• l’année dernière
Ingrid a lancé le projet "Et ça rebondit" suite à un burn out qui lui as permis de découvrir l’importance de la santé mentale. L’un des objectifs de ce projet est d’accompagner les neuro atypiques afin de leur permettre de développer leur potentiel tout en prenant soin de leur santé mentale. Aujourd’hui, elle nous partage son expérience et son parcours.

Ce témoignage est aussi une manière d’exorciser le tabou de la santé mentale pour Ingrid, après une période très difficile. Elle confie avoir été victime d’une agression qui a particulièrement affecté son bien-être intérieur. Aujourd’hui, elle ose prendre la parole à ce sujet et plus largement, sur sa relation avec la vulnérabilité, sa famille et la religion.

STAY TUNED pour les prochains témoignages.

Direction : @musaetomorrow
Journaliste : @christelle_tissot
Production et montage vidéo : @musaetomorrow
@pauline.lcmt
DA by : @musaetomorrow @_siobhankeane_
Motion design : @adrienlopes

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#santementale #santémentale #famille #religion #agression #stressposttraumatique

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Personnes
Transcription
00:00 En faisant des tests, j'étais à 8 sur 10 sur l'échelle des états stress post-traumatiques
00:08 et j'avais plein de séquelles où pour moi c'était devenu normal alors qu'en fait
00:14 ce n'était pas normal.
00:15 Je m'appelle Ingrid, j'ai 29 ans, je viens d'une famille nombreuse, on est 6 filles
00:25 et j'habite à Strasbourg et je suis entrepreneuse.
00:28 J'accompagne les associations et les porteurs de projets à la recherche de financement
00:32 et à mettre en place des stratégies financières.
00:34 Je suis en train de développer un autre projet autour du potentiel, du leadership et de la
00:39 santé mentale.
00:40 Ce qui m'a donné envie de témoigner aujourd'hui, c'est qu'il y a 3 ans, j'ai fait un gros
00:46 burn-out ou ce que j'appelle une crise existentielle aussi où j'ai tout remis en question et
00:51 en fait, je me suis rendu compte que ça faisait des années que je traînais des choses mais
00:55 qu'il y avait justement un peu cette loi du silence où en tout cas, je n'ai pas osé
00:59 forcément parler, m'exprimer, je ne me suis pas sentie forcément soutenue, encouragée
01:04 et du coup, il y a 3 ans presque jour pour jour, j'ai pour la première fois mis les
01:08 pieds dans un cabinet psy et à partir de là, ça a débouché sur tout un processus,
01:14 un parcours qui m'a vraiment fait rendre compte de l'importance de la santé mentale
01:19 et du fait que si on n'a pas une bonne santé mentale, il y a plein d'autres choses qui
01:23 ne peuvent pas aller, ça n'impacte pas juste nous en tant que personne mais ça impacte
01:27 les relations, le travail et en fait, quand on regarde la définition de ce que c'est
01:31 la santé de l'OMS, le bien-être mental, ça en fait partie.
01:35 Je pense que la santé mentale, c'est propre à chaque individu, on va dire qu'il y a
01:43 un socle commun, il y a des choses qui sont référencées, il y a un manuel de troubles
01:48 psychiques, mentaux, je ne sais plus le nom mais on va dire qu'il y a un socle commun
01:52 mais après, c'est beaucoup lié à notre perception du monde, à nos émotions et ça,
01:57 c'est unique et propre à chacun.
01:58 Donc au final, je pense que le parcours et la relation qu'on a à la santé mentale,
02:03 c'est chacun qui la définit au fur et à mesure des découvertes qu'il fait, etc.
02:08 Il y a eu des moments où en regardant en arrière et le chemin parcouru, que ce soit
02:14 grâce à ma coach en développement personnel, à une thérapeute, etc., où je me suis rendue
02:18 compte "Ah punaise, là je me sens quand même vachement mieux depuis que je me fais accompagner,
02:23 depuis que j'ose parler, depuis que je m'affirme, depuis que je change les choses".
02:27 Donc je ne dirais pas qu'il y a eu un moment eureka mais c'est en regardant mon parcours
02:32 au fur et à mesure, même encore là aujourd'hui, il y a des choses, j'avais rendez-vous hier
02:36 chez ma psy où je me rends compte de tous les progrès que j'ai faits et de à quel
02:40 point ça a changé pas juste mon bien-être mais carrément mes relations, ma façon de
02:45 voir le monde, ça va beaucoup plus loin que juste, pour moi, une guérison psychique.
02:52 Pour moi, faire des progrès, ça veut dire beaucoup de choses.
02:56 En termes d'humeur, j'avais tendance à faire vraiment les montagnes russes.
02:59 En termes d'émotions, passer vraiment d'un extrême à l'autre, ça a commencé quand
03:03 j'étais ado.
03:04 Là je me rends compte que depuis un an, un an et demi, j'ai toujours des émotions
03:09 qui sont plus ou moins agréables, désagréables mais en tout cas, je n'ai plus ces montagnes
03:12 russes-là où les crises sont moins longues.
03:17 J'arrive mieux à accueillir et à gérer mes émotions.
03:21 Après, en termes de relations, ça a conduit à beaucoup de ruptures relationnelles.
03:26 J'ai des relations qui se sont arrêtées, soit naturellement, soit volontairement tout
03:31 simplement parce que je me suis rendu compte qu'à l'état où j'étais, qui je suis
03:36 maintenant, ces relations ne me conviennent plus.
03:38 Ou alors il y avait des choses qui sont toxiques.
03:39 Moi, j'étais toxique aussi pour certaines personnes et le fait de me rendre compte de
03:46 ce que j'avais besoin d'un point de vue mental, de ce que c'est qu'être bien mentalement,
03:51 émotionnellement, etc., ça m'a conduit naturellement à une modification de mes relations.
03:56 Ça a aussi conduit à une modification des relations avec mes parents par exemple, où
04:01 il y avait beaucoup de choses pas comprises, d'attentes, de non-dits, etc.
04:06 Ça a permis de libérer la parole et donc d'avoir une relation apaisée, pas parfaite
04:13 mais apaisée.
04:14 Et après, d'un point de vue professionnel, j'ai totalement changé de chemin.
04:18 Entre-temps, je suis passée du salariat à l'entreprenariat.
04:21 J'essaye de lancer un projet qui tient compte de la santé mentale.
04:26 J'ai revu ma façon de travailler aussi parce que j'ai fait un burn-out avant.
04:30 Donc, ça m'a permis de prendre conscience aussi que ce burn-out, il était arrivé pas
04:35 juste à cause d'une trop grande charge de travail mais aussi parce que je ne prenais
04:38 pas soin de ma santé mentale.
04:39 Mon burn-out, je l'ai fait dans le cadre professionnel.
04:46 Je travaillais dans le milieu de l'humanitaire et du développement.
04:49 Donc, beaucoup de déplacements.
04:51 J'ai vu beaucoup de choses dures.
04:52 Et dans l'humanitaire, ça commence doucement à changer.
04:56 Mais en fait, c'était « sois fort et tais-toi », un peu la règle.
05:00 Et en fait, quand on voit des gens qui sont dans une grande souffrance régulièrement,
05:06 ça crée quand même des traumatismes.
05:09 Parce que quand on vit dans des pays en guerre, on est entouré de personnes armées toute
05:12 la journée, ça crée des traumatismes.
05:14 Quand on parle sur le terrain et qu'on ne sait jamais si on va revenir parce qu'on
05:18 est en train de se balader dans le pays qui a le plus d'engins non explosés au monde,
05:22 ça crée en fait des stress.
05:23 Et le stress, quand c'est ponctuel, on arrive à le gérer.
05:28 Mais quand ça fait partie du quotidien, il y a un moment où ça s'empile, ça s'empile.
05:33 Et s'il n'y a pas une soupote de décompression, ça s'accumule et les effets ne sont pas
05:37 jolis jolis.
05:38 Là, je n'ai pas le choix en fait.
05:40 Si je veux m'en sortir, je suis obligée d'aller voir quelqu'un et de me faire aider.
05:44 La première personne que j'ai vue m'a donné envie de me suicider.
05:48 Elle m'a dit qu'en fait, je ne pourrais pas m'en sortir.
05:50 J'étais un légume, que je finirais en légume, j'avais besoin de médicaments.
05:54 Enfin, vraiment professionnel de merde.
05:56 Désolée pour l'expression.
05:58 Puis j'ai été voir quelqu'un d'autre.
05:59 Et là, cette personne, je la vois encore aujourd'hui.
06:02 Elle m'a vraiment accompagnée.
06:05 Ça fait trois ans maintenant.
06:06 Elle m'a vraiment montré que je n'avais pas à avoir honte de ressentir ce que je
06:11 ressentais, de mes peurs, de mes angoisses, et que je pouvais être moi-même.
06:17 Et que la santé mentale, ce n'est pas une fatalité.
06:20 C'est quelque chose sur laquelle on peut travailler.
06:21 Prendre soin de sa santé mentale, on n'a pas besoin d'attendre d'être à un stade
06:26 où on n'en peut plus.
06:27 Elle m'a aussi permis de comprendre que la santé mentale, ce n'est pas juste pour
06:32 des maladies psychiques et qu'on n'est pas forcément obligé de passer par la voie
06:35 médicamenteuse, etc.
06:37 Il y a différentes options.
06:39 Et justement, ça se construit, le parcours de santé mentale, en tout cas avec un professionnel,
06:43 se construit avec le patient, si on peut dire.
06:46 Je dirais qu'il y a eu, on va dire, trois, quatre grandes étapes.
06:54 La première étape, c'est que j'ai dû apprendre à accepter mes limites.
06:58 Une des premières choses que je me souviens qu'elle m'a dit, c'est là, tu vas te
07:02 mettre en arrêt et pendant tout l'été, tu ne vas rien faire, sauf ce que ton cœur
07:06 te dit de faire.
07:07 Donc vraiment me reconnecter à moi, à mes émotions, à ce que je ressentais.
07:11 Ça, ça a été la première étape.
07:13 On va dire que ça a duré tout l'été, sur les deux mois d'été.
07:18 Et ça a duré un peu plus longtemps, mais de façon peut-être moins intentionnelle,
07:24 moins cadrée.
07:25 Après, il y a une deuxième étape où là, j'ai commencé à être plus proactive.
07:29 Mais je pense que c'est parce que j'étais justement plus reposée.
07:32 Et en fait, c'est mon corps qui a parlé avant mon mental.
07:40 Donc, il fallait que je repose mon corps pour que mon mental puisse refonctionner, je pense.
07:44 Donc, quand mon corps s'était reposé après cette période de pause, là, ça a été off
07:48 où je n'ai rien fait à part ce que j'avais envie de faire.
07:51 J'ai commencé à pouvoir de nouveau réfléchir, on va dire calmement, me poser, aussi recommencer
08:00 un peu à planifier, prévoir parce que ça s'était totalement arrêté.
08:05 En fait, quand je suis rentrée de Thaïlande, j'étais tellement à bout qu'en fait, je
08:09 ne savais même plus ce que je voulais.
08:10 Je ne savais pas qui j'étais.
08:11 Enfin, c'était vraiment le bouleversement total.
08:14 Puis du coup, 6 mois après ça, là, j'ai fait le pas de m'inscrire moi-même dans
08:19 un programme de développement personnel d'un an qui a été vraiment génial.
08:23 Là, j'ai vraiment vu la deuxième étape où ça m'a permis en fait de déconstruire
08:28 pour mieux reconstruire parce que je me suis rendu compte qu'en fait, je m'étais construite
08:32 en tant que femme, en tant qu'être humain sur plein de choses qui en fait ne me convenaient
08:38 plus et qui du coup, nuisaient à ma santé mentale.
08:41 Par exemple, avec ma maman, on n'a pas eu une relation très simple à l'adolescente
08:47 et en fait, j'ai toujours cherché son approbation.
08:49 Donc, il y a beaucoup de choses comme le fait de faire beaucoup d'études, d'avoir beaucoup
08:54 de diplômes où en fait, je me suis rendu compte que oui, j'aime étudier, oui, j'ai
08:59 adoré passer tous ces diplômes, mais il y avait un élément qui était qu'en fait,
09:04 c'était le seul moyen où j'arrivais à avoir des discussions et j'avais l'impression
09:08 d'être vue par ma mère.
09:09 Donc, il y avait vraiment un côté, je faisais les choses en fait pas pour moi, mais en partie
09:14 pour ma mère.
09:15 Et le fait de me rendre compte de ça, ça m'a permis par exemple de me dire « bon
09:18 ben, je n'ai pas besoin de continuer à aller étudier, chercher toujours un nouveau
09:22 diplôme ou si je le fais, ça doit vraiment être pour moi et pas pour ma maman ». Et
09:28 le fait de me rendre compte en fait de cet attachement malsain avec ma maman, en fait
09:33 ça a changé beaucoup de choses même sur la façon dont je me percevais.
09:36 Ça m'a permis aussi de me détacher du passé parce qu'à l'âge de 18 ans, j'ai
09:43 subi une agression sexuelle, il y a eu un procès, j'ai gagné, mais en fait, je n'en
09:53 ai jamais vraiment parlé.
09:54 J'étais allée voir la psy deux fois, mais parce que j'étais obligée dans le
09:58 cadre du procès, etc.
09:59 Mais ce n'était pas un choix personnel de me faire accompagner et en fait, je ne me
10:03 suis pas rendue compte que j'avais développé un état de stress post-traumatique, que le
10:07 travail dans l'humanitaire avait renforcé.
10:09 Et du coup, en fait, en faisant ce programme de développement personnel, j'ai vraiment
10:13 reconnecté encore plus profondément avec qui j'étais, mais surtout qui j'avais
10:17 envie d'être.
10:18 Ce qui m'a amenée à la troisième phase, six mois encore après le début du programme
10:22 de développement personnel.
10:23 Du coup, en fait, j'ai fait une demande pour intégrer le centre de psychotrauma à
10:27 Strasbourg parce qu'en faisant des tests, en fait, j'étais à 8 sur 10 sur l'échelle
10:31 des états de stress post-traumatique.
10:33 Et en fait, j'avais plein de séquelles où pour moi, c'était devenu normal, alors
10:39 qu'en fait, ce n'était pas normal.
10:40 J'avais des soucis d'insomnie, j'avais des soucis d'addiction, j'avais plein de
10:48 petites choses qui, en fait, je me suis rendue compte.
10:51 Mais en fait, non, ce n'est pas normal.
10:53 Ça fait partie de ton quotidien parce que ça fait dix ans que tu le vis, que tu as
10:58 ces angoisses, que tu as ces insomnies, ces problèmes de santé.
11:02 Mais en fait, ce n'est pas ça la vie.
11:04 Et du coup, il y a un an, j'ai commencé à faire un sujet au centre de psychotrauma
11:09 spécifique aux agressions et aux abus.
11:12 Et là, c'est en train de se terminer.
11:15 Donc, je dirais, il y a ces trois phases.
11:16 Et là, je me rends compte depuis les six derniers mois que tout cet accompagnement que
11:22 j'ai acquis est engrangé pendant deux ans.
11:24 En fait, là, je vois comment le puzzle prend forme et je vois vraiment les bénéfices
11:31 dans qui je suis, dans ma façon d'interagir avec les gens, la façon de me sentir, la
11:35 façon de ressentir le monde, les émotions.
11:38 Et en fait, je sens vraiment qu'intérieurement, je ne suis pas la même personne.
11:42 [Musique]

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