Homicide City Le dernier rempart

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Un policier est tué par balles : il aurait été piégé. Les enquêteurs prennent des mesures drastiques pour tirer les vers du nez des habitants d'une communauté bien peu bavarde.
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00:00 En 2001, il y a eu dans la ville de Philadelphie 341 homicides.
00:09 Voici l'histoire d'un de ces crimes.
00:13 On apprend qu'un policier a été touché. C'est là que j'ai vu Mike. Mike était
00:33 un bon flic. Je lui aurais confié ma vie et réciproquement.
00:36 Il avait les yeux ouverts. Son visage semblait dire "Oh non". Il avait les mains en l'air
00:46 comme ça. Certains d'entre nous ont essayé de le réanimer.
00:52 J'avais déjà travaillé sur des affaires dans lesquelles un policier avait été abattu.
01:03 Mais jamais sur l'assassinat d'un policier. J'en étais malade.
01:10 Ça a été le pire jour de ma vie. Mon frère n'était plus là quand sa fille a eu son
01:17 diplôme universitaire. Il n'était plus là quand ses petits-enfants s'ennaient.
01:23 Nos cœurs pleurent toujours pour Mike.
01:27 Je me dis, je vais trouver ses preuves. Je vais résoudre cette affaire.
01:33 Michael Beverly ne sera pas mort en vain. Son tueur n'échappera pas à la justice.
01:37 On va le retrouver.
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02:22 Mike Beverly a grandi à Chester, en Pennsylvanie, une ville industrielle sur le déclin à la
02:28 périphérie de Philadelphie.
02:29 Mike, c'est mon petit frère. On était très enfants. On était une famille très soudée.
02:39 On s'amusait bien. On vendait de la citronnade. On jouait au baseball au coin de la rue.
02:48 On avait des problèmes, mais pas comme ceux d'aujourd'hui.
02:53 Après avoir servi un temps dans les Marines, Mike s'inscrit à la Norse East Christian
02:59 University.
03:00 C'est là qu'il a rencontré Claudia. Il est rentré à la maison quand il a voulu épouser
03:06 Claudia. Ils étaient très amoureux et ils se sont mariés. Ils ont eu cinq beaux enfants.
03:12 Mike adorait être papa. Vraiment.
03:19 En 1989, à l'âge de 24 ans, Mike intègre la police de Chester.
03:32 Chester est gangrénée par le trafic de cocaïne et d'autres drogues à cette époque-là.
03:38 La ville était connue pour ses fusillades, ses homicides.
03:42 J'ai pensé qu'on avait besoin de bons policiers qui connaissent des gens dans la ville. On
03:47 avait grandi dans cette ville. Je me disais qu'ils pourraient y faire du bon travail.
03:52 Michael était un excellent policier. Il connaissait bien la rue.
03:58 La police de Chester avait une division d'enquête et Mike avait été affecté. C'était un
04:06 enquêteur remarquable, un policier hors pair. La méticulosité dont il faisait preuve,
04:12 sa capacité à obtenir des informations en ville était extraordinaire.
04:17 En 2000, Mike est promu caporal.
04:24 Mike faisait partie intégrante de la formation des nouvelles recrues. Il leur apprenait les
04:30 bonnes pratiques. Mike nous apprenait que la sécurité devait toujours passer en premier.
04:35 Il disait « le but c'est de rester vivant ». Quand j'étais jeune, quand j'étais
04:41 un jeune policier, je disais toujours que j'allais prendre un modèle sur lui.
04:44 La priorité pour Mike et son équipe, c'est de protéger les rues de Chester des Boyle
04:57 Street Boys, un gang qui règne sur le quartier de Highland Gardens.
05:02 Highland Gardens est à l'ouest de Chester. A l'époque, c'était un quartier pauvre,
05:07 avec beaucoup de maisons abandonnées, beaucoup de maisons délabrées. Il y avait un fort
05:13 taux de criminalité. La situation était telle que les rues n'étaient même plus
05:16 éclairées. Highland Gardens à l'époque était un marché
05:20 de stupéfiants à ciel ouvert. C'était un quartier très violent. Les coups de feu
05:24 éclataient sans arrêt. Les individus qui vivaient là étaient armés. Les Boyle Street
05:29 Boys étaient réputés pour être très violents. Mike savait qui ils étaient. Il les connaissait
05:35 très bien. Il m'avait même dit « Ray, si un jour tu vas à Highland Gardens, n'y
05:40 vas jamais seul et n'y vas jamais la nuit. »
05:42 Le 16 octobre 2001, à 16 heures, Mike commence un briefing au poste de police de Chester.
05:55 C'est à ce moment-là qu'on reçoit nos missions et qu'on est briefé par nos supérieurs.
06:00 Ils sont à la recherche de Brian Rogers, un membre du gang des Boyle Street Boys. Une
06:10 semaine plus tôt, il aurait tué une jeune maman, Tracy Sanders. Elle avait accepté
06:17 de témoigner contre le gang.
06:18 Au cours de l'été 2001, Tracy Sanders a acheté deux armes pour son cousin et un
06:29 autre membre des Boyle Street Boys.
06:32 C'est ce qu'on appelle un achat par prêt-nom.
06:34 Les membres du gang avaient été arrêtés par des policiers de Chester. Ils étaient
06:41 en possession des deux armes achetées par Tracy. Quand les policiers ont vérifié
06:46 les numéros de série, ils sont remontés jusqu'à Tracy.
06:50 Servir deux prêt-noms afin d'acheter une arme pour quelqu'un qui ne devrait pas en
06:53 avoir est passible d'une peine de prison. C'est un crime fédéral. Elle sait que si
06:58 elle ne témoigne pas, elle va aller en prison. Elle a deux enfants, elle ne veut pas aller
07:02 en prison. Alors elle accepte.
07:05 L'erreur que Tracy a faite, c'est de dire à son cousin que la police voulait qu'elle
07:13 témoigne. Les membres des Boyle Street Boys savaient qu'elle allait tout leur dire et
07:19 ils ne pouvaient pas la laisser faire. Alors ils ont décidé de la tuer.
07:23 Le 8 octobre, c'était un dimanche soir, Tracy Saunders est sortie de chez elle. Elle
07:35 est allée de 23h à 7h du matin dans un drugstore. Brian Rogers est allé droit sur le véhicule.
07:46 La vitre était baissée. Il lui a tiré une balle sur le côté de la tête, puis il s'est
07:53 penché dans la voiture et il lui a tiré une seconde balle dans la tête pour être sûr
07:57 qu'elle soit morte. J'ai demandé à Mike ce qu'il savait. Il m'a dit "Ray, c'est les
08:04 Boyle Street Boys. C'est des ordures. Ils viennent de tuer cette pauvre femme qui a
08:10 deux bébés. Il n'y a pas pire ordure dans cette ville que ces types-là." Et il m'a
08:17 dit, je ne l'avais jamais raconté jusque-là, il m'a dit "Si un jour il m'arrive quelque
08:23 chose, ce sera eux les coupables." C'est ce qu'il m'a dit.
08:29 C'était inadmissible qu'il ait tué, qu'il ait exécuté une jeune mère qui s'apprêtait
08:37 à bien agir.
08:38 Révolté par le meurtre gratuit de cette jeune mère, Mike est bien décidé à retrouver
08:49 et à arrêter Brian Rogers.
08:51 Mike disait "Elle ne méritait pas d'être abattue comme un chien. C'est regrettable
08:58 quand quelqu'un essaie de bien agir et que d'autres n'ont aucun respect pour la vie
09:03 humaine."
09:04 Bien qu'il demande à ses hommes de rechercher Brian Rogers, il leur déconseille d'aller
09:11 dans le quartier de Highland Gardens.
09:13 On avait trois enquêteurs qui étaient infiltrés dans ce quartier.
09:18 Il insistait "N'allez pas à Highland Gardens." Il nous l'a dit de multiples fois. Et quand
09:25 il avait le dos tourné, on se regardait en souriant. C'était devenu une blague entre
09:29 nous. Combien de fois il va nous le dire ?
09:30 Ce jour-là, c'était calme, plus que d'habitude. Mais on n'arrivait pas à dire d'où venait
09:50 la tension. Vers 21h30, mon coéquipier et moi, on a reçu un appel radio particulier.
10:02 On apprend qu'un policier a été touché. On nous donne une adresse à Highland Gardens.
10:17 À ce moment-là, on s'est regardés parce qu'on a su que c'était mauvais signe.
10:23 Bien que Mike leur ait recommandé de ne pas aller à Highland Gardens, ces hommes ne
10:33 peuvent pas ne pas répondre à cet appel.
10:35 On a foncé vers nos voitures. J'ai regardé mon collègue et je lui ai dit "Attention,
10:41 on va là-bas, il faut faire attention." On était la seconde voiture à arriver sur
10:45 place. Il y avait beaucoup de monde dehors. On descend, arme au point, par sécurité.
10:52 Et quand les gens se sont écartés, c'est là que j'ai vu Mike. Il était dans une
11:04 allée, sur le dos. Il avait plusieurs blessures par balles. Il avait les yeux ouverts, la
11:20 bouche ouverte. Son visage semblait dire "Oh non." Il avait les mains en l'air comme ça.
11:28 Je suis allé vers lui. Je lui ai pris la main. On l'a appelé Bev. Bev, Bev, allez Bev,
11:40 lève-toi. Certains d'entre nous ont essayé de le réanimer.
11:48 Un de mes supérieurs m'a éloigné de lui. Il m'a dit "Fiston, te laisse pas aller.
12:11 Assis-toi, faut tenir le coup." Par expérience, on sait quand quelqu'un est
12:26 décédé. Mais comme c'était l'un des nôtres, on ne voulait pas l'accepter.
12:32 On a tous craqué. Il y avait des civils qui pleuraient. J'étais en état de choc. Lorsque
12:57 l'équipe médicale l'a déclaré mort, il s'est mis à pleuvoir. Un de nos collègues
13:02 avait son imperméable. À l'époque, on avait ces vieux imperméables jaune vif.
13:08 Il l'a pris et l'a posé sur Mike.
13:16 Les hommes de Mike Beverly interviennent pour un policier touché dans le quartier
13:40 de Highland Gardens. À leur arrivée, ils découvrent stupéfait qu'il s'agit de Mike.
13:51 J'étais bouleversé que ce soit Mike. On avait passé beaucoup de temps ensemble.
13:56 On avait vécu des tas de choses. Mais je savais qu'il fallait que je garde la tête
14:03 froide ce soir-là. Si je voulais que cette enquête soit résolue, il fallait faire les
14:08 choses correctement. Les enquêteurs délimitent rapidement la scène de crime et examinent
14:18 de plus près les blessures de Mike. Michael Beverly a reçu quatre balles, deux dans la
14:27 tête et deux dans la poitrine, au niveau des ouvertures de son gilet. Le tireur se
14:33 trouvait très près lorsqu'il l'a abattu. Il n'y avait pas de douille sur la scène
14:47 de crime, ce qui signifiait qu'il avait été abattu avec un revolver. J'ai su que Mike
14:53 avait été pris par surprise parce que son arme était toujours dans son étui. Et il
15:01 avait les clés de sa voiture dans la main. J'avais déjà travaillé sur des affaires
15:08 dans lesquelles un policier avait été abattu. Mais jamais sur l'assassinat d'un policier.
15:15 Je n'avais jamais vécu ça. Une question vient à l'esprit de tout le monde. Pourquoi Mike
15:29 est-il allé à Highland Gardens alors qu'il déconseillait formellement à son équipe
15:33 de s'y rendre? Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je ne comprenais pas pourquoi
15:40 il était là-bas. Je ne comprenais rien. Rien du tout. Je me demandais pourquoi il
15:48 n'avait pas appelé à l'aide. Pourquoi il était là? Le fait qu'il se trouve dans
15:54 ce quartier où il nous disait de ne pas aller nous a fait penser qu'il avait peut-être
15:58 une info, que quelqu'un l'avait peut-être contacté. Les enquêteurs se demandent si
16:06 Mike a eu une information concernant Brian Rogers, l'homme soupçonné d'avoir tué
16:12 Tracy Sanders. Mike avait-il décidé d'explorer une piste seule? Mike était déterminé à
16:21 appréhender Brian. Il avait été très marqué par le meurtre de Tracy Sanders. Et je suis
16:29 intimement persuadé qu'il tenait absolument à arrêter Brian pour rendre justice à Tracy
16:36 et à sa famille. Ils ne peuvent donc pas s'empêcher de se demander si ce n'est pas Brian Rogers
16:47 qui a tué Mike. On a pensé que Mike était tombé dans un traquenard, qu'il avait été
16:55 abattu par Brian Rogers. Si les Boyle Street Boys avaient décidé que Michael Beverly
17:03 devait être tué, Brian Rogers n'aurait eu aucun problème à le tuer. La nouvelle
17:09 du meurtre d'un policier se répand rapidement. Il y a un flash info tout à coup à la télé.
17:24 Un policier a été tué à Chester. Je me dis "Oh non". J'ai appelé le poste et j'ai
17:32 appris que c'était Mike Beverly. J'en étais malade. Je n'arrivais pas à y croire.
17:39 Quand il a fallu annoncer à sa famille que Mike était mort, ça a été très dur. Il
17:54 avait de jeunes enfants. Certains étaient trop petits pour comprendre, mais les plus
18:00 grands comprenaient. Je ne peux même pas vous dire ce qu'on a ressenti. Ça a été
18:09 le pire jour de ma vie. Claudia a été effondrée. On n'arrivait pas à croire que quelqu'un
18:20 ait pu lui tirer dessus tout court. Mais lui tirer dessus plusieurs fois, on s'est dit
18:24 "Bon sang, il voulait vraiment le tuer". Ça me faisait mal de penser que ses enfants
18:32 n'avaient plus de père et qu'il était parti comme ça. On avait tous le cœur brisé.
18:39 Les enquêteurs continuent de penser que Brian Rogers est le meurtrier. Mais ils vont devoir
18:53 le prouver. Après la mort de Mike Beverly, les enquêteurs ont intensifié leurs efforts
19:00 pour mettre la main sur Brian Rogers. On avait ce gars qui faisait partie des Boyle Street
19:05 Boys et un policier qui était mort. On a vraiment mis le paquet pour retrouver Brian Rogers.
19:11 Il y avait forcément quelqu'un qui avait assisté à ce meurtre.
19:14 Ils retournent à Highland Gardens dans l'espoir de trouver des témoins.
19:22 On arrêtait toutes les personnes qui allaient et venaient. On interrogeait et notait le
19:28 nom de toutes les personnes auxquelles on pouvait parler. J'ai commencé à interroger
19:33 les gens. Personne ne voulait parler. Ils nous répondaient "Si je parle, je serai peut-être
19:38 plus là demain." À l'époque, on disait que les balances finissaient à l'hôpital.
19:44 Mais dans le quartier des Boyle Street Boys, elles finissaient à la morgue. Il y avait
19:50 des grands-mères qui disaient à leurs petits-enfants "Ne dites rien à personne. Ne parlez pas
19:55 à la police. Taisez-vous." Les gens ne parlaient pas à la police. Ils
20:00 avaient peur. Il y avait beaucoup de liens entre les familles de ce quartier. Chester
20:05 est une petite ville. Tout le monde connaît tout le monde. Tout le monde a un lien de
20:09 parenté avec tout le monde. Donc, ça aussi, ça faisait naître beaucoup de peur.
20:16 Les Boyle Street Boys avaient une forte emprise sur la ville. On a travaillé d'arrache-pied.
20:34 On a imprimé des affichettes. On les a mises dans les commerces. On les a distribuées.
20:40 Tous nos hommes, pas seulement les inspecteurs, étaient sur le terrain, dans l'espoir de
20:47 faire parler quelqu'un. Et on avait l'impression de ne pas avancer.
20:51 Mais Brian Rogers ne pourra pas se cacher très longtemps.
21:02 Il a été arrêté à Darby, en Pennsylvanie, par la police. Il était chez sa petite amie
21:11 avec un autre membre des Boyle Street Boys. Une fois en garde à vue, les enquêteurs
21:26 espèrent que Brian Rogers avouera les meurtres de Mike Beverly et de Tracy Sanders. Mais
21:33 il refuse de parler. Il a immédiatement demandé à un avocat. L'inspecteur Carl le met alors
21:40 sérieusement en garde. Je lui ai dit, "Je sais ce que vous avez fait.
21:46 Je sais à qui. Je vous conseille de bien vous défendre, parce qu'un de vos gars va
21:55 vous balancer. Alors, vous voulez monter dans le bus en premier ou en dernier?"
22:01 Il m'a regardé. Il n'a rien dit. J'ai ajouté, "Merci de m'avoir écouté, Brian."
22:08 On va se reparler. Je vous le garantis.
22:11 Le membre des Boyle Street Boys, Brian Rogers, refuse d'avouer les meurtres de Mike Beverly
22:31 et de Tracy Sanders. Et sans preuve contre lui, les enquêteurs n'ont d'autre choix
22:38 que de le relâcher. Il nous fallait un dossier solide et on l'a
22:44 constitué. Il commence par éplucher les relevés téléphoniques
22:52 de Mike. Le dernier numéro qu'il avait appelé était
22:57 celui de Gloria Adams, qui vivait à quelques pas de la scène de crime. C'est vers 20h30
23:04 que Mike avait appelé ce numéro sur Ward Street. Soit environ dix minutes avant qu'il
23:11 soit abattu et qu'on le retrouve mort. Les enquêteurs se rendent immédiatement chez
23:22 Gloria Adams dans le quartier de Highland Gardens. On frappe à sa porte. Elle nous
23:28 confirme qu'elle connaît Mike. Mme Adams s'était manifestement bouleversée.
23:34 Elle tremblait par moments. Elle était bouleversée par le fait que Mike avait été abattu.
23:39 Gloria confie aux enquêteurs qu'elle connaît Mike depuis des années et qu'il était,
23:46 qui plus est, un modèle pour son fils de 18 ans, Maurice.
23:54 Maurice fréquentait les Boyle Street Boys, mais c'est plus un aspirant qu'un véritable
24:00 membre. Mme Adams s'était préoccupée par son fils et par les relations qu'il entretenait
24:07 avec certaines personnes du quartier. Mike essayait de l'aider, comme il en avait aidé
24:14 d'autres dans le quartier. Si on lui demandait « tu peux faire quelque
24:19 chose pour mon fils parce qu'il est en train de mal tourner ? » Mike essayait de lui parler,
24:24 de le remettre sur le droit chemin. On sait maintenant pourquoi Mike était à
24:29 Highland Gardens. Il était venu rendre visite à une amie. Pendant notre conversation, Mme
24:38 Adams nous a dit qu'après le départ de Mike, elle avait entendu des coups de feu.
24:42 Elle avait regardé par la fenêtre et vu Mike allongé à côté de sa voiture. Elle
24:46 était bouleversée. Les enquêteurs comprennent enfin pourquoi
24:50 Mike se trouvait dans ce quartier. Ils espèrent maintenant parler au fils de Mme Adams, Maurice.
24:57 On était toujours sur place quand Maurice Day est rentré. Il nous a dit qu'au moment
25:03 du meurtre de Mike Beverly, il était déjà arrivé chez sa petite amie, Teresa Knight.
25:08 Il y était arrivé vers 21 heures. Il était bouleversé.
25:11 La petite amie de Maurice confirme qu'il était bien avec elle.
25:19 Au moment où les enquêteurs pensent avoir épuisé toutes les pistes, ils reçoivent
25:36 une information d'une source anonyme qui les mènera, ils l'espèrent, à l'arme du
25:41 crime. Le 18 octobre, les deux policiers en charge
25:45 de l'enquête ont reçu un appel leur conseillant de perquisitionner les maisons abandonnées
25:50 sur Boyle Street parce qu'ils pourraient y trouver des armes.
25:53 Ils ont donc commencé à visiter les maisons abandonnées. Dans l'une d'entre elles, ils
26:08 ont fouillé les placards. Ensuite, l'un des policiers a ouvert le
26:16 four et il y a découvert une arme enveloppée dans un t-shirt, c'était un calibre 44.
26:25 Il y avait quatre douilles dans le barillet. Or, Michael Beverly avait reçu quatre balles.
26:35 C'était une découverte majeure, car c'était peut-être l'arme du crime.
26:41 L'arme et les douilles sont envoyées au laboratoire afin de déterminer si elles correspondent
26:57 aux balles que le médecin légiste a retirées du corps de Mike.
27:01 Les analyses balistiques ont confirmé qu'il s'agissait bien de l'arme qui avait tué
27:05 Mike Beverly. Les enquêteurs semblent enfin sur le point
27:14 d'identifier le tueur. Ils ont envoyé le t-shirt et l'arme en vue
27:21 d'analyses ADN. Si jamais ils obtenaient un profil ADN, c'était réglé, l'affaire
27:26 était résolue. Mais lorsqu'ils arrivent, les résultats ne
27:30 sont pas ceux espérés. Il n'y a aucune trace d'ADN sur l'arme ni
27:35 sur le t-shirt, permettant de relier l'arme du crime au tueur.
27:39 Il est très difficile d'obtenir un profil ADN. Ce n'est pas comme dans la série "Les
27:44 experts", il faut vraiment avoir un bon prélèvement. Quand on n'a aucune preuve médico-légale,
27:49 c'est vraiment très contrariant.
27:51 Le 23 octobre 2001, 7 jours après son meurtre, des milliers de personnes se rassemblent pour
28:15 rendre hommage au policier Mike Beverly. L'enterrement de Mike a eu lieu à l'ouest
28:21 de Chester, dans l'église pentecôtiste. A l'époque, c'était la plus grande église
28:28 de Chester. Et elle n'était pas assez grande. Des policiers de Floride, du Maine, du pays
28:37 tout entier, sont venus rendre un dernier hommage à l'un des leurs.
28:42 Le jour de son enterrement, ça a été un jour mémorable. Son enterrement semblait
28:52 tout droit sorti d'un film. C'était incroyable. Il y avait tellement de gens, tellement de
28:58 gens.
28:59 Le plus dur, ça a été de le voir allongé là. Ensuite, ça a été de voir sa famille.
29:07 On se soutenait les uns les autres. On a tellement pleuré qu'on n'avait plus de larmes.
29:13 Ça m'a été très difficile d'assister à cet enterrement, personnellement. Je me
29:25 dis, je vais trouver ses preuves. Je vais résoudre cette affaire. Michael Beverly ne
29:30 sera pas mort en vain. Son tueur n'échappera pas à la justice. On va le retrouver. Quoi
29:35 qu'il arrive, on le retrouvera.
29:41 En décembre 2001, deux mois se sont écoulés depuis le meurtre de Mike Beverly. Brian Rogers
29:51 est toujours le suspect numéro un, mais il n'existe aucune preuve de son implication
29:56 dans le meurtre du policier.
29:58 Brian Rogers, comme n'importe quel criminel, ne voulait pas être pris. L'objectif quand
30:04 on commet un crime, c'est de réussir à ne jamais être pris.
30:06 Ray Carr décide d'employer les grands moyens pour accélérer l'enquête.
30:17 Je suis allé chez le procureur. J'ai dit au substitut qu'il fallait faire quelque
30:22 chose.
30:23 Quand j'ai été mis sur cette enquête, il m'a semblé que l'État et les entités
30:28 locales travaillaient dur pour résoudre cette affaire. Ils avaient simplement besoin d'un
30:33 petit coup de pouce.
30:34 Voilà ce qui se passe. Personne ne parle parce que tout le monde a peur de finir comme Tracy
30:41 Sanders ou Mike Beverly. Il faut donc créer les conditions dans lesquelles ils parleront.
30:47 Il faut qu'on découvre ce qu'ils savent.
30:52 Certains témoins disaient « comment vous allez faire en sorte que personne ne sache
30:57 que j'ai parlé ? ».
30:58 Je répondais « parce qu'on fait venir tout le quartier ».
31:00 Vous ne serez pas montré du doigt parce que vous êtes venu au poste. Tout le monde a
31:04 été convoqué au poste.
31:06 On n'avait jamais eu recours à cette tactique. Boucler tout un quartier. Tout le monde était
31:12 sur le pont. La DEA, le FBI, le bureau du procureur, la police de Chester, le CID du
31:19 comté de Delaware, la police de l'État de Pennsylvanie.
31:26 On est arrivé et on a bloqué toutes les entrées et les sorties de Highland Gardens.
31:34 On a frappé chez tous les habitants et on leur a remis une convocation. Au cours des
31:42 18 mois suivants, une fois par semaine, on a fait venir 30 à 40 personnes à Philadelphie
31:48 et on les a toutes interrogées.
31:49 On a même convoqué les Boyle Street Boys. Certains n'avaient aucune information, d'autres
31:59 si.
32:00 Les efforts sans précédent déployés par les différents services des forces de l'ordre
32:05 finissent par payer. Une femme a des informations sur le meurtre de Tracy Sanders, l'affaire
32:10 que Mike était déterminé à résoudre.
32:12 Une femme avait tout vu.
32:17 Elle avait vu Brian Rogers s'approcher de la voiture et tirer deux fois sur Tracy Sanders.
32:24 Et cette dernière avait crié "CB, CB". C'est le surnom de Brian Rogers.
32:32 J'ai placé ce témoin sous protection.
32:35 Après une vaste chasse à l'homme, Brian Rogers s'est arrêté pour le meurtre de
32:42 Tracy Sanders. Sachant qu'il a tout intérêt à pouvoir négocier, il accepte de parler.
32:49 La victime, Tracy Sanders, devait témoigner contre lui. Il encourt au minimum la perpétuité.
32:56 Mais il peut être condamné à mort. Tout dépend comment la chose est présentée.
33:01 Brian Rogers a avoué. J'ai tué Tracy Sanders. Je l'ai tué. Je lui ai tiré dans la tête.
33:10 J'avoue ce que j'ai fait. Ça n'arrive pas très souvent.
33:14 Mais Brian Rogers soutient qu'il n'a pas tué Mike. Et il affirme savoir qui l'a abattu.
33:22 Et il nous dit qu'il sait exactement ce qu'il s'est passé. Et il donne aux enquêteurs
33:29 un nom qu'ils ont déjà entendu, mais jamais en relation avec le meurtre de Mike.
33:34 Il nous dit que c'est Maurice Day. Maurice Day, le garçon que Mike Beverly avait
33:41 essayé d'empêcher de mal tourner. J'ai pensé...
33:45 Je me suis demandé pourquoi. Pourquoi il a fait ça? Mike essayait de l'aider.
33:53 Maurice avait affirmé aux enquêteurs qu'il était chez sa petite amie, Teresa, le soir
33:58 du meurtre de Mike. Maurice Day avait dit qu'il était arrivé
34:03 chez Teresa Knight vers 21h. Et Mike Beverly a été tué peu après 21h.
34:10 Teresa avait initialement corroboré les dires de Maurice.
34:15 Teresa Knight nous avait déclaré que Maurice était venu chez elle.
34:21 La police lui fait maintenant savoir qu'elle sera contrainte de témoigner si elle ne dit
34:28 pas la vérité. Elle ne tarde pas à céder.
34:33 D'après Teresa Knight, Maurice est arrivé chez elle après 21h30.
34:37 Et quand il est arrivé, il était essoufflé. Tu n'as plus d'alibi. Je te tiens, mon gars.
34:47 Les enquêteurs localisent Maurice Day et le conduisent au poste pour l'interroger.
34:52 Je lui ai dit, je ne crois pas que vous l'ayez tué. Je sais que vous l'avez tué. Je fais
35:00 ce métier depuis des années. J'interroge des innocents, j'interroge des coupables.
35:05 Je sais que vous l'avez tué. Et il n'arrêtait pas de dire, vous n'avez aucune preuve. Je
35:11 ne vois pas comment vous pouvez penser que c'est moi qui l'ai tué.
35:14 On n'avait aucun témoin, aucune preuve matérielle qui nous permette de l'arrêter pour le meurtre
35:21 de Michael Beverly.
35:25 Les enquêteurs n'ont d'autre choix que de relâcher Maurice Day. Les collègues de Mike
35:33 et sa famille ont le sentiment que l'enquête s'enlise.
35:35 On avait l'impression de ne pas avancer, que l'enquête n'en finissait plus. Et que le
35:43 moment où le coupable serait traduit en justice n'arriverait jamais.
35:48 C'est comme ça qu'on résout la plupart des affaires. On a la chance de tomber sur
35:54 quelque chose qu'on ne cherchait pas vraiment et qui se présente à nous tout à coup.
35:57 Un an après le meurtre de Mike Beverly, en octobre 2002, la chance sourit enfin aux enquêteurs
36:15 lorsqu'une certaine Melanie Harris est arrêtée pour détention de drogue.
36:18 Lorsque je l'ai inculpée, elle m'a dit "J'ai des informations sur l'affaire Beverly".
36:25 Je vais être honnête, je prends toutes les informations au sérieux. Mais au bout d'un
36:31 an de pistes qui ne mènent à rien, je n'y croyais plus trop.
36:35 Elijah Thompson me dit qu'elle a des informations. Et effectivement, elle me dit qu'elle a été
36:44 témoin de l'homicide de Michael Beverly. Elle avait peur pour sa vie, sa sécurité
36:51 et celle de sa famille. C'est pour ça qu'elle ne s'était pas manifestée.
36:54 Elle m'a dit "Je suis déjà dans le pétrin puisque vous m'avez arrêtée. Autant que
36:59 je vous dis ce que j'ai vu". Melanie affirme avoir vu Mike sortir de chez
37:06 Gloria Adams quelques instants avant d'être tué.
37:10 Il était dans l'allée et il avait ses clés à la main.
37:17 D'après elle, le tueur est surnommé East. Il a la peau claire et elle le décrit comme
37:28 un jeune homme mince. Elle m'a donné certains détails que seule
37:33 une personne qui était présente pouvait connaître. Melanie Harris affirme avoir assisté au meurtre
37:57 de Mike Beverly le 16 octobre 2001. Qui plus est, elle sait qui est le tueur.
38:05 Elle fait référence à Maurice Day. Alors l'inspecteur Nothol a dit "On a ce qu'il
38:12 faut". Et c'est là qu'il a déposé une demande de mandat d'arrêt.
38:18 On savait que toutes les pistes menaient à Maurice Day. On a beau le savoir, on a beau
38:24 en être convaincus, il faut pouvoir le prouver. Le 12 octobre 2002, la police se lance à
38:37 la poursuite de Maurice Day à Highland Gardens. Quelqu'un l'a vu dans le quartier et il
38:42 est parti en courant. Ils ont fini par le coincer, le maîtriser
38:49 et le placer en état d'arrestation. Maurice Day n'avoue pas.
39:05 Mais Brian Rogers donne aux enquêteurs des détails sur le meurtre de Mike Beverly.
39:15 Mike Beverly s'était lié d'amitié avec Gloria Adams et il essayait d'empêcher
39:24 Maurice Day de fréquenter le gang des Boyle Street Boys.
39:28 Les membres du gang de Boyle Street en faisaient voir de toutes les couleurs à Maurice Day
39:35 parce qu'un policier venait sans arrêt chez lui.
39:38 Ils ont commencé à l'appeler le poulet. Il lui disait, chaque fois que tu es là,
40:06 c'est comme si quelqu'un appelait les flics. Il débarque et s'est allé en empirant.
40:10 Un soir en octobre, il a dit, je vais régler ça. C'est bon, je vais le buter.
40:22 Maurice se rend dans une maison abandonnée près de Boyle Street.
40:31 Il prend un calibre 44 qui appartient à un autre membre du gang.
40:38 Il prend l'arme. Il va dans sa rue et attend dehors, derrière une clôture près de sa maison.
40:51 Mike Beverly sort. Maurice lui tire une balle dans la tête.
41:06 Puis il se tient au-dessus de lui et lui tire dans la poitrine.
41:19 L'arme de Mike était dans son étui. Il ne s'y attendait pas du tout.
41:24 Il connaissait ce gamin et je crois qu'il n'a jamais pensé qu'il pouvait être capable de ça.
41:30 Il était en colère. Il lui en voulait. Il ne lui a laissé aucune chance.
41:36 Mike n'a rien vu venir.
41:42 Maurice Day va ensuite chez cette fille et lui dit qu'elle est son alibi.
41:48 Après le meurtre, il était très fier de lui.
41:54 « Moi, il ne faut pas me chercher. »
42:01 « Chaque fois que j'y pense, je suis en colère. »
42:11 Le 2 mars 2004, au terme d'une semaine de procès, Maurice Day est reconnu coupable de meurtre avec préméditation par les jurés du comté de Delaware.
42:22 Il est condamné à la prison à vie.
42:25 Ce procès a été une simple formalité. Un témoin qui avait un lien de parenté avec Maurice Day s'est manifesté et a dit...
42:34 « Je lui ai demandé si c'était lui qui l'avait tué et il m'a répondu que oui. »
42:41 Mike Beverly aurait été heureux d'apprendre que le 12 avril 2006, trois membres des Boyle Street Boys ont été incarcérés pour le meurtre de la jeune Tracy Saunders.
42:57 « Ceux qui n'ont pas pris la bonne décision ont été condamnés à la perpétuité. »
43:02 « Brian Rogers purge une peine de 42 ans. »
43:06 « La femme de Mike, à la fin de tout ça, m'a dit... « Merci. »
43:15 « Peu après, une vieille dame qui était assise sur sa terrasse m'a dit... « Je suis navré de ce qui est arrivé à ce jeune homme. »
43:26 « Mais je dois dire que c'est la première fois depuis des années que je peux m'asseoir sur ma terrasse tranquillement. »
43:36 « Merci. J'ai dit... « Mike, malgré tout, il en est sorti quelque chose de bon. Grâce à toi. »
43:47 Il aurait dû avoir une belle carrière, être heureux avec sa famille, ses enfants, et il n'a pas pu. C'est pas normal.
43:55 Mon frère n'était plus là quand sa fille a eu son diplôme universitaire.
44:00 Il n'était plus là pour son fils, pour le soutenir pendant son service militaire.
44:05 Il n'était plus là quand ses petits-enfants sont nés.
44:09 Nos cœurs pleurent toujours pour Mike.
44:15 [Musique]
44:17 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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