Avec Bruno Retailleau, Sénateur de la Vendée et Président du groupe les Républicains au Sénat.
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NewsTranscription
00:00 - Il est 8h34, vous êtes sur Sud Radio, merci vraiment d'être avec nous.
00:04 Nous recevons ce matin avec plaisir, vous régissez, tout à l'heure, 0826-300-300,
00:09 sur tous les sujets d'actualité, vous savez que nous sommes ensemble jusqu'à 10h.
00:12 Nous recevons ce matin Bruno Retailleau qui est sénateur LR de Vendée,
00:16 président du groupe Les Républicains au Sénat.
00:19 Bruno Retailleau, bonjour. - Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:21 - Merci d'être avec nous.
00:22 Le Maroc meurtrit des provinces dévastées, plus de 2800 morts, des dizaines de milliers de blessés.
00:31 Le Maroc est un pays souverain, une puissance régionale,
00:34 pourquoi le Maroc demanderait-il notre aide officielle ?
00:39 L'aide officielle de la France.
00:40 - Je pense que quand il y a un tel séisme, un tel drame,
00:44 on attend aussi de ses voisins qu'ils vous aident.
00:47 La Méditerranée nous sépare.
00:49 Le problème est que les propositions d'aide du président de la République
00:53 se sont vues finalement imposer une forme de silence,
00:57 comme réponse de la part du Maroc.
01:00 Moi j'espère que la France pourra aider, vous voyez.
01:04 J'espère vraiment que... - Il y a des ONG, il y a des secours français sur place.
01:07 - Bien sûr, mais pour l'instant ils sont sur place. - Pas d'aide officielle, pas de demande d'aide de la part du Maroc.
01:12 - Il y a deux choses. Je pense qu'il ne faut pas...
01:15 Ces pays qui vivent un drame ne peuvent pas se faire submerger par l'aide,
01:18 parce qu'à ce moment-là c'est le bazar, et je pense que c'est contre-productif.
01:22 En revanche, il y a là comme un signe,
01:24 le signe, je l'ai dit hier, parce que ça me blesse comme Français,
01:29 parce que je ne peux pas me déterminer à voir mon pays reculer, notamment en Afrique,
01:33 c'est le signe, ce silence opposé à la proposition d'aide de la France,
01:37 c'est finalement le signe de l'échec de la politique africaine d'Emmanuel Macron,
01:41 malheureusement, au Maghreb, mais aussi en Afrique occidentale.
01:45 - La France est honnie aujourd'hui en Afrique, souvent,
01:48 pas partout, mais souvent, chassée du continent africain.
01:52 C'est quoi ? C'est l'ancien colonisateur qui est honnie ?
01:55 - Alors je pense qu'il faut faire attention, il faut séparer les choses.
01:58 Je pense que dans le cadre du Maroc, cette relation compliquée,
02:02 elle est d'État à État.
02:04 Je n'ai pas vu du tout de manifestation antifrançaise au Maroc.
02:07 Quand on connaît le Maroc, on sait qu'il y a quelque chose qui nous rapproche.
02:11 Il y a beaucoup d'ailleurs de Français qui sont d'origine marocaine,
02:14 qui sont aussi en France.
02:15 Mais vous avez raison, on a bien vu qu'il y a une forme de haine antifrançaise,
02:20 cette haine antifrançaise, elle a été attisée par la Russie, par Wagner.
02:24 Mais Wagner n'a fait que l'attiser, elle préexistait,
02:27 sans doute il y a un passé colonial.
02:28 Mais il y a aussi une forme, je suis allé l'autre jour,
02:31 enfin il y a quelques mois, en Côte d'Ivoire,
02:33 pour essayer de comprendre ce qui se passait,
02:35 notamment dans ces pays, et on l'a vu avec la série de Putsch,
02:39 on l'a vu au Mali, ce qui est incroyable c'est qu'une soixantaine de jeunes Français
02:42 sont morts au Mali pour préserver la population malienne du djihadisme.
02:47 Et pour autant, il y a cette haine qui s'est exprimée
02:49 et qui a contaminé le Burkina Faso, le Niger, etc.
02:54 Je pense qu'il y a sans doute cet effet, vous dites vous-même, de la colonisation.
02:59 Mais quand je me rends en Afrique, souvent, on ne me dit pas ça,
03:04 on me dit qu'ils attendent une France qui ne soit pas repentante.
03:08 Ils attendent une France qui soit forte.
03:09 Et dans la culture africaine, qui assume,
03:12 - Le temps de la colonisation ?
03:14 - Mais qui assume, parce que la colonisation,
03:16 c'est bien entendu des heures qui ont été noires,
03:18 mais c'est aussi des heures qui ont été belles,
03:20 avec des mains tendues, etc.
03:22 Et donc je pense que ce qu'Emmanuel Macron n'a pas compris,
03:26 c'est qu'en réalité, se promener dans ces pays,
03:29 en faisant repentance, perpétuellement repentance,
03:31 on attise la haine de soi, attise le mépris des autres.
03:37 Et il n'a pas compris non plus, dans la politique africaine,
03:40 qu'en s'appuyant notamment avec le sommet Afrique-France,
03:45 avec le Conseil présidentiel pour l'Afrique,
03:47 beaucoup sur la bourgeoisie africaine, de la diaspora,
03:49 qui est assez éloignée de ces pays, contre les dirigeants,
03:52 en réalité, il a introduit une sorte de suspicion,
03:56 et aujourd'hui, une France qui est plus faible,
03:59 on le voit sur le plan économique.
04:00 L'Europe, notre voix pèse beaucoup moins,
04:02 parce qu'on a un endettement pharaonique,
04:04 parce qu'on sera un des derniers pays à atteindre les objectifs de Maastricht,
04:07 avec des 3%. Cette France qui s'affaiblit,
04:10 elle s'affaiblit dans l'intention, parce qu'il y a la repentance,
04:12 elle s'affaiblit aussi dans sa position économique,
04:15 elle s'affaiblit aussi par la voie diplomatique,
04:17 et Emmanuel Macron ne l'a pas compris, malheureusement.
04:19 - Bien, savez-vous quand le projet de loi immigration du gouvernement
04:23 sera soumis au vote au Sénat ? On parle de novembre ?
04:26 - On parle du 6 novembre, ce sera confirmé lors de la prochaine conférence de 13 avril.
04:32 - Donc le 6 novembre, vote au Sénat.
04:34 - Début de l'examen.
04:36 - Et puis vote au Sénat. - N'allons pas trop vite quand même.
04:38 - Début de l'examen, puis vote, puis vote au Sénat.
04:41 Parce que ça commencera au Sénat.
04:42 Si le gouvernement retire la régularisation des travailleurs sans papier dans les métiers,
04:47 attention, est-ce que vous voterez ce texte ?
04:51 - Alors, c'est imprégnable. Vous avez raison de le dire,
04:54 on en a toujours fait une ligne rouge. - C'est pour ça que je vous pose la question.
04:56 - L'article 3, s'il y a cet article 3, ce sera non.
05:00 L'article 4, c'est la même chose. On en parle beaucoup moins,
05:02 mais l'article 4, ça concerne les demandeurs d'asile qui pourraient travailler
05:06 pour rétablir le droit au travail pour les demandeurs d'asile.
05:09 - Voilà. Aujourd'hui, ils ont ce droit au travail.
05:11 Après six mois, on pense que c'est dangereux parce que c'est créé un second guichet,
05:15 c'est-à-dire qu'évidemment, tout le monde demandera du droit d'asile.
05:18 Ils seront refusés au premier guichet de la demande du droit d'asile,
05:20 et donc ils auront un guichet de rattrapage.
05:22 Donc ce sera une nouvelle pompe aspirante.
05:24 En revanche, nous ne nous limitons pas à ces sujets-là.
05:27 Nous voulons enfin, je vais vous dire, il n'y a pas une seule,
05:31 comment dirais-je, un seul phénomène qui a autant bousculé la société française
05:35 que l'immigration depuis 50 ans.
05:37 Donc on ne peut plus, si j'ose dire, faire semblant, tricher avec les Français.
05:41 On en est à 21, 22 lois en un peu plus de 20 ans.
05:46 Donc il faut une rupture. Cette rupture, c'est bien sûr ne pas créer de pompe aspirante.
05:50 L'article 3, mettez en tension, c'est aussi transformer l'aide médicale d'État
05:55 en aide médicale d'urgence, comme font tous les pays européens, Jean-Jacques Bourdin.
05:59 C'est aussi rétablir... - Oui, les cas urgents seront toujours soignés.
06:02 - Évidemment, on ne laisse pas mourir quelqu'un dans la rue.
06:04 Évidemment, simplement, aujourd'hui, l'aide médicale d'État est une sorte de sécurité sociale
06:10 pour les clandestins, et nous, si on leur donne cette sécurité sociale,
06:13 c'est parce qu'on se dit qu'ils vont rester ad vitam aeternam.
06:15 - Donc on transforme la ME ? - On transforme la ME.
06:18 On rétablit le délit pour le séjour illégal.
06:20 On dépose, par exemple, les demandes de droit d'asile, etc.
06:23 - En dehors du territoire ? - Exactement.
06:25 Donc ce sont tous ces marqueurs qui doivent être...
06:28 - Tout ce que vous demandez ? - Bien sûr.
06:30 - Vous souhaitez que ces marqueurs soient contenus dans la loi ?
06:33 - Bien sûr. - L'article 3, vous dites non,
06:36 nous ne voterons pas le projet de loi si l'article 3 et l'article 4 sont inscrits dans le projet, c'est clair ?
06:43 - C'est absolument clair. - Motion de censure ?
06:45 - Alors, c'est pas le Sénat. Le Sénat n'a pas ce pouvoir-là, donc je suis très respectueux.
06:50 Mais oui, je pense qu'on n'a pas le droit d'écarter la motion de censure
06:53 si le gouvernement triche avec les Français.
06:56 - Aurélien Pradié dit "N'ayons pas peur de faire tomber le gouvernement".
07:00 Vous avez peur de faire tomber le gouvernement, Bruno Rotaillot ?
07:03 - Moi je n'ai pas peur de faire tomber ce gouvernement,
07:06 je pense qu'encore une fois, la question migratoire elle est fondamentale.
07:09 Regardez en Europe, mais même en France, la question migratoire,
07:13 si vous ne la traitez pas, vous avez une insurrection dans les urnes, une insurrection électorale.
07:18 Regardez à Mayotte, Jean-Marie Le Pen au second tour,
07:21 en 2002 contre Jacques Chirac, il fait moins de 12%.
07:25 Sa fille, 20 ans après, elle fait 59%.
07:28 Eh bien moi, je veux retirer cet argument au démagogue.
07:31 - Donc censure, s'il y a motion de censure, il y aura 49.3.
07:37 Ça vous choquerait que le 49.3 soit employé ?
07:39 - Depuis le départ, je pense que ce texte n'a pas de majorité.
07:42 Depuis le départ, ça fait depuis...
07:44 - Aujourd'hui vous dites "ce texte", c'est-à-dire que le LR ne viendront pas au secours de la majorité.
07:50 - Mais c'est pire que cela.
07:51 Vous savez, il y a un an, Gérald Darmanin m'appelle.
07:54 Il me dit "Bruno, nous allons déposer en première lecture
07:58 un texte sur la migration, il sera en première lecture examiné au Sénat".
08:02 Ça fait un an. Pourquoi est-ce qu'il y a eu tant de tergiversations ?
08:06 Parce que ce n'est pas tellement LR.
08:07 Et on le voit avec la tribune parue dans Libération ce matin.
08:10 On voit bien que c'est la majorité.
08:12 La majorité elle-même est dévisée contre elle-même.
08:16 Et donc, ce texte-là, il y a toutes les chances qu'il n'ait pas de majorité.
08:19 Et je pense que du coup, le gouvernement sera contraint à un 49.3 pour le faire passer.
08:25 - Assumons d'être dans l'opposition, c'est ce que dit Aurélien Pradié.
08:28 - Il faut l'assumer.
08:29 - Sans rappel à l'ordre, comment le prenez-vous d'ailleurs ?
08:32 Sans rappel à l'ordre de Pradié ?
08:34 - Moi, je ne le prends pas comme un rappel à l'ordre, parce que je suis sénateur.
08:37 - Oui, mais vous êtes dans le même parti.
08:40 - L'article 3 est fondamental, ce que je veux dire aux Français aujourd'hui.
08:42 C'est que, pour expliquer rapidement, au moment où je vous parle,
08:46 il y a 350 000 emplois qui sont vacants.
08:49 350 000 emplois en France qui sont vacants.
08:51 Mais en face, vous avez un demi-million d'immigrés qui sont au chômage.
08:56 Donc vous voyez bien que ce n'est pas la solution de faire venir encore plus d'immigrés en France.
09:01 - Mais que faites-vous de ces travailleurs ?
09:03 Ces travailleurs qui n'ont pas de papier et qui travaillent aujourd'hui,
09:07 dans des entreprises, dans des commerces, vous le savez.
09:10 - C'est du travail qu'ils ont destin.
09:12 - Vous êtes interrogés sans cesse par les chefs d'entreprise qui vous dites "mais qu'allez-vous faire pour nous ?"
09:17 - C'est du travail.
09:18 - Alors on les expulse ou pas ?
09:18 - C'est du travail qu'ils ont destin.
09:19 - Si on ne les naturalise pas, est-ce qu'on les expulse ?
09:22 - Je pense qu'il faut, je pense qu'en tout cas, nous, en France...
09:25 - Les gens qui travaillent depuis 2-3 ans, est-ce qu'ils doivent être expulsés ?
09:28 - Je pense qu'en tout cas, un travailleur clandestin ou quelqu'un qui est en situation irrégulière en France
09:34 n'a pas vocation à rester en France.
09:35 - Donc il est expulsé.
09:36 - On peut le faire de façon humaine.
09:37 - Celui qui travaille dans un restaurant ou dans les travaux publics depuis 2 ans,
09:42 qui a titre de séjour, titre de séjour après titre de séjour, doit être expulsé.
09:47 - Non mais...
09:47 - Et non pas naturalisé.
09:48 - Jean-Jacques Bourdin, s'ils ont un titre de séjour, c'est qu'ils sont en condition...
09:53 - Oui, mais il faut les renouveler.
09:54 - Il faut les renouveler, c'est le titre de séjour.
09:55 - Mais ça c'est différent.
09:56 Ça peut toujours y avoir, et la préfecture, le pouvoir du préfet peut régulariser quand ils sont parfaitement intégrés.
10:02 - Donc, vous acceptez une certaine régularisation ?
10:05 - Ils ont un titre, mais non.
10:06 S'ils bénéficient d'un titre de séjour, comme vous venez de le dire, alors leur situation est légale.
10:12 - Mais ils peuvent être naturalisés s'ils sont là depuis plusieurs années.
10:15 - Alors, il y a la question de la naturalisation.
10:17 Je pense qu'on a en France le régime le plus laxiste de naturalisation.
10:21 Il faut vraiment que la langue, la culture, l'histoire soient impérativement...
10:26 - Et le travail ?
10:27 - Et le travail aussi, bien sûr.
10:29 C'est une voie de l'inclusion.
10:30 Ce que je veux dire pour terminer, c'est qu'aujourd'hui, on a un échec de l'assimilation, de l'intégration.
10:35 Ça n'est pas, en accueillant toujours plus d'immigrés, plus de 500 000,
10:39 avec l'immigration irrégulière, c'est sans doute plus d'un demi-million par an.
10:44 C'est quand même une submersion.
10:45 Donc, on bloque la machine à intégrer, parce qu'on n'a plus les capacités, notamment d'accueil, d'hébergement.
10:50 Les Français eux-mêmes ont des problèmes d'hébergement.
10:52 - Référendum. Emmanuel Macron va faire une proposition dans la semaine qui vient.
10:56 Vous réclamez un référendum sur l'immigration.
10:58 Donc, révision de la Constitution, réunion du Parlement, évidemment, l'Assemblée nationale et le Sénat.
11:04 Quelle question poseriez-vous ?
11:07 - Alors, moi, je suis depuis longtemps favorable au référendum pour l'immigration pour deux raisons.
11:13 La première, je vous le disais, il n'y a pas un phénomène qui ait autant, depuis 50 ans, bouleversé la société française,
11:19 sans qu'on ait demandé l'avis aux Français.
11:21 Moi, je suis pour que ce soit les Français qui traitent ces questions,
11:25 plutôt que cette question, on la laisse au parti démagogique.
11:28 Première chose. Deuxième chose, je pense...
11:30 - Ou à l'Assemblée nationale, ou au Sénat.
11:32 - Je pense que, pour ma part, il faut opposer à des jurisprudences du Conseil constitutionnel la voix du peuple.
11:38 Je pense que c'est au peuple qu'il appartient de faire la loi.
11:41 - Mais quelles questions poseriez-vous ?
11:42 - Il y a deux questions. Il faut d'abord réviser la Constitution.
11:45 Aujourd'hui, l'article 11, on est d'accord ?
11:47 - L'interdit.
11:48 - L'interdit. Donc il faut faire rentrer dans le champ de l'article 11,
11:53 la possibilité de consulter le peuple français sur l'immigration.
11:56 Moi, je poserai une dizaine de questions, assez détaillées.
11:58 - Plusieurs questions dans un même référendum.
12:00 - Je vais vous dire pourquoi. Parce que je veux que ce référendum s'impose aux jurisprudences,
12:05 c'est-à-dire aux droits que créent des courts suprêmes qui n'ont pas été élus.
12:09 Et donc, je poserai la question, voulez-vous, par exemple, rétablir le délit pour séjour illégal ?
12:16 Voulez-vous que les demandes, notamment pour les réfugiés,
12:21 enfin pour ceux qui prétendent avoir le statut de réfugiés,
12:23 les demandes d'asile soient déposées à l'étranger ou aux frontières ?
12:26 Je déposerai un certain nombre de questions, une dizaine de questions,
12:31 pour qu'une fois tranchées, vox populi, vox dei,
12:34 c'est-à-dire qu'elles s'imposent à tous, aux parlementaires comme aux juges constitutionnels.
12:40 - Le pouvoir d'achat des Français, sujet majeur en cette rentrée, Bruno Retailleau,
12:44 vous le savez, le carburant va encore augmenter, il est déjà très haut.
12:48 L'État doit-il proposer de nouvelles ristournes ?
12:52 - Je suis très partagé. - Mais les LR sont très partagés aussi.
12:56 - Je suis très partagé parce que, alors, Total vient, il y a quelques heures,
13:01 de dire qu'il limiterait... - D'accepter le 4D, voilà.
13:04 - Exactement. - De limiter à 1,99€ le prix du lit.
13:07 - Voilà, exactement, c'est-à-dire qu'il y aurait une sorte de plafond.
13:10 Moi, ce que je pense que l'on peut faire,
13:12 c'est qu'il y a un mécanisme qui est très compliqué sur la fiscalité,
13:16 sur l'essence, sur le diesel, mais qu'au moins on restitue,
13:20 que l'État restitue aux Français ce qu'il gagne par la seule fête de l'élévation du prix du gazole.
13:27 Et tout simplement parce qu'on sait parfaitement qu'il y a un mécanisme où plus l'essence,
13:32 le prix de l'essence et du gazole augmentent, et plus l'État va gagner en taxes.
13:36 Je pense qu'il faut limiter cette progression.
13:40 Maintenant, il n'y aura pas de miracle, je préfère le dire.
13:44 - À un moment donné, quand on a 10 centimes... - Donc pas de ristourne.
13:48 Xavier Bertrand réclame une ristourne de 15 à 20 centimes, mauvaise solution ?
13:53 - Je pense que... - Mauvaise idée ?
13:55 - C'est cette idée de restituer aux Français ce que l'État va gagner sur leur dos.
13:59 J'ai demandé d'ailleurs à la Commission des finances...
14:01 - Vous n'êtes pas d'accord avec la ristourne de 15 à 20 centimes ?
14:05 - Systématiquement, non. Pas systématiquement.
14:08 Je veux créer un mécanisme qu'on est en train d'étudier.
14:10 On l'étudiera pour le PLF, pour le budget qu'on examine au Sénat,
14:15 deuxième quinzaine de novembre.
14:17 - Bien, le RN propose lui de ramener la TVA de 20 à 5,5 sur les produits pétroliers.
14:25 Non ? - Non.
14:26 - Non. Pourquoi ? - Non, mais attendez.
14:27 Je vais vous dire, tout simplement parce qu'on va mettre l'État...
14:29 - Parce que l'État a besoin d'argent ? - Parce que l'État est en quasi-faillite.
14:32 On est sur la voie de la banqueroute, Jean-Jacques Bourdin.
14:35 Bien sûr que je dis non. Parce que quand il y aura une banqueroute,
14:37 on est à 3 000 milliards de dettes.
14:39 Quand les agents de notation dégraderont la note française,
14:43 alors les marchés financiers nous feront payer.
14:45 Et au bout du compte, ceux qui payent, ce n'est pas les riches,
14:48 comme l'a montré la Grèce, comme l'a montré le Portugal.
14:51 C'est les plus petits, les plus modestes.
14:53 Et ça, le Front National, le Rassemblement National...
14:55 Moi, j'ai été étonné. J'ai lu l'interview de M. Bardella.
14:59 Il parle de puissance française.
15:01 Mais la puissance, c'est la souveraineté économique financière.
15:04 Comment peut-il y avoir de puissance avec un pays affaibli ?
15:07 Ce que je reproche à Emmanuel Macron,
15:09 c'est d'avoir tant affaibli économiquement la France,
15:11 on est le pays désormais le plus mal géré d'Europe.
15:14 Eh bien, un pays qui ne tient pas ses comptes
15:16 est un pays qui ne tient pas son rang.
15:18 On ne peut pas vouloir la France du général de Gaulle
15:22 avec le programme de François Mitterrand
15:25 et même d'ailleurs de Jean-Luc Mélenchon.
15:26 - Oui, mais Bruno Retailleau, le budget va venir en discussion.
15:31 Là aussi, je vais vous en parler, mais au parlant sur le budget,
15:35 il y a des économies à faire sur les niches fiscales.
15:38 On est bien d'accord ? - Oui.
15:39 - Mais j'en connais une, tiens.
15:42 À propos du carburant, est-ce qu'il faut renier ou supprimer
15:45 les niches fiscales qui ont un impact négatif sur les émissions de CO2 ?
15:49 Je pense au gazole des poids lourds.
15:52 Gazole des poids lourds, en partie défiscalisé.
15:55 On n'y touche pas, dit le gouvernement.
15:57 Vous êtes d'accord avec le gouvernement ?
15:59 - Je pense que toutes ces taxes et ces niches
16:01 ont vocation à disparaître progressivement.
16:04 Je vais prendre un exemple, pas les poids lourds,
16:06 mais les agriculteurs par exemple.
16:07 Il y a un accord pour que, dans le temps, à hauteur de quelques centimes...
16:11 - Il y a une rencontre d'ailleurs avec la FNSEA,
16:14 la semaine prochaine, du gouvernement avec la FNSEA.
16:16 - Ça ne peut se faire qu'à deux conditions.
16:18 Un, ça doit être progressif, parce que sinon,
16:21 on a déjà, vous savez, la part du transport français,
16:23 le pavillon français dans le transport en France, c'est 15%.
16:27 Parce qu'ils ont un problème de compétitivité par rapport à d'autres...
16:30 - Vous voulez renier leur avantage ?
16:33 - Je dis deux choses. La première condition...
16:35 - Vous voulez supprimer cet avantage, cette défiscalisation du carburant ?
16:39 - Je vous dis qu'on ne peut le faire, comme pour les agriculteurs,
16:42 de façon très douce et dans le temps.
16:47 Deuxième chose, il faut le faire à la condition
16:51 qu'il y ait aussi une solution.
16:53 Or, aujourd'hui, il n'y a pas de camions électriques.
16:55 Il n'y a pas de camions électriques.
16:56 Et il n'y a pas encore de camions hydrogènes.
16:58 Donc pour l'instant, on attend.
16:59 Donc pour l'instant, on ne peut pas se précipiter,
17:01 parce que la deuxième condition, la deuxième condition n'est pas remise.
17:04 - Même si l'État a besoin d'argent, même s'il faut être rigoureux sur les finances publiques.
17:08 - Mais l'État a besoin d'argent...
17:09 - Oui.
17:10 - Attendez, Jean-Jacques Bourdin.
17:10 - Oui.
17:11 - Arrêtons cette idée que l'État doit avoir de l'argent.
17:14 Oui. Mais qu'il doit se procurer de l'argent sur le dos des Français, c'est non.
17:17 On est le pays le plus fiscalisé, le sobre aux taxes.
17:19 - Alors on se procure de l'argent où ?
17:20 - Les économies.
17:21 - Voilà une économie.
17:23 Une liste fiscale qu'on supprime.
17:25 - Non, c'est autre chose. C'est une augmentation d'impôts.
17:27 Moi ce que je veux, c'est des baisses de la dépense.
17:29 L'an dernier, je le dis à Bruno Le Maire, il l'avait oublié,
17:33 puisqu'il dit "mais LR n'est pas responsable".
17:35 Nous avions proposé plus de 5 milliards.
17:37 Je suis désolé, dans le budget, le PLF 2023,
17:41 nous avions proposé plus de 5 milliards d'euros d'économies.
17:44 Ils n'en ont pas voulu.
17:45 On avait par exemple proposé, sur le bonus/malus,
17:48 vous voyez, qu'on fasse 500 millions d'économies
17:51 pour ne pas subventionner les voitures chinoises électriques.
17:54 Ce que font d'ailleurs maintenant les Américains.
17:56 Puisque, dans l'Ira, ils considèrent qu'ils ne peuvent subventionner désormais
18:00 que les voitures fabriquées ou assemblées aux Etats-Unis.
18:03 On voulait faire la même chose.
18:04 Un demi-milliard d'économies, ils y sont venus, mais qu'après.
18:07 - Vous voterez le budget ?
18:09 - Non, on n'a pas vocation à voter le budget pour deux raisons.
18:11 - Vous ne voterez pas le budget ?
18:12 - Pour deux raisons. D'abord...
18:14 - 49-3 donc ?
18:15 - D'abord...
18:16 - Cela dit, le gouvernement, sur le budget, peut passer tous les 49-3 qu'il veut.
18:19 - On est d'accord. Le vote d'un budget, c'est d'abord un vote politique.
18:23 Ce n'est pas un vote technique, c'est le marqueur de l'appartenance à une majorité.
18:27 Vous me posiez la question tout à l'heure, est-ce que vous êtes macroniste ?
18:29 Non, nous ne sommes pas macronistes, nous sommes dans l'opposition.
18:31 Une opposition constructive.
18:33 J'ai soutenu la réforme des retraites, elle était impopulaire, je suis dans l'opposition.
18:37 Donc, il faut vraiment avoir foi en l'intérêt général.
18:39 Bon, première chose. Donc, ce n'est pas une opposition pavlovienne.
18:43 Deuxième chose.
18:44 Ce qu'on appelle le tiré à part, c'est-à-dire un petit peu le brouillon
18:47 que le gouvernement transmet au Parlement en mois de juillet.
18:50 On l'a eu, il n'y avait que 4,2 milliards d'économies.
18:54 Et d'un côté, ces 4,2 milliards d'économies, en face, il y avait pourtant 20 milliards de dispositifs,
19:00 par exemple comme le bouclier tarifaire, énergie, qui s'arrêtaient,
19:03 par exemple comme 3 milliards du plan de relance Covid qui s'arrêtaient.
19:07 Donc, vous vous rendez compte, il y a 20 milliards qui étaient des dépenses exceptionnelles,
19:10 qui donc devaient s'arrêter, mais ces 20 milliards, au bout du compte,
19:14 ça ne donne que 4,2 milliards d'économies. Pourquoi ?
19:17 Parce que la plupart des ministères voient leur budget augmenter,
19:21 c'est-à-dire que la dépense publique ordinaire va augmenter.
19:24 C'est la raison profonde pour laquelle nous ne pouvons pas voter un budget
19:28 si il n'y a pas des économies qui nous permettent de retrouver notre souveraineté financière et budgétaire.
19:34 - Je voudrais terminer avec le Puy-du-Fou.
19:36 Vous étiez cavalier à 17 ans.
19:39 Vous avez fait partie de ceux qui ont créé ce parc d'attractions,
19:44 aujourd'hui qui connaît un énorme succès.
19:46 Vous avez vu "Complément d'enquête", l'émission ?
19:48 - Je l'ai regardée, je l'ai regardée, bien sûr.
19:51 - Et alors ?
19:52 - Jean-Jacques Bourdin, vous le savez...
19:54 - Vous vous êtes fâché avec Philippe de Villiers, que les choses soient très claires.
19:57 - Oui, bien sûr. Le Puy-du-Fou, c'est un peu mon jardin secret,
20:01 et je me suis interdit toute déclaration depuis que je l'ai quitté.
20:05 Ou plutôt, depuis qu'on me l'a fait quitter.
20:08 Le Puy-du-Fou, ce que j'en garde, c'est ses souvenirs vraiment exaltants d'un jeune cavalier.
20:14 Je l'étais, j'étais casse-cou, j'étais à l'hôpital parce que lancer des chevaux dans la nuit,
20:21 avec des feux d'artifice, avec plein de choses, c'était dangereux, mais voilà, on était jeune.
20:26 Et ces moments où j'ai été cavalier, ces moments où pendant pratiquement 25 ans,
20:30 j'étais metteur en scène, j'étais totalement bénévole, je ne me faisais même pas payer un kilomètre.
20:35 - Vous étiez bénévole, totalement ?
20:36 - J'étais totalement bénévole, je ne me faisais même pas payer mes frais culmétriques,
20:39 j'y passais mon temps.
20:40 - Il y avait cet esprit d'association, cet esprit de bénévolat...
20:44 - Extraordinaire, mais extraordinaire.
20:46 - Perdu, perdu, c'est ce que montre dans tous les cas l'enquête.
20:52 - En tout cas, je vais vous dire une seule chose seulement, pour beaucoup de mes amis que j'ai laissés au puits du fou,
20:57 qui sont des bénévoles, ils ne méritent pas le traitement que cette émission leur a fait.
21:01 Ils ne sont pas des poivreaux, ils ne viennent pas parce qu'ils veulent voir un coup,
21:04 ils viennent parce que la vendée, cette histoire-là, méconnue de l'histoire de France,
21:09 nous l'avons payée très très cher, eh bien c'est quelque chose qui nous appartient.
21:13 - Et la famille de Villiers s'est accaparée le puits du fou ?
21:16 - Je ne vous répondrai pas, Jean-Jacques Bourdin.
21:18 - Mais vous le pensez ou pas ?
21:20 - Je ne vous répondrai pas, ce que je veux garder du puits du fou,
21:23 c'est ces moments de bonheur au service d'une histoire,
21:27 qui est celle de la vendée, mais qui est celle aussi de notre pays.
21:30 - Pourquoi vous êtes vous fâché d'ailleurs, Philippe de Villiers ?
21:33 - Vous êtes un journaliste hors pair, je vois votre oeil pétillé.
21:36 - Mais non, moi j'aime savoir la vérité, moi j'aime savoir la vérité.
21:40 - Je considère, vous voyez que...
21:42 - Elle est intime ?
21:43 - Elle est intime, et elle m'appartient, c'est mon jardin.
21:46 - Je respecte.
21:46 - Et encore une fois, j'ai passé des moments extraordinaires.
21:50 - Est-ce que vous déplorez, alors je ne vous parle pas de la famille de Villiers,
21:53 est-ce que vous déplorez l'évolution ?
21:55 On est passé d'un monde associatif de bénévoles,
21:59 à un monde assez lucratif, où l'argent a pris beaucoup de place.
22:05 Vous le déplorez, vous le regrettez ?
22:07 - Vous pouvez faire mille et une tentations, changer de ton, changer les mots,
22:11 pour poser la même question, je ne vous répondrai pas.
22:14 C'est une ligne sur laquelle je me suis tenu depuis près de 15 ans.
22:18 - Vous y êtes retourné ?
22:20 - Mais je n'y suis pas retourné, notamment à la Ciné-scénique et le spectacle du soir,
22:25 j'invite les Français à mieux connaître leur histoire.
22:27 - Vous n'y irez plus jamais ?
22:29 - Ecoutez, voilà, tout ça m'appartient,
22:33 ça a été des moments de souffrance pour moi,
22:36 mais vous voyez, d'abord, j'ai aucune vertu de ce point de vue là,
22:40 mais ma mémoire ne sélectionne que les bons moments, vous voyez,
22:43 donc ça me protège, et je ne suis pas quelqu'un qui est animé par le ressentiment, pas du tout.
22:48 Je pense que, et je tiens à ce que, cette histoire de France avec la Vendée
22:53 soit mieux connue par ce qu'il s'est passé, non pas avec 89, la révolution,
22:57 vous savez, les cahiers d'oléances des Vendéens,
22:59 c'était les mêmes que les cahiers d'oléances que les Français,
23:01 sauf qu'il y a eu la terreur, Robespierre.
23:03 Quand je vois des hommes politiques aujourd'hui qui vénèrent Robespierre,
23:06 Robespierre n'est pas un héros, c'est un bourreau.
23:08 Et d'ailleurs, la terreur l'a dévoré lui-même.
23:10 - L'histoire l'a montré.
23:11 - Bien sûr, et la terreur a dévoré ses enfants.
23:13 - Alors tiens, dernière question qui sera très politique, là vous allez me répondre.
23:17 Laurent Wauquiez est votre candidat pour...
23:19 (rires)
23:21 - Peut-être qu'il le sera.
23:22 - C'est celui d'Éric Ciotti.
23:24 - Peut-être qu'il le sera, peut-être qu'il le sera,
23:26 mais il ne vous a pas échappé qu'il y a un an, je me présentais avec Éric Ciotti,
23:31 et j'avais une ligne en me disant "on ne parle pas des présidentielles avant les européennes".
23:37 On se reconstitue d'abord, on ne se jette pas dans la bataille des égos.
23:41 - François-Xavier Bellamy, votre ami, sera tête de liste.
23:44 - C'est ce que je souhaite, je pense qu'il est le candidat naturel,
23:46 il a fait un travail fantastique, il a défendu les intérêts de la France à Bruxelles,
23:51 et je pense qu'il faut être persévérant.
23:54 Moi je lui accorde toute ma confiance.
23:56 - Merci d'être venu nous voir ce matin Bruno Rotaillot.
23:59 Merci, il est 8h58, vous êtes sur Sud Radio.