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Anne Fulda reçoit Philippe Labro pour son livre «Écrits américains» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Philippe Labro.
00:02 Merci.
00:02 Plus le besoin de vous présenter, on vous connaît sur cette chaîne,
00:05 on vous connaît de toute façon par vos écrits, par les films que vous avez faits, réalisés,
00:10 par les chansons que vous avez écrites, un talent multiforme, protéiforme.
00:14 Et comme une forme de consécration, il faut bien dire,
00:17 la collection Coarto de Gallimard vient de rassembler vos écrits consacrés à l'Amérique,
00:22 romans, articles, reportages, dans un volume qui s'appelle "Écrit américain, œuvre choisie".
00:28 Et c'est un vrai bonheur, un bonheur de lecture.
00:31 Il y a plusieurs romans, je ne vais pas tous les citer, qui sont réunis.
00:33 Un américain, un peu tranquille, l'étudiant étranger.
00:36 Alors vous commencez, il y a une phrase que vous citez,
00:39 "La France était une terre, l'Angleterre était un peuple,
00:42 l'Amérique était difficile à définir, c'était une volonté du cœur".
00:48 Une phrase de Fitzgerald qui vous colle très bien parce qu'entre l'Amérique et vous, c'est une affaire de cœur.
00:54 Ça a été un désir, une curiosité, très gamin, j'ai tout de suite eu une...
00:58 Parce que les lectures que j'avais eues, les lectures de Jack Landon, James Fenimore Cooper,
01:03 ce qu'on appelle les écrivains de la prairie, rien que le mot prairie me faisait rêver.
01:07 Parce que ce n'était pas la prairie de Montauban, ma ville natale, c'était la prairie.
01:11 Donc j'ai toujours eu cette curiosité et ce désir d'Amérique.
01:15 Alors ce désir d'Amérique, c'est amusant parce que vous venez d'évoquer Montauban,
01:19 vous y naissez en 1936, il est accompagné aussi du contexte politique et économique,
01:26 surtout politique qui naît après la Seconde Guerre mondiale.
01:30 Vous êtes gamin lorsque il y a l'explosion des films américains,
01:35 Hollywood, les comédies musicales, la littérature,
01:38 mais quand même c'est quelque chose de très présent chez vous.
01:41 On avait été privés, pas moi personnellement, j'étais trop gamin.
01:44 Vous étiez trop jeune.
01:45 Oui, mais l'époque avait été privée d'Amérique et tout d'un coup ça arrive.
01:49 Et pas seulement les livres et les films, il y a les GI, leur comportement,
01:54 leurs gestes, les accessoires, les vêtements, tout ce que les Américains,
01:57 tout ce qu'on a tous appelé plus tard le soft power, la puissance douce,
02:01 qui n'est pas douce du tout, puisque c'est la puissance des accessoires,
02:05 de la culture, de la musique, du cinéma,
02:08 ils nous ont non pas colonisés mais quand même énormément influencés
02:12 à la sortie donc de la guerre.
02:14 Et moi, tout ça, j'avais envie de voir à quoi ça ressemblait vraiment.
02:18 Donc le jour où quelqu'un dans ma classe de lycée est venu nous proposer une bourse,
02:23 enfin d'être candidat à une bourse d'études, j'ai lavé la main, je suis parti.
02:27 Alors, vous écrivez "Mon Amérique n'est-elle plus ce qu'elle était"
02:31 enfin vous posez la question, on imagine la réponse,
02:34 parce que quoi de commun entre l'Amérique de l'homme qui marche sur la lune,
02:39 des progrès gigantesques et celle d'aujourd'hui ?
02:44 Il y a à la fois du commun et du pas commun.
02:48 Ce qui est commun et ce qui demeure, c'est que ça reste le laboratoire du monde moderne.
02:53 C'est là que tous les accessoires de la modernité ont été inventés
02:56 et continuent d'être inventés et dont nous, nous nous servons.
03:00 Ça reste un pays où il y a eu la culture, la musique, du cinéma, la littérature.
03:07 Donc ça, ça existe toujours.
03:09 Mais par ailleurs, et on le sait bien, il y a une fracture en ce moment en Amérique
03:13 entre les républicains, qui sont plus des républicains selon moi,
03:16 qui sont simplement les groupies de Trump, et puis l'autre Amérique, celle de Biden,
03:22 et il y a une fracture très très forte, très violente, au plan culturel, au plan racial,
03:28 parce qu'il y a aussi ça, on oublie toujours, et moi je n'oublie jamais quand j'en parle,
03:32 que la guerre de sécession n'est pas vraiment terminée.
03:35 Il y a toujours le Sud et le Nord, et il y a les Blancs.
03:39 Et la suprématie blanche, qui ne va pas durer très longtemps,
03:42 parce qu'un jour l'Amérique sera métissée, latino, black, asiatique, blanc.
03:47 Elle l'est déjà.
03:49 Elle l'est, mais pas encore comme le Brésil.
03:52 Bon, ça le sera.
03:54 D'ici là, les Blancs du Sud, les Blancs du Middle West,
03:58 les Blancs de l'Amérique profonde, celles qu'on ne connaît pas,
04:01 la vraie, celle qui n'a pas de passeport,
04:03 qui ne sait même pas ce que c'est que la Normandie,
04:05 où pourtant les ancêtres de ces Américains-là ont débarqué.
04:09 Cette Amérique-là, elle, elle souhaite que Trump demeure le dernier rempart
04:14 de la suprématie blanche.
04:16 Et ça fabrique évidemment des hostilités, des contradictions.
04:20 Et par ailleurs vient se greffer, comme vous le savez,
04:22 la maladie des campus américains, où toute une jeunesse,
04:26 d'un seul coup, par simple souci de ne pas être les enfants des colonisateurs,
04:32 se met à se verser dans le woke, dans la cancel culture,
04:37 dans le politiquement correct, et ça fabrique des dissensions extraordinaires.
04:42 Donc c'est un pays qui n'est pas autant...
04:44 Ce ne sont plus les États-Unis d'Amérique, ce sont les États désunis d'Amérique.
04:48 Et puis, dernière question rapidement, c'est un pays qui apparaît aujourd'hui vulnérable.
04:53 On l'a vu au moment du 11 septembre 2020.
04:55 On l'a vu aussi lors de l'invasion du Congrès,
04:58 ce qui était inimaginable, le temple de la démocratie.
05:01 Inimaginable.
05:02 Oui, mais la fragilité c'est une chose.
05:05 Néanmoins, c'est la plus grande puissance militaire du monde.
05:08 Néanmoins, le dollar demeure la monnaie de référence.
05:13 Néanmoins, vous avez des hommes, même comme M. Biden,
05:16 dont tout le monde dit qu'il est fatigué, gâteau et tout, qui agissent.
05:20 Biden, c'est un très bon président, simplement l'apparence est tragique,
05:25 parce qu'il a l'air vraiment fatigué, et à la fin, ses ressources.
05:29 N'empêche qu'il a un bon cabinet, comme on dit, un bon gouvernement,
05:32 et donc ça va plutôt pas trop mal, les démocrates vont plutôt pas trop mal.
05:36 Sauf que l'échéance arrive, c'est demain matin, l'élection américaine,
05:42 et il y a une crainte, une possibilité de réélection d'un homme dont nous ne savons pas,
05:48 une fois qu'il sera réélu, s'il l'est, ce qu'il fera,
05:52 par rapport à l'Ukraine, par rapport à Israël, par rapport à l'OTAN.
05:56 En tout cas, je vous conseille de lire "Écrit américain", vous rechoisissez,
06:01 on est loin de l'Amérique de Trump,
06:03 puisque c'est en rassemblée des romans et des reportages que vous avez écrits bien avant.
06:08 C'est un petit bonbon délicieux, ça se savoure,
06:12 vous pouvez lire tout d'un seul coup, ou choisir de prendre votre temps.
06:15 Merci beaucoup Philippe Labreau d'être venu à l'heure des livres.
06:18 Merci Alphelda.
06:20 [Musique]
06:23 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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