SMART BOURSE - Le dollar et le pétrole montent de concert

  • l’année dernière
Mardi 5 septembre 2023, SMART BOURSE reçoit Xavier Chapard (Stratégiste, LBP-AM) , Sébastien Lalevée (Directeur général, Financière Arbevel) et Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM)
Transcript
00:00 (Générique)
00:10 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète.
00:13 Marché, ravi d'accueillir ce soir Sébastien Lalevée qui est avec nous en plateau.
00:17 Bonsoir Sébastien. - Bonsoir.
00:18 - Directeur général de la financière Arbevel.
00:21 Alexandre Tailleheub est avec nous également en plateau, gérant chez Sycomore Asset Management.
00:25 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Grégoire.
00:27 - Merci beaucoup d'être là et merci à Xavier Chappard de nous accompagner également ce soir.
00:30 Bonsoir Xavier. - Bonsoir Grégoire.
00:31 - Ravi de vous retrouver, vous Xavier et tous les trois au sens large.
00:35 Xavier, vous êtes stratégiste chez LBPAM, c'est ça maintenant ?
00:39 - C'est ça. On ne dit plus la Banque Postale Asset Management, je le précise parce que voilà.
00:42 - Le nouveau nom. - LBPAM, désormais ça claque.
00:45 - Mieux.
00:46 - Je commence avec vous Xavier. Effectivement, on cherche toujours dans cette période de rentrée
00:52 ce qui a changé au cours de l'été par rapport à l'état du monde, des marchés tels qu'on a pu le laisser au mois de juin ou au mois de juillet.
01:00 Je note quand même deux phénomènes importants, assez significatifs en termes de mouvements.
01:05 L'indice dollar qui a dû toucher un plus bas de l'année au cours du mois de juillet est remonté au plus haut du mois de mars.
01:11 Une remontée quand même assez significative face à un ensemble de devises.
01:14 Et en parallèle de ça, on a eu une remontée continue ou quasi continue des cours du pétrole,
01:19 en l'occurrence dans le compartiment des matières premières.
01:21 On avait un pétrole qui était au plus bas en juin, autour de 70 dollars pour le baril de Bren, peut-être un petit peu au-dessus.
01:26 On retrouve aujourd'hui le Bren peut-être plus de 90 dollars.
01:28 Qu'est-ce qui explique ces mouvements sur une période de deux mois ?
01:32 Et quelles sont les interrogations que ça peut soulever, notamment quand on parle du pétrole
01:37 et du poids que les matières premières ont eu dans les mécanismes d'inflation, de diffusion de l'inflation, puis de désinflation ?
01:45 Le pétrole, comme vous l'avez dit, c'est quand même des drivers spécifiques sur l'offre de pétrole qui va être réduite un peu plus longtemps.
01:53 Mais c'est vrai que ça repose des questions sur les hausses de taux de la Fed.
01:57 Notre scénario, c'est toujours une pause de la Fed en septembre.
02:00 Mais le risque de hausse va continuer à être avec nous au moins jusqu'à la fin de l'année, si le pétrole reste à ces niveaux-là.
02:06 Et ça, ça vient renforcer encore la suprématie non seulement du dollar, mais en fait de l'économie américaine par rapport au reste du monde.
02:14 Et en fait, c'est ce qu'on a observé cet été avec les craintes croissantes sur la Chine et le ralentissement européen qui est plus fort qu'attendu.
02:21 Et donc tout ça, forcément, ça crée un gap avec les États-Unis qui est croissant et qui soutient le dollar.
02:29 Et c'est un problème pour nous parce que le problème de la hausse du dollar, c'est qu'elle est négative pour tout le monde, en fait, dans les perspectives.
02:35 C'est-à-dire qu'elle est négative pour les États-Unis qui sont moins compétitifs.
02:38 Mais contrairement aux autres devises, ce n'est pas positif pour les autres parce que ça augmente le coût de financement et les incertitudes financières pour l'ensemble du reste du monde.
02:47 Il ne faut pas oublier que le dollar, ça reste la monnaie de pivot, la monnaie de réserve mondiale.
02:51 Même si le poids économique des États-Unis a baissé, le poids du dollar n'a pas du tout baissé.
02:56 Et donc c'est vrai que ça renforce encore les incertitudes et donc un peu ce « risk off » sur tous les autres marchés à part le pétrole qui a son driver propre.
03:06 Oui, ça a pris quand même 20-30% les cours du pétrole.
03:09 C'est toujours une question d'offres sur le pétrole.
03:12 Alors l'annonce du jour, c'est la prolongation des réductions domestiques de l'Arabie saoudite et de la Russie jusqu'à la fin du mois de décembre.
03:19 Mais le rebond du pétrole, il n'a pas commencé aujourd'hui non plus.
03:22 Est-ce qu'il y a dans le marché pétrolier et des matières premières des anticipations liées peut-être à un point bas de l'économie chinoise, voire une phase de relance qui pourrait à un moment quand même peut-être arriver ?
03:38 C'est vrai que les autorités chinoises font un peu plus pour soutenir l'économie depuis la semaine dernière, notamment sur l'immobilier avec des mesures qui n'avaient pas été prises depuis 2015.
03:47 Donc on voit, ça ne reste pas le grand soir. Mais c'est un peu plus dans le désespoir peut-être de stabilisation de la Chine.
03:54 Et puis il y a un marché du pétrole qui est tendu de toute façon.
03:59 Lorsque fin de 3e trimestre et 4e trimestre, on savait que l'offre allait être en dessous de la demande pendant au moins cette période-là.
04:08 Nous, on pense que ça ne va pas durer et que 90, on est un peu à un point haut pour les prochains mois.
04:15 Mais l'incertitude est là. Et un des éléments qui a soutenu le pétrole à partir du milieu de l'été, c'est aussi de voir que la Russie a l'air de commencer à vraiment réduire sa production.
04:25 Ça fait depuis mars dernier qu'elle s'était engagée à réduire sa production. On ne le voyait pas jusqu'à juin.
04:31 Et là, on voit que la production commence à baisser. Et donc, ça rééquilibre le problème d'offre sur le pétrole.
04:38 – Alexandre, qu'est-ce qui vous intéresse dans ces mouvements autour du dollar et du pétrole ?
04:43 Et quels sont les enseignements qu'on peut en tirer ? Est-ce que ça annonce quelque chose de particulier ?
04:48 – Si je commence par le dollar, pour expliquer pourquoi, enfin peut-être ce qui a changé entre juin et maintenant.
04:54 Parce que si vous vous souvenez, sur la première partie de l'année, on disait, bon, globalement, on devrait en 2023 avoir une petite récession aux US.
05:02 L'Europe, ça tient bien, la crise énergétique est passée. En fait, aujourd'hui, ça s'est presque totalement inversé.
05:08 L'idée de stagflation revient en Europe et on parle de soft lending, voire de no lending aux US.
05:13 Donc le fait que les investisseurs reviennent sur le dollar et que le dollar s'apprécie est assez logique.
05:19 Sur la partie pétrole, oui, il y a un facteur offre. La réduction de l'offre fait que le prix augmente.
05:26 Mais la justification a toujours été que la demande allait se tarir. Néanmoins, si la Chine continue, alors c'est à coup de mesurette,
05:35 mais si elle continue de relancer et que l'économie chinoise tient relativement bien, si elle atteint 5% de croissance,
05:42 ok, c'est bas par rapport à ce qu'on a connu, mais ça tient relativement bien, alors on pourrait avoir une demande qui est nettement supérieure.
05:48 Et avec une offre qui est contenue, avoir un prix qui va au-delà de 90 dollars.
05:54 Au regard des tensions qu'on décrivait sur le marché, l'équilibre offre-demande, ça se joue à quelques milliers,
06:00 dizaines de milliers ou centaines de milliers de barils de jour.
06:03 Incrémentalement, une demande légèrement meilleure en Chine, ça peut avoir des effets sur le prix important.
06:11 Tout à fait. Et donc, partant de là, en fait, le risque, à mon sens, que ça représente est plus important en Europe qu'ailleurs.
06:21 La Chine arrive à s'approvisionner, les Américains payent en dollars, nous avec notre euro qui s'affaiblit et des prix des matières premières qui augmentent,
06:29 on peut avoir un souci. Et clairement, si on doit aller un pas plus loin, si l'inflation devait revenir, en tout cas historiquement ce qu'on connaît,
06:37 c'était un contre-choc pétrolier dans les années 80, plus largement ce serait un contre-choc de matières premières aujourd'hui,
06:44 de matières premières plus généralement, parce qu'on a toujours le phénomène de la transition énergétique avec le prix des métaux,
06:50 on a le prix des matières premières agricoles qui peut aussi faire augmenter l'inflation.
06:54 Donc voilà, si jamais l'inflation devait revenir aujourd'hui, effectivement le déclencheur serait probablement le prix des matières premières aujourd'hui.
07:01 D'un point de vue d'investisseur, alors je sais qu'en fonction des maisons, de la typologie des fonds que vous gérez,
07:10 ça devient parfois compliqué d'avoir des sociétés pétrolières en portefeuille, mais en termes de dynamique de marché,
07:16 parce que pour le coup ressources de base et oil and gas c'est les deux pires performeurs de l'année sur le plan boursier,
07:23 en termes de secteur au moins en Europe, est-ce que ces secteurs là sont amenés à être peut-être plus dynamiques à partir de là ?
07:34 Oui, sur le pétrole, complètement.
07:35 Oui, oui, oui, mais pas le pétrole, ça a bien marché.
07:38 Le pétrole et le parapétrole a bien marché.
07:42 Le secteur oil and gas en Europe ?
07:44 Oui, la partie pétrole et parapétrole marche bien.
07:47 Ce qui ne marche pas c'est qu'au mois d'août par exemple, tu as vraiment des matières premières qui baissent,
07:51 sauf le pétrole et le parapétrole.
07:54 De toute façon, le problème de la transition énergétique, ça va être long.
08:00 Donc expliquer que le pétrole comme ça, on va le résumer.
08:04 En fait, on discute avec beaucoup de compagnies de parapétrole et elles nous ont dit il y a plus d'un an
08:10 que 2023 serait l'occasion d'un des équilibre de demande.
08:14 C'était écrit en réalité.
08:16 Pourquoi c'est écrit ? Parce que ça fait dix ans que les compagnies pétrolières n'investissent pas,
08:21 ou peu, pour des raisons que l'on connaît tous.
08:24 C'est juste qu'à un moment, on disait des maths.
08:26 Donc aujourd'hui, en plus il n'y a pas d'exploration, ou très peu,
08:29 et tous les investissements se font quasiment uniquement en exploitation des puits existants,
08:33 donc en optimisation des puits existants.
08:36 Donc ça c'est vu. Alors moi je regarde l'indice sectoriel en Europe, effectivement,
08:40 mais je n'ai pas la décomposition.
08:41 Mais vous dites, dans les sous-segments, les compagnies d'exploration et les juniors, ça a bien marché.
08:47 Les Valourec, les CGG, les techniques énergistes.
08:50 Et ce qui est intéressant par rapport à ce qu'on a commencé à aborder,
08:52 c'est-à-dire on n'a pas d'investissement dans ces boîtes parce que c'est mal.
08:55 Je ne dis pas réglementation, complique.
08:58 Non mais je sais.
08:59 Parfois l'investissement dans ces sociétés.
09:00 Je suis taquin.
09:01 Mais sauf que la réalité, c'est que tout le monde, par exemple, fait la capture carbone.
09:05 Donc on dit hacker carbone capture, c'est super,
09:07 parce que si on capture le carbone, ça va sauver la planète.
09:09 Sauf que c'est quoi en fait ? C'est l'industrie, c'est l'ingénierie.
09:12 Et devinez quoi, les gens comme Technip Energies,
09:14 c'est un peu leur métier aussi, de faire de l'ingénierie et des grands projets.
09:17 Et qu'est-ce qu'ils font maintenant ? Ils font la capture carbone.
09:19 Au même titre qu'aujourd'hui, le plus grand des plus gros exploitants de ressources renouvelables aujourd'hui,
09:25 c'est qui ? C'est Total.
09:27 Et donc en réalité, on se trouve aujourd'hui à un moment
09:31 où toute façon la transition énergétique, tu ne la feras pas sans le cash flow
09:36 et le savoir-faire de ces sociétés-là.
09:39 Donc les avoir opposés historiquement, c'est compliqué en fait,
09:42 parce qu'à la fin, les ingénieurs, eh bien, tu en as besoin.
09:47 Les gens de Technip Energies, je pense, sont très qualifiés pour faire ces nouveaux métiers.
09:52 Et vous parlez avec Valouret, qu'ils vous disent quoi ?
09:54 C'est que les tubes sans soudure qu'ils font, on en a besoin pour faire du pétrole sale de schiste.
10:00 Mais c'est les mêmes pour faire de l'énergie propre.
10:04 Oui, du nucléaire ou autre, bien sûr, eux, ils sont sûrs.
10:07 C'est pas tout à fait les mêmes boîtes Valouret, que Technip Energies et Total.
10:11 C'est pas tout à fait les mêmes boîtes.
10:13 Ils te disent qu'aujourd'hui, ils ont un carnet de commande qui est historique,
10:16 parce que tu as à la fois les industries traditionnelles qui doivent réinvestir,
10:24 parce que les Indiens, eh bien, ils commencent à être beaucoup et ils consomment.
10:31 Et donc, tu as un vrai besoin.
10:34 Et en même temps, tu as toutes les nouvelles énergies qui sont aussi demandeurs d'infrastructures diverses et variées.
10:41 C'est des boîtes qui ont changé de statut. Technip, je me suis...
10:43 Alors, ils se sont splités, je sais, effectivement.
10:45 Technip Energies, c'est une boîte qui a changé de statut aux yeux des investisseurs.
10:51 On voit ça comme un équipementier de la transition énergétique et plus uniquement comme une boîte parapétrolière,
10:56 comme on l'a caractérisé il y a quelques années.
10:58 Ce qui risque de se passer, à mon avis, c'est que ces sociétés-là, pour des raisons, je dirais, type taxonomie,
11:05 il est possible qu'elles fassent des spin-off.
11:08 Oui, c'est ce qu'on voit partout.
11:10 Mais ces spin-off sont créateurs de valeur, parce que tu vas cristalliser de la valeur, en fait, d'une certaine façon.
11:15 Donc...
11:17 On le voit dans l'automobile, on le voit chez les énergéticiens.
11:20 On essaie d'extraire le maximum de la valeur de son activité green, de son activité électrique dedans.
11:26 Le paradoxe du mois d'août, qui a été un mois qui a été compliqué sur les marchés, compliqué à plein de niveaux,
11:31 tu te rends compte que, justement, nous, dans les fonds qu'on gère,
11:34 parmi les très bons contributeurs, tu as tout ce qui est lié au pétrole et au parapétrole,
11:38 et parmi les contributeurs négatifs, tu as tout ce qui est lié aux matières premières, hors pétrole.
11:44 Pourquoi ? Parce que la rhétorique récession, Chine...
11:49 - Je comprends. - ...a eu un impact négatif sur ces sociétés cycliques.
11:53 Et ce qui est bavard, quand tu regardes, par exemple, le prix du lithium depuis un an, il est en forte baisse,
11:57 parce que tu es dans une rhétorique récession à venir, alors que tu oublies complètement, même pour le cuivre.
12:02 Alors que l'année prochaine, tu vas te retrouver en shortage de cuivre, et le cuivre ne monte pas.
12:07 - Pendant des années, oui. - Donc quand tu vois des analystes de matières premières,
12:10 ils disent que tu as une espèce de truc tout bizarre qui se passe,
12:13 c'est qu'en fait, tu as un risque court terme qui est totalement en train d'occulter un problème offre et demande.
12:18 - Oui, bien sûr. On surestime le court terme et on sous-estime le moyen long terme du point de vue de l'énergie aujourd'hui.
12:27 - Je pense qu'il y a deux choses que je voulais rajouter. - Bien sûr.
12:29 - La première, c'est que sur les perspectives pour le prix du pétrole dans les prochains mois,
12:33 la variable, à mon avis, ça va être la production américaine,
12:36 parce que c'est ça qui nous a surpris, il n'y a pas eu de reprise malgré la hausse du prix.
12:41 C'est elle qui doit combler le trou au final pour avoir un scénario de prix du pétrole qui reste raisonnable.
12:48 La deuxième chose, c'est que pour l'Europe, il ne faut pas se confondre ce qu'on vit actuellement avec ce qu'on a vécu l'année dernière,
12:54 parce que le prix du gaz reste relativement capé, du coup le prix de l'électricité,
12:59 et donc on ne parle pas du même choc énergétique que ce qu'on a eu l'année dernière.
13:02 - C'est sans doute le prix du gaz naturel qui est plus important peut-être pour l'Europe que le prix du brutégé américain.
13:10 - Oui, et surtout parce qu'il permet de pricer l'électricité.
13:14 - Le vrai problème de l'Europe, c'est qu'il n'y a aucun mécanisme de fixation de prix intelligent qui a été fait sur l'électricité.
13:19 - Oui, exactement.
13:20 - Mais si tu parles du vrai problème de l'Europe, c'est que dans les matières premières en général,
13:25 tu as des marchés sur le nickel où il y a des trucs qui ont...
13:28 Des marchés qui sont quand même fondamentaux sur les matières premières,
13:31 la fixation des prix, et regarde ce qui s'est passé sur le nickel, c'est quand même assez étonnant.
13:35 - C'est-à-dire ? - Qu'est-ce qui se passe ?
13:37 - C'était l'année dernière où il y a des mecs qui sont mis short et le marché a explosé.
13:43 - Oui, oui.
13:44 - Des transactions qui ont été annulées sur le LME, donc c'est quand même des trucs importants.
13:47 Et tu te rends compte maintenant, tu as des news régulières où en fait tu as des stocks qui ont disparu.
13:51 C'est des marchés de gré à gré qui aujourd'hui sont un peu importants.
13:57 Après sur la fixation du prix, on se retrouve dans les problèmes européens de Geiger, franco-allemand.
14:03 - Oui, oui, mais on ne va pas ouvrir toute la boîte des problèmes européens.
14:07 Moi ce qui m'intéresse déjà, c'est intéressant puisqu'on parle des matières premières.
14:10 Je regardais, on a quand même des stocks de gaz naturels qui sont remplis à 90% là,
14:15 à la sortie de l'été, au plus haut historique avant d'attaquer la période automnale et hivernale.
14:22 Est-ce que ça suffit à se rassurer, à se dire qu'on ne va pas revivre en tout cas les mêmes émotions que l'hiver dernier ?
14:28 - Moi je pense que pour cet hiver on est relativement bien.
14:30 Ça ne veut pas dire qu'au-delà, tout ira forcément bien.
14:34 On reste évidemment tendu.
14:36 On a vu là avec les menaces de grève en Australie, qui est le produit producteur de LNG,
14:41 que déjà ça mettait un peu de tension, mais on reste au final avec des prix raisonnables.
14:45 - L'année dernière on disait qu'on était assez confiant sur l'hiver dernier et très inquiet sur cet hiver-là.
14:49 - Exactement, mais au final on a réussi à mieux se sourcer.
14:52 Et puis l'hiver dernier on a beaucoup moins consommé grâce à la température.
14:56 Du coup au final, là aujourd'hui, on commence l'hiver avec des stocks élevés,
15:00 ce qui n'était pas du tout le cas il y a deux ans quand les Russes avaient fait baisser les stocks européens.
15:05 - Un léger bémol sur le fait qu'on ait réussi à bien se sourcer sur le gaz cette année,
15:11 c'est que la Chine était à moitié en confinement.
15:15 Donc il va y avoir une demande de gaz qui va augmenter.
15:19 Donc effectivement à court terme je rejoins totalement, pour cet hiver on est OK.
15:23 Mais là il va falloir commencer à se poser des questions sur est-ce qu'il va pas y avoir une guerre des prix
15:26 ou une guerre de la demande sur le gaz.
15:29 - On a sécurisé quelques contrats d'approvisionnement.
15:32 On a eu le temps en 6, 9, 12 mois d'assurer aussi des contrats de long terme
15:37 peut-être qu'on n'avait pas forcément à l'époque.
15:40 - Et on consomme 15% de gaz en moins qu'il y a un an.
15:43 - Ça sécurise une partie.
15:46 - Est-ce que tout ça plaide, si on revient au sujet de Banque Centrale,
15:50 est-ce que tout ça plaide, valide en tout cas,
15:53 ce que nous vendent à nouveau les banquiers centraux à Jackson Hall,
15:56 ne comptez pas sur des baisses de taux rapides.
15:59 Le higher for longer c'est sérieux.
16:02 C'est-à-dire qu'au mieux les taux resteront élevés pour plus longtemps
16:06 et ils seront peut-être même plus élevés pour longtemps ou pour plus longtemps.
16:11 - Alors le premier cas pour la Fed, le second pour la BCE.
16:15 - Le higher for longer, oui, il est sérieux au niveau de la Fed,
16:20 mais je pense que globalement elle a terminé.
16:22 Je mets même un point d'interrogation sur la hausse de taux de novembre.
16:25 On a une inflation nominale qui est à autour de 3,
16:28 une inflation core qui est à 4,5.
16:31 C'est élevé, c'est vivable, donc ce n'est pas un gros problème.
16:36 Et surtout la grosse composante de l'inflation aux Etats-Unis qui est l'immobilier
16:39 commence enfin à montrer des signes d'essoufflement.
16:42 Donc monter les taux pour monter les taux, je ne vois pas beaucoup l'intérêt,
16:48 d'autant que la Fed continue son quantitative tightening sur l'autre partie de la courbe.
16:53 Donc elle aussi elle essaie d'alléger son bilan, de resserrer les conditions de crédit.
16:59 Elle le fait plutôt bien. Il y a les effets qui commencent à se matérialiser.
17:03 On voit des effets qui vont continuer de se matérialiser dans les mois à venir.
17:06 Donc en fait l'objectif de 2% n'est pas si loin que ça pour les Etats-Unis.
17:13 Donc je ne la vois pas. Là, si elle commence à rentrer dans un nouveau cycle de hausse de taux,
17:19 elle risque de mettre en péril une économie qui est vue comme étant en soft lending.
17:23 De l'autre côté, on a la BCE. Oui, là on peut aller un peu plus haut,
17:27 mais tout simplement parce qu'elle est en retard.
17:29 Elle est en retard par rapport à ce qu'a fait la Fed et elle est en retard sur l'inflation de la zone euro.
17:35 Là, on parle d'une inflation typiquement en Allemagne qui est autour de 6.
17:39 C'est la difficulté avec une économie qui est en ralentissement plus marquée qu'aux Etats-Unis.
17:46 Donc disons que, au moins, même si Christine Lagarde décide de faire une pause,
17:52 il va falloir qu'elle continue d'avoir un discours très "hockey".
17:55 Et donc ça, c'est le souci.
17:58 Et le deuxième souci pour l'Europe, c'est que contrairement aux Etats-Unis,
18:01 la politique budgétaire peut moins prendre le relais.
18:04 Pourquoi ? Parce que critères de Maastricht en fait.
18:06 Ils sont en train d'être rediscutés.
18:08 On commence à voir des sorties du style "dans des cas extrêmes,
18:12 on va peut-être pouvoir faire un peu plus de déficit que ce que les règles prévoient".
18:17 Personne ne les respecte de toute façon.
18:19 Non, personne ne les respecte, mais il y a quand même des amendes à la clé.
18:22 Il y a quand même des sanctions à la clé.
18:24 Les Allemands les respectent.
18:27 Les Allemands les respectent, mais c'est peut-être ce qui les met dans la pâte d'aujourd'hui.
18:30 Les déséquilibres budgétaires, ça marche dans les deux sens.
18:32 Trop d'excédents, ça fait partie aussi des déséquilibres budgétaires
18:37 qui peuvent être sanctionnés, théoriquement en tout cas, par la Commission.
18:40 Ah non, parce que c'est asymétrique.
18:42 Non, parce que c'est un excédent.
18:43 D'accord, c'est asymétrique, c'est juste les déficits.
18:44 Les règles sont faites par les Allemands.
18:45 Je croyais que c'était les "imbalances", les excessifs imbalances.
18:48 Pour les budgets, c'est que les déficits, et pour les cours courants...
18:52 On a le droit d'être encore à l'excédent, d'accord.
18:54 Oui, c'est très déséquilibré entre les déficits et les excédents.
18:57 Mais pour ce qui est baisse d'autos, il n'y a pas d'urgence non plus à baisser les taux aujourd'hui.
19:01 Il n'y a pas de crise, il n'y a rien qui a craqué.
19:04 Les banques centrales se laissent aussi des marges de manœuvre
19:06 et attendent de voir si elles ont besoin de baisser les taux.
19:09 Mais pour l'instant, c'est "higher for longer" et c'est très sérieux.
19:12 Où est-ce que ça transmet le plus vite la politique monétaire ?
19:14 C'est là où moi je mets un bémol.
19:16 On a quand même l'impression qu'en zone euro, ça fait plus mal qu'aux Etats-Unis.
19:20 Ça transmet plus vite en zone euro ?
19:21 Plus vite.
19:22 Ce n'est pas ce qu'on disait au début.
19:23 En ampleur, oui, mais en ampleur, on en a fait moins.
19:26 Le seul problème, c'est que nous, on passe pas uniquement, mais beaucoup, par le système bancaire.
19:30 Et le système bancaire est beaucoup plus impacté, on l'a vu avec la croissance des crédits,
19:35 des masses monétaires ou tout ça, en zone euro.
19:37 Ça fait assez mal et quand on voit les chiffres...
19:40 L'impulsion de crédit est déjà négative depuis plusieurs trimestres en zone euro.
19:43 Depuis deux trimestres.
19:44 Deux trimestres.
19:45 Et si on regarde les enquêtes auprès des banques, ça suggère que ça reste négatif
19:47 au moins jusqu'au début de l'année prochaine.
19:49 Et ça, on aura mis plus de temps à le voir aux Etats-Unis ?
19:51 Oui, je pense, parce que notamment, il y a une composante marché plus importante
19:57 dans le refinancement aux Etats-Unis.
19:59 Et en fait, ce qu'on a vu depuis le début de l'année, c'est que les conditions financières aux Etats-Unis,
20:03 malgré les hausses de taux de la Fed, elles se détendaient plutôt.
20:06 Parce que les actions montaient, parce que les taux longs après le stress bancaire ont plutôt baissé.
20:10 On l'a vu avec les taux mortgage qui avaient atteint plus de 7,5% fin de l'année dernière,
20:14 qui étaient redescendus à 6.
20:16 Mais là, depuis cet été, par contre, avec la hausse des taux...
20:19 Taux réel, etc. Ça repart.
20:21 Taux réel, dollars, et du coup, taux dans l'économie, ça repart.
20:25 Par contre, ce qu'on ne voit pas, c'est le ralentissement des émissions.
20:27 Donc, les entreprises arrivent encore à émettre de façon assez positive dans le marché.
20:32 Mais du coup, ça veut dire que ça freine moins l'économie.
20:34 Or, aux Etats-Unis, c'est 70% de refinancement au marché.
20:37 En Europe, on est 70% en financement bancaire.
20:40 C'est pas évident au départ.
20:42 On aurait pu dire un marché très désintermédié comme les Etats-Unis,
20:47 la transmission par le marché va se faire beaucoup plus vite auprès des agents économiques, entreprises, ménages.
20:52 Mais c'est parce qu'on s'attendait à des ajustements sur les spreads de crédit,
20:56 sur les actions, beaucoup plus importants qu'on n'a pas vu, en fait.
20:58 C'est les marchés qui ont été un peu contre la fête pendant les 6 premiers mois de l'année.
21:02 Depuis cet été, ça va plutôt dans le même sens le durcir.
21:05 Sébastien ?
21:07 Non, mais après, là où on a...
21:10 Quand on dit que ça se voit plus en Europe, c'est qu'en fait, aux Etats-Unis,
21:14 ça va mieux aussi parce qu'ils ont fait l'IRA aussi.
21:17 Il y a la politique budgétaire.
21:19 Donc la politique budgétaire est plus efficace.
21:21 Plus efficace avec 10% de déficit sur PIB prévu l'an prochain.
21:25 Oui, j'espère qu'il y a un peu d'efficacité.
21:28 Non, non, c'est pas ça.
21:30 Parce que c'est beaucoup quand même.
21:32 Oui, parce que je pense qu'on ne peut pas parler d'une meilleure tenue de l'économie si on ne parle pas de ça.
21:38 Non, mais c'est clé. C'est la variable clé.
21:41 Le problème, c'est que dans une économie mondialisée comme la nôtre,
21:46 leur déficit budgétaire attire les boîtes européennes.
21:51 Et nous, on les enlève ici.
21:53 Donc on a plein d'exemples de boîtes qui pensaient investir en Europe
21:57 et qui ont choisi, finalement, pour des raisons de stabilité et de visibilité des aides,
22:03 d'aller aux Etats-Unis.
22:05 Donc après, on peut argumenter qu'au final, c'est un déficit.
22:09 Est-ce que le multiplicateur budgétaire sera tel qu'au final,
22:13 ça sera un théorie positive pour le taxpayeur américain ?
22:17 J'en sais rien.
22:18 Mais ce que je sais, c'est que ça nous enlève des ressources et des investissements ici.
22:23 Oui.
22:24 De toute façon, Etats-Unis, Europe, Chine,
22:27 de ce point de vue-là, le classement est parfaitement respecté.
22:30 Enfin, ceux qui ont une politique fiscale budgétaire la plus entreprenante
22:33 sont ceux qui s'en sortent le mieux en termes de régime de croissance.
22:37 Ça va des crescendo jusqu'à la Chine qui reste très timide aujourd'hui.
22:41 Mais vous disiez, Alexandre, c'est la variable clé, la politique budgétaire.
22:45 On l'a peut-être d'ailleurs pas mal sous-estimée.
22:47 C'est vrai qu'on a l'image d'une Europe, à travers la lecture française ou des pays du Sud,
22:53 d'une Europe très dépensière, qui aime les déficits, qui veut toujours faire plus de déficits.
22:57 La réalité, c'est que la dynamique des déficits en Europe l'an prochain,
23:00 elle va plutôt s'amoindrir.
23:01 Absolument.
23:02 Et aux États-Unis, on est parti 2024-2025 pour être encore plus expansionniste peut-être.
23:08 Mais il y a des...
23:09 Alors Biden prévoit quand même des augmentations d'impôts pour les plus riches
23:13 qui devraient résorber un peu ça à horizon 2026.
23:16 Donc ne vous inquiétez pas.
23:17 Oui, il y a toujours ça, la question de la soutenabilité à 10 ans.
23:20 Les déficits à 7%.
23:23 En tout cas, tant que la Fed continue de resserrer,
23:27 que ce soit via le QE ou via des hausses de taux,
23:29 je pense que les déficits à 7%, on va continuer de les voir.
23:31 Et le marché aime ça ?
23:32 Enfin je veux dire, pour un investisseur action ou pour un investisseur tout court,
23:35 c'est pas un problème aujourd'hui, ce sera peut-être un problème demain,
23:38 mais le marché a l'habitude de reporter les problèmes dans le temps.
23:40 C'est le dollar.
23:41 En théorie, si t'avais un dollar qui baissait,
23:43 enfin c'est le dollar, c'est ta monnaie.
23:46 Enfin c'est leur monnaie.
23:47 On leur déficite leur monnaie.
23:49 C'est un peu en face le problème de la Chine,
23:52 qui a un ratio d'aides sur PIB qui est très élevé, qui est à 150%.
23:57 Finalement, le soutien de la Chine a été essentiellement monétaire.
24:02 C'est un des gros problèmes, c'est que la politique budgétaire n'a pas vraiment pris ce relais.
24:07 Et donc aujourd'hui, c'est pour ça, ce que disait Xavier, c'est pas le grand soir.
24:11 Effectivement, c'est pas du tout le grand soir.
24:12 Au moment où ils vont actionner vraiment cette politique budgétaire,
24:15 s'ils le font à un moment, on verra au plénum d'octobre du parti s'ils nous disent quelque chose.
24:20 Mais tant qu'il n'y a pas ça, il y a encore d'autres problèmes.
24:23 Il y a des problèmes de confiance, etc.
24:24 On y viendra peut-être après.
24:25 Mais tant qu'il n'y a pas ça, il n'y aura pas vraiment de reprise de la confiance sur le marché chinois.
24:30 Bon, ça va créer des écarts encore plus importants entre l'Europe et les États-Unis l'an prochain.
24:34 Ces histoires de dynamique fiscale, budgétaire, Xavier ?
24:38 L'an prochain, je ne suis pas sûr. Cette année, ça c'est sûr que ça crée une grosse dichotomie.
24:42 L'année prochaine, le problème, c'est qu'on va être en année électorale aux États-Unis.
24:46 Il faut voir parce que là, le budget, il faut qu'ils votent un budget avant la fin septembre.
24:50 Sinon, on risque d'avoir un gouvernement de shutdown.
24:52 On a aussi les crédits étudiants où les remboursements reprennent à partir d'octobre.
24:59 Ça risque d'être un peu moins favorable à partir de maintenant.
25:04 En fait, c'est parce qu'on part d'un niveau de déficit énorme.
25:06 Donc, il va rester énorme, mais peut-être un tout petit peu moins.
25:09 Et du coup, un peu moins de divergence.
25:10 Et puis, côté européen, ça dépend.
25:12 S'il y a des grosses révisions de croissance, peut-être que l'Allemagne va lâcher un peu.
25:18 C'est ce que suggèrent les dernières décisions.
25:20 Jusque-là, ils ne voulaient pas bouger de la règle d'or.
25:22 Ils ont mis 7 milliards par an.
25:25 C'est ça.
25:26 Donc, ce n'est pas grand-chose.
25:27 C'est 0,15 points de PIB.
25:29 Mais jusque-là, ils pensaient resserrer d'un point de PIB.
25:32 Déjà, on a enlevé 0,15.
25:34 On va voir.
25:36 Peut-être que j'espère qu'on va être un peu plus pragmatique.
25:40 On parle des marchés.
25:42 Sébastien, je disais, le stock 600, l'Europe, les marchés européens,
25:46 c'est vrai que les indices ne font plus grand-chose.
25:48 Sous les indices, forcément, il se passe des choses.
25:51 Vous disiez, le mois d'août a été un peu compliqué.
25:54 On s'est rattrapé un peu sur la fin du mois.
25:57 Mais au final, les indices restent dans des ranges de fluctuation
26:03 qui sont bien installés depuis quelque temps.
26:05 Si on part du principe que les indices représentent la réalité des marchés.
26:08 Bien sûr, c'est une lecture partielle.
26:11 Je suis bien d'accord.
26:12 C'est pas une lecture partielle.
26:13 C'est que quand tu as 12 valeurs sur le Nasdaq qui font 100% de la perf,
26:17 du S&P, tu vois, c'est...
26:20 Ça existe sur d'autres indices.
26:22 L'indice italien, c'est 10 valeurs qui font 60 ou 80% de la perf aussi.
26:25 Oui, mais t'avais moins ça.
26:27 C'est un vrai sujet.
26:28 Les ALDESALGO, les ETF, les Smart ETF, tous ces trucs-là font que...
26:33 Le problème, c'est que le marché, aujourd'hui, il y a ce qu'on connaît.
26:37 Il y a les 30, 40 boîtes que tout le monde connaît.
26:40 Et ce qui est pénible en tant que stock picker,
26:42 c'est que la boîte la plus excitante du monde sur l'IA, potentiellement,
26:45 c'est la boîte la plus connue du monde aussi.
26:47 Donc, toi, tu dis, moi, je suis du stock picking,
26:49 payez-moi des frais de gestion parce qu'honnêtement, je suis hyper fort,
26:52 je trouve des super idées.
26:53 T'es gentil, Coco, mais moi, j'achète Nvidia et Google, Amazon et Tesla
26:57 et je fais mieux que toi.
26:59 Non, mais qu'est-ce que ça nous dit des intérêts ?
27:01 Quand on sort un peu de cette lecture indicielle, du coup, Sébastien,
27:05 qu'est-ce que vous retenez des intérêts du marché à la sortie de l'été
27:09 ou en cette période de rentrée ?
27:10 Moi, je vois, je constate, si vous écoutez,
27:13 je crois que c'est Norsia qui a fait une étude sur la location de CGP,
27:17 c'est 7% en action.
27:18 C'était 30% il y a deux ans.
27:20 Ils n'ont pas rendu.
27:21 Donc, ils aiment beaucoup faire des produits structurés,
27:23 ils aiment beaucoup faire des fonds datés.
27:25 Après, ce n'est pas con, tu as 6%.
27:27 Bien sûr.
27:28 Donc, aujourd'hui, en fait, ce qui se passe, c'est que tu as une véritable,
27:32 le marché est vraiment à deux vitesses.
27:34 Sur les small cap, les small mid cap, on a 12 fois les résultats.
27:38 Il n'y a jamais eu un tel écart de valorisation avec les larges.
27:42 Enfin, il y a plusieurs marchés en un, en fait.
27:46 Donc, aujourd'hui, il y a assez peu, pour l'instant, de retours.
27:50 La moyenne.
27:51 La moyenne.
27:52 Et en fait, ce qui se passe, c'est que la valorisation qui est supposée
27:55 être l'alpha et l'oméga d'un investisseur,
27:57 aujourd'hui, n'est pas un critère qui justifie quoi que ce soit, en fait.
28:01 Et parfois, le marché est plus intelligent que les gérants,
28:05 parce que quand il achète Nvidia en début d'année,
28:07 ça fait 150%.
28:08 Après, c'est le bon exemple de dire qu'il y a des boîtes
28:11 où, en fait, ce que tu vois, c'est juste que le marché,
28:14 les gens n'ont pas anticipé la croissance.
28:16 Mais il n'y a pas que ça.
28:18 Il y a des boîtes qui ont été dirêtées de façon extraordinaire
28:21 et des boîtes qui sont juste, qui n'intéressent personne.
28:23 Donc, le private equity va venir.
28:25 Quand tu as un indice Argos du private equity
28:28 qui valorise les boîtes à plus de 10 fois les bid'as,
28:31 le small cap est valorisé à 7 fois les bid'as.
28:34 Donc, ça veut dire que tu as une décote de liquidité.
28:37 - Donc, pour ceux qui ont de la liquidité à apporter
28:40 dans le monde des marchés privés,
28:42 il y a peut-être même déjà des opérations intéressantes.
28:45 - Bien sûr.
28:46 Tu vois, il y a plein de boîtes qui sont sorties de bourse,
28:48 et ainsi de suite.
28:49 Donc, en fait, tu as aujourd'hui...
28:50 Moi, ma vision, c'est qu'il y a des sociétés extrêmement bien gérées,
28:54 avec un vrai désintérêt.
28:55 L'été a été meurtrier pour pas mal de small et micro,
28:58 puisqu'il y a moins de liquidité.
28:59 - Encore.
29:00 - Et ça continue.
29:01 - Mais oui, mais tous les trois mois, on me dit,
29:03 mais il ne peut plus y avoir de sortie.
29:04 Tout le monde a vendu.
29:05 Tous les flux sont arrêtés depuis des années.
29:07 Il n'y a plus rien à vendre sur ces marchés-là de small et mid-cap.
29:10 - Mais encore, tu étais en baisse encore en juillet-août,
29:14 en liquidité.
29:16 Tu étais en baisse depuis cinq ans.
29:17 - Ah oui ?
29:18 - Oui, l'avantage des maths, c'est que quand tu perds 50 %,
29:20 tu peux encore perdre 100 % derrière.
29:22 C'est toujours pareil.
29:23 Donc, voilà.
29:24 Mais après, tu regardes les GAFA, qui sont emblématiques.
29:28 Tu vois, la valo des GAFA, aujourd'hui,
29:30 c'est peut-être deux fois intérieur de la valo des GAFA de l'époque,
29:33 en 2000.
29:35 Donc, en fait, elles sont à 25 fois en PE forward.
29:39 25 fois, ça ne paraît pas fou.
29:41 - Non, non.
29:42 - Même Nvidia, tu vois l'histoire que tu as en ce moment sur l'IA.
29:44 Tu te dis, si vraiment, c'est eux les patrons de la nouvelle vague
29:49 qui viennent juste de commencer, tu ne les vends pas.
29:53 Tu n'en achètes encore pas.
29:54 - Ça, ça ne ruisselle pas un peu chez nous ?
29:56 Ça ne peut pas ruisseler sur des sociétés qui seraient branchées
29:58 sur l'écosystème Nvidia et compagnie ?
30:02 - En fait, si, si, si.
30:05 Dans le PE, tu le vois, les Hugging Face,
30:08 des sociétés non cotées comme ça, tu en as.
30:11 Tu as pas mal de sociétés privées, des Français Hugging Face,
30:15 par exemple, qui sont à New York, malheureusement.
30:18 Et non, non, dans les boîtes cotées IA Europe,
30:23 tu as quelques petits trucs, mais tu n'en as pas beaucoup, en fait.
30:26 Donc, c'est… Et puis, en tout cas, qui ne justifient pas.
30:29 Et avec un risque potentiel lié à une maturité qui fait que…
30:34 - Oui, oui.
30:35 - STM, qui est quand même une boîte de semi-conducteurs de premier rang.
30:39 - Après, ce n'est pas l'IA et les GPU leur gros marché, mais…
30:43 - Non, mais tu as quand même 5 à 6 fois plus de semi-conducteurs
30:45 dans une voiture électrique, dans une voiture normale.
30:47 - Oui, oui.
30:48 - Donc, tu as un marché qui est juste énorme.
30:49 - Ce n'est pas cher.
30:50 - Non, mais ce n'est pas pas cher.
30:51 C'est à 12 fois le PE.
30:52 - Oui.
30:53 - Tu entredis ces 12 fois les résultats.
30:54 - Oui, oui.
30:55 - Donc…
30:56 - C'est une boîte industrielle, quoi.
30:57 Ça se paye comme une industrie, quoi.
30:58 - Avec une croissance comme ça.
30:59 - Oui, je sais bien.
31:00 - Donc, non, en fait, les marchés, la réalité, c'est que non,
31:04 on est toujours sur les mêmes trucs.
31:06 Et je comprends.
31:08 C'est-à-dire que depuis ce cas de 5 ans,
31:10 l'intérêt à aller en dehors des sentiers battus n'a pas été rémunéré.
31:14 Donc, au bout d'un moment, les gens ne le font plus.
31:17 - Bon.
31:18 - Moi, je pense que ça reviendra.
31:19 - Oui, oui.
31:20 Non, mais Nvidia, c'est Nvidia.
31:22 Mais après, je vois des secteurs en Europe.
31:24 L'automobile fait bien depuis le début de l'année.
31:26 Les financières font bien depuis le début de l'année.
31:29 C'est quand même là où c'est des secteurs value.
31:31 Alors, ce ne sont pas les chiffres de performance de Nvidia.
31:35 Ça ne double pas tous les 6 mois.
31:37 Mais ça fait de la perte.
31:39 - Regarde dans la pharma, tu as une belle nouvelle.
31:41 - Oui, c'est quoi ? Novo Nordisk ?
31:43 - Oui.
31:44 - Oui, mais attends, on n'en parlera pas parce que je vais faire tourner la parole, Sébastien.
31:46 Mais du coup, est-ce qu'on trouve quand même, comme le disait Sébastien, très bien ?
31:51 Est-ce qu'en dehors des 7 magnifiques et des quelques top méga cap mondial,
31:56 est-ce qu'on est rémunéré pour prendre du risque en dehors de ces valeurs-là et de ces secteurs-là aujourd'hui ?
32:02 - Non, pas tellement.
32:03 Non, non.
32:04 Et puis, la conclusion est assez bien trouvée.
32:06 On fait toujours les mêmes trucs.
32:08 Et ça fonctionne comme ça.
32:10 Malheureusement, alors il y a une très bonne lecture bottom-up,
32:12 mais il y a aussi une lecture top-down et le marché a été un peu guidé par les taux.
32:16 Et donc finalement, quand on regarde sur cet été et même au-delà, on a été dans un marché de range,
32:23 sauf pour quel indice, quel secteur ? La tech.
32:27 Spécifiquement la tech US.
32:29 Donc oui, et en plus, effectivement, la valorisation n'est pas excentrique.
32:36 Donc on a plutôt tendance à s'engouffrer là-dedans pour essayer de faire un petit peu de performance.
32:40 D'autant que je rappelle quand même que pour un asset manager, si vous n'étiez pas hyper boule janvier-février,
32:47 la perf de l'année, elle passe sous le nez.
32:49 Donc je ne dis pas qu'il faut chasser la performance des indices à tout prix,
32:52 mais on essaie quand même de se ranger un petit peu plus du côté du marché.
32:55 On est comparé à des benchmarks aussi, donc ça ne joue pas en notre faveur.
32:59 Et donc oui, finalement, c'est le seul secteur qui a vraiment bougé,
33:06 même si sur l'automobile, je ne me prononcerai pas tellement, ça a peut-être bien fait,
33:10 je n'ai pas spécialement regardé, mais sur les bancaires, typiquement, oui, c'est normal que les bancaires aient bien fait.
33:15 On a eu quand même une période de hausse de taux assez forte qui leur convient bien.
33:19 On est dans un contexte qui est toujours inflationniste, ce qui leur convient bien aussi.
33:24 Donc oui, et puis elles ont publié de bons résultats.
33:27 Donc c'est logique qu'elles fassent plutôt bien.
33:29 Mais globalement, quand on regarde le marché, oui, à part la tech où le range est beaucoup plus large,
33:34 les autres sont un peu stable, un peu trop stable.
33:40 Après, il n'y a pas que les actions. Je ne veux pas limiter, évidemment, l'analyse au marché actions,
33:45 parce que l'avantage d'une gestion diversifiée, c'est qu'aujourd'hui, il y a des classes d'actifs
33:49 qui sont peut-être en termes de "risk/reward" intéressants ou plus intéressants,
33:53 même peut-être que ça ne l'a jamais été depuis des années.
33:57 Donc les produits de taux, notamment le crédit, est-ce qu'on trouve encore des zones confortables
34:04 où on est sur le crédit, la dette d'entreprise, où on trouve des rémunérations correctes par rapport au risque/prix ?
34:11 Oui, sur les taux d'abord, ça peut être intéressant, en particulier les taux US,
34:17 parce que les taux euros peuvent encore monter, comme je le disais auparavant.
34:22 Sur les taux US, pour aller faire du portage, pour aller faire du rendement,
34:27 et en plus, avoir une couverture finalement contre un risque extrême,
34:30 mais même pas extrême, on l'a vu typiquement sur SVB, où on a perdu 100 points de base en mars,
34:35 avec un dollar qui s'est réapprécié finalement.
34:39 Là, on est un peu dans cette configuration-là, où on peut aller chercher du 5% sur la partie courte
34:45 et du 4,20% sur la partie longue.
34:48 Donc c'est assez intéressant d'un point de vue portage, et sur le crédit, aujourd'hui, on a quand même des spreads.
34:54 Donc la fourchette, on va dire la moyenne de long terme, c'est entre 200 et 400 points de base.
34:58 Là, on titille les 400 points de base, et puis quand il y a un risque de défaut très très fort,
35:07 on sort par le haut de cette fourchette.
35:10 Bon là, on est vers les 400 points de base, que ça rémunère, c'est à peu près 7% de taux de défaut en moyenne sur les 3-4 prochaines années.
35:17 Donc à moins de penser qu'on rentre dans un scénario très pessimiste,
35:21 où le taux de défaut va être très très fort à un moment donné,
35:24 ce qui va tirer la moyenne vers le haut, au-delà de 7% par an,
35:28 ça me paraît peu probable.
35:31 Donc ça reste intéressant, et la deuxième chose, c'est que là, pour le coup, les indices sont plus faciles à battre.
35:39 Parce qu'aujourd'hui, ce qui fait la performance du crédit, à mon sens, c'est le bond picking.
35:45 Un exemple très parlant, c'est Casino.
35:47 Casino, c'est l'accumulation de problèmes structurels et historiques qui s'est matérialisé dans des conditions de marché.
35:54 Et en fait, les sociétés qui vont faire défaut, ce sera probablement ça également.
35:58 Donc finalement, là, le bond picking et la gestion active prend tout son sens.
36:01 Donc sur le crédit, on est plutôt positif, et sur les taux aussi,
36:05 et malheureusement, je pense que c'est ce qui explique en partie le fait que les flux ne reviennent absolument pas sur les smalls.
36:11 Je me suis beaucoup posé la question.
36:12 J'ai eu pas mal de positions smalls, et ça ne fonctionne pas malgré une valorisation extrêmement attractive.
36:19 Donc aujourd'hui, ce risque-là n'est plus rémunéré, malheureusement.
36:22 Xavier, sur les stratégies et les convictions d'investissement en cette rentrée ?
36:26 Je suis assez en ligne sur les taux. On est long sur la duration US.
36:31 Donc c'est intéressant à 3,80, 3,90 sur le disant américain, ça allait d'autant plus à plus de 4 % sur le disant.
36:36 Exactement, à 4,40, nous on pense que vers la fin de l'année, on peut être à 4 dans un scénario central.
36:40 Et puis la balance des risques justifie ça.
36:43 Sur l'Europe, c'est vrai qu'il va y avoir pas mal d'émissions en septembre, donc on fait un peu attention, même si le niveau des taux est aussi raisonnable.
36:50 Moi, je mets plus attention sur les pays du sud de nouveau, parce qu'on a tout le cycle budgétaire et les négociations des règles budgétaires.
36:57 Alors ça va pas pour l'instant, jusque-là, les taux ont très bien tenu.
37:01 Sur les taux souverains ?
37:02 Oui, sur du souverain, du spread souverain italien. Là, on fait un peu plus attention là-dessus.
37:08 Et sur le crédit, pour nous, c'est surtout, il y a deux marchés, il y a le corporate et le financier.
37:14 Et nous, on est très positif sur le financier.
37:16 Ah, la dette bancaire ?
37:17 Oui, il y a encore des primes de risque, ça a baissé depuis SBB, mais ça reste bien.
37:23 On voit le marché qui se réouvre aussi sur les subordonnées bancaires.
37:26 Non mais c'était une vraie question, post-SBB, post-Crédit Suisse, est-ce que ce marché est pas morné ?
37:34 On va pas refaire toute l'histoire, mais ils avaient coupé toute la valorisation des dettes hybrides de Crédit Suisse,
37:40 ils s'en mettent les actions totalement à zéro et ça avait créé un...
37:43 Un stress, les régulateurs européens...
37:45 Un scandale même, au sein du monde financier et de la régulation financière.
37:50 Et ce marché-là vit toujours ?
37:51 Oui, ça revit, il y a eu une période, il y a eu deux-trois mois un peu durs et ça s'est réouvert.
37:57 Non, ça marche très bien, structurellement, je pense qu'on aura un re-rating des banques, c'est pas très dur, vous allez me dire.
38:03 Donc là-dessus, on est assez positif. Sur le Corpo, on est beaucoup plus sélectif, là aussi, je pense que le bank picking va être très important.
38:11 Sachant que, en 2023, on était tranquille parce que les refinancements étaient assez loin.
38:17 Là, on commence à avoir un mur de dettes pour fin 2024, 2025, peut-être que les investisseurs vont commencer à s'y intéresser.
38:23 Anticiper un peu, oui.
38:24 Voilà, donc on fait un peu plus attention sur le high yield Corpo en Europe.
38:29 On termine avec Nouveau Nordisque ? On en a parlé quasiment tous les jours.
38:32 Non, mais ça fait des mois qu'on suit l'histoire et je salue Eric Lebérigaud de Stifel aujourd'hui, qui est analyste santé,
38:38 qui, il y a neuf mois déjà, nous avait parlé de ces indications de l'anti-obésité développées chez Nouveau et les perspectives,
38:46 peut-être historiques même, qu'on pourrait avoir sur ces molécules-là en termes de blockbuster.
38:51 Aujourd'hui, le benchmark, c'est 20 milliards pour un blockbuster dans la santé, sur des hypertenseurs ou anti-hypertenseurs, etc.
38:59 Peut-être que demain, ces molécules-là feront plus le chiffre d'affaires que ces chiffres-là.
39:04 Moi, ce que ça m'inspire, deux choses. La première chose, c'est que Nouveau Nordisque, il y a dix ans, était suivi par les analystes Small Mid-Cap santé.
39:13 Premier élément. Deuxième élément, un peu comme le Viagra.
39:18 Non, mais c'est vrai, ce qui est intéressant, c'est qu'on est dans le vivant.
39:22 C'est-à-dire que des fois, on découvre des trucs un peu par hasard et qu'on est, je pense, à l'aube, parce qu'on parlait d'IA tout à l'heure avec NVIDIA.
39:32 La réalité, c'est que le secteur qui va, à mon avis, dans les années à venir, va être le plus dramatiquement, au sens positif, changé, c'est la santé.
39:43 Le mariage d'IA de la santé, enfin, Moderna, est quand même l'exemple vivant du mariage entre IA santé robotique.
39:50 Intéressant. Si on veut sortir du NVIDIA et des GPU, si on veut se positionner sur le thème de l'IA à travers un secteur, vous dites que c'est le secteur de la santé qui, de manière évidente, va récolter peut-être le plus vite les fruits de l'IA génération.
40:04 Moi, j'ai vu les premières boîtes de biotechnologie à l'époque. Je me suis dit, en discutant avec les gens pour les tests, s'il y a une industrie qui va être révolutionnée par la loi de Moore, c'est la santé.
40:16 Parce que l'IA et la robotique, c'est juste... Quand ils faisaient une pipette pour faire un test, on rappelle Selectis, à l'époque, ils faisaient 1 000 tests par jour ou je ne sais pas quoi.
40:25 Avec la robotique, c'est des milliers, voire des millions. Et il y a plein de boîtes qui travaillent là-dessus. Sur le diagnostic, sur la recherche, sur la découverte de produits, on verra bien.
40:38 Mais sur le diagnostic et tous ces sujets-là, c'est juste un début. Les perspectives sur ces sujets-là sont extraordinaires. Donc évidemment qu'il faut s'intéresser à ces choses-là.
40:51 Merci beaucoup messieurs. On s'arrêtera là pour ce soir. Merci d'avoir été les invités de Planète Marché.
40:55 Sébastien Lalvé, la financière à Arbevel, Xavier Chappard, LBPAM et Alexandre Tailleb, Cicomore, Asset Management.

Recommandée