Il fut un temps où le pénis était vraiment important : en avoir ou pas, ça définissait la trajectoire de vie. C’est dans ce monde-là que la psychanalyse a été inventé et j’imagine que c’est pour ça que la tarte à la crème de la psychanalyse, c’est l’envie du pénis - un concept tellement fourre-tout
Retrouvez Promotion de canapé de Maïa Mazaurette sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
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AmusantTranscription
00:00 Que reste-t-il du pénis aujourd'hui ? Franchement, poser cette question en face d'une psy, c'est
00:04 comme débattre de barbecue face à Sandrine Rousseau, je ne suis pas très sereine.
00:07 Mais tant pis, je me lance.
00:09 Il fut un temps où le pénis était vraiment important.
00:12 En avoir ou pas, ça définissait la trajectoire de vie.
00:14 C'est dans ce monde-là que la psychanalyse a été inventée et j'imagine que c'est
00:18 pour ça que la tarte à la crème de la psychanalyse, c'est l'envie du pénis, un concept tellement
00:22 fourre-tout qu'en tant que femme, quand tu demandes l'égalité salariale ou la
00:25 carafe d'eau, t'as une chance sur deux que Jean-Patrick Lacan t'explique que tes
00:28 revendications en vrai, c'est l'expression de ton envie du pénis.
00:31 Mais on ne vit plus dans ce monde-là, Maya.
00:34 C'est vrai.
00:35 Avant, la différence entre les filles et les garçons, c'était que les filles n'avaient
00:38 pas de pénis.
00:39 Aujourd'hui, la différence entre les filles et les garçons, c'est que les filles ont
00:41 une vulve, un vagin, un clitoris, un utérus et plein de câbles cools pour les relier.
00:45 Les petites filles le savent dès leur plus jeune âge.
00:47 Et c'est une vraie révolution.
00:49 Le pénis n'est plus la référence d'une identité de femme.
00:52 Ça reste une référence de puissance.
00:54 C'est vrai qu'il y a encore tout un imaginaire guerrier et redoutable.
00:56 Le pénis, on en parle encore aujourd'hui, comme d'une matraque, un bazooka, un cuir
00:59 à sépotemkin.
01:00 Sauf que ces dernières décennies, la science est passée par là avec des mesures anatomiques
01:04 précises et homogénéisées.
01:05 Aujourd'hui, à peu près tout le monde sait qu'un pénis, c'est 13,5 cm en érection.
01:10 Or, croyez-moi, si les policiers avaient des matraques, le plus souvent molles, de 13,5
01:14 cm, les manifestants auraient vachement moins peur des violences.
01:17 Attends, c'est pas juste une question de taille.
01:19 Le pénis, c'est un reste d'organe actif dans le rapport sexuel.
01:21 Ça aussi, c'est terminé.
01:22 Depuis quelques années, le sexe féminin a récupéré son statut d'organe actif,
01:26 ce qui est quand même la moindre des choses quand on expulse des bébés de 3,8 kg.
01:29 Je rappelle aux cancres au fond de la classe que le vagin est entre autres un muscle et
01:33 donc certainement pas un trou dont il faudrait embrasser la passivité pour se connecter
01:37 à son lâcher-prise du féminin sacré, de la déesséra, de la Vierge Marie.
01:41 Il y a même tout un discours qui fait du sexe des femmes un sexe plus puissant que
01:44 celui des hommes.
01:45 Pendant longtemps, le triomphe du sexe des femmes, ça a été l'accouchement.
01:49 Mais aujourd'hui, la puissance s'exprime aussi dans le rapport sexuel.
01:52 Grâce à l'influence des mouvements gays, on a vu arriver le concept de "power bottom",
01:56 littéralement le dessous-puissant.
01:57 Être un "power bottom" ou une "power bottom", c'est être pénétré tout en restant la
02:01 personne dominante et active lors du rapport sexuel.
02:03 En fait, c'est exactement ce qui se passe quand on est au-dessus.
02:06 Il y a même un mot qui désigne cette configuration.
02:08 Quand le vagin se tape tout le boulot musculaire, tout le boulot actif, c'est plus une pénétration
02:13 mais une circlusion.
02:14 Le vagin circule le pénis et le pénis est passif.
02:16 En tout cas, ça y est, le pénis n'a plus aucun privilège.
02:19 En tout cas, ça devient compliqué d'en trouver.
02:21 Entre la médiatisation des personnes trans et la montée en nombre des personnes non-binaires,
02:24 avoir un pénis n'est plus le signe qu'on est un homme.
02:26 En présence de banque de sperme, le pénis n'est plus obligatoire pour devenir père.
02:29 En présence de sex toy, le pénis sera toujours surclassé par des machines.
02:33 En fait, le pénis est redevenu un organe, comme le pancréas, sauf que les hommes ne
02:37 nous saoulent pas avec la taille de leur pancréas et n'envoient pas de pancréas pics sur Tinder.
02:41 Bref, tout ça me ramène à ma question du début.
02:44 Que reste-t-il du pénis en 2023 ? Que reste-t-il de l'objet quand il ne symbolise plus rien
02:49 ?
02:50 Laissez-moi contre toute attente enfiler mon épée et mon bouclier de croisé du pénis.
02:54 Laissez-moi défendre le membre.
02:55 Parce qu'un pénis, ça peut faire pipi loin dans la neige.
02:57 Et ça, c'est incontestablement cool.
03:00 On n'a pas peur des idées qui dérangent dans cette émission.
03:03 Donc je vais oser quoi qu'il en coûte.
03:04 Je vais le dire à voix haute.
03:05 Oui, il reste une place pour le pénis en 2023.
03:07 Il faut juste attendre qu'il neige.
03:09 Merci Madame ! Retrouve ta chronique en podcast sur le site de France Inter.