SMART BOURSE - Emission du mardi 31 octobre

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Mardi 31 octobre 2023, SMART BOURSE reçoit Jean-Jacques Friedman (Directeur des investissements, Vega IM) , Christian Parisot (Président, Altair Economics) , Bertrand Lecourt (Gérant, JO Hambro) et Gustavo Horenstein (Responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs, Dorval AM)
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00:00 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute
00:12 des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct et à
00:17 retrouver bien sûr en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos
00:22 plateformes.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, un état des lieux, des fondamentaux de l'économie
00:28 et de la macroéconomie en zone euro après un déluge de publications relatives à la
00:33 croissance de la zone euro et des 20 pays de la zone euro et à l'inflation du mois
00:38 d'octobre.
00:39 Pour résumer la toile de fond, la croissance en zone euro à l'issue du troisième trimestre
00:45 reste relativement médiocre.
00:47 Quant à l'inflation au mois d'octobre, elle aura franchi une marche à la baisse assez
00:52 spectaculaire puisqu'on est passé d'un rythme d'inflation sur un an global de plus
00:58 de 4% en septembre à moins de 3% désormais pour l'ensemble de la zone euro.
01:04 Le décryptage, les commentaires, l'analyse de nos invités à suivre dans un instant
01:09 avec Planète Marché qui commence dans quelques secondes.
01:13 Du point de vue des marchés justement, la question qu'on peut se poser à l'issue
01:16 de ce mois d'octobre qui sera un nouveau mois de baisse pour les grands indices actions
01:19 en Europe et aux Etats-Unis, un troisième mois de baisse consécutive pour le S&P 500
01:24 ou encore le stock 600 en Europe.
01:25 La question qu'on pourra se poser de ce point de vue-là, est-ce qu'on est au début
01:29 d'un mouvement de correction ? On a déjà perdu une dizaine de pourcents.
01:32 En tout cas, est-ce que c'est un mouvement de correction qui est amené à se prolonger
01:36 selon toute probabilité ou est-ce qu'il est désormais temps de parler de l'idée
01:40 d'un rebond pour les indices actions et les actifs risqués ?
01:43 Question marché à suivre avec nos invités.
01:47 Puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous
01:49 évoquerons une grande thématique globale, profonde pour les investisseurs, le thème
01:55 de l'eau et des déchets.
01:56 Et c'est Bertrand Lecour, gérant chez J.O.
01:59 Ambro qui sera avec nous en plateau à partir de 17h45 pour évoquer ce thème de l'eau
02:03 et des déchets.
02:04 Avant d'entamer notre discussion de marché, les infos clés du jour.
02:18 Au terme de cette séance, en Europe qui aura vu le CAC 40 renouer avec le niveau des 6900
02:23 points, c'est avec comme du bois.
02:25 La Bourse de Paris confirme son rebond ce mardi à la faveur de bonnes nouvelles sur
02:30 le front de l'inflation en zone euro qui a nettement ralenti en octobre sur un an pour
02:35 retomber à son plus faible niveau depuis deux ans.
02:37 L'indice global est ressorti à 2,9% sur un an en octobre et à 4,2% sur un an pour
02:43 la même période pour l'inflation core.
02:46 Le PIB de la zone euro s'est quant à lui contracté de façon inattendue au troisième
02:50 trimestre de 0,1% par rapport au trimestre précédent quand le consensus anticipait
02:56 une croissance nulle sur cette période.
02:58 Ces données renforcent la conviction du marché sur la possibilité de voir la BCE arriver
03:03 au bout de ces hausses de taux.
03:04 En France, la croissance est ressortie en hausse au troisième trimestre de 0,1% par
03:09 rapport au trimestre précédent.
03:11 Du côté des valeurs, Bouygues progresse aujourd'hui jusqu'à plus de 5,6% au cours de la séance.
03:16 Le groupe est porté par des résultats trimestriels supérieurs aux attentes.
03:20 Il en va de même pour Stellantis dont le titre évolue en hausse jusqu'à 2,3% au cours
03:25 de la séance.
03:26 Le chiffre d'affaires net du groupe a augmenté de 7% au troisième trimestre pour atteindre
03:31 45,1 milliards d'euros malgré des effets de change défavorables et une grève importante
03:37 dans une de ses usines majeures aux Etats-Unis.
03:40 De son côté, Thalès perd jusqu'à plus de 2% aujourd'hui à Paris malgré un chiffre
03:44 d'affaires en hausse de 7,2%.
03:47 A périmètre et taux de change constant au troisième trimestre, le groupe accuse un
03:51 recul organique de 6% de ses prises de commandes sur la période.
03:55 Demain, les marchés seront ouverts.
03:57 Les investisseurs resteront attentifs à la décision de politique monétaire de la Fed.
04:01 Ils prendront aussi connaissance de l'indice ISM manufacturier pour le mois d'octobre
04:06 aux Etats-Unis et de l'enquête ADP des créations d'emplois dans le secteur privé pour octobre
04:11 toujours aux Etats-Unis.
04:12 Tendance mon ami, chaque soir les infos clés de marché en ouverture de Smartboard sur
04:18 Bsmart avec Comme du Bois.
04:19 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
04:34 Jean-Jacques Friedman est à nos côtés ce soir, directeur des investissements de Vega
04:37 IM.
04:38 Bonsoir Jean-Jacques.
04:39 Bonsoir Guillaume.
04:40 Christian Parizeau nous accompagne également.
04:41 Bonsoir Christian.
04:42 Christian Parizeau, économiste et président d'Altair Economics.
04:44 Et Gustavo Rennstein avec nous également ce soir en plateau.
04:47 Bonsoir Gustavo.
04:48 Ravi de vous retrouver.
04:49 Vous êtes le responsable de la recherche macro et de l'allocation d'actifs de Dorval
04:53 Asset Management.
04:54 La macro à la une avec un déluge de publications relatives à la zone euro notamment ce matin
05:00 Gustavo puisqu'on a eu les chiffres de croissance pour les 20 pays de la zone euro qui ont été
05:06 publiés au fil de l'eau et le chiffre global pour la zone euro au terme du troisième trimestre.
05:12 Et puis les données d'inflation mensuelle relative au mois d'octobre.
05:17 Quels sont les enseignements un peu globaux qu'on retient de ces chiffres ? Quelle est
05:22 la réalité un peu fondamentale qu'on peut mettre en avant derrière ces indicateurs
05:28 conjoncturels ? Est-ce qu'il y a des spécificités locales qu'il faut souligner ? Des bonnes
05:33 ou des mauvaises surprises également à mettre en avant ?
05:36 Je commencerai d'abord par parler de l'inflation parce que ça semble être dans le moment
05:41 actuel le chiffre le plus marquant et le plus important.
05:44 Il y a effectivement un ralentissement assez fort de l'inflation et finalement il y a des
05:50 effets de base et on regarde nous par exemple sur six mois les mouvements d'inflation
05:55 corps en six mois annualisés et là on est autour de 3% et on va sans doute passer en
05:59 dessous.
06:00 Donc dans le fond on n'est déjà pas si loin que ça.
06:02 C'est toujours la question de...
06:03 Évidemment la Banque Centrale Européenne vise 2% pas 3% mais enfin à 3% on n'en est
06:07 pas si loin que ça dans une économie qui par ailleurs...
06:11 Alors évidemment elle stagne, c'est vrai que les chiffres de croissance ne sont pas
06:14 extraordinaires mais si on compare quelque part le niveau de la croissance aujourd'hui
06:18 dans la zone euro, la situation macro-économique avec l'ensemble des chocs de l'année 2022
06:23 et tout ce qui s'est passé depuis dix-huit mois dans l'économie européenne, j'ai envie
06:29 de dire on s'en sort plutôt pas mal et ça reste quand même dans la catégorie résilience
06:34 même si c'est bien une stagnation de l'activité mais on a subi des chocs qui sont complètement
06:39 majeurs, vraiment le choc des termes de l'échange de 2022 sur le pétrole et le gaz, notamment
06:44 le gaz, était gigantesque, ça coûte extrêmement cher à l'Europe et malgré ça on arrive quand
06:51 même à maintenir une croissance pas énorme encore une fois mais enfin ça reste une certaine
06:58 résilience.
06:59 Donc on a une désinflation et en même temps une économie qui finalement ne tient pas trop
07:03 mal, c'est pas exactement l'histoire américaine où on a une grosse désinflation avec en
07:06 plus une économie qui est beaucoup plus forte mais dans le fond c'est à petit niveau mais
07:12 un mélange qui n'est pas si mauvais que ça et donc la question maintenant c'est dans
07:16 les prochains mois et nous notre impression c'est qu'on est quand même en Europe plutôt
07:23 dans une zone basse d'activité que la partie notamment le secteur manufacturier pourrait
07:27 quand même réaccélérer à partir de là.
07:30 On voit les prémices de ça ou pas Gustavo parce que les services restent évidemment
07:34 une composante majeure de nos économies et de la croissance économique qui va avec mais
07:40 le manufacturier peut avoir aussi des effets positifs d'entraînement important pour la
07:45 croissance ?
07:46 Oui oui ça a un rôle important donc il y a à la fois certains secteurs qui continuent
07:51 à rebondir peu à peu, l'automobile c'est l'exemple du secteur qui vient d'une crise
07:55 énorme et qui peu à peu quand même sort notamment des problèmes d'offres qui restent
08:00 importants et on voit quand même que le secteur manufacturier européen commence peu à peu
08:03 à sortir de ces problèmes d'offres, c'est ce qu'on voit d'ailleurs dans les dernières
08:07 enquêtes européennes sur ce qui bloque la production et les contraintes d'offres commencent
08:12 à se réduire forcément les contraintes de demande elles commencent à augmenter un peu
08:16 mais il y a quand même un peu moins de ces contraintes.
08:18 Par ailleurs la question des stocks aussi qui ont été importants, il y a eu pas mal
08:22 de déstockages c'est d'ailleurs dans la publication française notamment du PIB un déstockage
08:26 assez important donc on sait que ce cycle des stocks pourrait, une fois qu'on a apuré
08:32 ces stocks on peut recommencer à peu à peu à une plus de solidité du côté du secteur
08:39 manufacturier donc il nous semble qu'on est plutôt au tournant de l'hiver plutôt au
08:43 point bas sur cette partie manufacturière qui pourrait quand même réaccélérer à
08:46 partir de là.
08:47 Du côté des services, bon là c'est un peu le sens inverse on dirait c'est qu'il y a
08:52 les autres très résistants et ça devrait peu à peu se normaliser.
08:55 Mais ce jeu d'équilibre au moment où le rattrapage des services se termine et on peut
09:00 anticiper une demande moins forte dans les services on peut avoir un peu plus de dynamique
09:05 positive dans le secteur industriel et manufacturier ça peut permettre de maintenir alors cet
09:10 état médiocre certes mais de stagnation de l'économie de la zone euro au global
09:16 pour les prochains mois et les prochains trimestres.
09:18 Oui je pense que ça peut quand même maintenir un équilibre sachant quand même que lorsque
09:22 les services ralentissent ça a un plus d'impact sur l'emploi que lorsque c'est le secteur
09:26 manufacturier qui est peu pourvoyeur d'emploi donc c'est vrai que du côté du marché du
09:30 travail ça va plutôt avoir tendance un petit peu à calmer, à dégrader un peu le marché
09:35 du travail mais bon il ne faut pas s'inquiéter de tout à la fois alors soit on s'inquiète
09:39 de l'inflation et du coup le ralentissement, le marché du travail qui est ralenti est
09:42 plutôt une bonne nouvelle et dans le fond ça rassure effectivement je dirais la banque
09:47 centrale européenne et à la fin ce qu'on observe et l'impression qu'on a notamment
09:51 de ce qui s'est passé tout au long de l'année c'est qu'à la fin ce que les investisseurs
09:54 préfèrent c'est quand même d'avoir la banque centrale de leur côté plus que d'avoir finalement
09:59 une croissance très forte donc si on a une croissance un peu médiocre mais une désinflation
10:04 qui se poursuit et une banque centrale qui est plus du côté des investisseurs du point
10:07 de vue des marchés financiers c'est quand même quelque chose de positif.
10:10 Bon mais je retiens quand même cette grande idée macro en mesurant notamment l'inflation
10:15 coeur sur des rythmes 3 mois ou 6 mois annualisés on tourne autour de 3% ça ne nous a coûté
10:20 qu'une stagnation économique.
10:22 C'est comme ça qu'il faut avoir en tête en zone euro.
10:26 En fait on parle beaucoup avec d'autres notamment avec les gens qui sont en dehors des marchés
10:29 financiers quand on parle des prix ils disent mais non mais ça coûte très cher ils me
10:33 parlent des prix et je leur dis oui mais le niveau des prix effectivement le niveau des
10:36 prix ne baissera pas il y a peu de chance que ça rebaisse ce qui a monté en général
10:40 les prix ça monte et ça baisse très peu.
10:42 Ce n'est même pas souhaitable.
10:43 Ce n'est pas forcément souhaitable par ailleurs mais bon l'effet pouvoir d'achat qui est l'effet
10:47 désagréable pour les ménages lui ne disparaît pas mais l'inflation qui est donc la variation
10:51 au fur et à mesure des prix elle est en train de se normaliser.
10:54 Bon les prix ne reviendront peut-être pas au niveau de prix d'avant Covid après on
11:00 trouve quand même des segments où les prix peuvent baisser y compris d'une année sur
11:04 l'autre il y a quand même des segments.
11:06 Ah bah non mais d'accord mais tout dépend par rapport à quoi on mesure l'évolution
11:10 des prix si c'est par rapport au prix d'avant Covid d'accord.
11:13 Entre temps les salaires ont monté il ne faut pas l'oublier les salaires ont monté.
11:15 Bien sûr.
11:16 Le chemin n'est plus au même niveau qu'il y a un an donc il y a eu des ajustements.
11:19 Non non je pense qu'il y a peut-être un élément quand même qui nous surprend tous c'est l'écart
11:24 entre la mesure les mesures effectives d'activité et les données d'enquête et c'est peut-être
11:29 ça aussi.
11:30 Mois après mois, trimestre après trimestre.
11:32 On s'aperçoit qu'on a des enquêtes pour ne pas les citer PMI qu'on regarde tous qui
11:38 sont beaucoup beaucoup plus dégradées que ce que nous donnent les chiffres effectifs
11:41 d'activité et puis alors après de manière moindre mais on a l'IFO l'enquête IFO les
11:47 enquêtes nationales qui sont sans être aussi noires que les PMI étaient quand même ne
11:52 montraient pas une économie très positive et militaient plutôt pour une contraction.
11:56 Moi je dirais que.
11:57 Christian juste petite parenté je me permets parce que le cas de l'Allemagne est particulièrement
12:01 intéressant alors il y a peut-être une défaillance statistique en Allemagne qu'on ne trouve
12:05 pas dans un pays comme la France où l'Institut statistique est un des meilleurs du monde
12:11 mais quand même les chiffres allemands quels qu'ils soient sont constamment révisés à
12:16 la hausse.
12:17 Le deuxième trimestre a été révisé à la hausse ce matin en Allemagne le premier trimestre
12:21 a été révisé à nouveau à la hausse ce matin en Allemagne et on parle effectivement
12:26 d'une première estimation de croissance en Allemagne négative légèrement pour le troisième
12:31 trimestre.
12:32 On oublie je trouve un peu trop les chiffres révisés qui sont quand même les chiffres
12:38 les plus fiables dont on dispose dans le temps présent pour avoir une idée de ce qui s'est
12:43 passé en termes de croissance en Allemagne sur les trimestres je parle du deuxième et
12:47 du premier trimestre de cette année 2023 je ne remonte pas à 30 ans en l'air.
12:50 On a énormément de problèmes statistiques et ce qui s'explique par ces révisions parce
12:55 qu'on a des changements de comportement et ça les statistiques n'aiment pas parce que
12:58 quand on fait des premières estimations des préliminaires on pose sur un échantillon
13:03 et donc forcément on a quand même une certaine inertie des statistiques et donc tout ce qui
13:07 est correction des variations saisonnières tout ce qui est tout élément d'estimation
13:12 des benchmarks et tout ça fait qu'on ne supporte pas les changements, les ruptures
13:17 dans l'économie.
13:18 Non je ne dis pas que c'est facile je dis juste que attention à regarder quand même
13:21 de temps en temps ce qui s'est réellement passé parce que ça peut changer quand même
13:24 l'analyse et l'histoire qu'on racontait il y a quelques mois ou quelques trimestres.
13:28 Et ça a été réécrit dans beaucoup de pays.
13:30 Ben oui.
13:31 2022 je sais que les marchés n'ont pas regardé.
13:32 Au Royaume-Uni.
13:33 Mais au Royaume-Uni, en Espagne, aux Etats-Unis, les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis sont
13:37 monstrueusement réglés depuis sur un an donc on a cette incertitude statistique mais je
13:44 voulais juste souligner peut-être un élément intéressant c'est peut-être pourquoi on
13:48 a des enquêtes qui sont beaucoup plus dégradées que les données effectives.
13:52 Ça veut dire aussi les gens qui répondent aux enquêtes c'est des directeurs des achats,
13:56 c'est des entreprises, c'est des ressentis.
13:58 Donc ça veut dire qu'il y a un ressenti quand même qui est beaucoup plus dégradé
14:02 que ce qu'est la réalité de leur activité ou en tout cas pris au niveau agrégé, au
14:06 niveau macroéconomique.
14:07 Et quand on les interroge sur l'activité, les perspectives, ça s'est nettement dégradé.
14:11 Donc on voit qu'il y a quand même un élément qu'il faut qu'on fasse très attention, c'est
14:14 qu'on est quand même très affecté par l'environnement global, par le fait qu'on a un commerce mondial
14:19 qui se contracte et ça c'est quand même un élément important, qu'on a eu, on a quand
14:23 même en Europe, deux guerres, qu'on le voit ou non, aux portes du pays et ça, ça joue
14:28 énormément.
14:29 Alors je dirais que ça prouve par contre qu'il y a peut-être un élément de fragilité
14:32 qu'il faut vraiment regarder.
14:33 On est tous focalisés sur le consommateur, ce consommateur qui pourrait un peu moins
14:36 épargner, notamment en France où on a un taux d'épargne record.
14:39 Donc on se dit le consommateur pourrait redémarrer mais est-ce que la faiblesse va pas venir
14:42 plutôt des chefs d'entreprise et sur leur comportement d'investissement ? Parce qu'aujourd'hui
14:47 ce qu'on semble nous donner les enquêtes c'est qu'ils sont très très noirs sur les
14:50 perspectives, ils sont très affectés par l'actualité et on sait que s'il y a un élément
14:55 de faiblesse, ça sera plutôt de l'investissement.
14:56 On ne l'a pas vu en France au 3 décembre.
14:58 On ne le voit pas encore.
14:59 La demande d'intérêts final privés a été très solide en France, consommation et investissement.
15:03 On a été trop focalisés sur le consommateur, l'impact de l'inflation mais il faut voir
15:08 c'est qu'on est dans un environnement qui se durcit, hausse des taux d'intérêt, incapacité
15:11 à relever des prix au consommateur parce qu'aujourd'hui c'est plus compliqué quand même de faire
15:15 passer des hausses de prix avec un consommateur qui quand même est beaucoup plus regardant
15:20 et environnement international compliqué.
15:22 Donc moi je pense que maintenant il faudrait plus, si on doit regarder quelque chose, c'est
15:26 peut-être ne pas regarder trop le consommateur puisque finalement il a plutôt été résilient
15:30 et il va regarder un peu en pouvoir d'achat, il a un taux d'épargne élevé donc je ne
15:35 suis pas hyper optimiste pour le consommateur mais ce qu'il faut regarder c'est comment
15:40 vont se comporter les chaînes d'entreprise, est-ce qu'ils vont licencier première chose
15:42 parce qu'on a quand même une activité qui stagne et pour l'instant ils continuent d'embaucher
15:46 donc c'est quand même une anomalie assez exceptionnelle donc tant mieux pour l'économie
15:50 mais c'est un élément qui explique la résilience aussi de la consommation mais c'est un truc
15:55 à regarder et puis l'investissement à mon avis il va falloir vraiment regarder ça de
15:58 très près.
15:59 S'il y a un élément de faiblesse c'est peut-être de là que ça vient alors après
16:01 ça jouera notamment au niveau des secteurs industriels parce qu'aujourd'hui ce qui a
16:05 corrigé dans les secteurs industriels c'est les biens intermédiaires, c'est eux qui ont
16:08 subi le mouvement de déstockage, c'est papier carton, c'est tout ce qui est chimie, tous
16:14 ces secteurs-là qui ont subi le plus gros choc donc je pense en effet sur ce segment-là
16:18 de l'industrie ça va repartir mais là où on pourrait avoir des signes de faiblesse
16:22 c'est plutôt tout ce qui est biens de consommation mais surtout biens d'investissement et c'est
16:25 là-dessus sur ce type d'industrie qu'il faut regarder.
16:28 On a quand même alors dans certaines enquêtes PMI des directeurs d'achat qui disent que
16:32 tout ce qui est secteur à cycle long ou donc dans lequel on a une carte de commande à
16:36 très long terme ou c'est donc des biens d'investissement plutôt et bien on a quand même un vrai
16:42 changement de comportement depuis quelques mois et des commandes qui se retournent assez
16:46 violemment donc encore une fois si je dois retenir une chose de ces chiffres c'est plutôt
16:50 bon c'est plutôt très bien mais attention à l'investissement et aux secteurs qui sont
16:54 très dépendants de l'investissement des entreprises.
16:55 Sur la question de la statistique, ça ne vous aura pas échappé j'imagine Christian,
16:59 donc c'est l'ONS britannique qui a suspendu ces derniers jours ou qui avait reporté la
17:04 publication d'un certain nombre d'indicateurs relatifs au marché du travail, je lisais
17:08 que l'enquête travail qui sert à mesurer notamment le taux de chômage aux Etats-Unis,
17:13 le taux de réponse était de 40% avant Covid, il est tombé à moins de 15%.
17:18 Le taux de réponse des enquêtes devient problématique.
17:22 Il devient problématique, ils ont aussi énormément de problèmes sur les types de questions qu'ils
17:27 posent, ils ont dû revoir ça parce qu'ils se sont aperçus que les gens ne répondaient
17:32 mal aux questions, ils ne comprenaient pas les questions pour être simple.
17:35 La question était peut-être mal posée, mais ça peut arriver.
17:37 Ils se sont aperçus qu'il y avait une fausse Covid, ils ne se raisonnaient pas de la même
17:41 façon, ils ne voyaient pas les choses de la même façon, donc il y a eu pas mal d'éléments
17:44 statistiques.
17:45 Jean-Jacques, au-delà de ces arguts-ci statistiques, qu'est-ce que vous pensez ?
17:49 Il y a des biais c'est sûr parce qu'en plus un PMI, on raisonne par rapport à ce qui
17:54 vient de se passer, c'est mieux ou moins bien, donc tout ça est relatif, et en plus
17:57 il y a une base finalement, ça peut rejoindre le confiance du consommateur.
18:00 Si on interroge, si tout le monde se sent un peu plus inquiet mais qu'il y a beaucoup
18:03 plus de gens au boulot, collectivement un indice macro sera meilleur.
18:07 On ne répond pas par un degré, la réponse PMI c'est comme vous dites, c'est une série
18:11 de questions, est-ce que c'est mieux ? Oui, oui c'est 100, est-ce que c'est moins bien ?
18:16 C'est zéro.
18:17 On n'a pas l'intensité.
18:18 C'est mieux à 1%, c'est mieux à 10%, mais ça on n'a pas, on sait juste que c'est mieux.
18:23 Sur la croissance européenne, on voit bien une vraie différence entre Etats-Unis et
18:28 Europe, c'est-à-dire qu'Etats-Unis, toute l'épargne a déjà été consommée, et alors
18:32 il y a un plan d'investissement important, donc on voit bien que c'est plutôt la pâte
18:35 industrielle qui va compenser la faiblesse de la consommation américaine qu'on peut
18:39 anticiper, parce que le gros moteur de l'épargne a été utilisé, il reste le pouvoir d'achat
18:43 qui s'est quand même un peu amélioré parce qu'il y a un peu une tendance qui reste sur
18:46 les salaires pendant que les prix baissent, donc ils ont un peu plus de pouvoir d'achat.
18:49 Il faut voir qu'aux Etats-Unis par contre, quand on remonte à 2021-2022, il y a vraiment
18:54 une courbe un peu plate, en Europe il y a eu un rebond beaucoup plus important il y a deux
18:58 ans et que là on est en train de sombrer.
19:00 Je rejoins les éléments sur l'énergie, c'est-à-dire que l'élément énergétique
19:04 est très fort et explique la faiblesse de la valorisation européenne par rapport aux
19:08 Etats-Unis.
19:09 Durablement, ce qui s'est passé sur le conflit russo-ukrainien, ça va pénaliser les entreprises
19:13 européennes, un accès à l'énergie qui est moindre.
19:16 Sur l'inflation, ce que je trouve intéressant, et sur la hausse des taux, puisque finalement
19:20 les taux ont pris 100 points de base depuis le dernier comité de la Fed, ce qui aurait
19:25 été inquiétant, c'est que cette hausse des taux survienne, et ça pouvait survenir
19:30 par exemple l'année prochaine, au moment où il y aurait eu un ralentissement de l'économie.
19:34 Et là on n'aurait pas eu de stagflation et le marché aurait pu flancher beaucoup
19:38 plus que ce qu'il a flanché là.
19:39 Finalement, je trouve que c'est au moment où l'économie américaine a été assez
19:43 forte que cette hausse des taux a eu lieu, ce qui veut dire que pour nous il y a une
19:48 partie importante de la correction qui a déjà eu lieu grâce à ça.
19:51 Donc c'est peut-être l'élément important quand même.
19:55 C'est pour nous le vrai élément.
19:57 - La question du timing est importante.
19:59 De voir les taux, les taux longs, les taux longs réels, augmenter fortement à ce moment-là
20:05 du cycle de la croissance américaine, c'est plutôt le meilleur timing possible.
20:11 - C'est le meilleur timing, oui.
20:13 Ça mérite, c'est une correction d'une dizaine de pourcents qui pouvait être attendue quand
20:17 même, parce qu'il y avait un changement de psychologie sur les marchés, donc ça
20:20 pouvait être attendu, mais c'est survenu à un moment donné où au moins ne se pose
20:24 pas la question de la stagflation.
20:27 En plus, ce qui est bien, c'est que finalement d'anticiper une baisse forte de l'inflation
20:31 jusqu'à un niveau de 4% en tour, ça le marché le savait, ensuite c'était extrêmement
20:35 incertain et on voit que des effets de second tour finalement se diluent un peu.
20:39 Donc on verra peut-être les chiffres de l'emploi, mais de toute façon, le scénario c'était
20:44 d'abord revenir sur les obligations et c'est ce qui nous semble possiblement le cas, c'est
20:50 ce qu'on est en train de faire, et après peut-être que dans un second temps, alors
20:54 est-ce que c'était par un transfert des actions vers les obligations que les actions n'auraient
20:56 pas aimé, ou est-ce qu'il peut y avoir un scénario rose où ce mouvement sur les obligations
21:01 avec une croissance qui tient bénéficie tout de suite aux actions, c'est un peu la question,
21:05 mais je dirais que je vois plutôt un premier pas où les investisseurs reviendront plutôt
21:09 vers l'obligataire.
21:10 - Les flux depuis des mois vont dans ce sens-là, et d'ailleurs je note que le 10 ans américain
21:17 à 5% et plus, donc c'était il y a une semaine maintenant, ça a été assez bref.
21:21 - Oui, ça a été assez bref, oui.
21:22 Donc après on peut toujours prendre le verre à moitié vide à moitié plat, c'est-à-dire
21:25 qu'il y a eu des chiffres plus importants du point de vue de la croissance, T3 qui
21:29 était inattendu, et ça n'a pas permis ce franchissement, donc on en parlait un peu,
21:35 ça va être plutôt le programme finalement d'émission sur le marché qui va peut-être
21:40 donner quelques indications pour les jours et les semaines à venir.
21:43 - Si on en vient effectivement à dire un mot des banques centrales, au global, Gustavo,
21:47 Fed, BCE, ça y est la pause est entamée, elle semble, comment dire, acquise à ce stade,
21:56 ou est-ce qu'on est en droit encore de se poser des questions ?
21:59 - Je pense qu'elle est acquise pour la banque centrale européenne, étant donné ce qu'on
22:03 s'est déjà dit sur la conjoncture européenne.
22:05 - S'il reste un point d'interrogation, c'est plus du côté de la Fed ?
22:08 - Oui, la Fed peut éventuellement, alors bon, personne n'attend rien, mais peut toujours
22:14 dès la fin de l'année, il y a une possibilité d'augmenter encore une fois les taux, mais
22:20 grosso modo, une hausse ne changera pas grand-chose à ce stade, enfin pour les porteurs obligataires
22:25 c'est une autre question, à court terme en tout cas, mais je ne pense pas que ça changera
22:29 énormément, de toute façon, c'est toute la question des marchés et de la macroéconomie,
22:35 2022 les résultats des boites étaient extraordinaires, le marché baisse, cette année c'est pile
22:39 l'inverse, enfin c'est compliqué, la relation entre les marchés et l'économie, l'économie
22:44 américaine est forte et le marché baisse, il y a une énorme nervosité, et ça, ça
22:48 vient je pense d'un positionnement erroné en début d'année des investisseurs qui étaient
22:52 extrêmement pessimistes, qui croyaient à une récession, et en fait voulaient une récession,
22:56 c'est même pas qu'ils y croyaient, c'est qu'ils voulaient la récession parce que
22:59 c'était la solution claire et simple qu'on a pris dans les manuels d'économie à l'inflation,
23:05 j'ai l'inflation, j'ai la récession, l'inflation s'arrête et hop ça repart, on a tous appris
23:09 ça, c'est le nouveau cycle, ça c'est facile, et puis c'est pas ce qu'on a eu, on a eu
23:13 ce scénario qui était quelque part désagréable, d'une résilience et puis du coup il n'y
23:19 a pas de conclusion, c'est ça la question, où est-ce qu'on en est du cycle, est-ce
23:23 qu'on est en fin de cycle, est-ce qu'on a déjà entamé un nouveau cycle, du point
23:28 de vue manufacturier ou industriel, c'est très difficile.
23:31 On vient encore une fois, et c'est vrai que c'est toujours le point de départ, on vient
23:34 de 2020, d'une fermeture de l'économie mondiale, une réouverture, ça a tout un impact sur
23:39 les chaînes de valeur du cycle, il y a eu un énorme moment de restockage, on est passé
23:43 du juste à temps au juste au cas où, comme disent les américains, donc il y a eu beaucoup
23:48 de commandes, des commandes ont explosé, et puis bon tout ça se recalme maintenant,
23:54 quelque part ça va mieux et du coup ça provoque des rechutes.
23:57 Il y a eu des soutiens énormes à l'économie, on l'a déjà dit plein de fois, budgétaires,
24:02 tout ça crée énormément de difficultés à vraiment distinguer un vrai cycle de simplement
24:08 une série de chocs, de tout le bruit qu'a subi l'économie, et je ne parle même pas
24:12 de 2022 évidemment, et des guerres etc.
24:15 Donc tout ça est un monde un peu compliqué et c'est difficile de distinguer ce qui serait
24:18 un cycle profond de simplement les zigzags de ces différents chocs.
24:25 On a l'impression quand même que le côté offre, d'ailleurs c'est ça quelque part
24:28 ce qui s'est passé aux Etats-Unis, c'est un contre-choc d'offre qui a été positif
24:31 cette fois-ci, le retour des travailleurs, le retour des chaînes d'approvisionnement,
24:36 de nouveau un fonctionnement normal, et tout ça améliore le marché du travail, ça a
24:40 permis de faire baisser l'inflation sans baisse de la demande, c'est un choc d'offre
24:44 positif, mais ça n'a pas bénéficié au marché quelque part, j'ai une énorme nervosité,
24:50 et à part les fameux 7 mètres clic, le reste est quand même plutôt nulle part en termes
24:57 de marché, ça prouve bien qu'il y a un malaise, et ce malaise ne vient pas de l'économie,
25:02 mais il vient du positionnement des investisseurs, beaucoup trop pessimistes, qui sont en train
25:05 de le corriger, mais aujourd'hui le fameux "hire for longer" il nous semble, enfin c'est
25:10 un débat, mais il nous semble nous que ça y est c'est dans les prix, c'est dans les
25:13 esprits des investisseurs, et donc qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Effectivement maintenant
25:17 revenir sur les obligations, nous qui en avons été chez Norval absent très très longtemps,
25:22 on commence à revenir sur les obligations, sur les taux longs, dans une perspective
25:26 de portefeuille plus balancée.
25:28 Pour le portage quoi, et pour la protection, ça peut offrir ?
25:31 Pour le portage et pour la protection.
25:32 D'accord, pour les deux.
25:33 Christian, tu reviens qu'on migre vers le Japon.
25:37 Oui, alors juste rapidement pour finir, il y a un point aussi qui est très important,
25:41 je pense que c'est l'inflation.
25:43 C'est-à-dire que les marchés, non, non, pourquoi je dis que c'est important ? Parce
25:46 que les marchés ont vu tout au long du premier semestre des entreprises qui ont sorti des
25:49 très bons résultats, mais n'oubliez pas que les entreprises résonnent avec l'inflation.
25:53 Vous aviez certaines entreprises qui annonçaient des carnets de commandes qui étaient en croissance,
25:57 mais avec des effets volumes négatifs.
25:58 C'est-à-dire que, je vous prends l'exemple des Pepsi, des Coca-Cola, ils ont une baisse
26:02 de leur vente en volume, mais comme ils ont monté les prix de 10, 11%, 12%, ils ont
26:08 une hausse de leur chiffre d'affaires assez importante, avec des taux de marge maintenus,
26:11 ça faisait progresser les EPS.
26:13 Et donc on a été protégé au niveau des marchés actions, je parle en termes de valorisation,
26:18 et c'était la bonne surprise en quelque part dans les publications des entreprises
26:22 du premier semestre, par cette inflation.
26:24 Maintenant, il faut intégrer la désinflation, et là, elle est plutôt brutale.
26:28 C'est la conséquence qu'on voit.
26:30 C'est quoi les égards ? Parce que moi j'ai vu, alors Coca, je crois que le mix prix,
26:35 ça doit être du +8, +9, les volumes sont en hausse de 2%, McDo a l'air de nous dire
26:40 que ça ne tient pas.
26:41 Coca est en baisse, de -0,5 en volume total.
26:43 Pepsi, -2,5 en volume.
26:46 D'accord, mais j'avais vu une progression au niveau des volumes.
26:50 Alors après, ça dépend sur quoi ? Mais sur la partie boisson ?
26:52 Ah bah non, sur la partie…
26:53 Moi je parle de total.
26:55 D'accord.
26:56 J'ai vu des baisses de volume quand même, dans les grands groupes de serpèges, très
27:00 limitées.
27:01 Par contre, ce qu'on commence à voir dans l'industrie et d'avoir des réactions quand
27:05 même aujourd'hui dans des guidance un peu plus…
27:07 Alors première chose, regardez, si vous prenez le consensus des analystes, pour la première
27:12 fois, ils commencent à baisser leur projection de chiffre d'affaires à horizon 1 an.
27:17 D'accord.
27:18 On a le consensus qui commence à s'ajuster sur le chiffre d'affaires, pas des EPS,
27:21 on parle juste du chiffre d'affaires.
27:23 Nominal.
27:24 Donc on commence à intégrer le fait qu'on va passer, comme on a une inflation qui est
27:28 passée de 8% à 5 et maintenant qui passe à 3, ça veut dire que mécaniquement on aura
27:34 un chiffre d'affaires qui va progresser beaucoup moins rapidement.
27:37 Et derrière, toute la question c'est est-ce que ce mouvement de désinflation va coûter
27:40 très cher en termes de marge ? Parce qu'on a vu que les entreprises, alors pas toutes,
27:43 mais certaines avaient même amélioré leur marge, donc elles avaient pu retransmettre
27:47 plus que leur hausse de coût aux consommateurs.
27:50 Est-ce que cette surmarge qu'ils en ont profité, elle ne va pas disparaître ? Et donc dans
27:55 ce cas-là on aura le double effet, effet désinflationniste, hausse des coûts de production
27:59 et pincement de marge.
28:01 Donc moi je pense qu'il y a un vrai environnement, même sans être dramatique sur la croissance,
28:05 il y a une vraie détérioration de l'environnement économique pour la bourse, pour les résultats
28:10 des entreprises.
28:11 Alors si on rajoute en plus la hausse des frais financiers, l'impact des hausses des
28:14 taux, c'est un élément encore plus négatif.
28:16 Justement, sur la partie un peu micro, comment vous regardez les choses ? Alors globalement
28:20 Jean-Jacques, mais est-ce qu'il y a des secteurs par rapport à d'autres où vous
28:23 vous sentez beaucoup plus à l'aise aujourd'hui, après les deeratings qu'on a pu observer
28:28 et puis les résultats publiés qui viennent peut-être réajuster un petit peu la valeur
28:33 de ces entreprises ?
28:34 C'est vrai que je vois les géants d'action, avant la publication, ils n'osent pas tellement
28:37 acheter quoi.
28:38 C'est à dire que c'est un peu ça.
28:40 En même temps, vu les mines qu'on a prises ces derniers jours, effectivement, il ne faut
28:45 peut-être pas acheter tout un n'importe quoi avant les publications.
28:47 Donc plus d'exposition, un peu des dossiers défensifs, un peu du style les ascensoristes
28:52 comme Coney ou les Flavor un peu, Jérôme Vaudan, vous voyez des choses de quoi...
28:56 Donc ça c'est la croissance vidie ?
28:58 Voilà, voilà.
28:59 Donc il y a le fait de choses qui étaient un peu abandonnées, croissance visible, où
29:02 on ose se réexposer là-dessus.
29:04 Donc c'est je pense le choix qui est plutôt fait.
29:06 Et puis quand même, le sentiment que sur les Etats-Unis, à part ces sept magnifiques,
29:12 il y a quand même tout un potentiel de dossiers croissance peu valorisé et qu'avec ce potentiel
29:18 de baisse des taux, après la correction qu'on a eue cet été, voilà, jouer, alors là
29:23 on ne joue pas souvent direct mais à travers des fonds, et donc là, il nous semble que
29:26 voilà, ce Nasdaq hors sept magnifique, nous sommes recelés également du potentiel.
29:31 D'accord, on peut avoir un rééquilibrage entre les indices surpondérés, surdopés
29:34 avec cette dit grosse valeur et le reste de la cote où les indices s'équipent dérêt,
29:40 vous dites, il y a de la place pour que la partie du marché qui n'est nulle part, comme
29:45 dit Gustavo, puisse revenir de nulle part.
29:47 On l'avait tenté en juin avec soit des indices carrément équipondérés, soit des fonds
29:53 un peu plus profonds qui avaient des valeurs moyennes.
29:55 Valeurs moyennes, on ne peut pas dire que ça a été un grand succès, ça a joué son
29:59 rôle un peu sur ces indices équipondérés, il nous semble que voilà, par rapport à
30:02 ce mouvement-là, il ne faut pas oublier que c'est 100 points de hausse des taux quand
30:05 même en septembre et octobre, on est 100 points plus haut sur l'obligataire, donc
30:09 c'est-à-dire que le travail, tout ce qu'on dit là, c'est qu'au fur et à mesure des
30:12 réunions, il y a un moment donné, on va à chaque fois se dire, est-ce que le discours
30:17 va changer ? On va attendre du positif de ces réunions des banques centrales, c'est
30:20 ça qui est vraiment différent.
30:21 On va se dire, est-ce que le discours va changer ? Est-ce que ces coups vont dire qu'on est
30:23 encore data-dépendants, etc. ? Donc on va attendre du positif quand même là-dessus.
30:27 Donc il nous semble que voilà, ces éléments de croissance US, un peu tech, et je dirais
30:35 de la qualité au niveau européen, quelques dossiers, nous semblent raisonnables à l'heure
30:39 actuelle.
30:40 - Oui, je voulais qu'on parle du Japon, dans le sillage des discussions sur les banques
30:45 centrales.
30:46 Le Japon avance à pas de velours, sous la pression des marchés quand même.
30:51 Le Yen a cassé 150 assez nettement aujourd'hui, contre le dollar.
30:56 Et donc on parle de tweaks, des torsions dans la règle de contrôle de la courbe des taux
31:02 au Japon.
31:03 Comment est-ce qu'on peut comprendre simplement la stratégie de la Banque du Japon ?
31:09 - Il faut se mettre dans la psychologie à la Banque du Japon, qui se disent, on a peut-être
31:14 maintenant l'occasion de sortir de quelque chose dont on est dedans depuis 25 ans, qui
31:20 est cette déflation, cet état où les entreprises ne savaient pas comment appuyer sur le bouton
31:25 "j'augmente les prix", où les salariés ne demandaient pas d'ausses de salaires.
31:29 Ils veulent absolument sortir de ça.
31:31 Et c'est 25 ans, c'est pas un truc qui est arrivé la semaine dernière.
31:33 C'est très très long.
31:34 Et là, ils sentent que c'est possible, mais ils ne veulent pas se tromper.
31:39 Parce que l'erreur peut être chère.
31:40 Il y a tellement de souvenirs.
31:41 On commence à s'en sortir, après on augmente la sales tax et tout, ça casse la figure.
31:45 On commence à s'en sortir, on remonte les taux d'intérêt.
31:48 Donc, ils essaient d'être une patience extraordinaire.
31:51 Tant pis pour le Yen.
31:52 Ça le met évidemment sous pression.
31:55 Mais je crois qu'il faut bien comprendre leur point de départ.
31:59 C'est quand même, je crois que tous les économistes, et notamment américains, doivent écrire
32:03 des papiers, Krugman en tête depuis 25 ans, pour dire tout le mal qu'ils pensent de ce
32:07 qu'ont fait les Japonais.
32:08 Donc, ils ne veulent pas qu'on leur reproche de nouveau d'avoir loupé le coche.
32:12 Et donc, ils sont extrêmement extrêmement prudents.
32:14 Par ailleurs, c'est vrai que c'est une dette publique très importante, qui ne semble pas
32:18 avoir des masses de problèmes manifestement à maintenir à des taux bas.
32:21 Comme quoi, quand une banque centrale le veut, elle le peut.
32:23 Donc, ça crée quand même un très gros marché.
32:27 Ils ne veulent pas non plus créer de la volatilité excessive.
32:29 Pour l'instant, c'est le taux de change qui absorbe.
32:32 C'est d'ailleurs son job principal sur les marchés financiers, absorber.
32:35 Et donc, c'est ce qu'il fait.
32:37 Je crois que de toute façon, c'est la direction.
32:41 Le Japon va effectivement sortir du "Yield curve control" tout doucement, sortir des
32:45 taux négatifs, tout doucement.
32:46 Mais c'est bien ça qui est devant nous.
32:49 Ils préfèrent le faire, je pense, lorsque la Fed aussi va être un peu plus détendue.
32:53 On sera aussi dans un moment où l'ensemble des banques centrales...
32:56 J'irais la Fed en premier.
32:57 Parce que, évidemment, on parle toujours de la divergence.
33:00 Mais c'est vrai que quand on arrive au marché financier, à la fin, on ne parle que des
33:03 Etats-Unis et que de la Fed.
33:04 Donc, qu'est-ce qu'elle va faire, elle ?
33:06 Et à partir du moment où elle rentre dans une phase où elle va effectivement commencer
33:11 à baisser les taux ou en tout cas être plus du côté des investisseurs, la Banque du
33:15 Japon aussi va se sentir un peu plus à l'aise.
33:17 C'est le programme peut-être quelque part en 2024.
33:19 Mais la complexité...
33:21 Mais justement, pour rebondir aussi sur cette question des résultats, des profits et de
33:26 l'inflation, c'est qu'effectivement, le scénario qui est décrit, c'est un scénario de pincement
33:31 pour la banque des marges, de ralentissement nominal, mais de ralentissement de l'inflation.
33:35 Et donc de baisse des taux.
33:37 Et les marchés financiers, qui sont le mélange des deux, auront un comportement qui n'est
33:40 pas évident à prévoir.
33:41 Il est tout à fait possible que malgré une stagnation des résultats, on ait quand même
33:45 des marchés boursiers qui se tiennent bien parce que le fait que l'inflation ralentisse
33:51 et revienne peu à peu dans son lit, on va dire, ça permet quand même d'augmenter la
33:56 visibilité, ça rassure beaucoup les investisseurs.
33:59 Jouer un re-rating, ça peut être du re-rating.
34:02 Donc, il n'est pas évident qu'au final, ça soit si mauvais que ça.
34:05 Je crois d'ailleurs que le ralentissement reste toujours finalement le scénario désiré.
34:10 On préférerait que ça ralentisse.
34:12 Si demain l'économie américaine se met à réaccélérer fortement, je ne pense pas que
34:15 les marchés actions vont rouler.
34:16 Et puis comme vous dites, il y a une partie du marché qui est complètement sous l'eau,
34:20 pricée déjà pour des choses très désagréables et très noires, toujours.
34:25 Les small caps, ça a été évoqué, c'est un choc.
34:27 C'est un gouffre.
34:28 C'est un gouffre énorme.
34:29 Du coup, c'est vrai qu'on regarde ça et on se dit, bon, on peut faire remonter ça,
34:33 mais on n'a pas besoin d'une croissance très forte.
34:34 Au contraire, il vaut mieux plutôt que ça se calme.
34:36 - Christian, sur le Japon, est-ce que ce qu'on dit là, ça ne concerne que les japonais,
34:41 la Banque du Japon ? Et à ce moment-là, on peut passer un peu vite.
34:43 Ou est-ce que quand même, c'est aussi l'ensemble du système financier mondial qui est concerné
34:47 par ce qui se passe au Japon ? Donc l'idée, c'est qu'ils contrôlaient la courbe des
34:50 taux.
34:51 Ça veut dire qu'au départ, le 10 ans était à zéro et devait rester à zéro.
34:55 Et puis ensuite, on a élargi un peu la bande de fluctuation autorisée.
34:59 Donc c'était plus 0,10, moins 0,10, plus 0,20, moins 0,20, plus 0,5 cet été.
35:05 Et maintenant, on avait fixé 1 % comme étant le plafond, le cap à défendre pour la Banque
35:11 du Japon.
35:12 Et visiblement, ce 1 % sur le 10 ans japonais, ça n'est plus qu'un point de référence
35:17 dans le nouveau langage et dans la nouvelle communication de la Banque du Japon.
35:21 C'est difficile de se dire qu'il s'est passé une révolution la nuit dernière au Japon.
35:26 Quand même, c'est important quand même de surveiller parce qu'il faut bien comprendre
35:30 que c'est qu'en injectant des liquidités en yéne, ça joue sur l'ensemble des marchés
35:35 obligataires dans le monde.
35:36 Je vous rappelle que dans son dernier rapport de stabilité financière, la BCE mettait
35:40 en avant justement un risque de déstabilisation du marché obligataire européen à cause
35:44 d'un changement de politique monétaire trop brusque de la part de la Banque centrale du
35:47 Japon.
35:48 Pour qu'une banque centrale européenne parle d'une banque centrale japonaise, c'est
35:51 qu'il considère que ce n'est pas négligeable.
35:54 Alors pourquoi c'est important ?
35:55 Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que quand la Banque centrale japonaise disait
35:58 qu'au-dessus de 1%, si les taux devaient monter à 1%, elle rachète tous les papiers.
36:03 Donc tous les gens qui avaient du papier japonais et qui voulaient avoir plus de rémunération,
36:08 ils le donnaient à la Banque centrale.
36:10 La Banque centrale donnait des yénes.
36:11 Mais vous en faites quoi de ces yénes ? Vous alliez prendre ces yénes, vous allez investir
36:16 sur le marché américain et vous preniez du 5% américain.
36:19 Donc ce qui est très important, c'est que le fait de dire qu'on maintient des taux
36:24 artificiellement bas et qu'on achète tout le papier, ça créait des arbitrages.
36:28 Les assureurs japonais vendaient leurs obligataires.
36:30 Le pire, c'est quand le taux était à zéro.
36:32 Zéro intérêt, zéro effet court parce que vous ne pouvez même pas descendre en dessous
36:36 des zéros.
36:37 Donc quelque part, vous n'aviez rien à gagner à rester 10 ans sur du japonais.
36:41 Vous aviez tout intérêt à vendre votre obligation pour aller sur des taux américains.
36:45 C'est un marché mort.
36:46 À un moment, on ne traitait même plus.
36:48 Je me souviens, il y avait des jours et des séries de jours consécutifs sur lesquels
36:52 on ne traitait plus sur ce marché des JGB qui pèsent des trillions et des trillions
36:59 de yénes.
37:00 La variable, c'est le yéne.
37:01 Puisque finalement, comme vous prenez votre épargne nationale, vous la mettez sur un
37:05 marché extérieur, ça déprécie le yéne.
37:07 Ce qui est une bonne nouvelle pour ceux qui ont investi dans l'obligataire américain
37:10 parce que quand il ne rapatrie, ils ont en plus un yéne qui s'affaiblit.
37:12 Donc ce n'est pas négligeable parce qu'à partir du moment où je redonne du rendement
37:18 à des taux domestiques, ça veut dire que des assureurs, par exemple japonais, vont
37:22 faire chemin inverse.
37:23 Peut-être pas faire chemin inverse parce qu'il y a quand même un écart de taux qui
37:26 est intéressant, mais ils seront moins incités à aller chercher du rendement aux Etats-Unis
37:30 où ils le feront beaucoup moins.
37:31 Ils chercheront du rendement au niveau national.
37:33 Encore une fois, les taux réels sont négatifs encore.
37:35 Ce n'est pas la panacée.
37:37 Même à 1%, ils sont encore très loin.
37:38 Mais ils seront moins incités à aller chercher du rendement extérieur.
37:41 Donc ça met moins de pression sur le yéne.
37:42 Ce n'est pas le cas à très court terme, mais ça met moins de pression sur le yéne
37:46 et donc ça met des flux beaucoup moins sur l'obligataire.
37:50 Donc toutes choses égales par ailleurs, parce qu'il y a plein d'autres choses qui peuvent
37:53 jouer, mais ça fait plutôt remonter les taux d'intérêt américain, européen, et ça
37:58 joue énormément sur les flux d'épargne du Japon.
38:00 Mais il faut bien comprendre, c'est que les injections de la Banque centrale du Japon
38:04 ont énormément nourri la faiblesse des taux au niveau mondial.
38:07 On a beaucoup parlé de ce qu'ont fait la Banque centrale européenne et la Banque centrale
38:11 américaine, mais aujourd'hui ces deux banques centrales reprennent la liquidité et on a
38:15 peut-être une Banque centrale du Japon qui va moins en injecter par rapport à une demande
38:19 moins forte des japonais.
38:20 Donc ça joue énormément, si on est en pure logique, liquidité est purement logique sur
38:25 le marché obligataire, ça peut jouer énormément sur le niveau des taux.
38:27 Est-ce que ça va avoir un impact sur la dynamique du marché action japonais, Gustavo ?
38:32 Qui a été un des très très bons marchés de l'année en devise locale, bien sûr.
38:36 Les investisseurs globaux ont l'habitude de se couvrir quand ils vont sur le marché
38:40 japonais.
38:41 La réponse est dans la question, c'est-à-dire qu'effectivement il y a l'effet du Yen qui
38:46 est très favorable à un certain nombre d'entreprises, mais il n'y a pas que ça, parce que l'économie
38:49 domestique japonaise a fait quand même mieux, il y a une amélioration interne en plus de
38:55 simplement l'effet de change qui a été plutôt favorable pour les profits en Yen.
38:59 Si on parle d'hausse de salaire, si on parle de…
39:02 Encore une fois, on sort de la déflation.
39:04 Quelque chose de nouveau.
39:05 L'idée c'est que contrairement aux autres pays qui veulent faire revenir l'inflation,
39:10 d'ailleurs juste, les autres pays ne veulent pas faire revenir l'inflation à là où
39:14 elle était avant, parce qu'avant elle était trop basse.
39:17 Ah bah oui.
39:18 Alors c'est une tâche compliquée, il faut la faire baisser mais pas trop, parce que
39:22 si on la fait trop baisser, on repart sur la décennie où elle était déjà trop basse
39:25 et on ne veut pas.
39:26 Donc, le Japon c'est un problème différent parce qu'eux veulent qu'elle reste plus
39:30 élevée.
39:31 Donc, ils sont en train de réussir, l'inflation effectivement accélère, et ça c'est bon
39:37 pour l'économie nominale et c'est quelque part bon aussi pour les profits, pour la
39:41 croissance des bénéfices au Japon, plus tout un tas de changements, effectivement,
39:45 microéconomiques au Japon qui rendent ce marché, je pense, toujours intéressant.
39:49 Toujours attractif, toujours intéressant.
39:51 Bon, sur la logique d'investissement, alors on a déjà expliqué avec vous, effectivement,
39:54 il y a peut-être de l'intérêt à retrouver pour certains segments de croissance visibles,
39:59 effectivement, à la faveur peut-être de discours de banques centrales moins agressifs,
40:03 ce qu'on a déjà constaté.
40:04 En dehors des États-Unis, il y a des choses à faire aussi ou pas, Jean-Jacques ?
40:08 Sur le Japon, déjà par exemple, beaucoup d'investisseurs traditionnellement étaient
40:14 couverts contre le risque de change, prenaient des parts hedgées, donc là, l'idée quand
40:17 même c'est de les dé-hedgées à ce niveau de...
40:20 Ouais, à ce niveau de Yen.
40:21 Je suis d'accord, c'est un élément qui ne va pas en faveur, c'était quelque chose
40:24 qui aidait à coiffer un peu les taux, et c'est une hypothèque qui aujourd'hui est
40:28 levée, quelque chose qui est levé, donc ce n'est pas quelque chose qui est favorable
40:30 au marché en lui-même.
40:31 La progression du marché japonais, elle a été très liée à la faiblesse du Yen,
40:35 donc là, on a l'impression qu'on essaiera de ne pas tout détricoter, peut-être que
40:40 ce sera dans un marché en plus qui passerait un peu riscone, une baisse du dollar, et peut-être
40:45 qu'on gagnera un peu sur l'appréciation potentielle du Yen, même par rapport à l'investissement
40:50 européen, donc il faut revenir, je pense, exposer à ce moment-là.
40:54 Donc, l'idée c'est d'oser d'abord revenir, je pense, sur les taux d'intérêt.
40:58 Ouais, c'est ce que vous disiez.
40:59 Si on avait été confiant sur le dollar, on aurait pu jouer le marché dollar, mais
41:05 je pense que quand on se rapproche de 1,03, 1,04 sur le dollar, il n'y a pas grand-chose
41:09 à gagner, c'était lié à un marché riscoff, et on voit qu'il peut repartir plutôt dans
41:12 un autre sens, dans un 8, un 10, donc on joue plutôt sur le marché européen, de la dette
41:16 européenne, et puis jouer dans ce contexte les dossiers de croissance, que ce soit sur
41:20 les dossiers européens ou les dossiers américains.
41:23 Après, je vois beaucoup d'investisseurs qui, finalement, par rapport aux émergents, n'osent
41:29 pas revenir directement, c'est-à-dire qu'il se crée finalement beaucoup de fonds un peu
41:34 mondes pour que des investisseurs finalement osent revenir sur quelques dossiers un peu
41:40 chinois, ils n'osent pas acheter la dette chinoise ou les commodities en direct, par
41:44 contre, ils se disent quand même qu'il y a des dossiers où il y a vraiment des vrais
41:49 avantages compétitifs et que quelques dossiers bien ciblés peuvent fonctionner, donc je
41:54 vois beaucoup de choses se créer dans ce domaine-là, et donc des dossiers qu'on croit
41:58 complètement perdus sur les émergents, pour des notions de gouvernance notamment, peuvent
42:04 revenir un peu, donc c'est peut-être aussi sur lequel on mettra un petit doigt éventuellement
42:07 dans quelques mois.
42:09 C'est quand même l'idée qu'il y a un appétit pour le risque qui peut se reconstruire là.
42:13 Oui.
42:14 Gustavo, sur la logique d'investissement, donc d'orval de retour sur l'obligataire,
42:20 dans les fonds de gestion diversifiés internationaux, c'est ça ?
42:23 Absolument, retour sur l'obligataire, ravi d'entendre parler de l'équipondération
42:27 parce que ça fait partie des choses qu'on pousse notamment dans nos fonds internationaux,
42:32 l'équipondération, et effectivement, vu les mines dont vous parliez, on est très
42:37 content d'être équipondéré et très très éparpillé dans plein plein plein de dossiers
42:41 parce que de temps en temps, c'est vrai que ça peut faire très mal, mais quand on prend
42:45 ça collectivement, ça passe quand même beaucoup beaucoup mieux.
42:47 Donc voilà, toujours très très équilibré.
42:51 Quand on est un investisseur équipondéré dans le monde, on a beaucoup moins d'actions
42:56 américaines que quand on est épondré par les capitalisations, on passe quasiment de
43:00 70 à 40 %, et on a beaucoup plus d'Asie effectivement, de Japon, d'Australie, plus
43:06 de Canada, beaucoup plus d'Europe aussi, et on se sent quand même plus à l'aise avec
43:11 un portefeuille plus équilibré, qui désormais commence à intégrer des obligations américaines.
43:20 Pas tant d'ailleurs pour le portage, parce que une fois qu'on les couvre, évidemment
43:23 on couvre le risque d'échange, parce que sinon c'est du dollar qu'on achète en fait,
43:27 le portage est quand même pas mal réduit, la parité est au intérêt, il n'y a pas
43:32 de free lunch.
43:33 En revanche, ça commence à devenir une couverture, il y a un peu d'asymétrie, une protection.
43:38 Si le ralentissement devient beaucoup plus fort, s'il y a un choc de crédit, quoi que
43:43 ce soit arrive, c'est de nouveau une asymétrie plus favorable qu'il y a encore quelques
43:47 mois où le repricing n'avait pas eu lieu, il nous semble encore une fois, comme je le
43:50 disais au départ, que le repricing, grosso modo, et je ne parle pas à 25 points de l'aspray,
43:55 mais grosso modo, est fait.
43:57 Donc une logique de construction de portefeuille effectivement un peu différente avec ce retour.
44:02 L'ensemble du cache et coutume pour revenir un peu plus sur les obligations.
44:06 Un mot là-dessus ? Action ou taux ?
44:08 Alors déjà, taux long.
44:10 On sort du monétaire pour aller sur les obligations.
44:14 Il ne faut pas tomber amoureux du cash ?
44:16 Non, mais je pense que le monétaire n'a plus grand-chose à gagner, parce que de toute
44:18 façon, quoi qu'on pense, à terme, les banques centraux vont baisser les taux.
44:22 Le prochain mouvement, ce ne sera pas pour tout de suite.
44:24 J'ai vu qu'il y avait un slogan américain, enfin un proverbe américain, il dit "on date
44:30 avec le cash mais on ne se marie pas avec le cash".
44:32 Donc ça n'a qu'un temps.
44:34 Et aujourd'hui, c'est clair qu'il faut caper la performance, sauf la performance de la
44:38 courbe des taux.
44:39 Aujourd'hui, vous savez que dans deux ans, le deux ans, le trois ans, tout ça va souffrir
44:43 parce qu'on sait que les banques centraux ne vont pas rester, même s'ils nous le disent,
44:46 durablement restrictifs et la conjoncture les rattrapera.
44:50 Donc très clairement, il faut aller sur la partie longue.
44:52 Par contre, sur la bourse, moi personnellement, je manque encore trop de visibilité.
44:56 On manque de visibilité, on n'a pas de scénario économique encore très clair.
44:59 Donc toujours plutôt dans les secteurs très défensifs pour l'instant.
45:02 Et en plus, avec le recul des taux longs, je pense que ça vaut le coup d'aller sur
45:06 des valeurs de rendement, des valeurs qui pourraient être pricées.
45:09 Donc plutôt caractère encore défensif pour l'instant.
45:11 Merci beaucoup à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
45:14 Christian Parizeau, Altair Economics, Gustavo Rolstein, Dorval Asset Management et Jean-Jacques Friedman.
45:19 Vega IM.
45:31 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
45:35 Le thème ce soir, c'est celui de l'investissement thématique, justement dans l'eau et les déchets.
45:41 Une des grandes thématiques profondes, séculaires qu'on trouve dans le monde de l'investissement
45:46 depuis de nombreuses années.
45:47 C'est Bertrand Lecour qui est à mes côtés en plateau pour évoquer cette thématique
45:51 gérant chez J.O. Ambro.
45:52 Bonsoir Bertrand.
45:53 Bonsoir.
45:54 Merci beaucoup d'être avec nous.
45:55 Je veux bien que vous nous disiez un petit mot de présentation quand même de J.O.
45:58 Ambro que je ne connaissais pas avant qu'on se rencontre pour cette interview.
46:02 Bertrand qui vient du monde anglo-saxon, qui a déjà une longévité importante et qui
46:09 a des ambitions sur le marché européen.
46:11 On peut le dire comme ça aujourd'hui Bertrand ?
46:13 Oui c'est ça.
46:14 J.O.
46:15 Ambro Capital c'est une société de gestion originellement anglaise qui a une trentaine
46:18 d'années déjà de sa création, qui gère à peu près 25 milliards d'euros sous gestion,
46:23 15 stratégies différentes avec une grosse vue action internationale.
46:27 Nous sommes aussi partie d'un groupe un peu plus grand qui s'appelle Perpetual, qui est
46:32 une stratégie multi boutique.
46:33 Au total c'est à peu près 125 milliards sous gestion au niveau global.
46:36 On était très focus sur l'Angleterre et depuis deux ans on a un bureau à Paris, on
46:42 croit en Europe avec un bureau en Allemagne, un peu partout.
46:45 Sur des belles thématiques notamment equity internationales et thématiques selon lesquelles
46:50 je pousse sous la marque Regna.
46:52 La franchise Regna, c'est ça ? Donc ça c'est la franchise des investissements thématiques
46:57 ?
46:58 Exactement, Regna c'est en fait tout un savoir-faire qui a plus de 25 ans, qui est originairement
47:02 d'Australie, c'est l'Eucalyptus Regna.
47:04 C'est le plus grand arbre floral du monde, c'est très local.
47:08 Il y avait une énorme expertise depuis 25 ans dans le EG avec maintenant des stratégies
47:12 d'investissement dont je suis en charge pour développer la partie thématique au sein
47:16 de J.O.
47:17 Ambro.
47:18 C'est un peu le Intel Inside de ces stratégies non traditionnelles.
47:20 On aura appris beaucoup de choses, déjà que Regna n'était qu'une plante, un arbre
47:24 endémique d'Australie, c'est déjà toujours ça.
47:27 Qu'est-ce qui caractérise une bonne stratégie thématique ? Avant de parler de l'eau et
47:31 des déchets, le fonds c'est Regna, sustainable water and waste.
47:35 Qu'est-ce qui caractérise pour vous une bonne stratégie d'investissement thématique ?
47:38 Une bonne stratégie thématique c'est vraiment quelque chose qui apporte un nouvel outil
47:41 dans la diversification qu'on investit.
47:43 Donc ça doit être global, ça doit être perpétuel, une thématique de croissance
47:48 de fonds, très peu de recherche sur les actions, une certaine pureté des entreprises dont les
47:54 revenus sont tirés d'un thème puissant, la liquidité, etc.
47:58 Donc tout ne peut pas être bien thématique, mais des bonnes thématiques de long terme
48:01 c'est des thématiques qui sont perpétuelles avec du cash, de la visibilité et un outil
48:04 de diversification possible.
48:05 Ce n'est pas comme un fonds sectoriel.
48:07 Si vous avez un sectoriel tech et que soudainement Nvidia a un problème, tout tombe, ou si les
48:12 banquiers accréditent un problème, tout tombe.
48:14 Un bon fonds thématique qui est investi dans la chaîne de valeur va être beaucoup plus
48:17 stable.
48:18 Donc il va beaucoup nous exposer sur cet investissement qui nous donne une capacité d'avoir accès
48:23 à des stocks qui ne sont pas du tout ceux qu'on a dans les S&P 500 ou les Stock 600
48:28 qui sont très tirés par des market cap, par du style de croissance du dividende, etc.
48:33 Le monde va dans une certaine direction parce qu'il y a une globalisation des comportements
48:38 et donc il faut refaire une réallocation dans les bonnes boîtes.
48:41 Et l'investissement thématique doit permettre de sortir de ça, comme vous dites, de cet
48:45 effet boule de neige dans les indices des effets moutonniers.
48:48 C'est ça l'idée ? Il y a un pouvoir diversifiant décorrelant ?
48:51 Il y a un pouvoir diversifiant décorrelant et puis aussi ça nous permet de sortir du
48:56 bruit macroéconomique.
48:57 C'est-à-dire qu'à très court terme, c'est vrai qu'à un mois, trois mois, six
49:00 mois, quand on fait l'analyse de ce qui tire les actions, c'est vraiment que du bruit
49:03 macro.
49:04 Mais à la fin, au bout de 12 mois, 18 mois, c'est toujours le cash qui prime.
49:07 Donc quand on fait un focus sur ces fonds thématiques, on sait qu'ils sont là.
49:10 Et bien on va pouvoir s'ancrer et laisser faire le travail des autres sociétés sans
49:14 avoir à traider ou arbitrer.
49:16 Les vraies grandes thématiques, profondes, globales, perpétuelles, comme vous dites,
49:21 elles sont toutes identifiées aujourd'hui ou pas ?
49:23 Non, pas toutes.
49:24 Je pense qu'il y a un effort d'identification de ce qui est plutôt cœur.
49:28 Mais comme on l'a vu, il y avait une grosse croissance dans l'AEG il y a 12 ans.
49:31 Maintenant, on a beaucoup plus une croissance dans la partie thématique.
49:34 Donc qu'est-ce qu'un bon fonds cœur thématique ?
49:36 Eh bien moi, quand je développais le fonds eau et déchets, c'est vraiment le premier
49:40 point, parce que la première pierre de développement d'économie, c'est deux personnes qui traident.
49:46 Une personne qui traite, qu'est-ce que c'est ? C'est une machine organique.
49:49 On prend de l'eau, on prend de la matière, on engère de l'eau usée, la matière usée.
49:51 Donc c'est de l'eau et des déchets.
49:52 Si on n'a pas d'eau, l'économie s'effondre tout de suite.
49:55 Et si on ne gère pas les déchets, on a vu ce qui s'est passé à Paris, tout s'effondre.
49:58 Donc c'est la première pierre anglaise qui croît.
49:59 Et c'est une histoire de 12 000 ans, avec des facteurs de croissance qui ne s'arrêtent
50:03 pas.
50:04 On a l'urbanisation qui continue à augmenter.
50:06 On est à sa moitié de la population du monde dans les villes, qu'on va aller à 70%.
50:10 On devient plus riche.
50:11 On met donc un effet de consommation.
50:14 Tout ce qu'on consomme, c'est de l'eau.
50:15 Ce n'est pas 200 litres du jour, mais 15 000 litres d'eau au jour.
50:18 On a une intensité dans votre hamburger qui pète de 5 000 litres pour l'équivalent.
50:22 Et puis tout ce qu'on consomme devient des déchets en moins de deux ans.
50:25 Tout ça, ça met une pression sur l'infrastructure.
50:27 On a 200 ans de croissance d'infrastructure au même rythme dans l'eau et les déchets.
50:32 Il y a une analyse des engineering aux Etats-Unis récemment.
50:35 Tous les quarters, on regarde un peu quel investissement.
50:37 Tout l'investissement en infrastructure n'est pas égal.
50:40 Dans l'eau et les déchets, c'est entre 5 et 7% par an pour les prochaines années.
50:43 Et à un rythme de 200 ans.
50:46 Donc on a cette capacité à croître.
50:48 C'est une des premières thématiques cœur identifiées par le marché, par les investisseurs.
50:55 D'ailleurs, vous êtes sur cette thématique depuis peut-être plus d'une décennie maintenant.
50:58 J'ai 23 ans d'expérience.
51:00 Désolé de vous le rappeler.
51:02 Je gère cette stratégie depuis 10 ans.
51:05 Il faut bien définir un fonds thématique.
51:08 C'est-à-dire qu'on va définir où ça commence et où ça se termine.
51:10 Nous, ce que nous faisons, c'est qu'on investit dans toute la chaîne de valeur de l'eau et des déchets.
51:14 Dans l'eau, c'est les pompes, les valves, les compagnies d'engineering, de création, de traitement, de barrage, etc.
51:22 Et puis aussi, toute la partie dans les déchets, c'est le transport, la logistique, la transformation.
51:27 Et ça, c'est les mêmes facteurs de croissance, la consommation, l'infrastructure, etc.
51:33 Et les mêmes solutions.
51:34 Pour gérer les poubelles ou les déchets et les recycler, il faut de l'eau.
51:37 Pour protéger l'eau, il faut les déchets.
51:39 C'est pour ça qu'on ne va pas aller non plus acheter du Coca-Cola parce que c'est du plastique avec de l'eau et du gaz.
51:45 Par contre, Coca-Cola va peut-être avoir besoin d'avoir un recyclage de l'eau avec une entreprise comme Evoqua,
51:50 qui pourrait être une autre, ou de gérer les plastiques avec un Veolia.
51:53 Donc, c'est toute cette chaîne de valeurs d'entreprises qui sont là pour aider à gérer le problème.
51:57 Avec l'idée de rester le plus pur possible dans cette thématique eau et déchets.
52:02 C'est ça, le but.
52:03 Parce que le but, c'est de donner un diversificateur dans un portefeuille.
52:06 Donc, ces entreprises, nous les filtrons et faisons en sorte que 90 à 95 % du portefeuille est pur.
52:11 C'est-à-dire qu'une société comme Veolia, qui est bien connue en France,
52:15 a peut-être 45 % d'eau, 40 % de déchets et peut-être 10 % résiduels dans les services à l'énergie.
52:20 Je ne peux pas le retirer. Mais ça veut dire que 90 % de l'histoire tire Veolia.
52:23 Donc, si on n'a que ça dans un portefeuille, c'est exactement ce que vous voulez.
52:26 Et ça va se créer à l'opposé d'une allocation classique, où c'est pratiquement que la tech, la pharma, le consumer.
52:31 Nous avons l'opposé.
52:33 On n'a pas de consumer, pas de pharma, pas de finances, pas d'énergie.
52:36 Ça, c'est la grande allocation mondiale, mainstream, standard, benchmark.
52:40 Qui apporte des facteurs risques sur la croissance, sur les allôs, etc.
52:46 Bien sûr.
52:47 C'est une thématique de l'eau et des déchets.
52:50 Alors, effectivement, vous avez déjà apporté beaucoup d'éléments,
52:52 mais qui ressemble beaucoup à une thématique d'infrastructure.
52:56 On est vraiment là-dedans.
52:58 Est-ce qu'il y a de l'innovation aussi ?
53:00 Est-ce que c'est une thématique soumise à l'innovation ?
53:02 Quelles sont un peu les sous-thématiques sur lesquelles vous travaillez dans ce grand thème global de l'eau et des déchets ?
53:08 C'est un gros, gros thème déjà.
53:09 Ça fait à peu près 2,5 trilliards de capilles boursières disponibles.
53:13 Et ça, ce n'est même pas 5 % de ce qui est disponible dans le marché, parce qu'il y a beaucoup de choses très locales.
53:17 Ce qu'on dit infrastructures, les utilities classiques, c'est à peu près 8 à 10 % de l'histoire.
53:22 Donc tout le reste, c'est comme si vous aviez une ruée vers l'or, on va acheter ceux qui vendent les pelles et les pieuches.
53:27 Et ces entreprises-là sont extrêmement saines.
53:29 Elles ont très peu de dettes, des retours sur action en double chiffre, de bonne croissance et un horizon,
53:34 parce qu'on a un investissement très important en face de nous.
53:37 Donc ça, c'est intéressant de pouvoir identifier ces entreprises.
53:40 On a aussi des fondamentaux qui sont bons, puisque depuis une vingtaine d'années,
53:43 c'est une entreprise un peu ennuyante, c'est une sorte de croissance défensive.
53:46 Si on accumule tous les résultats de cet univers, c'est à peu près 10 à 12 % de croissance de résultats par an.
53:52 Un dividende à 3 %, donc ça fait 10, 13 %.
53:55 Et comme ce n'est pas une histoire de volume, mais une histoire de prix,
53:57 la conversion du prix en cash augmente tous les ans.
54:01 Donc les multiples peuvent être multipliés et on a cette capacité très long terme à avoir du companding.
54:07 En n'ayant ni un sale croissance, ni un sale dividende, ni value, c'est un blend.
54:11 Et quand c'est bien diversifié dans un portefeuille, la corrélation des valeurs, c'est à peu près zéro.
54:16 - C'est incroyable.
54:18 - Parce que si j'ai un choc sur une usine...
54:20 - Il y a très peu de corrélation entre chacune des valeurs de l'univers.
54:22 - Exactement. C'est pour ça qu'une grosse facteur de valorisation et de bénéfice pour un fonds comme ceci,
54:27 c'est vraiment décorrélé.
54:29 Donc si on est une entreprise de déchets en Chine qui fait du réveillement énergétique,
54:33 si elle a un problème, il n'y aura aucun impact sur l'entreprise en Californie pour faire des pompes
54:37 ou mon utility en Europe.
54:39 Et aussi les fondamentaux sont bons parce que c'est une histoire de prix.
54:43 Les prix de l'eau et des déchets sont très faibles.
54:45 En moyenne dans le monde, l'accès à l'eau usée, votre facture d'eau pratiquement, c'est 50 à 60 euros par mois.
54:51 La facture énergétique et gazière, c'est 10 fois plus en Europe.
54:55 La facture des déchets, c'est 20 euros.
54:57 Un tiers de la facture d'eau.
54:58 - Un dollar.
54:59 - Voilà, un dollar.
54:59 Donc même s'il y a une énorme augmentation des investissements qui passent au périplane,
55:03 en Angleterre, la masse des actifs, il faut 10% par an,
55:07 on a une énorme croissance des résultats et de l'equity.
55:10 Et ça va nous coûter à peu près 20 euros par an en plus.
55:12 Donc 5 cafés.
55:13 Et à partir de là, on a toute la partie de l'adaptation, corps, cœur de l'économie.
55:19 - Si ce n'est que dans l'épisode inflationniste qu'on traverse,
55:23 ou qu'on est peut-être en train de finir de traverser, Bertrand,
55:27 on a vu la sensibilité des consommateurs à la moindre facture, au moindre prix, etc.
55:32 L'idée d'un monde plus inflationniste demain, pour de multiples raisons,
55:37 c'est profitable, c'est porteur pour votre thématique ?
55:42 - C'est très profitable. Pourquoi ?
55:43 Parce qu'on part déjà de prix très bas.
55:44 Et puis c'est complètement en passerous sur l'inflation.
55:47 Donc on a eu toute l'augmentation de l'inflation sur les deux dernières années,
55:50 il n'y a aucun problème.
55:51 Ces entreprises ont pu passer les prix au consommateur final.
55:53 Dans les déchets, les prix ne tombent jamais.
55:55 C'est presque +1, +2, +3%.
55:57 Il y a une sorte de high watermark.
55:59 Et si les prix s'arrêtent, ça ne va pas retomber.
56:01 Même s'il y a un ralentissement un petit peu économique,
56:04 si on va prendre des poubelles et qu'il y a 10% moins de volume,
56:07 ça sera moins cher à transporter.
56:09 Donc il y a une sorte de conversion de cash qui est bonne.
56:11 Et dans l'eau aussi, on a une capacité de pousser les prix,
56:13 sachant qu'il y a plein de tarifs sociaux.
56:14 Donc il n'y a pas un prix de l'eau comme le pétrole, le gaz, l'électricité.
56:17 Il y a des centaines de milliers de prix d'eau partout dans le monde,
56:20 qui sont adaptés en fonction de la consommation de chacun
56:22 et qui accompagnent l'économie.
56:24 - Et d'ailleurs, cette stratégie, d'une certaine manière,
56:27 peut être utilisée comme un hedge ou une couverture
56:30 contre l'augmentation des prix.
56:32 C'est ce que vous dites aussi, Jacques-François.
56:34 - Oui, c'est ce que je dis, parce que depuis la Deuxième Guerre mondiale,
56:36 on a eu tout le développement de l'American Dream.
56:38 C'était, on va ouvrir les marchés et vous aurez plus pour moins cher.
56:41 Et là, on devient tout le monde un peu sous contrainte.
56:43 - Il faut faire plus avec moins.
56:45 - C'est ça, c'est American Wake-up.
56:47 Vous aurez un peu moins de choses pour plus cher.
56:49 Donc peut-être que la nouvelle norme,
56:51 ce n'est pas 2% d'inflation, c'est 3.
56:53 Donc il faut se protéger, parce qu'on essaie de dématérialiser
56:55 sur un monde réel, mais le monde réel va nous rattraper.
56:57 Donc on a fait une étude, on regarde ce que font
56:59 les entreprises à peu près dans le portefeuille,
57:01 et si on avait 5 000 euros, on peut avoir de l'eau et des déchets
57:03 pour deux familles.
57:05 Donc on se protège en plus de notre facture,
57:07 on sait qu'elle va augmenter.
57:09 Une sorte de hedge naturel.
57:11 Donc c'est une double diversification dans votre épargne.
57:13 Vous avez les mêmes types de risque-retour que de la tech,
57:15 en ayant des trucs complètement différents.
57:17 Et en plus, c'est une diversification pour vous hedger
57:19 votre portefeuille, et en plus, en termes de veger,
57:21 où tout le focus, c'est du CO2,
57:23 qui est un by-product.
57:25 Mais les deux autres by-products de l'économie,
57:27 c'est l'eau usée et les déchets.
57:29 - Merci beaucoup, Bertrand, pour cet entretien.
57:31 Alors autour de l'investissement thématique en général,
57:33 et du grand thème de l'eau et des déchets,
57:35 c'est une des stratégies que vous pilotez
57:37 chez J.O. Ambro, le fonds s'appelle
57:39 Regnan Sustainable Water and Waste.
57:41 Bertrand Lecour était l'invité du quart d'heure thématique
57:43 de notre émission.
57:45 Merci à vous, Bertrand Lecour,
57:47 et merci à J.O. Ambro pour cette interview.
57:49 C'était Jérôme Lecour,
57:51 et vous avez été l'invité du quart d'heure thématique
57:53 de Smart Bourse ce soir.
57:55 Jérôme, chez J.O. Ambro, sur Bsmart.
57:57 ♪ ♪ ♪

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