Chroniqueur : Thomas Sotto
Ce matin, Thomas Sotto reçoit Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
Ce matin, Thomas Sotto reçoit Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, dans les 4 vérités.
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00:00 [Musique]
00:02 Bonjour et bienvenue dans les 4 V, Yael Brodbivet.
00:05 D'un mot, inscrire les cafés au patrimoine de l'UNESCO, les bistrots français, c'est une bonne idée ?
00:09 Vous soutenez ça ou pas ?
00:10 Alors c'est une bonne idée, on a même une opération des 1000 cafés pour revitaliser nos petits villages en France
00:15 parce que le café c'est l'endroit où on se rencontre et c'est souvent le seul point de vie d'un quartier.
00:19 Donc c'est une très bonne idée.
00:20 Même si on a compris que le Mouteveau c'était pas votre préférence.
00:22 Non.
00:23 Vous venez donc de regrimper sur votre perchoir de présidente de l'Assemblée du 49.3
00:26 puisque à peine rentrée, l'Assemblée se prépare déjà à voir le 49.3 débarquer en force.
00:31 Déjà, est-ce que vous savez s'il sera utilisé dès ce soir pour faire passer la loi de programmation de finances publiques ?
00:36 Non, je ne le sais pas. C'est une décision qui revient au gouvernement.
00:39 C'est un texte qui concerne nos finances, le budget et donc il est...
00:43 Les LR ont dit qu'ils ne voteraient pas.
00:44 Si nous n'avons pas de majorité, le 49.3 est effectivement un outil constitutionnel qui peut être utilisé par le gouvernement.
00:51 Donc ça va commencer aujourd'hui.
00:52 Je n'en sais rien, nous verrons bien. C'est une décision gouvernementale.
00:56 Mais je ne suis pas la présidente de l'Assemblée du 49.3 comme vous l'avez dit.
00:59 Bah si, parce que dans la foulée, il va y avoir tous les textes budgétaires qui sont premiers au 49.3.
01:02 Peut-être sans doute un peu plus tard, un 49.3 pour faire passer le projet de loi sur l'immigration.
01:06 Est-ce qu'à un moment, c'est pas trop ?
01:07 Alors, vous savez que sur... Moi, je regarde les faits.
01:10 Sur la précédente année, il y a eu 92 textes adoptés à l'Assemblée nationale, dont 3 textes adoptés au 49.3.
01:17 92 textes, 3 textes, pas n'importe lesquels.
01:19 Réforme des retraites, Camille, il y a eu un peu de femmes dans la rue.
01:22 2 textes budgétaires et un texte sur les retraites.
01:23 Donc il est complètement faux de dire que c'est l'Assemblée du 49.3.
01:27 C'est une assemblée qui vote, qui délibère, qui travaille.
01:30 Et pour certains textes, il y a effectivement recours à un outil constitutionnel
01:34 parce qu'il ne vous aura pas échappé que nous ne sommes pas en majorité absolue.
01:37 Sur le budget, jouer la carte du 49.3 serait contraire à l'esprit de la Constitution, je crois d'abord, au vertu du dialogue.
01:42 Vous savez qui a dit ça ou pas ?
01:43 Non.
01:44 C'est votre collègue du Sénat, Gérard Larcher, président du Sénat.
01:46 Écoutez, si le président du Sénat, qui appartient aux Républicains et son groupe,
01:52 veulent travailler avec nous et veulent adopter un budget pour la nation, nous en serions ravis.
01:57 Le 49.3 est un outil que nous utilisons lorsque nous sommes en situation de majorité relative, ce qui est le cas.
02:03 Maintenant, nous ne cessons de rechercher des partenaires pour travailler pour le bien-être des Français.
02:09 Vous n'arrivez pas à les convaincre visiblement.
02:10 On est d'accord que ça fait partie de la Constitution, le 49.3.
02:13 Il n'y a pas de problème institutionnel.
02:14 Mais est-ce qu'à un moment, ça ne pose pas un problème politique, un problème de légitimité ?
02:18 C'est la raison pour laquelle il a été très limité en 2008 et nous ne pouvons l'utiliser que pour les textes budgétaires ou une fois par session ordinaire.
02:26 Donc il est limité, mais il existe et personne n'a souhaité le supprimer, que ce soit des majorités de droite ou des majorités de gauche.
02:34 C'est un outil utile pour éviter le blocage.
02:37 Moi, je ne suis pas la présidente d'une assemblée qui va se bloquer et les Français ont besoin d'un budget.
02:43 Ils ont mieux passé en force.
02:44 Mais ça n'est pas passer en force.
02:46 C'est constater que sur certains textes, nous n'avons pas de majorité, mais nous n'avons pas non plus une majorité contre.
02:51 Puisque je vous rappelle que lorsqu'il y a un 49.3, les groupes d'opposition peuvent déposer une motion de censure et faire tomber le gouvernement.
02:58 Donc s'il y avait une majorité alternative, elle peut à ce moment-là se manifester.
03:03 Aujourd'hui, il n'y en a pas.
03:05 Mais je vais vous dire une chose.
03:06 Lorsque l'on vote, le budget, c'est quoi ?
03:08 Parce que ça paraît très théorique.
03:10 Le budget, c'est un texte comme un autre.
03:12 Ce n'est pas un texte comme un autre.
03:13 C'est un texte important qui définit la politique de la nation et qui met en œuvre des engagements que nous avons votés pendant cette année.
03:19 Le budget, c'est 7 milliards de plus pour l'écologie.
03:22 C'est 4 milliards de plus pour l'éducation.
03:24 C'est les salaires des professeurs revalorisés.
03:26 C'est ça le budget.
03:27 Est-ce que dans ce budget, il faut augmenter les impôts pour les plus favorisés afin d'aider les plus en difficulté ?
03:31 Ce n'est pas la stratégie que nous avons.
03:33 Nous avons une stratégie de fiscalité qui va continuer à baisser.
03:38 Nous continuons et nous assumons résolument une politique de baisse d'impôts.
03:42 Nous continuerons sur cette voie-là avec, par ailleurs, des économies réalisées pour avoir un budget qui soit un budget responsable.
03:50 Ce qui est sûr, c'est que ce vote du budget va arriver dans un contexte économique très compliqué pour beaucoup de Français, étouffés par l'inflation.
03:55 On a appris hier soir que Leclerc et Carrefour allaient finalement accepter de vendre leur essence, leur carburant à prix coûtant.
04:01 On a l'impression que le gouvernement parle et qu'ils font ce qu'ils veulent quand ils le veulent, non ?
04:05 Non, je ne vois pas les choses comme ça.
04:08 Il n'y a pas un petit sentiment d'impuissance quand même ? Il y a eu quand même le couac de la vente à perte que le gouvernement s'est pris dans la figure.
04:13 La porte a été fermée tout de suite. Là, ils disent peut-être qu'on va faire les prix coûtants.
04:16 Ils annoncent ça avant même d'être reçus à Matignon.
04:19 On est dans un pays où les personnes qui commercent fixent librement leurs prix et c'est normal et c'est bien ainsi.
04:27 Maintenant, sur le prix de l'énergie, l'État a fait un effort considérable pour aider les Français en les soutenant sur le prix du gaz, sur le prix de l'électricité, etc.
04:36 Là, on a besoin de la contribution et de l'effort de tous et donc on leur a demandé de faire un effort sur le prix de l'essence, ce qu'ils font.
04:45 Et c'est très bien ainsi. Il faut que chacun contribue et que chacun prenne sa part.
04:48 Sur la vente à perte, le porte-parole du gouvernement a annoncé tout de suite, oui on va le faire, ça va faire 50 centimes de moins par litre.
04:54 En fait, pas du tout. Sur l'énergie et l'essence, on a entendu Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, répéter pendant des mois,
05:00 il n'y aura pas de nouvelle aide, il n'y aura pas de chèque, paf, dimanche dernier, Emmanuel Macron annonce un chèque de 100 euros.
05:05 Pardon, mais ça flotte là, non ?
05:07 Alors, vous savez, moi, ce qui m'importe, c'est qu'au final, les Français soient aidés.
05:11 Et donc, si nous mettons quelques semaines, quelques mois à trouver les bonnes mesures, la mesure efficace qui va leur permettre de prendre leur voiture
05:20 pour pouvoir aller travailler, c'est très bien. Moi, ça ne me gêne absolument pas. Je ne suis pas de ceux qui sont sur deux au premier coup et qui ont toujours raison.
05:30 Donc là, il faut discuter, il y a un dialogue qui est entamé, la première ministre les a reçus.
05:34 Il faut être pragmatique parce qu'il faut voir quel est l'objectif que l'on souhaite atteindre.
05:37 Et là, l'objectif que l'on souhaite atteindre, c'est de soulager les Français. Et quand tout le monde s'y met, on y arrive.
05:42 Et ça, c'est ce qui compte pour moi.
05:44 Sur l'écologie aussi, on peut se poser des questions, Yael Brown-Pivet.
05:46 Comment comprendre que le lundi, le chef de l'État annonce qu'on va mettre le paquet sur l'écologie et que le mercredi, ce matin dans Le Parisien,
05:52 Bruno Le Maire annonce qu'il est favorable au report de la suppression de la location des passoires thermiques ?
05:58 Vous savez, il nous revient en feinte d'inventer un modèle, d'inventer une société qui ne soit pas la société de la décroissance, comme certains le prônent,
06:07 mais une société qui ne va pas opposer l'économie à l'écologie et qui, d'une part, arrive à réduire ses émissions de gaz à effet de serre
06:15 sans que ce soit insoutenable pour les citoyens et avec un modèle qui permette finalement d'avoir une société qui va mieux.
06:23 Mais est-ce qu'on l'a trouvé ce modèle ?
06:25 Et qui ne laisse personne de côté. Mais c'est ça qu'il faut qu'on trouve tous ensemble.
06:27 Je vais vous faire écouter ce que disait une députée que vous avez déjà entendue hier quand vous présidiez la séance, c'est Eva Sass, l'écologiste,
06:32 qui dit en somme, en même temps, sur l'écologie, sur la planification écologique, que ça ne fonctionne pas.
06:37 Écoutez.
06:38 Vous ne pouvez pas en même temps défendre les transports collectifs et la bagnole, comme vous dites.
06:43 Vous ne pouvez pas en même temps soutenir le ferroviaire et céder devant le lobby aérien.
06:48 Vous ne pouvez pas réduire les moyens des collectivités locales et leur demander de financer les RER métropolitains.
06:54 En même temps, en matière de transition écologique, ça ne marche pas et votre hésitation est irresponsable.
07:02 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
07:04 Justement, le défi est là, il est de réussir à tout concilier, jusqu'auboutisme en matière d'écologie.
07:11 Ça, ça ne marche pas parce que c'est ça qui laisse les gens sur le côté de la route.
07:15 Un peu encore, c'est le pragmatisme. Sur les passeports thermiques, vous êtes d'accord, il faut reporter la location ?
07:20 Je ne suis pas d'accord, ce n'est pas le pragmatisme, c'est rentrer dans la complexité des choses.
07:23 Il ne suffit pas de dire "on supprime les voitures parce que les voitures polluent".
07:27 Nous, ce n'est pas notre vision. Nous, on veut développer en France une filière de voitures propres avec la filière de voitures électriques.
07:35 Nous voulons accompagner chacun et nous ne pouvons pas mettre chaque Français à distance raisonnable d'une ligne de tramway et d'une ligne de train.
07:43 Je peux vous poser une question sur les passeports thermiques. On a raison de renvoyer à la Saint-Glinglin l'interdiction de location des passeports thermiques ?
07:48 Il ne faut pas renvoyer à la Saint-Glinglin. Je crois que ça, c'est une trajectoire que l'on a prise et qui est importante et il ne faut pas renoncer.
07:56 Donc il a tort Bruno Le Maire ?
07:58 Je ne suis pas là pour dire "il a tort, il a raison". Je vous dis ce que je pense moi.
08:03 On va revenir à cette assemblée que vous présidez. Elle est dirigée par un bureau avec six vice-présidents dont deux viennent des rangs du RN.
08:08 Il était question de renouveler ce bureau. Finalement, vous avez eu hier en fin de journée une réunion avec les présidents de groupe et rien ne va changer.
08:14 Ce sera le même bureau qui va être conduit. Dites-moi si j'ai dit une bêtise. Jusque-là, c'est bon.
08:18 Vous avez été très critiqué pour avoir permis que le RN occupe deux de ses vice-présidences.
08:22 Certains, y compris dans votre famille politique, vous ont reproché d'avoir fait la courte échelle au RN. Vous répondez quoi ?
08:28 Que j'ai une ligne qui est très claire. Je respecte les Français, je respecte leur vote en étant présidente de l'Assemblée nationale.
08:35 Je respecte le choix qu'ils ont fait en élisant des députés RN, en élisant des députés de la France Insoumise.
08:43 Chaque groupe politique a sa place dans l'instance la plus élevée de l'Assemblée nationale.
08:48 Après, je fais la différence entre cette place institutionnelle qui leur revient parce que les Français leur ont confié leur vote et la vie politique.
08:58 Je suis très claire là-dessus. Je ne travaille pas avec le RN. Je ne vote pas un amendement du RN.
09:06 Je ne vote pas une proposition de loi du RN. Je ne travaille pas avec le RN.
09:12 Je suis une opposante farouche du RN. Pour autant, ils ont leur place dans l'institution RN parce que les Français ont décidé ainsi.
09:20 Dernière question. 150 députés de tous bords militent pour le retour de la réserve parlementaire qui a été supprimée en 2017.
09:26 C'était une enveloppe de 130 000 à 150 000 euros qui pouvait être distribuée à des associations.
09:30 Certains disent que c'était du clientélisme. Est-ce que vous êtes favorable au retour de la réserve parlementaire ?
09:35 D'une façon générale, je ne suis pas favorable au grand retour en arrière où c'était mieux avant.
09:41 Je suis contre le retour de la réserve parlementaire. Je suis contre le retour du cumul des mandats.
09:46 Je considère que ces deux points veulent répondre à la question de comment on fait pour qu'un parlementaire soit proche des gens.
09:53 Mais ce n'est certainement pas en distribuant de l'argent qu'on retrouve la proximité avec nos concitoyens.
09:57 On a pris du café ce matin. C'est quoi ce petit bandeau doré ?
10:01 C'est un petit ruban doré pour le mois des cancers pédiatriques. On a encore aujourd'hui trop d'enfants qui sont malades.
10:09 J'en rencontre lors de mes déplacements. J'en accueille certains à l'Assemblée nationale.
10:13 Et aujourd'hui, et pendant tous ce mois, la représentation nationale pense à eux.
10:17 Donc j'ai une pensée aujourd'hui pour Eva et pour Adrien.
10:20 Et ma noble cause qui mettra tout le monde d'accord. Merci beaucoup à vous Yadir.
10:22 Merci à vous.
10:23 Bonne journée.