ne fait que vivre des polémiques.
07:59 Il ne fait que vivre de ses outrances sur les médias ou sur les réseaux sociaux.
08:04 Et donc, moi, j'ai décidé, je n'avais pas répondu sur les réseaux à ces attaques qui me visaient personnellement.
08:11 Moi, j'ai décidé simplement d'être silencieuse et de mépriser ces attaques-là.
08:16 Donc, non, je ne l'aurais pas dit, mais pas parce que je ne dis pas ce type de mots.
08:22 Je les utilise comme tous les Français.
08:26 Je comprends parfaitement que le président du Sénat les ait prononcés.
08:30 Maintenant, moi, j'ai choisi une autre façon d'agir.
08:34 Je le mépris tout simplement parce que ce n'est que ça que ça mérite.
08:38 Vous ne l'auriez pas dit, mais vous auriez pu le penser.
08:41 Je le pense, mais je ne le dis pas parce que moi, j'ai choisi une autre tactique qui est de ne pas répondre à ces outrances.
08:48 Merci beaucoup, Yael Bourbon-Pivet.
08:50 Pour la loi immigration, il y a un...
08:52 [SILENCE]

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