Réflexion sur l'immobilier durable avec Charlotte Degoulet, Directrice Conseil en Développement chez JLL. Différentes stratégies sont discutées : rénovation plutôt que reconstruction, intensité d'usage et meilleure utilisation des espaces.
Toutes ces questions répondent à un constat : l'immobilier étant un des secteurs les plus émetteurs, la part de responsabilité est plus grande pour ses acteurs.
Toutes ces questions répondent à un constat : l'immobilier étant un des secteurs les plus émetteurs, la part de responsabilité est plus grande pour ses acteurs.
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00:00 Bonjour Charlotte Dougoulet, bienvenue. Bonjour, merci beaucoup.
00:08 Vous êtes directrice conseil en développement chez JLL, société de conseil en immobilier
00:13 d'entreprise. Je commence par une question très générale. Qu'est-ce que ça veut
00:16 dire pour vous immobilier durable ? Baste sujet dont on parle beaucoup ces derniers
00:22 temps. Je pense que pour moi et pour tous les collaborateurs de l'équipe, l'immobilier
00:27 durable c'est tout simplement l'immobilier non pas de demain mais l'immobilier d'aujourd'hui.
00:32 On n'a plus d'autre choix que de rendre notre immobilier durable pour la simple et
00:36 bonne raison qu'on travaille dans un secteur les plus carbonés.
00:40 Oui, on est une grosse partie du problème donc on est une belle partie de la solution.
00:44 Exactement. On peut retourner l'histoire.
00:45 Exactement. Donc aujourd'hui on a à la fois une grande responsabilité en tant que
00:48 professionnel de l'immobilier de pouvoir s'adapter, de pouvoir lutter contre le réchauffement
00:53 climatique et proposer des solutions et donc intégrer dans chacun de nos projets des principes
00:58 qui nous permettent de rendre cette construction beaucoup plus durable, en tout cas beaucoup
01:02 plus vertueuse. On va justement détailler certains de ces
01:05 principes. Je commence par la rénovation. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que par
01:09 principe, vous privilégiez le fait de rénover un bâtiment plutôt que de détruire et de
01:13 reconstruire. Absolument. Aujourd'hui, on sait que déjà
01:17 on vit dans un pays où il y a un environnement bâti assez dense. Paris est une ville extrêmement
01:22 dense, je pense qu'on l'a suffisamment dit, ou en tout cas la région francilienne.
01:25 Ce qui veut dire que l'on doit d'abord travailler sur l'existant. On sait que 80% du bâti
01:30 d'aujourd'hui sera encore là en 2050. Ce qui veut dire que nous devons agir sur le
01:34 stock existant avant même de penser aux nouvelles constructions.
01:38 La loi vous y oblige aussi, le zéro artificialisation net pour 2050.
01:43 Tout à fait. C'est un aiguille en une certaine façon.
01:46 Tout à fait. Donc le premier réflexe que l'on a quand on regarde un bâtiment aujourd'hui,
01:51 c'est de se dire comment on peut retravailler l'existant. Faire avec le déjà là, avec
01:55 les qualités et parfois les défauts intrinsèques du bâtiment.
01:59 Je ne vais pas dire qu'on ne démolit plus du tout, puisque parfois ça se justifie pour
02:03 des raisons techniques, réglementaires. Mais on va essayer de retravailler au maximum
02:09 cet existant pour en faire de manière assez vertueuse. On va retravailler sur les matériaux,
02:14 sur la qualité des façades, sur l'usage aussi, pour le rendre plus vertueux.
02:18 Un point important peut-être sur démolir plutôt que reconstruire, c'est tout simplement
02:22 le poids carbone. Aujourd'hui, c'est sans commune mesure. On a 50%. Les équivalents
02:30 de kilo de carbone dépensés entre une rénovation et une construction neuve sont du simple
02:35 double. Donc, nous avons quoi qu'il en soit cette responsabilité.
02:37 Mais alors, j'ai posé une question qui fâche. Est-ce que c'est forcément moins cher de
02:42 rénover ? Non.
02:43 Au contraire, c'est plus facile de détruire. Non. Plus facile, en tout cas, il y a moins
02:51 d'aléas. C'est sûr qu'on a la chance. Chez JLM, on travaille 90% voire 95% de notre
02:56 activité, c'est la rénovation. Et on a le petit plaisir d'avoir de belles ou moins
03:00 belles surprises quand on travaille sur un projet de rénovation.
03:02 Néanmoins, c'est vrai qu'aujourd'hui, démolir et reconstruire, l'équation économique
03:09 peut être plus pertinente. Cela étant, on a un ensemble de bâtiments
03:16 qui sont assez patrimoniaux, donc qui ont des qualités architecturales. La question
03:19 de la démolition ne se pose même pas. Et puis pour ceux qui ont peut-être moins de
03:23 qualité, on doit s'interroger sur la manière de réutiliser l'existant. Si on le fait
03:30 intelligemment, il y a quand même des moyens que ça ne coûte pas trop cher.
03:35 Il y a un levier dont on parle moins, c'est l'intensité d'usage. Est-ce que vous
03:41 pouvez nous rappeler ce que ça veut dire ?
03:42 C'est un des principes que l'on défend et auquel on croit beaucoup. Aujourd'hui,
03:47 on sait que notamment dans l'immobilier tertiaire, à peu près le bâtiment est en
03:51 moyenne utilisé 60% du temps. Cela doit nous faire réfléchir avant de construire
03:56 tout mètre carré complémentaire puisque si en permanence, on a 40% de nos stocks
04:01 immobiliers qui est vide, voire peut-être plus, ça veut dire qu'on a un levier pour
04:06 ne pas artificialiser davantage. Donc, il faut travailler sur l'intensité, je dirais
04:12 la meilleure utilisation possible des mètres carrés.
04:15 Ça, ça se travaille quand on conçoit la rénovation ? Il faut anticiper ?
04:19 Oui. Il y a deux éléments. Il y a effectivement l'acte de construire ou de rénover qui
04:23 est important puisqu'on va penser sur des sujets techniques, le capacitaire, la ventilation,
04:29 les évacuations, les capacités portantes. Il y a tout un tas de sujets qui doivent nous
04:34 permettre d'accueillir plus de monde ou plus d'usage avec effectivement des choses
04:38 qui s'anticipent. Et puis ensuite, c'est l'usage tout simplement, qui on accueille
04:42 dans le bâtiment, comment on l'exploite, comment on le fait vivre. Et aujourd'hui,
04:45 on voit que chez nos clients, il y en a certains qui sont dorénavant très ouverts à accueillir
04:50 des tiers, à ouvrir par exemple le week-end ou le soir ou sur des horaires en décalé.
04:55 Ce n'est pas toujours le cas. En tout cas, on pousse pour que ça puisse l'être.
04:59 Un dernier mot, il nous reste vraiment moins d'une minute sur le réemploi parce que là
05:03 aussi, c'est quand même une espèce de révolution culturelle dans le secteur du bâtiment.
05:07 Oui, alors vous avez raison. C'est vrai qu'on voit une accélération du réemploi.
05:11 Je dirais tous les re-réemploi, réutilisation, recyclage qui correspondent chacun à des
05:16 logiques de projets et industrielles différentes. Aujourd'hui, dans tous nos projets, nous
05:22 mettons en place une stratégie de réemploi, qu'elle soit in situ, c'est-à-dire qu'on
05:26 reprend les matériaux qui sont sur le bâtiment pour le futur bâtiment ou qu'elle soit
05:32 ex situ, c'est-à-dire qu'on enlève et on utilise pour mettre dans un autre bâtiment.
05:38 On y croit beaucoup et là aussi, c'est un impact positif.
05:41 Merci beaucoup, Charlotte de Boulay. Profitez bien de ce SITKA, le rendez-vous de celles
05:46 et ceux qui rendent nos villes plus durables. Un salon dont BeSmart est partenaire. C'était
05:52 passionnant de réaliser ce Smart Impact ici au Grand Palais.