CINÉMA - Catherine Deneuve, à l'affiche de "Bernadette", est l'invitée exceptionnelle de Amandine Bégot

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L'actrice de 79 ans incarne Bernadette Chirac dans le biopic de Léa Domenach consacrée à l'ancienne Première dame de France, épouse de Jacques Chirac. Elle répond aux questions de Amandine Bégot et Stéphane Boudsocq dans RTL Matin.
Regardez L'invité de RTL du 29 septembre 2023 avec Amandine Bégot.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL Matin
00:05 Il est 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez, Amandine Bégaud.
00:10 Vous avez donc rencontré la comédienne Catherine Deneuve avec notre camarade Stéphane Boutsoc.
00:14 Bonjour Catherine Deneuve. Bonjour. Et merci beaucoup de nous recevoir avec Stéphane Boutsoc.
00:19 Vous êtes donc à l'affiche de Bernadette, le premier film de Léa Doména qui sort le 4 octobre prochain
00:23 et dans lequel vous incarnez Bernadette Chirac.
00:26 Vous avez tout de suite accepté ce rôle ? Le scénario m'a vraiment plu tout de suite, très vite.
00:31 Et je l'ai rencontrée, ça s'est très bien passé.
00:36 Elle présentait l'idée du film, du personnage et surtout du scénario qu'elle voulait.
00:41 Elle s'est été très honnête. Moi j'ai dit oui très vite.
00:43 Il faut préciser que c'est pas un biopic à proprement parler.
00:46 C'est une fiction, une comédie qui est inspirée de l'histoire vraie et on rit beaucoup.
00:51 J'espère. Vous vous êtes amusé vous ?
00:54 Oui, on a eu du plaisir à le tourner.
00:57 Oui, on a eu du plaisir à le tourner parce qu'il y avait des scènes qui étaient assez particulières.
01:02 C'était bien. Et puis j'ai tourné avec des grands acteurs.
01:04 Les acteurs de Comédie-Française, ils sont vraiment tous étonnants.
01:08 Tous. Oui.
01:09 Est-ce qu'il y a une responsabilité particulière quand on incarne une femme comme Bernadette Chirac
01:14 qui, à sa manière, a marqué l'histoire de France, notre histoire ?
01:17 Elle ne voulait vraiment pas que ce soit une histoire aussi proche, vraiment directe.
01:22 Enfin, pas directe, mais aussi proche d'elle, Bernadette Chirac.
01:26 Mais les scènes étaient écrites d'une certaine façon.
01:30 Moi, j'avais lu le livre qui avait été fait, qui l'a rendu d'ailleurs connue.
01:36 C'est ça qui l'a rendu, disons, populaire, ce livre qui a très bien marché.
01:39 Les gens la connaissaient différemment et autrement.
01:42 Une femme intelligente et beaucoup de bon sens.
01:47 Vraiment beaucoup de bon sens.
01:49 Donc voilà, moi, ça me suffisait.
01:52 Par rapport, en plus, à un petit décalage qu'il y avait, ça m'allait.
01:55 J'imagine que je ne suis pas la première à vous le dire, mais en voyant le film,
01:58 on a très vite pensé à Potiche.
02:01 Oui, sur le fond de l'histoire, oui, il y a une base,
02:07 et surtout sur l'idée d'une femme qui est un peu frustrée
02:11 parce qu'elle est un peu sous-estimée quand même
02:16 parce que son mari est un peu, comme malheureusement souvent les hommes,
02:20 assez maladroit et ignorant de la présence active de leur compagne.
02:25 Et elle prend sa revanche comme Suzanne dans Potiche.
02:27 Voilà, elle a eu l'occasion de voir des choses, de dire des choses avec bon sens.
02:32 Donc on voit bien dans l'histoire,
02:35 on commence à se rendre compte qu'elle est quand même plus importante pour eux-mêmes.
02:38 Et finalement, elle devient très importante
02:41 puisqu'elle prend vraiment une place très évidente en politique.
02:44 Oui, pour beaucoup de femmes, c'est jubilatoire d'entendre ça.
02:49 Donc c'est vrai que Potiche, il y avait ce côté-là, bien sûr.
02:52 Est-ce que vous iriez jusqu'à dire que Bernadette Chirac est une féministe ?
02:56 Alors, je n'ai pas parlé assez avec elle pour savoir vraiment
03:00 comment elle se conduit avec les femmes, si elle est très féministe.
03:05 Moi, je suis féministe, mais je ne suis pas féministe comme toutes les féministes.
03:09 Ça, c'est sûr que non.
03:10 Ça vous agace, les féministes d'aujourd'hui ?
03:12 Agacer, ce n'est pas le mot.
03:14 Il y a quelque chose sur lequel je ne suis pas du tout d'accord avec certaines féministes.
03:17 C'est autre chose.
03:18 Les Premières Dames, vous en avez évidemment et sans doute croisé au fil des années.
03:24 Vous nous parliez de Bernadette Chirac.
03:25 Est-ce que ce sont des personnages qui vous fascinent ?
03:27 Fasciner, non, ce n'est pas le mot.
03:29 Non, il ne faut pas dire ça.
03:31 Il y en a certaines avec qui vous avez eu des liens peut-être un peu plus étroits.
03:36 On ne va pas parler d'amitié, mais des femmes que vous avez plaisir à voir, à revoir.
03:40 Des femmes politiques ?
03:41 Des femmes politiques ou Premières Dames.
03:42 Non, je n'en ai pas connu beaucoup.
03:45 Je ne suis pas vraiment rapprochée de toutes façons des politiques.
03:51 Mais Bernadette Chirac, vous l'avez rencontrée par exemple ou jamais ?
03:54 Non, je l'ai croisée plusieurs fois il y a longtemps, mais je ne l'ai pas connue.
03:59 Mais moi, je trouve que nous, les acteurs, les actrices, c'est vrai qu'il y a quand même une distance juste à garder.
04:07 Il y a un point commun entre les acteurs, les actrices en ce qui vous concerne et par exemple les Premières Dames.
04:14 Quand on pense à Daniel Mitterrand, quand on pense à Brigitte Macron aujourd'hui,
04:17 quand on pense peut-être aussi à Bernadette Chirac, ce sont des femmes de pouvoir.
04:22 Elles s'impliquent sur des causes.
04:25 Mais comment vous le savez ça ? Vous dites ça ?
04:28 Par exemple, Brigitte Macron essaie de lutter contre le harcèlement scolaire.
04:34 C'est aussi une forme de prise de décision et de prise de pouvoir, vous ne pensez pas ?
04:38 Oui, mais je ne sais pas comment elle agit dans la vie, mais c'est vrai que je la vois très présente.
04:44 Je sais qu'il y a des choses pour lesquelles elle est engagée certainement, mais ça, je ne sais pas.
04:49 Non, mais en politique, il y a deux hommes que j'ai vus plus et que j'ai un peu connus quand même.
04:56 C'est François Mitterrand et François Hollande.
05:08 Donc j'ai connu un peu, voilà, c'est ça.
05:11 Et vous, en tant que comédienne, ça vous est arrivé ?
05:15 Quand vous prenez position, comme il y a quelques années, pour le droit à l'avortement,
05:18 est-ce que vous pensez que vous êtes une femme de pouvoir aussi ? Est-ce que vous avez un pouvoir finalement ?
05:22 Mais attendez, ça n'a rien à voir quand même.
05:24 Entre signer pour l'avortement il y a 40 ans, c'est quand même pas pareil que...
05:28 Saturne n'est pas du tout pareil aujourd'hui.
05:30 Après, c'est très différent.
05:31 De toute façon, les choses que l'on peut faire ou dire, on les utilise de façon différente.
05:34 Moi, je me tais le plus possible.
05:37 Et alors, justement, dans le film Catherine Deneuve, on plonge aussi dans les années 90.
05:43 Je pense aux tenues, il y a des clins d'œil notamment, aux musclés, les toubifris, etc.
05:48 Est-ce que vous regrettez cette époque-là ?
05:50 Non. Moi, je n'ai pas de regret par rapport au passé, où est-ce que j'ai vécu.
05:55 Non, je suis contente.
05:56 Mais cette époque, peut-être plus de légèreté, ou vous pouvez peut-être plus dire de choses ?
06:01 Le problème, c'est que c'est des étudiants qui voudraient se censurer la moitié du temps maintenant.
06:05 En parole, comme en action, comme en image.
06:09 Donc, c'est quand même très différent.
06:11 On était beaucoup plus libre.
06:14 Aujourd'hui, ça prend des proportions quand même.
06:16 Les excès sont quand même terrifiants.
06:18 Et vous la regrettez, cette liberté-là ?
06:19 Non, c'est une évolution. C'est comme ça.
06:23 On ne choisit pas.
06:25 Moi, je suis assez fataliste pour ça.
06:28 En juin 2022, avant que le film ne soit tourné,
06:30 Clotirac s'était dit un peu agacée par le fait qu'il y ait ce film sans qu'elle ait été consultée.
06:36 C'était dans une interview à Paris Match.
06:38 Est-ce que vous savez si depuis, elle a vu le film ?
06:40 C'est drôle que vous me posiez cette question, avant qu'elle soit agacée.
06:43 C'est ce qu'on a lu dans Paris Match.
06:45 Paris Match, d'accord.
06:47 Vous lisez tous les journaux ?
06:50 Vous croyez tout ce que vous lisez dans les journaux ?
06:53 Ça, renseigner aujourd'hui, ce n'est pas du tout facile.
06:56 Il faut certains lire les choses de façon très délicate.
07:00 Je sais qu'elle devait avoir une appréhension, ce que je comprends.
07:07 Moi aussi, quand on va faire un film, c'est un mondeissant.
07:10 Je trouve ça effrayant.
07:11 Je comprends que ce soit une femme publique comme Bernadette Chirac.
07:14 Mais sinon, de toute façon, oui, je sais qu'elle a vu le film récemment.
07:19 Enfin récemment, elle a vu le film il y a quelques temps.
07:21 Vous savez ce qu'elle en a pensé ?
07:23 Vous avez eu un écho ?
07:24 Je ne sais pas, vous avez regardé sur Internet, dans les journaux ?
07:27 On va à la source.
07:28 On vous demande à vous ?
07:30 Non, mais moi, je ne regarde pas ces trucs-là.
07:32 Non, mais est-ce que vous avez eu un retour de l'entourage de Claude Chirac ou de la famille Chirac ?
07:36 Non, mais j'imagine qu'il y aura une réponse sur moi.
07:39 Il y aura sûrement quelque chose sur Internet, sur toutes ces conneries-là.
07:43 On vous sent quand même remonté, si vous me passez l'expression, sur les réseaux sociaux, sur tout ce genre...
07:50 Très.
07:51 Très négatif.
07:52 Je souhaite vraiment qu'il y ait rapidement quand même une loi pour que toutes les bêtises
07:57 et toutes les choses qu'on puisse écrire sur téléphone et sur les nouvelles,
08:03 qu'on soit obligé de donner un nom, qu'on soit obligé de se livrer.
08:07 Je trouve que c'est vraiment proche de la délation, parfois.
08:10 L'anonymat qu'il y a sur les réseaux sociaux, par exemple ?
08:12 Je trouve ça terrible, oui.
08:13 Ah oui, c'est surtout ça.
08:15 Vous les regardez ?
08:16 Oui, et puis il y a tellement de fake news aussi.
08:18 Vous les regardez ?
08:19 Non.
08:20 Jamais ?
08:21 Non.
08:22 Non, et je ne suis pas sur Internet, je n'ai pas de réseau, je n'ai pas de...
08:24 Je n'ai pas moi du tout de participation.
08:26 Non, non, je trouve ça terrible.
08:28 Même des gens que je connais, je trouve ça terrible.
08:30 Vraiment, on se met à raconter des choses aussi infimes, des choses aussi personnelles et infimes en même temps.
08:35 Ah non, non, moi je suis vraiment contre, moi.
08:37 Il y a quelque chose qui est frappant, et on le constate encore, non seulement en vous ayant devant nous ce matin, Catherine Deneuve, et en voyant le film,
08:43 c'est votre appétit, tout simplement, de cinéma, après la carrière qui est la vôtre.
08:49 Cette envie constamment d'aller dans les aventures qui pourraient sembler soit improbables, soit risquées,
08:56 soit avec des jeunes réalisateurs, réalisatrices.
08:59 Ça ne vous quitte pas, ça ?
09:00 C'est-à-dire que plus que de l'appétit, c'est une curiosité pour...
09:03 Donc beaucoup le cinéma, c'est vrai, mais aussi beaucoup d'autres choses, même si je voyage, si je suis en tournage,
09:09 je crois que ce serait plutôt ça, la curiosité, oui.
09:12 Et un grand amour du cinéma, oui.
09:15 Oui, je vois beaucoup de films.
09:17 Bon, un grand merci, Catherine Deneuve et puis Bernadette.
09:19 Donc c'est à découvrir le 4 octobre au cinéma.
09:22 Merci.
09:24 Moi, je ne suis pas féministe comme toutes les féministes.
09:26 Mais c'était une super rencontre.
09:27 Ah bah oui.
09:28 Vraiment.
09:29 Merci beaucoup.
09:30 [SILENCE]

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