Zoom - Marc Rameaux : Libéralisme-Souverainisme : vrai ou faux clivage ?

  • l’année dernière
Plus que jamais, le souverainisme, parfois opposé au mondialisme, est au cœur des polémiques contemporaines qui mettent en jeu l’avenir de notre civilisation. L'ouvrage de l'ingénieur Marc Rameaux "Le souverainisme est un humanisme" étudie les fondements philosophiques et historiques profonds du souverainisme et montre en quoi il est une vision complète du monde et qu’il est loin d’être un simple sentiment de nostalgie. Il propose une reconstruction des identités : celle d’une nation, celle des corps intermédiaires et celle de la personne, en particulier celle de notre identité personnelle, culturelle, et plus dérangeante, sexuelle. Il repousse le danger létal de la mentalité "woke". Marc Rameaux expose des solutions politiques, sociales, culturelles et économiques concrètes, montrant que le souverainisme est un atout battant aisément le progressisme face aux défis du monde moderne.
Transcript
00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui en compagnie de Marc Rameau.
00:11 Bonjour monsieur.
00:12 Bonjour Pierre.
00:13 Marc Rameau est ingénieur spécialiste dans les hautes technologies,
00:18 intelligence artificielle et data science dans une grande entreprise industrielle française.
00:25 Vous publiez cet ouvrage "Le souverainisme est un humanisme" à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:32 C'est publié chez VA Édition.
00:34 Alors vous dites que le souverainisme n'est pas né en réaction à la mondialisation
00:39 et qu'il n'est pas non plus une résurgence des nationalismes des années 30.
00:44 Alors quelle définition donnez-vous au souverainisme ?
00:48 Il faut éviter de définir le souverainisme par réaction négativement.
00:52 On pense toujours, en tout cas ses contemplateurs disent toujours,
00:56 le souverainisme c'est simplement l'idée que c'était mieux avant,
00:59 donc une espèce de nostalgie un petit peu surannée.
01:02 C'est beaucoup plus que ça.
01:03 Le souverainisme c'est une vision de la vie, presque un art de vivre.
01:06 C'est d'abord une recherche de l'authenticité.
01:08 C'est considérer qu'à la fois il y a deux choses qui sont sacrées.
01:12 L'individu, son âme, au sens judéo-chrétien,
01:16 qui provient vraiment des profondeurs de l'histoire,
01:20 et celle de sa nation, donc le milieu nourricier qui lui est important.
01:25 Ça peut être aussi une patrie d'adoption s'il a choisi pleinement d'en épouser la culture.
01:29 Et être souverainiste c'est allier ces deux choses-là.
01:33 C'est considérer que la liberté individuelle et l'attachement à la notion
01:37 ne sont pas du tout antinomiques, mais ne cessent de s'augmenter.
01:40 Le souverainisme c'est aussi considérer que l'existence des nations
01:45 est ancrée dans la réalité biologique.
01:47 C'est quelque chose d'extrêmement profond.
01:49 Je prends toujours l'image de la cellule vivante.
01:52 Il y a deux formes de mort.
01:53 C'est l'ouverture à tout vent, c'est le mondialisme.
01:55 Ou l'autarcie, ça c'est les sociétés complètement fermées sur elles-mêmes.
02:00 En fait, la cellule vivante c'est une citadelle.
02:03 Elle a une membrane, c'est-à-dire une frontière,
02:05 et elle choisit ce qu'elle accepte de faire rentrer et ce qu'elle rejette.
02:10 Toute condition du vivant naît de cela.
02:13 Et l'existence des nations ce n'est pas une parenthèse comme ça dans l'histoire.
02:18 C'est quelque chose qui est profondément ancré dans l'ordre des choses,
02:22 dans l'ordre biologique, dans l'ordre de l'univers.
02:24 Être souverainiste c'est comprendre cela.
02:26 À l'opposé du souverainisme, il y a donc le progressisme, le mondialisme,
02:30 et vous dites de ces notions que c'est la quête effrénée d'une humanité standardisée,
02:36 un acharnement à détruire nos vies intérieures, collectives et individuelles.
02:41 Comment voyez-vous cette quête effrénée se concrétiser dans le quotidien des Français ?
02:47 Dans le quotidien des Français, ça va être déjà l'organisation de l'Union européenne.
02:52 Donc ça va être une ouverture à tout va des frontières,
02:54 une immigration totalement incontrôlée et non choisie,
02:57 une dégradation totale des conditions culturelles de la sauvegarde de notre patrimoine,
03:03 de notre existence culturelle, de notre identité culturelle.
03:06 C'est dans les domaines aussi où j'exerce l'invasion des aspects les plus superficiels du modernisme.
03:16 Aujourd'hui, les réseaux sociaux, les téléphones portables nous envahissent.
03:20 Je suis un grand utilisateur puisque je suis un spécialiste des nouvelles technologies.
03:23 Mais tous les bons spécialistes ne veulent pas se sentir esclaves de ces choses-là.
03:27 Tous ces petits objets ne cessent de nous transformer en esclaves,
03:30 c'est-à-dire de faire réagir dans l'instant.
03:32 Et c'est le gros problème du progressisme, c'est aussi pour ça qu'il finira par échouer,
03:36 et que nous finirons par gagner, c'est la culture de l'instant, la culture instantanée.
03:41 La politique de l'émotion.
03:42 De l'émotion, vous savez, vous connaissez l'aphorisme de Gustave Thibon,
03:47 "être dans le vent, c'est un idéal de feuilles mortes".
03:49 Exactement.
03:50 Et c'est ça le problème du progressisme.
03:52 L'économiste britannique et libéral des 18e-19e siècles,
03:57 on l'étudie dans tous les lycées de France, David Ricardo,
04:00 a fait, dites-vous, du souverainisme un capitalisme de conquête,
04:04 parfaitement adapté au monde moderne.
04:06 Comment expliquez-vous alors que les libéraux soient tant opposés au souverainisme ?
04:12 Quelle assertion choquante !
04:14 David Ricardo, le maître des maîtres du libéralisme,
04:17 a tout craint de l'ouverture des frontières absolument sans condition.
04:20 Totalement faux.
04:21 Une lecture complètement hémiplégique.
04:23 En fait, ce qu'on nous apprend sur les bancs de l'université,
04:26 de l'école, sur David Ricardo, est complètement faux.
04:28 On a une lecture à moitié.
04:29 Qu'est-ce qu'on retient de Ricardo ?
04:31 On dit, vous savez, vous avez toujours intérêt à ouvrir les frontières,
04:34 parce que Angleterre, Portugal,
04:37 deux pays qui ont des taux de productivité différents,
04:39 ils ont intérêt à ouvrir les frontières et à se spécialiser
04:41 dans ce sur quoi ils sont relativement les meilleurs.
04:44 Donc, ode à l'ouverture, etc.
04:46 Ce qui a inspiré les politiques de l'Union européenne
04:48 et l'ensemble du mondialisme.
04:50 C'est une lecture complètement à contresens.
04:53 Parce que ce que l'on oublie, c'est que pour que le mécanisme de Ricardo marche,
04:56 c'est qu'il faut que les pays possèdent des compétences
04:59 et des savoir-faire bien différenciées.
05:01 Une identité qui est propre à eux,
05:03 et des savoir-faire séculaires millénaires qu'ils maîtrisent,
05:07 et qui sont des avantages compétitifs par rapport aux autres.
05:10 C'est en cela que le souverainisme est beaucoup plus compétitif,
05:13 y compris en économie ouverte,
05:15 que le soi-disant modernisme.
05:17 Alors vous, vous évoquez la mentalité du personnel politique progressiste.
05:23 Est-ce que vous pouvez nous en dresser un profil psychologique ?
05:27 Alors, c'est simple.
05:29 À une époque, j'aurais été obligé de vous argumenter tout un tas de choses.
05:32 Aujourd'hui, on a Emmanuel Macron.
05:34 Emmanuel Macron, c'est quand même un personnage assez extraordinaire,
05:37 parce que ce n'est pas seulement, bon,
05:39 évidemment, je le range quand même encore dans l'humanité,
05:42 mais c'est un archétype.
05:44 C'est-à-dire, ce n'est pas uniquement un opportuniste,
05:47 c'est l'opportunisme même.
05:49 Ce n'est pas quelqu'un de superficiel, c'est la superficialité même.
05:52 Donc, je le définis souvent comme post-adolescent, narcissique et caractériel.
05:56 C'est un petit peu le portrait type,
05:58 aujourd'hui, pour, je dirais, adhérer à Emmanuel Macron,
06:02 il faut soi-même rester en surface de tout.
06:05 Jamais savoir approfondir quoi que ce soit,
06:07 ne jamais être de l'authentique,
06:09 être toujours dans le paraître, finalement, dans la mise en scène de soi.
06:13 C'est la seule chose qu'il sache faire de bien.
06:16 Malheureusement, nous vivons dans un monde de communication
06:19 et on continue effectivement, y compris des médias soi-disant sérieux,
06:23 à considérer, par exemple, que la situation économique de la France est florissante.
06:27 Évidemment, on est dans un air de post-réalité totale.
06:31 Alors, vous allez même un peu plus loin, je vous cite les termes utilisés,
06:35 caractériel, narcissique, fanatique,
06:38 l'arrivisme social, l'immaturité adolescente,
06:41 cherchant à monopoliser toute prise de parole.
06:43 C'est vrai que ça nous fait penser à quelqu'un, vous en avez parlé.
06:46 Et puis, il a cette citation,
06:48 "La superficialité des progressistes les empêche d'être les fers de lance du monde économique.
06:54 Ils s'entarguent bruyamment, ils n'en sont que les tapageux ventards."
06:58 Exactement.
06:59 Pour être compétitif économiquement,
07:01 il faut de toute façon avoir approfondi quelque chose,
07:04 sans quoi vous n'arrivez pas avec un avantage sur vos concurrents partenaires.
07:09 Alors, contrairement à ce que l'on entend partout et depuis toujours,
07:13 vous dites que le souverainisme et le libéralisme sont deux contraires complémentaires,
07:18 indispensables l'un à l'autre, c'est comme les deux faces d'une même pièce.
07:22 Pourquoi, dites-vous, expliquez-nous pourquoi il y a un faux clivage entre souverainisme et libéralisme ?
07:29 En apparence, ce sont effectivement deux forces opposées.
07:31 Et la plupart de mes amis souverainistes, généralement, haïssent le libéralisme
07:35 et considèrent qu'il s'agit déjà d'un article d'importation, souvent anglo-saxon,
07:40 et qui vise à dissoudre les nations.
07:42 En réalité, les deux sont indispensables.
07:46 Autrement dit, je suis avant tout souverainiste
07:49 parce que c'est le souverainisme qui vous donne le cap, qui vous donne votre colonne vertébrale,
07:52 qui vous donne votre éthique.
07:53 Le libéralisme ne vous l'apportera jamais.
07:55 En revanche, le libéralisme vous donne la puissance de feu.
07:57 Et elle est inégalable.
07:59 Partir au combat et au combat économique sans le libéralisme,
08:02 c'est partir avec un arc et des flèches face à Dekalachnikov, il faut le savoir.
08:07 Les deux sont parfaitement conciliables.
08:10 Autrement dit, le libéralisme laissé à lui-même aboutit effectivement à ce que l'on connaît aujourd'hui,
08:14 une dissolution totale des éthiques, des nations, des cultures.
08:17 En revanche, l'alliance des deux est non seulement souhaitable,
08:22 mais plus compétitive que ce que fait le mondialisme.
08:25 Précisément pour la raison dont on parlait avec Ricardo.
08:28 C'est le souverainisme qui vous donne le fond,
08:30 c'est le souverainisme qui vous donne la puissance de réserve.
08:33 Aujourd'hui, le modernisme arrive quelque part en panne sèche.
08:37 Parce que pour que vous soyez compétitif, vous puisez dans des cultures ancestrales.
08:41 Il faut savoir, je suis un spécialiste des nouvelles technologies,
08:44 tous les grands patrons des GAFAM, quand ils ont des enfants,
08:49 ce qui n'est pas toujours le cas, mais quand ils ont des enfants,
08:51 sont extrêmement stricts sur l'utilisation par leurs enfants des écrans, des réseaux sociaux.
08:56 Et qu'est-ce qu'ils font ? Ils les montrent dans des écoles
08:58 avec une culture très classique et une culture d'humanité.
09:01 C'est très révélateur.
09:03 Donc le modernisme arrive en panne sèche.
09:05 C'est le souverainisme et l'ensemble du passé et des lignées historiques
09:10 dans lesquelles ils viennent puiser qui sont la force du futur.
09:13 Mais de quoi ils ont peur pour leurs enfants, ces gens-là ?
09:15 Qu'ils deviennent bêtes.
09:16 Il y a eu des études même avec des scanners cérébraux.
09:19 Si vous utilisez sans arrêt votre téléphone portable sur les réseaux sociaux,
09:23 c'est l'activité réflexe uniquement de votre cerveau qui fonctionne
09:27 et non pas le cortex préfrontal.
09:29 C'est-à-dire le siège de la réflexion, la réflexion long terme,
09:31 celle qui fait que vous aboutissez, vous menez une réflexion jusqu'au bout.
09:37 Alors sur le duo souverainisme-libéralisme,
09:40 vous avez cette formule très intéressante.
09:43 Il faut protéger notre propriété intellectuelle,
09:45 ça c'est pour le souverainisme,
09:47 tout en inondant le marché de nos produits.
09:49 Absolument.
09:50 Regardez les États-Unis, la Chine, l'Allemagne, le Japon.
09:54 Toutes les économies fortes aujourd'hui ont toujours appliqué la même recette.
09:58 C'est être libéral et libre-échangiste sur les échanges de produits et services.
10:03 Par contre, être implacable et protectionniste sur ses savoirs et ses savoir-faire.
10:08 Actuellement, les États-Unis, via le CFIUS et via toutes les lois extraterritoriales,
10:12 sont le pays le plus protectionniste au monde sur ses savoirs et ses savoir-faire,
10:15 à des niveaux jamais imaginés.
10:18 Cette combinaison qui est indispensable,
10:21 elle résulte de ce que l'on a dit sur Ricardo,
10:23 elle résulte de l'art de la guerre aussi.
10:25 C'est-à-dire que si vous voulez, le libre-échange, Sun Tzu,
10:29 le libre-échange c'est votre puissance de frappe.
10:32 Et la protection de vos savoirs et de vos savoir-faire,
10:35 c'est à la fois votre défense et votre potentiel.
10:39 Le potentiel de destruction que vous avez, mais que vous conservez justement en réserve.
10:44 Si vous ne combinez pas les deux, vous aboutissez,
10:47 vous montez entre guillemets à la bataille en slip.
10:50 Et un mondialiste, c'est exactement ce qu'il fait.
10:53 C'est ce qu'a fait l'Union européenne.
10:55 Elle arrive, je dirais, complètement à découvert et sans protection
10:58 de l'ensemble de ses savoirs et ses savoir-faire.
11:01 – Est-ce qu'il y a, Marc Rameau, dans le monde, un pays comparable à la France
11:06 qui appliquerait une politique telle que vous la décrivez ?
11:10 – Comparable à la France ? – Oui.
11:13 – Comparable à la France, actuellement, non, malheureusement.
11:16 Moi je sais que j'aime beaucoup le Japon.
11:19 Il y a un chapitre qui est consacré, effectivement, à l'histoire du Japon.
11:22 – Oui, sur l'Hermédie.
11:23 – Et il y a beaucoup de choses qui sont à, je dirais,
11:26 beaucoup d'enseignements qui sont attirés sur ce qu'a fait le Japon.
11:30 Parce que le Japon peut sembler être une culture extrêmement fermée
11:33 et pourtant, on sait que c'est un pays qui a aussi inondé les marchés de ses produits.
11:39 Pour moi, alors, pas sur tous les domaines,
11:41 mais sur certains domaines, c'est un pays dont il faut suivre l'exemple.
11:44 – On cite souvent la Corée du Sud, la Norvège, la Suisse, le Canada.
11:49 – Exactement, ce qui prouve d'ailleurs que des pays de petite taille
11:53 ou à faible population peuvent parfaitement s'en sortir.
11:56 L'argument des grands blocs de se dire "il n'y a que l'Union européenne
12:00 qui saura s'en sortir face aux grands blocs" est complètement caduque
12:03 puisque des petits pays peuvent très très bien tirer leur épingle du jeu.
12:07 – Oui, alors justement, c'était l'objet de ma prochaine question.
12:11 Les souverainistes, les opposants au souverainisme disent
12:14 "mais vous, la France, tout seul, vous n'y arriverez jamais.
12:17 Regardez la puissance états-unienne, la puissance chinoise,
12:21 mais comment ils s'en sortent ces petits pays face à eux ?
12:24 – Eh bien parce qu'ils appliquent justement le véritable Ricardo,
12:28 c'est-à-dire qu'ils se cramponnent à leurs avantages compétitifs.
12:32 Ici, ils maintiennent Mordicus, la Corée du Sud est un excellent exemple
12:35 parce que la Corée du Sud, ça représente un petit peu
12:38 ce qu'était le Japon il y a 40 ans.
12:40 Ils sont un petit peu dans le même mode de développement économique.
12:42 Le Japon commence un peu à s'assoupir et à avoir un petit peu de mal,
12:47 des limites avec son propre modèle.
12:49 La Corée du Sud suit un petit peu le même modèle.
12:52 Ils s'en sortent tout simplement comme ça.
12:54 En fait, la grosse erreur que l'on fait avec l'argument de l'Union européenne,
12:58 c'est qu'on oublie que les États-Unis, la Chine, la Russie, ce sont des blocs,
13:02 c'est-à-dire qu'ils ont une cohérence et une puissance de décision unilatérale
13:08 par leur gouvernement qui n'a rien à voir, une puissance de feu
13:11 qui n'a rien à voir avec les consensus péniblement établis
13:15 au sein de l'Union européenne.
13:16 Il n'y a pas 36 solutions.
13:18 Soit l'Europe était totalement fédérale, c'est-à-dire que ça forme effectivement un bloc.
13:24 Il n'y a eu qu'une seule situation dans l'histoire où l'Europe a véritablement formé un bloc,
13:28 ça a été pendant le Troisième Reich.
13:30 Je pense que ce n'est pas tout à fait souhaitable.
13:32 Je le dis dans le livre.
13:33 Constituer un grand bloc mondial, ça se paye du prix du sang.
13:37 Regardez l'histoire des États-Unis, de la Chine, de la Russie.
13:41 Ces grands blocs ne se sont formés qu'au prix du sang
13:44 parce qu'à un moment donné, vous avez de telles dissensions internes
13:46 et c'est ça le prix de la cohérence.
13:48 Soit vous restez avec des nations indépendantes et des nations totalement souveraines
13:53 qui peuvent parfaitement tirer leur épingle du jeu
13:56 parce qu'elles ont un avantage à faire voloir.
13:58 La France s'en est toujours beaucoup mieux tirée historiquement et économiquement
14:02 par ses propres avantages compétitifs qu'avec ceux de l'UE.
14:06 Alors on entend souvent Airbus, Ariane, tous ces grands projets.
14:13 On nous dit souvent que c'est le résultat de la politique de l'UE.
14:17 Vous dites que ce n'est pas du tout le cas.
14:19 Et d'ailleurs, notamment, et aussi en politique militaire, géopolitique et armement.
14:23 Il n'y a aucun succès de l'UE dans tous ces domaines-là.
14:26 Citez effectivement un seul véritable succès de l'UE.
14:30 Airbus et Ariane, qu'est-ce que c'est ?
14:32 C'était avant l'UE et c'est le résultat d'une association libre d'États souverains.
14:36 On n'a absolument pas eu besoin de bureaucrates surpayés,
14:40 incompétents et corrompus pour nous dire qu'il fallait faire une Airbus ou une Ariane.
14:44 Regardez les taux de productivité manufacturier depuis que l'UE existe.
14:48 Ils chutent tous, sauf en Allemagne, parce qu'elle est la grande gagnante de ce jeu.
14:52 Pour le reste, l'UE ne peut se targuer d'absolument aucun succès industriel.
14:58 Tous ceux qui peuvent exister jusqu'ici sont des initiatives
15:02 qui ont été prises individuellement au sein d'une nation
15:05 ou par un capitaine d'industrie qui représentait sa nation.
15:08 On entend souvent les libéraux, Marc Chameau,
15:11 faire la leçon en matière économique aux souverainistes.
15:14 Qu'est-ce que vous avez à leur répondre ?
15:16 Regardez l'entourage de ceux qui se disent libéraux, mondialistes,
15:19 qui s'improvisent grands experts en économie.
15:21 Qu'est-ce que c'est ? Ce sont quoi ?
15:23 Ce sont des juristes, ce sont des journalistes, ce sont des bureaucrates,
15:26 ce sont des gens, des technocrates qui n'ont jamais mis les pieds en entreprise,
15:30 qui n'ont jamais mené un projet de A à Z,
15:32 qui n'ont jamais été au feu de l'entreprise.
15:34 Donc, nous, souverainistes, devons arrêter d'avoir des complexes.
15:38 Je n'aime pas certains discours souverainistes qui sont un petit peu râleurs
15:41 et qui se posent d'emblée en position d'infériorité.
15:44 Nous sommes les capitaines d'industrie.
15:46 Nous sommes ceux qui sommes les fers de lance du monde économique.
15:49 Et c'est par une véritable politique industrielle
15:53 et de réindustrialisation qu'on y arrivera.
15:55 C'est à l'inverse de ce qu'Emmanuel Macron prône, malgré tous ses grands discours.
15:59 Mais Emmanuel Macron, on sait qu'il a travaillé dans le privé
16:01 quand il a été dans la banque Rothschild.
16:03 Deux ans en banque d'affaires, la belle affaire.
16:05 Deux ans en banque d'affaires, c'est ça son expérience.
16:07 Banque d'affaires, c'est quand même une industrie un peu particulière,
16:10 absolument pas représentative du monde économique.
16:13 On sait très bien que le monde financier s'oppose maintenant au monde économique réel.
16:17 C'est-à-dire qu'il est même un obstacle à l'esprit d'entreprise
16:21 et à l'énergie d'entreprendre.
16:23 Sur l'euro, vous dites qu'il est réducteur d'imputer à notre monnaie unique
16:28 toutes nos difficultés économiques actuelles.
16:31 Oui, c'est un discours qu'on entend souvent chez les souverainistes
16:34 en se disant "allez, sortons de l'euro, on pourra refaire des dévaluations compétitives
16:38 et vous allez voir l'économie française va repartir comme ça d'un coup".
16:40 Malheureusement, ce n'est pas aussi simple.
16:42 Il faut aussi faire un petit peu de retour sur soi-même, un peu d'autocritique.
16:47 Il y a aussi des choses qui fonctionnent mal en France
16:49 à cause d'un système français, d'une mentalité française.
16:52 Il faut d'abord y remédier et là, on pourra penser à sortir de l'euro.
16:56 En premier lieu, il faut déjà que la création monétaire
16:59 soit quelque chose qui soit réservé à la Banque de France
17:02 et uniquement à la Banque de France.
17:03 Relire Maurice Allais à ce sujet.
17:05 Après, on pourra penser à remettre en question des devises.
17:09 Mais avant tout, ce n'est pas la question de la devise la question importante.
17:11 La question importante, c'est la maîtrise de la création monétaire.
17:14 Qu'est-ce qu'il disait d'ailleurs en substance, Maurice Allais,
17:16 qui est le seul prix Nobel d'économie français ?
17:20 Eh bien, ce n'est pas le seul prix Nobel d'économie français.
17:23 Il y en a eu quelques-uns avant lui.
17:25 Ah d'accord, j'adorais.
17:27 Et après lui d'ailleurs.
17:29 On en a eu un récemment, spécialiste de l'économie industrielle.
17:32 D'accord.
17:33 Non, non, non, ils ne sont pas nombreux, ils sont souvent américains.
17:37 Maurice Allais, ce qu'il disait là-dessus,
17:41 c'est que la création monétaire est un acte politique.
17:46 Et étant donné que c'est un acte politique,
17:48 il doit être soumis à une décision souveraine
17:50 et à une décision du peuple souverain.
17:52 Donc, c'est quelque chose qui doit rester entre les mains de la nation.
17:55 Pourquoi ?
17:56 Bon, même si je suis libéral économiquement,
17:58 je ne suis absolument pas monétariste.
18:00 Je ne crois pas à ce que dit Milton Friedman en disant
18:02 "la monnaie c'est quelque chose uniquement neutre",
18:04 ce qu'on vous apprend sur les bancs de l'école.
18:06 La création monétaire, elle peut être utilisée,
18:09 mal, en faisant de la spéculation,
18:11 c'est ce qu'on a fait avec les quantitative easings,
18:13 et bien en l'utilisant comme investissement stratégique.
18:17 C'est-à-dire quelque chose que vous faites temporairement
18:19 pour passer un cap économiquement,
18:21 pour passer un cap de l'industrialisation.
18:23 C'est un choix économique.
18:25 Aujourd'hui, on fait de la création monétaire à tiers larigo,
18:28 et on n'a jamais consulté le peuple souverain pour ça.
18:31 Boris Heller a dit "il ne faut pas laisser ça à une instance".
18:34 Ni à des banques privées, ni à une quelconque supra-banque
18:37 comme par exemple la Banque Centrale Européenne.
18:39 Oui, Marc Rameau, votre réponse me fait penser
18:41 à un propos du président Macron qui répondait
18:43 à un journaliste ou à un Français,
18:45 à une question sur la démocratie,
18:48 le président Macron, de dire que c'est dire ce qu'on va faire
18:52 et faire ce qu'on a dit.
18:53 Qu'est-ce que ça vous évoque ça ?
18:54 Parole parfaitement creuse,
18:55 qui est tout à fait à l'image d'Emmanuel Macron.
18:57 D'abord, c'est un lieu commun.
18:59 Ensuite, c'est faux également parce que ça signifie
19:01 qu'on est en démocratie tous les cinq ans,
19:03 à chaque élection et encore.
19:05 Non, la démocratie, c'est effectivement soumettre
19:08 un certain nombre de décisions critiques à la voix du peuple,
19:12 à finalement l'avis du peuple.
19:14 Ça peut être par la voix référendaire,
19:16 ça peut être par une utilisation du pouvoir législatif
19:20 qui est à l'encontre de ce que fait aujourd'hui Emmanuel Macron.
19:23 Donc, encore une parole à la fois creuse,
19:26 profondément fausse et profondément cynique.
19:29 On a vu pendant la crise du Covid,
19:31 la Commission européenne passer des contrats avec Pfizer,
19:35 somme toute assez opaque.
19:36 On la voit aujourd'hui dans une espèce de fuite en avant
19:39 dans cette guerre, dans la gestion de cette guerre à l'Est.
19:43 Est-ce que vous pensez que les Français sont autant
19:46 attachés à l'Union européenne qu'il y a dix ans par exemple ?
19:50 Peut-être moins.
19:52 Il faudrait de toute façon avoir quelques indicateurs,
19:55 pas seulement des sondages,
19:56 dont on sait ce qu'ils peuvent valoir dessus.
19:58 Ce qui me frappe tout de même, c'est la force de la communication
20:01 et de l'apparence, encore une fois, dans notre monde.
20:04 On est dans une société du spectacle,
20:06 parce que pour être encore attaché à l'Union européenne
20:08 et particulièrement à la Commission de nos jours,
20:10 ça devient extrêmement difficile.
20:12 Quand on voit les dégâts, quand on voit le marché énergétique
20:17 de l'arène, on se demande jusqu'où il faudra aller
20:20 en termes de conséquences dévastatrices concrètes
20:22 pour que les Français ouvrent les yeux.
20:24 Vous êtes, Marc Rameau, pour une sortie concertée,
20:29 une sortie collective de l'Union européenne.
20:31 Vous n'êtes pas pour un Frexit pur.
20:32 Expliquez-nous pourquoi.
20:33 Alors, j'ai changé d'avis sur ce point.
20:35 Mike Borowski me l'avait fait observer.
20:37 J'étais un grand partisan du Frexit pur et dur,
20:39 parce que je pense que l'Union européenne,
20:41 c'est quasiment le mal absolu.
20:43 Je pense cependant que tactiquement,
20:46 on est dans une période, ça recoupe un peu
20:49 votre précédente question, où il y a suffisamment
20:51 de pays et de pays dont on peut se faire des alliés,
20:54 qui en ont ras le bol, des institutions européennes,
20:56 de la Commission européenne, également du volet juridique.
20:59 J'en parle beaucoup dans mon livre, CGE, CEDH.
21:01 Donc, on doit pouvoir commencer à former une alliance
21:04 concurrente de l'Union européenne, une Europe libre,
21:07 qui, elle, respectera évidemment la liberté
21:11 des États souverains et montrer que la véritable Europe
21:13 se trouve là.
21:15 Et j'ai le point de vue de Coralie de Laume,
21:17 qui disait "Mais moi, je ne veux pas sortir de l'UE,
21:19 je veux que l'UE disparaisse".
21:21 Et alors justement, faisons une petite aparté
21:24 sur la Cour de justice de l'Union européenne.
21:26 Vous dites qu'elle a une idéologie subliminale.
21:29 C'est quoi son idéologie, alors ?
21:31 Le wokeisme, je dirais, également l'islamo-gauchisme.
21:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, CGE et CEDH,
21:37 je donne des exemples très concrets dans mon livre,
21:39 ça peut être aussi bien sur les droits qui sont accordés
21:42 à des cargos maritimes qui sont complètement détournés
21:45 pour pouvoir faire passer de l'immigration illégale,
21:48 ou bien de la législation sur la GPA ou sur l'adoption,
21:52 justement, par des couples de même sexe.
21:54 Aujourd'hui, il n'y a pas de toute façon
21:57 de corpus juridique neutre.
21:59 Il n'y a rien de pire en termes juridiques
22:01 que la fausse neutralité.
22:02 Et ça, c'est quelque chose qui a été investi,
22:04 justement, par les forces post-modernistes, mondialistes,
22:07 pour faire croire à une espèce de neutralité formelle.
22:10 Il n'y a rien de plus faux.
22:11 Aux réalisés montesquieux, il n'y a pas de juridiction neutre.
22:15 Il faut le savoir.
22:16 Par contre, il faut une juridiction équilibrée.
22:18 Aujourd'hui, elle ne l'est pas du tout.
22:19 Elle penche vers une idéologie totalement ultra-gauchiste,
22:23 même qui va beaucoup plus loin parfois que, je dirais,
22:27 l'idéologie Macron, qui est une espèce de social-démocratie
22:31 un petit peu molle.
22:32 Ça va beaucoup, beaucoup plus loin.
22:34 Et aujourd'hui, on vit totalement,
22:36 c'est ce qui explique de toute façon le discours
22:39 et la politique inadmissible d'immigration
22:41 qu'on a dans l'Union européenne,
22:43 sous le pendant de la CEDH et de la CGE,
22:46 avec d'ailleurs un discours totalement hypocrite
22:48 où on nous dit que ce sont des choses
22:49 qui ne sont pas de toute manière
22:51 applicables directement par chaque gouvernement.
22:53 Mais on sait très bien que, via des pressions,
22:56 via des amendes de la Commission européenne,
22:59 simplement ces indications finissent par avoir force de loi.
23:02 Alors vous évoquez, et ce sera ma dernière question,
23:04 Marc Rameau, deux mouvements qui vont en sens contraire.
23:08 L'hégémonie du progressisme est de plus en plus minoritaire,
23:11 dites-vous, et de l'autre côté, l'action d'une élite souverainiste
23:15 qui fait corps aujourd'hui.
23:17 Alors, cette élite, où est-ce que vous la voyez concrètement ?
23:20 Alors, pas forcément dans un parti.
23:22 On pourrait se dire, oui, mais est-ce qu'il y a un parti
23:24 qui ne s'est constitué pas du tout ?
23:25 Si j'ai écrit ce livre, c'est d'abord parce que j'ai ressenti
23:28 autour de moi que les véritables forces vives de la nation,
23:33 qu'elles soient culturelles, qu'elles soient économiques,
23:35 qu'elles soient spirituelles, se trouvaient parmi les souverainistes.
23:39 Et que finalement, notre grande opportunité, la bonne nouvelle,
23:42 c'est que les mondialistes sont à bout de souffle.
23:45 Ce sont des gens qui sont superficiels,
23:47 ce sont des gens qui n'ont pas de contenu,
23:48 ce sont des gens qui n'ont rien à proposer.
23:50 J'aurais pu baptiser mon livre aussi "Reconstruction".
23:52 On parle sans arrêt de déconstruction.
23:55 Je termine avec un chapitre sur 68.
23:58 L'héritage de Macron, c'est simplement la prolongation
24:00 de l'héritage de 68, c'est-à-dire une déstructuration,
24:04 une démolition systématique de l'ensemble de nos sociétés,
24:06 de nos forces spirituelles, de notre capacité à avoir une vie intérieure.
24:10 La vie intérieure, l'authenticité, c'est nous qui la possédons.
24:13 Et on possède justement les humanités.
24:16 C'est pour ça que le souverainisme est un humanisme.
24:18 Pas un humanisme lénifiant et bétifiant, comme on le connaît
24:21 de la mise en scène de soi.
24:23 C'est un humanisme âpre, qui est lucide sur l'histoire,
24:26 l'histoire des hommes.
24:27 L'homme peut être un loup pour l'homme,
24:29 mais qui malgré ça va de l'avant,
24:31 et respectueux de l'histoire, de l'histoire de chacun.
24:33 Et vous avez cette phrase à propos du souverainisme,
24:36 c'est la volonté de reconstruire ce qui nous reste de mémoire historique.
24:39 Exactement.
24:40 Ça colle tout à fait avec ce que vous venez de nous dire, Marc Rameau.
24:43 Je rappelle donc le titre de votre ouvrage,
24:45 publié chez VA Éditions, "Le souverainisme est un humanisme",
24:49 à retrouver sur notre boutique officielle.
24:51 Merci à vous Marc Rameau.
24:52 Merci beaucoup Pierre.
24:53 Merci beaucoup Pierre.
24:54 Sous-titrage Société Radio-Canada

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