Le portrait sonore de Sheila

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Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce jeudi c'est Sheila, la chanteuse française.
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Transcription
00:00 - On va vous montrer ce sonore par un souvenir qui a 60 ans.
00:02 Nous sommes le 21 mars 1963.
00:04 - Les caméras de monsieur Tout-le-Monde ont été filmées.
00:08 L'une des plus jeunes vedettes actuelles,
00:10 une de celles qui représente le mieux la joie de vivre de cette Inadjers.
00:14 - Pfff.
00:15 - C'est là, et c'est ses anciens camarades.
00:16 A l'heure, regardez bien, à l'heure où l'école est finie.
00:19 - Colle-moi ta main.
00:21 - Il prend la mienne.
00:23 - Vous voyez, ça c'est la version régénérale.
00:25 - C'est le cas, c'est ce qui vous donne envie de vous suicider.
00:27 - On n'est pas à l'année, c'est longtemps du coup.
00:29 - Oui, mais elle est indémonable, elle est inoxydable.
00:31 - Non mais oui, c'est vrai, mais c'est bien de la revoir quand même.
00:34 Là c'est du rock, aujourd'hui c'est plus sympa.
00:36 Parce que la voix là, tu vois, c'est très très agressif.
00:40 - Vous aviez 16 ans, forcément vous aviez une voix très aiguë à l'époque.
00:44 Vous étiez l'invité de Guy Lux dans cette émission "Monsieur Tout-le-Monde"
00:46 et c'est je crois votre première interview télévisée,
00:49 avec un impact énorme à l'époque,
00:51 parce qu'il faut se dire aussi que c'était des émissions qui étaient regardées par 10 millions de personnes.
00:54 - Mais oui, parce qu'il n'y avait qu'une chaîne de télé.
00:56 - On a oublié tout ça, parce que maintenant on a 200 chaînes,
00:58 mais à l'époque il n'y en avait qu'une.
01:00 Alors évidemment quand on passait, et surtout il y avait,
01:03 surtout alors, ça fait un peu ancien combattant, mais c'est pas grave,
01:05 il n'y avait qu'une ou deux télés dans l'immeuble.
01:08 - Ah oui, tout le monde se réunissait devant.
01:10 - Donc tout le monde se réunissait pour voir.
01:12 Oui je sais, je ne fais pas mon âge.
01:14 - Mais on vous sent un petit peu tendu à l'époque,
01:17 et c'est bien normal d'ailleurs, on imagine le long jeu pour vous.
01:19 - Ah non, je me suis terrorisée, attendez, vous vous rendez compte.
01:21 Je ne sais même pas ce qui m'arrive, donc évidemment.
01:24 - Alors l'école est finie cartonne, et du jour au lendemain
01:26 vous devenez une star, et là ça devient compliqué à gérer quand même.
01:29 - C'est compliqué parce que le fait d'être star,
01:32 moi je ne me rends compte de rien, j'essaie de faire mes télés,
01:35 d'être bien en place sur la croix qu'on met sur un plateau,
01:38 je ne connais pas ce métier.
01:40 Ma grande surprise c'est la perte de liberté.
01:43 Pour moi c'est associé à la perte de liberté.
01:45 Parce qu'à l'époque c'était l'époque des idoles,
01:47 et donc là on ne peut plus sortir, on ne peut plus rien faire.
01:51 - Et vous faites la une des journaux toutes les semaines,
01:53 avec parfois de très blessantes rumeurs.
01:55 Vous avez 18 ans quand France Dimanche sort un titre qui vous a traumatisé,
02:19 "Sheila est-elle un homme", vous y êtes revenu sur cette période,
02:23 dans cette chanson de 2021, "La rumeur",
02:25 que vous chantez en concert encore aujourd'hui,
02:27 elle est sur votre double CD1.
02:29 - Oui parce qu'aujourd'hui avec le recul on dit
02:33 "mais non, ça m'a pourri ma vie pendant 40 ans".
02:35 C'est-à-dire que c'était d'abord "Sheila va devenir un homme",
02:39 "est un homme", après "Sheila a été opérée pour devenir une femme",
02:42 après "quand j'étais enceinte c'était à la poche d'eau de mer,
02:45 j'ai eu la peau du ventre", après "quand j'ai accouché on a dit
02:47 qu'elle allait l'acheter en Suisse", mais tout ça,
02:49 le pire de l'histoire, alors ça m'a suivi toute ma vie,
02:52 ça a tué ma famille, ça a traumatisé ma famille,
02:55 ça a traumatisé mon fils, moi bien évidemment,
02:59 mais le terrible de l'histoire c'est que j'ai découvert,
03:02 il y a une dizaine d'années maintenant,
03:04 c'est que cette rumeur en réalité elle n'est pas venue du journaliste
03:07 de France Dimanche, elle est venue de tout le carrière.
03:09 Ce qui est encore pire.
03:10 C'est-à-dire que c'est le mec qui est supposé,
03:12 à qui tu rapportes déjà beaucoup d'argent,
03:14 mais qui est supposé te protéger, c'est ton producteur,
03:16 c'est lui qui a trouvé l'idée.
03:18 - Pour faire du buzz ? - Pour faire du buzz.
03:20 - Faire parler de vous.
03:21 - Et quand j'ai été le voir, à l'époque j'étais traumatisée,
03:23 j'étais voir mes parents, lui, je me dis "mais c'est pas possible,
03:26 qu'est-ce qu'on fait ?" et il m'a dit "mais c'est pas grave,
03:28 tant qu'on parle c'est bon, de toute façon on a bien dit
03:30 que Sarah Bernard avait une jambe de bois".
03:32 - Et vous êtes sûre aujourd'hui que ça vient de lui ?
03:34 - Ah bah ça a été dit en direct à la télé par Duvilliers.
03:39 - Qu'est-ce que vous auriez pu faire ?
03:41 À part poser nue à la rue de la Bagadine ?
03:43 - Alors tu sais quoi, quand j'étais enceinte,
03:45 mais à l'époque ça se faisait pas, ça serait aujourd'hui,
03:47 je l'aurais fait, à l'époque ça se faisait pas de dire
03:50 "je vais poser nue pour montrer mon ventre et tout,
03:53 j'aurais choqué tout le monde", mais tu sais,
03:56 je pense qu'il y aurait encore quelqu'un qui aurait dit
03:58 "c'est bien foutu la photo, c'est bien retouché".
04:00 - Ouais, forcément. - C'est terrible.
04:02 - Et Jean-Pierre Foucault avait pris votre défense
04:04 quand Gérard Duvilliers avait donné cette info ?
04:06 - C'est là que j'ai découvert que c'était lui qui avait trouvé l'idée.
04:10 - Ce qui est triste, c'est qu'il vous a jamais demandé pardon,
04:12 il l'a jamais fait, il est décédé depuis, donc il ne le fera jamais.
04:15 - Non, non, il brûle en enfer. - Voilà, c'est fini.
04:18 - Ça c'est réglé. - Alors on va dire ensuite que vous triomphez
04:21 quand même dans les années 60-70, beaucoup moins dans les années 80,
04:25 au point de prendre une décision radicale.
04:27 J'ai découvert ça, vous avez décidé de mettre fin à votre carrière
04:30 et vous avez même fait vos adieux à l'Olympia, c'était en 1989.
04:33 - Il y a deux choses difficiles à dire dans la vie,
04:40 c'est je t'aime et je pars.
04:43 Sachez avant tout que je vous aime, très fort.
04:49 - Il est très très fort ce moment, qu'est-ce que vous ressentez sur la scène de l'Olympia ?
05:04 - Je vais la chaire de poule déjà, donc voilà.
05:07 Alors ça a été une décision, moi je suis une extrémiste,
05:10 donc ça a été une décision rapide, j'avais besoin de partir.
05:14 En réalité je voulais arrêter de faire du disque parce que je ne supportais pas,
05:19 après une carrière déjà longue et des millions de disques vendus,
05:23 qu'on me demande, que n'importe quelle maison de disques me demande
05:26 de montrer des maquettes.
05:29 Alors que les gens qui étaient à la direction de ces maisons de disques
05:32 avaient débuté avec moi en portant mes bandes dans les radios.
05:36 Donc je trouvais ça irrespectueux.
05:38 Donc j'ai arrêté en ne pensant pas qu'il se passerait ce qui s'est passé.
05:41 Et surtout, le seul regret que j'ai dans ce choix,
05:44 c'est pendant 12 jours, puisque c'était à l'Olympia,
05:47 tous les soirs j'ai vu 2000 personnes pleurer.
05:49 Et moi ça c'est mon plus grand regret,
05:52 parce que je n'ai pas fait ça pour leur faire du mal, mais pour me retrouver.
05:55 Et je pense... - Pour leur dire au revoir ?
05:58 - Oui, pour leur dire au revoir, non mais j'avais besoin
06:01 de savoir qui j'étais, ce que je faisais, le pourquoi du comment.
06:05 Et entre temps, il faut savoir qu'en 87 j'avais fait une septicémie,
06:08 j'ai failli mourir, donc je pense aussi que ça a traumatisé
06:11 pas mal de choses dans ma tête.
06:13 Mais vous savez, je crois aussi,
06:15 tout le monde m'a dit "pourquoi tu fais une connerie pareille ?"
06:18 Et vous savez quoi ? À l'arrivée, tant d'années après,
06:21 je pense que j'ai bien fait. Parce que c'est pour ça qu'aujourd'hui,
06:24 j'ai le recul suffisant pour tout regarder différemment,
06:28 pour savoir ce qu'est la gloire, savoir ce qu'est ce métier,
06:32 savoir quelles sont les relations dans le show business,
06:35 parce que ça reste du business quand même, faut pas jamais l'oublier.
06:38 Le show, il est très loin.
06:40 - Et sur cette même scène de l'Olympia, vous allez revenir 9 ans plus tard,
06:43 et vous ne la quitterez plus, cette scène, et vous y êtes encore aujourd'hui, Sheila.

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