Christophe Béchu - "La tempête Ciaran n’est pas liée au dérèglement climatique, mais il en accentue l’intensité"

  • l’année dernière
Avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-11-02##

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Transcript
00:00 Bonjour à tous, mon invité politique aujourd'hui, Christophe Béchut, ministre de la transition écologie et de la cohésion des territoires.
00:06 Bonjour Christophe Béchut, merci d'être avec nous ce matin.
00:10 Vous avez passé une partie de la soirée dans une cellule de veille. Quel est le premier bilan de la tempête ?
00:15 On a une tempête qui a été conforme à ce qu'étaient les prévisions
00:19 des météorologistes avec des vents extrêmement violents, y compris des pointes qui ont été mesurées aux alentours de 200 km/h sur les pointes de la Bretagne.
00:27 Avec, à la minute où je vous parle,
00:29 un mort dans un département qui n'était pas classé rouge
00:33 lié à une chute d'arbre, des dégâts matériels importants, 1 200 000 foyers privés d'électricité,
00:39 une circulation interdite sur les routes du Finistère compte tenu des nombreux chutes d'arbre qui nécessitent des interventions.
00:46 Mais j'allais dire que globalement, quand on compare aux grandes tempêtes qu'on a connues il y a 10 ou 20 ans,
00:52 les messages de prévention, la façon dont nous nous sommes préparés à cette tempête nous a sans doute permis d'éviter le pire.
00:57 C'était la nuit, la population restait à la maison, les consignes en ont été respectées ?
01:03 Oui, on a on avait la chance entre guillemets que ça arrive un jour férié, donc un jour où déjà les poids lourds ne circulent pas,
01:10 mais avec une réactivité de la part des autorités pour prendre des mesures de restriction de la circulation, de consignes,
01:16 de prévention, et puis on a activé également le dispositif FR Alert qui a permis d'envoyer dans les départements qui étaient classés rouges
01:23 des SMS pour rappeler aux gens ce qu'étaient les consignes de sécurité, en particulier de surtout pas sortir la nuit dernière.
01:28 Je veux profiter de votre antenne pour dire que ça n'est pas fini.
01:31 Nous sommes sortis de la vigilance rouge pour le Finistère,
01:35 à 8 heures ce matin nous sommes sortis de la vigilance rouge pour les Côtes d'Armor,
01:39 il nous reste un département qui est en vigilance rouge jusqu'en milieu de matinée qui est la Manche,
01:44 mais nous attendons pour le milieu de la matinée,
01:46 correspondra au moment de la marée haute, des vagues
01:50 particulièrement hautes de 6 mètres, de 8 mètres, de 10 mètres en fonction des endroits, donc on a des risques d'immersion marine.
01:56 Les consignes de prévention à la minute où on se parle c'est n'allez pas vous approcher pour admirer les vagues, les risques sont réels
02:04 ce matin et plus largement durant toute cette journée sur ces territoires,
02:08 soyez prudents parce qu'on peut avoir des arbres qui ont été fragilisés et qui tombent,
02:11 on peut avoir des sujets sur des toits qui...
02:14 - Donc vous appelez la population à rester calfeutrée à domicile ?
02:18 - Je l'appelle à rester vigilante.
02:20 - En tout cas pour ne pas se promener au bord des côtes.
02:22 1,2 millions de foyers privés d'électricité, quand pourra-t-il être rétabli ?
02:28 - Nous avons des équipes d'Enedis qui sont à pied d'œuvre déjà depuis cette nuit.
02:34 Le rétablissement va se faire tout au long de cette journée.
02:40 Je n'ai pas le détail de ces foyers, il y en a près de 800 000 qui sont en Bretagne, là où les choses sont les plus concernées.
02:46 Ce que je peux dire c'est que l'écrasante majorité retrouvera de l'électricité dans cette journée.
02:50 - Alors on va évidemment découvrir les dégâts au fur et à mesure de la matinée parce qu'il y en a forcément,
02:55 vous le disiez, des vents quand même à 200 km/h pour certaines zones.
03:01 Concrètement, que va faire l'État pour aider les sinistrés ? Est-ce que déjà l'état de catastrophe naturelle va être déclaré ?
03:08 - Ça ce sont des décisions qui vont être prises dans la journée d'aujourd'hui quand on va effectivement, comme vous venez de le dire,
03:15 consolider ce que sont les dégâts. Ce qui est certain c'est que la puissance de ces rafales de vent
03:19 permettrait cette reconnaissance de catastrophe naturelle sur une partie du territoire, à n'en pas douter.
03:24 Ensuite je vous dis, la priorité absolue c'est de constater, de vérifier que nous n'avons pas de dégâts qui nous seraient échappés
03:34 et la priorité encore plus c'est d'aller rétablir le plus vite possible l'électricité et les conditions de circulation sur ces territoires.
03:41 Tout au long de cette journée, les équipes de l'État vont être à pied d'œuvre et je veux saluer ceux qui,
03:46 dans les préfectures, sur le terrain travaillent, je veux saluer nos sapeurs-pompiers qui, dans beaucoup d'endroits,
03:50 multiplient aussi les interventions à l'appel des particuliers. Et puis les agents d'Enedis qui là sont en première ligne
03:56 dans le cadre de ce rétablissement de l'île électrique et vous en saurez plus dans la journée au fur et à mesure qu'on va avancer.
04:03 Il y a également la question des transports, les TER sont interrompus jusqu'à demain, pareil pour les TGV ?
04:08 Alors, les TER sont effectivement interrompus aujourd'hui, les TGV il n'y en a pas en direction de Nantes et du Mans pour la journée d'aujourd'hui,
04:19 ils devraient recommencer à circuler demain. Des trains de reconnaissance de la SNCF vont être envoyés sur les différents réseaux ferroviaires
04:30 avec des bûcherons qui seront susceptibles d'aller couper les arbres qui sont tombés sur les voies, puisque c'est ça notre souci principal,
04:35 ou de pouvoir rétablir les caténaires qui ont pu être abîmés pour qu'on retrouve un niveau de circulation le plus normal possible demain,
04:44 à la minute où je vous parle, je n'ai pas de raison de douter de cet objectif.
04:47 Alors on a parlé de bombes météorologiques ou encore de tempêtes explosives,
04:52 est-ce que la France doit se préparer à connaître de nouveaux phénomènes d'ampleur tels que celui-là ?
04:57 Il y a déjà eu un des tempêtes, vous l'avez dit vous-même, un monstre par le passé, notamment celle de 1999,
05:02 est-ce qu'on doit s'attendre à d'autres phénomènes ?
05:04 La réponse est oui, on en a connu il y a 20 ans, on en a connu il y a 10 ans, on va continuer à en connaître.
05:11 La formation de ces tempêtes, elle n'est pas liée au dérèglement climatique, il y a toujours eu des tempêtes, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve.
05:20 Simplement, le dérèglement climatique accentue potentiellement l'intensité et les conséquences.
05:26 Avec un niveau des océans qui va monter au fur et à mesure du temps, sous l'effet en particulier de la fonte des glaces,
05:32 les risques de submersion marine ou d'inondation sont plus importants.
05:35 Avec des décalages de température qui nous amènent à avoir des canicules en septembre,
05:40 et donc une température de l'eau potentiellement très chaude qui peut favoriser la création de phénomènes météorologiques compliqués,
05:47 on peut s'attendre effectivement à des épisodes de davantage d'intensité.
05:50 Donc ça veut dire, monsieur le ministre, que vous ne liez pas ces tempêtes directement au phénomène du réchauffement climatique, mais aux impacts de ce dernier ?
06:00 Moi je crois qu'il faut être précis dans ce que nous disons aux Français.
06:04 Il y a des quantités de choses qui sont liées au dérèglement climatique.
06:08 Tout n'est pas lié au dérèglement climatique.
06:10 L'éboulement qu'on avait connu il y a quelques semaines en montagne, conduisant à la fermeture d'un axe entre la France et l'Italie,
06:15 ça c'était pas le dérèglement climatique.
06:17 Les analyses qu'on a faites le montrent.
06:21 Les tempêtes, il y en a eu avant, il y en a eu de tout temps, et en soi une tempête n'est pas liée au dérèglement climatique.
06:29 En revanche, le dérèglement, le réchauffement climatique accentue les intensités des épisodes que nous connaissons.
06:37 Alors vous avez tiré les leçons de certains événements comme Cynthia,
06:43 il n'empêche, la France est encore en retard par rapport à d'autres pays sur les infrastructures.
06:48 Le Japon, les Etats-Unis, les Pays-Bas ont mis en place des digues, des barrages.
06:52 Est-ce que, clairement, il y a quelque chose de prévu sur ce point en France ?
06:57 D'abord, vous l'avez dit, en 99, il n'y avait rien.
07:01 Ce sont ces tempêtes, Lothar et Martin, qui ont conduit à mettre en place les dispositifs qui ont été déployés au cours de ces dernières heures,
07:07 et qui nous ont permis d'éviter le pire, puisque
07:10 on a un bilan qui n'a rien à voir avec ce qu'on a connu il y a 10 ans ou 20 ans.
07:13 Mais on a encore devant nous du chemin à parcourir.
07:17 Et ce chemin, il est dans le cadre de ce qu'on appelle le plan national d'adaptation au changement climatique.
07:21 À la toute fin de cette année, ou au tout début de l'année prochaine,
07:23 je présenterai l'ensemble des mesures d'adaptation pour qu'on soit
07:28 mieux préparé à tout type de risque, pas seulement les tempêtes.
07:32 Mais on a la question du retrait gonflement d'argile,
07:35 c'est plus de 10 millions de Français qui sont potentiellement concernés.
07:38 On a l'érosion du trait de côte dont je parlais, on a des risques d'inondations
07:42 qui sont liés, comme nous l'avons vu il y a quelques jours avec Aline dans les Alpes-Maritimes,
07:46 à des épisodes pluvieux, sévenols, méditerranéens, encore plus intenses compte tenu du réchauffement climatique.
07:52 Sur tout ça, on doit à la fois changer une partie de nos règles, de nos référentiels techniques,
07:59 puisque les températures seront plus élevées, il faut qu'on ait
08:01 des réseaux de transport ou de télécommunication qui soient plus résistants à des températures qui sont plus élevées.
08:07 Il y a le sujet des digues, il y a la façon dont on se protège par rapport à ces épisodes,
08:12 et ça, ce sont des mois de travail depuis janvier, de la part de beaucoup de services d'État et d'entreprises,
08:20 pour arriver au début de l'année prochaine à ce référentiel d'adaptation qui rehaussera notre niveau de protection.
08:24 Donc il faut s'habituer à la culture du risque ?
08:26 Bien sûr, il faut renforcer notre culture du risque, il faut renforcer nos réflexes de vigilance et de résilience,
08:33 parce que nous allons vers une augmentation de ce que nous appelons les catastrophes naturelles,
08:38 à cause du dérèglement du climat.
08:41 Alors, on est tenté de vous dire qu'il faut un petit peu agir sur les causes,
08:45 est-ce qu'on peut vraiment changer la donne quand on sait que d'autres pays du monde n'ont pas le climat forcément sur la liste de leurs priorités,
08:51 faute parfois de volonté, mais aussi faute de ressources, on ne peut pas tout, tout seul ?
08:57 Pour être clair, l'inaction des autres ne peut pas nous servir d'excuse pour nous de ne pas agir.
09:04 Je vais prendre une image.
09:06 La planète c'est comme si c'était un immeuble.
09:09 On n'a pas le plus grand appartement, nous la France, on a 0,8% de la surface,
09:16 mais s'il y a un incendie dans l'immeuble, franchement, vous ne commencez pas à éteindre l'incendie dans votre propre appartement,
09:22 au motif que votre voisin chinois qui a le plus grand appartement, lui, n'a pas commencé à éteindre les flammes sur son propre canapé et ses rideaux.
09:29 Ça ne marche pas.
09:31 On doit à la fois faire le maximum chez nous, et c'est ce que nous faisons avec une planification écologique qui est unique,
09:38 et nous devons, dans le même temps, faire en sorte de mobiliser la communauté internationale avec une diplomatie qui doit se renforcer.
09:45 Vous le faites un petit peu, il y a le premier sommet international dédié aux glaciers et aux pôles,
09:49 enfin le One Planet Polar Summit qui se tiendra à Paris prochainement, du 8 au 10 novembre,
09:55 un énième sommet, 40 chefs d'État qui vont sans doute venir en avion privé.
10:00 Ne pensez-vous pas qu'il faut abandonner les promesses, les discours, et passer vraiment à l'action concrète ?
10:07 C'est ce que disent beaucoup de citoyens. Que peut-on attendre vraiment de cette réunion concrètement ?
10:11 Il n'y a jamais eu de sommet organisé pour se pencher sur les pôles.
10:16 Et ce n'est pas une réunion de plus, en tout cas je comprends que les gens se disent ça.
10:20 Mais c'est quoi l'alternative ? C'est de penser que si on ne se voit pas, que si on ne se met pas d'accord,
10:26 il y aura plus d'action, et qu'on a des pays qui aujourd'hui sont réticents et qui ne veulent pas bouger,
10:30 qui vont s'y mettre tout seuls comme ça, sans qu'il y ait une pression internationale qui se mette en place.
10:35 Je crois au contraire que des moments comme cela... - Ça sert à quelque chose, vraiment.
10:39 - Mais bien sûr, parce qu'ils permettent, y compris d'ailleurs d'avoir une pression citoyenne autour des conclusions de ces différents sommets.
10:45 Moi, quand le pape annonce qu'il va venir à la COP 28, je pense que c'est un moyen de pression parmi d'autres
10:52 pour que des États mesurent que ça contribue à braquer les projecteurs et qu'on ne pourra pas quitter cette COP
10:58 juste en disant "bon ben on se retrouve l'année prochaine et puis on verra ce qu'on fait".
11:01 Et donc ce sommet sur les pôles, pourquoi il est crucial ?
11:04 Parce que les pôles, par définition, sont des endroits où il n'y a pas de souveraineté nationale,
11:07 où on a en partage des territoires et des étendues glaciaires
11:12 qui conditionnent en grande partie à la fois la température de la planète et nos réserves d'eau douce.
11:17 Et ce sont des lieux qui sont doublement menacés par le dérèglement climatique
11:21 parce qu'au fur et à mesure que les températures augmentent, les pôles fondent
11:24 et plus les pôles fondent, plus potentiellement on peut se retrouver avec des lieux de conflits géopolitiques.
11:29 Et là, si on n'est pas d'accord entre nous, si la communauté internationale ne décide pas de génerer ce qu'on fait...
11:34 - Donc déjà se mettre d'accord et les actions concrètes ensuite.
11:36 - Et globalement, rien ne va assez vite.
11:39 Ça ne va pas assez vite.
11:40 Le rythme auquel les États sont en train de bouger ne va pas assez vite.
11:43 Mais partout dans le monde...
11:46 - Vous ne vous sentez pas découragé quand même parfois, Christophe Béchut ?
11:49 - Tous les matins, je me lève en me disant que tout est à faire.
11:52 Il m'arrive le soir de me dire que la journée n'a pas été aussi bonne que ce que je pouvais espérer.
11:57 Et il y a des moments, je vous le confirme, de désillusion.
12:00 Mais à côté de ça, l'enjeu est tellement important,
12:04 la nécessité qu'on a de réussir pour préserver la vie sur la planète telle qu'on la connaît,
12:10 ça mérite de s'y mettre vraiment.
12:11 - Alors vous allez faire un tour de France pour parler écologie avec les Français.
12:14 Septième rencontre la semaine prochaine à Paris.
12:16 Vous le savez, une partie des Français sont parfois fâchés
12:19 avec la manière dont les gouvernements gèrent l'écologie,
12:22 qu'ils jugent punitives, comme le débat notamment sur les zones à faible émission
12:27 ou les passoires thermiques.
12:28 Que leur répondez-vous ?
12:29 - Je leur réponds que la vraie punition, c'est si on ne fait rien.
12:34 La vraie punition, c'est les conséquences d'un dérèglement climatique
12:38 qui, en termes de coûts, avec la sécheresse,
12:41 parce qu'on se retrouvera avec des secteurs sans eau...
12:43 - Il y a faire, mais il y a punir aussi, il y a la manière de faire.
12:45 On ne vous reproche pas de faire, on vous reproche la manière.
12:49 - Sauf qu'on finit par oublier pourquoi on fait,
12:51 et pourquoi dans un certain nombre de cas,
12:52 on pose des règles qui peuvent être contraignantes.
12:54 Il y a un dérèglement climatique qui n'est pas lié à une décision
12:57 qu'on prendrait demain matin ou qu'on aurait prise hier,
12:59 qui est la conséquence de nos activités humaines et industrielles
13:02 depuis les années 90.
13:03 Par rapport à ça, on propose une planification écologique
13:06 qui ne s'appuie pas sur la contrainte.
13:07 Moi, mon écologie, ce n'est pas celle qui consiste à taxer,
13:11 ce n'est pas celle qui consiste à faire du greenwashing,
13:13 de la lutte contre les riches,
13:16 ce n'est pas celle qui consiste à penser
13:17 que c'est par la réduction des libertés qu'on va y arriver.
13:19 Donc, on préfère de beaucoup accompagner les Français
13:23 en leur donnant les moyens de changer.
13:25 Et typiquement, le lancement dans quelques jours
13:27 du leasing à 100 euros pour les voitures électriques
13:30 correspond à ce que nous souhaitons en matière d'écologie,
13:33 offrir des solutions aux gens pas se contenter de dire que ça doit bouger.
13:36 - Concrètement, c'est quoi qui est éligible à ce leasing ?
13:40 - Concrètement, dans les jours qui viennent,
13:43 une plateforme de réservation de sa voiture à 100 euros va voir le jour.
13:48 C'était une promesse d'Emmanuel Macron,
13:50 et ça permettra aux Français qui respectent des conditions de revenus
13:56 de pouvoir s'inscrire pour bénéficier de cette voiture à 100 euros.
13:59 - Combien de Français ? Combien de revenus ?
14:01 - Ça, c'est ce qui sera précisé dans les prochains jours.
14:04 Pour être clair, la première année,
14:07 nous n'aurons pas autant de véhicules qu'il y a sans doute de gens qui le souhaitent.
14:10 Pour une raison, c'est qu'on a décidé que ne seraient éligibles à cette aide
14:14 que les véhicules produits en France ou en Europe,
14:16 et qu'on n'allait pas utiliser l'argent public.
14:18 - Et on n'en produit pas assez.
14:19 - Et nous n'en produisons pas assez pour le moment.
14:21 Et en même temps, le leasing va être un moyen de pousser
14:24 ces constructeurs automobiles à en faire davantage.
14:26 Mais si on commence à distribuer des primes
14:29 pour acheter des voitures qui sont fabriquées en Chine,
14:31 dans des usines alimentées par du charbon,
14:33 on est très hypocrite d'un point de vue écologique.
14:35 Donc nous assumons le fait qu'on souhaite flécher cette prime,
14:38 ce qui veut dire sans doute une vingtaine de milliers de véhicules disponibles
14:42 dans un premier temps.
14:43 Et comme on s'attend à ce qu'il y ait potentiellement bien plus de Français
14:46 qui soient intéressés par cette voiture à 100 euros,
14:49 le sujet de savoir si on va réserver ce bénéfice,
14:52 par exemple aux EDFE ou à des territoires ruraux
14:55 dans lesquels on n'a pas les mêmes alternatives à la voiture individuelle
14:59 que ce qui peut exister en ville,
15:00 fait partie des ultimes arbitrages qui vont être rendus par le gouvernement.
15:02 - 25 000 Français environ ?
15:04 - 25 000 foyers.
15:06 - Qui vont pouvoir s'inscrire très prochainement ?
15:08 - Exactement. Et je le dis,
15:10 voyez typiquement autour de la voiture électrique.
15:12 La voiture électrique, elle est bonne pour la planète,
15:14 mais elle est bonne aussi pour le pouvoir d'achat.
15:16 Elle vous permet d'économiser l'équivalent de 1200 euros
15:20 d'essence par an.
15:21 Donc très concrètement...
15:23 - Combien de coûts pour l'État ?
15:25 - Le coût pour l'État, il est évidemment élevé.
15:28 Je vous rappelle qu'on a des aides qui nous permettent d'accompagner
15:31 ceux qui changent de voiture jusqu'à 12, 13, 14 000 euros
15:34 en fonction des cas pour quelqu'un qui bénéficie à la fois
15:37 du bonus écologique et d'une prime à la conversion.
15:39 - Il ne va pas bouger le bonus ?
15:40 - On sera sur des niveaux de soutien de l'État
15:44 à ces dispositifs de leasing qui seront comparables
15:46 aux sommes que je vous donne.
15:48 - Alors, est-ce qu'un tel dispositif quand même
15:51 vous permettra de passer à cet objectif 2025,
15:55 la fin du moteur électrique selon vous ?
15:57 - 2035 ?
15:58 - 2035, pardon.
15:59 - À l'échelle européenne.
16:00 - Vous savez, il y a une chose qui est très remarquable.
16:02 Tous les mois, la part des immatriculations en voiture électrique augmente.
16:07 On était à 19% le mois dernier,
16:09 on était à 18 il y a trois mois,
16:11 on était à 17 en début d'année
16:14 et on était sur une moyenne qui était proche des 15 sur l'année précédente.
16:17 Donc, les consommateurs, les Français, les automobilistes,
16:20 ils ont compris qu'il y avait à la fois un enjeu climatique,
16:25 mais y compris, je le redis, un enjeu en termes de pouvoir d'achat.
16:27 - En tout cas, 100 euros plus,
16:29 on le rappelle quand même, les assurances et les frais de réparation à la fin
16:32 si on veut rendre la voiture.
16:34 Donc, ce n'est pas exactement 100 euros.
16:36 - Mais je le redis, c'est au moins 100 euros d'économie par mois sur son essence.
16:39 - Alors, il y aura des bornes électriques,
16:41 évidemment, on en parle souvent,
16:43 il y a un travail qui est fait en ce sens-là,
16:45 mais enfin, il faut les fabriquer, ces batteries.
16:47 Emmanuel Macron, lors de la présentation de la planification écologique,
16:50 avait évoqué ses ambitions en matière de ressources minières comme le lithium.
16:56 Nos confrères du Parisien, ce matin,
16:58 évoquaient ses projets d'ouverture de mines dans l'Allier,
17:01 notamment, c'est un projet qui préoccupe beaucoup,
17:02 d'ailleurs, les habitants et les élus locaux,
17:05 inquiets, notamment pour la gestion d'eau.
17:07 Vous confirmez ces projets ?
17:09 - Je confirme que nous avons besoin de réouvrir des mines,
17:11 on a besoin de faire en sorte que ces métaux rares,
17:13 on puisse faire en sorte de les extraire ici,
17:16 évidemment, en étant le plus précautionné possible,
17:18 mais j'aimerais qu'on s'arrête juste une seconde.
17:21 Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ?
17:22 On est dans une totale hypocrisie.
17:25 C'est-à-dire qu'on laisse des pays loin de nous,
17:28 exporter pour ensuite importer l'ensemble de ces produits.
17:31 On dépend, en particulier de la Chine,
17:34 qui consomme des monopoles dans beaucoup de mines rares.
17:37 Ce n'est pas une bonne nouvelle pour notre souveraineté,
17:39 ce n'est pas une bonne nouvelle pour nos valeurs ou pour nos convictions,
17:42 ce n'est pas non plus une bonne nouvelle pour notre pouvoir d'achat
17:43 et pour notre économie.
17:45 Si on veut retrouver cette maîtrise,
17:47 si on veut faire en sorte de réindustrialiser notre pays
17:49 pour sortir d'une hypocrisie environnementale
17:51 qui a consisté à fermer les usines pour baisser nos émissions,
17:54 nous devons faire en sorte d'avoir une maîtrise
17:56 qui commence aussi par les minerais.
17:59 Christophe Béchut, un petit mot, parce que le temps file, c'est terrible,
18:02 le temps file sur les pneus neige.
18:06 Les automobilistes roulant dans 34 départements,
18:08 plus de 4000 communes doivent s'équiper des pneus neige
18:10 ou d'équipements spéciaux.
18:12 Pas de sanctions pour le moment, vous confirmez ?
18:14 L'objectif, ce n'est pas d'abord de la répression, c'est de la sécurité.
18:16 L'absence de pneus neige est la première cause d'accidents en montagne.
18:21 Il y aura des contrôles.
18:23 Si ces contrôles montrent que les consignes
18:25 d'équipement systématique de ces pneus neige à compter du 1er novembre
18:28 ne sont pas suffisamment respectées,
18:31 nous prendrons le décret qui déclenche la sanction.
18:34 Mais à la minute où je vous parle, je le redis,
18:36 c'est un enjeu de sécurité, pas de répression.
18:39 Alors Christophe Béchut, vous êtes aussi un proche d'Edouard Philippe,
18:43 secrétaire général d'ailleurs du parti Horizon.
18:46 Un sondage IFOP pour Sud Radio récemment montre
18:49 qu'Edouard Philippe tire plutôt son épingle du jeu
18:51 par rapport au potentiel futur candidat à la présidentielle,
18:54 26% d'attention de vote.
18:56 Vous souhaitez qu'il soit candidat ?
18:58 Je souhaite que ce sujet, on n'en parle pas dès 2023.
19:02 J'ai évidemment lu ces sondages.
19:04 C'est un peu hypocrite, tout le monde en parle, vous le savez bien.
19:05 Je vais vous répondre.
19:07 Je me réjouis de ces sondages.
19:09 Tout le monde dit qu'on ne les regarde pas.
19:10 Le fait est que forcément on les regarde.
19:12 Mais c'est dans tellement longtemps cette élection présidentielle.
19:15 Et je pense que c'est une des maladies de notre démocratie,
19:18 c'est d'être concentré sur le coup d'après
19:20 au lieu d'être concentré sur les réformes dont les pays ont besoin.
19:23 Et à court terme, dans ce pays,
19:25 entre la guerre en Ukraine qui se poursuit,
19:27 entre ce qui est en train de se passer en Israël,
19:31 la montée des actes antisémites abjectes dans notre pays,
19:35 la nécessité de faire en sorte de réformer nos règles
19:39 en ce qui concerne l'immigration à court terme,
19:42 de doter la France d'un budget.
19:44 On a tellement à faire qu'on doit concentrer
19:47 toute notre énergie sur ces enjeux.
19:49 - Justement, l'immigration, j'y viens.
19:51 La loi immigration va être présentée au Sénat le 6 novembre.
19:55 Naïma Moutchou, députée Horizon, s'est exprimée ce week-end sur cette loi
19:59 et notamment sur l'article 3.
20:02 Vous savez, cet article qui concerne la régularisation
20:07 des métiers sous tension des sans-papiers.
20:10 Donc, l'article 3 sur lequel se dit défavorable,
20:13 y voyant comme la droite une forme d'encouragement à l'immigration clandestine.
20:18 Elle est également favorable à la transformation de l'AME en AMU.
20:23 Ça présage des tensions ?
20:26 Vous partagez le même jugement qu'elle,
20:29 qui n'est pas le même que celui de Gérald Darmanin ?
20:32 - Ça présage des débats.
20:33 C'est toujours souhaitable en démocratie qu'on ait des débats.
20:36 Il y a aujourd'hui plusieurs lignes.
20:37 Il y a ceux qui considèrent qu'il faudrait effectivement
20:39 plutôt passer par une circulaire plutôt que par un article législatif.
20:42 Mais le message global de ce texte, c'est quoi ?
20:44 On se concentre sur cet article 3.
20:45 L'essentiel du texte, c'est de dire que nous devons durcir
20:48 toutes nos règles en termes d'immigration.
20:50 Qu'on doit sortir d'une forme de déni.
20:52 Qu'on ne peut pas se retrouver avec une impuissance
20:54 à expulser des gens qui n'ont rien à faire sur notre territoire.
20:57 Qu'on ne peut pas continuer à subir du regroupement familial
21:00 ou des arrivées sur le territoire qui ne correspondent pas à des besoins.
21:04 Il faut qu'on sorte d'une forme d'angélisme et de laxisme sur ces questions.
21:07 À titre personnel, je pense que ça n'est pas parce qu'on durcit les règles,
21:12 qu'on fait en sorte d'ouvrir les yeux, d'être plus lucide
21:14 sur la nécessité de restreindre cette immigration,
21:16 qu'il ne faut pas un équilibre et que des gens qui travaillent dans notre pays
21:19 depuis des années, dans des métiers en tension,
21:22 qu'on les régularise à partir du moment où ils sont intégrés,
21:24 c'est un sujet qui n'est pas le sujet principal.
21:27 - Ça veut dire que la majorité se déchire et les diviser ?
21:29 - Mais par définition, quand vous avez un texte aussi sensible
21:34 qui arrive à l'Assemblée et au Sénat, il faudra un débat,
21:37 il faudra une majorité à la fin.
21:38 Et c'est la discussion législative qui permettra
21:41 de faire en sorte que ça arrive.
21:42 J'ai pleine confiance en Gérald Darmanin pour qu'il y parvienne.
21:44 Merci beaucoup Christophe Béchu, merci à vous d'être venu dans le studio de Sud Radio.

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