FRnOG 38 - Pierre Beyssac : Greenwasher numérique - un métier d'avenir et sans risque

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FRnOG 38 - Pierre Beyssac : Greenwasher numérique - un métier d'avenir et sans risque
#FRnOG #greenwashing #numérique
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00:00 Alors pourquoi je suis là ?
00:02 Désolé Philippe pour les sueurs froides parce que j'ai pas réparé la... j'ai dû la terminer à 15h la préparation... la présentation donc
00:09 voilà.
00:10 Mon objet c'était de revenir un petit peu... alors c'est une sorte de point d'étape de ce qui se passe en matière de
00:17 de com sur le numérique et de vous montrer que
00:21 ça... je dirais pas que c'est un métier facile mais peut-être plus facile que les nôtres côté ingénieur. Alors je suis désolé c'est pas une présentation
00:29 d'ingénieur avec des super trucs techniques
00:31 mais c'est quand même important je pense de savoir un peu où on en est.
00:35 Alors le métier de la sobriété, tout le monde en parle partout tout le temps en ce moment, que ce soit en matière de numérique ou pas.
00:42 C'est un secteur en pleine croissance donc si vous voulez
00:45 éviter la décroissance c'est pas mal de vous orienter vers ces domaines là parce que vous allez trouver des subventions assez facilement, vous allez
00:52 être sollicité par les entreprises, vous allez être... enfin bon c'est un secteur qui ne connaît pas la crise, au contraire.
00:59 Alors la source du graphique là c'est l'ADEME, voilà.
01:02 C'est le budget de l'ADEME, les budgets distribués par l'ADEME au fil des dernières années.
01:06 Ça n'arrête pas d'augmenter, il n'y a pas que du consulting là-dedans, il y a beaucoup de partenariats aussi, il y a des aides diverses,
01:13 des installations d'énergie, enfin bon c'est pas...
01:17 mon but n'est pas de faire la pub de l'action de l'ADEME ici.
01:20 Arrêtez le point que bon même des centrales au charbon, alors ça c'est un petit... on me l'a filé dans l'oreillette celle-là,
01:28 même si vous faites des centrales au charbon, vous pouvez recevoir des crédits au titre de l'écologie aujourd'hui,
01:36 en Indonésie en tout cas, ça c'est assez intéressant.
01:38 Alors vous pouvez, si vous travaillez dans le greenwashing actuellement, vous pouvez taper à peu près dans tous les métiers,
01:46 dans les collectivités, dans tous les domaines, collectivités locales, les administrations et agences publiques,
01:50 toutes sont obligées de s'y mettre, et toutes ont d'ailleurs à peu près aujourd'hui le même type de discours,
01:56 vous entendez ça, ça vient de partout en fait, ministère de l'environnement, mais ça SM maintenant à l'ARCOM,
02:03 l'ARCEP arrive encore à avoir un discours intelligent dans nos domaines,
02:10 mais est quand même un petit peu obligé de se mettre sur les lignes politiques actuelles de la communication publique.
02:17 Vous pouvez faire de la consultance, donc là il y a pas mal d'argent à se faire pour en mettre en consultance,
02:24 vous pouvez faire de la politique, donc obtenir des mandats électoraux, il y a des parties entières dédiées à ce sujet,
02:31 vous pouvez, dans les entreprises, c'est le gros truc des dire-com en ce moment, c'est de vous dire de nettoyer vos mails,
02:36 ça fait 10 ans que ça dure, et ça fait plaisir aux dire-com, c'est un truc qui coûte pas grand chose,
02:41 et puis ça fait un petit mouvement d'entreprise interne, il y a aussi l'éco-conception maintenant qui commence à monter,
02:46 qui permet d'avoir du pognon pour optimiser les systèmes, ce qui est pas mal parce que jusque là tout le monde s'en foutait,
02:52 vous avez les community managers, donc sur Twitter vous pouvez écrire n'importe quoi, ou sur les réseaux sociaux en général,
02:59 vous pouvez faire des vidéos pour des gens de regarder moins de vidéos, vous pouvez faire des tweets pour des gens de faire moins de tweets,
03:05 personne vous en voudra au contraire, vous pouvez vendre des solutions, ça c'est pas ce qui manque.
03:11 Donc voilà, là les métiers j'en ai un petit peu parlé, en ingénierie ça peut nous intéresser parce que c'est vrai que jusque là,
03:20 quand il s'agissait de passer du temps à optimiser un des process, la réponse standard c'était "tu t'en fous, tu rajoutes un serveur"
03:27 et puis on n'a pas de temps pour s'occuper. Ça arrive encore pas mal aujourd'hui, mais maintenant on peut dire que c'est de l'éco-conception,
03:33 et on peut réduire d'un serveur ou deux, ou on peut aussi remigrer nos serveurs sur de l'électricité française plutôt qu'allemande,
03:45 ou irlandaise, ou américaine, donc ça permet de décarboner, de l'éco-conception, deux mois d'éco-conception pour gratter les PNG d'un site,
03:54 ça va pas vous gagner grand chose, genre peut-être quelques pourcents en volume de données, mais rapatrier les serveurs,
04:01 ça vous gagne 85% en CO2 si vous les mettez en France, donc ça peut être pas mal.
04:04 Le consulting, ça permet de dégager, comme je l'ai dit, des crédits d'ADEME.
04:12 Alors tout ça c'est pour la planète, donc on va pas trop vous embêter sur l'exactitude de ce que vous racontez,
04:18 de toute façon c'est pour le bien, donc si vous dites qu'il faut nettoyer sa boîte mail,
04:23 bah ok, il y a des gens comme moi qui vont vous dire "ça sert à rien", mais vous pouvez toujours dire que c'est le symbole qui compte,
04:31 littéralement c'est ce qu'on entend, l'important c'est de montrer de la bonne volonté, c'est pas de faire des choses utiles.
04:37 (Rires)
04:44 Alors la loi de Brandolin, je vois à fond, il est facile de dire n'importe quoi en une minute,
04:51 mais il faut deux heures pour vous répondre, donc vous êtes plutôt du bon côté du manche.
04:55 Les subventions vont couler à flot, parce qu'elles sont ajustées au discours et pas tellement aux résultats,
05:02 et puis on a un système de buzz médiatique, alors là ça marche à tous les coups,
05:06 si vous dites qu'une conversation chat GPT consomme un demi-litre d'eau, personne n'ira vérifier,
05:13 le chiffre a l'air vachement paniquant, moi je sais pas mais je prends ma douche une fois par jour,
05:19 je dois consommer 20 litres d'eau, je ne fais pas une conversation chat GPT par jour.
05:22 Donc je vais en parler un peu plus tard.
05:28 Mais en fait plus le chiffre est paniquant, dans un système médiatique aujourd'hui,
05:32 on est tous aussi coupables de ça, si c'est rediffusé, si ça buzz,
05:37 c'est aussi parce que nous on ne se pose pas trop de questions.
05:41 Par défaut on a tendance à se dire, si la presse sort un chiffre paniquant,
05:45 ils ont bien dû le vérifier, parce que si c'est si énorme, ils ne vont pas le publier sans faire attention.
05:49 En fait si.
05:51 Alors les errata, ça ne sert à rien, je peux parler de l'expérience,
05:55 parce que je vais revenir, ça demande du travail,
05:59 du travail qui n'est pas vraiment médiatisable, parce que ça donne des chiffres non buzzables,
06:03 puisque c'est des chiffres pas trop paniquants en général.
06:06 Ça peut vous mettre en faute, parce que ça veut dire que des fois vous n'avez pas vérifié ce que vous avez diffusé,
06:11 et personne ne les lit, c'est fait pour ça, on les met en note de bas de page, ça ne va jamais buzzer.
06:18 C'est bien d'ignorer les corrections, du même style, je vais vous donner un exemple tout à l'heure.
06:23 Ça donne du boulot en moins, donc ça fait du boulot en moins, et ça fait du CO2 en moins, c'est très bien.
06:28 Alors le manuel du consultant, vous montez une petite ASSO 1901,
06:33 avec un but sympa, genre participer à la réduction du CO2 français,
06:38 enfin des buts nobles, CO2 ou décarbonation, ou empreintes numériques en général,
06:44 ou empreintes... enfin bon, voilà.
06:46 Et puis derrière, une ASSO 1901, ça ne va pas faire beaucoup d'argent en général,
06:51 vous montez les petits cabinets de consultants qui permettent de faire le boulot
06:55 des gens qui sont sollicités par l'association,
06:58 donc ça vous donne un petit carnet de contact tranquille,
07:01 et puis derrière vous faites des prestations.
07:02 Enfin ça c'est un truc assez classique en France, ce n'est pas forcément illégitime.
07:07 L'association en plus, vous donne une petite couverture pour faire du législatif,
07:11 du lobbying propre, c'est-à-dire que vous allez voir les parlementaires,
07:14 "Oh là là, attention, les volumes de données sur Internet, c'est vachement embêtant,
07:19 il faudrait faire un amendement à la loi machin, la loi truc,
07:22 pour réduire le volume de données sur Internet,
07:26 ou afficher le CO2 sur les factures des fournisseurs."
07:30 Ce qui se pratique maintenant au Parlement,
07:34 c'est que dans les amendements législatifs,
07:36 souvent les parlementaires indiquent quand même la source de l'armement,
07:39 donc on peut voir un peu d'où viennent les choses intelligentes
07:43 et d'où viennent les choses moins intelligentes.
07:46 Alors il y a un autre truc, vous pouvez aussi utiliser l'effet viral,
07:50 comme ça je l'ai constaté, vous pouvez faire du mini-chantage en fait.
07:54 C'est-à-dire que quand vous faites un audit,
07:56 typiquement un audit de ce qu'on appelle les analyses de cycle de vie,
07:59 qui consiste à regarder un peu dans l'entreprise
08:01 quels sont les fournisseurs, les produits que vous utilisez,
08:06 vous allez donc être obligé de savoir fournisseur par fournisseur,
08:10 quel serait le résultat d'un audit chez ce fournisseur.
08:13 Donc j'ai déjà vu, enfin quelqu'un m'a signalé déjà sur Twitter,
08:20 qu'il avait reçu un message d'un consultant d'un de ses clients,
08:25 qui lui disait "bon ben on fait l'audit de chez telle boîte,
08:28 vous êtes un fournisseur,
08:30 et ben on n'a pas votre analyse de cycle de vie,
08:33 donc on peut vous la faire, il faut payer évidemment,
08:37 ou sinon on vous met la note PIR, qu'est-ce que vous préférez ?
08:40 Donc ça, littéralement, ça veut dire que de proche en proche,
08:43 la boîte peut viraliser la situation et s'appuyer sur la loi,
08:48 parce qu'il y a aussi des lois qui obligent à faire ce genre de choses.
08:51 Voilà, ça c'est un graphique que j'aime bien,
08:53 parce qu'on l'entend partout,
08:54 alors ça, ça vient du Shift Project, ça date de 2019,
08:59 c'est le camembert sur les proportions de volume de données sur Internet.
09:05 Ça on l'entend aujourd'hui partout, 60% des données sur Internet,
09:11 transmises sur Internet, c'est de la vidéo, c'est très grave,
09:16 c'est très embêtant, il faut réduire le poids de la vidéo.
09:17 C'est bien qu'il n'y a pas de corrélation simple,
09:21 ou quasiment pas en fait,
09:23 entre le volume de données et le CO2 émis,
09:27 mais c'est pas grave, dans une phrase, si on ne fait pas gaffe,
09:30 ça passe très bien.
09:31 Et donc le truc circule en boucle depuis 5 ans,
09:34 et c'est impossible, c'est partout dans les médias,
09:38 c'est dans les argumentaires politiques,
09:40 c'est même dans les trucs de l'Arkom et de l'Arcep,
09:42 puisque récemment...
09:44 Alors là, c'est un truc aussi,
09:46 j'ai participé à une consultation de l'Arkom,
09:51 qui, suite à la loi REN,
09:53 donc la loi Réduction de l'Empointe Environnementale du Numérique,
09:55 parce que les gens me disent "ouais Pierre, c'est bien joli,
09:57 tu gueules partout, mais en fait, qu'est-ce que tu fais pour changer les choses ?"
10:00 Donc j'essaie de participer aux trucs en amont pour voir,
10:03 enfin c'est pas tellement que je crois que ça aura beaucoup d'effets,
10:06 mais c'est surtout pour voir, pour vérifier que ça n'aura pas d'effets,
10:10 histoire de pas...
10:13 C'est un peu...
10:14 Donc j'ai participé à la consultation que l'Arkom a faite
10:19 pour mettre en place les exigences de communication
10:24 de l'empreinte en CO2 notamment, des services numériques.
10:29 Donc la loi REN a dit, l'Arkom se chargera de dire
10:33 aux fournisseurs d'accès, etc., aux services de vidéo en ligne,
10:36 de communiquer auprès de leurs clients des informations fiables, etc.
10:39 Donc j'ai repris le truc des 60% de vidéos,
10:43 puis j'ai fait un petit layus.
10:47 Je sais pas si ça a changé un mot dans ce que l'Arkom a communiqué,
10:51 mais au moins j'ai essayé.
10:54 Je peux d'ailleurs fournir le papier aux gens qui s'intéressent.
10:57 Alors une chose à savoir, moi j'ai pas l'habitude de communiquer
11:00 avec des administrations et des agences publiques,
11:04 et il y a tout un formalisme de politesse à employer,
11:07 sur les introductions, ça demande quelques fioritures du climatique,
11:12 et je me suis aidé de ChatGPT pour faire l'intro et la conclusion.
11:15 Et c'est une vraie histoire. Et honnêtement, ça aide beaucoup
11:18 parce que ça met "merci pour cette consultation fantastique",
11:22 "c'est une très bonne idée de consulter les citoyens", etc.
11:25 Puis à la fin, "nous sommes à votre disposition", etc.
11:28 Alors il y a des gens dont c'est le métier qui savent écrire ça,
11:31 mais moi je sais pas. ChatGPT m'a beaucoup aidé.
11:35 Je sais que c'est une grosse bêtise, mais globalement ça aide pas mal.
11:38 - On va faire un vidéo. - Ouais ! J'ai soif !
11:42 Donc dans ma réponse à l'Arcom, j'ai mis en exemple
11:48 cette communication d'un fournisseur de fibres,
11:52 qui expliquait que sur un mois de...
11:55 Alors, c'était de la fibre.
11:58 Qui m'expliquait que moi j'avais consommé avec ma boxe,
12:01 et mon accès réseau, j'avais consommé l'équivalent de 189 bains.
12:04 En fait, ils se sont trompés quelque part dans leur calcul.
12:07 Il y avait un facteur 100 à peu près d'erreur.
12:10 Donc c'est dans la communication demandée par la loi,
12:14 et la loi espère que ce sera de la communication correcte,
12:17 mais le problème c'est qu'il y a des gens qui vont être payés
12:20 à ne pas faire attention.
12:23 Donc c'est un métier assez reposant, je pense.
12:26 Donc là, c'est un extrait du truc Arcom,
12:31 là aussi, je l'avais mis en évidence, c'est pas très intéressant,
12:34 mais il y a deux phrases juxtaposées,
12:37 comme si elles avaient un...
12:40 C'est le truc classique dans ces éléments de langage,
12:43 deux phrases juxtaposées comme si elles avaient un rapport,
12:47 il y a beaucoup de vidéos en ligne,
12:50 et il y a 60% du trafic qui est représenté par la vidéo,
12:53 et internet, ça fait beaucoup de CO2.
12:56 Bref.
13:00 Donc, un truc amusant dans le truc Arcom,
13:03 dans la loi Rennes, et vous n'avez sûrement jamais entendu parler
13:06 parce qu'il faut creuser les trucs, et c'est pas du tout
13:09 dans la comm grand public, c'est que la loi Rennes
13:12 inclut les services de télévision classique dans l'affaire.
13:15 Donc les services de télévision classique, également,
13:19 en théorie, on va voir s'ils le font, mais j'ai un doute,
13:22 vont être obligés de signaler aux téléspectateurs
13:25 leur emprunte CO2.
13:28 En fait, ça consomme quand même pas mal de courant,
13:31 moins que le réseau ancien analogique,
13:35 mais on est en droit de se demander si effectivement
13:38 la transmission numérique type VOD
13:41 n'est pas déjà, dehors et déjà aujourd'hui,
13:44 plus efficace énergétiquement que la tienne.
13:47 Alors, il y a aussi des contre discours
13:51 pour mettre les choses en rapport,
13:54 enfin les choses en perspective, disons.
13:57 J'avais commencé par les appareils à raclette,
14:00 et plus récemment, je me suis intéressé aux fer à repasser
14:03 parce que ça marche très très bien, figurez-vous.
14:07 On n'a pas beaucoup de statistiques sur l'usage de la raclette,
14:10 mais on en a quelques-uns sur l'usage des fers à repasser.
14:13 Donc j'en reparlerai un peu plus tard.
14:16 Du coup, à force de montrer, en plus, le fait qu'en France
14:19 on ait une électricité peu carbonée, ça signifie
14:23 que c'est pas non plus le truc pointu chez nous
14:26 qui est la consommation électrique.
14:29 Donc petit à petit, le focus se déplace,
14:32 vous avez dû le remarquer, on vient d'en parler en fait,
14:35 sur l'eau consommée par les data centers.
14:39 Parce que, évidemment, les opérateurs data centers
14:42 ont voulu améliorer l'efficacité du refroidissement,
14:45 sachant que l'efficacité du service s'améliore de manière naturelle
14:48 au fil du temps. Et l'efficacité du refroidissement,
14:51 on peut gagner de l'énergie en utilisant plus d'eau.
14:55 Mais est-ce qu'il ne faudrait pas revenir en arrière là-dessus ?
14:58 Puisque maintenant, on se fait cogner dessus parce qu'on utilise trop d'eau.
15:01 C'est pas impossible. De la même manière qu'à une époque,
15:04 on voulait mettre des bagnoles diesel parce que ça faisait moins de CO2,
15:07 maintenant, on a changé d'avis. Donc il y a une réflexion scientifique
15:11 à avoir en amont. Donc j'ai participé à des consultations publiques, etc.
15:14 J'ai même essayé de changer les pages Wikipédia,
15:17 des erreurs sur les pages Wikipédia sur l'impact du numérique.
15:20 En fait, le résultat est toujours à peu près le même.
15:24 Quand on arrive face à 50 personnes qui sont dans le discours
15:29 prémâché sur la question, c'est difficile de faire entendre.
15:32 Éventuellement, sur des points très précis,
15:35 on arrive à faire passer des trucs, mais c'est vraiment un boulot énorme.
15:38 Donc c'est pas mal que... Je ne dirais pas qu'on s'y mette tous,
15:41 mais c'est pas mal de surveiller un petit peu et d'essayer
15:45 d'apporter une contre-parole en tant qu'ingénieur.
15:48 Même si les ingénieurs n'aiment pas sortir de leurs trous.
15:51 Alors le faire à passer.
15:54 J'ai eu l'idée saugrenue de comparer un jour la consommation électrique
15:59 en faire à passer. Parce qu'un jour, je mets rarement des chemises,
16:03 jamais, comme vous voyez. Un jour, j'ai repassé ma chemise
16:06 et je me suis rappelé, parce que je fais ça une fois
16:09 tous les 2-3 ans, que ça chauffait quand même pas mal ces conneries.
16:13 Et donc j'en ai parlé sur Twitter. Et ça a donné lieu
16:16 à un article d'une journaliste. Parce qu'en fait, on a une idée
16:20 de ce que consomme le repassage en France.
16:23 C'est à peu près 2,5 TWh par an.
16:26 Ça c'est un chiffre qui vient des rapports de l'association
16:29 de LegaWatt, qui veut sortir du nucléaire.
16:32 C'est à peu près la moitié, un peu plus de la moitié
16:36 de ce que consomme l'ensemble des 4 gros fournisseurs d'accès français
16:39 Fix, plus Mobile, plus Data Center. Donc c'est pas négligeable.
16:42 C'est probablement plus que la 5G en entier.
16:45 J'ai entendu personne nous demander
16:49 de sortir du Ferrari passé.
16:52 Et sur les éco-gestes du jour, on me demande
16:55 de nettoyer ma boîte mail, mais on ne me demande pas
16:58 d'arrêter de repasser. Donc j'attends.
17:01 Là c'est les 0,5 litres par conversation de chez AGPT.
17:04 Là aussi, je vous le dis en vitesse,
17:08 je ne savais pas d'où sortait le chiffre.
17:11 Il tournait en boucle dans les médias. C'est un peu style bouche à oreille.
17:14 Il y a France Inter qui l'a dit, donc il y a France Info qui va le dire,
17:17 et à la fin on ne sait plus d'où ça vient.
17:20 Finalement, il y a eu un papier là-dessus,
17:24 j'ai retrouvé la source grâce à un papier d'Antonio Casilli.
17:27 Et en fait, c'était une citation
17:30 d'un chercheur qui se référait
17:33 à un papier de Arxiv,
17:36 je ne sais plus comment on dit, archive.org,
17:40 enfin pas archive, Arxiv, A-R-X-I-V,
17:43 qui n'était pas un papier reviewé, et où l'affirmation correspondante
17:46 venait d'une règle de 3 faite à partir d'une note de bas de page
17:49 qui était un post-medium. Donc au niveau scientifique,
17:52 c'était un niveau de vérification assez faible.
17:58 Les chercheurs qui ont vu qu'on était plusieurs
18:01 à se poser la question sur Twitter ont répondu qu'ils avaient fait
18:04 un papier plus détaillé. Là, je ne l'ai pas encore regardé.
18:07 Donc en fait, le truc vient d'une estimation de la consommation électrique
18:10 en requêtage de Chad, GPT et compagnie.
18:14 C'était fait avec Blum, le concurrent,
18:17 chez Huggins & Faith et compagnie, et le CNRS.
18:20 Et puis à partir de la consommation énergétique,
18:23 ils ont pris un shift de micro-soct sur l'eau nécessaire
18:26 pour dissiper la consommation électrique correspondante.
18:31 Donc c'était 1/2 litre par kWh, je crois.
18:34 Ils estimaient à peu près qu'un requêtage, une conversation,
18:37 consommait 1 kWh, ce qui est pas mal, mais à vérifier quand même.
18:40 Parce qu'il y avait un facteur 30 aussi dans l'évaluation,
18:43 c'était entre eux. Evidemment, bizarrement, ils ont communiqué
18:47 sur la partie haute de la fourchette.
18:50 Il y a aussi une manie du buzz. C'est-à-dire que là, je suis tombé
18:53 récemment sur un truc qui expliquait que le numérique allait tout péter,
18:56 60% des volumes de données, etc. C'était l'intro.
18:59 En fait, derrière, il y avait un truc sérieux avec des vraies données
19:03 et des vrais chiffres, que je n'ai pas encore creusé.
19:06 Mais il y a toujours cette manie de commencer les rapports
19:09 avec le numérique pour faire du buzz.
19:12 Alors, si vous êtes consultant, vous pouvez aussi travailler
19:15 au Conseil à l'égalité, qui est récemment homme-femme,
19:19 enfin, femme-homme, qui récemment a sorti un rapport
19:22 contre le porno. Et comme ils ont fait feu de tout bois,
19:25 ils ont sorti un argument du Shift, disant que la vidéo en ligne,
19:28 blablabla, consommait énormément de données, énormément d'énergie,
19:31 et que donc, si on voulait respecter la planète,
19:35 il fallait arrêter de produire et de vendre des vidéos.
19:38 Il fallait arrêter de produire et de regarder du porno.
19:41 Alors, le rapport est assez contestable.
19:44 Il y a une autre partie où ils défoncent la neutralité du net
19:47 et la quadrature, pour ne pas les citer, et le parti pirate.
19:51 On est en train de réfléchir à un droit de réponse
19:54 côté parti pirate. Mais voilà, tout ça pour dire
19:57 que l'énergie, le consultant en green,
20:02 est utilisé pour des motifs assez éloignés
20:06 du but original. Alors là, c'est dans le bêtisier,
20:09 c'est un truc qui est passé dans le style "C'est pas la peine
20:12 de faire des ratas", c'est même à peine la peine de répondre.
20:14 Le gouvernement nouveau calédonien a expliqué récemment
20:17 qu'une heure de vidéo en ligne, c'était la même consommation
20:20 qu'un frigo pendant une année. Alors, on a eu plusieurs à avoir
20:24 répondu sur Twitter, mais le tweet est encore là,
20:27 j'ai regardé ce matin, et il n'y a pas eu de démenti du tout.
20:30 On ne sait pas d'où ça vient, il ne vaut mieux pas trop chercher.
20:33 Autre exemple, là c'est sur le site du ministère de l'Environnement,
20:36 une page faite en 2019 à partir du rapport du ministre du Shift
20:42 qui sort cet argument, alors j'aurais pu le lire,
20:45 mais l'impact énergétique du visionnage de la vidéo est environ
20:48 1500 fois plus grand que la simple consommation électrique
20:51 d'un smartphone lui-même. Alors, ça vient de l'histoire
20:54 du four électrique de 2018. Le truc est depuis 2019
20:58 sur le site du ministère de l'Environnement, il est envoyé
21:01 une réponse aux gens, si c'est le ministère d'Environnement
21:04 qui le dit, ça doit être vrai, c'est quand même des gens sérieux.
21:07 Et en fait, j'ai envoyé un commentaire, il y a quand même
21:10 un truc en bas, si vous avez des commentaires à faire sur cette page,
21:14 j'ai envoyé le commentaire en juin, la page est encore comme ça,
21:17 à ce jour, commentaire 21 juin, pour fêter l'été.
21:20 Sur le site France Télévision, "le saviez-vous, le visionnage
21:23 des vidéos en ligne représente 60% des flux de données numériques
21:26 sauf le Shift Project ?" On ne sait pas quel rapport avec le mot d'écho,
21:30 mais apparemment, voilà. Là, c'est un troll, c'est quelqu'un
21:33 qui suggère pour un système d'écho-conception qui détruit
21:36 au hasard la moitié de vos fichiers.
21:39 (Rires)
21:42 Essayez, il faudrait proposer ça à vos dire-com si vous les aimez pas.
21:46 Voilà, j'ai terminé. Alors, je n'ai pas parlé de tout,
21:49 donc je mets des disques lamiants partout, je ne vous dis pas,
21:52 ce n'est pas un discours anti-sobriété, il en faut,
21:55 mais pas n'importe comment. Je n'ai pas parlé de tout,
21:59 je n'ai pas parlé du matériel, je n'ai pas parlé des terres rares,
22:02 oui, effectivement, j'ai fait des impostes volontaires.
22:05 Donc voilà, je vous remercie pour votre attention
22:08 et merci pour mes philips pour l'invitation.
22:11 (Applaudissements)

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