FRnOG 40 - Olivier Lambert : Plateforme de Virtualisation Open-Source
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00:00Bonjour à tous,
00:02merci d'abord aussi aux Orgas pour donner l'opportunité de venir parler ici. Alors comme vous voyez le titre
00:08c'est Broadcom de la frustration à la gratitude donc je pense que vous êtes tous au courant de ce qui se passe
00:12dans le monde de la virtualisation aujourd'hui et l'idée pour moi
00:14c'était de venir aujourd'hui pour vous partager un petit peu notre histoire et notre point de vue sur ce qui se passe concrètement sur le marché
00:21parce qu'on le voit de notre point de vue et ça nous donne des éléments intéressants à partager.
00:25Alors moi je m'appelle Olivier Lambert, je suis PDG cofondateur de la société Vates, je suis 6 admins de formation,
00:31je suis désolé je ne suis pas réseau du tout donc dans cette salle je me sens en minorité mais bon voilà je suis très très 6.
00:37J'utilise Xen depuis un bon moment et je suis aussi un libriste plutôt convaincu team copyleft on va dire.
00:43J'ai un site perso blog si ça vous intéresse ce que je raconte vous pouvez aller voir.
00:48Je vais rapidement donc embrayer sur la société qu'on a fondé avec deux associés, on en a toujours trois au total.
00:54C'est pas une spin-off, c'est pas
00:57une levée par des fonds ou quoi que ce soit, on s'est mis ensemble en 2012 pour être intégrateur logiciel open source à l'origine.
01:04Aujourd'hui on a à peu près une soixantaine donc on a une croissance plutôt forte avec deux filiales étrangers aux Etats-Unis et en Italie, on verra pourquoi.
01:10Et on aime bien relever des défis
01:13parce qu'on a souvent entendu l'open source ça marche pas, vous pourrez pas faire tourner une boîte de cinq bonhommes avec de l'open source
01:18puis de 10 puis de 20 et aujourd'hui avec 60 on héberge tout sur nos propres infras
01:22sur nos machines avec notre stack de virtualisation.
01:26Ce qu'on fait, comment on gagne de l'argent, c'est facile on a un business model très simple, c'est on vend le support
01:32finalement à l'arrêt date on va dire à l'ancienne
01:35et l'expertise et le conseil sur le fait qu'on édite toute la stack de virtualisation, c'est vraiment notre coeur de compétences et c'est complètement
01:41open source, on n'est pas sur un modèle open core.
01:44On aime vraiment le libre au sens initial du terme.
01:48Alors je rembobine un petit peu pour vous donner l'histoire parce que c'est un peu pas commun,
01:52il n'y avait pas de plan à l'origine sur comment on allait faire les choses.
01:55Comme je vous ai dit on était intégrateur de solutions open source à l'origine, on est devenu finalement éditeur pour une plateforme qui s'appelle
02:01Xen Orchestra, qui est un genre de vcenter si vous connaissez VMware et on a
02:05créé cette plateforme au dessus de Xen Server qui était la plateforme de Citrix à l'époque, encore aujourd'hui.
02:10Et on a décidé de pivoter, de devenir éditeur à 100% en 2015 et
02:16après la discussion un peu compliquée sur la nature de l'open source chez Citrix en 2018,
02:21où on a une petite différence philosophique sur ce qu'est l'open source, on a décidé de forquer leur plateforme pour finalement avoir toute la stack
02:28chez nous en interne, en prenant la responsabilité de la plateforme de virtu jusqu'à l'orchestration et le backup.
02:34Pour vous dire en 2018 quand on a commencé à faire ça, on passait 50% de nos temps de tickets de support
02:39à régler des problèmes avec des cartes réseau Broadcom qui étaient plutôt nazes et ça nous a beaucoup énervé.
02:44Donc on n'était vraiment pas copains avec Broadcom et finalement ces deux dernières années,
02:50c'est pas qu'on est copains avec eux, c'est qu'on profite de l'opportunité de ce qu'ils ont fait sur le marché.
02:56Pour vous présenter rapidement la stack, sans aller dans le détail parce que sur le timing on est un peu
03:01un peu short, donc vous voyez on part d'en bas, on part sur des serveurs physiques, on a notre solution, la plateforme de virtu qui s'appelle
03:07Xcpng, qui est basée sur l'hypervisor Xen, une interface locale
03:10pour un petit cluster et tout en haut on a le management central à l'AVCenter on va dire, mais qui fait aussi le backup,
03:16vraiment tout intégré, donc on a la responsabilité de notre côté de l'intégralité de la plateforme.
03:21Et bien sûr par dessus le support classique on commence à ajouter
03:25par rapport à la clientèle qui évolue, des services supplémentaires pour tourner dans les environnements un peu plus contraints, air gap, ce genre de choses.
03:32Alors comme je l'entends souvent
03:35après le ça marchera pas et l'open source c'est nul,
03:37Xen c'est mort, je préférais faire une petite slide pour vous expliquer pourquoi c'est bien.
03:42D'abord c'est un vrai type 1, pour ceux qui savent, donc ça veut dire que ça tourne directement sur le matériel, c'est un micro noyau
03:47donc c'est assez intéressant, il n'y a que 200 000 lignes de code, il est assez sécurisé en termes de design, c'est assez intéressant son approche
03:54qui permet d'avoir un niveau d'isolation qui est très très bon,
03:56et aussi en termes de process, parce que c'est pas que la technique, le process de sécurité
04:00du projet Xen est très très bon, donc c'est bien documenté, il y a toutes les étapes qui sont faites, une predisclosure mailing list,
04:06quand il y a des patchs à corriger etc, donc nous c'est un aspect qui est très important chez nous, ce niveau d'isolation et de sécurité.
04:12Evidemment on est membre de la mailing list, mais voilà il y a un investissement
04:15qui est fait, sachant que Xen est aussi utilisé dans l'embarqué de plus en plus, il y a des règles et des contraintes, et on en profite
04:20directement. C'est un projet indépendant,
04:22à taille humaine, c'est pas le noyau Linux, c'est beaucoup plus petit, donc ça veut dire qu'à notre niveau, nous, on peut faire la différence et
04:28on trouve ça très intéressant, c'est à dire qu'on a fait des efforts pour aider le projet Xen à se moderniser, à sortir un peu que
04:34de la mailing list, à ajouter, on va dire, d'autres langages,
04:37faire des ponts avec le monde académique, et on a l'ambition de devenir un des contributeurs principaux, donc voilà, il y a un effort qui est
04:42fait de notre côté, pas pour juste utiliser l'open source, mais bien le maîtriser, pour nous c'est vraiment le maître mot.
04:47Et ça passe aussi par accompagner des fois des startups qui font d'efforts que dans tous les sens, et qui n'ont jamais contribué
04:54upstream, Amazon ça a été des spécialistes pour ça, donc voilà, nous, de notre côté, on essaie d'accompagner, de faire en sorte que le code arrive
05:00upstream le plus possible.
05:02Alors, le rachat qu'il y a eu, vous connaissez tous l'histoire, je vais vous parler des résultats visibles, alors
05:08pourquoi visibles et pourquoi invisibles,
05:10je vous donne le point de vue en tant qu'entité, société, parce qu'on est capable de mesurer le succès commercial de notre produit.
05:17Sur la partie open source de la solution, on peut avoir des milliers d'utilisateurs, on ne sera pas au courant, on ne peut pas mesurer,
05:23on n'a pas trop envie d'avoir des choses intrusives pour savoir combien on a d'utilisateurs.
05:26Donc forcément, il y a un biais sur ce qu'on peut mesurer, mais quand on mesure l'argent, c'est un bon moyen de savoir si ça marche ou ça ne marche pas.
05:33Bon, ben l'histoire, voilà, vous la connaissez tous, ce qui est intéressant, c'est le contexte dans lequel ça s'est passé, cette histoire,
05:38que, ben voilà, les décisions brutales de Broadcom ont généré beaucoup de pertes de confiance, d'incertitude,
05:43mais il faut savoir que les concurrents, on va dire, les sociétés avec qui on est mis à côté,
05:48quand on discute avec des prospects, et ben elles ont tous des inconvénients particuliers qui font qu'on n'est pas si mal placé.
05:55Voilà, Microsoft, c'est évident, ils ont un focus sur Azure, c'est normal.
05:59Nutanix,
06:00c'est une boîte américaine à forte croissance aussi de son tarif, qui est détenue par des fonds, donc on ne peut pas savoir trop ce qui peut se passer.
06:08Citrix, ils sont hors course, et Red Hat, ils poussent très fortement,
06:11parfois surprenamment, pas sur KVM, mais sur OpenShift, donc l'orchestration d'applications
06:16qui nécessite souvent d'être accompagnée quand on passe d'une architecture un peu traditionnelle à des conteneurs. Mais rassurez-vous, IBM est là pour vous aider.
06:23Donc,
06:25nous, l'accélérateur, il est clair,
06:27les chiffres sont là.
06:29Depuis deux ans, presque 100% de nos clients, des gens qui viennent payer,
06:33je parle même pas de communautés qui se développent, mais ça c'est un autre sujet, j'allais dire, ils viennent de VMware,
06:38donc il se passe quelque chose, c'est clair et net,
06:40et ce qu'on détecte depuis un an, c'est que ce qui se passe, c'est que c'est pas des petits.
06:45Aujourd'hui, on a de plus en plus de gros prospects qui viennent nous voir, que ce soit du secteur privé, public.
06:50Alors, ironie de l'histoire, on est une boîte 100% française, mais on est assez peu présents en France. Il y en a à peu près 5% de nos chiffres d'affaires, pour donner un ordre de grandeur.
06:58C'est 60% et aux USA, rien qu'aux USA, et c'est là où ça croît le plus vite.
07:02Pourquoi ?
07:03Le temps décisionnel n'est pas le même, ils ont une
07:07visibilité sur le risque et une appétence au risque qui est un petit peu différente, de ne pas prendre forcément que les leaders du marché,
07:12et de manière transparente, le temps de décision, il n'est pas le même. Donc, on espère que ça arrivera de cette manière un peu plus
07:20à l'avenir en Europe, mais aujourd'hui, ça se passe clairement aux USA, et c'est là où nous, on voit ce qui se passe.
07:25Alors, je vais vous donner des exemples très concrets.
07:28Notre première cible, évidemment, c'est le marché du on-prem, ou du hosté, ou à la rigueur, du cloud privé, on va dire, par ordre croissant.
07:35Petit rappel intéressant, l'on-prem, c'est pas un marché qui disparaît.
07:39Il y a des nouveaux usages, le cloud public, le cloud privé, mais l'on-prem est un marché stable, on le voit sur les livraisons de serveurs,
07:45ça ne bouge pas, donc c'est un marché qui ne va pas disparaître.
07:48Sur ce marché-là, c'est là où on a effectivement les plus à même de servir des gens qui, des universités par exemple,
07:54étaient sur du VMware, qui arrivent à la fin et qui n'ont pas de budget, bon, il faut que tu cherches une alternative.
07:58Sur le cloud privé, c'est aussi assez simple de remplacer, parce qu'on est sur des infrastructures de taille moyenne,
08:03où il n'y a pas besoin d'avoir une usine à gaz pour pouvoir gérer sa stack de virtue.
08:08On a des noms de projets assez rigolos chez les gens qui viennent nous voir, on a des très gros comptes, parfois
08:14des filiales de très grands groupes, voire, je sais pas, le NASA, Tesla, enfin voilà, c'est vraiment des gros trucs quoi.
08:20Eux, ils ont des projets, des noms de codes internes qui sont assez rigolos, Exodus, Hyperswitch, voilà, ils ont vraiment travaillé pour
08:27sortir de VMware tout ou parti.
08:29Et ce qui est intéressant dans les migrations de grande taille, et d'ailleurs c'est pas valable que pour nous,
08:33avec le zoo de concurrence, c'est la même approche, c'est pour ça que c'est intéressant de la partager,
08:37c'est déjà de densifier leur infrastructure actuelle, donc mettre plus de VM sur les autres VMware actuelles.
08:42On perd un peu de performance, mais on laisse du matériel libéré, et en plus, on profite pour payer moins de cœur.
08:48Et au final, sur le matériel libéré, on va installer une solution alternative,
08:52et on va commencer à migrer ce qu'on a cartographié, les applications, souvent les moins critiques.
08:57Alors nous, on a des outils, mais les concurrents aussi, pour aller aspirer les VM côté VMware, faciliter la migration, etc.
09:03Et au final, est-ce qu'ils vont entièrement migrer de VMware ou pas, ça dépend, il y a des cas d'usage où
09:07il y a intérêt à rester sur VMware, parce qu'il y a des fonctionnalités,
09:10très loin un leader du marché pour des bonnes raisons.
09:12Personne n'a 100% des fonctionnalités de VMware, certains vont garder, certains vont partir, et plus vous êtes petit en nombre d'hôtes,
09:17plus ça ira vite. On a vu des gens avec des petites infras où ça a duré même pas une semaine, et c'était fait.
09:24Sur le cloud public, donc là, bon, marché en croissance, tout le monde est au courant,
09:28c'est un peu différent, c'est pas notre cœur de cible, mais
09:31je me plains souvent qu'on n'a pas de clients français ou peu,
09:36je suis vraiment ravi de pouvoir vous donner un exemple concret aujourd'hui, avec Cloud Temple,
09:41qui décide finalement récemment de changer son back-end
09:44qui était sur VMware, enfin pas de le changer, mais d'ajouter, on va dire, une brique supplémentaire à leur back-end VMware,
09:49en passant sur notre back-end à l'arrière, en gardant leur même console,
09:53et en faisant évidemment une tarification plus attractive, et en fait, entre le moment où ils ont décidé et le moment où ils ont
09:59commercialisé, ils commercialisent la semaine prochaine, il ne s'est passé que trois mois.
10:01Donc pour moi, je trouve que c'est une très bonne nouvelle, ça montre qu'en Europe, ça commence à bouger,
10:06et qu'on arrive à mettre en place des alternatives, que ce soit nous ou d'autres, en l'occurrence, c'est intéressant de voir que c'est possible.
10:12Et donc, pour conclure, nous, notre vision, évidemment, on va profiter de cette opportunité Broadcom, parce qu'il n'y en a pas cinquante des comme ça,
10:20et on a une fois dans une vie, on va dire, mais on va l'utiliser, pas pour s'acheter des yachts ou
10:24des châteaux, c'est pas trop le genre de la maison,
10:27c'est plutôt pour se développer, développer le produit, la R&D, il y en a besoin, le partenariat, monter en effectif,
10:34préparer le long terme, et le long terme, notre vision, nous, c'est une vision un peu industrielle, au sens noble du terme,
10:38c'est d'avoir la R&D en Europe, le plus possible, garder les centres de décision en Europe, même si l'argent vient des Etats-Unis, pour l'instant,
10:44et avec ça, on ne peut pas, et on ne veut pas, rester tout seul dans notre coin.
10:48Nous, on aime bien travailler en écosystème, donc c'est pour ça qu'on commence à travailler avec des partenaires, même depuis quelques années, comme certains,
10:53que je cite, de CRSI, par exemple, qui assemblent des serveurs, d'avoir
10:57notre solution préinstallée sur leur machine, on trouve que l'histoire, elle est bien, bosser avec les couches du dessous, si vous voulez, donc vraiment
11:03le matériel, Cyperl, qui fait des CPU ARM, Calrec, qui fait des accélérateurs,
11:08et les couches du dessus, parce qu'en fait, on se retrouve à un endroit un peu critique, si vous voulez,
11:12pour faire fonctionner un cloud, ou même, globalement, juste de l'IT, donc il y a vraiment pas mal de boîtes européennes avec qui
11:19on commence à bosser, et sur lesquelles il y a des débouchés super intéressants.
11:23Et tout ça, ça nécessite, bien sûr, des efforts massifs en R&D, et aujourd'hui, on a commencé à en faire, même sur du long terme,
11:29porter, par exemple, l'hyperviseur sur l'architecture RISC-V, il n'y a pas de machine, aujourd'hui, dans le datacenter en RISC-V
11:36pour la virtualisation, j'entends, donc on travaille sur du long terme, parce qu'on a une vision, une ambition, qui ne se résume pas à juste
11:42maintenant, ou à en profiter, mais vraiment, de créer cet écosystème, pour nous, qui est important.
11:46Bien sûr, on a plein, plein d'autres projets dans les tuyaux, y compris sur l'aspect un peu plus science, où on commence à bosser avec
11:51des élèves en thèse, faire des publications, etc., pour développer tout ça.
11:56Et voilà, est-ce que vous avez des questions ?
12:01Alors, je ne sais pas s'il y a des questions, mais moi, j'en ai une.
12:04Vers quelle année, tu penses que tu vas pouvoir
12:07dépasser VMware, par exemple, et qu'est-ce qui manque, concrètement, pour que ça puisse arriver ?
12:12Écoute, très concrètement, aujourd'hui,
12:15on est dans une situation qui est très positive, on a déjà une croissance qui est forte,
12:19mais clairement, le timing est court, pour adresser le marché et devenir un acteur. Notre ambition, c'est d'être un acteur majeur,
12:25donc c'est dans le top 5 mondial, donc c'est une vraie ambition, et pour arriver à cette ambition, clairement, la croissance organique, si bonne soit-elle,
12:32à 50-60% par an, soit à peu près là où on en est, ça ne suffira pas. Donc, on a la volonté d'aller encore plus loin et
12:39d'accélérer, pour essayer de parvenir, tout en gardant nos racines
12:42européennes, et clairement, on n'est pas là à chercher à se vendre pour se vendre, on cherche surtout, vraiment, à développer cette
12:48écosystème industriel.