Chaque mardi, mercredi et jeudi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Gaspard Proust livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Gaspard Proust - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/gaspard-proust-les-signatures-deurope-1
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00:00 - Et Gilles Kepel, notre invité, l'invité de Sonia Mabrouk il y a quelques instants, est resté pour vous écouter.
00:06 Mon cher Gaspard, bonjour ! - Bonjour tout le monde ! Comment va la fine équipe de la matinale ?
00:10 - Très bien, vous avez passé un bon week-end ? - C'est surtout à Sonia qu'il faut le demander.
00:14 - Pourquoi Sonia ? - Parce que j'ai regardé le grand rendez-vous avec Bayrou ce week-end.
00:18 Et j'étais là et je me disais "mais comment elle fait pour pas pioncer ?"
00:21 Franchement, recevoir Bayrou, c'est quand même mettre ton réveil pour pas oublier d'aller faire une sieste après.
00:26 - Ah oui, carrément, vous pensez ? - Ah oui, soit tu t'endors, soit au contraire,
00:29 tu commences à lui jeter des petits bouts de papier comme ça.
00:32 Non mais attends, se retrouver un dimanche pendant une heure face à un mec qui est incapable de finir une phrase,
00:36 tu sais, qui est toujours là "Sonia Mabrouk, ce que je veux dire, c'est que dans notre pays,
00:43 on ne peut pas prendre des décisions qui... de quoi s'agit-il ?"
00:50 - Elle est allée faire une heure comme ça ? - La réforme...
00:53 Mais bon voilà, moi je peux pas. - On sent que vous prenez ça de manière très personnelle.
00:58 - Oui, je crois qu'il me chauffe le casque parce qu'en fait il me rappelle mon père quand il parle.
01:02 À chaque fois qu'il raconte une histoire, il peut pas s'empêcher d'ajouter des fioritures et toi t'es là "get to the point, get to the point !"
01:08 - Vous ne pourriez pas vous tenir comme ça pendant une heure ?
01:10 - Ah non, en plus moi je sais pas faire semblant, ça se voit sur mon visage,
01:13 moi je suis pas doué pour le small talk, c'est pour ça que je demande à personne ici "alors, t'as passé de bonnes vacances ?"
01:17 Je suis pas crédible, tu vois. Ce matin j'arrive, je vois Anissa, j'essaye de faire une phrase de connivence sociale,
01:22 je dis "alors, ça te manque pas trop le bled ?" et elle me dit "moi je suis française, espèce de kouffard !"
01:25 J'ai pas le sens moi de la lubrification des relations humaines.
01:30 En tout cas bravo, belle équipe du Grand Rendez-Vous, Boccote, il est solide, même s'il a cet accent de "coin coin québécois"
01:37 Et l'autre, le petit, il a pas l'air méchant, le petit miskin avec la tête de musaraigne ébouriffée.
01:41 - Vous voulez pas parler de Nicolas Barré ? - Ah oui voilà, c'est ça.
01:44 J'essaye de faire léger parce que ce matin c'est la rentrée scolaire, c'est quand même ce moment essentiel
01:48 où la République vérifie si les parents des élèves savent encore lire et écrire.
01:52 - Ah les parents d'élèves, ouais.
01:53 - Pourquoi vous croyez qu'on file aux parents une liste de fournitures scolaires à acheter ?
01:56 C'est pas pour les gamins, les gamins on sait très bien qu'ils rentrent à l'école en alphabète et qu'ils vont sortir en alphabète et haut.
02:01 Non, la rentrée scolaire c'est pour vérifier le niveau des parents.
02:03 - Vous pensez vraiment ?
02:04 - Ah bah s'il y a marqué sur la liste des fournitures à acheter "intercalaire à caille" et "ardoise et rapporteur"
02:07 et que le gamin il se pointe avec un parapluie, une boîte à outils, un pot d'échappement,
02:10 c'est qu'il faut envoyer à travers social à la maison, c'est tout.
02:13 En plus cette année, bon, il y a une alerte météo là, quand même.
02:15 - Ah vous voulez parler de la canicule ?
02:17 - Pas du tout, alerte à Baya sur 500 établissements de France.
02:20 La Baya c'est une sorte d'intempérie vestimentaire, tu vois,
02:23 et quelque part, écoutez, Gilles Kepel c'est le Anissa Haddadi de la graille textile, tu vois.
02:27 Il vient avec la carte des régions, là ça va merveilleux.
02:29 Attention, faut surveiller ici, c'est tendu, tu vois.
02:32 - Est-ce que vous connaissiez Gilles Kepel, hier soir ?
02:34 - Bien sûr, mais qui n'a pas lu son fameux roman "Le Lion" ?
02:36 - Ah non, non, vous voulez avec Joseph Kessel, ça n'a rien à voir.
02:40 - C'est Joseph Kepel, lui, c'est ça.
02:41 - Vous croyez vraiment que nos auditeurs font gaffe à ce type de détail ?
02:44 Et puis je vais vous dire un truc, "Lion" en arabe c'est Assad,
02:46 comme il a écrit sur la Syrie, on reste dans le même registre.
02:49 Et voilà.
02:49 - Oh joli !
02:50 - Ah ça c'est fort !
02:52 - C'est pas la chute.
02:53 - Bon c'est pas la chute.
02:55 Attends un peu, patience, ces longueurs de temps font plus que les rondelles fait le printemps.
03:00 - Bon, Gaspard, vous imaginez quand même bien que notre invité n'est pas venu nous parler
03:03 des parcs nationaux au Kenya et des Lyons.
03:05 - Ah ça c'est sûr.
03:06 En général, quand tu vois apparaître la tête de Gilles Kepel dans les médias,
03:09 c'est rarement pour te dire que les franciscains ont infiltré le club de boxe de banlieue,
03:13 ou que l'Afghanistan vient de décréter un jour de congé pour la Gay Pride.
03:16 - Oui.
03:17 - Vous pensez que...
03:17 - Vous devriez me lire plus soigneusement, ça pourrait vous surprendre.
03:21 - C'est vrai.
03:22 - Get to the point.
03:23 - Get to the point.
03:23 Alors justement, est-ce que vous pensez que c'est une provocation de porter une abaya ?
03:27 - Ben disons qu'on est en France, pardon, en République,
03:29 et c'est vrai que vouloir se promener en abaya à l'école, comment dire,
03:33 si ton truc c'est le naturisme, c'est assez rare d'hésiter entre des vacances au Cap d'Agde ou à Kaboul.
03:38 Mais bon, vous savez, pour avoir le cœur net,
03:40 moi j'ai appelé hier la haute autorité de l'islam en France pour me renseigner.
03:42 - Mais qui avez-vous appelé ?
03:43 - L'imam Chalgoumi.
03:44 C'est le seul en qui j'ai confiance.
03:46 - Et que vous a-t-il dit ?
03:47 - Il était là "Non ! L'abaya ! C'est la mauvaise interprétation de l'islam !
03:51 Moi je connais l'abaya, ce que veut dire lui !
03:53 L'abaya c'est la ville du pêcheur, près de Rio de Janeiro !
03:56 C'est le Brésil, c'est la vie, c'est le faire le surf, c'est boire la capérina,
04:01 c'est les petits perroquets qui font les symphonies des couleurs,
04:03 pendant que les macaques ils virevolent dans la canopée tropicale !
04:06 C'est ça l'abaya, c'est la fête !
04:08 C'est celui-là, il joue le foot sur la plage !
04:10 L'abaya c'est le parachute ascensionnel, c'est pas la parachute pliée sur lui se promener à l'école !
04:14 Non, monsieur Proust, les journalistes, je les respecte, lui !
04:17 Et celui-là, il parle le mieux l'abaya, c'est qui ?
04:19 C'est la Véronique, qui fait les chansons !
04:21 S'il te plaît, je voudrais aller à l'abaya !
04:27 Je ne l'ai pas vu dire !
04:29 Je ne l'ai pas vu dire !
04:31 Cherchez-moi quand même !
04:33 L'abaya, je sais pas, j'ai une tension en ce moment, je me dis, mais tiens, serait-elle subversive ?
04:39 Joli, voilà, c'était la suite.
04:41 Merci beaucoup Gaspard Proust.
04:43 Bon, Gilles Kepel, un commentaire peut-être, non ?
04:45 Faudrait qu'il vous lise davantage, non ?
04:47 Oui, déjà, c'est un message pour tout le monde, pour tous les auditeurs, bien sûr.
04:53 Oui, c'est que nul n'est prophète en son pays, bien sûr,
04:55 et je ne connaissais pas cette chanson de Véronique Chanson, justement,
04:59 et je la trouve formidable.
05:01 Merci beaucoup Gilles Kepel d'être resté.
05:03 Merci Gaspard, merci Sonia, tiens.