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Écoutez l'interview du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.
Regardez L'invité de RTL du 09 novembre 2023 avec Amandine Bégot.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse
00:14 Gabriel Attal. Gabriel Attal, on va bien sûr longuement évoquer cette journée de lutte contre le harcèlement à l'école. Jour J aujourd'hui.
00:19 Avant cela, un mot de la sécurisation des établissements scolaires. Lundi,
00:23 ça fera un mois que Dominique Bernard a été assassiné à Arras. Vous avez reçu en début de semaine les associations d'élus locaux
00:29 pour voir justement quels étaient les dispositifs les plus adaptés pour sécuriser ces établissements.
00:34 Elisabeth Born s'est dit favorable à la génération, à la généralisation, pardon,
00:38 des boutons d'appel dans les collèges et lycées. Est-ce que c'est ça vraiment la solution ?
00:42 En tout cas, je pense que c'est la solution qu'on doit souhaiter dans tous les établissements scolaires.
00:48 Ensuite, est-ce qu'il faut des SASS, est-ce qu'il faut des portiques, etc. Ça c'est à voir au niveau local. Je rappelle que la sécurité
00:54 des établissements, c'est la responsabilité
00:56 de la région pour le lycée, du département pour le collège. C'est dans la loi et donc c'est pas à nous depuis Paris de décider à
01:02 la place des collectivités. Donc j'ai reçu les associations d'élus.
01:05 On a fait un diagnostic puisque j'avais lancé une enquête flash sur tous les établissements. Ce que dit cette enquête,
01:10 c'est que trois quarts des collèges et lycées disposent d'une alarme anti-intrusion. Et donc ce qu'il faut, c'est qu'on arrive à généraliser
01:17 ce dispositif pour tous les établissements. J'ai vu qu'à la suite de cette réunion, la présidente des régions de France, Carole Delga,
01:24 s'est exprimée publiquement en disant qu'elle y était favorable. C'est comme ça qu'on va avancer. Et je le dis, même si c'est pas la compétence
01:30 de l'État, évidemment on ne se dérobera pas des responsabilités. On sera aux côtés des collectivités qui pourraient avoir des difficultés de
01:36 financement. On a engagé depuis 2017
01:39 170 millions d'euros l'État pour sécuriser les établissements scolaires.
01:43 183 élèves avaient été exclus pour avoir perturbé la minute de silence en hommage à Dominique Bernard avant les vacances.
01:50 Ces élèves devaient tous faire l'objet de conseils de discipline. Où est-ce qu'on en est ? Est-ce qu'il y a déjà eu des premières sanctions ?
01:54 J'avais pris un engagement très clair.
01:57 L'autorité de l'école, on ne la conteste pas. On s'y soumet.
02:00 Et j'avais été clair sur le fait que toute perturbation
02:03 de ce temps d'hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard donnerait lieu à des sanctions. Et vous l'avez dit, pour 183 élèves,
02:09 sur les 500 et quelques qui ont fait des perturbations,
02:12 ça a été particulièrement grave
02:15 avec des menaces de l'apologie du terrorisme. Et donc, comme je m'y étais engagé, ils ont tous été exclus à titre conservatoire
02:20 de leur établissement. Ils ne sont pas retournés dans leur établissement à la rentrée. Ils attendent leur conseil de discipline
02:25 qui statuera. - Qui n'ont pas encore eu lieu ces conseils de discipline ? - Ça fait trois jours que la rentrée a eu lieu. Il y en a certains
02:30 qui sont convoqués cette semaine. J'aurai un point à la fin du mois sur
02:34 l'ensemble des conseils de discipline et sur les sanctions qui auront été prises. - Mais on est d'accord, il y aura des sanctions pour chacun ?
02:38 - Ah bah bien sûr, oui.
02:39 Il y a déjà eu une exclusion à titre conservatoire. Il y aura en plus des sanctions disciplinaires. Et je rappelle
02:44 que la justice est saisie dans tous les cas. Et qu'il y a eu des garde à vue, il y a eu des interpellations, il y a des procédures
02:49 judiciaires qui sont en cours.
02:50 - Avant d'évoquer le harcèlement à l'école, un mot de cette marche de lutte contre l'antisémitisme qui est organisée à Paris dimanche. Vous y serez,
02:58 Gabriel Attal ? - Oui, aux côtés de la première ministre, bien sûr. - Est-ce que vous estimez, vous aussi, que le RN n'y a pas sa place ?
03:03 C'est ce qu'a dit hier le porte-parole du gouvernement.
03:05 - Je pense que les Français sont intelligents. Ils savent que quand Jean-Luc Mélenchon dit qu'il ne souhaite pas
03:11 participer, c'est parce qu'il cherche des voies. Ils savent que quand le RN dit qu'il veut y participer,
03:15 alors même qu'au même moment le président de leur parti refuse de rompre avec le passé antisémite de ce parti,
03:22 c'est parce qu'il cherche des voies aussi. - Mais est-ce que sincèrement, vu la gravité de la situation, c'est plus de mille actes antisémites depuis un mois,
03:28 c'est deux fois plus que toute l'année 2022.
03:30 Ça vaut toutes ces polémiques politiques, sincèrement ? - Ce que je suis en train de vous dire, c'est que je pense que les Français sont suffisamment
03:36 intelligents pour comprendre ce qui se joue derrière les prises de position ou les postures des uns et des autres. Et que l'important, c'est quoi ?
03:42 L'important, c'est de combattre l'antisémitisme. Comme on combat toutes les formes de discrimination et de haine qu'elles touchent.
03:48 Les Juifs parce qu'ils sont Juifs, les musulmans parce qu'ils sont musulmans, les catholiques parce qu'ils sont catholiques, les origines
03:53 de toutes sortes. Il faut combattre la haine et la discrimination et c'est
03:57 pour cela que cette marche est organisée ce dimanche. - Donc plus il y aura de monde, mieux ce sera, quelle que soit
04:02 la couleur politique, j'ai envie de dire. C'est ce que vous dites ? - Je pense qu'il y a beaucoup de citoyens qui vont aller à cette
04:06 marche et je pense que c'est
04:08 important de le montrer, de le marquer et que c'est ça le message qu'ils veulent faire passer.
04:11 - Venons-en à cette journée de lutte contre le harcèlement à l'école. C'est un sujet qui nous tient à coeur ici à RTL. Deux heures,
04:16 ils seront consacrés aujourd'hui dans tous les établissements.
04:18 Les élèves du CE2 à la terminale vont remplir, alors pour ceux qui nous regardent sur rtl.fr ou sur l'application, ce questionnaire. C'est un auto-questionnaire
04:26 adapté bien sûr à chaque fois en fonction de leur âge. C'est anonyme. Quel est l'objectif ?
04:31 - Ce qui se passe aujourd'hui est inédit. Ça fait je crois huit ans qu'il y a une journée nationale de lutte contre le harcèlement. En général,
04:36 c'est autour de 30% des établissements scolaires qui organisent une action. Cette année, j'ai décidé que ça serait 100%.
04:41 Donc dans tous les établissements scolaires de France, les cours vont s'arrêter pendant deux heures pour un débat sur le harcèlement, pour en parler
04:49 et pour effectivement remplir ce questionnaire d'auto-évaluation. Ce questionnaire, on l'a rédigé avec des spécialistes, des scientifiques, des experts.
04:55 Marcel Ruffaut, qui est très connu, le professeur Ruffaut sur la santé psychologique des enfants. Docteur Catheline, le professeur de Barbieux.
05:02 À quoi il va servir ? À deux choses. D'abord, il va permettre de libérer une parole.
05:06 Il y a un sondage qui a été publié hier qui montre que dans beaucoup de cas de harcèlement,
05:11 l'élève qui est harcelé n'ose pas en parler. Et donc avec ce questionnaire d'auto-évaluation, il y a beaucoup de questions qui sont posées.
05:18 Ça permet d'identifier des situations de harcèlement qui ne sont pas forcément
05:22 identifiées aujourd'hui. Et donc de trouver des solutions, d'accompagner ces élèves. C'est la première chose.
05:26 La deuxième chose, c'est que ça nous permettra à nous, au ministère, d'avoir des données au niveau national.
05:31 Une cartographie en quelque sorte de harcèlement, parce qu'il y a des établissements où c'est plus sensible ou pas.
05:35 Les chiffres qu'on commande souvent, entre 800 000 et 1 million d'élèves qui sont harcelés, ils datent de 2011.
05:39 Il n'y avait pas TikTok, il n'y avait pas Snapchat à l'époque, il n'y avait pas le cyberharcèlement qui a pris une place extrêmement importante.
05:44 Donc il faut qu'on puisse disposer de ces données.
05:46 Quand est-ce qu'on aura les résultats de ce questionnaire ?
05:48 On aura une remontée d'ici la fin du mois. Il y a des statisticiens qui vont travailler à partir d'un panel
05:52 représentatif. Plusieurs dizaines de milliers de questionnaires qui seront remontés au niveau national pour avoir une cartographie.
05:58 Vous évoquiez ce sondage qui a été publié hier.
06:01 Et on s'aperçoit que le harcèlement ne touche pas forcément un enfant sur dix, comme on le disait jusqu'ici, mais plutôt un sur cinq,
06:07 c'est-à-dire deux fois plus.
06:08 Autre enseignement, ce harcèlement a souvent lieu dans l'enceinte scolaire. On parle beaucoup beaucoup des réseaux sociaux, mais dans l'enceinte scolaire, en cours de
06:14 récré à la cantine, quand est-ce que tous les personnels seront formés ? Tous. Je vous pose la question parce qu'il y a quand même
06:19 65% des enseignants qui aujourd'hui disent ne pas être armés.
06:22 Alors d'abord, vous avez raison, il y a ce qui se passe dans l'école et le cyberharcèlement, mais en réalité
06:27 tout part toujours de ce qui se passe à l'école. Des élèves qui sont cyberharcelés sur les réseaux sociaux, en général c'est un élève de
06:32 l'établissement qui s'est mis à les cyberharceler parce qu'ils sont dans le même
06:35 établissement. Ensuite sur la formation, qu'est-ce qu'on dit ? On dit que dans chaque établissement scolaire, il doit y avoir au moins cinq adultes
06:43 formés spécifiquement sur le harcèlement avec une vraie formation. C'est déjà le cas dans les écoles primaires, dans les collèges.
06:48 Cette année-là, ça démarre au lycée.
06:50 Et c'est pas que des enseignants.
06:52 Parce qu'on s'est rendu compte, par exemple, que former un personnel de la cantine, c'était très utile parce qu'à la cantine on voit beaucoup
06:57 de choses. S'il y a un élève déjeune tout seul, si un élève se fait embêter à la cantine,
07:01 il y a des élèves ambassadeurs aussi. Et ensuite, donc ça c'est ceux qui sont, on va dire,
07:04 spécifiquement formés pour gérer les situations. Et après, vous avez raison, il faut développer une culture du repérage
07:11 pour repérer des situations. Et c'est là où on travaille. Il y a des modules de formation en ligne
07:14 à destination d'enseignants qui le souhaiteraient, des délégués de classe
07:18 chez les élèves, des parents d'élèves aussi. Des parents, j'allais vous dire, parce qu'on est potentiellement
07:21 parents d'enfants harceleurs aussi. Oui, j'ai beaucoup de parents qui me disent
07:25 "mon enfant est peut-être harcelé, je vois pas forcément les signes,
07:29 comment je peux être formé, savoir quels sont les signes pour détecter ça ?"
07:33 Donc on travaille à cette plateforme qui sera mise en place début 2024, qui permettra aussi, vous avez raison de le dire,
07:38 de détecter si son enfant est potentiellement
07:41 harceleur ou en tout cas participe à ce mouvement-là. Il y a plus de harceleurs que de harcelés.
07:45 Et donc je pense que là aussi, les familles ont une responsabilité.
07:47 Parmi les affaires dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines, il y a le suicide de Nicolas, 15 ans, c'était au tout début du mois de
07:53 septembre. Vous avez annoncé cette semaine une procédure disciplinaire à l'encontre de l'ancienne rectrice de Versailles, qui était en poste quand les parents de
07:59 Nicolas ont reçu cette lettre les menaçant de poursuite, alors qu'ils alertaient justement sur la situation de leur fils.
08:04 Cette ancienne rectrice dénonce une mise en cause totalement
08:08 injustifiée, rappelant qu'elle était en congé quand cette lettre type a été envoyée et qu'elle n'en a jamais eu connaissance.
08:14 Est-ce qu'elle ne risque pas
08:17 de payer, j'allais dire, pour les fautes de toute une institution ?
08:20 C'est une décision que j'ai mûrement réfléchie, évidemment.
08:24 Moi, je considère que sur le harcèlement, on ne peut plus faire comme avant.
08:27 On ne peut plus mettre sous le tapis et quand il y a des dysfonctionnements, il faut que ça donne lieu à des sanctions et à des procédures.
08:32 Il faut rappeler de quoi on parle, Amandine Bégaud. Vous l'avez dit, il y a un jeune garçon de 15 ans qui s'est suicidé.
08:37 Ce garçon était harcelé à l'école.
08:39 Sa famille a écrit à l'institution qui est censée la protéger,
08:44 protéger son enfant pour appeler à l'aide et elle a reçu en retour un courrier de menace.
08:49 Et j'ai à l'époque qualifié explicitement ce courrier de honte. Je le redis, cette famille n'aurait jamais dû recevoir ce courrier.
08:57 À partir de là, on ne peut pas faire comme avant et donc j'assume,
08:59 effectivement, d'ouvrir cette procédure disciplinaire et la rectrice, l'ancienne rectrice, aura tout à fait la possibilité
09:06 dans le cadre de ce qu'on appelle le contradictoire,
09:08 de se défendre et d'expliquer les choses de son point de vue.
09:11 Elle ne travaille plus dans l'éducation nationale, elle est en mobilité à la direction d'un groupe d'école privée.
09:15 De quel type de sanctions peut-elle vraiment faire ? En gros, ce n'est pas juste de la com',
09:20 de dire on va la sanctionner alors même qu'elle n'est plus vraiment dans l'éducation nationale ?
09:23 Elle est en détachement, elle est toujours fonctionnaire, elle a ce statut.
09:26 Il y a toute une palette de sanctions qui existent mais je ne vais pas, moi, avant que la procédure ait lieu,
09:30 avant qu'elle ait eu la possibilité de s'exprimer dans le cadre de cette procédure
09:32 et avant qu'il y ait des décisions dans le cadre de cette procédure,
09:34 vous dire quelles seront les décisions. Je pense que l'important, encore une fois,
09:37 et c'est le cœur de mon engagement, c'est que les choses ne soient plus comme avant
09:41 et que quand il y a des dysfonctionnements, il y ait des procédures ad hoc qui soient ouvertes.
09:44 Ne jamais rien laisser passer. Merci beaucoup Gabriel Attal.
09:47 L'autorité de l'école, on ne la conteste pas, on s'y soumet, elle vient de nous dire.
09:50 !

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