Haut-Karabakh : «Il y a une agression de la part de l'Azerbaïdjan», dénonce Hovhannes Guevorkian

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Hovhannes Guevorkian, représentant en France du Haut-Karabakh, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Alors que plus de 100.000 réfugiés fuient le Haut-Karabakh en direction d’Erevan après la défaite de l’enclave, la pression politique et militaire s'accroît sur l’Arménie.

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Transcription
00:00 - 8h12 sur Europe, Dimitri Pavlenko vous recevez ce matin le représentant en France de la République d'Artsakh.
00:06 - Oui c'est l'autre nom du haut-carabarbe. Bonjour Ovanes Gheborkehan.
00:09 - Bonjour messieurs.
00:10 - Bienvenue sur Europe. Ceux qui ont fui l'Artsakh pourront-ils un jour rentrer chez eux ?
00:14 Le Conseil de l'Europe a appelé hier l'Azerbaïdjan à respecter ce qu'on appelle le droit au retour des populations
00:21 qui sont parties la semaine dernière se réfugier en Arménie avec une soudaineté qui a surpris le monde entier.
00:29 Est-ce que vous croyez possible, Ovanes Gheborkehan, un tel mouvement de retour des habitants de l'Artsakh ?
00:36 On rappelle qu'ils étaient une centaine de milliers.
00:38 Combien d'ailleurs restent sur place aujourd'hui ? Est-ce qu'on le sait Ovanes Gheborkehan ?
00:42 - Il en reste très peu. Peut-être un millier de personnes.
00:45 - Sur cent mille ?
00:46 - Sur...
00:48 - Une centaine de milliers on va dire, oui.
00:50 - Nous avons déjà 105, 106 000 personnes qui sont déjà arrivées en Arménie, dans la République d'Arménie.
00:55 Nous avions estimé la population du Karabakh avant cet exode, forcée, 120 000 personnes.
01:01 Donc il y a un millier de personnes qui ont des difficultés pour se déplacer.
01:07 Et puis d'autres personnes qui sont restées pour aider ces personnes à finalement organiser leur déplacement vers l'Arménie,
01:15 ce qui arrivera probablement dans les un, deux jours à venir.
01:19 - Est-ce que vous pouvez nous raconter comment ça s'est passé cet exode ?
01:21 Parce qu'il a saisi le monde de stupeur.
01:25 Il faut rappeler que c'est vrai que la tension du monde aujourd'hui est plutôt tournée vers l'Ukraine,
01:28 notamment la tension des Européens.
01:30 Comment ça s'est passé ? Des soldats azerbaïdjanais sont à rentrer, comme ça, armes à la main, en disant à tout le monde de partir.
01:35 Comment ça s'est passé concrètement ?
01:37 - D'abord il y a eu une agression de la part de l'Azerbaïdjan.
01:39 C'est arrivé le 19 septembre 2023.
01:43 Et la population du Karabakh, donc tout à l'heure on disait estimée 120 000 personnes,
01:50 nos forces d'auto-défense sont proportionnelles à cette population.
01:53 Vous imaginez à quel point ces forces d'auto-défense sont maigres.
01:57 - Donc c'est quoi ? C'est quelques centaines, quelques milliers d'hommes ?
02:00 - C'était quelques milliers d'hommes qui ont résisté vaillamment,
02:03 mais les dés étaient jetés d'avance,
02:06 ces forces n'ont pas pu résister plus d'à peine 48 heures,
02:12 et ont déposé les armes.
02:14 - Rappelons que l'Azerbaïdjan avait battu à plate couture militairement l'Arménie voisine,
02:19 beaucoup plus grande que le Haut-Karabakh, il y a de cela trois ans.
02:22 - Absolument, l'Azerbaïdjan est un pays de 10 millions d'habitants,
02:25 avec des forces armées de 100 000 personnes, au moins 100 000 personnes.
02:28 Donc face à cette machine, la population s'est sentie extrêmement démunie
02:33 et sans protection, sans protection locale.
02:36 Il faut dire que cette agression intervient aussi après un blocus
02:42 que l'Azerbaïdjan avait imposé à la population civile du Haut-Karabakh
02:46 pendant 9 mois, rien ne rentrait, ni médicaments, ni vivres, ni énergie.
02:54 Donc notre population était privée de ses droits les plus élémentaires,
02:59 droit à avoir accès aux soins, droit à l'éducation,
03:02 droit à être alimenté, droit à la nourriture.
03:05 Et ce résultat était évident parce que vous savez,
03:08 pour qu'un crime soit qualifié d'un notariat génétique,
03:11 il ne faut pas nécessairement tuer physiquement les personnes,
03:14 il faut créer des conditions qui soient favorables à leur destruction,
03:18 partielle ou totale.
03:20 D'ailleurs les Nations Unies ont envoyé une mission, la première depuis 30 ans,
03:23 sur le territoire du Haut-Karabakh et dit effectivement qu'il n'y a eu pas de destruction,
03:29 il n'y a pas de témoignage concernant des violences contre les civils
03:31 depuis le cessez-le-feu.
03:34 Je vais juste rappeler quand même, préciser un peu le statut du Haut-Karabakh
03:37 pour ceux qui n'en auraient pas forcément bien suivi.
03:39 C'est une enclave, on est en territoire azerbaïdjanais,
03:42 mais la population est majoritairement arménienne,
03:44 et ce historiquement depuis plusieurs, depuis 15 siècles j'ai envie de dire.
03:48 Il y avait donc une autonomie qui avait été concédée au Haut-Karabakh à l'époque soviétique,
03:53 mais en 1991, le Haut-Karabakh proclame son indépendance,
03:58 et c'est cela que contestait en réalité l'Azerbaïdjan, Vanes Kevorkian,
04:02 et rappelons que jamais le Haut-Karabakh n'a reçu de reconnaissance internationale.
04:07 Hélas, monsieur, dans l'Azerbaïdjan, il y avait des Arméniens qui vivaient,
04:14 y compris dans le Haut-Karabakh pendant l'époque soviétique.
04:16 Il y a d'autres régions qui étaient peuplées d'Arméniens,
04:19 comme par exemple la région de Nakhichevan,
04:21 comme par exemple la ville de Bakou, la capitale azerbaïdjanaise,
04:24 comme d'autres villes, Kirovabad, Sungaïd.
04:27 Dès 1991, quand nous avons commencé notre mouvement d'émancipation,
04:33 tout de suite, l'Azerbaïdjan a répondu par des pogroms.
04:37 Dans d'autres régions, les Arméniens n'ont rien demandé. Rien.
04:41 Ils n'ont demandé ni indépendance, ni émancipation,
04:44 mais ces Arméniens n'existent plus, non plus aujourd'hui.
04:47 Donc ce n'est pas notre mouvement d'émancipation qui a conduit
04:50 à l'éradication de la présence arménienne en Azerbaïdjan,
04:53 mais tout simplement parce que c'est un pays raciste, anti-arménien.
04:57 L'Azerbaïdjan est un pays devenu un pays raciste
05:00 où le pouvoir se ressource par cette arménophobie pour rester au pouvoir.
05:04 - C'est une accusation très dure que vous formulez ce matin.
05:07 Il se trouve que Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères françaises,
05:11 se rend à Erevan, en Arménie.
05:13 Aujourd'hui, elle va réaffirmer son soutien aux Arméniens
05:16 parce que tout le monde se dit que peut-être l'Arménie
05:18 est la prochaine cible de l'Azerbaïdjan.
05:20 Est-ce que vous l'avez rencontré ?
05:22 Avez-vous rencontré des diplomates français, Ovanes Ghevorkian,
05:25 au nom du Haut-Karabakh ?
05:26 - Non, je n'ai pas pu le faire parce que le Haut-Karabakh
05:29 ou la République du Haut-Karabakh n'étant pas reconnue par la France,
05:33 l'exécutif français, il n'y a pas eu de possibilité
05:37 de rencontrer l'exécutif français.
05:39 Chers messieurs, mais en revanche,
05:41 il faudrait absolument rencontrer les réfugiés qui arrivent au Haut-Karabakh.
05:47 - Vous voulez lui faire passer un message ?
05:49 Vous êtes sur Europe 1 ce matin, vous pouvez le faire.
05:51 - Je suis ravi que madame Colonna puisse rencontrer les réfugiés du Haut-Karabakh
05:54 qui sont arrivés sur place.
05:56 Parce que quand l'ONU arrive au Haut-Karabakh, il n'y a plus d'Arméniens.
06:00 Donc on ne peut pas avoir des témoignages.
06:02 En revanche, madame Colonna, elle, a cette possibilité
06:05 et j'invite tout le monde à la rencontre de ces réfugiés
06:08 pour qu'ils racontent ce qui leur est arrivé.
06:10 Pour qu'on ne se contente pas seulement par le récit
06:13 aujourd'hui raconté par l'Azerbaïdjan,
06:15 en dehors des témoignages de ces populations.
06:18 Il faut lire les pages du Monde, du Figaro par exemple,
06:21 du point qu'ils ont envoyé des journalistes sur place
06:24 et qu'ils recueillent ces témoignages.
06:26 Ces témoignages sont édifiants.
06:28 - Il y a un parti de l'abstention qui domine aujourd'hui en Occident.
06:31 D'après vous, pourquoi ? Est-ce que vous pensez que c'est à cause de la guerre en Ukraine
06:34 qui monopolisent les efforts et la tension ?
06:37 Vous êtes une sorte de victime en secondaire du conflit en Ukraine,
06:41 pensez-vous, Ovanes Gheborkyan ?
06:43 - Quelle que soit la raison, monsieur,
06:45 il ne faut pas nous considérer comme des sous-hommes.
06:48 Nous avons autant de droits que tout homme sur cette planète.
06:52 Et parce que du jour au lendemain,
06:55 105 000 personnes décident de quitter toute leur vie,
06:59 déposséder de leur terre,
07:02 déposséder de tout ce qu'ils ont pu amasser pendant toute leur vie,
07:07 il y a nécessairement une raison.
07:09 Il faut trouver quelle est cette raison.
07:11 Pour moi, cette raison s'appelle l'Azerbaïdjan.
07:14 Et si l'enquête et les témoignages
07:18 que les uns et les autres peuvent recueillir disent la même chose,
07:23 il faut vraiment essayer de trouver les responsables et les sanctionner.
07:27 - Merci Ovanes Gheborkyan.
07:28 Le représentant en France de la République d'Artsakh
07:31 était l'invité d'Europe un matin.

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