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« Maman, j'ai arrêté l'avion » s'intéresse à notre empreinte numérique, qui n'a vraiment rien de virtuel.

Quel est le coût écologique d'un mail, d'un selfie, d'un like, d'une vidéo en streaming ? Tous les jours, nous sommes plusieurs milliards à communiquer par courriels, à scroller, poster, liker, tchater, zoomer, visionner, streamer... et à se vautrer, le plus innocemment du monde, dans une débauche énergétique qui ressemble furieusement à un désastre environnemental. Mais derrière tout cela, il y a un giga business...

Et cette pollution numérique est invisible : « Le cloud » n'est pas un nuage, en réalité ce sont des millions de câbles, de serveurs et d'antennes relais. Sans parler de la 5G qui va démultiplier nos usages. Si l'on veut sauver la planète, il va donc falloir sérieusement revoir nos comportements. Mais est-ce seulement possible à l'heure du monde globalisé et des apéros zoom ? Mails, 5G, streaming, terminaux... qu'est-ce qui pollue vraiment ? Et que peut-on faire dans un monde digitalisé où plus on « dématérialise », plus on utilise de matière et d'énergie ? Et enfin, l'IA s'apprête-t-elle à révolutionner nos vies ?

Pour répondre à ces questions, Daphné ROULIER, en collaboration avec Raphaël HITIER reçoit :
- Raphaël GUASTAVI, directeur adjoint de l'économie circulaire à l'ADEME, l'agence de la transition écologique
- Sheila O'HARA, en charge des solutions technologiques pour le développement durable chez IBM France.
- Guillaume PITRON, journaliste et spécialiste du numérique, auteur de « L'Enfer numérique » (Les Liens Qui Libèrent).

Présenté par : Daphné Roulier, avec la collaboration de Raphaël Hitier
Année : 2023 / Durée : 52' - Production : LCP-Assemblée nationale, en collaboration avec Nova Production

"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier abordera un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités. Ensemble ils se poseront des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener. Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ?
L'émission de 52 minutes est construite autour de reportages tournés sur le terrain et d'interviews de politiques et/ou d'experts en plateau menées par Daphné Roulier avec, à ses côtés, Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques.
La militante écologiste Camille Etienne participera également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00 Bonjour à toutes et à tous, je suis très heureuse de vous retrouver pour la saison 2 de "Maman j'ai arrêté l'avion"
00:05 et quoi de mieux en cette rentrée de nous intéresser à notre empreinte numérique qui n'a vraiment rien de virtuel.
00:11 Tiens, savez-vous à quoi équivaut un mail, un selfie, un like, une vidéo en streaming sans coût écologique j'entends ?
00:17 Tous les jours, nous sommes pourtant plusieurs milliards à communiquer par courriel, à scroller, poster, liker, chatter, zoomer, visionner,
00:24 streamer et à se vautrer le plus innocemment du monde dans une débauche énergétique qui ressemble furieusement à un désastre environnemental.
00:31 Mais chut, il ne faut pas trop le répéter car c'est un giga business.
00:34 Seulement, derrière chacune de nos petites actions en ligne, il y a un inframonde qui tourne H24 7 jours sur 7
00:39 et pompe un max d'énergie, Raphaël Ittier, sans compter l'empreinte carbone de nos joujoux du quotidien
00:45 et nos applis favorites toujours plus gourmandes en énergie et en bande passante.
00:49 Oui Daphné, 1 milliard de 100 millions, c'est le nombre de smartphones qui ont été vendus rien que sur l'année 2020
00:55 sachant que la fabrication d'un seul de ces téléphones nécessite 80 matériaux différents.
01:00 En France, on dénombre déjà 15 équipements connectés par habitant et le numérique au niveau mondial
01:06 consomme 10% de l'électricité et participe jusqu'à 4% des émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire qu'il est déjà au-dessus du secteur aérien.
01:15 Et cette pollution numérique, Raphaël, est invisible, on nous a fait croire que le cloud était un nuage,
01:20 en réalité ce sont des millions de câbles, de serveurs et d'antennes relais, sans parler bien sûr de la 5G qui va démultiplier nos usages.
01:26 Bref, si l'on veut sauver la planète, il va falloir sérieusement revoir nos comportements,
01:30 mais est-ce seulement possible à l'heure du monde globalisé ?
01:33 Et des apéros Zoom ? Au fait maman, j'ai arrêté l'avion.
01:36 [Musique]
01:58 Mel, 5G streaming termino, qu'est-ce qui pollue vraiment et que peut-on faire dans un monde digitalisé
02:03 où plus on dématérialise, plus on utilise de matières et d'énergie et où l'IA s'apprête à révolutionner nos vies ?
02:09 Pour en parler, Raphaël Guastavi, directeur adjoint de l'économie circulaire à l'ADEME, l'agence de la transition écologique,
02:16 le journaliste et spécialiste du numérique Guillaume Pitron, auteur notamment de l'Enfer numérique que je vous conseille,
02:22 est chez la OARA en charge des solutions technologiques pour le développement durable chez IBM France.
02:28 Bonjour et bienvenue à tous les trois.
02:30 Alors avant de vous laisser la parole, allons du côté de ces fameux data centers, centres de données en VF,
02:35 voir comment ils fonctionnent et ce qu'ils consomment.
02:37 Aujourd'hui, le secteur numérique et ses infrastructures représentent, on l'a dit, 10% de la consommation électrique en France.
02:43 En 2030, le numérique consommera pas moins de 13% de l'électricité mondiale.
02:48 Son impact spatial énergétique est donc loin d'être neutre, d'autant qu'il est aussi très polluant.
02:53 Alors, dans la petite ville de Vissou, près d'Orly, l'installation d'un data center pour le compte d'Amazon fait grincer des dents.
02:59 À tort ou à raison, c'est ce qu'on a cherché à démêler.
03:02 Le Toutopo, c'est un reportage d'Alexis Breton, Jaouar Nadi et Joseph Allais.
03:07 Vissou, une petite ville tranquille de près de 8000 habitants en Essonne.
03:19 Il y a deux ans, Jean-Luc Touly, élu municipal, a découvert qu'un data center exploité par Amazon
03:27 s'était discrètement installé dans cet ancien entrepôt de logistique collé à la ville.
03:32 Un data center, c'est-à-dire un centre de stockage des données numériques.
03:37 Jean-Luc Touly vient d'apprendre une nouvelle supplémentaire.
03:41 Ses capacités vont être quintuplées dans les prochaines années.
03:45 Vous voyez le bâtiment avec deux cheminées. Il en est prévu 12 autres.
03:50 Si le projet vient à son objectif final d'un bâtiment qui ferait un data center de 100 mégawatts,
03:56 aujourd'hui on en est à 19,8 avec deux cheminées. C'est très sécurisé.
04:00 Il y a des caméras un peu partout.
04:02 Il y a des vigiles puisqu'on n'a pas le droit de rentrer, même les élus de la commune n'ont pas le droit de venir visiter.
04:08 Vous voyez, ce n'est pas possible.
04:10 On est à l'extérieur, là, on peut filmer.
04:13 Moi, je suis élu de la commune, je n'ai pas le droit de rentrer parce que c'est effectivement,
04:18 on est dans un état un peu secret où c'est confidentiel.
04:22 Mais à partir du moment où c'est la ville de Vissou, moi, je peux aller partout.
04:26 Je ne peux pas rentrer, oui, mais c'est moi qui leur ai demandé de venir.
04:30 Bientôt, le data center de Vissou consommera 8 fois plus que l'ensemble des habitants de la commune.
04:36 Un impact carbone démesuré avec des conséquences locales également.
04:40 Le centre rejette de la chaleur et des particules fines vers les habitations toutes proches.
04:45 Comme chez Philippe Soum qui a décidé lui aussi de se mobiliser.
04:49 - Bien le bonjour à vous. - Bonjour, Luc.
04:52 - Très bien, merci.
04:54 - C'est ça, on voit le truc blanc, là.
05:01 - C'est le bâtiment principal. - C'est le bâtiment principal.
05:04 - Et les cheminées dont je vous parle, les 12 cheminées supplémentaires,
05:08 ça va être justement à l'angle de ce bâtiment blanc et gris que vous voyez.
05:12 Une usine polluante, mais qui surtout ne s'arrête jamais.
05:16 - C'est le problème du bruit, parce que c'est un vrai souci, surtout en période nocturne.
05:20 - On a déjà des bruits des avions. - La nuit, quand même, les avions,
05:22 à partir de 22h, 23h, à Orly, ça s'arrête.
05:25 Là, entre 23h et 6h du matin, là, ça marche tout le temps.
05:30 Et en tout cas, ça marche en cas de coupure, ça marche pour les tests,
05:33 et puis en cas de problème d'hiver.
05:36 Des data centers comme celui-là, il en pousse un peu partout en ce moment,
05:40 en France et dans le monde.
05:42 En France, ils représenteront 13% de la consommation énergétique mondiale.
05:47 En cause, nos écrans, nos nouveaux doudous, dont on ne se sépare plus.
05:54 Pour 80% des jeunes, c'est même le 1er geste du matin.
05:58 Notre écran nous suit désormais partout.
06:00 Au petit-déjeuner, dans la salle de bain, et même pour 48% d'entre nous, aux toilettes.
06:07 Les Français passent 4h par jour sur leur smartphone.
06:10 Et quand ils le quittent, c'est pour se mettre devant un ordinateur.
06:13 Le soir, enfin, 8 millions d'entre nous finissent la journée devant un film en streaming.
06:18 Un usage du numérique aux coûts écologiques énormes.
06:23 Dans le monde, on estime à 34 milliards le nombre d'appareils numériques en fonctionnement.
06:28 Des appareils dont la fabrication nécessite des dizaines de métaux,
06:32 comme le lithium ou le cobalt, polluants et souvent extraits dans des conditions inhumaines,
06:37 comme ici au Congo.
06:40 - Ooooooh !
06:43 Enfin, pour fonctionner, ces appareils ont besoin de supports physiques,
06:47 des millions de kilomètres de câbles, d'antennes, d'ordinateurs et de data centers.
06:52 Bombes à retardement climatique pour les uns,
06:55 outils indispensables pour notre société moderne selon les autres.
06:58 Le numérique peut-il être écologique ?
07:01 Deux visions s'opposent sur le sujet.
07:03 D'un côté, Régis Castanier, directeur général France des KINIX,
07:07 numéro 1 mondial des data centers.
07:09 De l'autre, Lorraine de Montenay de l'association Green Haiti.
07:13 - Je considère que le numérique est une chance.
07:16 Tout comme les révolutions industrielles se sont faites autour du moteur à explosion,
07:22 de l'électricité, de l'informatique et de l'Internet,
07:26 aujourd'hui le numérique, l'intelligence artificielle, le quantique qui se développe,
07:31 sont des chances pour la planète.
07:33 - Tout ça en fait c'est extrêmement matériel.
07:35 Ils ont fabriqué ces équipements, ils ont un poids,
07:38 ils ont un sac à dos écologique.
07:40 C'est dur parce qu'en fait on n'a pas envie que le numérique
07:43 soit le coup de grâce sur une planète déjà abîmée.
07:48 En banlieue parisienne, depuis l'autoroute,
07:51 on aperçoit un drôle de bâtiment encore en construction
07:54 qui ressemble à s'y méprendre à un stade de foot.
07:57 Mais à l'intérieur, pas de Mbappé ni de Ballon Rond.
08:00 Cécile Diguet est urbaniste à l'institut Paris Région.
08:04 Elle va nous expliquer comment fonctionne concrètement un data center.
08:08 - Ce bâtiment c'est un data center,
08:10 c'est-à-dire un lieu où on stocke et on traite les données numériques
08:13 qui peuvent être les vôtres sur votre email, sur de multiples supports.
08:16 Là on a un quart qui est déjà construit
08:19 et un autre qui est en train d'être construit.
08:21 Une fois terminé, il s'étendra sur 40 000 m2.
08:25 Il sera alors le plus grand de France.
08:28 Un bâtiment ultra sécurisé qui cache le cœur de l'industrie numérique.
08:33 - À l'intérieur, ce qu'on y trouve, ce sont des très grandes salles
08:36 remplies de serveurs informatiques où sont justement traitées ces données,
08:40 entourées d'équipements techniques, électriques, de rafraîchissements.
08:43 Donc en fait on est sur un bâtiment très complexe
08:46 et qui consomme aussi beaucoup d'électricité.
08:48 C'est l'équivalent d'une ville de 400 000 habitants.
08:50 C'est quatre fois Montreuil, c'est quatre fois Poitiers.
08:53 Si les data centers consomment autant d'énergie,
08:57 c'est parce qu'ils fonctionnent en permanence.
08:59 - Pourquoi un data center tourne 24/24/77 ?
09:02 Eh bien tout simplement parce que vous et moi,
09:04 quand on a une insomnie à 3h du matin et qu'on a envie de regarder son Netflix,
09:08 il faut que son Netflix soit disponible.
09:10 Et si ce n'est pas le cas, on n'est pas content.
09:12 Et là je parle juste moi en tant que consommateur.
09:14 Mais quand on parle ensuite de toute l'industrie,
09:16 l'industrie tourne 24/24/77.
09:19 - Le cloud, ce n'est pas du tout dans un nuage, très concrètement.
09:22 On a donc des data centers qui sont des hangars géants
09:27 dans lesquels vous allez avoir une compilation énorme
09:30 de matériel informatique qui fait du calcul et du stockage.
09:33 Et puis vous allez avoir tout le réseau pour pouvoir envoyer cette information
09:37 jusqu'à nos ordinateurs, nos téléphones, nos télévisions, etc.
09:41 Et effectivement, ce système fonctionne sur des énergies fossiles.
09:45 La moitié de la consommation électrique des data centers
09:48 est consacrée à refroidir les serveurs, constamment en surchauffe.
09:52 Ces refroidissements se traduisent instantanément
09:55 par des rejets de chaleur dans le voisinage.
09:59 Près de Paris, Cécile nous emmène au pied d'un autre data center
10:02 construit en 2009.
10:04 Juste à côté, une foule de nouveaux logements.
10:07 - Les data centers doivent se refroidir encore plus l'été,
10:11 quand il fait très chaud, et rejettent cette chaleur
10:13 qu'on appelle fatale dans l'atmosphère.
10:15 Donc tous ces bâtiments-là, toutes ces personnes qui habitent là,
10:18 en situation de canicule, vont avoir encore plus chaud
10:21 puisqu'on a en face une installation qui rejette de la chaleur.
10:24 Ces bâtiments peuvent augmenter la température
10:27 d'un quartier de 2 degrés supplémentaires en été.
10:30 Des effets locaux, certes, mais ils montrent bien
10:32 les besoins énergétiques spectaculaires de ces centres géants.
10:36 Alors, les data centers sont-ils le nouveau fléau écologique ?
10:40 Benoît Chevalier, directeur des études chez Equinix,
10:46 veut nous prouver le contraire.
10:48 Et pour cela, il nous reçoit dans un data center à Saint-Denis
10:51 qu'il a conçu en 2022.
10:54 Il est le seul à avoir accepté notre caméra.
10:57 Car comme nous allons le constater,
10:59 les data centers sont des lieux très secrets.
11:02 - Mon badge, une première fois, ça ouvre le SAS.
11:04 Ensuite, on se met à l'intérieur.
11:05 Là, il y a des petites plaques de pression qui viennent vérifier
11:08 qu'il y a bien le poids d'une seule personne
11:09 et qu'il n'y a pas 2-3 personnes qui sont rentrées à l'intérieur.
11:12 Et ensuite, j'ai mes empreintes dans le badge
11:14 et je viens vérifier que c'est bien moi qui correspond à ce badge-là.
11:18 Et là, j'ai l'autorisation d'entrer.
11:20 - Ça tue le cœur aussi ?
11:22 - Oui, c'est ça.
11:24 On s'assure de savoir qui rentre et qui sort
11:26 et qu'il y ait les bons droits qui vont avec.
11:29 Tout est fait pour protéger un trésor.
11:33 Nos données, qui sont conservées dans d'immenses salles comme celle-là.
11:37 - Là, on est dans ce qu'on appelle nous les data halls.
11:43 Donc, c'est vraiment les salles d'hébergement
11:45 dans lesquelles on a les équipements clients, les serveurs.
11:48 Typiquement, vous voulez regarder une vidéo en streaming.
11:50 La vidéo, vous ne l'avez pas sur votre ordinateur.
11:52 Cette vidéo, elle est stockée quelque part.
11:54 Elle est stockée dans des endroits comme ici.
11:56 Donc, ça vaut pour des grands sites de streaming.
11:58 Ça vaut pour des photos que vous pouvez uploader, vous, sur des réseaux sociaux.
12:02 En fonctionnant, toutes ces machines produisent cette fameuse chaleur.
12:06 Mais Benoît Chevalier pense avoir trouvé la solution
12:09 en la réutilisant de manière originale.
12:19 - Nous voilà à l'intérieur de la serre.
12:21 En ce moment, c'est plutôt les tomates, quelques petites herbes aromatiques.
12:25 Tout ce qui est récolté ici, on travaille avec un partenaire local
12:28 qui le met à disposition dans un marché solidaire pour les habitants de la commune.
12:32 Il y a un petit circuit ici où on vient récupérer directement la chaleur d'en bas
12:35 et chauffer cette serre.
12:37 Donc, ça, ça se fait assez facilement. C'est direct.
12:39 En fait, on est juste au-dessus des salles d'attâts.
12:41 Donc, il y a entre guillemets uniquement à remonter de l'eau chaude ici.
12:45 Ça, c'est pour la serre.
12:46 Et ensuite, on vient se connecter au réseau urbain de la ville de Saint-Denis
12:49 et de Pleine-Commune.
12:51 Et là, on chauffe le centre aquatique olympique et la ZAC Saulnier,
12:54 qui est un nouveau quartier avec des habitations et des bureaux.
12:57 - Avec ce système, Equinix redistribue gratuitement à la ville de Saint-Denis
13:02 une énergie qui permet de chauffer 1 500 logements,
13:05 en plus de la future piscine olympique.
13:08 Mais ce bâtiment est le seul de ce genre en France.
13:14 - Ça n'avait jamais été fait de manière industrielle en France.
13:17 Mais ça fait désormais partie de notre design standard.
13:19 Donc, dès qu'on va construire un data center,
13:21 on va s'assurer que ce data center, il est à proximité d'un réseau de chaleur,
13:24 déjà qu'on puisse réutiliser cette chaleur.
13:27 Et ensuite, bien évidemment, on va mettre ça en oeuvre avec les collectivités locales.
13:30 - Ça peut être du greenwashing.
13:32 On risque d'aller juste dans le fait de démultiplier le nombre d'utilisations
13:37 qu'on va faire d'un service parce qu'il est plus efficace.
13:39 C'est assez classique, en fait.
13:40 Quand on a une technique, une technologie qui devient plus efficace,
13:44 on a tendance, quel que soit le secteur, à augmenter son utilisation.
13:49 Et donc, on crée ce qu'on appelle un effet rebond.
13:51 Les data centers essayent d'améliorer leur empreinte écologique.
13:55 Mais ils ne sont finalement qu'une petite partie du problème.
13:58 Car il n'existe que pour faire fonctionner tous nos appareils numériques.
14:01 Or, nous en consommons des quantités astronomiques.
14:05 En France, nous changeons de téléphone tous les 2 ans environ.
14:08 À Paris, nous avons rendez-vous avec Samuel Sauvage.
14:12 Il est le cofondateur de Hop, une association qui milite
14:16 contre l'obsolescence programmée, le fait que les entreprises
14:19 réduisent exprès la durée d'utilisation de leurs appareils.
14:23 - Le numérique, en France, on estime que c'est à peu près 2,5%
14:26 des émissions de gaz à effet de serre.
14:28 Et le plus problématique, c'est qu'on prévoit que ça doit tripler d'ici 2050.
14:33 Et quand on voit qu'est-ce qui cause ces pollutions,
14:37 il y a souvent 3 catégories qui sont mises en avant.
14:40 Il y a les terminaux, c'est-à-dire nos appareils.
14:44 Il y a les réseaux, c'est-à-dire tous les câbles
14:47 et tout ce qui permet à ces appareils de fonctionner en commun.
14:52 Et puis, les data centers qui gèrent les données.
14:55 Ce qu'on oublie parfois de dire quand on montre ces 3 impacts,
14:58 c'est que les terminaux, c'est à peu près, au minimum,
15:02 on va dire 80% des impacts du numérique.
15:06 Donc, agir sur les appareils doit être une priorité aujourd'hui.
15:11 Le fait, par exemple, de faire durer un an de plus votre ordinateur
15:16 va avoir beaucoup plus d'impact que le fait d'avoir nettoyé votre boîte mail
15:21 de tous les spams et tous les messages dont vous n'aviez plus besoin.
15:25 Par exemple, un mail avec pièce jointe, c'est à peu près 20 grammes de CO2.
15:29 C'est beaucoup moins qu'une heure de streaming,
15:32 qui est 5 ou 6 fois plus.
15:35 Mais c'est beaucoup, beaucoup, beaucoup moins,
15:38 c'est 5 000 fois moins que le fait de renouveler précocement son ordinateur.
15:43 Ce petit geste, vous pouvez le faire,
15:46 mais surtout, n'oubliez pas le grand geste qui est d'acheter intelligemment
15:49 vos produits et de les faire durer.
15:52 Faire durer votre portable, le geste primordial.
15:56 Et ce, essentiellement à cause des matériaux qui sont utilisés pour les fabriquer.
16:01 Nous, en portable, on a à peu près 70 métaux différents.
16:04 Pourquoi est-ce que ça a beaucoup d'impact sur les gaz à effet de serre ?
16:08 Tout simplement parce qu'il va falloir extraire les métaux de la terre.
16:11 Et donc, par exemple, pour avoir une tonne de nickel,
16:14 il va falloir extraire 571 tonnes de terre.
16:18 Donc, vous imaginez, pour chacun des métaux différents,
16:21 chacune des terres rares différentes,
16:24 il va falloir ensuite les raffiner.
16:27 Par exemple, pour les terres rares, vous allez avoir besoin de bains d'acide.
16:31 Tout ça, c'est des processus qui sont extrêmement coûteux pour l'environnement.
16:35 Parmi ces métaux, il y a le nickel, l'or ou encore le lithium,
16:39 présents dans toutes nos batteries.
16:41 Le lithium vient principalement de Chine ou d'Amérique du Sud.
16:45 Mais face à l'explosion de notre consommation,
16:47 de nouvelles mines vont être ouvertes, en Europe et même en France.
16:51 À Echassière, dans l'Allier, Xavier Tabaran, guide nature,
16:55 se bat contre le projet d'une nouvelle exploitation de lithium
16:58 à proximité de la forêt qui l'aime tant.
17:01 - Donc voilà, on arrive dans ce beau site, cette ancienne carrière.
17:05 Là, on est juste à côté de la mine de la Bosse, la future mine d'Iméris.
17:08 Le problème, c'est que là-bas, ils ont trouvé, en faisant des forages, du lithium.
17:12 Et ce lithium, ils ont décidé de l'exploiter.
17:14 Et ils vont nous faire, là, du coup, ce n'est plus une carrière,
17:16 ce sera une mine. Ils vont creuser en profondeur,
17:19 au moins jusqu'à 500 m de profondeur.
17:21 Il n'y a déjà pas beaucoup d'eau.
17:23 On a peur que la carrière aspire l'eau et que ça assèche le reste de la forêt.
17:27 - Iméris, l'entreprise française qui n'a pas pu nous recevoir,
17:31 réfute ces accusations.
17:33 Elle assure travailler pour développer des techniques plus respectueuses de l'environnement.
17:36 Avec cette future mine, Iméris souhaite extraire 34 000 tonnes de lithium par an
17:41 à partir de 2028.
17:43 L'ère de la pollution numérique ne fait que commencer.
17:47 Selon l'ADEME, d'ici 2050, les émissions du numérique pourraient quintupler en France.
17:55 - Alors, la Startup Nation, cher Emmanuel Macron,
17:57 entend faire de l'Hexagone une terre promise pour les data centers.
18:01 Bonnes ou mauvaises nouvelles au vu de ce que l'on vient de voir ?
18:04 - Alors, plutôt une mauvaise nouvelle si on considère effectivement
18:07 les besoins en ressources nécessaires à la construction de data centers,
18:11 aux besoins en énergie consommée et également tout ce que ça importe
18:17 comme émissions directes et indirectes.
18:20 Bonne nouvelle si on considère que l'électricité française
18:24 est quand même relativement décarbonée et que si ces data centers
18:27 ne se font pas en France, ils se feront dans d'autres pays
18:29 où peut-être justement l'électricité a plus de carbone intrinsèquement
18:34 et donc, par rapport à notre utilisation, des usages qui seraient aussi plus carbonés.
18:40 - Alors, si les prochaines phases du projet sont validées,
18:43 le data center de Vissou va devenir le cinquième plus grand en France.
18:47 La ville n'est membre d'aucun syndicat urbain de chauffage,
18:51 donc impossible de valoriser ou de recycler la chaleur rejetée.
18:54 N'est-ce pas déjà à ce titre, avant toute autre considération,
18:58 une aberration écologique ?
19:00 - D'abord, ça ne m'étonne pas que la chaleur fatale ne soit pas forcément réutilisée
19:04 et on a vu un reportage intéressant où le cœur du métier
19:09 semble être finalement de faire pousser des tomates plus que de gérer des données.
19:12 - Non mais justement, à l'heure des...
19:14 - Et en fait, pour l'industrie des data centers, ce n'est pas ça la réalité.
19:16 D'ailleurs, ils le disent, ils disent que notre métier,
19:18 ce n'est pas de récupérer la chaleur fatale.
19:20 - Très bien, sur le plan de la communication, c'est parfait.
19:22 Ça fait l'image qui est très belle à la télévision.
19:24 Non, à l'heure des impératifs de séparité énergétique, si vous voulez,
19:27 d'un côté, vous allez avoir une industrie qui va justement prendre compte
19:32 de ces enjeux-là et de ces sujets-là, de ces critiques-là,
19:35 et je suis sûr qu'on va l'entendre, en disant, mais nous, on a l'obligation,
19:39 et au-delà de nos obligations, de toute façon, on travaille à améliorer notre performance.
19:43 Donc pour X données produites, on va baisser la consommation énergétique,
19:47 on va optimiser, et de l'autre, vous avez une consommation de ces données
19:51 qui est absolument exponentielle, parce que nous sommes à l'ère de l'IA générative,
19:55 de chat GPT, des crypto-monnaies, et donc le sujet, c'est la course de vitesse
19:59 est-elle en train d'être gagnée par le business qui est capable d'améliorer
20:03 ses performances, ou est-ce qu'elle est perdue, cette course de vitesse,
20:06 compte tenu de l'explosion de nos usages et du fait que demain,
20:09 tout sera connecté, y compris nous, avec des puces sous la peau.
20:12 Et ce que l'on voit, c'est typiquement l'effet rebond,
20:14 c'est-à-dire qu'en fait, puisque ça pollue moins, et bien je peux me permettre
20:18 de consommer encore un peu plus.
20:20 Il y a le buffet à volonté, donc on se gave.
20:22 Ce que l'on gagne d'un côté, on le perd de l'autre.
20:24 C'est open bar, et on est tous sortis d'un buffet à volonté en ayant trop mangé.
20:30 Sheila O'Hara, comment faites-vous, vous, pour précisément optimiser
20:34 et décarboner le stockage de vos données ?
20:37 Oui, c'est justement le focus, en fait, de plusieurs solutions qu'on a,
20:42 dans les data centers en particulier.
20:44 Oui, en fait, on va travailler sur cette performance.
20:48 On va travailler sur une consolidation des tâches pour essayer de réduire
20:53 l'espace nécessaire, en fait, pour faire tourner, en fait,
20:57 toutes les calculs.
20:59 On va travailler aussi avec des partenaires.
21:02 Par exemple, on a un partenariat avec Dassault Systèmes, en fait,
21:05 qui vont travailler sur tout ce qui est une amélioration
21:08 de la refroidissement, en fait, de ces data centers.
21:11 Donc, un focus fort sur faire plus avec moins,
21:16 parce qu'on voit les demandes qui explosent en termes de besoins de calcul
21:22 ou de nouvelles technologies comme le Generative AI.
21:26 Je pense qu'il y a aussi, en fait, une éducation qui doit être faite
21:32 au sens large sur cet impact du numérique, parce que je constate,
21:38 quand je croise des jeunes qui viennent découvrir, on va dire,
21:43 le numérique, en fait, chez IBM...
21:45 Les digital natives.
21:46 Ils n'ont aucune conscience de l'impact environnemental du numérique.
21:50 Donc, je pense qu'il y a aussi un fort travail d'éducation,
21:55 que nous aussi, dans le numérique, on doit contribuer, en fait,
22:00 à cet éducation.
22:01 Ce que vous nous dites, chez la OARA, c'est que l'innovation nous sauvera
22:04 de l'épuisement des ressources et des changements climatiques.
22:07 Mais avec le cloud, la consommation des serveurs devrait doubler
22:10 tous les quatre ans.
22:11 Donc, ça veut dire plus de technologies, c'est nécessairement plus de matières
22:14 premières, donc plus d'énergie et plus d'impact environnemental.
22:17 Pas forcément, parce qu'on a aussi des technologies comme le quantique
22:22 qui offrent des capacités, on va dire, de calcul exponentiel,
22:27 mais qui ont un impact, on va dire, énergétique minime.
22:31 Alors, ça, c'est le grand argument aujourd'hui, le quantique.
22:33 Est-ce que c'est la solution, le quantique ?
22:34 Il y a des échéances qui ne répondent pas à l'urgence climatique.
22:37 Vous n'allez pas installer l'informatique quantique dans les dix ans
22:40 pour répondre à la...
22:41 Ça ne va pas remplacer tout l'ordinateur, mais ça ne va pas remplacer non plus
22:46 les ordinateurs, on va dire, traditionnels.
22:50 Pour simplifier, c'est-à-dire que pour une puissance de calcul
22:53 bien plus importante, on a besoin de ressources énergétiques
22:56 bien plus faibles parce que le process n'est pas le même.
22:58 Voilà, d'accord.
22:59 Le process n'est pas le même et on a une puissance, on va dire,
23:03 de calcul qui est exponentielle.
23:05 En fait, un ordinateur traditionnel de 4 bits va faire 1 calcul.
23:09 Un ordinateur quantique de 4 qubits peut faire 16 calculs.
23:13 Donc, on est...
23:14 La physique quantique, c'est la solution à la pollution numérique ?
23:18 C'est surtout, c'est pourquoi faire, en fait.
23:21 C'est surtout ça, la question.
23:22 Justement.
23:23 Et c'est dans l'usage...
23:24 Si c'est pour nourrir nos usages.
23:25 Voilà, c'est dans l'usage de ces technologies qu'on verra,
23:27 effectivement, un gain ou encore un impact supplémentaire.
23:31 C'est ça, l'effet rebond.
23:32 J'aimerais juste qu'on revienne sur ces data centers
23:35 qui rejettent cette fameuse chaleur fatale.
23:38 Plus de 2 degrés à l'ère du réchauffement climatique,
23:41 c'est très, très loin d'être neutre pour les riverains.
23:44 C'est énorme, effectivement.
23:45 Ça peut continuer à rendre invivable certains quartiers.
23:48 Aujourd'hui, on est plutôt à chercher à récupérer au maximum
23:51 cette chaleur fatale et à trouver des solutions de free cooling
23:55 qui permettent un refroidissement sans avoir de rejets à l'extérieur
23:59 de cette chaleur.
24:00 En termes de santé, au niveau des rejets liés aux data centers,
24:03 est-ce que les riverains sont susceptibles d'avoir raison
24:06 de s'inquiéter en termes de particules ?
24:09 C'est vrai qu'on a entendu dans le reportage...
24:10 Les centrales électriques de secours fonctionnent au diesel
24:13 et les cheminées du data rejeteraient l'équivalent de 416 allers-retours
24:17 Paris-New York.
24:18 Ça, aussi, c'est pas neutre.
24:21 C'est énorme.
24:22 C'est tous les groupes électrogènes de secours.
24:25 L'idée, c'est que ça ne fonctionne pas.
24:28 Mais ça fonctionne tout de même, 15 heures par an,
24:31 pour les questions de maintenance.
24:32 Dans la partie test et maintenance.
24:34 C'est des data centers qui tournent 24/24, 7 jours sur 7
24:37 et qui ne peuvent pas se permettre d'avoir des pannes.
24:40 De tomber en panne, oui.
24:41 Donc, on revient au problème.
24:43 C'est au cas où.
24:45 C'est très énergivore pour un au cas où.
24:48 C'est exactement ça.
24:49 Un cas de panne.
24:50 Et c'est aussi énergivore pour des tas de données
24:52 qui ne sont pas utilisées, quelque part.
24:54 Justement, Guillaume Pitron, ces centres de données
24:56 sont très énergivores, peu pourvoyants d'emploi
24:58 et bénéficient de nombreux privilèges,
25:00 comme l'abattement sur le prix d'achat de l'électricité.
25:02 Ne faudrait-il pas mieux réguler ce secteur
25:04 et faire payer le juste prix à ces industriels
25:07 aux bénéfices records ?
25:09 Si on leur fait payer ces prix-là,
25:10 c'est parce que c'est quand même de l'industrie.
25:13 C'est la fameuse Start-Up Nation dont vous avez parlé.
25:16 Chérez, Emmanuel Macron.
25:17 Il y a des entreprises qui sont des champions européens
25:20 et qui sont d'ailleurs des entreprises françaises.
25:21 On pense à On vous héberge, OVH.
25:23 Il y a des villes en France qui, aujourd'hui,
25:25 se spécialisent dans cet écosystème-là.
25:28 Je pense en particulier à Marseille,
25:29 puisque Marseille est aussi une ville
25:31 par laquelle arrive un salon de câbles sous-marins
25:33 qui relie l'Europe à l'Asie.
25:36 Et donc, Marseille est une zone naturelle
25:38 d'arrivée des câbles.
25:39 Et à l'arrivée des câbles, il y a forcément
25:41 des centres de données.
25:42 Mais la pleine commune, au nord de Paris,
25:44 là, on était au sud dans le reportage,
25:46 mais dans le nord de Paris,
25:47 on l'a vu aussi à peu près tout à l'heure
25:49 avec ce grand datacenter en construction,
25:50 ce sont des zones qui, effectivement,
25:53 sont de plus en plus disponibles
25:55 du fait de la volonté des pouvoirs publics,
25:57 parce que c'est la numérisation de nos économies
26:00 et parce que nous sommes dans une guerre économique.
26:03 J'entends bien, mais faudrait-il quand même
26:04 leur faire payer un peu plus l'électricité
26:06 ou, par exemple, envisager, à l'échelle européenne,
26:08 une taxe sur le volume des données stockées ?
26:11 Alors, moi, je suis pour la taxe,
26:13 parce qu'en fait, ça aurait un impact
26:14 sur notre façon de consommer.
26:16 Voilà.
26:17 Et je dirais même qu'il faudrait presque
26:18 que cette taxe, elle ne s'applique pas seulement
26:20 aux fournisseurs du service...
26:21 Mais également aux usagers.
26:22 Oui, sur le prix des forfaits, par exemple.
26:24 Oui, mais sauf que moi, aujourd'hui,
26:25 j'ai un forfait à 20 euros
26:27 pour, en fait, une consommation illimitée de données.
26:29 Et rappelez-vous, en 1999, mon premier portable,
26:33 j'avais droit à 40 SMS dans le mois.
26:35 Absolument.
26:36 Donc, il faut jouer sur la fiscalité
26:38 pour dissuader ou, en tout cas,
26:39 restreindre l'usage que l'on a du numérique
26:43 et, au fond, responsabiliser les usagers.
26:45 Il faut remettre des forfaits par tranche,
26:46 comme il y a des tranches d'impôts,
26:48 ce qui permettrait de faire augmenter un petit peu du délit
26:50 qu'on utilise pour de vrai.
26:51 Plus vous streamez, plus vous payez.
26:52 Des modèles économiques.
26:53 Ça existe, mais ça impose de remettre à plat
26:55 tout le modèle économique des gaffes femmes.
26:57 Est-ce que c'est possible ?
26:58 Ça me paraît excessivement compliqué.
27:00 Alors, on voit des nouveaux modèles économiques
27:01 qui apparaissent dans l'écosystème Internet.
27:03 Je pense en particulier à Roblox,
27:04 qui est en fait un espèce de métavers
27:05 pour jeunes Américains, notamment,
27:07 où, en fait, vous construisez des jeux,
27:09 vous jouez avec des gens que vous ne connaissez pas,
27:11 avec des jeux que vous avez construits,
27:12 et vous touchez une partie, en pourcentage,
27:14 de l'argent qui a été généré par le jeu
27:16 sur lequel les autres viennent jouer.
27:17 C'est un nouveau modèle économique
27:19 qui vient bousculer le modèle économique traditionnel.
27:21 Mais aujourd'hui, quand on voit la puissance
27:23 des groupes gaffes femmes, qui s'est fondée,
27:25 parce que ce sont avant tout des régies publicitaires
27:27 sur les publicités,
27:28 je n'ai pas de boule de cristal pour vous dire
27:30 à quoi ressemblera le futur,
27:31 mais ce qui est sûr, c'est que c'est un modèle
27:32 qui fonctionne très bien, et personne
27:33 dans cet écosystème-là a envie que ça change.
27:34 Alors, justement, Guillaume Pitron,
27:36 des villes comme Amsterdam ont pris des moratoires
27:38 sur ces data centers.
27:39 Stockholm leur impose déjà des exigences drastiques,
27:42 et l'Irlande et Singapour,
27:43 après leur avoir ouvert grand les bras,
27:45 se ravisent et réfléchissent à leur tour
27:47 à la mise en place d'un moratoire
27:49 face à un modèle insoutenable.
27:51 Je sais que les expériences des uns ne servent pas aux autres,
27:53 mais n'y aura-t-il pas des leçons à en tirer ?
27:55 Amsterdam a été la première ville
27:56 à poser un moratoire, parce qu'en fait,
27:58 l'extension des data centers
28:00 était devenue incontrôlable.
28:01 Ils poussaient comme des champignons partout,
28:03 y compris dans les communes alentours,
28:04 et en fait, la ville avait perdu
28:06 le contrôle de sa planification urbaine.
28:07 Et donc, ils ont porté un moratoire pendant un an
28:10 de façon à pouvoir reprendre le dessus
28:12 et être capables aussi de mieux envisager,
28:14 à l'avenir, la consommation énergétique
28:16 de ces data centers,
28:17 et de ne pas les faire rentrer en conflit d'usage
28:19 avec le besoin de se chauffer ou de l'électricité.
28:21 Donc là, il y a le besoin de cette reprise de contrôle.
28:23 Mais, Daphné Roulier, Poutine a dit
28:26 "Celui qui tient l'informatique quantique
28:28 tiendra le monde."
28:29 Pour l'instant, c'est la Chine.
28:30 Aujourd'hui, c'est un enjeu,
28:31 c'est la Chine, c'est peut-être les États-Unis,
28:33 mais les supercalculateurs sont américains,
28:34 ils ont été chinois pendant un temps,
28:36 mais à un moment,
28:37 celui qui contrôle le cyberespace
28:39 est celui qui, demain, contrôlera le monde.
28:41 Nous sommes dans une vaste guerre économique,
28:44 technologique,
28:45 où si jamais vous vous faites doubler
28:47 par ces grands blocs-là,
28:48 vous êtes perdus.
28:49 Pourquoi est-ce qu'on a développé la 5G en France ?
28:51 Pas parce qu'on sait vraiment à quoi ça va servir,
28:52 mais parce qu'on ne voulait pas avoir
28:53 des antennes chinoises made in China,
28:55 5G sur notre territoire.
28:56 Donc, en fait, on accélère nous-mêmes
28:57 en Europe et en France sur la 5G,
28:58 faute vraiment de savoir à quoi ça sert,
29:00 mais en tout cas, pour ne pas nous faire doubler
29:01 dans une course technologique,
29:02 qui est une course à la souveraineté technologique.
29:04 Et donc, je crains que dans ce monde-là,
29:06 où les tensions géopolitiques
29:07 sont de plus en plus fortes,
29:09 cette question écologique,
29:10 elle ne passe pas nécessairement
29:11 par le cerveau de nos dirigeants,
29:13 qui pensent, en fait,
29:14 maintien de la souveraineté européenne
29:17 dans un monde en tension.
29:18 Alors, effectivement, une chose est sûre,
29:20 les IA vont faire péter la facture énergétique.
29:23 Et ne parlons pas du déploiement de la 5G,
29:25 qui va démultiplier nos usages.
29:27 Alors, bonne ou mauvaise nouvelle,
29:29 la 5G, Raphaël Ittier,
29:30 c'est toute la question de votre climatoscope.
29:33 [Musique]
29:38 La 5G est en train de se développer.
29:40 Les opérateurs avancent l'idée
29:42 qu'on va améliorer l'efficacité énergétique du système.
29:46 Et à ce titre-là,
29:47 c'est une bonne nouvelle pour l'environnement.
29:50 C'est-à-dire que l'énergie consommée
29:52 pour une certaine quantité d'informations va baisser.
29:54 C'est lié au système d'antennes qui sont utilisées.
29:58 C'est-à-dire qu'au lieu d'envoyer un signal absolument partout,
30:00 on a des antennes directionnelles
30:02 ciblées sur le portable qui réclame une connexion.
30:06 Du coup, de ce point de vue-là,
30:08 la quantité égale d'informations consommées,
30:10 effectivement, c'est plutôt un bénéfice pour l'environnement.
30:12 Mais ce n'est pas aussi simple que ça.
30:13 Non, évidemment, on en a parlé tout à l'heure.
30:15 C'est l'effet rebond qui est vieux, comme la technologie.
30:18 J'avais en tête l'exemple des machines à vapeur
30:20 à la fin du 19e siècle.
30:22 Quand on a amélioré la performance des machines à vapeur,
30:24 on s'est dit, c'est bien, on va utiliser moins de charbon.
30:26 Mais ce n'est évidemment pas ça qui s'est passé.
30:28 À partir du moment où la machine est plus efficace,
30:30 on fabrique beaucoup plus de machines
30:32 et on a beaucoup plus de consommation de charbon à la clé.
30:34 Là, en l'occurrence, la 5G,
30:36 elle va permettre d'utiliser beaucoup plus de données.
30:38 C'est d'ailleurs un peu sa raison d'être.
30:40 Alors, même si on ne sait pas exactement à quoi ça va servir,
30:42 il y a un certain nombre de choses qui se profilent,
30:44 comme les objets connectés, la robotique connectée,
30:46 et tout ça qui va utiliser un très, très, très grand nombre de données.
30:50 Et c'est assez peu probable que le gain énergétique sur la performance
30:54 vienne compenser cette explosion annoncée de la consommation des données.
31:00 Et ça a un autre effet pervers sur le climat, bien sûr.
31:02 Oui, parce que, par exemple,
31:04 on avait observé un petit tassement de l'achat des smartphones.
31:08 Et depuis l'annonce de la 5G,
31:10 ils reprisent des achats de téléphones,
31:12 simplement pour actualiser.
31:14 Chacun veut son téléphone qui va être 5G,
31:16 parce que ça va lui permettre de faire plus de choses.
31:18 Et puis, si la 5G, là,
31:20 ça veut dire qu'on va fabriquer plein d'objets connectés.
31:22 Eh bien, ceux-là, il faut les fabriquer.
31:24 Alors, concrètement, comment limiter la casse,
31:26 ne serait-ce qu'à titre individuel ?
31:28 Alors, à l'échelle individuelle, on l'a déjà éduqué tout à l'heure,
31:30 le premier réflexe, c'est de ne pas actualiser son téléphone trop vite,
31:34 son portable, sa tablette ou quoi au casse,
31:36 et d'attendre, c'est ça le poste...
31:38 C'est ce que disait chez la OARA, éduquer.
31:40 Éduquer, c'est le poste principal.
31:42 Après, il peut y avoir quelques réflexes.
31:44 Par exemple, quand on est chez soi,
31:46 quand on arrive chez soi et qu'on a le choix entre le Wi-Fi et la 5G,
31:48 il se trouve que le Wi-Fi,
31:50 il en met 20 fois moins d'énergie que la 5G.
31:52 Donc, c'est un peu à la marge, parce que ce n'est pas le poste principal,
31:54 mais c'est un réflexe qui est plutôt bien,
31:56 qui est plutôt bon, de la même façon
31:58 que quand on regarde une vidéo
32:00 sur un écran, sur un portable,
32:02 le fait que ce soit en 4K, en streaming,
32:04 n'est peut-être pas indispensable,
32:06 parce qu'en vrai, l'œil humain ne voit pas la différence
32:08 entre du 4K et du HD sur un tout petit écran.
32:10 Donc, il y a ces petits réflexes-là, peut-être,
32:12 à avoir et garder une forme de vigilance
32:14 par rapport à l'usage qu'on a de ces objets-là.
32:16 Et quid des risques sanitaires ?
32:18 Alors, les risques sanitaires, la 5G,
32:20 ça va être l'exploitation de trois grandes longueurs d'onde,
32:24 dont deux qui sont déjà utilisées pour la 4G,
32:26 ou le Wi-Fi, et dont on sait à peu près
32:28 qu'on n'a pas pu démontrer que ça avait d'impact
32:30 sur la santé. Donc, pour ces deux longueurs d'onde,
32:32 il n'y a pas vraiment de nouvelles questions
32:34 relatives à l'utilisation de la 5G.
32:36 Et on va avoir aussi une nouvelle longueur d'onde
32:38 qui est le 26 GHz,
32:40 pour laquelle il y a moins de données,
32:42 et donc, du coup, ça pousse
32:44 l'Agence de la Sécurité Sanitaire
32:46 à réclamer un petit peu plus
32:48 d'études sur cette longueur d'onde
32:50 pour s'assurer de l'innocuité
32:52 du signal.
32:54 On entend beaucoup dire
32:56 que le numérique va sauver la planète.
32:58 On l'a d'ailleurs entendu lors des dernières COP
33:00 que l'IA va permettre de réduire la pollution,
33:02 que les smart cities vont nous aider
33:04 à mieux gérer notre consommation
33:06 en devenant des villes vertes.
33:08 Que vous inspire à l'un et à l'autre
33:10 ce discours technosolutionniste ?
33:12 Je pense qu'effectivement, dans certains cas,
33:14 le numérique peut être un accélérateur
33:16 pour la transition écologique,
33:18 à condition de bien regarder
33:20 le projet écologique.
33:22 C'est ça qui est important, c'est finalement qu'un outil.
33:24 Cet outil peut effectivement permettre
33:26 d'aller plus vite. S'il est mal utilisé
33:28 ou s'il est utilisé n'importe comment
33:30 et déployé sans vraiment
33:32 de vision et d'objectif,
33:34 il ne servira pas plus qu'un marteau
33:36 qui est utilisé pour tourner une vis.
33:38 Un mot des smart cities.
33:40 Vous avez été pionnier chez IBM
33:42 et Smart Cities est placé à beaucoup d'espoir
33:44 dans la géo-ingénierie. Qu'est-ce que vous en attendez ?
33:46 Alors, sur les smart cities,
33:48 c'est vrai que ça fait
33:50 des années qu'on travaille dans ce domaine
33:52 sur plusieurs axes.
33:54 Soit autour
33:56 des installations physiques,
33:58 les bâtiments, pour
34:00 mettre des outils qui vont
34:02 permettre une sobriété énergétique
34:04 de ces bâtiments.
34:06 Un peu comme à la maison,
34:08 on voit maintenant avec
34:10 les compteurs connectés qu'on peut suivre
34:12 en temps réel notre consommation.
34:14 Pour l'instant, ils sont très contestés maintenant,
34:16 ces compteurs.
34:18 Mais on voit un usage
34:20 qui peut aider
34:22 à la sobriété énergétique
34:24 au niveau
34:26 personnel.
34:28 À l'échelle des bâtiments,
34:30 des villes, des usines,
34:34 etc., on a besoin
34:36 de suivre ces consommations
34:38 pour pouvoir détecter des opportunités
34:40 d'amélioration
34:42 ou des gaspillages
34:44 d'énergie.
34:46 Vous croyez à notre salut par les villes intelligentes
34:48 bourrées de capteurs et de véhicules
34:50 autonomes ?
34:52 D'abord, je pense qu'elles peuvent permettre un gain.
34:54 Vous l'avez dit, il faut vraiment rendre à César qui est à César.
34:56 Il ne faut pas oublier que, oui, le numérique
34:58 peut être une technologie au service de l'environnement.
35:00 Évidemment qu'une maison connectée
35:02 qui automatiquement mesure
35:04 la température à l'intérieur de la maison
35:06 quand vous n'êtes pas chez vous et qui, du coup,
35:08 éteint automatiquement la climatisation,
35:10 c'est un gain évident.
35:12 En face de ça, il y a les coûts.
35:14 Les coûts me ramènent à une question.
35:16 Quelle est la véritable limite
35:18 de la ville connectée ? Est-ce que c'est le périph ?
35:20 Ou est-ce qu'on va jusque dans les mines
35:22 de métaux en Chine
35:24 où on extrait les matériaux
35:26 qui sont ceux des objets connectés
35:28 qu'on trouve dans la ville connectée ?
35:30 J'ai fait la recherche, parce que j'ai cherché,
35:32 et j'ai remarqué qu'on avait assez peu produit
35:34 jusque tout récemment d'études
35:36 sur les coûts et les bénéfices de la ville connectée
35:38 jusqu'à ce qu'une universitaire danoise
35:40 dont le nom est Kiki Lambrecht
35:42 fasse le travail pour la ville de Copenhague.
35:44 - Votre chère Kiki.
35:46 - Elle arrive avec le constat
35:48 qu'en mettant face à face
35:50 les coûts et les bénéfices
35:52 pour la seule ville de Copenhague, dit-elle,
35:54 les coûts sont supérieurs aux bénéfices.
35:56 Elle ne dit pas
35:58 que c'est vrai pour toutes les villes connectées.
36:00 Donc elle dit, attention, il ne faut pas généraliser ce propos
36:02 dans la convention des villes connectées.
36:04 Si Paris peut être un peu plus connecté à certains égards,
36:06 pourquoi pas ? Je ne suis pas contre la technologie en soi.
36:08 Mais les rares études qui ont été produites
36:10 viennent casser un discours
36:12 qui, pour moi, m'a été rabattu
36:14 à longueur de pubs, de sommets internationaux,
36:16 de discours politiques.
36:18 Et effectivement, il y a un besoin
36:20 qui est difficilement réalisable de quantification.
36:22 C'est affreusement compliqué.
36:24 - Oui, mais pardonnez-moi, plus de villes connectées,
36:26 ça veut dire plus de matières premières,
36:28 ça veut dire l'épuisement des ressources.
36:30 Comment on va vers une difficulté d'approvisionnement
36:32 et d'épuisement des ressources ?
36:34 Comment est-ce qu'on va faire, concrètement ?
36:36 - Je vais y aller. - Oui, allez-y.
36:38 - En fait, d'abord, les ressources,
36:40 il y aura toujours un gramme de métal à la charge quelque part
36:42 parce que maintenant, on en découvre au fin fond de l'océan Pacifique
36:44 et puis pourquoi pas sur les astéroïdes.
36:46 - Sur les astéroïdes ? - Oui.
36:48 - On y est sérieusement ? - Il y a un astéroïde qui s'appelle Psyché 16
36:50 qui se trouve dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter.
36:52 Et on envoie bientôt une sonde pour aller regarder
36:54 un petit peu s'il n'y a pas un peu d'or, de cuivre et autres matériaux.
36:56 Plus sérieusement, la question, c'est à quel coup ?
36:58 À quel coup est-ce qu'on ira
37:00 économique, écologique, sociétaux,
37:02 politique, psychologique, est-ce qu'on ira chercher
37:04 ces matériaux-là ?
37:06 Aujourd'hui, il faut creuser
37:08 16 fois plus profondément dans une mine
37:10 de cuivre par rapport à il y a un siècle
37:12 pour arriver à la même quantité de cuivre.
37:14 Donc ça veut dire qu'il y a
37:16 un tarissement de la ressource et pour creuser
37:18 16 fois plus profondément, il faut plus d'électricité,
37:20 plus d'eau, plus d'impact biologique, etc.
37:22 Donc, la question n'est pas tant
37:24 dans la disponibilité, je dirais,
37:26 en termes de volume
37:28 de la ressource, parce qu'il y aura toujours un petit
37:30 nodule polymétallique au fin fond
37:32 d'une abysse du Pacifique à aller
37:34 exporter. - Que des modalités d'extraction. - Que des modalités
37:36 d'extraction et des coûts que ça va représenter.
37:38 Je pense qu'un jour, on va se dire "mais en fait, le coût est supérieur
37:40 au bénéfice que j'en attends". De la même façon
37:42 qu'on se dit "le pétrole, on peut toujours continuer à en extraire
37:44 mais on considère aujourd'hui que le pétrole a des coûts
37:46 qui sont supérieurs au bénéfice". Et moi, je pense qu'on arrive
37:48 vers un monde où les coûts d'extraction des métaux vont être supérieurs
37:50 au bénéfice qu'on en attend. Et peut-être qu'on se posera
37:52 la question de savoir si on va avoir la énième vidéo de Charles
37:54 à l'aune de ces coûts-là.
37:56 - Alors, justement, Chedda Wara. - Oui, et si on
37:58 cherchait des alternatives, en fait,
38:00 à ces métaux, et c'est là où,
38:02 si je peux me permettre, l'ordinateur
38:04 quantique - Et la physique quantique.
38:06 - Et la physique quantique entrent en jeu.
38:08 Un exemple, on travaille
38:10 avec Bosch, aujourd'hui, qui utilise
38:12 en fait nos systèmes quantiques pour justement
38:14 chercher à un niveau
38:16 moléculaire des substituts
38:18 ou des alternatives aux métaux lourds.
38:20 Et donc, ces calculs
38:22 quantiques, en fait, qui sont très spécifiques,
38:24 très complexes, etc., ils vont
38:26 servir, en fait, pour
38:28 cette recherche d'autres matériaux,
38:30 des matériaux plus durables
38:32 qui, j'espère, un jour
38:34 vont nous permettre de remplacer
38:36 en fait ces métaux lourds. - Mais si on fait un peu
38:38 de perspective, vous qui travaillez sur ce
38:40 domaine-là, quelle est l'échéance
38:42 à laquelle on peut commencer à espérer
38:44 croire
38:46 que l'informatique quantique
38:48 va être grand public ? - Il y a déjà
38:50 en fait, nous, en fait, on a
38:52 IBM Quantum System 1,
38:54 il est disponible à l'usage
38:56 pour tourner
38:58 des algorithmes quantiques. - Mais pourquoi
39:00 ne remplace-t-il pas déjà l'informatique classique, alors ?
39:02 - Non, en fait, il ne faut pas
39:04 croire que l'ordinatique quantique va remplacer
39:06 l'ordinatique classique.
39:08 Il va être utilisé pour des
39:10 calculs très spécifiques, comme
39:12 dans la recherche moléculaire. - Oui, mais la pollution,
39:14 la pollution, elle est liée à l'usage
39:16 quotidien dans l'informatique, pas à l'usage
39:18 de calculs particuliers ?
39:20 - Alors, ça, c'est pas
39:22 le but
39:24 de ce type d'ordinateur,
39:26 mais on travaille aussi
39:28 pour réduire l'impact. - En fait, le sujet,
39:30 c'est qu'on est tous acteurs
39:32 de la problématique, aussi bien
39:34 consommateurs, pouvoir public,
39:36 fabricants, et on doit
39:38 tous, effectivement, aller dans le même sens
39:40 et ne pas faire croire qu'effectivement,
39:42 plus de technologies permettra de résoudre
39:44 tous les problèmes qui sont potentiellement
39:46 mis en œuvre à cause de cette technologie.
39:48 Donc, c'est pour ça que le principe
39:50 de sobriété, il est très important.
39:52 Il n'est pas seulement sur la partie énergétique,
39:54 il est sur, globalement,
39:56 les équipements. Stabiliser le parc
39:58 des équipements, c'est quelque chose de nécessaire, si on veut
40:00 arriver à 2030, 2050,
40:02 à stabiliser à peu près
40:04 l'impact environnemental de ce numérique.
40:06 Et répondre
40:08 à la question de la sobriété, c'est répondre
40:10 à la question du besoin. C'est ce que vous disiez
40:12 et c'est quelque chose de nécessaire,
40:14 de pouvoir se dire, est-ce qu'on a
40:16 besoin de tel ou tel usage
40:18 pour continuer à
40:20 bien vivre ? - Pour résumer, on a
40:22 plus besoin de l'IA
40:24 pour détecter un cancer
40:26 que de jouer à Call of Duty ou
40:28 à poster sa routine beauté sur Instagram.
40:30 - Absolument, mais allez poser la question
40:32 à la sortie d'un collège.
40:34 Mais les jeunes, ils vous disent, pendant le Covid,
40:36 heureusement que j'avais les réseaux sociaux pour rester en lien
40:38 avec mes amis parce que sinon je serais devenu dingue.
40:40 Et là, on rentre dans un débat qui est politique.
40:42 C'est là qu'on voit que la dimension
40:44 fondamentale du numérique n'est pas technologique,
40:46 elle est politique. Vous posez... - Et philosophique aussi.
40:48 - Et philosophique, et même religieuse.
40:50 Vous posez une question qui est taboue.
40:52 Nous sommes, avec
40:54 cet outil au bout de nos doigts,
40:56 des demi-dieux.
40:58 Nous avons des tas d'assistants
41:00 vocaux, numériques,
41:02 qui déploient autour de nous
41:04 un geste. - À cause desquels, d'ailleurs, on a perdu pas mal de QI.
41:06 - Un taxi pour nous aider. - Non, mais c'est les études
41:08 qui le prouvent. - Pardon ? - On a perdu pas mal de QI
41:10 parce qu'on ne réfléchit plus, parce que les appuis
41:12 réfléchissaient à notre place.
41:14 - Oui, bien sûr.
41:16 - Mais comme je peux, du bout de mon doigt,
41:18 faire venir un taxi qui va me chercher,
41:20 me ramener une pizza, trouver la femme de ma vie,
41:22 ou la femme de la soirée,
41:24 etc., etc., mais en fait,
41:26 pourquoi est-ce que tout d'un coup ce débat sur la limitation
41:28 de mes besoins surgit ?
41:30 J'ai pas envie d'entendre ça, moi, consommateur,
41:32 parce que ce numérique, au contraire, me propose
41:34 toujours de me démultiplier
41:36 jusqu'à peut-être demain dans le métavers.
41:38 Donc, en fait, le tabou, il est,
41:40 avec ce mot de sobriété, auquel malheureusement je ne crois pas,
41:42 une demi-seconde, parce que la sobriété,
41:44 c'est quoi ? C'est l'iPhone 2, l'iPhone 3 ?
41:46 - Mais, Guillaume Pitron, de fait...
41:48 - Il est intéressant de savoir quand est-ce qu'on passe dans l'après-sobriété.
41:50 - Guillaume Pitron, de fait, le tabou va devoir s'imposer, il va s'imposer
41:52 de lui-même. - Je pense qu'il y a trois choses
41:54 qui vont le faire s'imposer. - Il va s'imposer de force.
41:56 L'environnement, selon ton parle,
41:58 la santé mentale, parce que là,
42:00 on commence à réaliser que ça impacte
42:02 les écrans sur l'attention des enfants. - Sur la dépression.
42:04 - Et la démocratie. Aujourd'hui, on veut réguler les réseaux
42:06 sociaux pour protéger une valeur qu'on appelle
42:08 la démocratie. Environnement, santé
42:10 psychologique et aussi physique,
42:12 et démocratie, je pense que ce sont trois limites
42:14 non technologiques à cette
42:16 expansion technologique. - En attendant
42:18 de trancher ce débat,
42:20 en Europe, si on n'a pas de pétrole, on a parfois
42:22 des idées pour tendre vers un
42:24 numérique plus résilient et qui fait sens.
42:26 C'est le cas de la société hollandaise Fairphone,
42:28 qui produit des téléphones portables plus équitables
42:30 et surtout plus réparables. Car si le téléphone
42:32 le moins polluant est reste
42:34 celui qu'on ne fabrique pas, autant
42:36 bichonner l'existant. Le monde de demain
42:38 commence aujourd'hui, comme le montre
42:40 ce reportage d'Alexis Breton et
42:42 Gérard Nadie.
42:44 (Générique)
42:46 (Générique)
42:48 (Générique)
42:50 - Amsterdam aux Pays-Bas, ses vélos,
42:52 ses canaux,
42:54 mais aussi ses entreprises du numérique.
42:56 Nous avons rendez-vous au siège de Fairphone.
42:58 Ici, à première vue, aucune
43:00 différence avec une start-up de la
43:02 Silicon Valley. Il y a un open space,
43:04 un podium avec de petits coussins,
43:06 des plantes et même un mur
43:08 d'escalade. Mais à Fairphone,
43:10 on veut faire le contraire des gaffanes.
43:12 L'entreprise veut fabriquer
43:14 des smartphones justes et durables.
43:16 Deux termes antinomiques à première vue.
43:18 Nude Tillmans
43:20 est le PDG de Fairphone.
43:22 - Entrez, bienvenue à Fairphone.
43:24 - Après avoir travaillé
43:26 dans le développement du bioplastique,
43:28 il a intégré la compagnie en 2019.
43:30 - On va avoir besoin d'une 5e colonne
43:32 parce qu'on vient de lancer un nouveau produit.
43:34 - Ce nouveau produit, c'est
43:36 le Fairphone 5, un téléphone unique
43:38 sur le marché.
43:40 - Nous avons besoin de toi, de tes doigts rapides.
43:42 - Krish, un des 140
43:44 employés de Fairphone, va nous montrer
43:46 la spécificité de cet appareil.
43:48 - Il y a un téléphone, si tu veux,
43:50 et si tu as besoin, il y a aussi des tournevis.
43:52 - Je peux utiliser le mien ?
43:54 - Oui, tu peux prendre le tien, pas de problème.
43:56 Réparer, c'est un
43:58 de nos principes. Nous pensons que
44:00 chaque consommateur a le droit de réparer.
44:02 C'est votre appareil, vous devriez avoir
44:04 la possibilité de l'ouvrir et de le réparer.
44:06 Concevoir un téléphone dans le but
44:10 de pouvoir le réparer, c'est ce qui nous distingue
44:12 le plus des autres marques, qui, elles,
44:14 les fabriquent pour les rendre inviolables.
44:16 C'est impossible à réparer dans le but de vous pousser
44:18 à en acheter un nouveau tous les deux ou trois ans.
44:20 - Contrairement à un smartphone classique,
44:24 qui est impossible à démonter,
44:26 un Fairphone peut être décomposé pièce par pièce.
44:28 Une petite révolution.
44:30 ...
44:44 - Voilà, j'ai retiré
44:46 tous les composants.
44:48 En tout, ça prend environ 10 minutes.
44:50 - Et vous pensez que tout le monde peut le faire ?
44:52 - Oui, bien sûr.
44:54 - N'importe quel idiot peut le faire.
44:56 Si vous utilisez
44:58 nos tutoriaux, tout le monde peut le faire, bien sûr.
45:00 Si votre téléphone est cassé,
45:02 vous pouvez commander sur notre site Internet
45:04 les composants que vous voyez ici
45:06 sur la table. Nous vous les expédions
45:08 et vous pouvez facilement les intégrer
45:10 à votre téléphone.
45:12 - En moyenne, aujourd'hui,
45:14 nous changeons de téléphone tous les deux ans.
45:16 Avec ce concept de réparabilité,
45:18 Fairphone nous assure qu'il est possible
45:20 d'utiliser son portable pendant au moins
45:22 7 ans, garder son appareil
45:24 le plus longtemps possible. Cela signifie
45:26 moins de déchets électroniques, mais aussi
45:28 moins d'extraction de métaux et de
45:30 terres rares.
45:32 C'est d'ailleurs le deuxième objectif de Fairphone,
45:34 travailler sur les matériaux présents dans le téléphone
45:36 pour diminuer ses impacts.
45:40 - Nous disons souvent aux consommateurs
45:42 le changement
45:44 est dans vos mains.
45:46 Avec le smartphone
45:48 que vous avez dans vos mains, vous avez aussi
45:50 le pouvoir de changer l'ensemble
45:52 de l'industrie.
45:54 Vos téléphones, ce sont des métaux
45:56 précieux, mais il y a aussi une histoire
45:58 derrière ces métaux. Le cobalt,
46:00 par exemple, est produit dans des mines artisanales
46:02 au Congo. Des enfants y travaillent
46:04 avec des pratiques très dangereuses
46:06 pour des salaires ridicules.
46:08 Et nous,
46:10 nous menons des projets pour améliorer
46:12 les conditions de travail dans ces mines.
46:14 - En 2020,
46:16 Fairphone a lancé l'alliance du cobalt
46:18 équitable, dans le but d'éradiquer
46:20 le travail des enfants et d'améliorer
46:22 les conditions dans les mines, en offrant
46:24 par exemple des salaires décents.
46:26 Malgré tous ces coûts supplémentaires,
46:28 son dernier modèle coûte 699 euros,
46:30 soit environ la moitié
46:32 du prix d'un smartphone dernier cri.
46:34 Notamment en économie,
46:36 sur les frais de marketing
46:38 et de communication.
46:40 - Avec celui-là,
46:42 même pas besoin de tournevis.
46:44 C'est facile à démonter.
46:46 Et voilà.
46:48 - Quelle est la prochaine étape ?
46:50 - C'est une bonne question.
46:52 Nous sommes une petite entreprise,
46:54 nous devons sélectionner avec précaution
46:56 notre prochain projet.
46:58 Ça pourrait être une tablette,
47:00 un ordinateur portable,
47:02 une enceinte Bluetooth,
47:04 continuez à nous suivre
47:06 et vous verrez.
47:08 - Mais si les produits Fairphone
47:10 sont plus durables et équitables,
47:12 l'objectif de la marque reste tout de même
47:14 de vendre, paradoxe éternel,
47:16 dans ces entreprises vertes.
47:18 Depuis sa création, il y a 10 ans,
47:20 Fairphone a vendu plus de 600 000 téléphones,
47:22 une goutte d'eau au regard
47:24 du milliard et demi de smartphones
47:26 vendus dans le monde chaque année.
47:28 - On l'aura compris,
47:30 pour diminuer notre emploi,
47:32 nous allons devoir revoir
47:34 nos usages individuels.
47:36 Mais par où commencer concrètement ?
47:38 J'imagine que se priver de regarder
47:40 une vidéo sous la version 2.0
47:42 du pipi sous la douche,
47:44 acheter du reconditionné
47:46 ou des modèles résilient,
47:48 c'est un bon début.
47:50 - Tout à fait.
47:52 On permet d'allonger la durée de vie
47:54 d'un appareil qui est déjà construit
47:56 et on évite la construction
47:58 d'un nouvel appareil.
48:00 - Que faites-vous chez IBM
48:02 pour lutter contre l'obsolescence programmée ?
48:04 - Depuis 1991,
48:06 on a un système en place
48:08 de recyclage et réutilisation
48:10 des machines récupérées
48:12 de chez nos clients.
48:14 On a aussi un programme
48:16 de conception pour l'environnement
48:18 qui va prendre en compte
48:20 plusieurs aspects
48:22 de la fabrication
48:24 de nouveaux appareils.
48:26 - C'est un programme
48:28 qui prend en compte plusieurs aspects
48:30 des ordinateurs plus économes
48:32 mais qui utilise un contenu recyclé
48:34 et qui s'en pense pour déjà
48:36 comment on va les démanteler
48:38 à la fin.
48:40 - Et les réparer ?
48:42 - Les réparer
48:44 ou réutiliser les pièces
48:46 dans même des nouvelles machines.
48:48 On essaie de standardiser
48:50 les caisses qui entourent
48:52 les machines pour les réutiliser
48:54 dans des versions futures.
48:56 - Et vous incitez vos clients
48:58 à rendre leurs vieux ordinateurs ?
49:00 En attendant, en France,
49:02 plus de 8 millions de téléphones
49:04 ont été vendus par les opérateurs
49:06 dont seulement 4 % de reconditionnés.
49:08 C'est même très marginal par rapport
49:10 au marché français qui est hors opérateur.
49:12 C'est fou ?
49:14 - C'est fou mais le marché du reconditionné
49:16 doit aussi se structurer,
49:18 donner confiance au consommateur,
49:20 montrer qu'il y a des garanties derrière.
49:22 Il y a d'ailleurs des garanties légales.
49:24 - Les garanties de Fairphone sont plus importantes
49:26 que celles des opérateurs ?
49:28 - Par rapport à la réparabilité, bien sûr.
49:30 Ce qui est intéressant,
49:32 c'est que le modèle, c'est de dire
49:34 qu'on continue à produire des téléphones
49:36 mais on les produit différemment
49:38 pour qu'ils durent le plus longtemps possible
49:40 et que la casse ne soit pas un problème pour changer.
49:42 Par contre, le souci, aujourd'hui,
49:44 c'est que la plupart des téléphones
49:46 qui sont changés fonctionnent encore très bien.
49:48 - Bien sûr.
49:50 - Plus de 80 % des personnes qui changent leur téléphone
49:52 ne sont pas parce qu'il y a un problème matériel.
49:54 - En une semaine, j'ai reçu à peu près une dizaine
49:56 d'incitations pour changer mon téléphone
49:58 qui va très bien.
50:00 - C'est un problème commercial.
50:02 C'est difficile de réguler quelque chose qui est commercial.
50:04 Par contre, l'obsolescence programmée
50:06 est punie.
50:08 Elle est très difficile à prouver.
50:10 Aujourd'hui, il y a plus de problèmes
50:12 d'obsolescence logicielle, culturelle
50:14 que de vraies obsolescences programmées.
50:16 Parce que finalement,
50:18 le téléphone qu'on voit sur la photo,
50:20 le Ryano, il fonctionne très bien
50:22 au bout de huit ans.
50:24 C'est juste qu'on a envie de le changer
50:26 parce qu'il y a un nouveau modèle qui est apparu.
50:28 - Au niveau des logiciels, peut-il y avoir des petites...
50:30 - Au bout de huit ans, il y a des services
50:32 qui ne sont plus accessibles du fait du modèle de téléphone.
50:34 - Et même des applis, d'ailleurs.
50:36 On en parlait.
50:38 - Mon téléphone qui a sept ans, effectivement,
50:40 commence à ne plus avoir toutes les mises à jour logicielles.
50:42 Je me dis que peut-être que dans un an ou deux,
50:44 j'aurai du mal à utiliser toutes mes applications.
50:46 - J'ai jeté mon téléphone sur une plateforme
50:48 de revente en ligne. Il était d'occasion.
50:50 Je l'ai acheté il y a trois ans. - Il marche très bien.
50:52 - Déjà d'occasion. Je l'ai réparé dix fois.
50:54 J'ai cassé l'écran, la batterie était morte,
50:56 j'ai cassé le bouton.
50:58 Il lui est tout arrivé,
51:00 mais in fine, il marche.
51:02 - Il est impeccable.
51:04 - Je ne dis pas qu'il n'y a pas des petits problèmes de temps en temps,
51:06 que quelques fois, la touche, je m'énerve un peu dessus,
51:08 mais je me suis...
51:10 C'est vraiment devenu une obsession,
51:12 que je vais essayer de garder ce téléphone le plus longtemps possible.
51:14 - Vous avez travaillé à des scénarii
51:16 d'impact,
51:18 précisément,
51:20 à l'ADEME. - Oui, tout à fait.
51:22 On a fait une étude avec l'ARCEP,
51:24 sur plusieurs points,
51:26 notamment l'état des lieux, et les chiffres ont été
51:28 cités plusieurs fois dans les reportages,
51:30 qui nous ont permis de déterminer
51:32 que 2,5% de l'empreinte carbone
51:34 était liée au numérique, par exemple.
51:36 Ce qu'on n'a pas entendu, c'est que
51:38 62 millions de tonnes de ressources
51:40 par an étaient nécessaires
51:42 pour utiliser le numérique en France.
51:44 62 millions de tonnes qui sont liées justement à l'exploitation
51:46 des ressources minières.
51:48 Et effectivement, des perspectives
51:50 2030 et 2050, pour voir
51:52 comment ça pouvait évoluer selon
51:54 des scénarios. Sans trop de surprises,
51:56 un scénario très technophile,
51:58 on va dire, à l'échéance 2050,
52:00 montre qu'on fait complètement
52:02 exploser les émissions de gaz à effet de serre
52:04 et la pression sur les ressources.
52:06 À l'inverse, des scénarios
52:08 dits de sobriété, désolé pour le terme,
52:10 permettent
52:12 de limiter,
52:14 voire de réduire cet impact,
52:16 même par rapport à 2020. J'entends bien, mais la sobriété,
52:18 elle passe par quoi, le traitement ?
52:20 Si on met tous les leviers, effectivement,
52:22 il y a ces questions de...
52:24 Réduction. De régulation, mais il y a déjà
52:26 une forte sensibilisation qui
52:28 permettrait justement de stabiliser
52:30 le parc de terminaux.
52:32 C'est de pouvoir augmenter la durée de vie
52:34 des équipements, on l'a dit, par la réparation,
52:36 par le réemploi. Il y a des fonds
52:38 qui existent, notamment le fonds de réparation,
52:40 qui a été mis en oeuvre, suite
52:42 à la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire.
52:44 Qui, pour l'instant, est très peu utilisée.
52:46 Qui est très peu utilisée pour l'instant, et on espère
52:48 que ça va monter, mais en tout cas,
52:50 c'est des outils
52:52 qui sont mis en place, qui vont dans ce sens.
52:54 C'est aussi l'éco-conception,
52:56 vous le disiez, sur l'ensemble
52:58 des briques, que ce soit terminal, data center,
53:00 réseau, pour diminuer
53:02 l'impact unitaire
53:04 et donc augmenter l'efficacité.
53:06 Et puis, encore une fois,
53:08 j'y reviens, c'est encourager la sobriété
53:10 dans les usages, qui passent par
53:12 cette éducation, qui passent aussi par des changements
53:14 de modèle économique, qui aujourd'hui sont
53:16 tous basés quasiment sur
53:18 des volumes de ventes importants, et donc
53:20 réussir à changer
53:22 un peu ce paradigme,
53:24 et d'aller sur quelque chose qui soit plus proche
53:26 de la fonctionnalité du service,
53:28 et de diminuer, in fine,
53:30 le besoin de continuer à produire
53:32 en masse. - Guillaume Pétrou ? - La France est plutôt en avance
53:34 sur ces sujets-là. Les pays scandinaves
53:36 sont assez en avance, notamment la Suède.
53:38 L'Allemagne, en Allemagne, ils sont
53:40 assez conscients, mais la France,
53:42 je ne le dis pas parce que nous sommes ici, mais
53:44 vraiment, est largement en avance
53:46 par rapport à des pays comme aux Etats-Unis, par exemple,
53:48 et c'est d'ailleurs assez étonnant qu'il y ait eu cette loi
53:50 en 2021, la loi pour la réduction
53:52 de l'empreinte environnementale du numérique,
53:54 qui est la première loi au monde, qui globalement
53:56 s'attaque à ce sujet qu'on appelle
53:58 la pollution numérique. Donc, on n'est pas parfait,
54:00 mais, comparativement à d'autres,
54:02 il faut quand même inciter sur le fait que cette
54:04 prise de conscience est plus forte
54:06 chez nous. C'est peut-être pour ça qu'on est chez vous, d'ailleurs.
54:08 - Alors, en tout cas, oui, dites-moi.
54:10 - Juste un petit rajout, parce que sinon, je vais l'oublier.
54:12 À partir de 2024,
54:14 c'est demain, un indice de durabilité,
54:16 qui va avoir le jour aussi, qui va
54:18 remplacer progressivement l'indice de
54:20 réparabilité, vous connaissez déjà tous,
54:22 et qui va justement prendre en compte
54:24 les éléments sur la fiabilité des
54:26 appareils, et donc encore mieux
54:28 guider le consommateur si
54:30 vraiment il doit acheter du neuf.
54:32 Il faudra d'abord penser au
54:34 reconditionner, bien sûr.
54:36 Mais s'il veut acheter du neuf, cet indice de durabilité
54:38 donnera aussi un bon conseil.
54:40 - Alors, on ne le répétera en tout cas jamais assez.
54:42 Le passé est un bon indicateur de l'avenir,
54:44 comme chaque mois. Charlette Eppal est allée
54:46 fouiller dans les archives de l'INA et nous a
54:48 exhumé ceci, hier encore. C'est notre
54:50 coup d'œil dans le rétro, et c'est
54:52 maintenant.
54:54 [Musique]
54:56 [Musique]
54:58 - Je crois que nous
55:00 allons voir dans les années qui viennent, d'une
55:02 part avec le satellite de radiodiffusion
55:04 directe, d'autre part avec
55:06 le développement du câble, un
55:08 changement total de la structure
55:10 des organismes
55:12 de radiodiffusion,
55:14 et un changement total dans la circulation
55:16 des images et des sons.
55:18 [Musique]
55:25 - C'est déjà un fait. La télévision peut apporter
55:28 l'enseignement programmé à domicile.
55:30 [Musique]
55:34 Demain, elle offrira sur un écran
55:36 de taille illimitée
55:38 des programmes choisis à la carte.
55:40 [Musique]
55:43 Même seule chez soi, on pourra préférer
55:45 les jeux de société aux jeux de patience,
55:47 en prenant comme partenaire soit
55:49 un ami lointain, soit un ordinateur.
55:51 [Musique]
55:53 La télévision sera le super catalogue
55:55 des ventes par correspondance.
55:57 Mieux encore,
55:59 le simple geste d'un doigt sur un bouton
56:01 fera connaître le choix de la cliente
56:03 et tiendra lieu de commande.
56:05 Journaux, lettres, télégrammes,
56:07 contraventions apparaîtront ainsi
56:09 sans retard.
56:11 Les textes pourront à volonté
56:13 être reproduits sur papier
56:15 pour être consultés et conservés.
56:17 [Musique]
56:37 En fait, on peut se demander si le mot
56:39 télévision, eh bien celui qui correspond
56:41 à cette circulation extraordinaire,
56:43 nouvelle, libre, des images et des images
56:45 et des sons que l'on peut envisager
56:47 pour l'avenir. Au fond,
56:49 on ne trouve pas de mot.
56:51 Audiovisuel, matériel audiovisuel
56:53 ne marche pas. J'attends que
56:55 des professionnels de la langue trouvent
56:57 un mot. Mais à mon avis, c'est ce mot
56:59 nouveau qui définira très bien
57:01 les possibilités extraordinaires de circulation
57:03 des images et des sons.
57:05 On le connaît ce monde nouveau. C'est un petit, c'est visionnaire quand même.
57:07 Oui, c'est surprenant.
57:09 Voilà, avant de nous quitter,
57:11 voici quelques saines recommandations
57:13 de lecture pour aller plus loin, avec bien sûr
57:15 votre enquête, Guillaume Pitron.
57:17 "L'enfer du numérique", "Voyage au bout d'un like",
57:19 aux éditions des "Liens qui libèrent".
57:21 C'est très fouillé, documenté
57:23 et pour le moins glaçant.
57:25 "L'archipel des GAFA manifeste
57:27 pour un numérique responsable" de Vincent
57:29 Courboulet chez Actes Sud.
57:31 Dans la collection "Je passe
57:33 à l'acte", toujours chez Actes Sud,
57:35 tendre vers la sobriété numérique.
57:37 Et puis vous pouvez lire Inès Léonard du ZI.
57:41 C'est très pédago, "Réparer
57:43 le futur du numérique à
57:45 l'écologie", aux éditions de l'Observatoire.
57:47 Voilà, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
57:49 S'il est difficile de remettre le génie
57:51 numérique dans sa bouteille, rien ne nous empêche
57:53 d'utiliser ces outils de façon plus responsable.
57:55 On se retrouve le mois prochain autour d'une autre
57:57 thématique qui nous concerne tous, la voiture.
57:59 D'ici là, soyez heureux.
58:01 [Musique]

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