Nadir Kahia : "On priorise qu'une parole, celle d’Israël. Il faut de la nuance !"

  • l’année dernière
Avec Nadir Kahia, président de l’association Banlieues Plus

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##C_EST_A_LA_UNE-2023-10-13##

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Transcript
00:00 - Il est 7h12 sur Sud Radio, c'est à la une l'appel à l'unité d'Emmanuel Macron face à la guerre israél-hamas.
00:06 Comment c'est perçu en France et notamment dans les banlieues, dans les quartiers ?
00:10 Nous sommes avec Nadir Kaya qui est président de l'association Banlieue Plus.
00:14 Bonjour Nadir Kaya. - Bonjour.
00:16 - Comment ça réagit justement dans les quartiers ?
00:18 Peut-être pas à Emmanuel Macron hier soir parce que là c'est trop tôt et puis vous nous direz ce que vous en pensez,
00:23 mais par rapport en fait à ce conflit donc.
00:26 - Alors tout d'abord merci pour l'invitation parce que vous le savez très bien,
00:28 je me bats depuis des années pour que les minorités puissent parvenir aussi dans les médias
00:32 pour aussi quelque part imposer une opinion ou exprimer une opinion
00:36 et nuancer un petit peu les débats qui existent depuis longtemps sur les banlieues, sur l'islam.
00:41 Là vous nous donnez l'occasion par rapport à l'actualité et notamment au dernier fait suite à l'attaque du Hamas.
00:49 Déjà merci parce que c'est très compliqué parce que depuis une semaine là aussi je m'aperçois que
00:53 on ne priorise qu'une seule parole, celle qui est pour Israël,
00:59 tant mieux pour eux, mais à un moment donné quand on veut
01:02 quelque part avoir la prétention de comprendre ce qui se passe et éventuellement d'apporter des solutions,
01:06 même si je pense que ce n'est pas de notre ressort,
01:09 mais en tant qu'observateur et en tant que citoyen,
01:12 je me dis que là aussi il faut de la nuance et si possible de l'objectivité de la justice.
01:17 - Nadir Kaya alors...
01:20 - Parce que c'est important parce que là comme je vous dis, vous m'invitez, c'est sympa,
01:24 mais moi ce que j'entends et je peux comprendre aussi un peu la colère de beaucoup,
01:28 notamment les français de confession musulmane qui sont aussi attachés à la cause palestinienne,
01:31 mais qui sont aussi touchés par les victimes civiles parce que ça reste des civils, qu'on soit juifs ou palestiniens,
01:38 c'est des vies, la vie est sacrée, quel que soit ce que vous êtes, ce que vous représentez, la vie est sacrée.
01:42 Ça c'est important de le dire.
01:44 Mais à un moment donné, quand on amène des débats comme ça
01:47 et quand on sait l'attention qui existe en France depuis longtemps à travers l'actualité internationale,
01:52 à travers la souffrance des français au quotidien, l'inflation, toutes les problématiques qui existent,
01:56 quand j'entends que le conflit est importé, mais il est importé déjà par les médias,
02:01 mais il l'est aussi par le fait politique...
02:03 - Par les médias, mais alors les médias de partout, parce qu'aujourd'hui dans les quartiers,
02:07 on écoute tout autant les médias de son pays d'origine que les médias français.
02:12 - Alors moi personnellement je suis franco-algérien,
02:14 mais mon pays d'origine, moi seul de mes parents c'est l'Algérie,
02:17 mais je ne regarde pas les médias algériens, je regarde les médias français,
02:20 parce que je suis français également,
02:22 et je vis pleinement ma citoyenneté à ce niveau-là et j'ai un regard en tant que citoyen.
02:27 - Alors comment c'est perçu quand même ?
02:29 - Déjà ce qui est perçu dans un premier temps, c'est le retour médiatique,
02:33 c'est-à-dire qu'aujourd'hui on ne voit que des pros israéliens prendre la parole et s'offusquer de ce qui se passe.
02:37 Ok, mais à un moment donné il faut essayer d'être équilibré,
02:41 il y a un passif, le Hamas n'est pas né comme ça,
02:45 le Hamas n'est pas venu de l'extérieur,
02:47 le Hamas c'est quand même un parti politique avant tout,
02:51 on peut qualifier aujourd'hui de terrorisme, il va y avoir des débats là-dessus,
02:53 sur cela c'est menti qu'à employer par rapport aux agissements de certains et aux faits qui ont été révélés,
02:58 mais à un moment donné le Hamas est un parti, il a été élu par des Palestiniens majoritairement,
03:03 donc ça c'est un fait, donc démocratiquement on se doit de respecter ça.
03:07 - Alors si on doit de respecter ça, en revanche on se doit aussi de condamner quand il y a des...
03:11 - Mais évidemment, dans l'histoire de l'humanité...
03:15 - La barbarie là...
03:17 - Et la barbarie n'a pas de nom, n'a pas de nationalité, n'a pas de religion,
03:19 la barbarie c'est le propre de l'humain quand il est à un point de saturation
03:23 ou dans l'incapacité de faire face à un ennemi qui est plus fort,
03:26 bon bref, on ne va pas l'excuser mais on peut l'expliquer.
03:28 Alors ce qui se passe dans les banlieues,
03:30 les banlieues et notamment ce que je peux représenter déjà par mon propos et ma pensée,
03:35 on est des citoyens, on est des êtres humains,
03:37 on est touchés par ce qui se passe parce que ça reste de la violence,
03:39 mais à un moment donné politiquement, il va falloir agir,
03:43 l'ONU elle-même n'est pas capable d'agir,
03:45 je rappellerai qu'Israël a plus de 50 résolutions,
03:47 c'est le pays le plus condamné par l'ONU,
03:50 il n'y a aucune action effective,
03:52 donc à un moment donné les instances internationales ne sont incapables de faire quoi que ce soit,
03:56 donc en France on ne peut pas faire grand chose,
03:58 et M. Macron, désolé, n'a pas la stature pour déjà s'imposer,
04:01 il n'a pas été capable de le faire avec la Russie...
04:03 - Comment vous avez perçu son appel à l'unité, vous pensez que c'est entendu ou pas ?
04:06 - C'est un appel qui est basé sur l'opinion publique,
04:10 aujourd'hui l'opinion publique est en faveur d'Israël parce que tout est fait pour,
04:13 mais je rappellerai que moi-même...
04:15 - Il y a des faits aussi...
04:16 - Il y a des faits, mais il y a aussi des faits historiques,
04:18 ça fait depuis 80 ans que les Palestiniens sont massacrés régulièrement
04:23 par des massacres de masse qui sont eux-mêmes qualifiés et condamnés par l'ONU
04:27 et des instances internationales, et ça ne change pas la donne.
04:29 - Parce que des deux côtés on a du mal à s'entendre et à vouloir un plan de paix,
04:34 on a essayé, souvenez-vous, avec Rabin à l'époque.
04:40 - Ils ne pourront pas trouver de paix réelle dès l'instant où,
04:45 d'un côté les instances et Israël ne sont pas honnêtes et sincères dans leur démarche.
04:50 - Pourquoi pas honnêtes ?
04:52 - Déjà quand on voit un petit peu l'historique, moi je ne suis pas un politicien ou spécialiste de la question,
04:57 mais à mon simple niveau, quand on voit l'historique, le passif, l'ONU et les instances internationales
05:02 notamment les grandes puissances qui ont participé à la seconde guerre mondiale
05:06 et qui ont dominé la fin de la guerre mondiale, eux-mêmes ont aidé à la création d'Israël.
05:10 Donc quand on sait qu'aujourd'hui l'ONU, dans sa sémantique,
05:13 utilise déjà le terme pour l'armée d'Israël "armée d'occupation",
05:16 c'est qu'indirectement elle reconnaît qu'il y a une occupation illégale,
05:20 mais elle est illégale depuis 80 ans.
05:22 Donc ce n'est pas aujourd'hui qu'on va prétexter, suite à des massacres qui sont malheureux et qu'on condamne tous,
05:28 une possible solution, c'est impossible.
05:31 Quand on crée une injustice, elle est permanente.
05:33 - Un dernier mot Nadir Kaya, si jamais il y a une offensive, comme c'est annoncé, d'Israël sur les territoires palestiniens...
05:40 - Vous vous rendez compte de ce qu'on entend ?
05:41 On demande aux Palestiniens qui sont dans une prison fermée, d'évacuer...
05:46 Est-ce que vous avez parlé de couloirs humanitaires ?
05:48 - Oui, on a parlé des couloirs, bien sûr.
05:50 - Je n'ai pas entendu ça de la part d'Israël.
05:52 Ils demandent aux Palestiniens de sortir le plus vite possible, et par où ?
05:55 Du côté égyptien c'est fermé, du côté des frontières israéliennes c'est fermé...
05:59 - Ça on fait croire à l'opinion publique, comme depuis longtemps, qu'il y a des guerres propres,
06:04 donc qu'on va bombarder gentiment, qu'on prévient, mais c'est pas vrai !
06:07 Il y a des faits, vous-même vous êtes journaliste, ça fait...
06:09 Je ne sais pas quel âge vous avez, mais depuis votre jeunesse de journaliste,
06:13 vous avez entendu les massacres perpétrés par Israël à l'encontre des civils palestiniens.
06:17 - Et les attaques aussi de Palestiniens, bien sûr, terroristes...
06:20 - Dès que ça touche des civils, moi je le condamne !
06:22 Mais je rappellerai que c'est une résistance, face à un oppresseur, il ne faut pas inverser les choses.
06:26 Là on est dans l'émotion, mais à un moment donné...
06:28 - Et puis c'est tout, il y a eu un partage par l'ONU, bien sûr, de ce territoire...
06:32 - Mais de quelle façon le partage a été fait ?
06:34 Il a été fait... Les Palestiniens ne sont pas venus d'Europe, ils ne sont pas venus du monde entier, ils étaient déjà là.
06:38 Il y avait également des Juifs et des Chrétiens qui étaient là.
06:41 Mais on a importé une situation qui était liée à la fin de la Seconde Guerre Mondiale,
06:47 mais il faut connaître un petit peu l'histoire, donc à un moment donné, on a importé des choses qui étaient injustes.
06:51 Aujourd'hui, on ne peut pas croire qu'on va trouver une solution juste.
06:53 - Merci Nadir Kaya, président de l'association Banlieue Plus, d'être venu ce matin,
06:58 au micro Sud Radio.

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